Raids vikings (Normands) en Poitou et dans la vallée de la Charente
La Charente était facilement navigable à l'âge du fer grâce au petit gabarit des embarcations de l'époque, et servait au transport du sel. La découverte de pirogues monoxyles en donne la preuve.
Le port maritime des Celtes Santons se trouvait à son embouchure qui était alors un estuaire très profond et très découpé.
Saintes, Cognac et Jarnac étaient des ports gallo-romains importants. Ausone célèbre la Charente et des chroniqueurs romains témoignent d'un important trafic fluvial. Ptolémée au IIe siècle trace les coordonnées du portus Santonum, le port maritime des Santones à l'embouchure du fleuve.
(spectacle Bourg-Charente Tableau 3 : Les invasions barbares)
Les Vikings remontent la Charente, et détruisent Saintes et Angoulême. Dans la période qui va suivre, les hauteurs sur le fleuve vont se couronner de castrums qui seront ensuite rebâtis en pierre formant une suite de châteaux-forts, pour la plupart détruits durant la guerre de Cent Ans, le fleuve servant de frontière durant certains épisodes.
Aussitôt le partage de l'Empire selon les clauses du traité de Verdun (843), des désordres se produisirent en Aquitaine par suite de la mauvaise administration de Pépin II, fils de Louis-le-Débonnaire, qui refusa d'obéir aux ordres de Charles-le-Chauve. Charles lui enleva ses Etats et se fit couronner roi d'Aquitaine à Limoges en 848.
Il partagea le pays entre, des ducs et des comtes qui jurèrent d'user de toutes leurs forces pour lutte contre les Normands. Ces luttes intérieures n'avaient fait qu'augmenter la rapacité des pirates:
Depuis la mort de Charlemagne, les côtes de l'Océan étaient le théâtre de brigandages et de meurtres; l'île d'Aix avait été ravagée. Le fleuve la Charente facilitait les incursions des Normands. Saintes, en 844, tomba sous leurs coups, les bourgades furent saccagées sur leur passage jusqu'à Angoulême, qui ne fut pas épargné.
L'ermitage de Saint-Cybard, que Charlemagne venait de transformer en abbaye, fut brûlé, les temples renversés et la cathédrale fut presque rasée. Le peuple d'Angoumois ne pardonna pas à Louis-le-Débonnaire et le clergé lui resta hostile parce qu'il ne fit rien pour arrêter l'invasion.
C'est aux comtes d'Angoumois que nous devons la résistance opposée à ces ennemis dangereux qui poussèrent leurs ravages jusqu'à Saint-Amant-de-Boixe et Montignac. Dans cette dernière localité, on a cru longtemps que le Fossé du Comte était un reste des travaux de défense contre les Normands, car la Charente, de ce fait, devenait non navigable de Montignac à Vibrac. Il ne faut voir là qu'une ligne de démarcation entre les Comtés d'Angoulême et de Saintes.
Nous compterons parmi les défenseurs de l'Angoumois un des vaillants capitaines de Charles-le-Chauve, le comte Turpion, qui pendant vingt ans, de 845 à 863, lutta avec une énergie rare, mais mourut des suites d'une blessure qu'il avait reçue dans un combat contre un chef Normand dont il avait d'ailleurs été vainqueur. Son frère Emenon continua la lutte et repoussa les Normands dans le Poitou; il aurait pu en débarrasser la contrée s'il n'avait pas préféré lutter contre Landry, comte de Saintes, auquel il disputait la terre de Bouteville.
Après la mort d'Emenon, Charles-le-Chauve désigna Vulgrin Ier, un de ses grands capitaines, comme gouveneur d'Angoumois et de Périgord ; pendant toute sa vie, Vulgrin guerroya pour mettre ces provinces à l'abri des ravages des pirates; il fit dresser les remparts autour d'Angoulême (886), fit bâtir le Châtelet d'Angoulême, les forteresses de Marcillac et de Matha qui servirent de garnison.
S'appuyant sur l'Edit de Kiersy-sur-Oise (877), il transmit ses pouvoirs de comte à ses enfants, comme une chose héréditaire : Guillaume fut comte de Périgord et Alduin comte d'Angoumois. Alduin fit terminer les remparts et la ville d'Angoulême fut considérée dès lors comme imprenable.
Le vieux château féodal fut bâti pour remplacer les nombreuses estacades élevées sur le bord des cours d'eau et du haut desquelles on jetait des matières bouillantes sur les assiégeants. En suivant les bords de la Tardoire, à Rochebertier et au vieux manoir de Cressiec, à Rancogne, on voit encore quelques-unes de ces substructions qui servirent de défenses au moment où les habitants de la contrée vinrent chercher un refuge dans ces cavernes pour échapper aux menaces des Normands.
Vers 887, une autre bande, de pirates remonta la Loire et la Vienne, une partie arriva jusqu'à Chabanais,et Limoges qu'elle brûla; les paysans se sauvèrent dans les bois.
Malgré le traité de Saint-Clair-sur-Epte (911), qui donna la main de la fille du roi Charles-le-Simple à Rollon, chef des Normands de la Seine, Thiebold, chef des Normands de la Loire et du Midi, laissa ses bandes parcourir le pays et commettre des meurtres et des incendies, et il fallut l'énergie du comte Alduin et de son successeur Guillaume Ier, dit Taillefer, pour chasser définitivement les Normands de l'Angoumois. On dit même que Taillefer, avec son épée, fendit en deux un chef normand, Storis ou Stonius (916), de là viendrait son surnom.
Ainsi finit cette invasion qui augmenta la puissance des seigneurs, mais jeta le peuple dans la misère et détruisit les monuments que la civilisation romaine avait édifiés.
Des forteresses construites à cette époque, il ne reste guère plus que des ruines de vieilles tours à. créneaux et à meurtrières et l'emplacement des fossés et des grosses murailles, gardées par des tourelles élevées de loin en loin. En Angoumois, l'époque féodale primitive est représentée par les forteresses de Chaumont près Lavalette, Marcillac, Jarnac, Loubert (motte féodale), Ambournet, Les Manteresses près Montbron, Coyron près Bardenac, Guignebourg, Fontenille (château Renaud), entre Montjean et Londigny, Métrie près Chasseneuil, Rochecoradl, enfin celui de Rançon qui servit de refuge aux troupes du fameux Normand Hastings vaincu à Brissarthe (886).
L. BERTRAND. Études locales : bulletin de la Société charentaise des études locales
La fabuleuse histoire du Cognac à Bourg-Charente <==.... ....==> Bourg- Charente, visite du roi François 1er dans le vignoble Cognaçais
Chapitre V Fouras et l'embouchure de la Charente depuis la domination Romaine jusqu'à l'An Mil, Les voies antiques. L'invasion normande. Tandis que Saintes, Mediolanum des Santons sani ou liberi, se couvrait d'édifices sous l'administration romaine, avec une amirauté à Marennes ou à Saujon, sur la Seudre, le pagus ou pays des Arixos.
En 844; - Sous le règne de Louis le Débonnaire, on vit apparaître pour la première fois les pirates normands. Partis du littoral Danois et Norvégien, ils débarquaient sur les côtes, remontaient les fleuves et ravageaient les campagnes, pillant et brûlant tout sur leur passage. Cette année-là ils remontèrent la Charente.
Quand on descend les bords pittoresques de la Charente, quand on laisse derrière soi Angoulême, Châteauneuf, et peu après les coteaux de Saint-Même, on ne tarde pas à découvrir la ville de Jarnac, surgissant tout-à-coup de ses bosquets de peupliers, et se penchant sur le miroir du fleuve.
L'origine de Surgères est assez obscure. La division géographique et politique du pays d'Aulnis ne fut énoncée qu'à la fin du Xe siècle. La charte la plus ancienne qui cite la région surgérienne date de l'an 936. Pour s'opposer aux incursions des Normands qui, au IXe et au Xe siècle, descendaient sur les côtes de l'Aulnis, pillaient et dépouillaient les habitants de leurs biens et de leurs moissons, et portèrent même leurs ravages jusqu'à Saint-Jean-d'Angély, le duc de Poitou construisit une forteresse ... aaaa