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PHystorique- Les Portes du Temps
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11 février 2021

Devant ses collègues de la Convention, Lequinio livre le rapport de sa mission et des colonnes infernales en Vendée

Devant ses collègues de la Convention, Lequinio livre le rapport de sa mission en Vendée en pleine opération des colonnes infernales

En 1790, le Bas-Poitou disparaît avec la création des départements.

Le 3 Février, Un décret de la Convention débaptise la ville Fontenay le Comte et la renomme Fontenay-le-Peuple. Cette même année débute l’insurrection vendéenne. Fontenay-le-Peuple, Préfecture de la Vendée, est la cible des insurgés.

 Le 25 mai 1793, l’armée républicaine est mise en déroute et 3 300 soldats sont faits prisonniers. Ils sont tondus puis libérés, après avoir prêté le serment de ne plus combattre les Vendéens.

Le 30 mai, Fontenay est évacuée par les dernières troupes vendéennes. L'armée républicaine reprend possession de Fontenay le 19 août et réinstalle la municipalité.

A leur arrivée en Charente- Inférieur, en septembre 1793, Lequinio et Laignelot avaient créé une commission militaire à La Rochelle et Rochefort pour juger les « brigands » pris en Vendée.

La mission des deux représentants est étendue à la Vendée,  Lequinio arrive à Fontenay-le-Peuple, le 10 décembre 1793.

Dès le lendemain, il est confronté à une mutinerie des 400 à 500 détenus des prisons. Lequinio met fin aux troubles en abattant lui-même d'un coup de pistolet l'un des prisonniers, deux autres sont tués la même journée.

Aussitôt, le 11 décembre, le représentant en mission fait former une commission militaire qui, du 12 décembre 1793 au 31 mars 1794, juge 332 prisonniers et en condamne à mort 192, qui sont fusillés dans les vingt-quatre heures.

 

Devant ses collègues de la Convention, Lequinio livre le rapport de sa mission en Vendée en pleine opération des colonnes infernales

Le 1er avril 1794, Lequinio présente un rapport devant le Comité de salut public sur la situation en Vendée.

Devant ses collègues de la Convention, face au tout-puissant Comité de salut public dominé par Robespierre, le député montagnard Joseph Lequinio livre le rapport implacable de sa mission en Vendée en pleine opération " des colonnes infernales ".

Il juge indispensable de faire exécuter les prisonniers de guerre vendéens pris les armes à la main, et souhaite même que cette mesure soit également appliquée aux soldats de la coalition, cependant il estime que la population de la Vendée est encore trop nombreuse pour être exterminée, il désapprouve finalement les massacres des civils et accuse les militaires de profiter de la guerre pour s'enrichir par le pillage au lieu de combattre les rebelles

 

Lorsqu’il s'agit de la vie des hommes, il n'est personne qui puisse rester indifférent, et lorsque directement ou indirectement, un Représentant se trouve soupçonné de ne l'avoir pas autant ménagée qu'il le devoit, il ne peut rester muet sans se laisser croire coupable.

Pour prouver apparemment qu'il n'avoit pas eu tort dans les ordres qu'il donnoit à Nantes, ou du moins pour trouver un appui quelque part, hier Carrier, allégua d'une manière générale, un ordre que j'avois, aussi moi, donné dans Frimaire dernier, de faire fusiller, sans forme de procès , quatre à cinq cent brigands pris les armes à la main et qui se trouvoient en ce moment dans les prisons de Fontenay-le-Peuple.

 Cet ordre, pris d'une manière aussi générale, auroit été certainement une violation de la loi et une cruauté; mais on va voir que, loin d'avoir été cruel, j'ai même été très-humain; que cet ordre sévère n'a pas fait périr un seul homme, et qu'il a peut-être sauvé, lui seul, la ville de Fontenay d'un second siège, où nécessairement un grand nombre d’hommes auroit péri.

Les prisons de Fontenay se trouvaient engorgées ; elles renfermaient quatre à cinq cents hommes ; c'étoit la veille d'un décadi que j'y arrivais; nous avions par-tout, mon collègue Laignelot et moi, habitué à célébrer le décadi par des fêtes populaires donc l’affluence du peuple et la gaieté faisoient tons les frais ; un diner civique, où chacun apportoit son tribut servi sans apprêt, étoit l'ame de ces fêtes; ce jour la concurrence de l'arrivée du Représentant avec le décadi rendit la fête plus joyeuse encore et plus animée; quatre mille personnes, à vue d’oeil, c'est-à-dire la moitié de la population de la ville, formoient ce diner commun, qui fut suivi de danses et des plaisirs simples et décens qui conviennent à des républicains, et qui, en confondant tous les individus, font passer dans toutes les ames le sentiment de la fraternité.

Le lieu de la fête, qui était l'ancienne cathédrale et ses alentours, se trouve tout voisin des prisons; les sons des instrumens et les chants civiques firent connoître aux prisonniers cette franche et nécessairement un peu tumultueuse expansion de la joie commune ; ils crurent l'occasion favorable pour s’échapper ; ils entrèrent en pleine révolte; ils faillirent de massacrer, toute la geole et les gardes; j'étois sorti de la fête et j'y rentrois lorsque la municipalité m'envoyoit avertir du désordre; je trouve les officiers-municipaux, la force armée, le peuple, atroupés à la porte des prisons et l'alarme naissante et prête à remplir la ville de consternation.

L'alarme est toujours un grand mal pour le peuple, et si je la laissois se répandre, 1’armée des rebelles pouvoit en être avertie et profiter de cet instant pour forcer de marche et venir assaillir Fontenay : comment se seroit-elle bien défendue ayant chez elle le désordre, que n'auroient pas manqué d’accroître les aristocrates et les fanatiques qu'elle recèle, et dont plusieurs se masquent et se démasquent selon l'occurrence ?

Si je laissois le peuple et la force armée pénétrer dans la prison, j’exposois peut-être tous les prisonniers au juste courroux des habitans, et des patriotes purs à se souiller par une vengeance horrible.

Je pris à l'instant mon parti; je défendis que personne entrât dans la prison, autre que le maire, le général Baudri, qui m'accompagnoit, mon secrétaire et deux ou trois autres individus dont je ne me rappelle pas les noms; je connois les hommes et je savois combien l'autorité et la fermeté en imposent à ceux qui se trouvent en faute ; je comptois encore sur l'influence magique de mon costume, et je ne me trompai pas.

Nous descendons dans les cours, et le premier spectacle qui d'offre à nos yeux, c'est le corps d'un prisonnier mourant des blessures que les sentinelles et les geôliers lui avoient faites dans l'assaut.

Les prisonniers étoient partagés en deux salles ; je laisse mes compagnons à la porte et j’entre seul, un pistolet à la main, dans le premier appartement ; un homme de six pieds, tout couvert de sang, s'avance avec audace vers moi ; c'est toi, lui dis-je, qui est le chef de la révolte, et après quelque mots je lui brûlai la cervelle; à ce coup tous les prisonniers tombèrent comme frappés de la commotion électrique ; s'il y a la moindre révolte désormais, leur dis-je, vous serez tous fusillés de même ; observez-vous , car vous répondez tous les uns pour les autres.

Je passai pour lors dans le second appartement, ou j'entrai seul encore, laissant mes compagnons dans la cour; j’y reconnus, de même, le chef de l'insurrection, au sang dont il était tout couvert de blessures qu'il avoit reçues; je sors et j'ordonne à mes compagnons d'en faire justice sur le champ; un officier, sans oser entrer dans la prison, lui tira un coup de pistolet qui heureusement n'atteint que lui ; je répétai alors à ces malheureux ce que je venoi de dire dans le premier appartement, et , tout étant rentre dans l'ordre, je retournai vers le public, à qui j'annonçai le parti déterminé que je venois de prendre , et le calme se rétablit à l'instant par-tout.

Le lendemain je créai, pour juger ces brigands, une commission militaire forrnée des hommes les plus probes et les plus patriotes qui me furent indiqués ensuite je repartis pour Niort et Rochefort.

 A peine étois-je arrivé à Rochefort, que les autorités constituées de Fontenay me dépêchèrent courrier extraordinaire, pour m'annoncer que l'armée de Charette, forte de dix à douze mille hommes, s'avançoit vers cette ville, dont une fois déjà elle s'étoit emparée; il falloit encore ici un parti prompt et ferme, et il y avoit une ruse de guerre importante à employer ; je n'hésitai pas.

Je donnai l'ordre, que si l’armée de Charette suivoit le plan que l'on m'annonçoit, à sa première apparition sous les murs, on fit fusiller tous les prisonniers brigands sans forme de procès.

Or voici les motifs de cet ordre qui contrariait la marche légale que j'avois prise, en formant, trois jours auparavant, une commission militaire pour le jugement de ces mêmes prisonniers.

Je ne pouvois me dissimuler que dans Fontenay, quoique la masse des habitans fut bonne, il n'y eût encore des coquins aristocrates et des fanatiques, ou des hommes foibles , qui dans le moment de l'invasion de l'ennemi auraient pris le parti de l’armée catholique, si elle avoit eu l'air d'être un peu forte.

Le nombre de brigands renfermés dans les prisons devenoit alors un noyau terrible, et la malveillance de quelques citadins fanatiques suffisoit, en ce cas, pour leur ouvrir les portes des prisons; voilà donc, tout de suite, une petite armée de rebelles dans l'intérieur, prenant de l'énergie par la présence de la grande armée du dehors, et lui en donnant à elle-même; voilà donc aussi les patriotes entre deux feux, assassinés par derrière, tandis qu' ils combattraient contre les assiégeans : le salut public exigeoit donc une mesure de vigueur.

il n'étoit pas possible de faire évacuer les prisons ; la Rochelle en contenoit sept à huit cent, et de plus sept ou huit cent espagnols et anglois ; et l’on ne pouvoit, sans un très grand danger, pour cette place importante et presque dénuée de garnison, y amener une nouvelle masse de ces prisonniers brigands.

A Niort il y en avoit de même cinq à six cents, qui déjà infectoient la ville d'une maladie épidémique, et qui épuisaient, en garde, le peu de troupes qui s'y trouvoit.

A Rochefort, un accroissement de quatre cent galériens avoit excité dans le bagne des mouvemens qui nous avoient donné une vive inquiétude, et nous avoient déterminés à un arrêté comminatoire, mais très-sévère.

D'ailleurs, l'évacuation en elle-même impossible, dans un moment où l'on m'annonçoit que l'armée de Charrette s'avançoit pour attaquer la ville ; c'eût été affoiblir la garnison déjà très-mince , livrer à une mort certaine la portion employée à la conduite des prisonniers et restituer ceux-ci à l'armée de Charrette ; il n'y avoit donc point à balancer, en cas de nécessité.

Tous ces prisonniers étoient brigands; ils avoient été pris en état hostile, et la révolte de la prison les rendoit tous encore plus coupables; ce n'étoit point là une insurrection à la manière de celle du Luxembourg mais la révolte la plus décidée, la plus caractérisée, la plus alarmante dans ce genre; mille autres que moi les auroient fait exécuter tous; et j'avoue même que je ne n'ai pas toujours été certain que l'on ne m'eût pas fait le reproche de foiblesse; mais ma conscience et l'amour du bien, mes seuls guides, m’ont rassuré toujours envers toutes les craintes; si j'avois à expier une erreur sur l'échafaud, j'y monterois tranquillement, non pas sans regret de quitter une patrie où le bonheur et la liberté vont régner enfin, mais du moins sans remords 

Mais, ce que je regardois comme le plus important dans mon ordre sévère, c'est que sa rigueur même empêcheroit tous les maux ; je ne doutois pas qui ne fût transmis a l'armée de Charrette, par les espions qu'elle avoit certainement dans Fontenay, quoique nous ne les connussions point, et de-là je concluois que l'appréhension de faire périr quatre à cinq cents de ses prosélytes, en un coup, la détourneroit de son projet; c'étoit une ruse de guerre de ma part, , et peut - être est-ce à elle seule que l'on doit le salut de cette ville qui étoit, une fois déjà, tombée dans les mains de l'armée catholique, et dont les habitans auroient certainement été bien plus maltraités la seconde fois.

Ce qu'il y a de certain; c'est que la ville n'a point été investie, que les prisonniers n'ont point été fusillés, que mon ordre n'a fait périr personne, et qu'il a peut-être sauvé des milliers de patriotes ; on ne peut donc point m'accuser de barbarie, pas même de rigueur déplacée, envers ces malheureux brigands.

Maintenant on pourra m’accuser de foiblesse, et d’avoir, en sens contraire , transgressé la loi ; voici ce que j'ai fait : à la Rochelle, où nous avions sept à huit cents de ces prisonniers brigands, j'ai formé une commission militaire pour les juger ; je l'ai formée du meilleur choix possible pour le civisme, pour les moeurs, pour la probité dans tous les points , et me persuadant que les pouvoirs illimités dont j'étois révêtu, m'étoient donnés pour faire le bien selon l'indication des circonstances, mais toujours le bien , sans m'astreindre, comme un simple fonctionnaire public, à l'exécution littéral de la loi; j'ai dit à la commission :

Vous enverrez à la mort, aux termes de la loi, tous ceux, de ces prisonniers brigands que vous vérifierez être de la classe des ci-devant nobles, des ci-devant prêtres, des ci-devant maltetiers, des ci-devant contrebandiers, des déserteurs, des ci-devant hommes de chicanne ou autres ci-devant bourgeois et des gens sans aveu, en un mot, de tous ceux qui ne pouvoient pas avoir l'ignorance grossière et la séduction ou la violence pour excuse.

Quant à ceux que vous reconnoitrez être sinistres paysans, de ces hommes grossiers, et malheureux, fanatisés, séduits, violentés par les autres; la peine sera seulement la condamnation aux fers, et ils travailleront enchaînés aux fortifications de la Rochelle, jusqu'à la pacification entière des troubles de la Vendée; alors la Convention décidera ultérieurement de leur sort.

Voilà ce que j'ai prescrit, et voilà ce qui s’est exécuté par  une commission qui a procédé, avec beaucoup de sagesse et dans une activité de plusieurs mois.

 J'ai procuré aux travaux essentiels et pressans de la place, cinq a six cents hommes dont il y a voit le besoin le plus urgent, et j'ai conservé la vie et la santé à ces malheureux, très - coupables sans doute, mais qui, plus infortunés encore, n'etoient, en quelque façon, que les instrumens aveugles de la pervesité des nobles, des prêtres, etc. ;  et j'ai ménagé la Convention le moyen de faire bénir un jour, dans toute la Vendée, le gouvernement républicain, par ces infortunés qui se rappelleront qu'il; n'ont échappé à la mort que par un effet de l'indulgence républicaine, et par une conséquence des principes de raison et de philantropie, et des sentimens de fraternité qui dirigent des coeurs sincèrement républicains.

Si j'ai péché dans ma mission, c'est donc par excès d'indulgence : mais, ai-je péché, si j'ai fait le bien ? Ai-je péché, si j'ai répandu par-tout les sentimens de fraternité, les principes d'égalité, les leçons de liberté? Ai-je péché, si j'ai par-tout opéré la destruction du fanatisme et la haine de la tyrannie ? Ai-je péché, si j'ai par-tout établi le bon ordre, arrêté les insurrections, étouffé jusqu’au germe du fédéralisme, et si je n'ai laissé que des regrets après moi par-tout ; ai-je péché, si j'ai porté par-tout , dans mon ame et développé dans toutes mes actions, cette popularité franche que mon devoir me dictoit, et que mon cœur m'a, toute la vie, dicté d'une manière bien, plus énergique et encore bien plus pressante ? En un mot, ai-je péché , si j'ai fait aimer la Révolution , la République et la Convention par-tout ?

Français ; voulez-vous me juger ? Consultez le peuple partout où j'ai passé ; consultez-le dans tous les rangs d'instruction et de fortune ; et consultez-le dans toutes mes missions ; depuis la chasse à Dumourier, jusqu'à la destruction du fanatisme; depuis Valencienne jusqu'à Rochefort et dans toutes les contrées intermédiaires où j'ai eu des pouvoirs à exercer; j'apelle le jugement le plus sévère sur ma conduite politique et morale, publique et privée.

Paris, 3 Frimaire, an 3 (23 Novembre 1794)

LEQUINIO

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Joseph-Marie Lequinio député du Morbihan

 

 

 (L'église Notre-Dame de Fontenay-le-Comte est située place du 137e régiment d'infanterie, rue Gaston Guillemet, rue Notre-Dame et rue René-Moreau)

 

Présentation : Prison à Fontenay-le-comte

La prison de Fontenay sur la rue Gaston Guillemet, à côté du palais de justice, fut aménagé ou reconstruit au second quart du 18e, après que le roi ait acquis, en 1724, deux maisons et une grange devant servir de prison royale, en remplacement de l'ancienne prison installé au 8 bis rue Pierre Brissot depuis 1625.

1761 : des travaux sont engagés pour faire face à la vétusté de la prison,
1778 : les locaux sont jugés insalubres

Les relevés de l'ingénieur Duvivier, en 1812, sont les seules représentations restantes de la prison nouvelle. Le sous ingénieur des Ponts et chaussées, Parent, réalise en 1761, un devis, pour des travaux, qui seront confiés à Pierre Vincent, maître maçon à l'Orbrie, mais à partir de 1778, les bâtiments étant vétustes, leur reconstruction est envisagée.

En 1815, des réparations sont faites, le projet de chapelle, prévu en 1818, comme le projet d'agrandissement de Salomon en 1820, ne verront pas le jour.

En 1828, les bâtiments sont détruits, et la prison installé au 30 rue Rabelais.

 

 

 

==> 1793 EN VENDEE LA COMMISSION MILITAIRE DE FONTENAY ET SES VICTIMES

 À Rochefort, les représentants Lequinio et Laignelot instaurent en octobre 1793 un tribunal révolutionnaire  <==.... ....==> RAPPORT de Faurès, vice-président de la commission militaire, à Fontenay-le-Peuple, par Lequinio, représentant du peuple.

MAILLEZAIS PENDANT LA RÉVOLUTION <==

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