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PHystorique- Les Portes du Temps
24 janvier 2024

MAILLEZAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

MAILLEZAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

Au moment où l'on parle avec plus ou moins de sincérité et d'à-propos de célébrer un peu partout en France le centenaire de la Révolution, il serait intéressant de connaitre l'histoire de cette époque dans chaque commune, ne fût-ce que pour savoir quelle part chacune d'elles a vraiment le droit de s'imposer dans ces réjouissances commémoratives.

 C'est ce que nous allons essayer de faire Pour Maillezais.

La population de Maillezais n'était préparée que par une profonde misère au grand ébranlement de 1789. Aucun mandataire ne figura pour elle à l'assemblée préparatoire de Poitiers chargée de rédiger le cahier des doléances des Etats du Poitou.

Les deux hommes remarquables que le dix-huitième siècle vit naitre à Maillezais, le docteur Pineau et le général Bonamy, n'eurent aucune influence sur les destinées de leur bourg natal, qu'ils quittèrent de bonne heure, et dont les habitants restèrent indifférents, d'autre part, aux idées philosophiques et aux influences maçonniques, qui donnèrent ailleurs à cette crise politique une si violente direction.

La Révolution ne compta à Maillezais ni un héros, ni un martyr; la grande guerre de Vendée l'effleura, sans troubler la grotesque sérénité de sa municipalité patriote ; les cahiers de ses délibérations ne portent même pas trace des combats de géants qui se livrèrent à ses portes.

 Les révolutionnaires qui revinrent merveilleusement conservateurs de l'immense curée des biens ecclésiastiques de l'abbaye, s'en tinrent il l'imitation timide et embarrassée du civisme du district de Fontenay, et nous n'avons à rapporter que des incidents sans portée politique, mais non sans intérêt pour l'histoire locale.

Bien que la vérité, si elle n'est pas toujours bonne à dire, soit toujours utile à entendre, nous laisserons dans l'ombre un grand nombre de documents, dont la publication pourrait soulever, nous ne dirons pas de légitimes, mais de respectables susceptibilités.

Les premières affirmations de liberté aux Etats généraux de 1789 n'eurent aucun écho à Maillezais : la misère y était grande, on réclamait du pain avant de réclamer des droits.

L'administration municipale espéra conjurer la famine en appelant aux foires, que personne ne visitait plus, les marchands et les fermiers.

 

 Des affiches furent placardées dans les communes voisines :

AVIS AU PUBLIC

« Quatre foires franches, un marché et un minage ont été établis à Maillezais.

 On peut y conduire toutes espèces de bestiaux.

Le champ de foire, très commode, sera dans les immenses cours du château, où on aura la facilité de  se mettre à couvert en cas de pluie, etc. »

 

 Au bas des affiches, la municipalité avait fait écrire à la plume :

« On espère de l'union des citoïens du canton de Maillezais, qu'ils concoureront à rendre les foires et les marchés considérables. La municipalité a écrit à plusieurs bouchers et marchands de mulets et chevaux. La municipalité de Maillezais a acheté des bleds pour le peuple quelle donnera au prix coutant au minage. »

 

L'appel n'eut pas de succès, et un second avis, plus pressant, fut affiché trois mois après :

« La municipalité de Maillezais occupée du soin de sabsvenir  aux pressants be soins dumenu peuple, et désirant lui faciliter les moyens de se procurer les denrées de première nécessité, a ordonné le rétablissement du marché qui se tenait ci-devant le-lundi, à Maillezais.

Le premier commencera le lundi, 9 novembre prochain. Comme il y aura minage, on prie MM. les propriétaires et fermiers ainsi que les fariniers des paroisses circonvoisines, d'y faire conduire leur bled. On y trouvera d'ailleurs toutes  autres menues denrées. »

Le terrible hiver de 1789 absorba promptement les blés offerts ; la disette augmentant, les propriétaires refusaient, même à prix d'argent, d'entretenir le minage et il ne resta plus bientôt, au printemps de 1790, d'autre ressource pour vivre que l'emploi des moyens révolutionnaires.

Le 9 mai 1790, la municipalité ordonna des réquisitions de grains, et força les propriétaires ou fermiers, entre autres Jacques Baron, Fauchereau, Martineau fermier de la ci-devant baronnie, Giraud le jeune, Martineau de l'Église, fermier de Taugon, et autres, d'apporter chaque semaine au marché une quantité proportionnée de blé.

M. Justin- Nicolas-Charles Porcheron de Périgny était alors curé de Maillezais, depuis 1784. C'était le petit-fils de Charles Porcheron, en 1734 lieutenant en la maitrise des Eaux et forêts à Maillezais ; son père, qui prit le premier le titre de Périgny, avait été fermier au Courtiou.

Caractère faible et timide, et, s'il faut  en croire la tradition, peu détaché des biens et des plaisirs de ce monde, M. le curé de Saint-Nicolas de Maillezais se trouva mêlé, dès 1790, aux événements politiques, par l'imprudente réclamation qu'il fit contre la taxe des terres dépendant de la cure, taxe portée en vertu du décret de l'Assemblée constituante qui soumettait dorénavant à l'impôt foncier les biens ecclésiastiques.

La municipalité n'avait déclaré pour la cure qu'un revenu de 1219 livres, et M. le curé, taxé à 261 livres, prétendait que cette taxe excédait d'un tiers la somme qu'il devait payer.

Sur sa réclamation, le district de Fontenay demanda un nouvel état de biens à la municipalité ; mais celle-ci avait été changée le 3 octobre 1790, et Tillé, le nouveau maire, Bourgoin, Caquineau et les autres membres n'étaient plus que les instruments de l'aubergiste Malval, nommé procureur de la commune, enragé de civisme, et aussi contrefait d'esprit que de corps.

Le zèle révolutionnaire du procureur de la commune de Maillezais trouva heureusement peu d'occasion de s'exaspérer.

 Ce fut lui toutefois qui dressa le nouvel état des biens de la cure, dont il porta le revenu à 3372 livres six sols neu f deniers.

 Le moment n'était plus favorable aux réclamations : M. Porcheron dut subir la taxe.

M. Malvat vit dès lors, dans ce prêtre, un ennemi résigné d'avance.

 Dès que la loi du 26 décembre 1790 eût exigé, des prêtres le serment à la Constitution civile du clergé, M. Parcheron s'empressa de le prêter. Son vicaire, Vilain, nommé par Mr de Courcy, vers la Noël de 1790 refusa de suivre cet exemple,  ainsi que M. Giraud, prêtre, habitant à Maillezais chez son père; ils n'en continuèrent pas moins d'exercer leur ministère.

M. le curé vit bientôt les habitants abandonner ses offices pour suivre ceux des deux prêtres non assermentés, et, poussé par la peur sans doute dans cette voie des défaillances où le premier pas entraîne tous les autres, il dénonça lui-même officiellement son vicaire au Directoire du district à Fontenay :

«Le sieur Vilain, écrit-il, pourrait seulement d'après la loi du 13 mai 1791, dire la messe, mais il ne s'en tient pas là. Il continue à exercer ses fonctions et à confesser comme par le passé, et même avec plus d'empressement et d'activité, de manière à mettre la division dans la paroisse et à ôter la confiance au curé conformiste. »

 La dénonciation est du 3 août 1791.

A la séance du 6 août, le directoire de Fontenay priva le vicaire de toutes fonctions publiques, tout en lui laissant le droit de dire la messe.

Messieurs Vilain et Giraud continuèrent quand même à faire sonner leurs messes, où les fidèles se rendaient de préférence. M. le curé réclama alors l'intervention de la municipalité de Maillezais, et, le 12 août, Tillé maire, Bourgoin et Caquineau, officiers municipaux, dénoncèrent à leur tour au directoire de Fontenay les cloches réactionnaires.

 Un arrêté du, directoire, du 17 août, donna tort à la municipalité, mais de nouvelles instances furent faites, et un autre arrêté du 28 décembre, interdit l'usage des cloches aux prêtres non-conformistes.

On voit par des lettres de M. Percheron à la municipalité que la lutte était aiguisée par mille tracasseries contre lesquelles il ne savait pas se défendre, tandis que ses concessions aux idées de plus en plus nouvelles n'avaient point de bornes.

Il faut dire aussi que ses efforts tendaient surtout à satisfaire le procureur de la commune qui ne le perdait pas de vue, et le harcelait sans cesse.

 Voici la lettre que Malvat lui écrivait le 25 décembre 1790, jour de Noël ; nous n'avons respecté qu'à la première ligne l'orthographe du citoyen procureur, de la commune de Maillezais :

« Vous savé ou vous devé savoir que la samblé nasionale a decreté que l'Ensens nest reservé qu'à Dieu seul et non à ses ministres. C'est donc avec surprise,  Monsieur, que le corps dont je suis en cet instant l'organe, vous a vu recevoir aujourd'hui au lutrin un encens auquel votre modestie devait s'empresser de vous dérober, et qu'il n'est plus permis en France d'offrir qu'à l'Etre Suprême. »

 Pour appuyer la plainte, Malvats, suivi des officiers municipaux, se transporta chez le sacristain, Louis Moinard, et lui interdit de présenter l'encens au sieur Percheron ou à d'autres « sous peine de destitution et d'être regardé comme l'ennemi de la Constitution, et d'être poursuivi selon la rigueur des lois. »

Le pauvre sacristain répondit pour sa défense que M. le curé et le vicaire lui avaient dit « d'aller toujours son train. »

Le 19 janvier 1792, M. Porcheron fut obligé de renouveler pour la troisième fois le serment à la Constitution. M. Vilain, nous ne savons pourquoi, prêta lui aussi, le 20 février suivant, ce serment qu'il avait si  longtemps refusé.

L'accord n'en régna pas mieux entre les deux prêtres M. le curé se croyant soutenu par la municipalité, et le vicaire par la population.

La journée du 25 février fut particulièrement troublée.

 M. Porcheron fut insulté dans la rue; la veuve Thévenot, marchande de tabac, chez qui logeait le vicaire, lui fit des grimaces et sortit en gambadant devant lui. »

 En arrivant à la sacristie, il trouva M. Vilain, et la discussion faillit se terminer par une lutte scandaleuse.

Ces scènes provoquèrent de nouvelles plaintes de M. Percheron au directoire de Fontenay : à Maillezais, la municipalité demanda l'expulsion du vicaire.

La loi du 17 nivôse an II, qui supprima les fonctions ecclésiastiques, sauva des dernières injures la dignité du ministère pastoral. Le citoyen Porcheron figura pour la somme de mille livres au tableau des pensions payées par le Trésor national aux ci-devant ecclésiastiques, en vertu de la loi du 2° sans-culottide an II.

Malvat lui écrivit aussitôt :

« Citoyen, si tu as les clefs de la ci-devant Eglise, tu es prié de les remettre, afin que le Conseil général de la commune seul ait la direction d'un édifice qui sera désormais consacré à la Liberté et à la Raison. »

M. Porcheron obtint de rester à la cura comme locataire, mais il n’y demeura pas longtemps, Malvat ayant fait décider par la municipalité;  le 13 messidor, que la citoyenne. Moreau, sage-femme, aurait aussi son logement à la maison presbytérale.

M. Porcheron quitta alors Maillezais. On nous a dit, mais nous n'avons pu en retrouver la preuve, qu'il reparut à Maillezais en 1804, et qu'il y administra le baptême.

 Il mourut en 1807, à l'hospice de Fontenay, en léguant, par testament trois mille francs aux pauvres les plus nécessiteux de la commune de Maillezais.

Les haineuses persécutions dont il fut victime lui eussent été épargnées si. M. Prézeau, qui avait été nommé maire de Maillezais le 13 janvier 1790, n'eût pas cédé ces fonctions à Tillé, pour occuper la première place de juge de paix du canton, le 13 octobre de la même année.

Henry Préseau, notaire à Maillezais, dès 1786, élu plusieurs fois syndic de la paroisse, député en 1789 à la réunion de la sénéchaussée de Fontenay, puis à l'assemblée des Trois- Ordres à Poitiers, était un esprit curieux, sensible, comme on l'entendait en ce temps, et passionné pour les études historiques, ainsi que l'attestent les volumineux manuscrits qu'il a laissés.

La vivacité de son enthousiasme explique le peu de critique de ses œuvres et la mobilité de ses convictions successives en politique; il mit en tous les régimes qu'il put voir se succéder, les espérances les plus sincères et les moins discrètes; mais il les servit également avec plus de loyauté que de calcul.

Le 29 mars 1790, Prézeau se signalait par un acte généreux dans une lettre curieuse adressée par lui au président de l'Assemblée nationale :

« MONSEIGNEUR,

Si l'amour de la patrie est un de nos premiers devoirs, s'il est de la gloire des bons citoyens d'en être les garants et les défenseurs de l'heureuse révolution, s'il est enfin de l'honneur de tous les Français d'affermir les colonnes de la plus belle constitution de l'univers et de se vouer au salut de l'Etat, qu'il me soit permis, Monseigneur, d'assurer  l'auguste aéropage dont vous êtes le digne chef, que, tels sont mes sentiments et mes vœux.

Honoré de la place de maire malgré les efforts de l'intrigue, j'ai fait, j'ose le dire, mes preuves de patriotisme. Pour en donner de nouveaux témoignages, voudriez-vous bien, Monseigneur, agréer pour nouvelle offrande à la patrie, outre la contribution volontaire que j'ai déjà faite, la remise que je fais de la somme de cent huit livres qui m'est due, et à laquelle j'ai été taxé comme député à l'assemblée des trois ordres tenue à Poitiers au mois de mars 1789.

Ce don est modique, je l'avoue; mais ceux qui connaissent mes faibles facultés Jugeront qu'il est considérable.

 J'engage tous les députés des assemblées des baillages de France, et tous les maires à suivre mon exemple; il en résultera, et je le désire bien vivement, un avantage réel pour l'Etat. »

On trouvera sans doute que ces idées de désintéressement ont bien vieilli depuis cent ans; nous pensons que; de tous les principes qui avaient encore cours en 1789, ceux auquels obéissait Prézeau, en écrivant cette lettre, ont le moins de chance d'être commémorés en 1 889.

Au mois de juin suivant, Prézeau rédigeait, proposait et envoyait à l'Assemblée nationale une adresse du canton de Maillezais :

« Nosseigneurs,

Heureusement arrivée à l'époque désirée d'une liberté dont vous êtes les illustres conquérants, la nation généreuse que vous représentez si dignement, doit l'approbation la plus formelle et l'adhésion la plus éclatante aux lois sages qui émanent de vos lumières et de vos vertus.

« Pénétrées de ces principes, les municipalités de l'ile et canton de Maillezais s'empressent de s'acquitter de ce devoir, en vous priant, Nosseigneurs, d'agréer leurs  respectueux hommages et leurs soumissions à tous les décrets, de l'Assemblée nationale.

Ce long et laborieux message finissait ainsi :

« Si le mérite, Nosseigneurs, ne dut jamais être sans récompense, l'admiration de l'Europe et la félicité nationale doivent en être une bien précieuse pour vous :  quelle plus douce jouissance ! »

 

La réponse de M. Bouron, député du Poitou, fut à la fois plus sobre et plus précise. Il avait lu l'adresse à l'Assemblée, et remerciait l'auteur:

 « Je vous envoie, ajoutait-il, nos décrets sur la vente des domaines nationaux, afin que vous puissiez procurer à votre municipalité l'avantage qui est offerte à toutes, en faisant la soumission pour acquérir tout ce qui est dans son étendue et aux environs. »

Les faibles ressources de la commune de Maillezais ne lui permirent pas de profiter du bénéfice de la loi; elle ne put qu'acheter, au prix de 309 livres 12 sols le parquet, la boucherie et les halles, qui appartenaient à l'évêché.

 « L'armée des Intérêts révolutionnaires », comme le dit Mirabeau, trouva à s'approvisionner dans les riches domaines de l'ancienne abbaye vendus au cinquième de leur valeur et payables en assignats.

 La bourgeoisie de Fontenay, les fermiers enrichis des environs firent main basse sur les plus belles propriétés de l'ile : la métairie du Pontreau fut adjugée pour 51.000 livres, celle de la Perrière pour 25.000, celle de Foussay pour 71.467, celle de Civray pour 60.000 livres.

 Une seule protestation s'éleva contre le décret de l'Assemblée, elle vint de la Confrérie de Saint-Nicolas :

« Lorsqu'on nous donnait des domaines, écrivit le bâtonnier de la Confrérie, au directoire de Fontenay, le 6 mars 1771, pour soutenir la Confrérie, c'était pour obtenir des prières et non pour donner des biens au Roi ou à la nation. »

Le directoire accorda un sursis, mais ne tint pas compte au fond de la réclamation, et la vente des biens de la Confrérie partagés entre les marchands et les cultivateurs du bourg produisit 22.905 livres.

Les dépenses municipales à Maillezais y compris les traitements, ne dépassèrent pas, pour l'année 1790, 253 livres.

En décembre 1791, Tillé céda l'écharpe à Baron, qui ne voulant pas se plier aux caprices de Malvat, donna sa démission dès le 13janvier 1792.

Malval fit nommer alors Pierre Lucas, homme bon et inoffensif, qui ne fut qu'un instrument dans la main du farouche procureur de la commune, promu agent national.

Les passions révolutionnaires ne purent s'acclimater à Maillezais.

Les enrôlements volontaires de novembre et décembre 1791 se bornèrent à trois: Charles Rayer, menuisier, âgé de 18 ans, François Chiron, tailleur, 21 ans, et Jean Chiron, journalier, 19 ans.

A la promulgation de la loi du 12 juillet 1792, qui déclarait « la patrie en danger, » la municipalité ne se préoccupa que de former une garde locale.

La délibération parle d'une compagnie de grenadiers, et « des autres compagnies.de ce lieu, » qu'on ne put jamais réunir.

Le 30 janvier 1793, on plaçait six gardes auprès de l'arbre de la liberté, planté devant les halles, et, le 17 mars, tandis que la Vendée se soulevait et que le tocsin appelait les paysans aux armes, la municipalité de Maillezais décrétait que « sept citoyens monteraient une garde de nuit, armés chacun d'un fusil en bon état chargé de poudre, un seul devant être chargé à balle, »

Le 15 mai, l'alarme fut au bourg, les Vendéens marchaient sur Fontenay.

 La citoyenne Dubois, de Fontenay, vint annoncer que Fontenay était évacué par l'ordre des autorités, que les corps constitués et la troupe même évacuaient; et qu'on lui avait dit à elle-même : « Sauve qui peut ! »

Ce fut un beau moment pour le zélé Malvat, qui ordonna aussitôt les réquisitions de toute nature, les visites domiciliaires, et ne ménagea pas les menaces, car, faute de troupe, il ne pouvait aller jusqu'aux arrestations.

 Le citoyen François Roy ayant dit sous les Halles «qu'il se f… .. du comité de surveillance et qu'il ne voulait pas partir » est dénoncé par Malvat, qui appelle en vain sur lui les rigueurs de la loi.

 Jacques Moreau, perruquier, refuse de travailler à l'opération du salpêtre qui se faisait dans l'église, Jean Petreau et Mathurin Sacré, de Souil, ne veulent livrer ni leurs chevaux, ni leurs mules : Malvat dénonce, sans pouvoir sévir (29 prairial an II).

 Deux fois les citoyens de 16 à 60 ans sont convoqués à son de cloche et de caisse pour organiser la garde nationale, en exécution de la loi du 28 prairial an III, cinq ou six seulement se présentent, et il est impossible de rien organiser.

Prézeau, alors juge de paix, menacé par Malvat à cause de sa tiédeur, réclame à la municipalité un certificat de civisme, et au directoire une attestation de zèle.

Il y est dit « qu'il n'a cessé dans tous les temps de donner des preuves les plus éclatantes et les moins équivoques du patriotisme le plus pur ; qu'ennemi déclaré du fanatisme, il est parvenu à en arrêter les funestes progrès dans ce canton, et, par des jugements rigoureux, émanés de la loi et dictés par le civisme, à maintenir l'ordre et la tranquillité que des prêtres séditieux et intolérants et leurs satellites ont tenté en vain de troubler dans son canton ; que dans toutes les circonstances possibles et depuis la révolution ledit Prézeau n'a pas cessé un instant de montrer son ardent amour pour la patrie et son implacable haine contre ceux qui en étaient les ennemis.

 C'était beaucoup dire d'un homme qui, en 1806, « s'honorait d'avoir fait partie avec son greffier et son huissier du cortège de l'évêque de la Rochelle entrant à Maillezais, » et qui, en 1817 dédiait à- « son roi Louis XVIII » son Calendrier historique ; et cependant ce n'était pas encore assez, puisque la « calomnie» trouvait encore prise sur lui, au moindre incident, comme en témoigne le document suivant :

« Nous maire, officiers municipaux et notables, membres du comité de surveillance, de la Société populaire, et autres citoyens de la commune de Maillezais, certifions à qui il appartiendra, que le citoyen Heurv Préseau, juge de paix du canton, n'a jamais donné d'ordres, ni pouvoirs, ni conseils à personne d'abattre l'arbre de la Liberté de cette commune : qu'il avait mis le plus grand zèle et le plus grand empressement à l'y faire planter, qu'au contraire il a toujours ordonné de le respecter et fait défense d'y toucher; que le 21 mars 1793 l'arbre fut abattu par un garçon scieur de long à la réquisition et aux pressantes sollicitations d'une quantité de femmes auxquelles des personnes de Fontenay avaient assuré qu'on avait fait jeter celui dudit Fontenay et qu'on avait mis le drapeau blanc au clocher, que si les brigands venaient en cette commune que l'arbre ferait égorger les femmes; que ledit Prézeau ayant appris à Fontenay que l'arbre avait été abattu, fit dire à la municipalité de le faire redresser de suite, ce qui fut fait quelques heures après.

« Attestons en outre que le citoyen Prézeau depuis la révolution, même avant, n'a pas cessé un instant de mériter notre confiance, qu'il a professé le patriotisme le plus pur, instruit le peuple, puni l'aristocratie, terrassé le fanatisme, etc. En foi de quoi ... »

La Société populaire, dont le nom figure sur cette pièce, avait été établie à Maillezais en 1793; elle tenait ses séances chaque décade dans l'église : il ne paraît pas qu'elles fussent très suivies.

 Dans un long manifeste signé du vice-président Dubois, et portant en tête à côté d'un faisceau surmonté du bonnet phrvgien, ces mots :

LA RÉPUBLIQUE UNE ET INDIVISIBLE ou LA MORT, elle offrait aux citoyens du canton l'espoir consolant de s'instruire, les moyens de justifier leur civisme, le droit lie surveiller l'exécution des lois et de dénoncer les abus pour les détruire. »

Ces engageantes perspectives rie produisirent aucun effet sur l'indifférence publique : la réalité démentait à tout coup les brillantes promesses; la vertu, le bonheur dont Malvat était l'apôtre, ne pouvaient abuser personne: les révolutionnaires de Maillezais ne firent pas de prosélytes.

En l'an IV, le citoyen Enard fut nommé président de I ‘administration municipale de Maillezais, et Gratreau fils, procureur-syndic.

 Le directoire de Fontenay leur attribua trois mille livres en assignats pour premier frais d'installation ; or l'assignat de cent francs valait en ce moment dix sols, l'émission avait atteint quarante-cinq milliards!

L'administration de Maillezais commença par faire confectionner avec les débris des bancs de l'église trois tables sur tréteau; mais on refusa ses assignats en paiement, et elle demanda alors au district l'autorisation de prélever à la Forêt deux cents fagots et dix brasses de rondins, à cause du froid.

 Le district refusa ; elle réclama alors, pour les vendre, les baillottes qui avaient servi dans l'église à l'extraction du salpêtre, les planches des vieux confessionnaux, et les bancs arrachés par la Société populaire : les propriétaires des bancs protestèrent, et ce ne fut qu'après le prélèvement de leurs planches, qu'on put vendre les autres débris.

Les scrupules des administrateurs étaient d'ailleurs à la hauteur de leur dénuement. Ils s'empressent, par exemple, d'annoncer au district « la découverte qu'ils ont faite dans le lutrin d'une vingtaine de bouts de cierges et de quatre à cinq livres de cire », et demandent l'autorisation « de les faire réduire en bougies », sans oublier une autre découverte « de quatre ou cinq poupées de lin qui paieront la façon des mèches. »

Le directoire de Fontenay répondit gravement qu'il n'y avait pas lieu à délibérer sur la question.

La municipalité rédigeait alors ses procès-verbaux de délibérations au dos du Tableau du maximum, par économie.

En considérant la part prise par la commune de Maillezais et par beaucoup d'autres sans doute, aux idées et aux événements de la Révolution, nous nous demandons ce que pourra bien être à Maillezais, et ailleurs, la fête du centenaire ?

 

Maillezais pendant la Révolution / Edgard Bourloton

 

 

 

Après son sacre à Chartres, le roi Henry IV établit en 1591 des foires à Maillezais pour remercier son évêque. <==

Les arbres de la liberté de la Révolution de 1789 (Foussais- Payré) <==

Arrêtés du 4 aout 1789 relatifs à l'abolition du régime féodal. <==

1790 Saint André d'Ornay - Déclaration des biens de l'abbaye royale des Fontenelles vendue comme bien national<==

Guerre de Vendée - Chant des Moulins -Il faut vous rassembler - Cinéscénie <==

1er août 1793 Décret relatif aux mesures à prendre contre les rebelles de Vendée; Détruisez la Vendée <==

Devant ses collègues de la Convention, Lequinio livre le rapport de sa mission et des colonnes infernales en Vendée  <==

Joseph Herbert , Martyr de la Révolution - C'était le 5 septembre 1793 à La Rochelle que le curé de Maillé, était interrogé, condamné à mort, puis envoyé à l'échafaud. <==

Justice révolutionnaire à Niort. <==

10 octobre 1793, suivant une réquisition de Léquinio et Laignelot, partent pour Brouage les détenus des prisons de Rochefort  <==

1793 EN VENDEE LA COMMISSION MILITAIRE DE FONTENAY ET SES VICTIMES  <==

 

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