Le 6 décembre 1360 REDDITION DE LA ROCHELLE AUX ANGLAIS.
Le traité de Brétigny met un terme à la captivité du roi Jean le Bon en Angleterre, après la désastreuse bataille de Poitiers. Il est libéré contre versement d’une rançon de 3 millions d’écus et les concessions territoriales suivantes :
Les Anglais obtiennent la Guyenne et la Gascogne en toute souveraineté ainsi que Calais, le Ponthieu et le comté de Guînes. Ils obtiennent également le Poitou, le Périgord, le Limousin, l’Angoumois et la Saintonge septentrionale, avec la ville de la Rochelle, le comté d’Armagnac avec l’Agenais, le Quercy, le Rouergue, la Bigorre et le comté de Gaure.
Par contre, Édouard III renonce aux duchés de Normandie et de Touraine, aux comtés du Maine et d’Anjou et à la suzeraineté sur la Bretagne et les Flandres.
Il renonce surtout à revendiquer la couronne de France.
Ce fut chose faite le 6 décembre suivant, comme en témoigne un acte d'Édouard III rédigé à Westminster, le 26 janvier 1361.
Les commissaires qui furent délégués à cet effet étaient, pour le roi d'Angleterre, messire Bertrand de Montferrand, pour le roi de France, Jean le Maingre, dit Boucicaut, et Guischard d'Angle, seigneur de Rochefort sur Charente.
Le 6 décembre, comme ces trois commissaires approchaient de la Rochelle, Loys Busset, maire de la ville, alla à leur rencontre, accompagné de messire Gaillard du Puy, évêque de Saintes (1), de Robert, abbé du monastère de Notre-Dame de Chatre, près Cognac, et du conseil de la commune.
L'an mil trois cents soixante, était Maire de La Rochelle : Louis Buffet, echevin, et furent ses coeslus: Me Guillaume Boullard et sire Guilleaume de Vayr.
Au dit an, la ville de La Rochelle fut mise en l'obeissance du Roy d'Angleterre, par accord fait avec le Roy Jean qui lors estoit prisonnier à Calais, ayant perdu la bataille près de Poitiers où il fut pris prisonnier, en la manière qui en suit:
C'est à sçavoir que le Dimanche, sixième jour du mois de Décembre, à heure de soleil couchant, vindrent à la porte de Cougne de la dite ville de La Rochelle, nobles hommes et puissans: Monsieur Jean le Maingre dit Boucicault maréchal de France, Monsieur Guichard d'Angle sénéchal de Xaintonge, Monsieur Bertrand, sire de Montferrand et en leur compagnie frère André de Montjean, prieur de Frontenay L'abattu, Monsieur Hugues de Surgères, Monsieur Mangou Maubert, Aymery Helyes, Guillaume Helyes, Monsieur Pierre de Montferrand, Monsieur Regnauld de Montferrand et plusieurs autres chevaliers et escuyers, tant Anglais que Français;
Et à la dite porte trouvèrent le dit sire Louis Buffet, maire de la dite ville, et en sa compaignie étoient : Révérend père en Dieu, l'Evesque de Saintes, l'abbé de Chartres et plusieurs gens d'Eglise et des bourgeois Me Laurent Poussard, Me Fremin de Villers, sire Pierre Buffet, sire Jean Chauderer, Monsieur Guillaume de Serys, Me Guillaume Boulard, sire Pierre Auban, Me Masse d'Aygue chauve, sire Guillaume de Vayr, Bernard Barraud, Jean Poussard, Me Jean Marchand et plusieurs autres bourgeois et habitants de la dite ville.
Bertrand de Montferrand, prenant le premier la parole, somma le maire de lui livrer la ville au nom du roi, son maître. Loys Busset, après avoir vérifié les pouvoirs de cet officier, fit abaisser le pont de la porte de Cougnes, et saisissant la main de l'envoyé d'Edward :
« Au nom du roi d'Angleterre, notre seigneur, lui dit-il, et comme son commissaire en cette partie, je vous mets, je vous mets pour moy et pour mon commun en saisine et possession de cette ville de La Rochelle reaument et de fait.
Maire, le Roy de France par la paix accordee entre luy et le Roy d’Angleterre, mon seigneur, a baille et transporte à perpetuite le chatel et la ville de La Rochelle avec les appartenances et dependances d’icelle, au dit Roy d’Angleterre, mon seigneur, et s’en est devestu et dessaisy et en a vestu et saisy le dit Roy d’Angleterre, mon seigneur, par figure ;
et a commande de bouche et par lettre à Monsieur Guillaume de Serys chevallier, sire Pierre Buffet, sire Jean Chauderer, Me Guillaume Boullard et Me Masse d’Aiguechauve vos procureurs, envoyes par devers les deux Roys, comment vous et eux ballies la possession de la dite ville reaument et de fait au Roy mon dit Seigneur ou à ses deputes, et aussi M. le Marechal qui cy est present a pouvoir de vous le commander ; car vos dits procureurs ont promis et jure, sur le vray corps de Jesus-Christ sacre, a le bailler reaulment et de fait et de faire jurer, vous et les habitans de la dite ville, certaynes choses par même ordre et maniere qu’ils ont jure au Roy d’Angleterre, mon seigneur, et vous requierent vos cinq procureurs dessus dits que acquities vos foys et seremens à moy, que promis et jure l’aves au Roy d’Angleterre mon seigneur.»
S’ensuivent les paroles dites par M. le Marechal Boucicault au Maire.
Sire Maire, je vous commande de par le Roy de France et ie vous mande de bouche, de par moy et par ses lettres et par vos dits procureurs, que vous bailliés à Monseigneur de Montferrand qui cy est présent pour le Roy d'Angleterre, la possession et saisine de la ditte ville reaulment et de fait, c'est à sçavoir ce que le Roy y a en domaine, en domaine, et ce qu'il y a en fief, en fief.
Et les dits procureurs requirent aussi le dit Maire qu'il baillast la possession de la ditte ville reaulment et de fait, et fit faire le serment aux bourgeois et habitans de la ditte ville, afin qu'ils fussent quittes de la foy et obligation en quoy ils étoient tenus pour ce faire, envers le Roy d'Angleterre.
RÉPONSE DE M. LE MAIRE.
Messieurs, puisque le Roy de France notre souverain Seigneur s'est démis, devestu et dessaisy de la possession de cette ville de La Rochelle, et en a vestu et saisy le Roy d'Angleterre, et me mande de bouche, tant par Monseigneur le Maréchal que Messieurs nos procureurs qui sont si solemnels gens comme chacun scait, ensemble par ses lettres patentes, j'obéiray volontiers et donnerai la possession et acquiteray et ferai acquiter nos dits procureurs de ce qu'ils ont promis et juré : moyennant que j'aye vû et ouy le pouvoir que vous Monsieur le Maréchal avés de sa majesté, et vous Monsieur de Montferrand du Roy d'Angleterre, vous priant de nous maintenir et garder en nos franchises, libertés et usages et coutumes, pour et au nom du Roy d'Angleterre, sy et par la manière que les Roys de France nous ont octroyée.
A quoy fit réponse le dit sieur de Montferrand que si feroit il, car le Roy d'Angleterre le vouloit et le luy avait commandé.
C’est à sçavoir de ce qui est en domaine du seigneur, en domaine, et de ce qui est en fief, en fief, par l’antrage et introit de cette porte, en s’en allant par toute la ville et au plus loin »
Après quoi il introduisit les commissaires et les promena à travers la ville jusqu'à la porte des Deux-Moulins.
« venes avec moy de cette porte à la porte des Deux Moulins qui est la plus lointaine de ceste, car il n’est si belle possession realle comme l’entremain de la chose et la possession des pieds de celuy qui la possession prend ; et que de la possession j’acquitteray nos dits procureurs, et dedans demain, les acquitteray du demeurant ».
A quoy le dit sieur de Montferrand luy repondit que ce luy plaisoit bien et que, au nom du Roy d’Angleterre, il prenait la possession de la dite ville reaulment et de fait par la maniere dessus dite.
Et alla en sa compagnie jusqu’à la porte des Deux Moulins ; en continuant sa possession, et depuis la derniere porte des Deux Moulins jusqu’à l’hostel de Jean Poussard, fils de Me Laurent Poussard ou le dit sieur de Montferand etait loge aux petits bancs ; et illec descendirent de cheval et soupa avec luy le Maire et bourgeois dessusdits avec grand nombre d’autres bourgeois et plus cette journee ne fut fait.
Le lendemain fut célébrée, en l'église des frères Prêcheurs, une messe à l'issue de laquelle le maire et le corps de ville prêtèrent serment de féauté entre les mains de Bertrand de Montferrand. (2)
LA TENEUR DES POUVOIRS DES DITS MONSEIGNEUR LE MARÉCHAL ET DE MONSEIGNEUR DE MONTFERRAND S'ENSUIVENT.
Jean, par la grace de Dieu, roy de France, à nos amez conseillers feaux, Jean le Maingre dit Bouciquault, maréchal de France et Guischard d'Angle, sénéchal de Xaintonge, salut et dilection.
Sçavoir vous faisons que, par la forme de la paix nouvellement réformée entre nous et notre très cher frère le Roy d'Angleterre, nous luy avons promis et accordé et devons bailler, délivrer et délaisser, et avons baillé et délaissé par nos lettres à perpétuité, pour luy et ses hoirs, la ville, le chastel et les forteresses de La Rochelle avec les appartenances et apendances, à tenir en domaine ce que nous y avons en domaine et en fief ce que en fief, et en obeissant ce que plus a plein est contenu en nos autres dernières lettres; pourquoy nous voulans accomplir ce que faire en devons, vous mandons et commettons et à chacun de vous, qu'à notre dit frère, le Roy d'Angleterre ou à ses députés, un ou plusieurs pour luy, vous baillés et délivrés réellement et de fait la possession des choses dessus données à plain et luy faites entendre et obéir comme à Seigneur des dictes choses ou à ses députés, en contraignant rudement, si mestier est, tous contredits, par telle manière qu'il n'en convienne retourner à nous et mandons à tous que sur ce vous obeissent et à chacun de vous.
Donné à Calais, le 24° jour d'octobre l'an 1360.
Par le Roy....
Edouard, par la grâce de Dieu Roy d'Angleterre, seigneur d'Irlande et d'Acquitaine, à tous ceux que ces lettres verront et orront, salut.
Sçavoir faisons que nous avons donné et donnons plein pouvoir et mandement spécial à notre bien aimé et feal chevalier et conseiller, Bertrand, seigneur de Montferrand, gouverneur pour nous en Xaintonge, de prendre et accepter en nom de nous, la possession et saisine du chastel, et ville de La Rochelle et des appartenances et appandances :
c'est à sçavoir la possession dudit chastel par la main de Guichard d'Angle, chevallier ou de ses députés, et la possession de la dite ville par la main du maire ou de ses députés, et de recevoir les sermens des bourgeois et habitants de la ditte ville, si et par la manière que nous luy avons baillée par écrit, et de donner lettre de quittance et de reconnaissance de ce qu'il prendra et recevra de par nous, aux dits maire, bourgeois et habitans de la ditte ville et autres, si comme appert à faire en tel cas, et de faire toutes autres choses que bon et loyal gouverneur peut et doit faire, jaçoit ce que requière mandement spécial.
Donné à Calais, sous notre grand scel, le penultième jour d'octobre l'an mil trois cents soixante.
Le lundi, septième jour de décembre, au dit an, les dessus nommés maréchal et sire de Montferrand firent chanter une messe chez les frères Prècheurs, et firent retenir le corps de Jésus-Christ sacré afin de faire les sermens que le maire, bourgeois et habitans estoient tenus de faire au dit seigneur de Montferrand.
Après laquelle messe le dit maréchal commanda à Jean Masse, chevalier, garde du scel royal établi en la dilte ville pour le Roy de France qu'il luy baillast et rendist les scels et aussi à Me Arnaud Grosset, garde de la prévosté de la ditte ville, qu'il luy baillast et rendist les scels de la ditte prevosté, lesquels Jean Masse et Grosset lui baillèrent les dits scels et il les prist pour le Roy de France et les bailla au dit sire de Montferrand, pour nom du Roy d'Angleterre; lequel sire de Montferrand les prist et accepta et les bailla en garde, c'est à sçavoir le scel établi aux contracts, à Me Fremin de Villers, avec le scel royal établi en la ditte ville aux contracts pour le Roy d'Angleterre, notre sire, en recevant le serement de luy de bien et loyaulment garder et gouverner les dits scels; et au dit Me Arnault Grosset, la prevosté en garde et les scels d'icelle, tant du Roy de France que du Roy d'Angleterre, et en recevant le serment de luy de bien et loyaulment garder et gouverner la dite prevosté et les scels d'icelle, car il lui estoit referé par lettres patentes que le Roy d'Angleterre, notre sire, les avoit institués aux dits offices; près lesquelles choses firent le serement au dit sieur de Montferrand, pour nom du Roy d'Angleterre, notre sire, sur le corps de Jésus-Christ sacré et sur les saints Evangiles de Dieu, les dessous nommés et premièrement le dit sieur Monsieur le Maire par la manière qui s'en suit :
Je, Louis Buffet, Maire de la ville de La Rochelle, au nom du commun et en mon propre et privé, nom, promets et jure au Roy d'Angleterre, notre sire, et à vous monseigneur de Montferrand, gouverneur et capitaine, souverain et commissaire en cette partie pour le dit seigneur, du chastel, de la ville et des appartenances et appendances de La Rochelle, au nom de notre dit seigneur, que ie suis et seray à luy et à ses hoirs masles et successeurs, bon et loyal sujet et vassault; sa vie, son corps et membres luy garderay et sauveray; ses biens et droits, mêmement la ville de La Rochelle, à luy et à son obéissance et à ses hoirs et successeurs masles garderay et deffendray la ditte ville à mon loyal pouvoir, sans jamais reconnaitre d'autre seigneur et souverain, et à vous et à ses autres commissaires et ministres qui, par le temps, seront en ces parties, ferai au nom de luy les obeissances et serments accoutumés, bon conseil et loyal luy donneray quand par luy, vous, ou ses autres ministres en seray requis et son conseil secret tiendray sans reveller à nully; ainsy me ayt Dieu en son vray corps sacré et les saints Evangiles qui cy sont. Et mettoit la main sur le corps de Jésus-Christ et sur le Messal et sur la croix.
Et par semblable manière, de mot à mot levées et exposées les paroles dessus dittes le furent par les personnes qui s'ensuivent:
Me Laurent Poussard; Mo Fremyn de Villiers; Guillaume de Vayr; Me Arnaud Grosset; Bernard Barrault; Jehan Poussard; Me Helyes Baugis; Me Jehan Sudre; Me Vincent Gorraud; Sire Pierre Auban; Jacques de Thalemond; Sire Jehan Braud; Me Jehan du Poix, phisicien; Helies Gilbert; Pierre Mestrain; Fremyn de Villiers; Aymery Sudre; Aymery Gallet; Yon le petit, dit Me Geys; Guillaume de la Faye; Hélies de la Gravelle; Jacques Coustet; Jehan de Leigue, laisné; Pierre Allegreau; Jehan de Leigue, le jeune; Guillaume de Lomaria; Jehan Bienvenu; Gombault de Vayr; Me Jehan Marchant; Me Jehan de Maignac; Jehan Baston; Berthomé Foulques; Jehan de Han; Jehan de Hergier; Pierre Bonnet; Guillaume de la Gravelle; André Ballon; Jehan de la Brousse; Guillaume Ballon; Jehan de la Porte; Guillaume Duboys; Raymont Gossu; Jehan de la Venelle; Arnault Pelisson; Micheau du Bois; Siquart Faure; Pierre Coudre; Jehan Poissonnat; Me Raymond Cluzes; Ythier de l'Angle; Simon Cruvetier; Jehan Olivier; Guion de Lomaria; Pierre Blein; Pierre Chaucheps; Jehan Thiphanne; Hugues de Carsac; Astor de Fonfaynes; Guillaume Plaigue; Jehan l'Espagnol; Guillaume Blein; Domingon Reuss; Arnault de Bassesaux; Pasquier Barre; Jehan de Triaize; Nicollas Dubois; Pierre Cassefeve; Jehan Clert; Pierre Vivant; Guillaume Ybain, du Pillaut; Berthoumé Miette; Ythier Mesnier; Pierre Maguelin; Adam Daz; James Duchesne; Jehan de Compagne; Jehan Sicques; Pierre Bouchoir; Jean de Croins; Pierre Babineau; Yon Bienvenu; Gans le Broer; Seguin Chevry; Jehan Corbel; Guillaume Marteau; Guillaume de la Ferté; Lambert Roabli; Yon de Sevenne; Robert Rumaillon; Guillaume Grosset; Jehan Mandin; Bertrand Raoul; Jehan Rousseau; Bertrand de Flaignac; Selin Coing; Estienne Baillonneau; Giraud Chacuel; Frère Jehan Bourdin, commandeur du Temple; Frère Aymar Castaing; Me Renoul Boucher; Jehan de Xaintonge; Jehan Garcie; Jacques du Poix; Nicollas Froge; Raymond Fourby; Guillaume Raoul; Me Geoffroy Bonnet; Pierre Vinal; Pierre Gossu; Naudon Couste; Jehan du Poix; Robin le Manceau; Joseph de la Garenne; Colin Durant; Jehan Macé;
Après lequel serment ainsy pris reçu par le dit sire de Montferrand des dessus nommés, Monsieur le Maire requist au dit sieur de Montferrand, au nom et comme gouverneur que dessus, que comme les devanciers, gouverneurs et senechals, en leurs nouveaux avènements, eussent accoustumés à faire serment au Maire de la ditte ville, pour lui et pour son commun, et pour leur garder leurs droits, privileges, usages, coutumes, franchises et libertés, avant ce qu'ils s'entremissent en rien du fait de la jurisdiction, en l'informant sur ce par un arrest donné en parlement de Paris, faisant mention comme il avoit esté dit et déclaré par jugement, les dits gouverneurs ou senechaux, en leur nouvel advenement, estre tenus de faire le dit serement, et aussi par un instrument public contenant qu'un senechal qui avoit esté par le temps passé, avoit fait le serment en la manière dessus dite; et en outre informa le dit sire de Montferrand, par tesmoins dignes de foy, que Mre Guichard d'Angle lequel avoit esté dernier senechal de Xaintonge pour le Roy de France, en son nouvel avenement, avoit semblablement fait le dit serement; que le dit serment il voulut faire, par la manière qu'il devoit, avant qu'il s'entremit en rien du fait de la jurisdiction.
Lors le dit sire de Montferrand dit et répondit qu'il feroit volontiers ce qu'il devroit, et par le conseil et avis du conseil du Roy notre sire, fit le serment en la main de Monsieur le Maire sur une matynes par la manière qui s'en suit:
Je Bertrand, sire de Montferrand, gouverneur et capitaine souverain pour le Roy d'Angleterre, mon seigneur, du chastel et ville et des appartenances et appandances de La Rochelle, promets à vous le Maire, pour vous et pour votre commun, vous garder vos priviléges, droits, usages, coutumes, franchises et libertés, desquels il m'apparoistra sans les enfraindre; ainsy me ait Dieu et les Evangiles notre seigneur, qui icy sont.
Après lequel serment ainsi fait par le dit gouverneur en la présence du peuple, le dit gouverneur et le Maire s'en allèrent sans rien plus faire cette journée.
Le mardy ensuivant, huitième jour du dit mois de décembre, au temple de la dite ville, firent le serment, en la manière dessus ditte, tous les autres habitants ou la plus grande partie de la ditte ville, religieux et autres, en la présence de noble homme Messire Guillaume Dureton, capitaine de Bergerac, à ce commis par le dit sire de Montferrand.
Au dit an, le dix septième de décembre, le Roy Jean estant à Calais donna, par ses lettres patentes, exemption aux Rochellois de confiscation des biens et marchandises à eux appartenantes, occupées et prises en temps de guerre ou autrement; et que les Maire, Echevins, Conseillers et Pairs ne soient tenus rendre compte, fors à eux ou leurs députés, de toutes receptes et mises qu'ils auront faites, mais veut qu'ils en soyent quittes perpetuellement, ensemble des impositions tailles et autres subsides par eux imposés.
Le vingt cinquième jour d'octobre mil trois cents soixante, le Roy Edouard d'Angleterre donna lettres scellées a lacz de soye et cire verte, par lesquelles les habitans de La Rochelle ne peuvent être contraints vendre ne prester leur chevaux contre leur volonté, ne aller en ost ne chevauchée du Roy. si premièrement la ville n'est bien garnie, ne de recevoir chevaliers ou gens d'armes qui puissent avoir pouvoir sur la ville, ne fournir francs archiers; et peuvent les marchands de St Omer, Arras, Gand, Yspres, Bruges et de Lislle venir trafiquer de marchandise à la ditte Rochelle; et donna, sa ditte Majesté, lettres au dit an par lesquelles les habitans de La Rochelle sont exempts de payer finances, vantes, honneurs ne autre devoir des acquets par eux faits ou qu'ils feront de choses nobles, soyent eux, leurs hoyrs ou successeurs ou qui d'eux auront cause, et ne sont sujets a ban ne arriere ban, pourvu qu'ils ayent valant en tous biens cinq cens livres.
Et le douzième de juillet mil cinq cents soixante, fut donnée une sentence au siége de Cognac, signée J. Le Gendre, Daubigné, Thibaudeau et Gourdon ou sont compris les hopitaux pour et au profit de ceux de La Rochelle.
Item les dits Rochellois sont exempts et ne sont tenus rendre compte, fors à eux ou leurs députés, de toutes receptes et mises qu'ils auront faites, mais en seront quittes perpetuellement, ensemble des impositions, tailles et autres subsides par eux imposés; et ont droit de poids, aulnes et mesures sur les bourgeois et non bourgeois, à bled, vins, draps et tous autres, signé : de Sancta Egidia, le douzième de juin mil trois cents soixante; et voulut par ses dittes lettres données à Calais, le vingt cinq du mois d'octobre au dit an, que l'isle d'Olleron fut du ressort de La Rochelle, et aussi que tous nauffrages ne se peuvent prendre par les gens du Roy et autres, mais doivent les biens du dit nauffrage estre rendus à ceux à qui ils sont, dedans l'an et jour.
Au dit an, Charles, fils du Roy de France, duc de Normandie et Dauphin de Viennois, donna lettres scellées en lacz de soie et cire verte, le douzième jour d'octobre estant à Boulogne, faisant mention comme le dit seigneur fit à sçavoir à tous que, pour la paix nouvellement traittée entre son dit père d'une part et son oncle le Roy d'Angleterre, il avait baillé et transporté au dit Roy d'Angleterre la ville et chastel de La Rochelle
Au dit an, le dix septième jour d'octobre, le Roy Jean estant prisonnier à Calais, par le traité fait avec le Roy d'Angleterre en la reddition de La Rochelle, donna lettres scellées à double queue de parchemin et cire blanche, faisant mention comme le dit seigneur voulut et ordonna que les biens de ceux de La Rochelle ne fussent ni occupés par confiscation ne autrement pour cause de la guerre avenir, par tout le royaume de France ou autres de l'alliance de France, les dits Rochellois estant en l'obéissance d'Angleterre; par son exprès commandement il promettoit et estoit tenu de les desendommager comme ses plus obéissans sujets et veut que les dits Rochellois puissent aller et leurs biens et marchandises par tout le royaume de France, sans payer aucun droit ne autre chose mise sus de nouveau, pour les grands services, dépenses, charges, labeurs qu'ils luy avoient fait au royaume; et rattifia les dites lettres au mois de novembre ensuivant, par autres lettres données à St-Omer, portant confirmation des précédentes et ordonna que, s'il estoit dû à ceux de La Rochelle aucuns meubles par luy ou ses officiers, au temps qu'il les mit en l'obéissence du Roy d'Angleterre, il promit de les payer sur son trésor et en outre ordonna que les dits de La Rochelle, estant en l'obéissance du Roy d'Angleterre, peussent tirer leurs biens meubles jusqu'à cinq ans, et leurs biens immeubles jusqu'à dix ans après en suivant.
Au dit an, le vingt cinquième d'octobre, le Roy Edouard d'Angleterre confirma tous les privilèges à ceux de La Rochelle cy devant donnés, et mit la ditte ville en sa sauvegarde et annulla et mit à neant toutes charges et assignations faites sur les dits de La Rochelle et pays d'Aunix, et en outre leur donna congé d'aller par tout le royaume d'Angleterre marchandamment, tant par mer que par terre; et sont exempts du parti qu'ils auroient pris avec le captal de Bœufs et Pierre de Villeneuve, capitaine de Tonnay Charente, ains qu'ils sont de l'obéissance du Roy d'Angleterre.
Saint-Jean d'Angély, Taillebourg et les autres villes et châteaux situés sur la rive droite de la Charente ouvrirent, sans résistance, leurs portes aux officiers du roi d'Angleterre qui se trouva dès-lors, comme l'avaient été ses prédécesseurs au temps d'Aliénor, maître souverain de tout le territoire de la Saintonge depuis la Sèvre jusqu'à la Gironde.
Jean Ier Le Meingre dit Boucicaut, maréchal de France <==
Historique du Château Féodal de Saint-Jean-D’Angle (Lusignan - Mélusine) <==
Le port d’Aliénor d’Aquitaine : Voyage dans le temps des Templiers et Hospitaliers de la Rochelle. <==
Le texte de la reddition de La Rochelle, bien que transcrit sur un des manuscrits de la bibliothèque de cette ville, n'est cependant qu'une copie de copies; aussi n'a-t-il aucune authenticité comme orthographe; nous reproduisons exactement, mais sans garantie, le texte même de la transcription qui date, je crois, de la fin du XVIe siècle ou du début du XVIIe.
(1). Ce prélat succéda, au mois de février 1351, à Etienne de Gard qui occupait le siège de Saintes depuis 1342.
Il fit bâtir à la Rochelle, en 1360, un palais épiscopal qui a conservé depuis le nom d'Evescot, et mourut en 1361 ou 1362. (Voir Hugues du Tems. Clergé de France. tom. II. p. 354 ).
(2) Amos Barbot. Invent. des titr. de la Rochelle. Ap. Arcère. Hist. de la Roch. tom. I. p. 248.