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PHystorique- Les Portes du Temps
25 avril 2023

10 octobre 1793, suivant une réquisition de Léquinio et Laignelot, partent pour Brouage les détenus des prisons de Rochefort

Le 10 octobre 1793, partent pour Brouage, suivant une réquisition de Léquinio et Laignelot, les suspects ci-après nommés, détenus dans les prisons de Rochefort

Léquinio et Laignelot, représentants du peuple en mission dans la Vendée et la Charente-Inférieure, prennent, le 4 pluviôse an II (23 Janvier 1794), un arrêté portant :

« épuration des autorités constituées du chef-lieu du district de Marennes »,

 et déléguent Lagarosse, agent national du district, pour une semblable besogne dans les autres communes.

« Après informations prises des patriotes du lieu, dit l'arrêté précité; d'après l'invitation faite au peuple assemblé dans le temple de la Vérité à la séance de la Société populaire d'hier, de nous indiquer les hommes les plus propres à placer, et de nous dénoncer ceux qui actuellement en place doivent être rejetés, avons nommé:

 administration du district: Senné père, président; Doussou, vice-président; Georges; Charron père ; Dugas, ci-devant ministre du culte. Du Directoire : Bonnefous aîné; Vigneaux, de la Tremblade; Barbotin, du Gua; Renaud, de Vaux; Richard; Dubourg; Gourbeil; Palliet de Nieulle. Du Conseil, Meaume fils, secrétaire; Gillis, receveur du district. » Ensuite viennent la municipalité, le tribunal, le comité de surveillance, le tribunal de commerce, les juges de paix, le bureau de conciliation, dont les membres sont: Mazauric aîné, « ci-devant ministre du culte », Granier; Drouillard; Durozé, tonnelier ; Gardet; Turpeau fils.

Le 1er nivôse an II, Mazauric aîné remplace « provisoirement », au greffe du tribunal de commerce, Baudry qui est nommé chef de bureau des expéditions.

Un état général des justices de paix est dressé « afin de combler les places vacantes ». Sont en exercice dans l'île d'Arvert, le 13 brumaire an III: Canton de la Tremblade : Choloux, juge de paix à Arvert; Minoyé, greffier. Assesseurs pour Arvert: Garnier; Goyau fils; Élie Sureau; Voyer. Pour Étaules : Chevalier-Létang; J.-J. Gabiou; Mestivier ; Monqui. Pour Chaillevette: Conte; Chareau; Gouin fils; Doré fils. Pour les Mathes: Patour; Chaillé; Charron. Commune de la Tremblade: Vaneau, juge de paix; Pougnard, greffier.

Assesseurs : Jean Bariteau ; J. Dubois ; Robichon ; Menudier. Vaneau démissionne; il est remplacé le 28 nivôse par Bomard, huissier. Pougnard, greffier, et ci-devant ministre du culte, ayant été envoyé à Paris1 pour y suivre le cours normal fondé par décret de la convention du 9 brumaire an III, est remplacé par le citoyen Montexier.

Déjà, le 21 floréal an II, le Directoire ayant eu à choisir, « parmi les citoyens qui se sont occupés de la fabrication du salpêtre, un patriote éclairé et intelligent pour en surveiller la fabrication »; et « considérant qu'il importe au succès des armes de la République et au triomphe de la liberté et de l'égalité de fournir à ses défenseurs la foudre qui doit terrasser les tyrans et leurs esclaves,  charge le citoyen Dézérit (Pougnard) de surveiller, sous la direction de l'agent du district, la fabrication du salpêtre dans les communes des cantons de La Tremblade et de Royan. »

La plupart des curés de l'île d'Arvert prêtèrent le serment constitutionnel. Germain Ranson, archiprêtre, le rétracta et émigra en Espagne.

Antoine Métayer, vicaire perpétuel de Saint-Augustin-sur-Mer, devint curé intrus de Vaux ; chassé par le peuple, il se réfugia aux Mathes, puis il fut déporté à l'île de Ré en 1798.

Léonard, curé de Marennes, qui joua un rôle militant comme membre fondateur de la Société populaire, et revint plus tard à ses anciens sentiments, alla mourir sur les pontons, où l'envoya le tribunal révolutionnaire de Rochefort (1793).

 Jean Imbaud, curé de Brouage, cessa toutes fonctions sacerdotales, fut procureur syndic de sa commune qu'il administra comme maire jusqu'à sa mort arrivée en l'an X.

Un arrêté du directoire du département, 27 avril 1794, « déclare provisoirement déchus de leurs traitements les sieurs Sazerac, curé, et Laurent Videimartial, vicaire, de la paroisse du Château ; Decordes, curé, et Mallet, vicaire, de la paroisse de Dolus ; Rivière, Curé, et Monjon, vicaire, de la paroisse de SaintPierre ; Gaudin, Lair et Menu, vicaires de la paroisse de Saint-Georges ; et ordonne qu'ils seront dénoncés à la justice comme rebelles à la loi et coupables d'infraction du serment qu'ils avaient librement fait de l'exécuter et de le maintenir. »

 Pallade Guérin, curé intrus de Saint-Pierre, dut se faire accompagner de deux commissaires, Granier et Allenet, membres du district, qui lui assurèrent « la libre prise de possession des fonctions curiales et de la maison presbytériale, et ordonnèrent au sieur Rivière de les vider sur-le-champ. » (Délibération du 27 mai 1791.)

Les paroisses furent dépouillées de leurs cloches.

Le 30 septembre 1791, le directoire du département mande à ce sujet : « Les cloches des chapelles, ainsi que les biens-fonds du clergé, sont passés sans exception dans les mains de la nation qui a droit d'en disposer. »

Le 8 octobre, Meaume fils « est nommé commissaire aux fins de retirer des mains des municipalités de l'isle d'Oleron les cloches et sonnettes dépendant des églises et chapelles supprimées. »

Un an après, 29 septembre 1792, « le sieur Déruas, citoyen de Saujon, est nommé commissaire aux fins de faire transporter au dépôt à ce destiné dans les bâtiments du directoire de ce district, tous les ustensiles d'églises, tels que cloche, vases sacrés, ornements et linges provenant de l'église de Lilatte, ainsi qu'il en a été dressé procès-verbal en présence des sieurs Savi, ci-devant curé, le 13 de ce mois. »

Mais tous les paroissiens de Lilatte ne sont pas de cet avis ; « quelques-uns s'opposent à l'exécution de cette mesure. »

Alors, le 10 octobre, le directoire décrète que « l'arrêté du département sera notifié au maire et aux officiers municipaux par le citoyen Déruas, qui procèdera à l'enlèvement des cloches. Et si les citoyens de Lilatte, égarés par des suggestions perfides, apportaient encore quelques résistances à la loi du 12 août, le citoyen Déruas en dressera procès-verbal, et il sera pris ensuite telles mesures de rigueur qui seront jugées convenables.»

Ce langage cachait discrètement la déportation ou l'échafaud.

Nonobstant la sollicitude du directoire à supprimer les cloches, l'empressement des populations n'y correspondait guère. « Jean-Thimoléon-Marie Cormier et Jacques-Thimoléon Royer sont nommés commissaires par le Comité de Salut public dans le département pour faire exécuter le décret relatif à la descente des cloches et à leur conversion en canons. »

Pour cette mission, ils recevront chacun un traitement de 500 livres par mois. (12 et 14 messidor an II.)

 Les scellés sont mis à « la maison du ci-devant couvent et hôpital de Saint-Pierre. » La municipalité insiste pour que les meubles et autres objets qui y sont renfermés soient vendus, afin « d'en empêcher la perte totale. » (13 janvier 1793.)

Le citoyen Correnson, maire de Saint-Sulpice, est nommé commissaire aux fins de se faire remettre « les différentes pièces d'argenterie que les municipalités du canton de Royan doivent avoir recueillies des différentes églises » (15 frimaire an II).

Les municipalités avaient dû opérer à l'instar de Marennes, dont le Conseil général, sur la proposition du citoyen Senné fils, procureur de la commune, arrête (7 frimaire an II), « que les vases d'or et d'argent seraient envoyés aux représentants du peuple à Rochefort, avec les galons d'or et d'argent ; que les linges seraient envoyés aux hôpitaux.

Les ornements, dépouillés de leurs galons d'or et d'argent, seraient vendus au profit des pauvres de la commune. » (Arch. de la mairie.)

La maison « ci-devant curiale » de Marennes sert de magasin pour « la conservation des effets d'habillement, d'équipement et de campement nécessaires pour mille hommes de cavalerie.

Le citoyen Vignier est nommé garde magasin et y logera. » (3 ventôse an II.)

Le culte protestant n'est pas mieux traité.

Le 27 nivôse an III, « sur la réquisition de l'agent national Lagarosse, et d'après un rapport de Choloux, juge de paix d'Arvert, les citoyens Sureau, farinier, et Goyet, cultivateur, de la commune d'Arvert, seront arrêtés par la gendarmerie et traduits dans la maison d'arrêt de Marennes, pour avoir provoqué, le ci-devant jour de dimanche, 22, un rassemblement fanatique dans la maison qui servait aux ci-devant protestants à Avallon, et y avoir fait lecture de divers imprimés propres à entretenir dans l'esprit des auditeurs des idées fanatiques et superstitieuses, et par conséquent empêcher le progrès de l'instruction républicaine.

CHARRON père ; GEORGES, DUGAS (ci-devant ministre à Avallon) ; POITEVIN, secrétaire.

Cependant une accalmie momentanée se produit.

Le 30 brumaire an IV, « Jean Mazauric le jeune, ministre, reconnaît, devant la municipalité de Marennes, que l'universalité des citoyens français est le souverain, et promet soumission et obéissance aux lois de la république.

 Il déclare en outre exercer le culte dans une maison au village de l'Aumône, qui servait ci-devant à l'exercice du culte. »

En même temps, les lieux de culte protestants, « entre la place d'Armes et la rue des Bernardières, à Marennes et à la Pimpelière, furent ouverts, le premier par Louis Demion, marin, et François Boisseaux, tisserant; le second par Jean Fournier. » (Archives de Marennes.)

 

Nous avons dit ailleurs que les citoyens  Jacques-Raymond Richier, député de la noblesse aux États-Généraux, et Charles Martin de Bonsonge ont été déportés à Brouage.

Ce ne sont pas les seuls de notre région.

Jacques-Élie Rivière aîné, de La Tremblade, fut aussi détenu à Brouage, et ses biens furent séquestrés et vendus.

Le domaine du Petit-Laubier, notamment, situé dans la commune de Saint-Pierre, fut adjugé à Grenot pour la somme de 28,600 livres.

Qu'avait donc fait Rivière ?

 « Les officiers de la garde nationale, lit-on dans une délibération du directoire, 22 avril 1793, portent plainte contre le citoyen Rivière, cy-devant commandant de la garde nationale, et actuellement maire de ladite commune, réclamant qu'il soit enjoint au dit Rivière de se défaire d'un drapeau sous lequel se rassemblait la garde nationale du canton avant l'organisation, parce qu'il est chargé d'attributs du royalisme, et contraire aux principes républicains que tous les vrais amis de l'égalité et de la liberté ont juré de maintenir. »

Il n'en fallait pas davantage alors pour être taxé « d'incivisme et déclaré suspect.

Cependant Rivière demande qu'un commissaire soit nommé.

Ce commissaire, qui n'est autre que le citoyen Doussou, arpenteur-géomètre, membre du directoire, « vérifiera si le drapeau dont il s'agit existe ; il en constatera l'état, et le fera détruire en présence des officiers de la garde nationale, s'il porte l'emblème de la servitude que les Français ont juré de détruire entièrement (3). »

 

Le 10 octobre 1793, partent pour Brouage, suivant une réquisition de Léquinio et Laignelot, les suspects ci-après nommés, détenus dans les prisons de Rochefort :

« La fille Allemain ; le nommé Nicolas ; la nommée (Suzanne) Querry, femme Montauzon [officier de marine] ; le nommé Valmenier (4) et Louis La Victoire, employé chez lui; le nommé Boisneuf et sa fille ; le nommé Chavagnac, sa femme et leur mère ; la nommée Nogeré. » « L'ameublement, dit la réquisition, la nourriture et le transport de ces détenus sont à leurs frais.

Et sans doute la municipalité de Brouage tiendra la main à ce que la malveillance de ces détenus soit contenue et que la punition qui leur est infligée, sans nuire à leur subsistance, ne soit pas convertie en un luxe immodéré. »

Le tout signé : Bessière, procureur syndic ; Boichol; Testu, premier président ; Regnac ; Rondeau, secrétaire.

Quelle cruelle ironie !

 

 

Recueillons d'autres épaves. Louis Guérit, de Saint-Denis ; Duchesne ; Lalande, de l'île d'Oléron, sont condamnés à mort par le tribunal criminel de Rochefort, et leurs biens sont acquis à la nation.

La maréchale d'Armentières est aussi condamnée à mort par le tribunal révolutionnaire de Paris, 26 juillet 1794. Ses biens répandus dans les communes de La Tremblade, des Mathes, d'Arvert et autres lieux, sont séquestrés ; l'expertise en sera faite par les citoyens Tolluire (5), agent national, et Robert, officier municipal de La Tremblade, à cette fin nommés le 5 fructidor an II.

Boisnard, 26 ans, de Royan, est déporté à la Guyane : biens acquis à la nation. Lafitte ; Péponnet père, de Saint-Pierre d'Oleron, détenus à Brouage pour cause de suspicion.

Par un reste d'humanité, assez rare chez des gens dont l'horizon s'arrêtait rarement en deçà de la prison ou de l'échafaud, Louis-Auguste Froger, de la commune de Marennes, et la veuve Desbordes, de la commune du Gua, condamnés à quitter le département, obtiennent un sursis.

« Vu leurs infirmités, ils sont exemptés des dispositions des arrêtés du Comité de Salut public et de la loi du 27 germinal.

Ils demeureront provisoirement sous la surveillance de leurs municipalités respectives, chacun dans leur domicile actuel, jusqu'à leur rétablissement ou une convalescence leur permettant d'obéir à la loi. » (9 messidor an II.)

Détenus aussi à Brouage le citoyen Giraud et la citoyenne Labouisse, de la commune de Marennes, Jean-Henri Lafutzun, 40 ans, et la veuve Lafutzun-Lacarre (35), de l'île de la Liberté (Oléron), comme mère d'un émigré.

Même sous les verrous, les déportés de Brouage étaient encore suspects !

Le 12 ventôse an II, le directoire charge le citoyen d'Yvry (6) « de faire l'inventaire des meubles et effets que Charles Martin dit Bonsonge, et sa femme, de la commune de Marennes ; la veuve Lacarre, et tout autre père et mère d'émigrés, actuellement détenus à Brouage, de quelque département ou district qu'ils soient, peuvent avoir fait rendre dans le lieu de leur détention, sous prétexte de les employer à leur usage. »

 

C'est par fournées que les victimes arrivent à Brouage.

Les comités de salut public établis à Saint-Jean d'Angély et à Saintes en expédient 64 au mois de mai 1793.

Les administrateurs du directoire de Marennes, Charron père, Bonnefous et Gourbeil, sont délégués pour les aller recevoir.

Rendant compte de leur mission, 4 juin, ils déclarent en avoir logé 39 dans la maison du ci-devant major de la place, et 25 dans la maison des ci-devant Récollets (7).

Sans doute que les casernes étaient encombrées de prêtres insermentés et de suspects.

« Le citoyen Boullon, ancien major de ladite place, et le citoyen Roussel, garde d'artillerie, demeureront provisoirement chargés de la discipline des citoyens armés envoyés par le département pour la garde des personnes suspectes. »

Nous donnons plus loin une liste des détenus à Brouage du district de Marennes (36).

La tyrannie révolutionnaire frappait les familles de ceux qui cherchèrent à lui échapper.

Des femmes, filles ou épouses d'émigrés, pour n'être pas inquiétées, sauver leurs têtes et en même temps leur fortune, s'allièrent à des « sans-culottes ».

 Garnier, représentant du peuple en mission à Saintes, vit dans ces unions un stratagème, le dénonça avec beaucoup de violence, et édicta les peines les plus sévères contre ceux qui s'y prêtaient : production de leur contrat de mariage dans la huitaine ; à défaut de contrat, un certificat de civisme ; et faute de ce, dit l'arrêté du proconsul saintais, 24 prairial an II, elles seront mises en état d'arrestation. »

— « Si les contrats de mariage contiennent des dispositions qui excluent la communauté », arrestation et confiscation des biens, et le notaire condamné à la même peine.

« Si les stipulations portent qu'il n'y aura ni communauté de corps, ni communauté de biens », le mari, la femme et le notaire seront arrêtés, et leurs biens séquestrés.

Alors commence le défilé des déclarations de ces mariages clandestins, ou simulés.

C'est d'abord, 7 fructidor an II, le citoyen Jean Guibert jeune, de Marennes, qui justifie être l'époux d'Henriette-Pélagie Froger, « citoyenne exnoble », suivant contrat du 11 floréal, passé devant Fontenelle, notaire public.

Ensuite, les 21, 22 et 25 messidor, les citoyens Louis-Jacques Marquard, propriétaire à Marennes, mari de la « citoyenne Angélique-Hélène Froger », par contrat de Garnier, notaire ; Augustin Desbrosses, propriétaire de la commune d'Arispe (Saint-Jean d'Angle), époux de la citoyenne Boussard, « exnoble », Ayraud, notaire ; François Voyer, propriétaire de la commune d'Arvert, mari de la citoyenne Marie-Anne Easme, « femme ex-noble, divorcée d'avec Faure. »

Ce stratagème ne réussit pas toujours.

Les registres de Brouage nous montrent Madelaine de Cursay, détenue, femme divorcée de Duhoux (d'Hauterive) donnant le jour à un enfant mâle nommé « Poupon », 19 prairial an II, mort à 5 mois chez sa nourrice Jeanne Martin.

 

Beaucoup de communes changèrent de noms.

La Tremblade s'appela La Réunion-sur-Seudre ; Saint-Augustin, La Forêt ; Saint-Palais, La Chaumière; Saint-Sulpice, Les Montagnards.

Règle générale, tout nom de saint devait être effacé par un baptême civique.

Ainsi fit-on dans l'île d'Oléron que Léquinio qualifia « l'île des Larrons ».

Le Château, Dolus, Saint-Trajan, Saint-Pierre, Saint-Georges, Saint-Denis devinrent L'Égalité, Sans-Culottes, La Montagne, La Fraternité, L'Unité, La Réunion.

Le nom de Marat fut donné à Saint- Nazaire ; celui de Le Pelletier, à Saint-Froult ; Brutus, à Saint-Just ; La Révolution, à Saint-Symphorien; La Régénération, à Soubise; La Bretèche, et plus tard Fleurus-soits-Broue, à Saint-Sornin.

Jusqu'aux rues des cités qui furent débaptisées.

La Tremblade posséda la rue des Jacobins, celle des Droits de l'homme, une autre de La Morale, L'Egalité, Beauvais, Vive le Son (du canon), Batelière (qui lui est resté), Le Pelletier, L'Espérance, Ça ira, la Carmagnole, L'Unité, Le Sommeil (qu'elle porte encore), La Régénération, Le Travail, La Vérité, La Raison, La Faulx, Des Sans-culottes, L'Indivisibilité, du Port, Quai Bourgeois, etc.

Tout ce qui appartenait en propre à la maréchale d'Armentières, descendante des Senectère, seigneurs d'Arvert, et elle-même « dame » d'Arvert, tels que la forêt de Bourrefard, l'étang de Brejat, maisons, fours banaux, marais salants, terres, etc., devint propriété nationale en 1794, année de sa mort violente, et fut aliéné en partie.

Le sommier des émigrés, déposé aux archives départementales, donne un résumé de ces biens et leur estimation.

On y lit: commune de Royan: le four ci-devant banal, estimé 2,000 livres.

Commune de Saint-Augustin : la forêt, chêne et pins, en neuf lots de 22 à 24 journaux chacun, évaluée 13,100 livres. Commune de la Tremblade : une maison rue de la Régénération, 8,000 livres; le four ci-devant banal des Champs (rue des Coëts), 800 livres ; ce-lui de la rue Beauvais, avec la halle, 1,200 livres ; celui de la rue Vive-le-Son (Maine au Vignier), 800 livres ; la maison où se tenaient les audiences, place de la Courteboule, désignée sous le nom de Parquet, acquise en 1747 des époux Pierre Roy et Marie-Élisabeth Auriaux, par le duc de Richelieu, 600 livres (8); Bourrefard consistant en 100 journaux de bois chêne vert, et 400 journaux de brandes, avec une cabane à loger lebétail, 4,000 livres.

Commune d'Arvert : la maison où il y a deux fours banaux, 400 livres ; les marais salants (16 livres) et les terres (6 journaux près les Etaings), 18,150 livres.

Le 22 thermidor an III, Bourrefard fut adjugé 30,600 livres à Jean-J acques Gabiou, d'Étaules ; le four de la rue Beauvais, avec la halle, 17,000 livres à François Morin, des Mathes ; le four des Champs, 10,700 livres, à Pierre Arrivé fils, et le parquet, 7,100 livres (9), à Tolluire, qui fut déchu faute de paiement dans les délais fixés. Le 8 fructidor, même année, la garenne des Mathes, consistant en 112 journaux de bois taillis formant sept lots, suivant l'âge, fut acquise par Pierre Dugas et Bernelot, pour la somme de 242 900 livres ; elle avait été estimée 85,750 livres. La maison rue de la Régénération est vendue pour 48,600 livres à Pierre Elbert, de la Tremblade.

Les données font défaut pour Arvert.

Beaucoup de papiers de l'époque révolutionnaire ayant disparu, il nous manque un grand nombre de mutations relatives aux biens nationaux provenant des émigrés.

Cependant quelques noms d'hommes et de lieux méritent d'être conservés.

Gaspard de Mânes, lieutenant de vaisseau à Chaillevette, a sept articles à son avoir, dont le « domaine » de Chassagne vendu 33,250 livres à Nicolas Merle, de Saintes, acte du district de Marennes du 16 frimaire an II.

Le château de Mornac (10) appartenant à Pierre Boscal de Réals, capitaine d'infanterie, « consistant en chais, cours, jardins, bosquet, douë, préau nord-est du bosquet, et un pré au midi du jardin», est acquis le 2 floréal an II par Dugas, Vêque et « consorts », moyennant 32,500 livres.

La métairie de la Rochebreuillet, provenant du même, 23,800 livres, acquise par Pierre Chauvin ; la métairie des Bois du Breuil, même origne, 28,500 livres, par Daniel Delongueville.

Les métairies de Monsanson et de Chervaise, appartenant à Thomas-Charles de Vallée, adjugées 132,500 livres à Guillaume Dubois, de LaRochelle.

Il est formé deux lots du château de Dercie, propriété de Dexmier l'aîné, qui sont vendus 225,575 livres à divers, parmi lesquels Canier (37) de Marennes, qui a le château (30,600 livres) et la maison du métayer (43,400 livres), 8 nivôse an II.

Duhoux d'Hauterive possédait à La Tremblade, quartier de Tirepoil, une maison adjugée 7,150 livres à Gauvin, qui est ensuite déchu (5 messidor an III), puis maintenu.

Un Bremond, que les registres ne désignent pas autrement, mais qui est Pierre-Charles-Auguste de Bremond, petit-fils de Jacques-René de Bremond d'Orlac, était propriétaire de la seigneurie du Fouilloux et de tous les fiefs en dépendant.

 Seize articles à son avoir, dont une maison de « maître » à Arvert, — qui n'est autre que Le Fouilloux lui-même, — vendue 54,100 livres à Martin Descombes, d'Arvert, le 5 messidor an II, et la « cabane » des Étaings. Celle-ci « consistant en maison , logis, sables cultivés, prés fauchables, pinèdre, et quantité de terre vaine et vague, que nous estimons au total de la contenance d'environ 400 journaux, le tout se joignant, commune de la Tremblade », adjugée 40,100 livres à Jean-Jacques Gabiou d'Étaules, le même jour. Jacques Dierx et Élie Vollet deviennent propriétaires au moulin à vent « qui est sur le chemin du Maine Cabaud au Maine Rolland (moulin de Brasson) », 4,500 livres.

Il y avait aussi, aux Bremond appartenant, « une maison, monard et sartière, et un tènement de terre où il y a des viviers », le tout vendu même date, 30,400 livres à Jean Beruelot, aîné, d'Arvert.

La maison « ci-devant abbatiale » de Vaux passe aux mains de l'agent national Lagarosse pour 1,850 livres (27 mars 1793). L'enclos de ladite maison, la terre de Saint-Sardolin, les prés mottes, les 80 journaux de broussailles appelés le Défait (11), la pinèdre appelée Doyenné, près Saint-Augustin, d'une superficie de 60 journaux, vont à Simon Pelletreau , Daniel Renaud , Boisseau aîné, J.-B. Resnaud, pour 21,250 livres.

Les biens du clergé consistaient en marais salants répartis entre 58 bénéfices.

 La commune de Marennes en devint aliénataire, pour la presque totalité, par décrets des 30 mai et 19 septembre 1791, moyennant la somme de 452,056 livres 14 sols 4 deniers.

Parmi ces biens figure le couvent des Récollets, où s'installèrent le directoire, la municipalité, et les autres branches de l'administration, y compris les « prisons. »

On appropria l'immeuble à sa nouvelle destination ; mais les travaux restèrent en souffrance.

Des experts furent nommés, et on résilia le marché passé le 14 juin 1791 avec les citoyens Rougère, Durivaux, sa caution; Baron, serrurier, et Popy, maçon, « pour insolvabilité notoire du premier adjudicataire et de sa caution. » Aujourd'hui palais de justice.

Dans cette aliénation ne sont pas compris les biens des « ex-Jésuites », lesquels sont considérables : 54 livres de marais salants, 60 livres de marais gâts, disséminés dans l'île d'Oléron et sur le continent, dont 20 livres des premiers passent aux mains de Jacques Dierx et Bourgail, de La Tremblade, pour 63,000 livres; 9 livres à Priou d'Arvert pour 10,000 livres; au même, 19 livres de marais gâts, 2,775 livres.

Enfin, les marais des prises de Maurice et de Lanteneau, en Oléron (68 aires), pour 10,000 livres à Pierre-François Couillaud, « fils de l'aîné », de Saint-Pierre.

Leur couvent de Marennes, soit deux maisons, la chapelle exceptée, vendues aussi ; nous n'avons que le prix des soumissions, 41,201 livres 3 sols 9 deniers.

L'une des deux maisons leur avait été léguée par Marguerite Forant, fille du chef d'escadre. Ajoutons 22 livres de rente assise sur une maison à La Tremblade, due par Chailloleau, et dont le capital fut adjugé à François Reddon pour 330 livres.

Plus une vieille chapelle isolée, avec environ dix pas de terrre autour, connue sous le nom de chapelle de Saint-Barthélemy de la Lande, vendue 925 livres à Jean-Augustin Meaume fils, secrétaire du directoire.

 Le prieuré de Saint-Pierre était passé aux mains de Dubois.

Desmortiers (dont la tombe a servi de banc aux promeneurs, sur la place du Marché) et Meaume père furent nommés experts contradictoires pour « liquider »; n'ayant pu accepter, mais Denis-Blaise Allenet et Georges Saint-Médard les remplacèrent le 28 juin 1791.

Ne sont pas compris aussi la plupart des bénéfices ecclésiastiques existant dans l'île d'Arvert.

Ils furent vendus en l'année 1791, et parmi les plus importants aliénataires il convient de citer Jean-Jacques Gabiou, d'Arvert, pour les « domaines corporels et incorporels » du prieuré de Coux, 7,000 livres; Jacques Mée et Élie Goyau,d'Arvert, idem du prieuré de la Couronne, 42,500 livres ; Ambroise, Bernard et Viaud, d'Arvert, l'île de Brèze, consistant en 150 journaux, dépendant du prieuré de Mornac, 30,300 livres ; le prieuré de Notre-Dame de l'Isle passa à Suzanne Hérault, veuve Gabiou, d'Arvert, pour 14,000 livres ; et le domaine de Paradis, appartenant à la cure d'Étaules, devint la propriété de Jean-Elie Conte, de Chaillevette, pour 12,400 livres, non compris la maison curiale qui fut acquise 3,000 livres par Jean-François Vaneau, huissier à la Tremblade.

Comme biens d'église, citons encore le presbytère de Saint-Denis, adjugé 3,600 livres à Louis Vignier, le second jour complémentaire de l'an IV ; celui de Soubise, 5,108 livres, à Billotte, et celui de Saint-Nazaire, 4,502 livres, à Durenaud, même année. A Royan, le prieuré est vendu 55,020 li- vres, savoir : huit lots à Boisseau aîné, et cinq lots à Daniel Renaud ; et le presbytère, 9,990 livres à Jean Prévost, le 5 thermidor an IV.

Quant au couvent des Récollets, le directoire « arrête », le 26 février 1791, « que les clefs seront remises, par ceux qui en sont les détenteurs; à MM. Renaud et Badnarsky, administrateurs du district de Marennes, demeurans à Royan, qui sont autorisés à lever les scellés apposés dans tels endroits que ce soit dans ledit couvent, de dresser un nouvel inventaire des effets qui se trouvent sous les scellés, de faire transporter lesdits effets dans tels appartemens dudit couvent qui seront indiqués par M. Boisseau, acquéreur de ladite maison, et de le constituer gardien desdits scellés (12). »

Et l'île « citoyenne» (Madame), que nous allions omettre, destinée à devenir la nécropole d'un si grand nombre de prêtres, agonisants ou morts sur les pontons ! Voici la description qu'en donne le résumé des ventes : « consistant en grange, maison, cellier, four et servitudes ; 69 journaux de terre labourable, 40 journaux de prés fauchables, 46 journaux de pacages, le tout se tenant et renfermé d'eau à toutes les grandes marées. » Adjugée 62,000 livres à Pelletreau.

L'île Madame appartenait aux Soubise qui possédaient à leur actif, au moment de la Révolution, divers immeubles formant 38 articles, estimés 104,505 livres, dont la ferme de Beaumont, à Beaugeais, estimée 25,000 livres et vendue 50,200 livres à Choime ; le parquet, les halles de Soubise, 1,950 livres à Gourbeil aîné ; le four banal, 600 livres à François Richard; le château et dépendances, cour, jardin, estimé 5,500 livres, vendu à N.

Tenons-nous-en à ce qui précède, car nous pourrions, sans être complet, prolonger démesurément la liste des biens du clergé et de la noblesse (13), et étaler les noms de leurs aliénataires, parmi lesquels figurent la plupart des gens qui occupaient une situation officielle.

Dans le nombre des adjudicataires, beaucoup furent frappés de déchéance pour n'avoir pas versé le premier terme de leur adjudication dans le délai prescrit par la loi du 24 floréal an III.

Nous avons déjà cité Gauvin, de La Tremblade ; nommons-en d'autres : le citoyen Birabin, de Marennes, un des acquéreurs de Boscal de Réals ; le citoyen Jean Brasseau, de Saint-Symphorien, adjudicataire pour 11,150 livres de marais gâts provenant de l'émigré Fleurian ; le citoyen Mazauric jeune, adjudicataire de 3 livres de marais provenant de l'abbaye de Saintes (pour cause de double emploi).

Le citoyen Jean-Marie Guillaume, de la commune de Saint-Georges, acquéreur de la « ci-devant chapelle » de Dau, commune de SaintPierre, 600 livres ; les citoyens François Reddon et Élie Vollet, de La Tremblade, acquéreurs : 1° des biens appartenant aux fabriques de Saint-Froult et de Moëze, 5,830 livres ; 2° de trois livres de marais salants, dans la commune d'Arvert, 16,700 livres.

Le citoyen Manès, de Saujon, adjudicataire de 4 journaux de prés, commune de Royan, provenant de l'émigré Montalembert, 35,000 livres.

 

Le prieuré de Montierneuf, près Saint-Aignan, « domaine national de première origine », comportait 400 journaux de bois-taillis.

Que sont-ils devenus?

On lit dans une délibération du directoire de Marennes, 6 nivôse an III : « Le quart de réserve d'environ 100 journaux de futaie, accrus sur taillis de 34 ans. est mis à la disposition de l'agent maritime de l'administration de la marine à Rochefort pour être par « eux » exploité.

 La municipalité de Mont-Aignant (Saint-Aignan) est requise de fournir aide et assistance aux ouvriers et agents chargés de ladite exploitation. »

Le port de Rochefort puisait aussi ailleurs le bois dont il avait besoin.

Le 8 germinal an III, le directoire nomme le citoyen Patour jeune, des Mathes, pour expertiser « conjointement avec l'expert choisi par les propriétaires, les bois de pins requis dans ce district pour l'approvisionnement du port de Rochefort. » Mais Morin, commissaire nommé par l'agent maritime, n'ayant pu s'entendre avec les bouviers pour le transport des pins, le directoire intervient le 25 du même mois, et arrête que la distance des Mathes à La Tremblade est d'une lieue et demie, et qu'il sera payé 20 livres pour chaque pied.

Mêmes difficultés pour les forêts d'Arvert et de Royan. « L'agent paiera aux bouviers de Vaux, Saint-Palais, Saint-Augustin et Royan, pour prix du transport aux Mathes, où est le dépôt, 30 et 35 livres, aussi pour chaque pied. » (29 floréal an III.)

Le 15 brumaire an IV, les directoires de district avaient vécu. La loi du 19 vendémiaire avait pourvu à l'organisation des administrations municipales…….

 

Ronce-les-Bains : Marennes et la côte saintongeaise  par André Lételié,... avec deux pages d'album de Antoine Duplais-Destouches

 

 

 

À Rochefort, les représentants Lequinio et Laignelot instaurent en octobre 1793 un tribunal révolutionnaire  <==.... ....==> 18 août 1794 - La Terreur (Révolution française) - Les Bienheureux Martyrs des Pontons de Rochefort (Charente-Maritime).

 

 


 

(1). Avec Pallade Guérin, de Saint-Pierre, et Guillaume Maurisset, du Château, « y apprendre, sous les professeurs les plus habiles dans tous les genres, l'art d'enseigner. »

(2). Un député de Saintonge aux Etats-Généraux de 1789. Jacques-Raymond Richier, par M. André Lételié, in-8°, 16 pages, 1889.

(3). Les Rivière étaient originaires de la Gascogne. Le premier de la famille qui est venu s'établir à La Tremblade, est Alain Rivière, lequel épousa Marie Chevallier, fille de Pierre, marchand, et de Jeanne Naudin, 12 juillet 1694.

(4). Étienne-Marie-Georges Cocqueray de Valmenier, 65 ans, détenu à Brouage, déclare le décès de la femme Montauzon, 23 ans, morte aux casernes, où elle était détenue, le 19 pluviôse an II. — Archives de Brouage.

(5). A cette époque existaient : Jean Tolluire, bourgeois, époux de Jeanne-Esther Drouhet, dont : 1° Pierre-Jacques, marié à Mélanie Godet ; 2° Auguste. Tous issus de Jean Tolluire, bourgeois, marié, en 1733, à Jeanne Brossard.

(6). Mathias-Richard-Joseph d'Yvry, garde d'artillerie, puis trésorier des troupes, à Brouage, était fils d'un garde d'artillerie. Il donna dans la Révolution et fut membre du Conseil général de la commune. Il avait épousé, 27 juillet 1772, Marie-Angélique-Félicité Rieux, (Arch. de la mairie de Brouage.)

(7). Des récollets s’installent  près du bastion Saint-Luc, sur le terrain de deux particuliers au tout début du XVIIe siècle.

(8). Cette maison, reconstruite, sert aujourd'hui d'écurie à M. Emile Favier-Perreau.

(9). Cette somme paraîtrait fabuleuse si on ne savait que les adjudicataires trouvaient, à cette opération, un excellent moyen de se défaire de leurs assignats complètement dépréciés.

(10). Le « plâtre » trouvé dans le « ci-devant » château, vendu publiquement par le citoyen Roulleau, maire de Murnac, le 11 nivôse an III.

(11). Cité dans le cartulaire de l'abbaye de Saint-Étienne de Vaux, XIIe siècle. « Deffens ou Deffez, nom d'un bois confrontant la mer de trois côtés, à Vaux. Ducange croit à une forêt dans laquelle on aurait interdit la coupe du bois, la chasse et le pacage des bestiaux. — Bois défendu, réservé. » (Théodore Grasilier.)

(12). Nous avons en préparation une étude sur les biens d'église en 1789, dans l'arrondissement de Marennes.

(13). Le 3° jour du second mois de l'an II (24 octobre 1793), le directoire se fit rendre compte, « par approximation », de la « consistance des biens des émigrés, ou leur valeur ». Des procès-verbaux des commissaires déjà produits, leur valeur estimative montait à 1,118,740 livres, « Et le directoire présume que ceux à estimer peuvent valoir 600,000 livres. » Les affiches des ventes donnaient alors une estimation de 476,600 livres.

 

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