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PHystorique- Les Portes du Temps
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19 juin 2022

Les premiers seigneurs de Châtel Aillon de l'an mil

Cimetière mérovingien du prieuré saint-Romard vestige de la cité médiévale- Eble de Châtel Aillon - Guillaume d'Aquitaine, comte de Poitiers

C’est dans des chartes de 968 et 988 qu’on voit que sur la côte existait une de ces vigueries créées par Charlemagne, et que les vieux titres mentionnent sous les noms de vicaria Sancti Johannis de Castello Allioni, in pago Alniense.

Cette vicairie comprenait les villœ Siniacus (Surgères?), Verdiacus (Vouhé), Antezan et Saziliaco (Sarzay) et Villa Daoli ( Saint-Denis-du-Pin ? ), et son chef-lieu était la ville de Chatelaillon.

Chatelaillon fut fortifié à la mode du temps et prit le nom de son possesseur, Alon ou Alion. Vers 995 on connaît un Alon, vicomte dans le Poitou.

En 1005, un titre de donation de l'abbaye de Bourgueil commence par cette phrase sacramentelle : Ego, Alo, Alonis filius, Alonisqne pater, etc.

 Chatelaillon devint donc une ville franke, un des boulevards maritimes destinés à protéger l'Aunis des descentes des pirates normands.

 

Raids vikings (Normands) en Poitou et dans la vallée de la Charente
La Charente était facilement navigable à l'âge du fer grâce au petit gabarit des embarcations de l'époque, et servait au transport du sel. La découverte de pirogues monoxyles en donne la preuve. Le port maritime des Celtes Santons se trouvait à son embouchure qui était alors un estuaire très profond et très découpé.

 

Cette ancienne viguerie de Chatelaillon était érigée au moyen âge en baronie, et sa juridiction s'étendait jusqu'à la Rochelle, qui venait d'être fondée, et vers Brouage, en comprenant le château de Rochefort.

De cette baronnie de Chatelaillon ou Castellayon dépendaient les ports de la Charente, commandés par le castel de Rochefort (et Roche au moyen âge signifiait le plus ordinairement château ou donjon), où commandaient les Albuinus, Nivardo, Chalone, Gaufrido, Giliberlo de Rochafort.

Dans les ports (portus golfe des Santons) nombreux qui morcelaient les côtes de l'Aunis fut armée la flotte que les Santons fournirent à Jules César pour aller combattre les Venettes sous le commandement du jeune Brutus.

La construction des vaisseaux était alors bien supérieure chez eux à celle des Romains, car César loue sans réserve la légèreté des navires santons et leur supériorité de marche.

Charlemagne fit sortir des mêmes ports les bâtiments destinés à combattre les pirates saxons, dont les navires se nommaient galions.

La Charente avait ses gabares, et ce nom est resté dans la marine militaire.

 C'est à Taillebourg que fut construite la nef de M. de la Trimoille.

 

Louis II de la Tremouille - Gabrielle de Bourbon-Montpensier ; Charles de la Trémoïlle - Louise de Coëtivy -
Louis, II de ce nom, seigneur de Tremouille, vicomte de Thouars , prince de Talmond, comte de Guines et de Benon, baron de Sulli, de Craon, de Montaigu, de l'Ile Bouchard, de Mauléon, de Rochefort, des Iles de Ré et de Marans, amiral de Guienne et de Bretagne, chevalier de l'ordre du roi, gouverneur et lieutenant général de Bourgogne, surnommé le Chevalier sans reproche.

 

De ces ports, Antoine de Conflans cite les caravelles, les barches (dont nous avons fait barques) et les carraqués : « Grosses nefz, comme a été la Charente » (portant 120 hommes et 200 canons), qui a été une des belles et bonnes nefs qui fust sur mer. »

 Il parle en outre des « barques » passagères pour passer aux iles de Ré et de Marennes ; et, de plus, il nomme les anguilles ou bâtiments subtils qui allaient de Blaye à Bordeaux.

==> L'Hermione Pourquoi La construction de la Corderie royale (le Versailles de la mer ) sur Rochefort - Louis XIV - Colbert- Blondel

 

La ville de Châtelaillon s'élevait au point occupé par une petite éminence rocheuse, à l'ouest de la dépression connue sous le nom de Grand Port.

Elle devait se prolonger sur le rocher dit la Charge, jusqu'à une autre dépression nommé la Casse au Prieur, ou, disent les riverains; est enfouie la cloche de l'église.

Les vieilles gens du pays racontent même qu'il fut un temps où la cloche se faisait entendre quand l'ouragan menaçait de se déchaîner, et qu'un jour les habitants du pays firent en vain tous leurs efforts pour arracher cette cloche du rocher.

Le Grand-Port se trouvait circonscrit entre le rocher de la Charge l'ouest, et les rochers et les marais de la Janble à l'est. Plus à l'ouest encore, se trouve le rocher de la Turje, qui occupe la position indiquée par Amos Barbot pour le donjon la Turje serait la tour de Jules, turris Julii, rappelant le nom de Castrum Julii appliqué fréquemment à Châtelaillon au moyen âge.

En 1880, la Turje, la Charge, le Grand-Port sont à un kilomètre dans la mer; qui menace même d'enlever dans un délai assez court tout ce qui reste de l'antique cité, le prieuré de Saint-Romart ou Saint-Romuald

 

 Cimetière mérovingien du prieuré saint-Romard vestige de la cité médiévale- Eble de Châtel Aillon - Guillaume d'Aquitaine, comte de Poitiers

 

 Une origine comtale est rappelée dans une inscription funéraire découverte au prieuré Saint-Romuald, actuellement attribuée aux IXe – Xe siècle, et qui mentionne le décès d’une certaine Agina, « noble enfant, née de souche comtale, fille d’Eble »

Kalendas ottobris obiit Agina nobilis puella de genere comitis filia Ebloni

Le 12 des calendes d’octobre (19 septembre) est morte Agina, noble enfant d’origine comtale, fillette née d’Eble.

Le vocabulaire utilisé pour désigner l’enfant (puella, villia nata), sans être précis, suggère qu’Agina est morte en bas âge.

Son père Eble est sans doute là encore responsable de la commande de l’épitaphe. Ce témoignage est d’autant plus intéressant s’il s’agit d’Eble 1er, seigneur puissant de Châtelaillon qui s’opposa, dans les premières années du XIe siècle, à Guillaume le Grand, comte de Poitiers et duc d’Aquitaine.

Eble n’eut jamais une charge officielle d’origine publique ; l’origine comtale de sa fille ne peut être liée qu’à la lignée maternelle.  Elle a été jugée digne de figurer plus de légitimité au pouvoir d’Eble, au moment même où il s’opposait au comte de Poitiers Guillaume.

La maison de Chatelaillon s'éteignit au XIIe siècle, après avoir eu des princes de Chatelaillon du nom de Longueville.

 

 

 

 

Les premiers Seigneurs de Châtel-Aillon

Eble 1er (Alniensis Ebalus)

Entre 932 et 936, sous le règne du roi Raoul, le comte Guillaume Tête d’Etoupe, qui venait de succéder à son père Eble le Bâtard (Ebles Manzer 870-934), concède aux moines de Saint Cyprien, à la prière du vicomte Savari de Thouars, une écluse à poisson dont jouissait celui-ci, au village de Reth (Trajecta, sur la Sèvre, dans la contrée de Célette (condita Celiacense), au pays d’Aunis (in pago Alieninse) non loin de Coulon (in rem Sancti Salvatoris)

1040-1049.- Geoffroy le Fort donne à la Trinité de Vendôme la ville de Chatellaillon. .<==

 

1059, du 25 décembre au 6 janvier. La Trinité fait reconnaître la légitimité de ses droits sur la terre de Chatellaillon.



De Alodis que Gausfredus Fortis dedit in villa Catellionis
Notari fecimus in hac cartula quod Gofridus Fortis donavit monasterio Sanctae Trinitatis, quod Vindocino constructum est, alodia, quae vel ipse tenebat in dominio, vel alii beneficii gratia tenebant ab eo in villa Cateillonis.
Nous avons noté dans cette charte que Geoffroy le Fort fit don au monastère de la Sainte Trinité, qui fut bâti à Vendôme, d'Aunis, qu'il détenait lui-même ou que d'autres tenaient de lui par grâce dans la ville de Cateillon.

At vero, subsequenti tempore, subripiente fraude cupiditatis, huic donationi, quam pro salute sua fecerat, unam partem, quam nepos ejus Petronilla tenebat, amore propinquitatis abtraxit.
Mais en vérité, dans un temps ultérieur, par la tromperie furtive de la cupidité, il retira de cette donation, qu'il avait faite pour sa propre sécurité, une part que son neveu Pétronille détenait, par amour de la parenté.

Negabat igitur ad se pertinere, quam dicebat ipsi nepoti suae provenisse de proprio jure portionis suae.
Il a donc nié qu'il lui appartenait, ce qui, selon lui, provenait de son propre petit-fils par droit de sa part.

 Quod non ita fuisse probatum est ista ratione. Denique pater illius Petronillae nequaquam natus est ex desponsata matre, sed quidem visus est praedicto Gaufredo fratri suo bonae indolis adolescenti esse, dedit ei supradictam partem loco beneficii tenere, non hereditario jure.
Qu'il n'en fût pas ainsi, cela fut prouvé par cette raison. Enfin, le père de cette pétronille n'était en aucun cas né d'une mère fiancée, mais en effet, il a semblé au susdit Geoffroy être un jeune homme de bonne humeur à son frère, et il lui a donné la partie susmentionnée à tenir en lieu et place de faveur, pas par droit de succession.

 Qua ratione probata, recepta parte quam tenebat, eidem Petronillae dedimus sex libras denariorum, pacis atque concordiae gratia, quatenus absque calumnia posideremus omnia quae nobis avunculus ejus ante donaverat.
Lorsque cette raison fut prouvée et que la part qu'il tenait fut reçue, nous donnâmes à la même Pétronille six livres de deniers, pour la paix et l'harmonie, dans la mesure où nous posséderions sans calomnie tout ce que son oncle nous avait donné auparavant.

Hujus rei testes sunt quorum subscripta sunt nomina: Guarinus et Goffridus filii Fulmari, Hadirnarus Pinellus, Gofredus filius Mainfredi, Gosbertus de Hospitali, Rainardus, Gauterius, Fulco Fulconis, Algrenus, Rogerius, Sicherius, Joscellinus Scofra, et Petronilla uxor ejus, filii eorum Guillelmus, Aida, Gentburgis, Hildegardis, quibus infantibus dedit dominus Vital quatuor denarios, id est unicuique unum pro memoria hujus favoris.
Les témoins de cet acte sont dont les noms sont inscrits : Guarinus et Goffridus fils de Fulmar, Hadirnarus Pinellus, Gofredus fils de Mainfredi, Gosbertus de Hospitali, Rainardus, Gauterius, Fulco Fulconis, Algrenus, Rogerius, Sicherius, Joscellinus Scofra et Petronilla sa femme, leurs enfants Guillaume, Aïda, Gentbourg et Hildegarde, aux enfants desquels lord Vital donna quatre deniers, c'est-à-dire un à chacun en souvenir de cette faveur.



 Factum est hoc anno MLVIIII ab incarnatione Domini, inter Navitatem et Theophaniam.

 

Voilà des preuves de possession directe autrement significatives que les abandons de quelques lais de mer pour être transformés en salines.

Vert l’an 1000, Guillaume le Grand (969 – 1030) gratifia de divers châteaux en Aunis le comte d’Angoulême, et que ces châteaux paraissent avoir été ceux de Surgères, de Châtelaillon, voir de Frontenay.

Eble apparut vers 1004 dans le testament de la comtesse de Poitiers avec la signature «Alieninse  Ebalo ». Les enfants des seigneurs prenaient souvent les titres de leur père avant d’en exercer les fonctions.

Or, rien ne prouve qu’en 1010 Eble fût déjà seigneur titulaire de Châtelaillon.

D’ailleurs il ne prenait pas toujours ce titre, comme on le voit par une charte de 1003, constatant les divers dons faits par Guillaume, duc d’Aquitaine, à l’abbaye de Saint Cyprien ; l’acte en effet est signé par Eble, « Signum Ebulonis, » et aussi par la comtesse Emma  « S. Emme, comitisse » .

 

Emma comtesse de Blois et duchesse d'Aquitaine fondatrice des Abbayes Saint Pierre de Maillezais et de Bourgueil
L'abbaye de Bourgueil, plus précisément l'abbaye Saint-Pierre de Bourgueil-en-Vallée, est une abbaye bénédictine, qui adopte la règle de Saint Maur en 1630. Elle est située à Bourgueil, autrefois Burgolium, dans le pays du Bourgueillois, dépendant avant 1790 de l'élection de Saumur, du siège royal de Chinon et du diocèse d'Angers, donc de l'Anjou historique.

 

L'Eble frère de l'évêque Gislebert et parent de la comtesse Emma me paraît être le même que celui qui, en 967, achetait de Gislebert un marais salant en Aunis;

l'épouse de cet Eble, ou Ebo, se nommait Aza « Ebo et Uxor sua nomine Aza in pago alieninse, in marisco maiez……. Sunt areas 74 (mense martio, anno XIII regnante Lotherio rege.  C'est-à-dire 966 ou 967). (Charte orig., n° 5, aux archives de Poitiers.)

 Gislebert était déjà archidiacre de Poitiers en 967. (D. Fonteneau, t. v!, p. 267.)

Il ne devint évêque que huit ans après, par la mort de son oncle Pierre Ier. Gislebert mourut en 1020.

La chronologie ne permet pas de prolonger la vie d'Eble son frère jusqu'en 1047.

C'est pour cela que nous faisons un Eble 1er Alniensis Ebalus, qui figure en 967, en 1004, en 1010, et un Eble II, de Castello Allionis qui signe en 1047, et était mort en 1063 époque à laquelle nous voyons agir son fils Isembert.

 

 

Eble II de Castello-Allionis

 En 1047 le seigneur de Châtelaillon signait « Eblonis de Castello Allonis ». Sa richesse provenait essentiellement du commerce du sel.

Eble est désigné en 1063, sous le nom d’Alviensi Ebalo (Alniensi ou Aloniensi). Emma, comtesse de Poitou, voyant approcher la fin de sa longue vie ( de hoc saeculo migrature), donne à Eble de Châtel-Aillon, son parent, le tiers de sa terre de Frouzilles  (1) en Poitou.

 

Carta Eboli de Castello Allionis (2)

Emma, Acquitanorum comitissa, de hoc seculo migratura inter alia dona rerum suarum que anime sue deputavit, alodium quoque Forzilias nuncupatum sic tripartita est, ut Beato Hilario de tribus partibus unam, alteram Sancte Cruci adscriberet, terciam vero daret propinquo suro Aloiensi Ebalo.

Post cujus decessum Isembertus filius ejus tamdiu tenuit quod pater sibi reliquid in Forziliis quousque Agnes comitissa, que ecclesiam Sancti Nicholai Pictavis construxit, pactum cum eo fecit, up ipse Isembertus meditarias, quas in Alnisio dederat prefate ecclesie, quo commodiores illi forent ex vicinitate, per commutacionem ab ea susciperet, et terciam partem, quam in Forziliis habebat, possideret ecclesia Sancti Nicholai, cui nimirum fundus quo vicinior eo commodior fieri deberet.

Cujus commutacionis vicissitudinem sedes apostolica non ignoravit, quem (2) eam per manus pape Alexandri inter cetera ecclesie supramemorate dotes ratam esse percipiens, apostolica auctoritate consignavit et privilegium confirmacionis sue debito more coaptavit, quod eciam predicte comitisse destinare curavit.

 

Emma, fille de Thibaud, comte de Blois, femme de Guillaume Fiers à Bras (963-990, mort en 994), fondatrice des abbayes de Bourgeuil et de Maillezais, survécut quelques temps à son époux.

Elle vivait encore en 1004 (Art de vérifier les dates), et devait être fort âgée à cette époque.

Donc, un peu avant 1004, songeant à ses dispositions testamentaires, de hoc saeculo migratura, elle faisait une donation à son parent Eble de Châtel-Aillon, Aliensi Ebalo.

Selon toute apparence, il fut le premier qui ajouta le nom de sa terre féodale à son nom propre, cet usage n’ayant guère commencé avant le XIe siècle.

Une charte de l’abbaye de Saint Jean d’Angély (dom Fonteneau) donne l’année 1010, porte en toutes lettres ces mots : Eblo frater Gislebert episcopi.

Liste des Abbés - évêques et seigneurs de l'abbaye de Maillezais

990- 1000 GAUSBERT Parent de la Comtesse Emme , fut d'abord l'Abbé de Saint-Julien de Tours. Il amena treize de ses Religieux dans ce nouveau monastère, à la demande de la Fondatrice qui le chargea aussi du gouvernement de celui de Bourgueil. 1000-1045 THEODELIN Prieur du temps de Gausbert, était Juif d'origine.

Isembert 1er (avant 1063, après 1077) épouse 1e Clarisce, 2e Cirberge

Vers 1068, les églises d'Angoulins, de Lisleau, de Laleu, de la Jarne, sont la propriété d'Isembert de Châtelaillon, qui en fait don aux moines de Saint Cyprien de Poitiers (4)

1076 Arengarde sœur de Isembert de Châtel Aillon se marie à Saumur avec Foulques IV le Réchin, comte d’Anjou

Une charte, qui constate la confirmation d'une donation faite par le comte d'Anjou et sa femme, prouve que leur mariage fut célébré à Saumur le 21 janvier 1076.

« Acta  sunt hec, porte ce titre, apud Salmurum, anno ab incarnatione 1075 (vieux style), mente januario, feria V, die festivitatis S. Agnetis virginis, quo die prenominatus comes Fulco, accepta in uxorem Aurengarde, filia Isemberti de Castello Allione, nuptias celebrabat, quibus Andegavensium procerum, multitudo non minima aderat » (5)

« Ces choses, dit dom Huynes, furent faites à Saumur l'an de l'incarnation 1075, au mois de janvier, jour de jeudi, feste de sainte Agnès, vierge, auquel jour le susdit comte ayant pris pour femme Aurengarde de Castellion, filia Isemberti de CASTRO Allione, célébroit les noces où étoient plusieurs nobles Angevins qui furent témoins de ce don (6). »

En 1077, Isembert  I de Châtelaillon donna aux moines de Cluny, une métairie située dans l'île d'Oléron, et deux moulins dans le Bois-Fleuri, voisin de La Rochelle, à la condition que trois pauvres du lieu seraient vêtus et nourris aux frais des religieux (7).

La Rochelle, Église Notre-Dame-de-Cougnes - don d'Isambert de Châtelaillon aux moines de Cluny de l'île d'Aix 1067 

Les historiens indiquent Cougnes comme lieu de naissance de la Rochelle, avec des dates un peu imprécises, au début du XIe siècle (1). Aucune description géographique n'est donnée, sinon une vague indication : l'existence de " salines ".

Eble III (1081-1096) épouse Iveta ou Julita, fille de Hugues de la Motte (Ugoni de Motta) ; sa sœur Aurengardis qui épousa Foulque le Réchin comte d'Anjou en 1076 fut répudiée en 1080.

Vers  1081.  —  Eble  de  Châtelaillon  et  Yvete,  sa  femme,  cèdent  à  l’abbaye  toute  la  mouture  {mosnarium)  d’Ainard,  dans  le  marais d Ives.  — 

 

Carta  de  mosnario  Ainardi.

 

Notum  sit  tam  praesentibus  quam  futuris  quod  Eblo  de Caslello  Allionis,  uxorque  sua  Yveta,  dederunt  et  reliquerunt  sancto  Joanni,  nam  alaudium   erat  sancti  Joannis, mosnarium,  id  est  ram   molendinariam  Ainardi,  que  est in  marisco  de  Hiva.

 Et  hoc  factum  est  per  fustem  qui  presto est  in  manu  Vuitardi,  monachi;  leste  Humberto Amalberto  et  Ostencio  de  Morniaco.

Les riches possessions de la Trinité excitèrent bientôt la convoitise.

Après la mort du grand duc Guy-Geoffroy le 25 septembre 1086 au château de Chizé, raconte Ramnulfe, évêque de Saintes (Ramnulfus Focaudi 1084-1106), Guillaume encore enfant lui succéda.

Eble de Châtelaillon vint le trouver, et le menaça de se joindre aux barons révoltés contre lui s’il ne lui cédait l'église et la terre d'Oléron, dont jouissaient les moines.

Il voilait son injustice sous une prétendue inféodation de l'île à son père.

En 1086, Guillaume, comte de Poitiers, céda à Eble de Châtelaillon révolté contre lui, l'église de Saint-Georges d'Oléron (Ecclesia Sancti Georgii in Insula Oleronis ) qui appartenait depuis quarante ans à la Trinité de Vendôme.

Les sires de Châtelaillon dans leur politique d'expansion, cherchant sans doute à étendre  leurs droits et domaines aux dépens des abbayes, Eble de Châtelaillon s'était emparé d'une terre que les moines de Saint-Maixent prétendaient leur appartenir (pour les marais de Mouillepied : entre Yves et Ballon ?) et de St-Jean-d'Angély (pour les marais d'Yves), le Comte de Poitou décida que l'affaire serait réglée à Surgères, par un duel (Ordalie).

Les moines se rendirent au lieu indiqué ; Eble y vint aussi, mais au dernier moment, soit qu'il ne voulût pas, soit qu'il n'osât pas, troublé par les reproches de sa conscience, courir les chances du duel, il refusa le combat sous prétexte que son pugnator n'avait pas de chaussures convenables.

Un moine, nommé Jamo, quitta alors les siennes et les offrit au pugnator, mais Eble n'accepta pas et la terre fut adjugée aux moines (8),

 

Il y eut peut-être des ravages et des représailles de part et d'autre, car le prieuré de Montierneuf à Saint-Agnant (siège de la présence de La Trinité de Vendôme en Saintonge ; l'abbaye de La Trinité est installée en Saintonge depuis 1040) et le château de Soubise sont incendiés les 4 et 5 juin 1092.

Eble était puissant, Guillaume IX d’Aquitaine dans une position difficile et sans expérience, la sacrilège usurpation fut consommée, mais ne resta pas longtemps sans vengeance.

 

En 1096, rien n'était encore terminé et Eble jouissait tranquillement de son usurpation.

Les religieux de Vendôme, forts de leurs privilèges et de l'amitié des papes dont leur monastère était l'alleu, adressent leurs plaintes à l'archevêque de Bordeaux, Amat, alors légat du Saint-Siège, et à Ramnulfe, évêque de Saintes.

Urbain II écrivit d’abord de Rome au duc Guillaume pour lui reprocher sa conduite impie en face de la bienfaisante générosité de ses ancêtres, qu'il aurait dû toujours imiter, et même surpasser, s'il était possible. Il le sollicite de prendre sous sa protection l'abbaye de la Trinité fondée par ses ancêtres, et de lui restituer l'église de Saint-Georges d'Oléron qu'il lui avait enlevée, et le menace de l'excommunication s'il ne se soumet pas. (9)

Une première excommunication atteignit le coupable sans le fléchir. Les moines demandèrent justice au pape lui-même.

Ce fut en vain.

 

 A quelque temps de là, Urbain passait les Alpes et présidait le célèbre concile de Clermont, et là excommuniait de nouveau les deux usurpateurs ;

Urbain (10) réitérait ses condamnations avec les plus terribles menaces à Saint-Jean d'Angély et à Saintes, pendant les fêtes de pâques 1096.

Eble surtout était opiniâtre Guillaume fut mis en demeure d'obtenir, même par la violence et les armes à la main, ce que ne pouvaient effectuer les foudres de l'église.

De sa forteresse de Benon, nouvellement construite, Guillaume envoie une sommation à son vassal. (Pièce justificative 1)

 

Eble, terrifié « anime et corporis pericnlum metuens », s'empressa de faire sa soumission, et de réclamer avec sa femme Ivette ou Judith l'amitié des moines.

Il est vrai que le duc d'Aquitaine n'avait plus besoin de ménager son vassal, car sa puissance s'était affermie.

Dans une cérémonie religieuse qui fut célébré à Châtelaillon même, le 18 septembre 1096, dans l'église de Saint-Jean, en la fête de Saint-Ferréol, martyr, Eble et sa femme Ivette, avec l'approbation de leur fils Guillaume Bertrand et de leur fille, Marguerite, renoncèrent à toutes leurs prétentions sur le prieuré de Saint-Georges et Marguerite prêtèrent serment entre les mains de Geoffroy et de Ramnulfe. (Pièce justificative 2)

L'abbé Geoffroy se montra généreux.

En récompense d'un désistement plein et entier de prétentions aussi injustes que peu fondées, il accordait à Eble son pardon et en retour une somme de cent cinquante livres poitevines et l'évêque Ramnulfe, en présence d'une nombreuse assemblée d'ecclésiastiques et de seigneurs, leva l'excommunication qui pesait sur eux (11).

Urbain II avait complété cette œuvre de justice et de protection envers l'abbaye de Vendôme et son cher abbé Geoffroy, à qui il dut un jour de s'asseoir victorieux du schisme sur le trône de Pierre, par de nouvelles bulles, dont deux surtout semblent destinées spécialement à la Saintonge (n°" XLV et XLVI), et était allé se reposer dix jours à Vendôme, auprès de son fils et son bienfaiteur, des fatigues de ses longues pérégrinations.

 L'abbé Geoffroy eut dès lors des relations amicales avec le duc, ainsi que l'attestent les lettres qu'il lui écrivit (lib. V, epist. XVIII à XXII)

L'action énergique de Ramnulfe, évêque de Saintes, est toute à son honneur, et Geoffroy lui en témoigna souvent sa reconnaissance par les titres les plus flatteurs : » Ramnulfo beatae vitae, honorandae vitae, honestae vitae episcopo, venerabili episcopo. » (Ibid., lib. ni, epist. xxxi à xxxvn). (12)

C'est à lui d'ailleurs qu'il devait une sentence d'excommunication contre Haimeric de Rancon, qui avait causé de graves dommages à l'abbaye.

Ce dernier mourut « justo Dei judicio » encore sous le coup de cette sentence, tué dans un combat par Geoffroy, fils de Guillaume d'Angoulême, contre lequel il s'était révolté.

 

Urbain II, dans sa bulle de confirmation, approuve en particulier la donation de l'église de Notre-Dame de Surgères par Hugues, seigneur de cette ville. (Pièce Justificative 3)

Celui-ci l'avait en effet offerte avec de nombreuses possessions.

Des difficultés même avaient surgi avec l'abbaye voisine de Saint-Jean d'Angély. Geoffroy soumit le débat au jugement souverain du concile de Poitiers tenu par le légat Brunon et où assistait Boémond, prince d'Antioche (n° LIV).

Grâce à la haute influence et au sage gouvernement de Geoffroy, l'abbaye atteignait alors à son apogée, et le superbe abbé se vantait qu'il n'y avait pas dans la chrétienté de monastère plus régulier que le sien. (13)

 

 

 

 

Nous avons maintenant à signaler, dans le caractère d'Eble III de Châtelaillon une contradiction apparente qui demande à être expliquée.

 Nous voyons en effet ce seigneur dépouiller d'une main certaines abbayes d'une partie de leurs biens, et de l'autre combler de largesses quelques autres monastères.

Dès qu'il fut en possession des domaines paternels, il se signala par des dons nombreux qui semblaient indiquer que l'âme pieuse et généreuse de son père Isembert I, revivait en lui.

Ainsi, vers 1081, il donne l'église de Voutron aux moines de Saint-Jean d'Angély (14), et leur concède un droit de mouture, « mosnarium, id est rem molendinariam », dans le marais d'Ives (15).

 En 1089, il abandonne des dimes, des pêcheries et quelques autres droits à l'église de Sainte-Radégonde de Poitiers, il lui donne aussi des vignes situées à Laleu et que sa femme avait reçues en dot (16).

Vers 1092, avec sa femme et son fils Isembert, il approuve « annuit » le don de la dîme des oies fait à la même abbaye, dans des lieux situés près de Voutron (17).

Or, dans ces largesses que nous venons de rapporter, et dans les usurpations dont il a été question plus haut, faut-il voir une contradiction?

Ce frappant contraste dans les actes d'Eble est-il le résultat d'un de ces états d'esprit que l'on constate sans pouvoir les expliquer toujours et qui nous montrent l'homme sans principes fermes, fruit d'une conviction raisonnée, se laissant aller aux inspirations contradictoires d'un cœur flottant ou d'une conscience trop souple? Demandant la tranquillité de l'âme à une piété étroite ou à une fausse interprétation des prescriptions religieuses.

Eble pensait-il à réparer par ses libéralités envers les uns les dommages qu'il causait aux autres? Nous ne le croyons pas.

 Ce qui parait certain, c'est qu'il était ambitieux et que se trouvant à l'étroit dans la seigneurie de Châtelaillon, il rêvait une puissance plus étendue.

C'est pour atteindre ce but qu'il enlevait les biens des abbayes éloignées et qui, par cela même, ne pouvaient que difficilement résister et se défendre, et qu'il cherchait, par des donations, à se gagner l'appui de l'abbaye de Saint-Jean d'Angély.

Rien n'empêche de supposer qu'il avait pensé à conclure avec elle un traité d'alliance contre le Comte de Poitou, comme Aimeri de Rançon (18).

Examinons du reste la situation topographique des abbayes qu'il favorise et celle des domaines dont il s'empare, et nous découvrirons peut-être le secret ressort de sa politique qui, en lésant les monastères, irrita le duc d'Aquitaine, leur protecteur.

Ne se laissant arrêter par aucun scrupule, subissant sans doute l'influence d'Ivette, femme d'énergie et d'action, si nous nous en rapportons aux appréciations de l'abbé Geoffroy, et profilant de l'impuissance de son jeune suzerain contre lequel il se révolte et qu'il menace au lieu de lui prêter appui, Eble met la main sur l'île d'Oléron et sur Saint-Maixent.

 Il possédait en outre les îles d'Aix et de Ré.

En admettant, et il n'est pas impossible qu'un seigneur ambitieux et déjà puissant, descendant des Comtes de Poitou et dont la famille s'était alliée aux Comtes d'Anjou, double titre de fierté, ait pu faire ce rêve, en admettant, dis-je, qu'Eble ait pensé à lutter contre le Duc d'Aquitaine, jeune et affaibli par la défection de ses barons, et à fonder à son profit un grand Etat féodal en Aunis, en érigeant en Comté le domaine de Châtelaillon, Saint-Maixent et l'ile d'Oléron devenaient pour lui des points stratégiques de la plus haute importance.

En cas de guerre, en effet, une garnison établie à Saint-Maixent pouvait arrêter et même repousser les attaques du comte de Poitou; si la place était forcée et que l'Aunis fut envahi, Eble avait à sa disposition, pour opérer sa retraite et se mettre en sûreté, les îles de l'Océan.

Sur un troisième point, Eble trouvait dans la place de Saint-Jean d'Angély qu'il comblait de bienfaits, une alliée puissante qui pouvait faire tète aux troupes de ses ennemis ou l'aider diplomatiquement.

 Enfin, en politique habile et avisé, Eble faisait des largesses à Sainte Radégonde de Poitiers, sans doute pour avoir, en tout temps, des appuis fidèles, disposés à soutenir ses intérêts devant le Comte, à prendre sa défense et au besoin à le renseigner.

Tel est, croyons-nous, le dessein qu'il est permis, d'après l'étude des faits d'attribuer, à Eble.

 

 

Ainsi se termina ce long débat, cette guerre monastique, si l'on peut ainsi dire, dans laquelle une habile diplomatie remplaça les armes et donna la victoire au pouvoir spirituel qui du reste était le défenseur du bon droit.

Malheureusement pour Châtelaillon la résistance que, dans cette affaire, Eble opposa si longtemps aux revendications de Geoffroy et aux ordres de son suzerain, qu'il força à s'humilier, contribua à briser les liens d'amitié qui unissaient cette maison aux Comtes de Poitiers.

 Ajoutons que ces derniers furent aussi sans doute inquiétés par l'ambition de cette famille qui venait de se manifester par la révolte et les usurpations d'Eble.

Toujours est-il que les conséquences de cette inimitié devaient devenir désastreuses pour Châtelaillon et Isembert, fils d'Eble, victime d'une obstination injuste ou maladroite, ou peut-être simplement malheureuse, paiera de la perte d'une grande partie de ses domaines, l'ambition de son père.

 

Le Château de Benon : est construit vers 1096 et fortifié contre les Normands sur l'ordre de Guillaume IX, dit Le Troubadour. 

La majeure partie du IXe siècle a été pour le Poitou une ère d'anarchie et de calamités. A la mort de Pépin Ier, roi d'Aquitaine, en 839, une guerre inexpiable s'engagea pour la possession du duché entre son fils Pépin II, à qui il devait normalement échoir, et Charles, fils de Louis le Pieux, en faveur duquel ce dernier en avait disposé.

 

 

(Pièce justificative 1)

Guillaume de Poitiers rend à la Trinité l’ile d'Oléron, qu'il avait donnée sans aucun droit à Eble de Châtelaillon. La charte nous apprend en effet que tous les barons de la contrée, des évêques et des abbés se pressaient autour du duc dans son nouveau château de Benon.

 

1096, 10 décence, et 1097 (n. s.), 2 mars.

QUALITER COMES PICTAVENSIS ABSTULIT NOBIS OLERONEM ET REDDIDIT.

Carta Guillelmi Pictaviensis comitis, quomodo reddidit nobis Oleronem, quem nobis injuste abstulerat et Ebloni contulerat.

In nomine sanctae et individue Trinitatis W. Aquitanorum dux, universis sanctae Dei aecdesiae fidelibus pacem et quietem.

 Quotiens homo sui creatoris mandata, suadente diabolo, transgreditur, festinet necesse est ut per satisfactionem eidem creatori suo reconcilietur.

Et hoc maxime terrarum principes decet, quos divina providentia ad hoc in mundo protulit, ut quod injustum fieret, ipsi dapnarent.

 Hinc igitur quod monachis Vindocinensis monasterii violenter abstuleram et Ebloni de Castro Allionis injuste tradideram, juste eis restituere dignum duxi.

Abstuli siquidem illis eacclesiam beati Georgii, que est in Olorionis insula, cum quadam parte ejusdem insule, et Ebloni contuli, injuste, sicut jam dixi.

Quod qualiter acciderit, licet longum sit, salubre tamen est enarrare. Cum itaque pater meus ex hoc mundo migrasset, satis puer, ut plurimi norunt, ego remansi.

Tunc barones mei, qui me juvare debuissent, a fidelitate mea recedentes, mihi graviter nocere ceperunt.

Quorum unus, supra dictus Eblo, anxietatern meam videns, et in adversariorum meorum partem cedere cupiens, mandavit quod a me, sicut alii, et ipse recederet, meisque adversariis in quantum posset daret auxilium, nisi predictam terram monachorum, quam per quadraginta et eo amplius annos in pace et sine calumnia tenuerant, sibi conferrem.

Asserebat enim quandam partem illius terre quibusdam antecessoribus suis fuisse longe ante donatam. Hoc autem falsum esse nulli dubium erat; sed sub specie tali infidelitatem et tiramnidem suam tegere cupiebat. Attamen sicut puerilis assolet etas, contempto Dei consilio, humano adquiescens [adgnoscens] et hominem plusquam Deum ad tempus offendere timens, licet invitus et coactus, abstuli monachis terram suam, et illi contuli.

Unde factum est ut statim ab Amato Burdigalensi archiepiscopo, Romane sedis legato, et a Ramnulfo episcopo Sanctonensi, cujus parochianus erat, excommunicaretur. Sed hoc modo ejus crudelis animus flecti non potuit. Cum vero abba et monachi vidissent quod sic suum jus adipisci minime valerent, Romanum pontificem adierunt, sub cujus tutela et defensione Vindocinense cenobium esse dinoscitur, sicuti censivum beati Petri alodium.

 Unde papa, missis ad me litteris suis, mandavit quod [quia] Eblonem jam excommunicatum ipse eciam excommunicabat [excommunicaverat] et ejusdem excommunicationis meipsum participem fore non ambigerem, si Vindocinensi monasterio quod violentia abstuleram restituere protongarem.

 Postea dum idem papa, in Galliis concilia celebraturus, Alpes transmeasset, ab excommunicatione, quam prius in Eblonem fecerat, non cessavit. In concilio namque quod primum apud. Clarum Montem habuit, assensu omnium religiosorum qui adfuerant eum excommunicavit, secundo in conventu quem Turonis tenuit, deinde apud Sanctum Johamem de Angeliaco, ad extremum apud Sanctonas eum omnino maledixit quia illi ante promiserat quod ibi suo judicio monachis justiciam exsequeretur.

 Cum utique judicio pape et archiepiscoporum episcoporumque.necnon et abbatum atque religiosorum clericorum, qui aderant, ex toto comprobatum fuisset, illum diu injuste terram monachorum tenuisse, et ideo [eidem cum idem] satisffactione et omnibus que inde subtraxerat debere eis restitui, promissionem quam de exequendo judicio pape fecerat, menciens ab eo maledictus discessit.

Tunc Amatus Burdigalensis archiepiscopus, sancte Romane aecclesiae legatus, ex precepto pape ad me veniens, ex parte beati Petri precepit, quandoquidem Eblo Deum et papam contemnebat, qui etiam excommunicatus a malicia sua revocari non poterat, quod si Dei et beati Petri gratiam diligebam, ut sepedicto monasterio Vindocinensi terram, quam peccando tuleram, reddere non differrem.

Hoc autem si tardarem torpori vel negligentiae me, cum omni terra mea, anatematte feriendum indubitanter scirem. Hinc itaque anime et corporis periculum metuens, et Deo beatoque Petro obedire disponens, monachis terram, quam diu injuste perdiderant, reddidi, et sicut Gofridus, Andegavorum comes, et Agnes comitissa illam ab omni consuetudine liberam prius donaverant, eis habendam concessi. Ita ut abhinc nec mihi nec cuilibet successorum meorum ullus consuetudinis vel exactionis in ea suppetat locus. [Et quilibet prepositus fuerit in castello meo de Olerrione, nullam in supradictam terram monachorum habeat potestatem, nec unquam prsesumat homines eorum contra ipsos suscipere aut defendere, vel quasi tueri] (1)

Hoc eciam apud predictum sancte Romane sedis legatum precando obtinui, ut quicumque deinceps Vindocinensibus monachis illam auferret, aut qualiter amitterent inquireret, [aut scienter contra hanc constit.utionem meam, quamlibet consuetudinem vel exactionem in ea imprimere tentaret] maledictionem Dei omnipotentis Patris, et Filii et Spiritus Sancti habeat et gloriose Dei genitricis semper virginis Mariae iram incurrat et beatos apostolos Petrum et Paulum adversarios in hoc mundo senciat, atque cum Juda traditore [in aeternum] (3) pereat, necnon cum diabolo et angelis ejus in illo inextinguibili et suffurato gehenne incendio [ubi est fletus et stridor dentium] (4), perpetua penadamnetur et ardeat.. .(5).

 Predictae autem terrae redditionem a me factam fuisse apud castellum novum meum Banaium nullus fidelium dubitaverit, anno ab incarnatione Domini MXCVI, indictione IV, IV idus decembris, XV die ante natale Domini. Ubi affuerunt isti quorum nomina subscripta sunt ; Guillelmus ipse comes Pictaventium, uxor ejus Mathildis (a), Hildegardis mater praedicti comitis (b), Gosfridus de Prulliaco, comes Vindocinensis (c), Petrus episcopus Pictavensis [Pictavorum] (d), Hugo de Liziniaco (e), Haimericus de Rancone (f), Giloius de Axiis, Guillelmus de Malsiaco [Mauziaco] dapifer comitis (g), Hugo de Deado, Gosfridus de Tauniaco (h), Hugo de Surgeriis, Ramnulfus de Surgeriis (i), Adelardus de Siriaco (6). ….. (7) Gosfridus abbas Malliacensis (j), Guarinus [Garnerius] abbas Sancti Maxentii (k), Gosfridus abbas Vindocinensis. De monachis Vindocinensibus : Herbertus [monachus] hospitarius, Gosfridus [monachus] dictus Martellus, Andreas [monachus de] Podio Rebelli praepositus (l).

Hec subscripta confirmatio facta fuisse dinoscitur in concilio, apud Santonas, sicut inferius dictum est, anno ab incarnatione Domini 1096, indictione IV, 6 nonas martii.

Ego, Amatus Burdigalensis archiepiscopus, S. R. E. legatus, subscripsi, et prsesentis crucis signum hoc privilegium monasterio Vindocinensi confirmavi, in concilio apud Santonas, et ibi hujus sancti privilegii violatores excommunicavi, et mecum pariter archiepiscopi, (Petru + Paulus), episcopi, abbates, qui adfuerunt numero (8), quorum quedam nomina subscribi voluimus Raimundus, Ausciensis archiepiscopus. Rotlandus, Dolensis archiepiscopus. Ramnulfus, Santonensis episcopus. Hildebertus, Cenomanensis episcopus. Gosfridus, Andecavensis episcopus. Marbodus, Redonensis episcopus. Simon, Agennensis episcopus. Petrus, Pictavensis episcopus.

 

 

 

1, 2, 3. Les paragraphes entre [….] ne se trouvent pas dans le titre original, mais dans Besly et dans Baluze.

4. Baluze.

5. Ici finit le titre original des archives de Loir-et-Cher; ce qui suit est de Besly, Decamps et Baluze..

(6). Sirec. Decamps.

(7). Vacat membrana quae ceterorum proceruni nomina continebat.

(8) M. xxxix, 71.

a. Guillaume VIII  d'Aquitaine, comte du Poitou et sa femme Mathilde ; b. Agnès de Bourgogne ; c. Geoffroi  III de Preuilly, comte de Vendôme ; d. Pierre II  Mort à Chauvigny ; e. Hugues VI de Lusignan ; f. Aimery III Malemort de Rancon seigneur de Rancon et Gençay : g. Guillaume de Mauzé, sénéchal du Poitou ; h. Geoffroy 1er de Tonnay Charente ; i Hugues et Raoul de Surgères ; j. Geoffroy abbé de l’abbaye de Maillezais ; k. Garnier abbé de l’abbaye de Saint-Maixent ; l. André préposé à la Sainte Trinité Puyravault

 

 

 

(Pièce justificative 2)

Ad Goffidum abbatem Vindocinensem

Significat restitutam monsaterio illius ecclesiam oleronensem.

 

À Geffroy, abbé de Vendôme

Cela signifie la restauration de ce monastère et de l'église d'Oléron.

Amatus, Dei gratia Burdegalensis archiepiscopus, sedis apostolicae legatus, dilecto filio GOFFRIDO Vindocinensi abbati, et sibi commissae congregationi, salute.

Bien-aimé, par la grâce de Dieu Archevêque de Bordeaux, lieutenant du Siège Apostolique, à son fils bien-aimé Geoffroy Abbé de Vendôme, et à la congrégation qui lui est confiée, salut.

Sicut charissimus filius noster Guillelmus Aquitanorum dux nos contristavit, cum ecclesiam S. Georgii, quae est in Olerona, cum pertinentiis suis vocis abstulit, et Ebloni de castro Allionis dedit ; sic nos laetificavit, cum ab injustitia sua resipiscens, ablata vobis restituit, et donum quo venerabilis comes Andegavorum Goffridus de eadem ecclesia et aliis rebus in Pictavensi et Sanctonensi pago vestro monasterio fecerat, confirmavit.

Tout comme notre fils bien-aimé, le duc Guillaume d'Aquitaine, nous a attristés lorsqu'il a enlevé l'église Saint-Georges, qui est à Oléron, avec ses dépendances, et l'a donnée à Eble du château d'Allion ; il nous a tant réjouis, quand, repentant de son injustice, il vous a rendu ce qui vous avait été enlevé, et a confirmé le don que le vénérable comte d'Anjou Geoffroy avait fait construire dans votre monastère de la même église et d'autres choses dans votre village du Poitou et Saintes.

Insuper etiam nos humiliter rogavit, ut eadem suam restitutionem et concessionem sanctae Romanae Ecclesiae auctoritate et nostra confirmaremus, ut ita libere et quiete Omnia quae venerabilis comes Goffridus et uxor ejus Agnes comitissa Pictavensis vobis dederant, vos et successors vestri jure perpetuo possideretis, sicut ipso eo die possidebant quo ea vestro contulerunt monasterio.

De plus, il nous pria aussi humblement de confirmer sa restitution et concession par l'autorité de la sainte Église romaine, et la nôtre, que si librement et tranquillement tout ce que le vénérable comte Geoffroy et sa femme Agnès, comtesse de Poitiers, vous avaient donné, ils possédaient le jour où ils les ont transportés à votre monastère.

Confirmamus igitur eamdem restitutionem, et illam quam, sicut dicimus vobis, libertatem concessit, auctoritate Dei et nostra sub anathemate prohibentes, ut nullus deinceps ea vobis auferre, vel concessam vobis in eis libertatem violare praesumat.

Nous confirmons donc la même restitution, et celle à laquelle, comme nous vous le disons, il a accordé la liberté, par l'autorité de Dieu et la nôtre sous un anathème interdisant, que personne n'ose plus tard vous les enlever, ni violer la liberté qui vous est accordée en eux.

Hoc etiam veraciter testificamur, quod Eblo de Castro Allionis hanc restitutionem vobis factam de ecclesia S. Georgii et ejus pertinentiis concessit, imprecans omnibus illis Dei maledictionem qui ea Vindocinensibus monachis auferrent, vel quocunque modo eos inde inquierarent.

Nous témoignons également cette vérité, qu'Eble de Castro Allion vous a accordé cette restitution de l'église de Saint George et de ses dépendances, implorant la malédiction de Dieu sur tous ceux qui voudraient les enlever aux moines de Vendôme, ou s'enquérir d'eux de quelque manière que ce soit.

 

Vers 1098.-Don d'une partie de l'église d'Esnandes, par Guillaume, dit Osmond, du consentement de sa femme et de divers. Ce don eut lieu dans l'église de Saint-Homard, sans doute Saint-Romuald de Châ­telaillon.

 - Cert, orig., fol. -128, verso. - A. mss. -128, fol. -100. - C. t. LXIII, p. 421.

Ego, in Dei nomine, Vuillelmus (1), cognomento Osmundus, dono loco Sancti Joannis et abbati et fratribus, sub eo Deo militantibus, partem meam quam habere videbar in eclesia quae est sita in villa quae dicitur Esnenda, cum consensu (2) uxoris meae, cum voluntate quoque fratrum meorum Tetbaldi, Sarpentini et Hugonis Burdonis. Hujus Dei (3) gratia, in socie­tatem sancti Joannis, ego et uxor mea asciti sumus et filii qui nascituri sunt nobis.

Fuit hoc donum factum publice in claustris Sancti Romardi, prasentibus monachis ipsius loci.

Testes hujus donationis, Rodbertus (4), mercator, et Joannis, praepositus, monachus.

Moi, au nom de Dieu, Guillaume (1), surnommé Osmundus, donne à la place de saint Jean et de l'abbé et des frères, servant sous lui Dieu, ma part que je semblais avoir dans l'église qui est située dans la ville appelé Esnande, avec le consentement (2) de sa femme mienne, avec la volonté aussi de mes frères Tetbald, Sarpentinus et Hugo Burdon.

Par la grâce de ce Dieu (3), moi et ma femme et les enfants qui nous seront nés avons été introduits dans la société de Saint Jean.

Ce don a été fait publiquement dans le cloître de Saint-Romard, en présence des moines de ce lieu.

Les témoins de cette donation étaient Rodbertus (4), un marchand, et Jean, le prêtre, un moine.

 

1. A. C. Willelmus, - 2. A. concensu. - 3. C. rei au lieu de Dei. - 4. A. Robbertus.

 

 

 

(Pièce Justificative 3)

24 novembre 1098. Bulle d'Urbain II, confirmative des privilèges et possessions de la Trinité, en particulier de la donation d'Hugues de Surgères.

Urbanus, episcopus servus servorum Dei, dilecto filio Gauffredo, monasterii Vindocinensi abbati ejusque successoribus regulariter substituendis in perpetuum. Ad hoc nos in apostolicae sedis servitutem divina credimus dignatione dispositos ut omnium ecclesiarum dispositioni, prout ipse scire et posse dederit, insistamus et conservis nostris tutionis apostoticae subsidium porrigamus, tuisque, fili in Christo charissime Goffrede, petitionibus annuentes, Vindocinense cenobium, cui Deo authore in abbatem preesse dinosceris, praesentis decreti authoritate munimus. Quod videlicet cenobium Goffredus bonae mémorise Andegavensie comes, et Agnes Pictavensis comitissa in jure suo……. Ecdesia Sancti Georgii in Oleronis insula, cum magna parte ejusdem insulae, quam ab omni exactione consuetudinis liberam Guillermus Pictavensis comes excommunicatione nostra coactus reddidit, sicut ab Andegavensi bomite Goffredo et Agnete comitissa loco vestro praedicto tradita tuerat; ecclesia beatae Mariae de Surgeriis….

 

 

 

 

Société des archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis.

Le monachisme en Saintonge et en Aunis : XIe et XIIe siècles : étude administrative et économique / par L. Bruhat,...

L'Écho du monde savant : journal analytique des nouvelles et des cours scientifiques

Mémoires carolingiennes: L'épitaphe entre célébration mémorielle, genre ... De Cécile Treffort

Société des archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis

 

 

 

Géographie du Golfe du Castrum Alionis devenu la cité engloutie de Châtel-aillon<==.... ....==> 1130-1131 Siège de ChâtelAillon - Guillaume X, duc d'Aquitaine contre Isambert, seigneur de Châtel-Aillon

Sur la Terre de nos ancêtres du Poitou - Aquitania (LES GRANDES DATES DE L'HISTOIRE DU POITOU ) <==....

 

 

 


 

La forêt de Chizé au Moyen-Age ; 1086 mort de Guy-Geoffroy-Guillaume VIII d'Aquitaine -

Avec plus de 5.000 hectares, la forêt de Chizé proprement dite constituait la plus importante forêt du Poitou médiéval (1), avec la forêt de Moulière (2).

 

(1)    FROUZILLES, en la commune de Saint-Georges-les-Baillargeaux (Vienne), fief possédé par le chapitre de Saint-Hilaire de Poitiers.

Dans une charte, en date de janvier 990, par laquelle Guillaume Fier-à-Bras, duc d’Aquitaine et abbé de Saint-Hilaire, à la prière de Gonthier, chanoine de cette église, accorde à un Guillaume et à sa femme, ainsi qu’à deux personnes qui leur succéderont, deux quartes de terre avec une maison et des vignes situées à Frouzille, moyennant une redevance annuelle de quatre sous.

Cette charte contient un passage dans lequel, après le préambule ordinaire, Guillaume Fier-à-Bras s’exprime ainsi : Qualiter, accedens ante nostram presentiam quidam clericus noster nomine Gunte- rius, deprecatus est nos ut aliquid ex suo bencficio, quod est ex ratione beati Hylarii, pertinente ex abbatia sancti Pauli, que est sita in pago Pictavo, in villa que dicitur Forzillus, videlicet quartas duas de terra cum maisnili et vineis, etc.

A la fin de cette pièce figure cette mention : « Signum Willelmi comitis et abbatis, Gunterii qui hanc manufirman fieri jussit vel affirmare rogavit, etc. »

(2) Ver 1060. Cet échanges est antérieur à la bulle du pape Alexandre II, qui la mentionne.

(3) Sic, au lieu de que.

(4)    Cart. de Saint-Cypr., no 515, p. 312.

(5) Archives de Maine-et-Loire. – Abbaye de Saint-Florent de Saumur. Histoire (manuscrite) de l'abbaye de Saint-Florent de Saumur, p. 179 verso. Copie déposée à la bibliothèque publique d'Angers. En marge, D. Huynes a mis « Sainte Agnès est le 21 de janvier.. » – Le manuscrit original est aujourd'hui aux archives de Maine-et-Loire.

(6) Art de vérifier les dates. Comtes d'Anjou. Foulques le Réchin. – Anselme Hist. généalogique, t. VI, p. 15.

(7) Cart. de Cluny, t. IV, p. 522,

(8)    D. FONT, XV, 103.

(9)    Le pape Urbain II dans une bulle datée de 1093 avait officiellement institué le comte de Poitiers protecteur et défenseur de l'abbaye de la Trinité « Praeterea statuimus ut Andegavensis, Pictaviensis ac Vindocinensis comites omni tempore sint adjutores ac defensores ejusdem loci, ad honorem apostoficae sedis »  Voir le Cartulaire de la Trinité de Vendôme, charte CCCXLIII.

(10) L'abbé Geoffroy s’était plaint assez vivement auprès du pape Urbain de l’évêque de Saintes, qui profitait de toute occasion pour absoudre de son excommunication Ebles «  toujours indocile aux ordres pontificaux » sans l'obliger avant tout à réparer ses torts envers les religieux. (Livre 1ettre 1re); Il réitère ses plaintes plus loin au sujet de Judith, femme d’Eble, que Ramnufle avait absoute de son excommunication avant le plein et entier accomplissement de la foi jurée.

(11) Cart. Saint, de Vend., XL, 72-75.

(12) Parmi les louanges que Geoffroy prodigue au duc d'Aquitaine, signalons celle-ci, livre v, lettre 19 :  «  Vos autem, dux vitae laudabilis, quem corporis pulchritudine super alios Deus honoravit in mundo. » Il devait même se rendre près de lui, mais une indisposition, « renum infirmitas cum dolore lateris », l'en empêchait à son grand regret.

Guillaume fut un des plus illustres champions de la seconde croisade en 1101. Geoffroy écrivait à Mathilde et lui faisait part de toute sa sollicitude pour le succès et l'heureux retour de son mari « Maritus vester Hierusalem perrexit. ….ut ipse Deus cum ad vos sanum et incolumem cum omni victoria reverti faciat suppliciter rogamu » (Ibid., lettre 22).

(13) Geoffroy s'empressa de reconnaitre la pacifique intervention du comte de Poitiers en cette affaire « Meminisse debet, optime princeps, vestra prudentia, nos domino abbati de. Sancto Johanne, de querelis, quas adversus illum habebamus, pro amore vestro terminum dedisse. (Ibid., epist. 19).

 (14) Cart. de Saint-Jean d'Angély, t. Il, CCCXLVI, 11.

(15) Cart. de Saint-Jean d'Angély, t. Il,  CCCL, 15.

(16) D. FONT, t. LXIII, p. 28.

(17) Cart. de Saint-Jean d'Angély, t. Il, CCCXLVII, 12.

(18) Cart. de Saint-Jean d'Angély, t. 1, xxxix, 55.

 

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