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PHystorique- Les Portes du Temps
18 juin 2022

911 Siège de Chartres – Rollon, chef des Normands contre l'évêque Gantelme, Richard, duc de Bourgogne et Eble, comte de Poitou

911 Siège de Chartres – Rollon, chef des Normands contre l'évêque Gantelme, Richard, duc de Bourgogne et Eble, comte de Poitou

Le second miracle dont le Recueil de Toulouse nous fournit un texte inédit, est intitulé : De urbe Camotensi per tunicam protecla. On reconnaît déjà la merveilleuse victoire remportée sur Rollon par les Chartrains grâce au Voile de la Sainte Vierge, arboré en guise d'étendard par l'évêque Gantelme.

Le récit de l'auteur anglais se divise en deux parties.

La première raconte le siège de la ville et l'effet que produit sur les Normands l'apparition du Voile.

Nous traduisons :

L'an de l'Incarnation 898, Rollon, chef des Normands, qui était descendu du Septentrion pour être le fléau de Dieu, accompagné de peuples nombreux et divers, avait traversé la mer sur un petit nombre de navires, comme on le rapporte, et avait envahi la terre qui a pris le nom de ses sujets et ; s'appela la Normandie.

Après avoir fait d'innombrables massacres des Francs, et détruit leurs villes, il mit le siège devant Chartres.

A cette époque, l'évêque de cette cité était Waltelinus, homme très religieux, et très agréable à Dieu. Celui-ci voyant le-danger où se trouvait la ville que Dieu lui avait confiée, usa de prudence : il invoqua le secours de Richard, duc de Bourgogne, et d'Eble, comte du Poitou, afin d'empêcher plus facilement avec leur appui l'investissement de la ville.

 Mais il comptait plus sur Dieu que sur les hommes. Il entra donc dans la sacristie de l'Église, et, poussé par la nécessité, avec un grand respect et une grande crainte, il prit ce qui était le plus riche des trésors et plus précieux que toutes les perles, la Tunique de la Sainte-Mère de Dieu, qui était alors conservée très-dignement dans le trésor de la basilique.

Ayant attaché très solidement ce très saint vêtement au bout d'une lance fort longue, le dit évêque comme un porte enseigne porta la Tunique de la Reine du Ciel en guise d'étendard et, suivi de toute l'armée marchant en ordre et invoquant le secours de la Sainte-Mère de Dieu, il sortit de la ville avec une grande confiance.

 En effet la puissance divine ne lui fit point défaut.

 Aussitôt que les ennemis eurent attaqué l'armée qui s'avançait contre eux un grand prodige dû aux mérites de Sainte Marie apparut aux yeux de tous : l'armée ennemie et son chef étaient divinement frappés d'aveuglement et ne savaient plus où aller ni que faire. Chose admirable !

Vous auriez vu cette armée comme prise de vin, allant et venant, de çà de là, comme les frénétiques, ouvrant des yeux privés de lumière, également incapable de fuir ou d'avancer. »

Cette première partie ne nous apprend rien de nouveau. Le moine Paul dans l’Aganon (Cart. S. Père, p. 12), l'original latin des Miracles de N. D. (miracle 31°), la traduction de Le Marchand (miracle 27e), la Vieille-Chronique, (I. 41), plus de 25 chroniqueurs antérieurs au XIVe siècle nous ont raconté cette défaite de Rollon (1).

Mais s'il commence comme ces divers écrivains, l’auteur du Recueil de Toulouse ne continue pas de même.

« L'armée chartraine comprenant que les ennemis étaient frappés de Dieu et abusant du pouvoir qui lui était donné commença à en tuer ou blesser un grand nombre. Cette conduite ne plut point à Notre Seigneur et à sa très pieuse Mère, comme on le vit bien par ce qui suit.

En effet Rollon et son armée, écrasés par la puissance et les mérites de Marie la sainte mère de Dieu et la Vierge perpétuelle, étaient en fuite :  ils étaient poursuivis, serrés par les chrétiens qui les massacraient et les tuaient de tous côtés, quand, ô douleur, disparut, dit-on, la très-sainte et très pieuse Tunique de la Protectrice du genre humain.

Et alors les Normands recouvrant la vue s'échappèrent, et la cité chartraine à cause de ses péchés demeura jusqu'à nos jours privée d'un si grand secours et d'un tel trésor.

 Ce qui apprend qu'on ne doit pas quand Dieu exécute ses jugements outrer la justice humaine. Que tous les chrétiens prennent donc garde de l'offenser par leurs péchés, surtout par l'orgueil et la cruauté, de peur qu'il ne s'éloigne et qu'eux- mêmes ne soient maintenant privés de son secours et plus tard damnés pour l'avoir méprisé. »

Ainsi finit le récit de l'auteur anglais.

Les autres chroniqueurs ou se taisent sur la retraite de Rollon ou l'expliquent par un stratagème de ce chef rusé. Il aurait ordonné à quelques soldats de traverser nuitamment les lignes ennemies, de se cacher dans les bois de Lèves, et là de sonner la retraite pour faire croire aux Chartrains qu'il leur avait échappé. C'est ce que raconte le moine Paul (Cart. S.-Père. I. 47).

Mais ce moyen habile est inconnu au religieux de Bosham. Selon lui, la Sainte Vierge mécontente de la cruauté des assiégés, leur aurait enlevé sa précieuse Tunique qui aveuglait leurs ennemis et qui leur procurait la victoire.

 Il ajoute même que cette Tunique, au moment où il écrivait, c'est-à-dire vers 1130, n'existait plus à Chartres.

C'est là un trait curieux, il est même unique, dans l'histoire du Voile de la Sainte-Vierge.

Est-il besoin de dire que c'est un trait absolument faux? Le moine anglais ne l'appuie que sur un bruit vague. ut fertur : évidemment ce bruit mal défini a pour cause la rancune des Normands ou de leurs descendants, qui, pour se venger de leur défaite, répétèrent que les Chartrains avaient perdu dans la lutte même la Tunique victorieuse.

Il est probable que ce bruit ne courait, surtout au commencement du XIIe siècle, que dans les plus lointaines contrées de l'Angleterre.

A cette époque la Tunique était plus que jamais honorée à Chartres.

Les Cartulaires sont remplis de donations faites à la Sainte-Châsse; on en compte au moins 13 se rapportant certainement aux années qui nous occupent. On ferait une longue liste si l'on devait relever toutes les mentions de la Sainte Tunique qui du XIe au XIVe siècle se trouvent dans nos Chartes et dans les Chroniqueurs.

Cependant deux auteurs ont rapporté la délivrance des Chartrains et leur châtiment de la même manière que le rédacteur du manuscrit de Toulouse.

 Le premier est Etienne de Bourbon, dominicain du XIIe siècle, qui a composé un recueil d'exemples à l'usage des prédicateurs. Son récit a été publié jadis par Echard et récemment par Lecoy de la Marche.

Ces deux savants ont avancé qu'il en avait emprunté la première partie, celle qui concerne l'aveuglement des Normands, à Roger de Hoveden, et la seconde qui renferme la disparition du Voile, à une source inconnue ou à la tradition locale. Cette dernière explication est timidement avancée par M. Lecoy de la Marche (2).

La vérité est que Etienne de Bourbon a suivi le moine de Bosham dont il a adopté l'ordre et les locutions, comme on pourra le voir en comparant leurs textes publiés ci-après. Il copie sans doute la première partie d'après Roger de Hoveden qui avait déjà connu et résumé le texte de Toulouse; mais pour la seconde il la résume lui-même d'après le même original.

C'est là seulement qu'il trouve le trait de l'enlèvement du Voile, et non dans la tradition locale qui l'ignore, ni dans Roger de Hoveden qui, bien qu'anglais, l'a omis de propos délibéré parce qu'il en connaissait la fausseté.

 Seul le texte de 1130 le lui a fourni, il l'a suivi aveuglément sans prétendre le contrôler, différent en cela de Roger de Hoveden; il n'a donc pas une autorité propre et indépendante.

Le second auteur qui signale l'enlèvement du Voile est Jean Miélot, du XVe siècle. On sait qu’il était le traducteur attitré de Philippe le Bon, et qu'il composa pour son maître d'admirables manuscrits.

L'un d'eux, actuellement conservé à la Bibliothèque Nationale sous le n° 9199 (fonds français), est intitulé : Les Miracles de N.-D. (3) C'est là que nous avons rencontré (f°2) un récit français du miracle de Rollon plus curieux encore que celui de Toulouse.

En effet il combine ensemble la légende et l'histoire : son auteur a connu la fable anglaise de la disparition du Voile, mais il sait que ce Voile est encore conservé à Chartres. Comment concilier ces deux faits contradictoires ? C'est très simple : le Voile fut ravi, dira-t-il ; mais il ajoutera qu'il fut immédiatement restitué.

Voici le texte de Jean Miélot :

« Ung miracle de ceulx de la cité de Chartres et du duc de » Normandie,

» Or doncques comme ung duc de Normendie out une fois assiégé la cité de Chartres et tenoit ceulx de dedens en grant dangier, l'evesque de cette cité print la Robe linge de la Vierge Marie qui estoit en la trésorerie de l'église et la mist sur une lance en manière et en semblance d'une banière: en ce point s'en issirent de la cité l'evesque et le peuple contre le duc en requérant humblement le secours et l'ayde de la glorieuse Vierge, et advint si corne le duc et ses Normands regardèrent cette banière qu'ilz furent tous aveulglés.

Ceulx de Chartres leur coururent sus, plusieurs en occirent et navrèrent et les aultres s'enfuirent. La glorieuse Vierge se courouça à ceulx de Chartres por ce qu'ilz avoient occis les Normands : car elle ne vouloit pas que sa Robe fust occasion de la ruine des Normans.

Si que tout soudainement la Robe se évanuist et les Normans recouvrèrent leur vue tout incontinent, mais ils s'appaisèrent aux Chartrains, quant ils sceurent la vérité du miracle qui fut advenu, et lors la glorieuse Vierge rendit aux Chartrains sa Robe. »

En terminant cette étude nous devons offrir tous nos remerciments à M. Paul Gillard qui, après avoir gravé sur nos indications la miniature ci-jointe, a bien voulu qu'elle fût insérée dans ce travail.

Cette miniature, oeuvre d'un artiste de Philippe le Bon, accompagne le récit de Jean Miélot dont nous avons donné le texte plus haut.

En avant, on voit les Chartrains et les Normands aux prises, ceux-ci sortent de leurs tentes armés d'arbalètes et de lances, ceux-là s'élancent à cheval des portes de la Aille en brandissant leur épée.

 Les uns et les autres sont bardés de fer comme les chevaliers du Moyen-Age.

L'intérêt principal de cette gravure est dans le Voile de la Sainte Vierge flottant dans les airs en guise d'étendard et projetant autour-de lui de vifs-rayons de lumière ; il est aussi dans la ville même qui se dresse au fond, avec sa grande porte, ses murailles crénelées, ses églises ajourées et ses nombreux clochetons.

 On y chercherait en vain la ressemblance de ce qui existait autrefois. Seuls, la grande porte et les murs ont quelque analogie avec notre Porte Guillaume et nos anciens remparts.

Quant aux églises et à leurs nombreuses flèches, elles n'ont rien de commun avec la Cathédrale et sont dues tout entières à l'imagination de l'artiste.

Malgré ce caractère fantaisiste, cette miniature méritait d'être reproduite : elle nous montre l'idée que se faisaient de Chartres au XVe siècle ceux qui ne l'avaient point visité ; ils le considéraient avec ses murailles et ses clochers comme le type par excellence de la vieille ville gothique.

M. Léopold Delisle nous apprend que la Bibliothèque Bodleienne de Londres possède un second exemplaire du Mss. de Paris où se trouve cette belle peinture, et qu'un riche amateur anglais, M. John Malcolm de Poltalloch, en a fait une reproduction autotypique. On n'a point fait le même honneur au Mss. 9199 de la Bibliothèque nationale.

La gravure de M. Gillard est certainement unique : déplus elle est si exacte qu'elle rivalise avec l'original ; on peut dire qu'elle mérite tous les éloges, car elle satisfait à la fois l'artiste, l'archéologue et l'historien, j'ajouterais même le dévot serviteur de Notre-Dame de Chartres.

  1. CLERVAL.

 

 

 

 

PIEGES JUSTIFICATIVES

Mss. de Toulouse, 482, f" 74.

 

De Fulberto Camotensi episcopo.

Transactis temporibus exstitit in Camotensi civitate quidam preclare memorie episcopus nomine Fulbertus, cujus industria et litterarum peritia precipue in amore Sancte Marie excelluit. Denique non contentas perpétue virginis ab antiquo celebratis sollempniis suo potissimum curavit exemplo ut Nativitas ejus toto coleretur orbe romano. Preterea Laudum adjecit cumulo Sermonem et Responsoria que per se satis nota notas nostras non desiderant.

Tante devotioni benignissima Domina taie refudit officium ut eumdem Fulbertum in valitudinio decumbentem et jam pêne in mortis janua constitutum ipsa per se visitaret, lac mamillarumfaciei despei'antis immulgens, conserto ante sermone amicabili quo de vicinia mortis suspectum, quod ita timeret pie interrogavit. Ille, vultu Domine agnito, de ipsius misericordia se sperare respondit, sed de Filii ejus judicio timere, quod idem qui sit misericors et propitius sit verax et justus. Tum illa : Ne timeas, mi Fulberte, ne timeas, inquam, ego cui tanto tempore detulisti obsequium, mediatrix ero inter te et Filium meum. Et ut certiorem te faciam de futuro, nunc te perfecte convalescere faciam ex hoc morbo. Simulque cum dicto, producta e sinu mamilla. preciosi et balsamici liquoris très guttas super eum jecit et abiit. Ita confestim intègre incolumitati datus, céleste nectar vase argenteo excipi et ad memoriam servari precepit.

Quis hoc crederet nisi quia ita per omnium ora volutatur ut non tôt astipulatoribus credere impudens videatur. Parum est enim Domino si dilectores suos eternis tueatur auxiliis, nisi eciam corporalibus lactet stipendiis.

Fulberti certe industriam spirat adhuc urbs Garnotina, nulli in tota Gallia vel doctrina vel clericorum copia secunda. Preterea in sancte Marie veneratione ita fervida ut si quis eciam plebeius simplicitcr sanctam Mariam vocet nec adiciat Dominam nostram, sit dampnabile et pene capitale omniumque denotetur digito, pro immani contemptus obprobrio : ad laudem Domini nostri Jesu-Ghristi qui cum Pâtre...

 

 

Mss. de Toulouse, 482, f» 23.

DE URBE GARNOTENSI PER TUNICAM PROTECTA

Anno dominice Incarnationis octogentesimo xc° vin 0, Rollo primus Normannorum qui jam a septentrionali parte divino examine veniens, multis secum diversis ex gentibus comitantibus, cum paucis, ut fertur, navibus mare transiei'at sicque terram ab ipsis gentibus Normanniam postea dictam petierat, innumeras strages de Francis agens, civitatesque eorum capiens Carnotensem urbem obsedit.

Ea tempestate quidam episcopus nomine Waltelinus in eadem civitate erat vir religiosissimus Deoque acceptabilis. Is cum periculum civitatis sibi a Deo commisse cerneret, sapienti usus consilio, Ricardum Burgundie ducem et Ebalum Pictaviensium comitem in suum auxilium provocavit, qnatenus illorum munimine septus facilius hostem ab impugnatione civitatis procul arceret. Verumenimvero quoniamin Dei ejusque beatissime Genitricis Marie adjutorio potius quam in hominum auxilio spem suam posuerat, in secretario ecclesie ingressus thesaurum permaximum omnique margarita preciosius. Tunicam videlicet ejusdem Sancte Marie matris Domini, que tunc temporis in thesaurario basilice dignissime servabatur cum maxima reverentia et nimio timoré causa tante necessitatis sustulit.

Collocato igitur eodem sanctissimo indumento firmissime super hastam permaximam idem episcopus, quasi signifer egregius, adinstar vexilli, Tunicam Régine celi preferens, omni exercitu seriatim eum sequente, adjutoriumque sancte Dei genitricis invocante. civitate cum magna flducia egressus est. Nec defuit virtus divina. Statim enim ut hostes impetum in acie contra se venientem moliti sunt tam mirum prodigium operantibus Sancte Marie meritis omnibus apparuit, ut hostilis exercitus cum suo duce divinitus cecitate percussus quo iret vel quid ageret ignoraret. Cerneres, mirabile dictu, omnem hostilem exercitum, ut vino debriatum hue illucque gradum more freneticorum ferre ac referre, oculos sine officio visus apertos tenere, nec fugere nec aliquid fortiter agere.

Intelligens itaque Garnotensis acies suos hostes a Deo percussos, abusi potestate divinitus sibi concessa quamplures sternere, multos ex eis débilitare, ceperunt. Quod nequaquam Domino nostro Jesu Christo ejusque piissime genitrici placuit, ut in sequentibus patuit.

Dum enim Rollo, cum suo exercitu angustiis pressus, virtute et meritis sancte Dei genitricis et perpétue Virginis Marie in fugam versus esset et insuper a Christianis cedentibus et undique interficientibus insequeretur, premeretur, heu! proh dolor, ut fertur, disparuit illa sanctissima et preciosissima Tunica protectricis humant generis : sicque hostibus visum recipientibus fugaque labentibus Garnotensis civitas, peccatis exigentibus, tammagno presidio tantoque thesauro haotenus caruit.

 Unde datur intelligi neminera hominum Deo suum judicium exequente humanum judicium exaggerari debere. Caveant ergo omnes Christiani Deum peccatis offendere, maximeque superbia et crudelitate, ne forte, quod absit, et in presenti illius adjutorio careant et in futuro ob ejus contemptum dampnationem abeant (sic): quodanobis omnipotens Deus Sancte Dei genitricis meritis avertat, qui per infinita secula vivit et régnât. Amen.

 

 

MÊME SUJET

Anecdotes... d'Etienne de Bourbon, par Lecoy de la Marche, p. 112. — Echard, Scriptores, 0. P. I, 190.

Item anno Domini 911, Rollo. dux exercitus Normannorum, multas terras vastans stragesque Francorum faciens, obsedit Carnotum, cujus episcopus, Galcellinus (4) nomine, confisus in beata Virgine, convocato Ricardo, duce Burgundie, et Ebalo, comite Pictavie (5), cum suis aggressus est hostium infinitam multitudinem, habens tunicam beate Virginis pro vexillo, que ibi servabatur qua visa, hostes adeo sunt excecati, ut nescirent quo irent quove se verterent.

Rollon, le commandant de l'armée des Normands, dévastant de nombreuses terres et faisant des ravages sur les Francs, assiégea Carnot, dont l'évêque, du nom de Galcellinus, se fiait à la Sainte Vierge, ayant appelé Richard, duc de Bourgogne, et Eble, comte de Poitou, avec ses hommes, il entreprit un nombre immense d'ennemis, ayant pour étendard la tunique de la Sainte Vierge, qui y était gardée quand on la vit, et le les ennemis étaient tellement aveuglés qu'ils ne savaient ni où ils allaient ni où ils se tournaient.

Carnotenses autem, videntes eos insensibiles et quasi amentes, in eos nimis immisericorditer seviunt et eos cedunt et occidunt, dum se non possint juvare.

Chartres, les voyant insensibles et comme fous, sèment contre eux très impitoyablement, et les cèdent et les tuent, tant qu'ils ne peuvent s'en empêcher.

Et, quia beate Marie non placuit, sublata est de medio ejus tunica et disparuit, et hostes, visu recuperato et viribus, in fuga labuntur, et civitas liberatur, viduata tam precioso thesauro.

Et parce qu'elle ne plaisait pas à la bienheureuse Marie, la tunique fut retirée de son sein et disparut ;

 Ex quo patet quod ubi adest divinum judicium, humanum non est adhibendum (6).

De là, il est clair que là où le jugement divin est présent, l'humain ne doit pas être utilisé

 

 

Anecdotes historiques, légendes et apologues tirés du Recueil inédit d'Étienne de Bourbon... / publ. par A. Lecoy de La Marche

 

Mémoires de la Société archéologique d'Eure-et-Loir

 

 ==> Les Fortifications de Chartres – La Porte Guillaume détruite en 1944 (Time Travel)

 


 

(1) M. de Lépinois, Histoire de Chartres, I, 36, nomme plusieurs de ces chroniqueurs, note 2e.

(2) Echard. Scriptores ord. Fr. Praed., 1,190. — Anecdotes historiques tirées du Recueil inédit d'Etienne de Bourbon par Lecoy de la Marche, 1877, p. 112.

(3) Voir sur ce manuscrit et son auteur l'article publié par le savant M. Léopold Delisle dans le Bulletin historique et philologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, nos 1-2, de 1886.

(4). Pour Gantelmus. L'évêque de ce nom siégea de 898 à 920 environ.

(5). Richard, duc de Bourgogne, et Ebles, comte de Poitiers, duc d'Aquitaine, défirent les Normands en 911

 

Ducs d' Aquitaine et Comtes de Poitou et plus

L'histoire du Poitou, avant la conquête de Jules-César, était enveloppée dans une nuit profonde : on ne connaît pas même l'ancien nom de cette province qui n'a été appelée Pictia qu'après l'arrivée des Pictones, nation Scytique qu'il ne faut pas confondre avec les Pictes, qui ne vinrent en Poitou que plus de douze cents ans après leurs devanciers.....

 

(6). F° 231. Cette dernière anecdote est citée par Échard (I, 190). Il en juge la première partie empruntée à Roger de Hoveden et ne se prononce pas sur l'origine de la seconde, qu'il faut sans doute chercher dans une tradition locale. La première figure aussi seule dans les Miracles de Notre-Dame (ms. 12593, f° 147 V).

 

 

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