La Rochelle, Église Notre-Dame-de-Cougnes - don d’Isambert de Châtelaillon aux moines de Cluny de l'île d'Aix 1067
Les historiens indiquent Cougnes comme lieu de naissance de la Rochelle, avec des dates un peu imprécises, au début du XIe siècle (1). Aucune description géographique n'est donnée, sinon une vague indication : l'existence de « salines ».
Cougnes dépendait de l'importante cité forteresse de Châtelaillon, dont un Isambert fut le premier seigneur, sous l'autorité de son suzerain poitevin, Gui-Geoffroy, dit Guillaume VIII.
On nous dit qu'Isambert était un homme bon, qu'en 1067 il fit don aux moines de Cluny de l'île d'Aix, ainsi que d'une parcelle de terrain rocheux située à Cougnes.
Les moines y auraient établi une petite aumônerie avec une église Sainte-Marie. Il fallut creuser un puits d'eau douce, mais le lieu était moins élevé qu'à notre époque, et donc plus sensible aux marées, ce qui expliquerait « les salines proches » ; la possession de ces terrains était assortie d'un droit de pêche exclusif.
Guillaume VIII confirma les dons « aux Eglises » d'Aix et de Cougnes, ainsi que les droits acquis, mais Isambert mourut dès 1077.
Un petit peuplement existait certainement autour de l'église, mais ni les travaux récents effectués sur le site présumé, ni les fouilles archéologiques de la place Cacaud en 1988, n'apportèrent d'éléments pour en dire davantage.
En 1086, Guillaume, âgé de quinze ans, remplace son père à la tête du Poitou.
Profitant de la jeunesse et de l'inexpérience de son suzerain, Eble de Châtelaillon décide d'enlever aux moines de Cluny les dons faits par son père, dont Cougnes, où depuis vingt ans les hommes avaient fait l'expérience de la tutelle religieuse et des contraintes qu'elle imposait.
Certains profitèrent de la situation pour créer un nouveau site de vie, plus près des côtes ouest et sud, tout en se donnant une sorte d'organisation administrative. On créa des chemins tortueux dont le tracé existe encore, puis un parcellaire fut établi. Chaque maison possédait un terrain servant de jardin. On creusa des caves dans le calcaire bosselé; avec les matériaux extraits et des pièces de bois, on put établir la pièce principale de résidence. Le puits indispensable était creusé soit dans la cave, soit dans le jardin. Ainsi fut utilisée toute une partie de ce qui devint plus tard la base de la vieille ville, et la Rochelle était née pendant les dix ans de la rébellion d'Eble, excommunié en 1096.
Alors, il ne fut pas difficile à Aliénor d'Aquitaine de nommer un maire et d'accorder ou de confirmer des avantages que les intéressés s'étaient octroyés par avance.
Le développement de la bourgade fut normalement poursuivi dans la nouvelle zone géographique partant du sud au plus près de la mer (rues Chef-de-Ville et du Temple), profitant des circonvallations du terrain allant vers le nord (rues du Palais et Chaudrier). De cet axe le plus haut partirent les autres rues en pente, soit vers la mer à l'ouest, où fut créé le port, soit vers l'actuelle rue des Merciers.
La fondation des premières églises et chapelles, un port, un château, l'implantation templière, la construction des premières murailles importantes avec leurs premières tours, de 1130 à 1140, délimitèrent la Rochelle dans sa première jeunesse, laissant Cougnes hors des murailles, d'où le nom de Cognehors.
Toutes ces hypothèses sont confirmées par les archives du sol qu'ont révélées les recherches et découvertes archéologiques de ces vingt dernières années, ainsi que les nombreux constats au cours de travaux publics ou privés.
Par la suite, cette première ville de la Rochelle s'est agrandie par le nord et par le sud. Les fortifications furent détruites, puis reconstruites sur d'autres emplacements, au hasard des sièges ou de la politique du moment. Ainsi, les rues et l'habitat furent souvent modifiés, des maisons et des quartiers entiers ont été brûlés ou sont tombés par vétusté, on a reconstruit. Les rues ont été lentement réalignées ou créées de toutes pièces, des travaux importants ont été engagés dans le sous-sol ; il en subsiste des vestiges, toujours soigneusement entretenus par la ville, propriétaire des lieux.
Revue de la Saintonge et de l'Aunis : bulletin de la Société des archives historiques
Les premiers seigneurs de Châtel Aillon<==
Ile d’Aix, le prieuré Saint-Martin et le moine de Cluny Richardus Pictaviensis <==.... ...==>La Porte de Cougnes – Entrée Solennelle des Souverains à la Rochelle
La vie d’Aliénor d’Aquitaine <==
Le port d’Aliénor d’Aquitaine : Voyage dans le temps des Templiers et Hospitaliers de la Rochelle.<==
L'histoire du Poitou, avant la conquête de Jules-César, était enveloppée dans une nuit profonde : on ne connaît pas même l'ancien nom de cette province qui n'a été appelée Pictia qu'après l'arrivée des Pictones, nation Scytique qu'il ne faut pas confondre avec les Pictes, qui ne vinrent en Poitou que plus de douze cents ans après leurs devanciers.....
1. Sur les origines de la Rochelle, outre l'incontournable P. Louis-Etienne ARCÈRE, Histoire de la ville de la Rochelle et du pays d'Aulnis, La Rochelle, Desbordes, 2 vol., 1756-1757, voir les études récentes Robert FAVREAU, La Rochelle aux XIIe et XIIIe siècles. Naissance et développement d'une ville médiévale, La Rochelle, 1993; Jean NAPPÉE, Les origines de la Rochelle, La Rochelle, 1994; Jean-Claude BONNIN, L'ancien château de Vauclerc à la Rochelle, La Rochelle, 1996. Nos vues sont parfois un peu différentes de celles de ces auteurs.
La Porte de Cougnes – Entrée Solennelle des Souverains à la Rochelle