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PHystorique- Les Portes du Temps
13 avril 2019

Les Halles de Niort au travers le temps

Les Halles de Niort au travers le temps

Le marché couvert, nouvellement élevé par Alphonse de Poitiers sur l’emplacement du Merdusson desséché, au cœur même de la ville.

Les travaux se sont opérés pendant les années 1259 et 1260 (1). Ils sont achevés en 1261 et Niort possède à la fin du XIIIe siècle cette superbe halle qu’un témoin oculaire appellera bientôt « la plus grande et la plus belle cohue du royaume de France (2)».

Vraisemblablement l’édifice est en bois, couvert en tuiles. La pierre trouve son emploi dans les étaux ou bancs des marchands. Comme le terrain n’est pas entièrement desséché, on a dû creuser des fossés autour de la halle et ménager des conduits souterrains pour l’écoulement des eaux que le Merdusson entraîne à la Sèvre

Avant cette construction, Niort possédait déjà un marché achalandé avec des bâtiments propres à abriter les marchandises.

C’est sous la Cohue que se tiennent les foires de la Saint-André, qui durent huit jours. Leur fondation, si l’on en croit les Niortais, remonte à Henri II Plantagenet.

Jean Sans Terre, en 1215, en a donné le revenu à Savary de Mauléon.

Elles attirent des marchands de tout le royaume qui groupent sous la Halle les produits les plus divers, et se livrent à des transactions considérables.

Le nom de Vieux Marché en indique aisément la place, près de l’église Saint-André, mais la prospérité croissante de la ville, le développement incessant du commerce et de l’industrie, ont démontré son insuffisance et fait souhaiter un emplacement plus central.

Alphonse de Poitiers, par la création de la Halle, a donné satisfaction aux intérêts niortais et du même coup a augmenté son domaine d’un excellent revenu.

 Les bourgeois de Niort, en effet, jouissaient depuis un temps immémorial du Vieux Marché, qu’ils prétendaient leur avoir été concédés en toute immunité et franchise par les rois d’Angleterre Henri et Richard, sans doute avec les privilèges qui ont précédé l’octroi de la commune en 1199. (==>Aliénor d’Aquitaine la concession des priviléges de franche-commune)

Le roi ou le comte n’y percevaient que des droits de vente et de péage. La location des places dans les bâtiments du marché appartenait à l’échevinage, et lui rapportait un revenu de trois cents livres.

En élevant la nouvelle halle, Alphonse de Poitiers s’est affranchi de tout partage. L’édifice fait entièrement partie de son domaine. Il perçoit non seulement les droits de vente, de péage, de talonnage, mais encore la location des  étaux aux marchands.

 
(Vers 1255.)  Plainte des bourgeois de Niort au sujet de la translation des foires et marchés de cette ville en un autre emplacement, faite à leur préjudice par ordre du comte de Poitou


Dicimus nos de Niorto, quorum erant proventus et redditus mercati et nundinarum de Niorto, quod non licuit domino comiti Pictavensi, salva sua reverencia, dictum mercatum nec nundinas predictas alias transferre nec sibi appropriare, quia locus et platee ubi erant nundine et mercatum predictum ab antique fuerunt antecessoribus nostris et heredibus eorumdem concesse a principe terre libere et immunes ad faciendum ibidem mercatum et nundinas,
Nous disons de Niort, dont le produit et le revenu étaient le marché et les foires de Niort, qu'il n'était pas permis au seigneur du comte de Poitiers, sauf sa révérence, de transférer ledit marché et lesdites foires à d'autres, ni de se les approprier, car le lieu et la rue où se tenaient les susdites foires et marché des temps anciens ont été concédés à nos ancêtres et à leurs héritiers par le prince de la terre librement et immunisé pour y faire marché et foires,


 et nichil in eisdem sibi retinuit princeps nisi deffencionem et tuicionem, et vendam et pedagium et alios proventus dicti mercati et nundinarum antecessoribus nostris et nobis post ipsos dimisit et concessit : quod parati sumus probare tam per famam publicam et per explecta nostra et usus nostros quam per longissimam possessionem nostram continuam et pacificam,
et le prince n'y garda rien pour lui, excepté l'obligation et le payement, et la vente et le péage, et autres résultats desdits marché et foires, qu'il a libérés et accordés à nos prédécesseurs et à nous après eux ; et possession paisible


 cum pro diuturnitate temporis aliter per testes probari non possit, et autecessores nostri et nos post ipsos hoc mercato usi fuimus continue et explectavimus pacifiée per longissimum tempus, videlicet a tempore Henrici illustris regis Anglie usque ad hec tempora :
car depuis longtemps il ne peut être prouvé le contraire par des témoins, et nos aïeux et nous après eux avons continuellement usé de ce commerce, et en avons joui pacifié depuis très longtemps, c'est-à-dire depuis le temps d'Henri l'illustre roi d'Angleterre jusqu'à cette époque :


quod fieri non posset nisi concessione principis hoc factum fuisset ; quia solus princeps mercatum et nundinas predictas constituere potuit in loco ubi erant, et concedere antecessoribus nostris et nobis post ipsos proventus mercati et nundinarum predictarum, prout superius expressum; quia aliter proventus mercati et nundinarum predictarum non potuissemus percipere vel habere nec nos nec antecessores nostri per tantum tempus nisi hoc principi placuisset.
ce qui n'aurait pu être fait que si cela avait été fait avec le consentement du prince; parce que le prince seul pouvait établir lesdits marché et foires dans le lieu où ils étaient, et accorder à nos prédécesseurs et à nous après eux les résultats desdits marché et foires, comme exprimé ci-dessus ; parce qu'autrement ni nous ni nos prédécesseurs n'aurions pu réaliser ou avoir les résultats dudit marché et des foires pendant si longtemps si cela n'avait plu au prince.


 Et etiam antecessores nostri et nos post ipsos hoc mercato usi fuimus, possedimus et explectavimus tempore domini Philippi, illustris regis Francie, tunc domini Pictavie, et per multa tempora ante ipsum et postea usque modo pacifice et quiete.
Et nos ancêtres aussi, et nous après eux, ont utilisé, possédé et apprécié ce marché du temps de Lord Philippe, l'illustre roi de France, alors seigneur de Poitiers, et bien des fois avant lui et après, dans une paisible et tranquille manière.


Et si dicatur quod mercatum et nundine predicte erant domini comitis et ideo potuit ea transferre ubi voluit, verum est quod sue erant quantum ad ea que ibidem percipiebat, videlicet quantum ad vendam et pedagium et quantum ad deffencionem.
Et s'il est dit que le marché et la foire étaient susdits au seigneur du comte, et donc qu'il pouvait les transférer où bon lui semblait, il est vrai qu'ils étaient à lui en tant qu'ils y étaient reçus, c'est-à-dire, en ce qui concerne la vente et les péages et en ce qu'ils étaient dus.


Fundamenta vero et loca et edificia supra posita, in quibus fiebant nundine et mercatum, nostra erant propria et libera, et quicquid ex eis et ex loquacione eorum proveniebat nostrum erat, tam ex concessione principis, ut supra dictum est, quam ex longissima possessione nostra pacifica et continua, et prescriptione et consuetudine approbata.
Mais les fondations et les places et bâtiments placés au-dessus, dans lesquels les foires et le marché ont eu lieu, étaient nôtres et libres, et tout ce qui venait d'eux et de leur discours était nôtre, à la fois par la concession du prince, comme été dit ci-dessus, et par notre longue possession paisible, et continue, et approuvée par prescription et coutume.


 Et sic possedimus et usi fuimus et explectavimus antecessores nostri et nos pacifice et quiete, scientibus dominis Pictavie et baillivis eorum qui antiquitus fuerunt usque ad hec tempora quia hoc ignorare non potuerunt.
Et ainsi nous avons possédé, utilisé et apprécié nos ancêtres et nous-mêmes en paix et tranquille, connaissant les seigneurs de Pictavia et leurs baillis qui ont été depuis les temps anciens jusqu'à nos jours parce qu'ils ne pouvaient pas l'ignorer.


Et quia dominus comes ex sua voluntate dictum mercatum et nundinas de novo alias transtulit seu transferri fecit, videlicet in loco in quo modo sunt, nos dampnificati sumus in trecentis libris quolibet anno, de quibus supplicamus et petimus nobis fieri emendam, videlicet cuilibet nostrorum secundum quod ibidem habebat maxime quia dominus comes predictus in novitate sua, quando factus fuit cumes, et pater suus bone memorie dum viveret, et frater suus qui modo regnat, confirmaverunt et concesserunt antecessoribus nostris et nobis sui gratia omnes usus nostros et consuetudines et libertates et donaciones, prout eas habebamus et tenebamus temporibus domini Henrici et domini Ricardi, illustrium regum Anglie quod probare possumus per litteras eorumdem.
Et puisque le seigneur le comte de son propre gré a transféré ou fait transférer les susdits marché et foires dans un autre lieu, c'est-à-dire dans le lieu où ils se trouvent, nous avons subi un dommage d'un montant de trois cents livres chaque année, pour laquelle nous plaidons et demandons qu'une compensation nous soit faite, c'est-à-dire à chacun des nôtres selon qu'il y avait eu spécialement parce que le susdit seigneur comte dans sa nouveauté, lorsqu'il a été fait comte, et son père pendant qu'il vécu de bonne mémoire, et son frère qui vient de régner, a confirmé et accordé à nos ancêtres et à nous par leur grâce tous nos usages et coutumes et libertés et dons tels que nous les avions et les détenions au temps du seigneur Henry et seigneur Richard, les illustres rois d'Angleterre, comme nous pouvons le prouver par leurs lettres


Similiter nos religiosi et presbiteri et clerici petimus nobis emendam fieri super annuis legatis nobis a decedentibus sive morientibus de Niorto diu est factis, pro anuiversariis faciendis quolibet anno pro eis, et missis celebrandis, que legata nobis fuerunt assignata ab eisdem in foro et nundinis supradictis usque ad quadraginta libras annui redditus, quas per longa tempora habuimus et percepimus in mercato et nundinis predictis usque modo, et hec petimus racionibus supradictis.
De même, nous religieux et prêtres et clercs demandons que nous soient indemnisées les légations annuelles que nous font depuis longtemps les défunts ou mourants de Niort, pour leur faire chaque année des anniversaires, et célébrer des messes, ce qui étaient des legs qui nous ont été attribués par eux dans le forum et la foire susmentionnés jusqu'au loyer annuel de quarante livres, que nous avons eu et reçu pendant longtemps dans le marché et la foire susmentionnés jusqu'à maintenant, et cela nous le demandons pour les raisons susmentionnées .

 

Les réclamations de l’échevinage restent sans résultat. Seuls les établissements religieux obtiennent en partie satisfaction.

 

Malheureusement l’œuvre d’Alphonse est vouée à un sort précaire.

En moins d’un siècle, la négligence des agents du roi mettra la Cohue hors d’état de résister aux ravages d’un violent ouragan.

Le dommage deviendra si considérable que Jean de Berry préférera construire une halle plutôt que de réparer l’ancienne.

 

 Le 17 novembre 1384, furent criées, publiées à Niort en plein marché les trêves conclues avec l'Angleterre observer en Poitou

Détruite pendant la Révolution, la ville de Niort fut sans halles jusqu'en 1802, date de la construction des Halles Brisson (voir photo : dessin de Albert Couras (1)).

==> Justice révolutionnaire à Niort.

Ces Halles se situaient au même emplacement des halles connus aujourd'hui.

Les Halles actuelles, classées Monument historique, datent de 1865.

 

Les halles ont été construites par l'architecte Simon Durant de 1867 à 1871 calquées sur les pavillons de type Baltard qui garnissaient "le ventre de Paris". L'architecture Baltard en Fonte, acier et verre étaient à l'époque des matériaux modernes.

L’architecte fut choisi sur concours parmi 26 dossiers déposés à la ville. Les halles ont été agrandies en 1927 avec la création des deux toits latéraux en extérieur.

Aujourd’hui, elles sont toujours dans leurs fonctions d’origine, sauf la halle aux grains qui est maintenant un office de tourisme.

Les halles sont en fait un concept 3 en 1.

-          Le marché à l’étage tout en verre et métal pour laisser passer la lumière, sans mur porteur pour un espace ouvert

-          Les magasins faits de pierre au rez de chaussée

-          En soubassement, la halle aux grains, en brique, coté sèvre pour accueillir les chargements des bateaux.

 

Les Halles de Niort au travers le temps

Le bâtiment actuel composé de verrières, fonte et acier, que l'on contemple sur la place du donjon a été construit en 1869, c'est le troisième marché couvert de la ville. les frontons des 3 portes d'entrée sont ornés de moulures en fonte représentant le Dieu Mercure, la déesse de la moisson Cérès, des produits de l'agriculture; l' horloge est surmontée par les armoiries de Niort et depuis 1986, les halles sont très régulièrement rénovées et entretenues.                                           

 

 

En 2019: Les halles de Niort, plus beau marché du Poitou-Charentes

plus_beau_marche de France Halle de Niort

C'est désormais officiel. Les halles de Niort ont été sacrées plus beau marché du Poitou-Charentes.

Ce concours lancé par TF1 en partenariat avec La Nouvelle République a mobilisé les internautes qui ont voté en masse pour le marché niortais devant ceux de Royan (17), Angoulême (16) et Chauvigny (86). ==> https://www.lanouvellerepublique.fr/niort/les-halles-de-niort-plus-beau-marche-du-poitou-charentes


 

 

Hermès à Gauche le Dieu du commerce, Ceres la déesse de l'agriculture

1259. « Pro prima medietate precii carpentario qui facit cohuam de Niorto. » 1259, 1 er novembre. «  Pro expensa carppentariorum qui venerunt pro cohuis de Niorto et de Picatvi. »….comptes d’Alphonse, Arc. Hist. Du Poitou, VIII, pp. 17 et 29..1260, 1er Novembre. « Opera castrorum : missio pro cohua de Niorto…. Pro meranno empto… pro capusioet minutis operariis juvantibus carpentarios…Charragium meranni calcio et sabuli…pro emptionne calcis sabuli et lapide, pro maconneria et fossis ad stallos situandos faciendis… minutis operariis qui adequaverunt plateas…. Pro fosseatis circa cohuam et meatibus aque subterraneis faciendis… pro centum et viginti tribus milibus clavorum et grosso clavo et falberea… pro centum et viginti tribus milibus clavorum et grosso clavo et falberea.. pro IIIe XLIII et IXe tegularum cum Vi duidenis festallorum…tegentibus cohuan Comptes d’Alphonse, Arc. Nat., J, 192A, 32.

(1)    En 1260, la halle figure dans les revenus du comte de Poitou pour la location des étaux et le droit de jalonnage. Hommages d’Alphonse, p.105.

(2)    Lettre de grâce accordée à Philippe Gillier, receveur du Poitou, nov. 1354. Arch. Hist. Du Poitou, XVII, p.177.

Philippe Gillier, d'abord simple hôtelier à Lussac, avait été nommé en 1349 receveur de Poitou et de Limousin.

En 1354, poursuivi par la Chambre des Comptes pour un grand nombre d'exactions, il obtint des lettres de grâce moyennant certaines restitutions. Cf. Journaux du trésor de Philippe VI de Valois, n° 2063 (Philippe Gillier y figure au compte de juillet 1349 comme receptor Pictavensis), Arch. hist. du Poitou, t. XVII, p. 91, 96, 165. Il fut ensuite trésorier du Dauphiné et était trésorier de France en 1360 (Coll. Clairambault, reg. 53, p. 4025). En janvier 1367, des lettres de Charles V lui donnaient quittance, moyennant 4.000 francs d'or, des sommes qu'il pouvait redevoir au roi et l'absolvaient des malversations qu'il avait pu commettre dans l'exercice de ces charges (Arch. hist. du Poitou, t. XVII, p. 341).

 

 

==> http://www.wiki-niort.fr/Halles_de_Niort

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