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PHystorique- Les Portes du Temps
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25 juin 2025

Lettres inédites du général parthenaisien Le Féron, nommé par Bonaparte, gouverneur de la cité des Doges de Venise en 1797

LOUIS-HYACINTHE LE FÉRON naquit le 6 août 1765 à Parthenay, rue Poids-des-Farines, dans une petite maison située au carrefour des rues Bombarde, Bel-Ange et de la Saunerie, la boutique, bien achalandée, permit à Louis-Hyacinthe de recevoir une instruction solide.

Fils de Jean Robert Leferon, sieur de Souvivaut, négociant en draps et en soies, et de Renée Louise Laurence, il entre dans la vie active comme avocat au barreau de Parthenay.

En 1791, il devient président du club des amis de la Constitution de sa ville.

Il prend du service le 16 août 1792, comme capitaine au 1er bataillon de volontaires des Deux-Sèvres à l’armée du Nord, il participe à la Bataille de Jemappes le 6 novembre 1792, et il est élu deuxième lieutenant-colonel le 1er décembre 1792, puis lieutenant-colonel en premier le 8 janvier 1793.

 Le 19 août 1793, il est promu général de brigade à l’armée des Alpes mais il refuse sa nomination par lettres en date du 22 août et du 27 septembre 1793. Le 12 octobre suivant, il est autorisé à reprendre le commandement de son bataillon.

Le 11 octobre 1794, il est de nouveau nommé général de brigade à l’armée des Pyrénées occidentales par arrêté des représentants en mission mais il refuse encore une fois et retourne à son bataillon le 28 novembre 1794.

Il participe en tant que général à la Bataille d'Orbaitzeta du 15 au 18 octobre 1794.

Le 19 avril 1795, il commande la demi-brigade des Deux-Sèvres, et il rejoint l’armée d’Italie en mai 1796.

Le 19 janvier 1797, il passe à la 63e demi-brigade d’infanterie de ligne et, le 21 mars 1799, il est affecté à la 5e demi-brigade d’infanterie de ligne.

 Le 3 mai 1797, il est nommé gouverneur de Venise par le général Bonaparte.

Le 15 mai, le Doge quitte le palais des Doges pour toujours pour se retirer dans la résidence de sa famille, annonçant, dans le dernier décret de l'ancien gouvernement, l’instauration d'une municipalité provisoire qui prend le pouvoir le lendemain, 16 mai 1797.

Le directoire entend bouleverser l’Italie sans autre plan que de l’application du système de la République Universelle.

Le but du directoire en statuant une invasion en Italie ne fut pas précisément la diffusion des principes de la révolution française.

 Le 17 octobre 1797, il rejoint Ferrare et il est blessé à la bataille de Vérone le 5 avril 1799.

Il meurt de fatigue et de chagrin le 25 avril 1799, à Fenestrelle en Italie.

 

La première lettre que nous ayons de lui a été écrite à Mallièvre, le 1er ventôse an IV de la République, et, comme toutes celles qui suivront, elle est adressée à son beau-frère, le citoyen Taffoireau, de Parthenay.

 

(Victoire de Donnissan Lescure, Marquise de La Rochejaquelein - Fouilles du Château de Mallièvre)

 

Dans cette première lettre, Le Féron se montre impitoyable aux royalistes, sans que sa dureté pourtant aille jusqu'à excuser les vols et les rapines dont ils sont victimes. Bien plus, il parle de donner sa démission si, malgré ses avertissements, Hoche continue les errements passés.

Lisez plutôt :

Mallièvre, 1er ventôse an IV de la République.

 


Mon cher ami,
Depuis quinze jours, notre demi-brigade est en course pour atteindre le ramassis brigantin (sic) organisé par Bossard et consorts. Pendant plus d'une décade, nos marches et contre-marches n'ont pu produire l'effet que j'avais lieu d'en attendre. Les défenseurs du trône et de l'autel, prévenus que trois de nos bataillons étaient repartis dans leurs cantonnements, se sont décidés à attaquer le poste de Saint-Laurent, occupé par Prunier.

Le 27 pluviôse, à la pointe du jour, ils présentèrent leurs museaux, en criant à tue-tête :

"Vive le Roi !" Une décharge solide mit en déroute ces gueulards.

Si je fusse arrivé une demi-heure plus tôt sur les hauteurs de Saint-Laurent, je mettais ces bougres dans une foutue position ; nous ne pûmes tomber que sur une centaine qui, pour courir avec plus de célérité, abandonnaient leurs sabots. Deux reçurent un congé de réforme et quatre ou cinq furent faits prisonniers.

Je rentrai avec le 2e bataillon aux Epesses, où quatre compagnies furent détachées pour se répandre dans la campagne et y enlever des grains et de la farine. Des femmes vomies par l'enfer allèrent prévenir Vasselot et sa clique que nous étions en petit nombre et que les armes étaient placées en faisceaux. L'engeance scélérate vint, à l'aide des haies, s'établir sous notre nez, et débuta par une fusillade assez nourrie. La troupe, sans perdre la tête, court à ses fusils et charge à l'instant même sur la troupe assassine.

La victoire ne fut pas longtemps incertaine ; notre contenance déconcerta les Vendéens, qui reçurent une nouvelle déroute. Vasselot l'a échappé belle ...
Cinq compagnies ont été suffisantes pour donner la poussée à toutes les forces ennemies. Si nous avions eu seulement une minute pour nous revoir, l'affaire eût été encore plus décisive.

Chargé par le général qui commande à Cholet d'opérer les mouvements nécessités par les circonstances, je vais mettre à profit cette permission illimitée pour faire une seconde tournée dans les principautés de Sapinaud ; peut-être cette fois serons-nous plus heureux que la première, et, pour peu que les bougres veuillent attendre les patauds, ceux-ci leur tailleront de fières croupières.
Tu sais que la troupe a ordre de vivre aux dépens du pays. Quelle pitié de voir un misérable soldat écrasé de fatigue aller dans les fermes mendier un morceau de pain ! J'ai démontré aux généraux que ce moyen tuait la discipline, entravait nos opérations, exaspérait les esprits et nous ferait battre en détail. On a semblé prêter l'oreille à mes observations.

 Si l'on s'obstine à mettre de pareils moyens en usage, je donnerai ma démission, car un honnête homme ne peut vivre dans ce gouffre d'iniquité.

Infernale guerre de Vendée ! Je ne suis plus surpris de sa longue existence : les fausses mesures que l'on adopte lui donne une nouvelle force.

Notre brigade est seule dans le pays. Je ne vois aucuns généraux. Nous sommes enfin abandonnés à nous-mêmes, mais notre énergie ne sera pas en défaut. J'ai montré à l'oeil et au doigt les balourdises que l'on a commises et que l'on commet journellement ; je me suis permis de hasarder mes idées sur les opérations militaires ; heureux, cent fois heureux, si l'on daigne les accueillir !
 

 
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