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PHystorique- Les Portes du Temps
12 mars 2023

Guerre de Cent ans - Les misères de la guerre en Bas-Poitou (XIV -XVe siècles)

Guerre de Cent ans - Les misères de la guerre en Bas-Poitou (XIV -XVe siècles)

De 1340 à 1453 environ, la France eut à supporter une crise terrible, au cours de laquelle la nationalité française en formation faillit sombrer, période douloureuse de notre histoire, celle de la guerre de Cent Ans.

 Non seulement notre pays fut mutilê, ruiné, épuisé par les gens de guerre à la solde du roi d'Angleterre — et les Anglais étaient parmi eux peu nombreux — mais encore les luttes civiles entre gens de France, avec tout leur cortège de dévastations matérielles et d'affaissement moral, mirent le comble aux malheurs du royaume des Valois.

 Nos provinces du Centre-Ouest furent particulièrement éprouvées ; elles connurent les déchirements et les misères que la guerre traîne après elle : anarchie, famine, ruine du travail des hommes, épidémies, dépopulation, démoralisation profonde, « qui se traduit par là persistance d'une forte -criminalité, par la pervérsiori du sentiment chrétien, par la décadence de l'Eglise » (1).

Les horreurs de la guerre apparaissent en Poitou dès le raid du comte de Derby sur Poitiers en 1340, et surtout après la défaite du roi Jean près de cette ville en 1356.

==> 19 septembre 1356 Bataille Poitiers – Maupertuis, le roi de France Jean le Bon est fait prisonnier par le Prince Noir

La province, faite de bonnes terres de cultures et de pàturages et ouverte sur l'Océan, devient anglaise au traité de Brétigny (1360), malgré la protestation des députés poitevins aux Etats généraux de 1359.

Dix ans après commence la reconquête par les troupes du roi Charles V commandées par Duguesclin ;

en Bas Poitou, pays de bocages, de plaines, de marais, la tâche est difficile : Robert Knolles et ses bandes anglo-gasconnes sont battus à Bressuire (1371), mais les Anglais pillent Niort en 1372 et se retranchent derrière le Marais poitevin.

Duguesclin surprend le captal de Buch à Soubise sur la Charente (août 1372), s'en empare et disperse ses troupes aux abords de la forêt de Benon ; après quoi il marche vers le Nord contre les seigneurs alliés aux Anglais :

==> AOUT 1372 - Bataille de Soubise, en Saintonge, Bertrand Du Guesclin emmène son prisonnier le captal de Buch à La Rochelle

 Fontenay capitule le 9 octobre 1372, puis Thouars le 1er décembre suivant ; ainsi le Bas Poitou est encerclé et les forteresses du centre, la Roche-sur-Yon et Mortagne, se soumettent en 1373.

Le pays passe alors dans l'apanage du duc Jean de Berry, comte de Poitou, frère de Charles V.

C'est le début d'une période d'accalmie de plus de quarante années ; mais la violence ne disparut jamais complètement ; on note quelques poussées de brigandage, en 1385 et en 1392 notamment, et une partie de la province participa à la terrible Jacquerie des Tuchins, qui ravagea la France centrale de 1380 à 1384.

La renaissance de la vie économique fut donc assez précaire.

En 1416, à la mort du prince apanagiste, la province est de nouveau déchirée, cette fois par la lutte entre Armagnacs et Bourguignons, les premiers tenant Niort, les autres Fontenay, Saint-Maixent, Melle et Civray.

Là-dessus les Anglais reparaissent sur notre sol ; ils n'en seront chassés qu'en 1453 et, entre temps, les seigneurs poitevins trouveront bon de participer à une révolte contre le roi de France (la Praguerie, 1440) (2).

Dans l'ensemble du royaume, il y avait « grand'pitié », comme disait Jeanne d'Arc.

Je voudrais montrer ici la grand'pitié en notre pays de Bas Poitou, la misère matérielle et morale au cours de cette guerre de Cent ans dont je viens de rappeler les phases essentielles afin de « situer » plus commodément les événements que je vais rapporter.

 

I

 

Les ruines matérielles sont l'œuvre des soldats des deux partis et des brigands. On appelait de ce dernier nom des mercenaires qui portaient une petite cotte de mailles, la brigantine, et qui, profitant de la carence de l'autorité, vivaient sur le pays aussi bien en temps de guerre que pendant les trêves. Le sens défavorable du mot brigand est venu des excès même des hommes qui portaient la brigantine au XIVe siècle ; il s'est étendu d'abord à tous les hommes d'armes, puis à tous les criminels.

Les brigands étaient des soldats licenciés à la faveur d'une trêve et qui, désormais sans emploi, cherchaient leur subsistance dans le pillage.

Plus tard, en 1793, dans cette partie du Bas Poitou devenue la Vendée, le mot brigand prendra un autre sens !

Le Bas Poitou vit sans doute les premières bandes de brigands au lendemain du désastre de Poitiers (17-19 septembre 1356) ; on signale, en effet, au cours de l'hiver 1356-1357 des excès de soldats de l'armée royale à Montaigu et à Saint-Michel-en-Lherm, et dans le même temps, d'anciens soldats de l'armée du Prince Noir, probablement des Gascons, s'établissaient à Maillezais, où ils faisaient, dit-on, bonne chère sur les riches terres de l'abbaye.

Le château de la Chabotterie, près de Saint-Sulpice-le-Verdon, fut pris, pillé et incendié avant le traité de Brétigny, signé en 1360 (3).

 

Au siècle suivant, les brigands sont devenus les Ecorcheurs, ce qui ne change rien à leur caractère.

Ils sont au service de quelques grands seigneurs du pays en lutte les uns contre les autres.

Pour le Bas Poitou, on peut citer Louis d'Amboise, vicomte de Thouars ; Olivier IV de Clisson, seigneur de la Garnache et de Beauvoir ; Georges de la Trémoïlle, seigneur de Luçon, de Mareuil et autres lieux ; le connétable de Richemond, à qui Charles VII donna de grands biens dans la province, et aussi ce Gilles de Rais, si tristement célèbre, seigneur de Pouzauges à partir de 1420 du fait de son mariage avec Catherine de Thouars, et dont le repaire était sur le point culminant de la région du Centre-Ouest.

Anglais — ou plus exactement Anglo-Gascons, les Gascons étant les plus nombreux  ; Français — ou mieux aventuriers venus de tous les points du continent — brigands, écorcheurs, vivent sur le pays, sèment la terreur, ce qui leur vaut la soumission des populations effrayées.

En 1390, une demande d'exemption de taxe est formulée par un receveur des deniers du duc de Berry en faveur des paroisses maritimes de Notre- Dame de-la Chaume, du château d'Olonne et de Longeville ; ce fonctionnaire expose au duc « les grants misères et povretez que les dictz habitans ont eu, souffert et soustenu et encore soustiennent du fait des Anglais,  qui naguères descendoient à grants navires sur les dictz lieux et ardoient leurs maisons, preincent et remportèrent leurs biens……. » (4).

Un acte de 1378 signale la vente, à La Roche-sur- Yon, d'un emplacement où était bâtie une maison, « ruinée par les guerres ».

==> 1369, moulin de la Garde, Jean Belon, capitaine de la Roche sur Yon, livra la place forte à Jean Chandos

Un autre, de 1380, porte la mise en vente, à la Chaize-le-Vicomte, d'un terrain qui était une ouche, « à présent gaste à cause des guerres » (5).

Les biens d'Eglise n'échappent pas à la ruine.

L'évêque de Luçon, Etienne Loypeau, qui occupa le siège épiscopal de 1387 à 1407, fait couvrir sa cathédrale avec des ardoises et refaire le logis des chanoines « car, au temps des guerres, les religieux couchaient sous les voustes de l'église et avoit esté détruit le dortoyr (6) ».

Or, Français et Anglais ne se sont pas, que je sache, rencontrés à Luçon, et les dégâts n'ont pu être commis que par des brigands.

Le prieuré de Chavagnes-en-Montaigu (aujourd'hui Chavagnes-en-Paillers) a été incendié et rasé après la fuite des religieux ; ceux-ci avaient eu soin d'enfouir leur trésor dans un terrain où il a été retrouvé au début du siècle dernier (7).

 

Les villes n'échappent pas davantage. Niort est brûlée par les Anglais en 1372 (8).

Au moment de la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons, une troupe à la solde du duc de Bourgogne et ayant à  tête le sire d'Heily, chevalier picard, un des assassins du duc d'Orléans, s'empara de la ville et du château de Fontenay, dont le seigneur, Jean de Berry, était du parti Armagnac (1411-1412).

 Le nouveau maître de Fontenay déploya un activité insensée pour remettre en état le château, lequel pouvait servir de point d'appui dans la province ; il accabla les habitants de taxes, de corvées, de vexations de toutes sortes, si bien que la vie économique, légèrement en reprise depuis une trentaine d'années, fut de nouveau anéantie.

Les paisibles Fontenaisiens portèrent leurs doléances à l'évèque de Luçon, alors Germain Paillard (1409-1418), lequel fit une démarche auprès du duc de Bourgogne, Jean sans Peur ; bourgeois et artisans respirèrent un peu (9).

Certaines coutumes, consacrées par le droit du temps, étaient un encouragement au pillage et la morale se trouvait sauve.

 

Ainsi en était-il du droit de naufrage et épaves de mer.

Dès qu'il y avait un naufrage ou apparence de naufrage, le navire cessait d'appartenir à son capitaine ; bateau, agrès, marchandises, armes, équipage, tout était saisi au nom de celui qui exerçait le droit d'épaves dans le lieu, et vendu à l'encan à son profit.

Dans ce pays maritime, pourvu de nombreuses petites baies et grèves, et qui faisait un grand commerce de sel, les occasions d'exercer le droit d'épaves devaient être nombreuses ; en voici au moins une.

Le 21 mars de l'année 1408, il y avait eu gros temps sur la côte du Marais breton, et à la suite de la tempête, un bateau chargé de sel se trouvait désemparé devant l'île de Bouin.

 Sur le rivage, une vive contestation s'éleva entre les officiers de Guy de Laval sire de Rais, et ceux de Catherine de Machecoul, dame de Bourgneuf, le premier étant seigneur de l'île de Bouin et la dame maîtresse du rivage du continent.

 

Qui devait exercer le droit d'épaves ?

Pendant une journée les adversaires en présence se bombardèrent réciproquement d'arguments pro et contra, lutte à coups de langue qui n'aboutit à rien.

Le ledemain, tout le monde se retrouva sur le bateau. Or il advint que les gens de la dame de Bourgneuf, étant les plus nombreux, abandonnèrent la procédure oiseuse et stérile et se mirent à instrumenter sans perdre de temps ; ils « prinrent le mast, les cordages, les biens comme huges (huches), vins, chairs, poissons salés, pots, paille, linge, langes, tous aultres ustensiles et biens du vaisseau, et or et argent en grande quantité comme l'on disoit, et emportèrent tout à Bourgneuf, oultre la volonté et consentement des officiers de monseigneur ; lesquels biens montaient à l'estimation de trois cent cinquante livres. »

Non contents d'avoir confisqué la cargaison sous le nez de l'adversaire ébahi, les dévoués serviteurs de la dame de Bourgneuf retournèrent sur le bateau pour prendre les agrès et, quand il ne resta plus que la coque, ils abandonnèrent leur proie au gré des flots, désolés au surplus de ne pouvoir emporter que deux ancres sur trois.

Les officiers du sire de Rais, qui bavaient de bonnes raisons pour craindre le courroux de leur maître, sommèrent les gens de la dame de rendre leur butin, au moins en partie ; mais ceux-ci refusèrent.

 Il y eut procès entre les deux seigneurs, mais l'issue n'en est pas connue (l0).

 

II

 

Les habitants du Bas Poitou ne se sentent nulle part en sûreté, le châtelain pas plus que le manant. Guy XII de Laval, que son mariage avec Louise de Chateaubriand a fait seigneur de Palluau, n'ose point se rendre à son manoir du Marais breton pour toucher ses revenus ou parler d'affaires avec ses intendants ;

il se contente d'aller jusqu'à Montaigu, en terre ferme, qui lui appartient aussi, et c'est là qu'il convoque son châtelain de Palluau, Guillaume Ouvrard (11).

 

Que dire des villageois et des paysans?

Ils se retirent dans les carrières, dans les marais, et même, en 1385, les maraîchins du pays de Beauvoir s'en vont coucher dans la forêt (12).

Les forêts constituent d'excellents lieux de retraite en cas de danger, et elles ne manquent pas en Bas Poitou.

L'empressement que les habitants des campagnes apportent à fortifier les églises est une preuve des craintes qu'ils éprouvent pour leur vie et pour leurs biens meubles.

Les habitants de la paroisse de Saint-Philibert du Pont-Charrault font parvenir à leur seigneur, Louis de Harcourt, en 1371, une longue supplique pour être autorisés à fortifier leur église et avoir un capitaine agréé par le maître du lieu ; ils s'engagent à supporter toutes les dépenses et à assurer le service de garde. L'église, ajoutent-ils, « est en place forte et bonne pour faire emparement, et si elle estoit fortiffiée et bien emparée, lesdiz habitans y porrient retraire et saulver eux et grant partie de leurs biens. »

Un peu plus tard, dans les premières années du XVe siècle, les habitants du bourg de Mouilleron-en-Pareds reconstruisent leur église ; ils font en sorte de l'englober dans la forteresse, et elle reçoit elle-même des engins de guerre (13).

L'abbaye de la Grainetière reçut la visite des Anglais en 1372, mais ils ne purent s'en emparer ; ils ne « prindrent que la basse-court d'icelle, en laquelle ils mirent le feu ».

Les religieux, avec l'aide des habitants, réparèrent le dommage, et un acte du 6 mars 1425 nous montre ladite abbaye, « bien fortiffiée et emparée » ; les moines choisissent le capitaine de cette nouvelle forteresse ; les habitants qui en dépendent viennent y chercher refuge en cas de danger, « et aussi ceux des lieux et villes voisines, parce que en lieu plus prochain ou si aisé pour lesdits hommes sujets et voisins ils ne se peuvent retraire » (14).

On rencontre aujourd'hui dans le département de la Vendée un grand nombre d'églises qui ont conservé en tout ou en partie leur aspect de forteresses, et celle du Boupère, au pied du mont Mercure, en offre un type des plus achevés.

 

Une photographie de Jules Robuchon nous a conservé un autre spécimen intéressant, malheureusement disparu, l'ancienne église de Cerizay (Deux-Sèvres), abattue à la fin du siècle dernier pour ouvrir le passage à un chemin. Elle présentait le type assez rare de fortification en rez-de-chaussée ; un caveau, situé sous l'autel, donnait accès à un couloir servant de sortie au château ; le chevet avait été percé d'une canonnière, et on y avait aménagé des mâchicoulis (15).

Le menu peuple se sentait dans une église plus près de la protection de Dieu et des saints, protection gratuite d'ailleurs, tandis que le seigneur était toujours disposé à faire payer l'abri qu'il accordait dans son château aux roturiers du voisinage.

Telles sont les raisons pour lesquelles on cherchait refuge plus volontiers dans les églises et dans les monastères.

Les châteaux, aux mains des seigneurs et des gens de guerre, ne manquaient pas dans la région.

Certains, comme ceux de Fontenay, de Niort, de Vouvent, de Pouzauges, de Tiffauges, de Clisson, de Mortagne, et bien d'autres, étaient de véritables forteresses, camps retranchés où pouvait se réfugier La population d'un district étendu ; on peut s'en rendre compte par les ruines qui en subsistent aujourd'hui et par quelques dessins anciens.

En 1371, le château de Palluau était abondamment pourvu d'arbalètes, et même, le fait est à noter, il avait des canons. Je signale en passant, à titre decuriosité, que le document où est puisé le renseignement indique que la châtelaine se faisait confectionner d'un coup dix-huit paires de souliers, pour la somme totale de….. cinquante-quatre sols (16) !

 

Il y avait quantité de châteaux de moindre importance.

Le petit manoir de La Bruyère, près de Sainte-Gemme — alors Sainte Gemme des Bruyères — dans la plaine de Luçon, pourrait bien être le type de ces châteaux, bâtis de pièces et de morceaux à différentes époques, suivant les ressources du seigneur, et toujours aménagés eu vue de la guerre.

On y trouvait, au haut d'un pavillon carré pour lequel je n'ose employer le mot donjon, mais qui en tenait lieu : « une chambre, laquelle est pour la deffense de là maison ; en laquelle il y a huit ouvertures de pierres de taille pour y mettre huit canons, et comme l'on monte en ladite chambre, il y a une tourette faite en queue de lampei en laquelle il y a neuf meurtrières pour mettre des mousquets. Plus, à l'entrée de ladite maison, il y a une porte de bois avec une porte de fer par derrière (17)….. »

Autre château, celui de Benet. L'ancienne forteresse ayant été détruite, le château fut reconstruit entre 1426 et 1430 par Péronnelle d'Amboise, femme de Hardouin de Maillé, et dame de Benet.

Un certain Prézeau, procureur de la fabrique de Damvix au XVIIIe siècle, nous en a laissé la description :

« On y voyait, écrit-il, une citadelle avec un double fort, un donjon avec des ponts-levis, trois herses à la porte d'entrée et plusieurs canonnières en pierres de taille tout autour. Il y avoit sept tours élevées de plus de cent cinquante-pieds et bâties sur broches aux extrémités des murs d'enceinte de la forteresse ; au bas de ces murs, des douves sèches de trente pieds de largeur sur vingt-quatre de profondeur.

 En dehors des douves, des redoutes et des retranchements considérables, avec un épais mur de clôture. Enfin un souterrain très important avoit été pratiqué dans l'enceinte du château. »

Bonne forteresse, en somme, à cheval sur la Plaine et le Marais, qu'elle dominait un peu et qui paraissait de loin dans ce pays absolument plat (18).

==> En 1517, Querelle dans le Marais Poitevin entre les seigneurs de Benet, et les habitants concernant les droits d'usage

 

III

 

Eglises, monastères, châteaux, maisons fortes, enceintes des bourgs, servaient de refuge aux gens du plat pays en temps de guerre entre Français et Anglo-Gascons, entre Armagnacs et Bourguignons, entre bandes à la solde de l'un ou de l'autre parti, ou entre deux seigneurs et leurs gens, cas fréquent à cette époque.

Mais les actes de violence sur les personnes avaient lieu en tout temps, et dans toutes les classes de la société. Laissons de côté ceux, et ils sont nombreux, qui relèveraient aujourd'hui du huis-clos de la cour d'assises. Laissons aussi ceux qui sont mentionnés dans les lettres de rémission publiées dans les Actes de la Chancellerie concernant le Poitou ; on allongerait inutilement cette liste de faits divers ; il faut choisir et dire que chacun des faits mentionnés ici se répète souvent à cette époque, celle du droit du plus fort, du droit du poing.

Ces faits sont la consécration d'une coutume du monde féodal, le droit d'armes, le droit de guerre privée qui appartient à tout seigneur et auquel aspire tout individu qui ne l'a pas (19). Ne nous attardons pas non plus aux querelles dans le peuple, lesquelles se terminent souvent comme celles des seigneurs par la mort d'un des adversaires : en ce siècle de violence les rixes sont nombreuses. Au reste l'exemple vient de haut, des nobles d'abord, ce qui n'est pas pour nous surprendre ; du clergé ensuite, ce qui était d'un exemple navrant.

Les seigneurs, grands et petits, sont tous plus ou moins voleurs et assassins. Quoi d'étonnant, d'ailleurs ? L'érudit archiviste du département de la Loire-Inférieure, M. Emile Gabory, au chapitre premier de son ouvrage sur Gilles de Raiz, nous montre quelle a été la singulière éducation donnée à son héros, éducation qui était celle de bon nombre de jeunes seigneurs en ce temps.

Gilles de Raiz, écrit M. E. Gabory, « personnifie par ses emportements, par ses vices et aussi par l'ardeur de ses croyances, une époque », celle précisément que nous étudions, le XIVe et le XVe siècles, l'époque de Duguesclin, de Jeanne d'Arc.

 La vie de Gilles de Raiz, dégagée des enlaidissements de la légende, n'est au demeurant ni meilleure ni pire que celle des seigneurs qui furent ses contemporains (20).

Peut-on dire qu'un Georges de la Trémoille, autre Poitevin, qui fut le mauvais génie de Charles VII, valût beaucoup mieux ? Une partie de sa vie appartient à l'histoire générale, et je me garderai d'insister ; mais quand j'aurai dit qu'il était très pieux et rapace encore plus, j'en aurai dit assez sur son compte. Il rendait impossible la vie à l'évêque de Luçon, rançonnait ses gens, menaçait d'incendier sa cathédrale et confisquait ses revenus !

En 1427, il répara et fortifia le château de Sainte-Hermine, y mit une garnison de soudards et lui donna pour chef un certain Tristan Charruyeau, qui, par ses pillages, exactions et crimes commis au nom de son maître, tint dans la terreur tout le pays à cinq lieues à la ronde (21).

Prenons un personnage de moindre envergure, Jehan Odart, chevalier, seigneur de Bouillé.

Une enquête faite en 1451, à propos d'un procès entre sa fille, Catherine, et l'évêque de Maillezais, Thibaut de Lucé (vers 1438-vers 1453), nous montre que ledit Jehan Odart, de son repaire de Champagné-sur- Vendée, a, pendant quarante-quatre ans, couru « en pays de Poitou, et mesmement audit lieu de Bouillé et ilecques environs jusqu'à Fontenay, plusieurs guerres et pilleries, tellement que à peine nul n'osoit aller ne venir es dictz lieux sans estre destroussé et perdre le sien….. » (22).

Le clergé cède trop souvent à l'ambiance et donne aussi le plus mauvais exemple. L'Eglise est, d'ailleurs, en pleine période de crise, celle du Grand Schisme. Elle est envahie par les mœurs impies, l'ignorance. La cour d'Avignon, jusqu'en 1378, celle de Rome, après, distribuent les bénéfices, en Poitou comme ailleurs, à des clercs non résidants, souvent étrangers comme Martinelli à Luçon pressurent le corps ecclésiastique, qui, à son tour, rançonne les fidèles.

C'est l'époque où l'on parle de réformer l'Eglise in capite et in membris, et si tous les ecclésiastiques ne sont pas des hommes de sac et de corde et des bandits de grands chemins, du moins peut-on constater que beaucoup trop — hélas ! — et non des moindres, n'offrent pas dans leur vie sacerdotale des exemples édifiants.

 Le plus souvent les évêques ne résident pas et l'anarchie pénètre chez leurs subordonnés : un seul évêque, Jean de Masle (1404-1421), fit une résidence prolongée à Maillezais.

 

En 1404, le curé de Saint-Hilaire de Talmond est poursuivi par ses propres paroissiens, lesquels se plaignent au Procureur du duc de Berry d'avoir subi de la part de leur pasteur et de son chapelain nombre de vexations et exactions, en particulier des violences pour les contraindre à payer des taxes sur les sacrements.

 Dans leurs plaintes, qui furent portées au Parlement, les Talmondais disaient que, grâce à ce prêtre indigne, ils n'avaient plus qu'à choisir entre la ruine et l'exil (23).

Le curé de Nieuil-le-Dolent boit plus que de raison, et le dimanche précédant la mi-carême de l'an 1386, après avoir soupé à l'auberge de Jehan Cosson, il « se leva impétueusement de la table, et comme moult esmeu et eschauffé, si comme il sembloit par ses mouvemens, ala assaillir de certains propos ledit Jehan Cosson en sa chambre où il couchoit. Et de fait par felon courage, ycelui curé se print au corps dud. Cosson, en soy efforçant de le jecter à terre. » Cosson, tenu « à grant destrece à deux bras parmy le col et la teste », parvint à tirer de son vêtement un petit couteau dont il frappa son agresseur à la cuisse.

Quatre jours plus tard, le curé « à la de vie à tres passement », non toutefois sans avoir affirmé à son lit de mort qu'il pardonnait à Cosson, et que la vraie cause de sa fin était une « maladie qu'il avoit portée en son corps un an et plus ». Cosson n'en fut pas moins poursuivi ; mais en 1387 des lettres de rémission lui furent délivrées par le roi ; il dut pour toute pénitence payer un marc d'argent et suivre la procession avec un ciergè d'une livre de cire (24).

Le clergé régulier ne vaut pas mieux. Un contemporain nous a laissé de Drouard, abbé de Nieul-sur-l'Autize en 1440, le portrait suivant : « Drouard était un homme rioteux (aimant la querelle), plein de toute malice, coutumier de blasphémer le nom de Dieu. Il avait même battu et frappé avec grand couteau qu'il avait accoutumé de porter, épées et autres habillements de guerre, et fait frapper et envillener plusieurs des hommes, sujets de Volvire ; prins et fait prendre par ses alliés, par force et violence, leurs biens, et fait plusieurs autres grandes inhumanités qui toujours sont demourées jusqu'à présent impunies, dont est grande clameur au pays, et ont très grand besoin de justice. »

Pierre de Volvire, seigneur de Nieul, porta plainte contre l'abbé ; le roi contraignit Drouard et les religieux de Nieul à célébrer le service divin et à entretenir en bon état les édifices et chapelles de l'abbaye (25) ; il est donc permis de croire que ces Messieurs ne s'en souciaient pas auparavant.

Peut-on s'étonner, maintenant, de voir les gens du peuple régler leurs différends, les hommes à coups de « reboulles, baston que les bouviers et pastoureaux portent communément », et les femmes à coups de griffes et de dents, jusqu'à ce qu'un des adversaires morde la poussière et passe, selon l'expression consacrée, « de vie en trépassement », tout cela parce qu'une vache appartenant à Colin Bertin, du lieu-dit La Lande près de Saint-Hilaire de Loulay, a tondu, peut-être de la largeur de sa langue, le pré de Godet, le voisin (26) ?

 

IV

 

Les aventures sentimentales elles-mêmes revêtent un caractère de brutalité qui nous choque. A la Drouillardière, près de Saint-Hilaire-la-Forêt, vivent en 1411 les époux Symes, qui ont la garde d'une fillette, Jeanne Jourdain, dont le père est mort et la mère remariée.

Un ami des Symes, Louis de Lestang, seigneur de Thors et de Poiroux, et écuyer de Regnaud de Vivonne, capitaine du château de Fontenay, voyait souvent la fillette chez ses tuteurs. Il en devint amoureux. Je passe sur divers incidents qui montrent que la jeune pupille des époux Symes — songez qu'elle était âgée de douze ans seulement — partageait l'amour du jeune seigneur, ou qu'elle savait à merveille pratiquer l'art du flirt. Lorsqu'il fut question de mariage (et on en arriva rapidement là, la maman de Jeanne Jourdain ne parut pas très favorable Alors on décida de jouer le grand jeu : l'enlèvement. La femme Symes fut mise dans la combinaison : son mari devait aller se promener, comme par hasard, au jour j et à l'heure h si j'ose dire.

Au jour fixé, l'amoureux se présente, flanqué de son frère, tous deux « armez de haubergeons, avans-braz, espées et dagues, accompagnez de deux varlets. » La grande porte du logis étant fermée, ils contournent la maison par le jardin, rompent la palissade, entrent dans l'hôtel par une fenêtre, trouvent la tutrice de Jeanne et lui donnent le bonjour. La femme répond par quelques mots de reproches, tout en désignant du geste, et assez clairement, l'endroit où se tient celle qu'on vient chercher. Jeanne Jourdain a fermé la porte de sa chambre. Les compères font des sommations ; l'amoureux, impatient, tire sa dague et se met en devoir de faire sauter le verrou. Sans doute pour éviter une détérioration inutile de la porte, la fille ouvre, « bien ennuys et à grant crainte » ; on échange des saluts, on s'embrasse, on cause et on s'embrasse encore. Mais au moment de partir la belle fait mine de résister, se cramponne à la huche, pleure. et finalement se laisse enlever. La dame Symes n'a pas manqué d'entendre tout le bruit ; devant elle passent les ravisseurs et leur proie ; elle est volontairement sourde et aveugle !

Mais voici qu'à la porte surgit un fâcheux, le fils de la maison, qui proteste, et très dignement ma foi, au nom de la morale outragée. Les deux seigneurs font comprendre à ce naïf que son intérêt est de se taire, et qu'au besoin ils sauront le contraindre à se tenir tranquille. Sur ce, Jeanne est hissée sur le cheval de son prétendu ravisseur et on part au grand trot. Quelques jours après le mariage est célébré en secret.

La lune de miel fut courte. La mère de la. victime ayant porté plainte, les deux frères de Lestang et les époux Symes furent arrêtés.

 Pendant l'instruction, Jeanne, qu'on avait menée à Paris, fut renvoyée en Poitou, chez André Rouault, chevalier, seigneur du Langon, pour y être gardée. Elle touchait au terme de son voyage quand elle fut enlevée, cette fois par le fils du second mari de sa mère. Le mariage fut béni quelques jours après cette aventure par un moine de Mauléon qu'on disait excommunié.

J'aurai fini avec cette odyssée quand j'aurai dit que si les époux Symes étaient de singuliers tuteurs, André Rouault, qui devint capitaine du château de Mareuil, était un personnage plus singulier encore, du moins s'il faut en croire quelques racontars au sujet de sa vie privée et sur lesquels il serait trop long et peut-être scabreux d'insister (27).

 

V

 

On allongerait singulièrement la liste des scènes de violence si on entreprenait de raconter toutes celles qu'on peut relever à l'égard des agents de l'autorité supérieure, celle de l'évêque, celle du seigneur, celle du prince apanagiste ou même celle du roi. Se jouer de l'autorité a toujours été une des marques du caractère français ; on ne s'en est pas privé à l'époque que nous étudions.

C'est Olivier V de Clisson, seigneur de la Garnache, en 1385, qui refuse de recevoir le fermier des aides et ses sergents.

Comme ils ont la mauvaise grâce d'insister, le seigneur ordonne à ses gens de les rossera coups de trique, ordre qui est immédiatement et parfaitement exécuté.

Le duc de Berry ayant demandé réparation, le seigneur de la Garnache se tire d'affaires en dénonçant les hommes qui ont agi sur son ordre (28).

En 1393, l'évêque de Luçon porte plainte au Parlement de Paris contre André Rouault, déjà cité, qui l'a, dit-il, menacé ouvertement, et qui a fort malmené ses agents.

==> Voyage Historique sur l’église - cathédrale de Luçon

En particulier un de ces derniers a été battu à Pouzauges par la concubine de Rouault « et bien dix-huit aultres personnes » ; entendez : des femmes ; celles-ci, ajoute le prélat navré, « l'étendirent sur un estai et lui firent violence » (29) !

On ne respecte plus rien ; c'est l'anarchie à tous les échelons de la société. Tantôt c'est un vassal qui rompt le contrat féodal par lequel il est lié à son suzerain.

Ainsi fait le sire du Bouchet, qui refuse à Milet II de Thouars le service de guet qu'il doit au château de Pouzauges pour son domaine du Fief de la Tour en Saint-Marsault ; il a même l'audace de fixer les assises de la Tour pour le même jour où son suzerain tient les siennes, excellente excuse (s'il en avait besoin) pour ne pas se rendre à ces dernières (30).

==> La baronnie de Pouzauges, son donjon de la famille de Thouars.

Tantôt c'est une lutte entre évêque et seigneur, une espèce de querelle du Sacerdoce et de l'Empire, entre Georges de la Trémoïlle et les évêques de Luçon, à propos du château de Mareuil.

Au début du XVe siècle, les la Trémoïlle étaient en possession de la seigneurie laïque de Luçon, et le centre de la seigneurié était la halle de cette ville. Georges de la Trémoïlle, vrai type du chevalier brigand, très puissant d'ailleurs à la cour de Charles VII, s'autorisait de son titre de seigneur de Luçon pour faire entrer dans la mouvance de son fief tout ce qui appartenait à l'évêque et au chapitre.

Ces derniers ayant, un jour, résisté à ses prétentions, la Trémoïlle entra de vive force dans le palais épiscopal, transformé en forteresse, chassa le capitaine qui y commandait au nom de l'évêque, Guillaume de Goyon (1427-1431) et lui donna un successeur de son choix.

 De là, la Trémoïlle courut au château des Moutiers sur le Lay, possession de l'évêque, mais qui relevait féodalement du château de Mareuil, lequel appartenait aux La Trémoïlle.

Pour jouir plus tranquillement du château des Moutiers, l'évêque Loypeau l'avait fortifié et était allé jusqu'à renier sa vassalité à l'égard du suzerain légitime.

La Trémoille s'empara du château et de l'église des Moutiers, y installa une garnison dont il confia le commandement au fameux Rouault, ce dont l'évêque se plaignit au Roi.

La Trémoïlle n'était pas encore satisfait. Il saisit le temporel de l'évêché et du chapitre et il en disposa en maître. .

Le roi, par lettres patentes de 1427, fit droit à la requête de Goyon et de son chapitre. Le seigneur n'en eut cure et continua de percevoir les revenus de l'évêché. Il éleva même une forteresse dans le voisinage de la cathédrale et y plaça des canons que de temps à autre il faisait tirer sur le saint lieu.

L'évêque et le chapitre de Luçon se retirèrent à Angers.

Là-dessus, en 1431, à la mort de Goyon, le chapitre-de Luçon se divisa en deux groupes et élut deux évêques, Jean II Fleury (1431-1441) et Jean de Guirelay.

Le premier fut reconnu par Charles VII ; mais il ne put toucher aucun revenu, et, avec ceux qui l'avaient élu, alla chercher refuge à Poitiers, dans la Maison des Trois-Piliers, propriété de l'église de Luçon.

Il n'y trouva pas la tranquillité qu'il cherchait, en raison des contestations qu'il eut avec les chanoines de Saint-Hilaire à propos d'une boucherie que ceux-ci exploitaient dans le voisinage et dont Messieurs de Luçon se plaignaient d'être fort incommodés !

 En 1436, le roi eut beau confirmer à nouveau les droits de l'évêque et du chapitre de Luçon, ceux-ci n'en jouirent pleinement qu'après la chute et la mort du favori qui tenait tête au roi.

On sait que La Trémoïlle tomba dans une demi-disgrâce dès 1443, et qu'il mourut seulement en 1446 (31).

Chacun, on le voit, conteste la hiérarchie ; l'évêque nie la suzeraineté du seigneur de Luçon ; celui-ci ne respecte pas la dignité ni les intérêts de l'évêque. Qui a tort ? Qui a raison ?

En l'absence d'un pouvoir royal fort, capable de faire régner l'ordre et la justice, c'est le plus violent qui l'emporte. Et c'est de là que découle tout le mal. Il y a crise d'autorité : quiconque se sent fort veut être maître, et le mot anarchie désigne à la fois un régime où il n'y a pas de chef et un régime où il y en a trop.

 

Des personnages de moindre importance qu'un La Trémoïlle ou un évêque jouent au potentat et essaient d'esquiver leurs obligations.

 Tel le vicomte de Thouars, qui confisque les terres données au prieuré de Saint-Benoît du Puy-Belliard par ceux qui entrent en religion, et qui fait enlever les récoltes par des hommes armés : du moins c'est ce qui résulte de la plainte du prieur, en 1399 (32).

Un petit seigneur, Louis de Granges, s'avise de prendre pour lui, en 1378, les armoiries de la maison de Surgères dont il n'est que cadet ; il les fait sculpter dans une chapelle de l'église des Dominicains de Fontenay.

Jacques de Surgères, mécontent de ce qu'il considère, à juste titre d'ailleurs, comme une usurpation, va marteler lui-même l'écusson. Mais voilà que Louis de Granges porte plainte au comte de Poitou, Jean de Berry, qui condamne Jacques de Surgères à faire remettre le blason et à ne plus contester les armoiries de Louis de Granges. Jacques tient comme nulle la sentence du suzerain et poursuit de ses injures l'ambitieux cousin. Finalement Jacques de Surgères, gravement compromis par sa désobéissance, adopte Louis de Granges comme héritier et lui cède les armoiries de sa maison (33).

Vers le même temps, Louis Larchevêque, seigneur de Taillebourg, dépense largement les revenus de son pupille, Berthelon de la Haye, seigneur de Passavant : le jeune homme ayant atteint sa majorité, en 1392, ne peut obtenir les comptes de tutelle, et son tuteur paraît bien disposé à jouir de ses revenus (34).

Et jusqu'aux manants de la paroisse de l'Orbrie, qui invoquent une promesse à eux faite, sans qu'ils puissent en donner la preuve, pour refuser à Regnaud de Vivonne le service de garde au château de Fontenay, et éconduisent à coups de bâton le sergent envoyé pour les y contraindre (35) !

==> Av Juin 1385 Le sénéchal de Poitou Renaud de Vivonne vient arrêter dans l’église d’Ardin Guillaume Brotel, tavernier du village

 

VI

 

Le résultat le plus clair d'un tel régime d'anarchie fut la ruine pour tous : ruine de l'autorité du clergé ; ruine de la noblesse qui perd peu à peu ses domaines et ses revenus ; ruine de l'agriculture, des métiers, du commerce ; misère pour tout le monde, particulièrement pour les artisans et les paysans, qui n'ont ni le goût, ni le moyen de « brigander ».

Dès 1369, d'après un document, « le pays de Poitou est fort gâté et détruit, et tout démuni de vivres » ; trente ou quarante ans plus tard, d'après un autre, tout le pays d'Ouest est « mangé » par les Ecorcheurs (36).

Comment en eût-il été autrement ? C'est dans la misère des XIVe etXVe siècles qu'il faut chercher, au moins en partie, les origines de la Réforme.

Pourtant, le demi-siècle pendant lequel le duc Jean de Berry eut l'administration de la province (1369-1416), marque, dit-on une période d'accalmie toute relative comme on va voir ; mais les trente années qui l'ont précédé et les trente qui l'ont suivi peuvent compter parmi les plus tristes de l'histoire de nos pays d'Ouest.

Le comte-duc, pourvu de qualités séduisantes, n'était pas un homme d'Etat ; dépensier, il chercha à tirer de ses domaines le plus d'argent qu'il put, et il n'eut jamais la force d'y faire régner l’ordre.

Si on enregistre pour les villes de Poitiers, Niort, Fontenay et surtout pour La Rochelle une reprise de l'activité économique, elle fut très lente, très précaire, non par le fait des Anglais, cette fois, mais à cause de la persistance des bandes armées, à cause de la lutte entre Armagnacs et Bourguignons sur la fin, puis, au temps de Charles VII, à cause de la lutte entre les deux plus puissants seigneurs du Bas Poitou, Georges de la Trémoïlle et le connétable de Richemond.

Le pouvoir du prince apanagiste, puis celui du Dauphin, Jean duc de Touraine (1416-1417), puis celui du Dauphin Charles, puis celui de Charles VII sont trop contestés dans la province pour faire œuvre utile, et nulle part en Bas Poitou il n'y a de corps local constitué, analogue à l'échevinage de La Rochelle ou au Mois et Cent de Poitiers, pour tenter quelque chose.

Signalons toutefois, au passage, quelques symptômes de résurrection, qui montrent l'extraordinaire vitalité de la race.

La capitale du Bas Poitou, Fontenay a été pillée ; les ateliers d'armes, de tissage, de tannerie ont été détruits dès le temps de Jean le Bon par le sire de Harpedanne de Belleville, gouverneur du château pour le compte des Anglais.

Après lui, la brutalité de Guillaume Odart, capitaine pour le compte de Jean de Berry, n'aide pas à la restauration de la prospérité.

Pourtant les habitants se sont remis patiemment au travail ; les métiers reprennent quelque activité, du moins on est fondé à le croire.

En 1378, en effet, une troupe de comédiens, amateurs de la ville, donne un spectacle devant le prince, et, dans le même temps, le curé de Notre-Dame, François le Coulx, trouve de l'argent et des ouvriers pour agrandir son église.

Mais, en 1412, la ville est prise par les Bourguignons ; le sire d'Heilly commet exactions sur exactions pendant près de deux ans ; Jean de Berry devient de nouveau maître de Fontenay en 1414, et, au moment de sa mort, deux ans après, on dit que les « bourgeois étaient littéralement en chemise; n'ayant que les yeux pour pleurer » ; les ateliers ont de nbuveau fermé leurs portes ; les halles sont en si misérable état que « les forains n'ouzent plus y faire estal.»

Le port est envahi par les boues de la Vendée. Bien plus, « les hommes (du faubourg) des Loges font grand plaintes des èves de la rivière, qui gaignent leurs mésons », et ils sollicitent du roi l'autorisation de faire creuser « le foussé des Ors ou foussé de la Prée à la Pie, de longueur et profondeur nécessaire à l'écoulement desdites èves », et ce « à leurs coutz et fraiz » (1420) (37)

A Niort, en 1367, toute activité commerciale et industrielle, avait cessé ; la misère et le dépeuplement étaient à ce point qu'il ne se trouvait pas assez d hommes valides pour assurer le service du guet.

==> Le Cheval de Troie de la Guerre de Cent ans de Du Guesclin pour délivrer Niort des Anglais.

En 1373, Maître Guillaume Bonnyot, juré de la commune, recevant dans sa ville, après le massacre des habitants et le pillage des maisons par les Anglais, le prince apanagiste, n'a pas de peine à lui tracer le tableau navrant de la détresse de ses concitoyens.

Le duc ordonne divers travaux concernant la réfection du port, des routes, des halles et le creusement de la Sèvre.

Tout cela se fait, sans doute, mais lentement, faute d'argent, de main d'œuvre, de confiance dans l'avenir, et aussi par manque de direction intelligente et méthodique, si bien qu'en 1415, au moment où la guerre se rallume, on n'a pas réalisé grand progrès, sauf dans le port, et tout s'arrête encore une fois pour une vingtaine d'années (38).

Ainsi il convient d'être très prudent lorsqu'on parle de la reprise de la vie économique dans les centres urbains au temps de Jean de Berry. Il faut l'être encore davantage lorsqu'il s'agit de la renaissance de la prospérité dans les campagnes, et peut-être feu le doyen Boissonnade, pourtant bien informé, a-t-il péché par excès d'optimisme lorsqu'il a écrit : « Le tiers état urbain et rural fut la classe qui profita le plus de cette accalmie de quarante ans.

Les campagnes se repeuplèrent peu à peu.  Les paysans remirent en valeur les terres. L'agriculture paraît avoir recouvré en Poitou avant 1422 une partie de son ancienne prospérité » (39).

Pour les villes, on vient de le voir, quelques réserves s'imposent. Voyons pour la campagne.

Ce qui a été dit plus haut à propos de violences commises un peu partout peut déjà faire réfléchir ; mais poursuivons l'enquête.

Voici un document qui, dans sa simplicité, en dit long : les notaires font si peu d'affaires que leur « boutique », comme on dit alors, ne suffit pas à les faire vivre, et ils sont dans l'obligation d exercer un autre métier. Une ordonnance royale du mois de juillet 1384 leur interdit formellement le cumul de leur fonction avec l'exercice du métier de barbier ou de celui de boucher (40) !

En 1392, les Anglais assiègent le château de Noirmoutier, brûlent les maisons, et emportent tout ce qu'ils trouvent, « tellement que lesditz habitans sont si grevéz et apovriz que grand nombre d'iceulx s'en sont partiz et partent chacun jour par povreté. »

En 1404, c'est le tour de l'île d'Yeu. Et n'oublions pas que nous sommes en période de trêve (41) !

Dans le Bocage, les paroisses d'Antigny, Cezais, Saint-Maurice-des-Nouhes, Saint-Maurice-le -Girard, la Chapelle-aux-Lys ont tant souffert qu'en 1420 le Dauphin, pourtant bien désargenté, accorde quelques soulagements d'impôts pour trois ans.

Ce fut sans doute dans un de ces moments terribles que furent cachés sous les pavés d'une église quelques pièces d'or, qui furent trouvées près d'un demi-millénaire plus tard, probablement le pécule de quelque curé contraint de fuir devant l'ennemi, et qui n'est jamais revenu (42).

L'abbaye de Saint Michel-en-Lherm a renoncé à poursuivre ses travaux de dessèchement dans le marais de Luçon, après avoir, à deux reprises, payé aux troupes du Prince Noir d'énormes rançons.

En 1399, l'abbé Girard, dit Pied-Bot, se remit au travail et fit transformer en pâturages les abords du rocher de la Dive ; mais ce fut tout (43).

Or, dans ces régions de marais conquises sur l'Océan, la nature reprend ses droits dès que l'homme cesse d'entretenir ce qu'il a créé.

Les canaux abandonnés ne servent plus à l'écoulement des eaux, car ils se comblent par les éboulements des berges et des digues.

C'est ce qui arriva ; les terres à pâturages disparurent sous l'eau et la mer elle-même, qu'un travail incessant et rude était parvenu à repousser, se répandit sur tout le bas pays, jusqu'au rocher de Palluau dans le marais du Nord, jusqu'à Maillezais et à Nieuil, dans le marais du Sud.

Alors les maraîchins, ruinés pour de longues années, émigrent en grand nombre, « et singulièrement marchans et laboureurs ont délaissé et délaissent de jour en jour leurs marchandises et labouraiges et propres habitacions, et vont plusieurs d'iceux marchans et laboureurs demourer hors nostre obédience.»

Antoine Degast, du marais de Luçon, vend son bétail, et va chercher refuge en la châtellenie de Rochefort, où, lui a-t-on dit, il fait bon vivre et « y a bon pays et bonnes gens (44) ».

En 1409, le roi délègue Jean de Masle, évêque de Maillezais, pour aviser aux moyens de rétablir en vue de leur exploitation en cultures et en pâturages tous les marais compris entre Niort et Beauvoir.

L'évêque réunit à Fontenay une commission, formée de tous ceux qui, en raison de leurs terres, ont intérêt à l'entretien des canaux et des digues. Il obtient d'eux des subsides ; mais nous ne savons pas ce qui a été fait, pas grand'chose sans doute, puisque Charles VII ordonne, en 1438, une nouvelle enquête.

Entre temps Jean de Masle, un des rares évêques qui résident dans leur diocèse, s'émeut de la misère des maraîchins et s'efforce de les en tirer : il les affranchit du service de garde à l'abbaye de Maillezais, et remplace par une petite contribution en argent le service de guet qu'ils doivent au château de Mervent et pour des corvées militaires au seigneur de Parthenay.

==> 1415 Siège de Parthenay d’Arthur de Richemont - Terres confisquées de Jean II l'Archevêque et données au dauphin Louis de France

Il espère ainsi attacher les cultivateurs à la terre. Mais les évêques ne peuvent pas plus arrêter l'exode de leurs diocésains que l'invasion des eaux, et comme ils sont eux-mêmes, on l'a vu, peu en sûreté, ils abandonnent leur résidence, quand parfois ils y sont venus avec l'intention d'y demeurer.

Elias Martinelli, évêque de Luçon (1421-1427), se retire à Fontenay, et Thibaut de Lucé, évêque de Maillezais (1438-1453 ?), se rend à la cour du roi (45).

- Talmont, port avant les guerres, cessa de recevoir la marée par suite des atterrissements qui finirent par obstruer le ruisseau du Perray, qu'elle remontait jadis (46).

==> 2021-Talmont-Saint-Hilaire, fouilles archéologiques sur l’ancien port médiéval (Portu castellanus Thalemundi)

Dans un ordre d'idées différent, on éprouve un soulagement en constatant qu'au milieu de l'extrême misère il se trouve des hommes, oh ! bien peu nombreux sans doute ! qui conservent le culte de la science.

 

La petite flamme brillait encore chez quelques hommes de loi et quelques ecclésiastiques. Jehan Moreau, conseiller et avocat fiscal du roi René pour sa châtellenie de la Roche-sur- Yon, avait, comme le roi Charles le Sage, comme le duc Jean et comme son propre maître, une « librairie », c'est-à-dire une bibliothèque.

==> Verrerie dans la forêt de la Roche-sur-Yon. Charte du roi René d’Anjou, du 9 novembre 1456

Parmi les manuscrits les plus précieux se trouvait le Digeste vieil, qui lui venait de l'abbaye des Fontenelles, près de Saint-André d'Ornay ; on trouve aussi un Bréviaire, ayant appartenu aux moines de Luçon ; d'autres lui venaient de trois prêtres et se trouvaient chez lui en sûreté. Saluons au passage ces humbles héros dont on ne connaîtra jamais les noms, qui, au milieu des pires calamités, ne désespèrent jamais de la victoire de l'esprit sur la matière et, en l'attendant, trouvent leur consolation dans la lecture, l'étude et la méditation (47) !

 

VII

 

En 1429, Jeanne d'Arc vint à Poitiers pour être examinée par les docteurs du Parlement.

Elle fut logée dans la maison de la Rose, chez un Fontenaisien, Jean Rabasteau, conseiller au Parlement. Elle fut interrogée avec bienveillance par l'abbé de Talmond (48).

==> Jean Rabateau de Fontenay le Comte, président au Parlement de Poitiers et Paris (Les juges de Jeanne d’Arc à Poitiers)

 Par ailleurs, elle devint vite sympathique à bon nombre de seigneurs du Bas Poitou, parmi lesquels, en citant seulement ceux qui étaient vraiment originaires de ce pays, Perceval Chabot, seigneur de la Turmelière; Pierre Bastard, de la Châtaigneraie ; Joachim Rouault, seigneur de Bois-Mesnard, près de Pouzauges, devenu maréchal de France; ses deux frères, Abel et Jean ; Guillaume d'Argenlon ; Milet II de Thouars ; Amaury de Mâchecoul, seigneur de Velluire et de Brillac ; Guy de Laval, qui a si gentiment décrit dans une lettre à sa mère le départ de Jeanne pour Orléans à la tête de sa troupe ; deux Fontenaisiens, Thibaut Chabot, seigneur de Grissais, et son compagnon, riche bourgeois de la Grand-Rue, Guillaume Yver, qui fut tué aux côtés de Jeanne le 5 mai 1429.

On sait qu'un des compagnons les plus valeureux et les plus fidèles de la Pucelle fut ce Gilles de Rais, devenu plus tard si tristement célèbre.

Une œuvre dramatique du temps, le Mystère du siège d'Orléans, donne une conversation entre Jeanne et ce jeune seigneur poitevin ; si ce dialogue n'est pas un document historique, du moins est-il un écho de la considération dans laquelle l'héroïne tenait le sire de Tiffauges.

==> Le mystère du siège d'Orléans - Jeanne d'Arc, Gilles de Rais - Château de Tiffauges

 Charles VII le fit maréchal de France le jour du Sacre.

Quand Jeanne d'Arc, abandonnée de tous, était prisonnière, on trouva Gilles de Rais rôdant autour de Rouen à la tête d'une bande en armes, et l'hypothèse qu'il voulait la délivrer a pu être émise avec quelque apparence de vérité (49).

==> Les Prisons de Jeanne d’Arc - Le Geôlier de Jeanne d’Arc

Dans le Bas Poitou couvert d'eau sur les parties basses, infesté de loups dans le Bocage, inculte et dévasté partout, n'ayant plus qu'une population clairsemée, misérable et terrorisée par les Ecorcheurs, on dut suivre avec anxiété la merveilleuse épopée de cette jeune fille, envoyée par Dieu pour sauver le royaume.

Lorsque l'évêque de Maillezais apprit la délivrance d'Orléans, il montra une grande joie, et, pour associer ses diocésains à l'heureux événement, il ordonna d'organiser des fêtes dans toutes les églises.

A Fontenay, cette première victoire des armes du roi fut l'occasion de réjouissances publiques ; trois des principaux bourgeois de la ville y apportèrent un si grand entrain qu'ils rompirent leurs chausses en jouant aux barres, et on trouve dans les comptes de Robin Denyzot, receveur de la châtellenie, une somme de trois écus d'or portée pour en acheter de neuves (50) !

 

On sentait obscurément qu'il y avait dans la délivrance d'Orléans le début d'une ère nouvelle.

Il était temps, car le Poitou n'était pas une exception : tout le royaume souffrait des mêmes maux, et pour les guérir, la royauté, à qui Jeanne rendait le sol français, avait beaucoup à faire.

Les lettres patentes données par Charles VII le 12 décembre 1439, par lesquelles il charge le Dauphin Louis de mener, avec l'aide de commissaires, une grande enquête en pays de Poitou et d'y faire cesser les abus, pourraient bien être la meilleure conclusion qu'on puisse écrire sur l'état misérable de la partie de la province comprise entre la Loire, l'Océan, le Thouet et la Sèvre niortaise.

 ==> Découverte d’un canon de bronze du siège 1428 d’Orléans dans les fossés du château de Tiffauges

 

Je résume ce document:

la contrée a été ravagée par les soldats et les pillards ; les habitants vivent dans une perpétuelle inquiétude ; personne n'obéit plus aux ordres du roi et on va jusqu'à menacer et battre ses ofifciers ; barons et gens d'église entretiennent le désordre, et, de leur fait, les populations sont, en tous lieux, victimes de toutes sortes d'exactions ; les impôts sont perçus de la façon la plus arbitraire; depuis longtemps les officiers ont perdu l'habitude de rendre leurs comptes au roi ou à ses représentants (51)…..

On sait avec quelle diligence Charles VII employa la seconde partie de son règne à panser les blessures de la guerre de Cent Ans, et dès 1433 deux maîtres maçons du pays, Sylvestre Esnault et Guillaume Mercier, se mettent à reconstruire totalement l'église Notre Dame de Fontenay, travail terminé seulement en 1466 (52).

Louis XI continua l'œuvre de son père.

A peine arrivé au trône, il établissait un Siège royal à Niort (1461) pour que la justice fût rendue sans retard à la population qui avait beaucoup souffert (53).

Peu après il transformait en Siège royal la cour de justice établie depuis deux siècles à Fontenay, et il dotait cette cité d'un corps de ville (54).

Parthenay, les Sables-d'Olonne, Noirmoutier, ont obtenu également des immunités fiscales et des libertés administratives. Les plaies se cicatrisèrent lentement.

En 1487 encore, des lettres patentes de Charles VIII accordant l'établissement de foires et marchés à La Flocellière, à Cerizay, à Saint-Paul-en-Gâtine, notaient qu' « à l'occasion des guerres, qui par cy-devant ont eu cours en nostre royaume, (ces pays) ont esté et sont grandement dépopulés et dégastés » (55).

En vérité, ces deux adjectifs dépeignent bien la situation de tout le bas Poitou au lendemain de la guerre de Cent ans, pays dépleuplés et pourris, « dépopulés et dégastés » !

 

 

par René MÉMAIN, docteur ès lettres, professeur d'histoire au Lycée de Poitièrs. Société des antiquaires de l'Ouest.

 

 

 

Sur la Terre de nos ancêtres du Poitou - Aquitania (LES GRANDES DATES DE L'HISTOIRE DU POITOU ) <==.... ....==> Histoire du Poitou: LE POITOU PENDANT LA GUERRE DE CENT ANS (1340-1453).

 

 


 

(1). Petit-Dutaillis. Le règne de Charles VII in Histoire de France (de E. Lavisse), t. IV, 2e partie, p. 115.

(2). P. Boissonnade, Histoire de Poitou, Boivin, 1915, p. 126-166.

(3). L. Brochet: Histoire de l'abbaye de Saint-Michel-en-L’herm. Fontenay-le-Comte, 1891, in-8°, p. 38. Le château de la Chabotterie, par A. G., in Revue du Bas Poitou (1907), p. 7 et sq.

(4). G. Loquet, Essais historiques sur le Talmendais, in Soc. d'Émulation de la Vendée, 1898 p. 62 et 63. 

(5). Ed. Le Grip., Histoire de l'abbaye de Notre-Dame des Fontenelles, in ibid., 1879, p. 156-157.

(6). E. Bourloton Le Pontifical d'Etienne Loypeau, évêque de Luçon (1387-1407). in Revue du Bas-Poitou, 1895. D. 156-157.

(7). C. Gourraud, Notes historiquee sur la paroisse de Chavagnes-en-Montaigu, aujourd'hui Chavagnes-en-Paillers. in Soc. d'Em. Vendée, 1876, p. 46.

(8). L. Favre, Histoire de lu Ville de Niort, depuis son origine jusqu'en 1789, Niort, Favre, 1880, in-8°, rii-498 p. Pour toute cette période, chap. VI à X

(9). Chroniques paroissiales da diocèse de Luçon, t. X., p. 11-12.

(10). P. Marchegay Recherches historiques sur le département de la Vendée, in Soc. Em. Vendée, 1864, p. 124-126, Revue des Provinces de l'Ouest, t. II, p. 309 (explication du droit de naufrage, par le même) et t. III, p. 748-749 : le naufrage a eu lieu dans la baie du port de Colet.

(11). P. Marchegay, Recherches., in Soc. Em. Vendée, 1867, p. 227-232.

(12). G. Loquet : Essai historique sur les baronnies du Nord-Ouest du Poitou, in Soc. Ém. de la Vendée, 1906, p. 25.

(13). L. Audé, Etudes historiques et administratives sur la Vendée, in Soc. Em. Vendée, 1855, p. 196. Revue des Provinces de l'Ouest, t. III, p. 222. Archpar., t. 1. p. 120-122.

(14). Chron. par., t. I, p. 513-514.

(15). Revue poiteoine et saintongeaise, 1890, p. 316; 1891, p. 22 et 169 : un rapport fut rédigé pour sauver le chevet ; le directeur des Beaut-Arts s'y est opposé. J. Robuchon, Paysages et monuments du Poitou, t. VIII, art. Cerizay.

(16). P. Marchegay, Recherches. in Soc. Em. Vendée, p. 227-232.

(17). L. Audé, op. cit., in Soc. Em. Vendée, 1855, p. 225.

(18). L. Brochet, Le canton de Maillezais, art. Benet, p. 17.

(19). Cf. sur cette importante question le volume de J. Tourneur-Aumont, La bataille de Poitiers (1356) et la construction de la France, Poitiers, 1941 p. 473-476 et passim.

(20). Gabory, La vie et la mort de Gilles de Rais, Perrin, 1926, in-8.

(21). De la Fontenelle de Vaudoré, Histoire du monastère et des évêques de Luçon, Paris, 1847, 2 vol. in-8, t. I, p. 105-106. — Benj. Fillon et O. de Rocbebrune, Poitou et Vendée, art. Sainte-Hermine,, p. 2. Georges de La Trémoille dont il est question ici est le fils de Marie de Sully, dame de Sainte-Hermine, qui a épousé en secondes noces Guy de La Trémoïlle ; elle mourut en 1425.

(22). Chron. par., t. V., p. 248-249.

(23). G. Loquet, Le Talmondais. in Soc. Em. Vendée., 1898, p. 70.

(24). Ibid., p. 65-67.

(25). Aroauld, L'abbaye de Nteul-sur-l'Autize. p. 19-20.

(26). Chron. par., t. II, p. 793-786. et Arch. hist. du Poitou, t. XXIV, p. 212.

(27). G. Loquet, Le Talmondais., in Soc. Em. Vendée, 1899, p. 196-212.

(28). G. Loquet, Les Baronnies., in ibid., 1906, p. 25.

(29). G; Bourloton, op. cit., p. 158-159. -

(30). G. Marchegay, Recherches sur Tiffauges et ses anciens seigneurs, in Soc. Em. Vendée, 1872, p. 197-198.

(31). De Monbail, Notes et croquis sur la Vendée, p. 46. E Louis, Géographie historique du département de la Vendée (Soc. Em. Vendée, 1875, p. 133-1341. —

A. Bitton, La Seigneurie laïque de Luçon (Soc. Em. Vendée, 1887. p. 139-140) ; Histoire des éoêques de Luçon, 1. 1, p. 106-107. L. Brochet, Le canton de Mareuil, p. 55 et sq., 247.

(32). Chron. par., t. I, p. 137. --

(33). De Monbail, op. cit., p. 72-73.

(34). Cartulaire des sires de Raiz, p. p. P. Marchegay, in Revue des provinces de l'Ouest, t III, p. 699.

(35). Archives de la ville de Fonlenay-le-Comte, reg. I, f° 317 (13 février 1420).

(36). Boissonnade, op. cit., p. 142-164.

(37). B. Fillon et O. de Rochebrune, Poitou et Vendée, Niort, 1887, 2 vol. n-4°, art. Fontenay, t. I. p. 32. — L. Brochet, La Vendée à travers les âgts, t. I, p. 373. — Arch. de la ville de Fontenay, reg. I, 13 février 1420. — B. Fillon, Recherches historiques et archéologiques sur Fontenay, t. I.

(38). L. Favre, op. cit., p. 85 et sq.

(39). P. Boissonnade, op. cil., u. 148.

(40). Revue du Bas Poitou, 1898, p. 45.

(41). Loquet, Baronnies., in Soc. Em. Vendéé, 1906, p. 29, 35.

(42). B. Fillon et O. de Rocheboune, Poitou et Vendée, art. La Châtaigneraie, p 15.

(43). L. Brochet t: Histoire de l'abbaye de Saint-Michel-en-Lherm, p. 28.

(44). Arch. hist. du Poitou, t. XXIX, n° 1431 ; de Vaux de Folletier, Histoire de Saintonge et d'Aunis, Boivin, p. 67.

(45). Lacurie : Histoire de l'abbaye de Maillezais, p. 117 et pièces justif. N° CII. Clouzot, Les marais de la Sèvre et du Lay, p. 49. Arch. par. t. V, p. 47. Brochet, Maillezais, p. 34-35.

(46). De la Boutetière : Ordonnance de Louis XI pour les Sables-d'Olonne et son voyage en Bas-Poitou en 1472, in Soc. Em. Vendée, 1880, p. 85.

(47). Catalogue de la bibliothèque manuscrite de Jehan Moreau en 1447, p. p. C. Gourraud in Soc. Em. Vendée, 1866. p 169-184.

(48). P. Boissonnade, Jeanne d'Arc à Poitiers et la Commission royale d'enquête relative à sa mission (mars-avril 1429), in Rev. des quest. hit t., 1930.

(49). H. Daniel-Lacourbe, L'hôte de Jeanne d'Arc à Poitiers, maître Jean Rabateau, président au Parlement de Paris, in Revue du Bas Poitou, 1891 (p 4866, 259-274) ; 1892 (p. 22-51. 297-328) ; 1893 (p. 158-187) ; 1894 (p. 272-298) ; 1895 (p 25-41, ses filles), B. Ledain. Jeanne d'Arc à Poitiers, in Rev. poit. et saint., 15 mars 1891. Abbé F. Charpentier, Jeanne d'Arc et Gilles de Rais, in Rev. du Bas Poitou, 1909, p. 320-340. Abbé Barraud, L'ancienne Roche-sur-Yon et la vieille Vendée, p. 159. Soc. Em. Vendée, 1864, p. 127.128. Fillon : Poitou et Vendée, t. I, p 23, 34. Michelet, Jeanne d'Arc (Hachette), p. 31.

(50). Lacurie, op. cit., p. 120. Brochet, La Vendée., t. 1. p. 382. B. FilIon, Recherches hist. sur Fontenay, t. I, p. 78.

(51). Lettres patentes du 12 déc. 1439, p.p. Favre, in op. cit., p. 90-91.

(52). René Vallette, L'église Notre-Dame de Fontenay-le-Comte, in Revue du Bas Poitou, 1900, p. 140.

(53). Augier, Thrésor. de Nyort, 1675 p. 18-26. Lettres patentes du 14 nov. 1461. et Favre. OP. cit.. D. 99.

(54). Fillon, Recherches. t. I.

(55). De la Boutetière (Recherches.) in Soc. Em. Vendée, 1875, p. 32.

 

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