Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
PHystorique- Les Portes du Temps
11 novembre 2020

Chroniques Fontenaisiennes 1794 (plan- dates)

12 juillet 1794– Une colonne républicaine de 3 600 hommes, commandée par le général Ferrand, fouille le refuge de la forêt de Grasla (7)

1er janvier 1794Augustin Belliard est installé comme commissaire national.

Exécution de Héraud, Henri, 27 ans, de Vouvant ;  Cornuau, François, 60 ans, bordier, de Menomblet ; La Roche, Henri, 19 ans, même commune, et Jeaulin, Jean, 20 ans, même commune, insurgés.

L'adjudant-général Dufour écrit de Chantonnay à Laignelot pour se disculper des accusations dirigées contre lui.

Le Directoire du district des Sables va rendre visite au représentant Laignelot. — Morgan, capitaine du génie, reçoit l’ordre de commencer les travaux de fortifications de la place ; Guénier, architecte, est chargé de la conduite et de l'exécution des travaux.

2 janvierLe Directoire du district de Fontenay ordonne le dépôt, dans le local de l'Administration, de tous les fers inutiles et vieux canons qui se trouvent dans les maisons abandonnées, les maisons d'émigrés et autres édifices nationaux ; — un autre arrêté interdit le colportage et la vente des échaudés, appelés fouaces, comme contraires aux prescriptions de l'arrêté sur le pain d'égalité.

Le District arrête, en outre, que l'or, l'argent et le cuivre envoyés par plusieurs communes au District et actuellement déposés au grenier d'abondance à Maillezais, seront conduits savoir : l'or et l'argent à la Monnaie de la Rochelle, et le cuivre à la fonderie de Rochefort. (Les fonderies de la marine du Ponant - Rochefort et les forges de l'Angoumois - Périgord)

Carpentier reçoit l'ordre de reprendre Machecoul. Il part de Challans avec 1,500 hommes, et rencontre le corps de Charette entre Machecoul et la forêt de Princé, à 3 heures du soir. Charette bat en retraite, laissant une centaine de morts sur le champ de bataille. Laignelot assistait à l'action et animait les soldats par son exemple.

La brigade Haxo part de Beauvoir se dirigeant sur Saint-Jean-de-Monts, pour effectuer le passage du Goua. Elle est accompagnée des trois commissaires de la Convention, Turreau, Prieur (de la Marne), Bourbotte et du général Dutruy, dont la brigade était cantonnée aux Sables.

La Commission militaire d'Angers condamne William Bulkeley, chef rebelle, ci-devant officier d'un régiment irlandais, à la peine de mort.

3 janvier. — Le bâtiment de l'Union-Chrétienne, connu sous le nom de Pensionnat, servira de magasin au District, et les trois prêtres irlandais y détenus, en vertu de la loi, seront transférés au couvent de Notre-Dame.

Guichet, nommé membre du District de la Châtaigneraie, se démet de ses fonctions d'administrateur du Département.

La colonne de l'adjudant-général Jordy, arrivant de Bouin, fait sa jonction, au village de Barbâtre, avec celle de Haxo, formant ensemble un effectif de 3,000 hommes. Elles marchent, de concert, sur Noirmoutier, où s'étaient réfugiés les Vendéens qui se rendent à discrétion, au nombre de 5 à 600 hommes, sans opposer de résistance.

Des visites domiciliaires sont opérées, pendant la nuit, dans les maisons de la ville. On arrête 600 personnes qui sont enfermées dans l'église, où se trouvent déjà 570 rebelles. — 50 canons, 7 à 800 fusils, des munitions de guerre et de bouche sont le fruit de la victoire de Turreau.

Charette reparaît devant Machecoul ; on marche à sa rencontre. Les rebelles prennent bientôt la fuite, abandonnant une centaine de morts, après deux heures de combat.

Carte pour servir aux opérations de la Guerre de Charette

(Carte pour servir aux opérations de la Guerre de Charette)

4 janvier. — Le Directoire de district défend aux vengeurs nationaux de s'emparer de la dépouille des citoyens mis à mort.

L 'Assemblée, dit l 'arrêté, considérant qu'il n'est point de citoyens témoins des dernières exécutions qui ont eu lieu dans cette ville, en vertu des jugements de la Commission militaire, qui n'aient été indignés de voir les aides du citoyen Asselin, exécuteur des sentences criminelles, dépouiller impunément ceux qui venaient d'être frappés du glaive de la loi ;

« Considérant qu'il est urgent de faire cesser un spectacle aussi répugnant que celui, dont le public a été témoin plusieurs fois ;

« Considérant que les vêtements des condamnés doivent les suivre jusqu'au lieu de leur sépulture, et qu'ils doivent être inhumés avec leurs habits ;

« Arrête qu'il sera fait défense au citoyen Asselin, à ses aides et au citoyen Godereau, de s'emparer des vêtements des individus mis à mort. »

Exécution d'Aumont, Jean, 44 ans, de Bourneau ; Frouin, Pierre, père, 54 ans, métayer, de la Chapelle-au- Lis; Frouin, Jacques, fils, 23 ans, même commune, et Jadeau, Antoine, 26 ans, de la Meilleraie-Tillay, insurgés.

Le bataillon de la 1re réquisition du District des Sables termine son organisation et est cantonné à la Chaume. Une Commission militaire est installée, dans la matinée, à Noirmoutier, et, en quelques jours, condamne à mort un grand nombre de rebelles. Elle est présidée par Collinet (2).

Le général Jacob se porte, avec 2,500 hommes de l'armée du Nord, du Port-Saint-Père sur Challans. — Dutruy donne l'ordre à Carpentier de se porter sur Legé. — Aubertin arrive à Mach-ecoul avec 900 hommes.

La dame Bulkeley, née Célestine Talour de la Carterie, chef rebelle, comparaît devant la Commision militaire d'Angers, et déclare être mariée à Bulkeley, officier irlandais, être âgée de 30 ans, noble, native d'Angers, et demeurer à Saint-André (3) en Poitou ;

 qu'elle a été forcée de suivre, pendant huit mois, l'armée des brigands, parce qu'on mettait le feu partout et que cela l'avait effrayée, ayant peur de mourir ; qu'elle a passé la Loire, à Varades, avec les rebelles et les a toujours suivis ; que le froid l'avait forcée à Ancenis de s'habiller en un costume masculin.

5 janvier. — Cinq détenus s'évadent de la maison Chessebeuf.

Carpentier part de Machecoul pour Legé. Il y rencontre l'adjudant-général Charlery avec 1,000 hommes. Sa troupe se rend à Palluau.

Guillot, dit Folleville, âgé de 33 ans, natif de Saint- Servan (Ille-et-Vilaine), se disant évêque d'Agra, ci- devant curé de Dol, est condamné à la peine de mort par la Commission militaire d'Angers, pour conspiration contre la République.

6 janvier. — La troupe de Carpentier se rend à Saint- Christophe-du-Ligneron qu'il livre aux flammes et reprend la route de Legé. — Aubertin va camper à la Garnache.

Exécution d'Arnaud, Marie, femme Barthélémy, 56 ans, de Saint-Vincent-d'Esterlanges, instigatrice des troubles.

==> la bataille de Noirmoutier, jugement et exécution du général Maurice d'Elbée ( 6 janvier 1794)

==> RORTHAYS UNE FAMILLE VENDÉENNE PENDANT L’INSURRECTION Notice sur les massacres de Noirmoutier en l'an II

François Lansier, maire de la Mothe-Achard, mande au Comité de surveillance des Sables, que la garnison de sa commune, composée de 1,000 hommes, manque de pain depuis trois jours. Le pain des habitants, et les farines, enlevées des moulins, ont alimenté la troupe depuis cette époque. Il le supplie de venir promptement à leur secours.

Le général Beaufort mande à la Convention l'arrestation du Prince de Talmont.

7 janvier. — La Municipalité annonce aux sacristains des paroisses Saint-Jean et Saint-Nicolas, que leurs fonctions étant supprimées, il ne leur sera plus alloué de salaire.

Jacques Arnaud, habitant de la Ferrière, expose au Comité de surveillance des Sables, que ce bourg a été incendié par ordre de Valentin, chef de bataillon du 110e régiment d'infanterie.

La colonne d'Aubertin marche sur Legé, qu'elle occupe jusqu'au 9.

Le Comité de Salut public blâme Léquinio d'avoir attenté à la liberté des cultes en Vendée.

8 janvier.Gigot d'Elbée, ci-devant généralissime de l'armée catholique, et sa femme, Duhoux d'Hauterive, son beau-frère; de Boissy, son ami; de Tinguy, René-Henri, gouverneur de Noirmoutier ; Alexandre Pineau du Pavillon, major-général, etc., sont exécutés sur la place de cette ville.

Donnissan, Joseph-Guy, natif de Bordeaux, et Desessarts, Charles-Marie-Michel, sont condamnés à mort par la Commission militaire d'Angers et leurs biens confisqués au profit de l'Etat.

9 janvier. — La Municipalité défend aux citoyens d'acheter du pain aux volontaires et interdit aux boulangers de leur en vendre.

Charette, avec 2,000 hommes, s'empare de Saint-Fulgent, dont la garnison se replie sur Mouchamp.

Aubertin quitte Legé et se rend à Beauvoir.

La Convention change les noms des iles Bouin et de Noirmoutier en îles de Marat et de la Montagne.

Mairaud, curé de Landevieille, abjure ses fonctions ecclésiastiques.

10 janvier. — L'adjudant-général Joba chasse les Vendéens, à 6 heures du soir, de Saint-Fulgent.

Charette y est blessé et y perd 300 des siens. — Aubertin arrive à Beauvoir.

11 janvier. — Aubertin arrive à Machecoul y remplacer Carpentier qui reçoit l'ordre de l'évacuer. Joba prend le commandement de la colonne de Luçon.

Exécution de David Mathurin, 25 ans, de Bouildroux, porte-drapeau ; Blanchard, Pierre, des Herbiers, chef de rebelles; Morand, Pierre-Euzèbe, 31 ans, chirurgien, à Ardelay, membre du Comité royaliste ; Mouchard, Michel 20 ans, farinier ; Launay, Marie, 24 ans, tailleur, à Châteaumur, canonnier; Siraudeau, Pierre, charpentier, 34 ans, même commune, instigateur des troubles ; Bouilleau, Louis, 28 ans, de Saint-Maurice-des-Noues, insurgés.

12 janvier. — La Convention ordonne la formation de l'état des terres confisquées sur les rebelles de la Vendée. — Elle adopte les six enfants de François Richer, commandant des canonniers de Noirmoutier, tué à l'ennemi.

12 juillet 1794– Une colonne républicaine de 3 600 hommes, commandée par le général Ferrand, fouille le refuge de la forêt de Grasla (5)

Joba, apprenant que Charette s'est retiré dans la forêt de Grâla, marche à sa rencontre.

Après une fusillade de quatre heures, ce dernier bat en retraite, laissant bon nombre des siens sur le terrain.

13 janvier. — Les détenus de Fontenay reclus dans les prisons de Niort, annoncent à leurs familles qu'ils seront dirigés, le surlendemain, sur la ci-devant abbaye de Celles (Deux-Sèvres).

Le Commandant du bataillon de réquisition, arrivé le 11, demande au District des matelas et autres objets mobiliers, à l'usage des troupes, l'ancien matériel ayant été brûlé par les troupes précédemment casernées.

Des commissaires sont désignés pour recueillir dans les municipalités du District, les objets mobiliers appartenant à des émigrés, des prêtres déportés ou particuliers, passés aux rebelles. La garnison de la ville s'élève, en ce moment, à 5,000 hommes de la première réquisition.

14 janvier. -- Bard annonce à la Société populaire le nouveau succès remporté par Charette, et réclame des secours. Le maire-convoque la garde nationale, et lui expose qu'il est de son honneur d'effacer la mauvaise conduite de leurs camarades qui ont lâchement fui à Saint-Fulgent.

Le château de Denant (Nieul sur l’Autize) est dévasté par les volontaires du bataillon de la première réquisition, cantonnés dans le village depuis le 27 décembre précédent.

Fleury remplace Giraud, comme directeur de la poste aux lettres.

Exécution de Tranchet, Jacques, 27 ans, tisserand, de Saint-Michel-Mont-Mercure; Morisset, Mathurin, 75 ans, farinier, à la Tardière; Moriceau, Marie, femme Chevolleau, 51 ans, à la Tardière; Rigourdeau, René, 32 ans, domestique, même commune; Lionnet,. Pierre, 37 ans, journalier, même commune; Avril, Pierre, 55 ans, bordier, même commune, insurgés.

15 janvier. Léquinio blâme les Comités de surveillance de lui avoir transmis une pétition des prisonniers transférés à Niort, et demandant à être ramenés à Fontenay.

Rouillé, nommé secrétaire du District des Sables, cesse ses fonctions d'administrateur du Département.

Le général Haxo, arrive à Machecoul, accompagné de son neveu, aide de camp.

Exécution de Majou, Jean, journalier, à Saint-Ouen; Amélineau, Jean, 40 ans, même commune; Gabard, François, 55 ans, rentier, à Saint-Ouen; Bichon, François, 27 ans, foulon.

 

Le 15 Janvier 1794, de Saumur, le général Turreau lance la promenade des colonnes infernales pour détruire la Vendée - PHystorique- Les Portes du Temps

13 Janvier 1794 Le comité de salut public écrivit au général Louis-Marie Turreau: " Nous avons reçu ta dépêche du 11, datée d'Angers , par laquelle tu nous proposes tes observations sur le retour que nous avions ordonné de plusieurs bataillons de la Charente.

http://www.lesportesdutemps.com

 

16 janvier. — Le Directoire enjoint à la Commission administrative du District de Montaigu de se réunir sans délai, et d'aller exercer provisoirement ses fonctions à Chantonnay.

Le Commandant de la garde nationale présente la liste des hommes du détachement, chargé de venger l'affront qu'ont fait, éprouver à la ville plusieurs de ses habitants au combat de Saint-Fulgent, en se repliant jusqu'à Fontenay.

Sur les instances des officiers, Testard les accompagne jusqu'à Chantonnay. La Municipalité exhorte les jeunes gens de 18 à 25 ans à se présenter à l'hôtel de ville et à se rendre à leur destination, afin de ne pas être considérés comme émigrés, et comme tels, soumis eux et leurs familles à toute la rigueur des lois.

Robert, Nicolas, ex-curé de Fontaines, abjure ses fonctions ecclésiastiques.

Dans la nuit du 16, des gardes nationaux poursuivant des rebelles arrêtent, dans le village du Désert, près de Dompierre-sur-Yon, la comtesse de La Rochefoucault, et Thoumazeau, son domestique, fermier de Coudrie, cachés sous un lit.

 Les prisonniers sont amenés aussitôt devant le juge de paix de la Roche-sur-Yon, qui les reconnut aussitôt (4). Carpentier et les Mayençais arrivent à Angers.

Exécution de Baraton, Marie, 29ans, de la Tardière; Roy, Jacques, 36 ans, de Menomblet ; Talon, Jacques, 36 ans, bordier, même commune; Bourreau, Jean, 27 ans, domestique, même commune; Liaigre, Jean, 37 ans, même commune; Caillet, Jean, 61 ans, maire de Foussais; Vexiau, Charles, 25 ans, de Foussais; Péquin, Pierre, 60 ans, de Tillay ; Drouet, Jacques, 40 ans, jardinier, même commune, insurgés.

17 janvier. — La Municipalité reconnaissant que le local, occupé par elle, est insuffisant pour l'installation de ses bureaux, décide qu'elle présentera une soumission pour l'acquisition de l'ancien presbytère de Notre-Dame, local commode, offrant deux issues.

Léquinio mande à Gérard, président de l'administration du District des Sables, qu'il ne se trouve pas compris au nombre des membres du District destitués par lui.

Exécution de Guillet, Pierre, 39 ans, de Saint-Philbert- Pont-Charrault ; Audouard, Fabien, 25 ans, à Saint-Paul- en-Gastine.

18 janvier. — Un arrêté du District fixe le maximum du prix de mouture dû aux meuniers. La Municipalité publie un règlement pour la police du marché au blé.

La majeure partie des généraux de l'armée de l'Ouest s'assemble à Doué, sur la convocation de Turreau, général en chef, arrivant des Pyrénées.

1 Carte pour servir aux opérations de la Guerre de Charette

Ce dernier décide que des colonnes infernales passeront les populations au fil de la baïonnette, et livreront aux flammes les bourgs, villages, métairies, bois, genêts, et en général, tout ce qui peut être brûlé. Il divise, dans ce but, son armée, en douze colonnes incendiaires, d'un effectif de 15,000 hommes d'élite, pour dévaster le pays en tous sens.

19 janvier. — Les habitants sont convoqués à 9 heures du matin, sur la place de la Liberté : personne ne répond à l'appel.

20 janvier. — Gallot remplace Mercier du Rocher à la présidence du Directoire du département, pour le mois de pluviôse.

20 janvier. — A 8 heures du matin, quatre-vingt-trois citoyens, requis pour se rendre à Chantonnay, sont convoqués pour se rendre dans le temple de la Réunion. Ils partent à une heure du soir. Esnard se démet de ses fonctions d'administrateur du département, pour exercer celles de greffier des eaux et forêts.

1,500 hommes de l'armée de Luçon, dispersent près de Chantonnay, l'armée de Charette, qui est mis hors de combat, par une fracture du bras gauche.

Le Comité de surveillance des Sables fait passer au Comité de Salut public plusieurs pièces établissant le despotisme de Dutruy, son inconduite et son brigandage affreux.

 Il a fait incendier les subsistances de la République, au moment où la famine est sur le point de se faire sentir.

21 janvier.Testard, de retour de son voyage de Chantonnay, rend compte à ses collègues de sa mission. Il expose que, lors de son passage à Sainte-Hermine, il s'est fait remettre trente fusils abandonnés par les déserteurs à leur passage, et les a distribués aux hommes de son détachement qui en étaient dépourvus; qu'il n'a point rencontré le général Bard, mais que Ceyras, commandant de Luçon, avait accueilli avec une vive satisfaction, les gardes nationaux de Fontenay et avait déclaré qu'ils auraient l'honneur de combattre les rebelles.

Mais l’arrivée de la colonne de Joba, forte de 2,000 hommes, à Chantonnay, ayant rendu inutiles leurs services, Ceyras leur a donné l'ordre de rentrer dans leurs foyers, promettant, si besoin était, de les rappeler au champ d'honneur (5).

Fayau, le jeune, reproche au Comité révolutionnaire des Sables, d'avoir délivré un certificat de civisme à Gaudin, leur ex-maire, après l'avoir dénoncé et avoir provoqué sa suspension.

Exécution de Flandrois, Louis, 22 ans, de la Caillère; Texier, Louis, 28 ans, de Saint-Hilaire-de-Voust; Guillet, Pierre, 18 ans, de la Caillère; Roy, Jean, 56 ans, de Thouarsais ; Rambaud, Louis, 26 ans de Bazoges, insurgés.

22 janvier. — La Municipalité décide l'établissement de deux nouveaux cimetières. Elle considère que leur situation au sein de la ville, et celle du plus vaste des deux, placé sur le versant d'une colline, exposée au midi, ne peut que lui être préjudiciable, attendu que les vents chauds du sud, répandent des miasmes putrides et contagieux, dans une ville située en amphithéâtre ; que ces mêmes cimetières regorgent de fosses, et que les terres saturées de cadavres, n'absorbent plus les produits de leur putréfaction; que ce grave inconvénient serait évité, si on les plaçait dans la partie septentrionale, parce qu'alors les vents du nord corrigeraient les exhalaisons qui s'en dégagent et en préserveraient la ville. Une Commission est désignée pour vaquer à cette opération.

A 4 heures du soir, on reçoit au District, un arrêté du représentant Laplanche, actuellement près l'armée de l'Ouest, enjoignant de mettre à la disposition de Baudenon, régisseur général des subsistances de l'armée, toutes les voitures nécessaires pour le transport des foins et blés se trouvant dans les pays insurgés sur les derrières de l'armée, et une lettre de Turreau, du 18 janvier, avisant le Département que douze colonnes vont traverser la Vendée pour y fouiller scrupuleusement en tous lieux, et livrer au glaive de la loi, les rebelles qui ont pu s'y soustraire.

Carrier met la commune des Sables en état de siège, sous le prétexte qu’elle est exposée aux insultes des ennemis extérieurs, qu'on a négligé les fortifications, et que l’esprit public est loin de s'y trouver au niveau de la révolution.

Gérard, ex-curé constitutionnel des Sables, président de l'administration du District, déclare que, n'ayant jamais : reconnu de saints, il renonce aux prénoms dont la bonhomie de ses pères l'avait baptisé, et qu'il les remplace par celui de Thrasybule, restaurateur de la liberté d'Athènes.

 

23 janvier.Pineau, André Guy, ex-curé de Vouvant, abjure ses fonctions ecclésiastiques.

Exécution de Loubeau, Jean, 39 ans, de Saint-Marsault (Deux-Sèvres) ; Albert, François, 41 ans, tisserand, de Montournais; Martin, Pierre, maréchal, de Saint-Fulgent, insurgés.

23 janvier. — Le représentant Ingrand (6), envoyé par le Comité de Salut public en Vendée, pour le travail d'épuration des autorités, arrive de Poitiers.

L'agent national du District de la Châtaigneraie mande au Président de la Convention, que la garde nationale de Saint-Maurice-des-Noues venait d'arrêter Marrois, Louis, ex-noble, ancien militaire, ex-président du Comité royaliste d'Antigny (7), qui a été dirigé sur Fontenay.

24 janvier. — La Municipalité va rendre visite au représentant. Ce dernier s'entoure de quinze patriotes de la commune pour l'éclairer dans son travail. Il assiste ensuite à une séance de la Société populaire, que les débats et discussions prolongent jusqu'à minuit.

Le District réclame à la Municipalité l'état de tous les domaines, ci-devant ecclésiastiques, tels que collèges, hôpitaux, cures, fabriques, commanderies de Malte, et autres congrégations supprimées, restant à vendre dans la commune. Cette dernière vaque au recensement des chanvres.

Exécution de Boissinot, Jean, 40 ans, meunier, du Boupère ; Girard, Jean, 37 ans, meunier, même commune; Thomas, Pierre, 40 ans, sabotier, même commune; Braud, Thomas, 40 ans, sabotier, même commune; Martin, Marie, femme Colonnier, 58 ans, de Saint-Pierre- du-Chemin ; Morin, Louis, 32 ans, métayer, du Boupère ; Ravaud, François, 61 ans, charpentier, même commune; Mouchard, Pierre, 45 ans, journalier, idem ; Boisseau, Jean, 31 ans, sabotier, idem.

La Commission militaire des Sables condamne à la peine de mort la comtesse de La Rochefoucault, âgée de 30 ans, et Joseph Thoumazeau, fermier de Coudrie, son domestique, âgé de 45 ans.

 ==> A Chavagnes-en-Paillers, le 23 février 1794, continuation du massacre commencé, la veille (v. au 22 février), par une des colonnes infernales de Turreau.

25 janvier. — Ingrand termine son travail d'épuration du personnel des autorités constituées, qui se trouvent composées comme suit :

 

DIRECTOIRE DE DÉPARTEMENT

Président: (8) Bouron (F.-A.-J.) , président, au lieu de Gallot (9).

Membres: Mercier-Durocher (A.-C.-F.).

— Gallet, Jean-Antoine.

Martineau, Ambroise-Jean-Baptiste.

- Dillon, Dominique, au lieu de Rouillé.

— Ladouespe, Jacques-Louis-Étienne, au lieu d'Esnard»

— Gauly, Benjamin, au lieu de Guichet.

— Joubert, Pierre, au lieu de Massé.

Secrétaire : Cougnaud, Jean-Mathias.

 

MUNICIPALITÉ

Maire : Testard, Jacques-Pierre, imprimeur.

Officiers municipaux : Guéry, François-Jean, père, orfèvre.

— Brisson, Paul, médecin.

— Chisson, René-Charles, ébéniste.

— Belliard, Augustin, procureur.

— Ballard, Antoine-Venant, chirurgien.

— Moreau, Jean, cabaretier.

— Croizé ,Louis-Étienne, tailleur.

— Vexiau, Simon, poêlier.

Notables: Magué, Jean-Jacques, professeur.

 

Notables :  Perreau, Jean-Baptiste, ex-curé de Notre-Dame.

— Loizeau, Auguste, perruquier.

— Brisson, Jean-Henri, avocat.

— Bonnet, propriétaire.

— Mesniet, Jean, négociant.

—Raison, Michel- François - Venant, marchand.

—Hervé. Guillaume, ex-curé de Saint- Jean.

—Fillon, Pierre-Jean, l'aîné, notaire.

—Fallourd, Jean-Augustin, perruquier.

—Amiot, Louis-Jacques, entrepreneur.

—Blondet, Jean-Baptiste, huissier.

— Panier, Charles-Louis, l'aîné, propriétaire.

— Cary, Étienne, orfèvre.

— Bouillaud, Pierre, tisserand.

—Lelièvre, Jean-Baptiste, marchand.

— Nivard, Jean-Julien, marchand.

—Sureau, Pierre, chapelier.

Agent national : Arnaud, Jean, défenseur officieux.

Substitut: Chevalier, Jean, marchand.

 

DIRECTOIRE DU DISTRICT

Président : Moreau, Philippe, avocat.

Membres : Lemercier, Fidèle, juge.

Morillon, Gabriel-François, juge.

— Vinet, Hygin.

— Guillet, Isaac, procureur.

CONSEIL-GÉNÉRAL

Mallet, Charles-Louis, avocat.

Brisson, Jean-Henri, juge.

Raison.

 

Porcheron-Périgny, Charles-Louis, ex-curé de Maillezais (en remplacement de Ladouespe).

Martineau, Venant-Grégoire, père, marchand, (en remplacement de Dubois, l'aîné).

Savy.

Boutheron, Joseph, agent national provisoire.

 

TRIBUNAL DU DISTRICT

Daudeteau, Charles-Louis, président.

Beurrey-Châteauroux, Joseph, assesseur.

Merson, Paul-André, id.

Belliard, Augustin, commissaire national.

Bertin, Jean-Michel, greffier.

 

TRIBUNAL CRIMINEL

Bossis, Louis-Jean-Auguste, président.

Massé, David-Pierre, accusateur public.

Allard, Pierre-Antoine, greffier.

 

COMITÉ DE SURVEILLANCE

Les deux sections sont fondues en un seul Comité composé de F. Rondard ; Barbotin; J.-N. Gaspard, marchand; Guéry, l'aîné; jousserant, orfèvre; Abel Denfer; De- langres ; Cochon ; Lemoine ; Mandin ; Bidal ; Reverseau, fils.

 

BUREAU DE CONCILIATION

Godet; Guéry-Labarre; Mouliade ; Mallet; David, horloger.

2 Carte pour servir aux opérations de la Guerre de Charette

La comtesse de La Rochefoucault (10) et son domestique sont décapités, aux Sables, en présence d'une foule immense accourue de plusieurs lieues des environs.

Elle subit son supplice en jetant un regard de dédain sur la foule silencieuse. Thoumazeau voulut passer le dernier sous le couteau, heureux de rejoindre dans la mort celle qu'il avait tant aimée. C'était l'aîné de trois frères, originaires de Longeville, forcenés contre-révolutionnaires qui périrent tous sur l'échafaud.

26 janvier. — Exécution de Raud, Charles, tisserand, de Mouilleron ; Avril, Pierre, 45 ans, meunier, idem; Texier, François, 63 ans, journalier, de Cheffois ; Michot, Antoine, 40 ans, menuisier, de Mouilleron ; Michel, Jean, 52 ans, marchand, idem; Pison, Jean, 61 ans, laboureur, idem ; Pison, Antoine, 21 ans, sabotier, idem ; Clerjaud, Jacques, 30 ans, voiturier ; Morteau, Pierre, 30 ans, tisserand, idem, insurgés.

27 janvier. La colonne infernale, commandée par le général Grignon, livre aux flammes la Pommeraie, Saint- Mesmin et Pouzauges.

28 janvier. — Massé se démet de ses fonctions d'administrateur. — Grignon incendie la Flocelière.

Le Directoire du district des Sables charge Gérard, son président, de se rendre à la Convention, pour protester contre la mise en état de siège de la ville par Carrier.

Exécution d'Ardouin, Pierre, 33 ans, de la Chapelle- au-Lys ; Gaucheau, Joseph, 36 ans, du Boupère; Gouget, Pierre, 61 ans, scieur de long, de Rochetrejoux.

29 janvier.Grignon se rend au Boupère, incendie le village et passe la population au fil de l'épée. Les colonnes incendiaires reçoivent l'ordre de brûleries moulins.

Louis-Henri-François Leroyer de Marcé , ci-devant général de brigade à l'armée de l'Ouest et battu au Pont- Charrault, est condamné à mort et exécuté à Paris comme traître à la patrie et convaincu d'avoir favorisé les rebelles.

30 janvier. — Le Comité de Salut public enjoint à l'agent national près le District des Sables, de prendre les mesures les plus promptes pour l'extraction du salpêtre, en vertu de la loi du 14 frimaire.

Après avoir entendu lecture de l'arrêté du représentant Ingrand, et sur la réquisition qui lui en est faite, le Directoire reçoit administrateurs et installe Ladouespe, Gauly et Joubert.

Il charge, en outre, les districts de faire procéder, sans délai, au recensement des grains qui se trouvent dans les greniers d'abondance et particuliers, renfermant des grains d'émigrés et de propriétés nationales, ainsi que le relevé des terres acquises à la Nation par la destruction des rebelles.

La colonne incendiaire de Grignon se porte sur Pouzauges, extermine les individus réfugiés dans le bois de la Folie, incendie la Meilleraie et massacre 34 de ses habitants.

Exécution de Dreau, Philippe, 45 ans, bordier, de Saint- Gyr-des-Gâts ; Chambelland, Rose, femme Sichon, 49 ans, idem; Billeau, Jean, 43 ans, charron, idem ; Billeau, Jacques, 36 ans, idem; Jamard, Jacques, 33 ans, de la Chapelle-au-Lis, insurgés.

31 janvier 1794 Les colonnes infernales au château du Parc-Soubise 

2 février. — Le Département invite les citoyens à former des Sociétés populaires dans chaque chef-lieu de canton, et à opérer leur première réunion le 30 pluviôse suivant (18 février), jour de la décade.

3 février. — Le District met en réquisition tous les chanvres existant sur son territoire pour le service de la marine, et invite les municipalités à procéder, sans désemparer, à ce recensement.

Exécution de Lhommedé, Jean, 37 ans, bordier, du Breuil-Barret, chef vendéen; Marrois, Louis, 70 ans, noble, d'Antigny, idem Rouet, Pierre, 48 ans, de la Loge-Fougereuse; Gendreau, Pierre, 30 ans, meunier, d'Antigny; Pétreau, Jean, journalier, idem, insurgés.

Charette rassemble 3,000 hommes aux Herbiers, place un avant-poste à Tiffauges et fait couper le pont sur la Sèvre.

5 février. — Dufour, commandant de place aux Sables, demande à Biret (11), agent national du District, des renseignements sur les Muscadins, et demande communication des arrêtés pris contre eux.

Charette se porte sur le Poiré-sur-Vie, d'où il est repoussé.

6 février. —La marche des colonnes incendiaires oblige une foule de citoyens à se replier sur le territoire du District des Sables.

Ce n'est pas sans la plus vive émotion, qu'on envisage l'état de dénuement dans lequel se trouve la plupart de ces infortunés, dont les maisons et les ressources, sont devenues la proie des flammes.

Avec 3,000 hommes, Charette marche sur Coron, et rejette Carpantier sur Coudre-Montsault, près Vihiers.

7 février. — Un membre du Directoire présente le projet d'adresse à la Convention nationale, arrêté dans la séance de la veille.

Exécution de Bernard, Louis, 40 ans, meunier, de Chef- fois; Suzenet, Louis, 52 ans, maréchal, de Mouilleron; Coutaud, Pierre, 55 ans, tisserand, de Saint-Mars; Soulard, Jean, 38 ans, marchand, des Epesses ; Giraud, Louis, 25 ans, marchand, de Saint-Pierre-du-Chemin ; Chauveau, Pierre-Joseph, 31 ans, métayer, de Cheffois, insurgés.

Le vice-amiral Grimouard (12), Nicolas-René-Henri, est condamné à mort par la Commission militaire et exécuté, le même jour, à Rochefort, par Anse, le guillotineur, à la lueur des flambeaux.

8 février. — Le Comité de surveillance de Fontenay fait apposer les scellés à la maison de campagne de l'amiral à Nieuil-le-Dolent.

9 février. — Les citoyens désireux de semer des fèves et des pois, sont invités à venir en faire la déclaration à la municipalité.

Bard informe Turreau qu'il se rend de Chantonnay à Luçon, laissant le commandement au chef de brigade Joba.

Charette s'empare de Legé, occupé par l'adjudant- général Desessarts, avec 800 hommes et deux pièces de canon.

Exécution d'Aimé, Louis, 36 ans, domestique, du Puy-de-Serre; Aimé, Jean, 40 ans, journalier, idem, Vrignaud, René, 50 ans, sabotier, de Saint-Mesmin ; Fortin, Jacques, 55 ans, tisserand, des Epesses, insurgés.

10 février. Charette est repoussé au Pont-des-Noyers, sur la Boulogne, par .un détachement de l'armée du Nord, commandée par Duquesnoy, et s’enfonce dans le Bocage.

Ingrand fait arrêter Chessé, secrétaire en chef du Département, et Dupuy, accusateur public.

Un décret enjoint aux départements révoltés de faire le dépôt de leurs armes, sous peine d'être traduits devant le tribunal criminel, et punis comme complices des rebelles.

Exécution de Gousseau, René, 24 ans, tisserand, de Saint-Prouant, insurgé.

Le Comité de surveillance demande à Ingrand l'élargissement d'O'Keane, O'Nery, O'Kelly et Dalton, prêtres irlandais, détenus à la maison de réclusion.

==> 10 février 1794 combat Saint Colombin (ou bataille de Pont-James), de Charette, Joly et Savin contre Duquesnoy

11 février. — L'effectif de la garde nationale de Fontenay est réduit à 250 hommes fatigués, et la plupart malades.

Le Conseil exécutif provisoire ordonne de jeter de la chaux vive sur les monceaux de cadavres, enterrés dans le département de la Vendée et pays environnants.

Exécution de Barbarit, René, 22 ans, meunier, de la Tardière ; Charbonneau, René, 3 2 ans, marchand, de Saint- Maurice-le-Girard ; Richard, Jean, domestique, 40 ans, idem; Brunet, Pierre-Louis, 40 ans, marchand, de Châteaumur; Mesnard, Jean, 33 ans, cordonnier, de la Châtaigneraie; Fonteneau, Jean, 37 ans, journalier, de Saint-Mars- la-Réorthe.

Haxo attaque un détachement de rebelles retranchés dans la forêt de Prinçé, et leur tue cent fantassins et sept cavaliers.

12 février. — La municipalité fait fabriquer un cercueil commun pour transporter au cimetière les cadavres des détenus, et le fait déposer à la maison d'arrêt principale. Elle interdit, de nouveau, aux boulangers de vendre du pain aux militaires, et sollicite du département l'allocation d'un secours provisoire pour l'hôpital-général réduit à la plus grande détresse. Le Département lui alloue une pension de 6,000 livres.

Hentz et Garreau sont nommés représentants près l'armée de l'Ouest.

La Convention décrète que la mémoire du général Moulin (13) est chère à la patrie, et qu'il sera élevé à Tiffauges, aux frais de la République, un tombeau simple, et sur la pierre duquel sera gravée l'inscription suivante :

 

RÉPUBLICAIN, IL SE DONNA LA MORT,

POUR NE PAS TOMBER VIVANT AU POUVOIR DES BRIGANDS ROYALISTES.

 

13 février. — Le District arrête que les enfants des reclus seront enlevés à leurs mères.

Exécution de Boutin, Louis, 28 ans, domestique, de la Châtaigneraie; Sarrazin, François, 45 ans, caillerot, de Saint-Laurent-de-la-Salle, insurgés.

14 février. — Carrier demande à l'administration départementale des renseignements sur un individu du nom de Nicolas Audebrand, se disant jardinier, porteur d'un passeport daté de Fontenay, et arrêté aux portes de Nantes.

Une sourde fermentation règne parmi les détenus de la maison Brancheu. Le poste est renforcé dans la crainte d'une évasion.

Afin de combattre l'épidémie qui décime la population, le Conseil-général de la commune arrête qu'il poursuivra le nettoyage de la ville, déjà fort avancé, avec le plus d'activité possible; qu'il sera élevé deux cimetières hors de l'enceinte de la ville, l'un pour la partie supérieure, l'autre, pour la partie inférieure. Le premier, sera placé dans la partie basse d'une pièce de terre, appartenant au citoyen Massé, accusateur public, confrontant du levant à un mur de la commune, du couchant à l'embranchement du grand chemin de Nantes à Pissotte; du midi à l'enclôture de l'hôpital militaire; du nord au chemin de Fontenay à Sérigné.

Le second sera placé dans un champ, placé immédiatement après le mur de la Grange-Moulin, sur le chemin de Fontenay à Mérité, à droite. — Les cimetières ci-dessus seront les seuls de la commune. La faculté accordée aux hôpitaux et aux maisons de réclusion d'enterrer leurs morts dans leur enceinte, demeure supprimée, et il sera établi une communication de l'hôpital-militaire au champ de repos, auquel il est contigu. L'abattoir sera transféré dans un emplacement bas, le long des murs de la ville, attenant à la maison Brancheu, près le pont de la Poissonnerie, à partir d'une tour, qui est en saillie sur l'angle obtus dudit mur. Les matériaux nécessaires à cette construction seront pris dans la démolition de la porte du Pont de la Poissonnerie et subsidiairement au château.

La travée environnante des Halles sera enlevée sur douze pieds de large, à partir de la façade des maisons.

La partie dégagée des Halles sera payée aux frais des riverains par moitié. Cette opération purifiera l'air; les maisons riveraines en obtiendront une plus grande valeur. Des boutiques s'ouvriront sur toute la ligne, et l'on préviendra ainsi tout danger de propagation d'incendie des Halles à la ville.

Le Conseil invite la Commission de la santé à lui indiquer les moyens de purifier l'air, des miasmes des prisons, des hôpitaux et des maisons de réclusion. Il fera, en attendant, usage de fumigations de vinaigre.

15 février. — La population qui, le 6 mars 1793, était de 6,962 habitants, se trouve réduite à 6.293. Bouron est admis comme administrateur du Directoire du département.

Exécution de Nicou, Auguste-César, 73 ans, ex-noble, chef du comité de Saint-Laurent-la-Salle; Billaud, Pierre, 33 ans, laboureur, de Saint-Cyr-des-Gâts, insurgés.

3 Carte pour servir aux opérations de la Guerre de Charette

- Les colonnes de Charette, Joly et Couëtus viennent attaquer le poste de Legé, et obligent le poste républicain à se replier. Joly a un de ses fils tué à ses côtés, et fait fusiller le second que ses hommes venaient de faire prisonnier.

Martineau, le jeune, et Rigaudeau, délégués de la Société populaire près le Comité de Salut public, annoncent à leurs collègues qu'il a écouté avec intérêt et indignation le récit des excès commis dans le département, et que les destructions qui ont eu lieu n'ont pas été ordonnées par lui.

16 février. — Le District est chargé de fournir à la marine de Rochefort 2,000 quintaux de seigle, orge et baillarge et autant de fèves. La Municipalité engage les habitants à planter des choux, à semer des navets et des choux-raves, et surtout des pommes de terre pour combattre la disette des céréales.

Exécution de Guilloteau, Jean, 59 ans, journalier, de la Loge-Fougereuse; Bouton, Pierre, 24 ans, menuisier, idem, insurgés.

Charette, à la tête de 4,000 hommes, dont la moitié sont armés de piques ou de bâtons, occupe les Lucs.

17 février. — La Municipalité fait transférer à l'Hôpital les enfants des prisonniers séparés de leurs mères, par ordre du District. Les détenus à la maison de réclusion, en état de voyager, sont transportés à Niort, au moyen de voitures mises en réquisition. — Les huiles sont mises en réquisition.

Le District de la Châtaigneraie, réfugié à Chantonnay, mande au commandant de place que la garnison de leur ville a été mise en déroute par les rebelles du côté de Saint-Marsault, au nombre de 600 hommes bien armés, avec de la cavalerie, ce qui met à découvert les postes de la Châtaigneraie et de Pouzauges. Il réclame de prompts secours.

Le Département arrête le partage, entre les districts, des étoffes, toiles, bas et boutons nécessaires à l'habillement de 553 hommes de la 1re réquisition.

Le Comité de Salut public demande au Directoire de Département le relevé des terres confisquées sur les rebelles et acquises à la Nation.

Pendant trois jours, Haxo attaque les rebelles, dans la forêt de Princé, près Machecoul, et leur tue 700 hommes (14).

18 février. — Le District ordonne à Poëy-d'Avant, receveur du Domaine national, de faire ses préparatifs pour emporter à Niort, caisses et papiers, en prévision d'une attaque de la ville par les rebelles.

Lapierre, commandant de place, enjoint aux maires des communes de Montreuil, Saint-Michel-le-Clouc, Saint- Hilaire-sur-l'Autise et Foussais, de fournir des hommes valides, munis de vivres pour quatre jours, ainsi que des chevaux et des harnais.

 — Le poste de la Châtaigneraie évacue cette ville et se replie sur Fontenay, où il arrive bientôt. Lapierre écrit aussitôt au Département : « La troupe de la Châtaigneraie vient d'arriver en déroute; mais je me dispose à la faire partir de suite. Les brigands n'y sont point. Cela ne vous empêche point de prendre vos précautions.

Le Département requiert le District de mettre, au premier signal, à sa disposition, les voitures nécessaires pour le transport des archives et papiers de l'administration.

19 février. — Le Conseil-général de la commune, instruit que dans l'assemblée des généraux de l'armée de l'Ouest, tenue à Doué, le 18 janvier précédent, le général Bard avait prouvé que, par sa position topographique et les principes républicains de ses habitants, Fontenay ne devait pas être compris dans le territoire, où l'on décida de porter le fer et la flamme, arrête qu'il écrira au général pour le féliciter d'avoir aussi bien jugé la commune, lui voue toute son estime et sa reconnaissance ; le remercie, au nom de l'humanité, de son acte de justice ; l'assure que les habitants continueront de bien mériter de la patrie, et confirmeront, au prix de leur sang, l'opinion qu'il en a conçue.

Sur ces entrefaites, les commissaires nommés pour aller demander des secours à la commune de Vix, entrent dans la salle du Conseil, et rapportent que la commune, en apprenant le danger dont les rebelles menacent le territoire, s'est levée tout entière pour les exterminer.

« Nous venons, se sont-ils écriés, au nombre de quatre cents, à votre secours; nos vieillards sont du nombre. Agréez notre dévouement et l'assurance de notre attachement à la chose publique. »

Le Conseil arrête que le dévouement généreux de la commune de Vix sera relaté au procès-verbal; qu'il sera fait une proclamation sur le mouvement patriotique qui s'est manifesté dans toutes les communes, à l'approche du danger couru par le chef-lieu de département.

Exécution de Baty, Pierre, 31 ans, cabaretier, de Saint- André-sur-Mareuil, insurgé.

Un atelier pour la réparation des armes est installé dans la maison Houlier de Villedieu. Les serruriers et éperonniers sont requis à cet effet.

20 février. — La Municipalité met en réquisition les toiles nécessaires pour la confection de six cents sacs militaires.

Le général de brigade, Duval, transmet à l'administration départementale un ordre du général en chef Turreau, prescrivant de désarmer, sur-le-champ, toutes les communes comprises dans le cercle formé par les places de Saint-Gilles, les Sables, Luçon, Niort, Airvault, Thouars, Saumur, depuis Saumur jusqu'à Nantes, toute la rive gauche de la Loire, et depuis Nantes jusqu'à Saint-Gilles, tous les points de la circonférence exceptés.

Exécution de Charron, Louis, 40 ans, cabaretier, de Cezais ; Carrier, Louis, 55 ans, de Bourneau, et Martin, René, 48 ans, des Herbiers, chefs vendéens.

Un arrêté des représentants Garreau, Hentz et Francastel, réunis à Nantes, ordonne aux réfugiés des départements de l'Ouest, retirés dans les communes situées à six lieues au-delà des rives de la Loire, et entre la Loire et la mer depuis Nantes jusqu'à Tours, de faire connaître le lieu de leur demeure, au moins à vingt lieues du théâtre de la guerre.

21 février. — Les cent rebelles qui se trouvaient détenus dans les maisons de réclusion, sont transférés à Niort.

Exécution de Piffeteau, Marie, mère, 50 ans, de Chantonnay, et de sa fille, 22 ans, idem, insurgées.

Carrier adresse à la Convention son rapport sur le développement pris par les troubles de la Vendée, et les moyens les plus propres à les faire cesser.

« Le plan du Comité de Salut public, dit-il en terminant, et celui des généraux est conforme à nos vues; j'y conclus ».

22 février.Bard demande de nouveau au général Turreau que Fontenay soit préservée de l'incendie.

La Municipalité arrête qu'elle prendra possession de l'ancienne maison curiale de Notre-Dame, servant de succursale à l'Hôpital-général pour les convalescents, dès que Perreau, directeur de cet établissement, l'aura évacuée.

Exécution de Soullet, Jean, 26 ans, de la Loge-Fougereuse et d'Auguin, René, 32 ans, de Saint-Maurice-des- Noues, insurgés.

 

Le Conseil-général de la Commune mande à la Convention nationale que l'opinion publique est en faveur de Westermann. Ceux qui ont combattu sous ses ordres rendent un bon témoignage de sa conduite, le dépeignent comme un vrai sans-culottes, un bon républicain et un libérateur de notre pays.

Un nouveau convoi de 101 prisonniers est dirigé sur Niort.

Les seules communes du district des Sables n'ayant pas pris part à la révolte, sont celles des Sables-d'Olonne, des Moutiers-les-Maufaits et de la Tranche.

==> 22 février 1794 – Les colonnes infernales à la poursuite de Charette, parti des Herbiers, Duquesnoy arrive à Saint-Fulgent.

==> Montaigu, 4 ventôse an II- 22 février 1794 Prieur de la Marne

23 février. — Une affluence considérable d'habitants des campagnes accourt se réfugier à Fontenay. Il en résulte une disette affreuse de subsistances. Pour la combattre, la Municipalité réclame trois tonneaux de blé au District.

Exécution de Remaud, François, 45 ans, chaunier, du Tablier, insurgé.

Les colonnes infernales arrivent à Chavagnes-en-Paillers et mettent à mort 57 personnes ; à la Morinière, 32 victimes tombent sous leurs coups.

24 février. — La Municipalité s'occupe de nouveau des réparations à exécuter aux murailles de la ville. Le Département alloue un secours de 6,000 livres à l'Hôpital-général de la ville.

La Rochejaquelein s'empare de Bressuire et passe la garnison par les armes.

25 février.La maison de l'Espinay-Beaumont, au Puy-Lavau est convertie en hôpital pour les prisonniers malades.

Le général Duval reprend Bressuire, évacué par les rebelles,

 

La Convention excepte de la déportation et de la réclusion les ecclésiastiques, lorsqu'ils sont mariés.

26 février. — Pierre-Jean-Marie Joffrion, chef rebelle, ex-sénéchal de Bazoges-en-Pareds, et membre du Comité royaliste de la Châtaigneraie, ayant été capturé, est livré à la Commission militaire de Fontenay qui le condamne à mort.

Le Département prend les mesures nécessaires pour accélérer la réunion, l'habillement et le départ des soldats de la 1re réquisition.

Exécution de Joffrion, Pierre-Jean-Marie, ex-sénéchal de Bazoges-en-Pareds; Olive, Pierre, 37 ans, soldat de Revel (Haute-Garonne); Charbellot, Jean, 26 ans, soldat de Bellac (Haute-Vienne) ; Poisson, Marie, veuve Guyot, 61 ans, de Vouvent, et Texier, Marie-Rose, 33 ans, de Saint-Maurice-des-Noues, rebelles.

27 février. — Leclerc, nommé commandant de place de Fontenay, vient prendre possession de son poste et fait enregistrer sa commission.

La Municipalité adresse au District une nouvelle demande de blé.

Le Département fixe le contingent à fournir, par chaque District, pour le recrutement de 400 hommes de cavalerie, fixé par la loi du 22 juillet 1793. — Fontenay, 90; la Châtaigneraie, 65; Montaigu, 69; Challans, 69; les Sables, 51; la Roche-sur-Yon, 56.

Exécution de Furgeau, Jean, 36 ans, métayer, de Vouvent, rebelle.

28 février. — Sureau, instituteur et dessinateur, fait hommage à la Société populaire, des portraits de Marat et de Lepeltier. La Société lui vote des remerciements, et demande qu'il en soit fait mention dans le procès-verbal.

1er mars.L'adjudant-général Biot informe le Département qu'il a reçu l'ordre d'incendier Chantonnay et de marcher sur Cholet à marches forcées ; que les rebelles se sont transportés à Saint-Pierre-du-Chemin, ont battu le général Bard à Mouchamp, et que les postes ont reçu l'ordre de se replier, à marches forcées, vers Cholet.

— Cinq à six personnes meurent journellement dans les trois maisons d'arrêt de la ville, par défaut de soins.

2 mars. — La Société populaire arrête que Tillier, Chapelain et Isidore Lemercier se joindront aux députés de celle de la Châtaigneraie, pour se transporter près des représentants Hentz et Garreau, envoyés à l'armée de Cholet pour y rester jusqu'à ce que leur mission soit réputée finie, et solliciter les secours que la justice et l'humanité réclament en faveur des patriotes réfugiés.

La Municipalité se déclare, de nouveau, en permanence. Bard mande à Turreau qu'il se trouve dans l'impossibilité de couvrir Luçon, vu l'insuffisance de ses forces. Il prévient, en outre, cette ville qu'il a été obligé d'évacuer Chantonnay et de le livrer aux flammes, ainsi que Saint- Vincent-du-Fort-du-Lay et qu'il se porte sur Cholet.

Exécution de Germain, Jacques, 30 ans, de la Tardicre, rebelle.

4 mars. — La Municipalité se plaint au commandant de place du peu de précautions que prennent les canonniers et, en général, les cavaliers, à l'égard de leurs chevaux. Il en est qui parcourent les rues de la ville au galop, même sans leurs conducteurs, effrayant ainsi la population et foulant même aux pieds les enfants.

Le Conseil-général de la commune adresse ensuite la proclamation suivante à ses concitoyens :

 

« Citoyens et frères,

«. Le Conseil croit de son devoir le plus impérieux de vous annoncer quels sont ses sentiments, quels doivent être les vôtres. Dans les circonstances où nous sommes, le péril, pour cette commune, ne parait pas imminent; mais le serait-il, c'est dans les véritables dangers, dans les orages politiques que les hommes libres doivent se montrer, s'élever à la hauteur du républicanisme, afin de repousser loin d'eux, de renvoyer à leur ennemi la terreur dont il croyait les avoir frappés. Comment, depuis quatre années de révolution, ne serions-nous pas encore au niveau de l'esprit qui doit nous animer, au niveau de nos devoirs ? Soyons donc fiers et énergiques.

« Combattons de nouveau, s'il le faut, pour notre liberté. Préférons à une vie honteuse, une mort honorable, le fer à la main, contre nos ennemis. Confondons les vils calomniateurs de l'esprit public de notre cité, en nous montrant, par notre conduite, par notre constante fermeté, dignes de la cause sacrée de la liberté, que nous tous défendons à nos postes divers. Eloignons de nous, comme des pièges trompeurs, les affections qui tendraient à amollir notre courage, à atténuer notre énergie et notre constance.

« Quant à nous, citoyens, vous nous verrez inébranlables à notre poste, seconder de tout notre pouvoir vos « élans sublimes, et soutenir, pour la défense de vos foyers, ce que vous avez de plus cher, votre liberté. Et nous justifierons notre qualification honorable de premiers magistrats du peuple. »

Les maçons font complètement défaut pour les réparations des murs de la ville.

Graffard, agent national près l'administration du District de Montaigu, annonce au Comité de Salut public, que Chantonnay, lieu où cette administration tenait provisoirement ses séances, a été incendié par ordre de Turreau; que, dans la confusion qu'a entraînée cet incendie, on n'a pu sauver qu'une partie des registres et papiers composant les archives du District, et qu'il s'est replié avec ces papiers sur Fontenay avec deux de ses collègues.

Huché fait interdire l'entrée du temple de la Raison à la Société populaire de Luçon. Il y fait placer la force armée.

 Charette arrive à la Gaubretière, et prend position dans la forêt des Gâts, près Saligny. Haxo sort de Palluau, l'attaque et le met en fuite.

5 mars. — A 11 heures du matin, les Vendéens attaquent le poste de la Châtaigneraie, défendu par l'adjudant-général Lapierre.

Ils sont battus et poursuivis par les troupes, qui se replient sur Fontenay. Les autorités constituées voyant la ville sans défense, prennent le parti d'évacuer de nouveau la place, et se retirent également sur Fontenay à 7 heures du soir.

 

A cette nouvelle, le Directoire de département s'occupe de l'emballage de ses archives, et la Municipalité prend de nouvelles dispositions pour soustraire à l'ennemi les caisses et papiers des administrations. On décide alors qu'il sera envoyé des courriers extraordinaires aux représentants en mission à Nantes et à Rochefort avec une adresse ainsi conçue :

 

« Représentants du peuple,

« Le Conseil de la commune de Fontenay-le-Peuple vous peint ses alarmes avec les mêmes couleurs que la Société populaire : ses motifs sont absolument les mêmes. Rendez-vous à nos pressantes instances, accordez-nous des troupes aguerries qui nous protègent, ainsi que notre territoire.

Le District, la commune de Fontenay sont dignes des égards, de l'intérêt des représentants. Leur foi patriotique n'a point varié. Toujours ils ont combattu pour la défense de leurs droits, pour le maintien de la République. Ils sont constants dans leurs principes ; et, à l'exemple de leurs magistrats, sont prêts à verser jusqu'à la dernière goutte de leur sang, pour la « destruction de la tyrannie et le triomphe de la liberté.

« Ecoutez donc leur voix, citoyens représentant, et mettez-les, par la promptitude de vos mesures, à l'abri de l'invasion des brigands, dont ils sont menacés. »

A 7 heures du soir, le général Bard, accompagné de ses aides de camp, entre à la Société populaire, et y est reçu aux acclamations générales. Il expose que sa démarche a pour but de rassurer la commune. Il lui promet de prendre, de concert avec le général Duval, commandant la division, les mesures propres à préserver la ville de l'invasion des rebelles, qu'il lui est attaché; qu'il prend part à son infortune, et jure sur son honneur, de voler à son secours, au premier signal du danger. Il ajoute qu'il voit, avec une très vive satisfaction, les habitants être restés à leur poste, et il les invite, au nom de leur propre salut, à déployer toute l'énergie des hommes libres, si leur commune est attaquée.

Testard, prenant alors la parole, dépeint au général l’énergie des habitants, lui fait part des mesures prises par le Conseil pour relever le courage de ses concitoyens, prêts à mourir pour la défense de leurs foyers et de leur liberté. Il lui témoigne ensuite, au nom de la commune, toute sa reconnaissance pour les preuves d’attachement et de fraternité, qu'il ne cesse de leur donner. La séance se termine au bruit d'acclamations, et par une accolade donnée par les dames au général, qui a été conduit à son logement, escorté par une nombreuse députation de la Société populaire.

6 mars. — A 3 heures du matin, la garnison de la Châtaigneraie qui, prise de panique, la veille, avait pris la fuite pendant l'action, entre en ville en pleine débandade.

La générale bat dans toutes les rues à la fois, et des officiers municipaux courent, bride abattue, faire sonner le tocsin dans toutes les paroisses des environs. Dès le soir même, les habitants du Marais, levés en masse, affluent par toutes les portes, au nombre de dix mille, et viennent se ranger, sous les ordres du général, que l'on porte en triomphe à son arrivée.

Le Directoire de département fait charger tous les papiers de l'administration sur des voitures, prêtes à partir, le cas échéant. Il arrête qu'il se retirera, en cas de retraite, soit à Maillezais, soit à Luçon.

Le secours provisoire à allouer aux réfugiés, tenus de s'éloigner à vingt lieues du théâtre de la guerre, est fixé à quinze sous pour chaque homme ou femme, à dix sous pour chaque enfant de 10 à 18 ans; à sept sous six deniers pour chaque enfant au- dessous de 10 ans. On continue l'évacuation des prisonniers sur Niort.

Les membres du District de la Châtaigneraie, considérant que les brigands attaquèrent ce poste, hier matin, sur les onze heures, et après avoir été battus et poursuivis par nos troupes, celles-ci se sont repliées sur cette place, où elles ont repris les postes qu'elles occupaient avant l'attaque ; que, dans ce moment, il fut constaté qu'une partie considérable de la garnison manquait, ayant pris la fuite, peu de temps après l'attaque, se repliant sur Fontenay; qu'une partie des fuyards a été arrêtée par le poste établi à Bourneau; que, dans ces circonstances, et malgré la victoire de la troupe restée à la Châtaigneraie, elle prit le parti d'abandonner cette place et l'effectua sur les deux heures du soir, arrêtent que deux d'entr'eux se rendront auprès du commandant de place, et feront leurs efforts pour le déterminer à faire marcher, de suite, la troupe sur la Châtaigneraie, pour reprendre possession de cet avant-poste important.

Le général Bard fait une nouvelle apparition à la Société populaire, à laquelle il exprime sa satisfaction de se trouver dans son sein Cougnaud, son président, invite le général à prendre place au bureau. Bard ranime le courage des habitants, et engage les réfugiés à continuer de se montrer de bons patriotes, et à ne jamais desservir la cause des habitants ; que, quant à lui, il fera tous ses efforts pour être utile et à Fontenay et à sa patrie.

Stofflet repousse le général Grignon et l'adjudant- général Lusignan de Cholet, et se retire dans le bois de Maulévrier.

7 mars.Bard va rendre visite à la Municipalité. Un détachement de cavalerie va réoccuper la Châtaigneraie.

Testard félicite de leur civisme les autorités de ce District qui retournent à leur poste. « Votre fermeté, votre énergie, leur écrit-il, ne nous étonnent pas. Depuis dix mois vous êtes éprouvés, vos âmes sont trempées par le malheur. Vous ne pouvez douter de tout l'intérêt que vos revers, vos épreuves inspirent à vos frères de Fontenay et aux membres du Conseil de la commune. Votre arrêté est digne de vous et annonce toute la fierté de votre caractère. Puissent les armes de la République vous maintenir à votre poste, et vous permettre de faire dans votre territoire tout le bien qu'elle a droit d'attendre d'hommes aussi vertueux, aussi dévoués au salut de leur pays. »

Les habitants de Vernon, l'Absie et communes environnantes tombent sur une troupe de rebelles et la mettent en fuite.

Testard fait défense aux habitants, au nom de l'humanité, d'acheter les effets des réfugiés.

8 mars. — A 7 heures du matin, le maire, accompagné de quelques-uns de ses collègues, parcourt les rues de la ville, et donne lecture de la proclamation suivante :

 

« Citoyens et frères,

« La réparation de vos ouvrages de défense extérieure qui vous ont si puissamment servi à l'affaire du 16 mai, est urgente. Des bras; des outils de toute espèce sont nécessaires. Consacrez tous vos moyens à ce-travail pressant. Portez-vous en foule aux retranchements,  femmes, enfants,-vieillards, hommes dans la force de l'âge. Concourez tous au perfectionnement de ce travail, d'où peut dépendre votre salut. Vos officiers municipaux vous donneront l'exemple. Tous les moments qu’ils déroberont à leurs fonctions continuelles et pénibles, ils les consacreront à élever des remparts contre les ennemis de notre liberté et les partisans de la tyrannie et du fanatisme. »

Les maçons de l'Orberie, Saint-Michel-le-Clous, Xanton, Nieuil, Fontaines, Auzais, Longèves et Pissotte, sont requis de venir travailler aux fortifications de la ville.

La Municipalité réitère ses instances, près du Département, pour l'érection d'un autel à la patrie.

Exécution de Daniau, Louis, 44 ans, marchand, de Chavagnes.

Stofflet sort des bois de Maulévrier, et s'empare de Cholet, abandonné par Turreau. Il l'incendie et se retire sur Chemillé. Grignon le poursuit et le met en déroute près de Chanteloup.

10 mars. — La journée est consacrée à la cérémonie de la plantation de l'arbre de la liberté.

Les autorités constituées, les troupes de la garnison et la garde nationale sous les armes, se réunissent, à une heure du soir, sur la place de la Révolution, et se rendent avec une foule nombreuse, au Pâtis, pour aller y chercher l'arbre en question. Au retour, le maire, au nom du Conseil, a prononcé un discours suivi de chants patriotiques. Des commissaires du canton du Gué s'étaient joints au cortège, et l'un d'eux a chanté un hymne patriotique, auquel l'assistance a répondu en chœur. Une citoyenne de la commune, épouse du citoyen Berger, charpentier, a paru dans les rangs des volontaires, armée d'un fusil avec la prestance d’un guerrier.

 Testard, la prenant par la main la conduite sur l'estrade, et l'a proposée pour exemple à toutes les citoyennes de la commune. L'héroïne, prenant alors la parole, a exhorté ses compagnes à défendre la liberté et leurs foyers, et à employer pour cela, les armes et moyens en leur pouvoir ; elle a ensuite attache à l’arbre de la Liberté le ruban tricolore qui ornait son fusils Elle a reçu alors toutes les félicitations dues à son courage et à son patriotisme.

La décade est célébrée, dans la salle de la Société populaire, par des danses et des chants patriotiques. Les femmes sont vêtues de blanc et ornées de rubans trico-.. lores. Les réfugiés continuent d'évacuer la ville.

11 mars. — Le Département nomme Benjamin Fillon et Poudra, en qualité d'agents militaires, chargés de l'encadrement des soldats de la 1re réquisition, le premier pour les Districts de Fontenay, Montaigu, la Châtaigneraie, la Roche-sur-Yon, le second, pour ceux de Challans et des Sables.

Le District met en réquisition les étoffes propres à l'habillement et l'équipement des jeunes citoyens de 18 à 25 ans; les vêtements, habits, redingotes, manteaux, rideaux de lit, bleus ou rouges, rouges de toute espèce et bonnets de police.

Jacques Métayer, ministre du culte protestant, remet au président ses lettres de religion, et déclare renoncer à exercer son ministère.

Blanchard, Jean-Bernard, curé des Moutiers-sur-le-Lay et Bichon, Nicolas, curé de Foussais, abjurent leurs fonctions curiales.

12 mars.Bard informe la Municipalité de l'arrivée de Léquinio à Luçon. Deux commissaires, Périot et Debureau, sont envoyés à sa rencontre.

 

14 mars.Hentz et Francastel, à Angers, engagent la Municipalité à prendre les mesures qu'elle croira favorables à l'égard des réfugiés.

Le Département enjoint au District de fournir 10,000 quintaux de fourrages nécessaires aux troupes, à la requête de l'administration des Deux-Sèvres. Ayant appris l'arrivée du représentant Léquinio, il arrête qu'il se rendra, le lendemain matin, en députation, auprès de lui.

A 2 heures du soir, Léquinio, accompagné du général Baudry d'Asson et des commissaires de la Municipalité, arrive en ville venant de Luçon. Le Conseil de la commune va lui rendre ses hommages aussitôt son arrivée. Léquinio reçoit l'assemblée avec aménité et donne l'accolade fraternelle à ses membres.

A 4 heures, il rassemble chez lui un Conseil, pour lui rendre compte des malheurs de la Vendée et lui indiquer les moyens de les réparer. A 7 heures, il s'est rendu à la séance de la Société populaire. Il a témoigné à ses membres sa satisfaction d'avoir donné des preuves d'énergie et de patriotisme, et l'a invitée à persévérer dans l'amour de la patrie. Il l'a félicitée des travaux de ses commissaires dans les environs, où, elle a porté le flambeau de la vérité et institué des assemblées populaires de cantons. Il l'a exhortée à étendre son cercle d'action, et à ne prendre de repos que lorsque les ennemis, attaqués par la baïonnette, seront vaincus par cette arme, et par celles non moins puissantes de la philosophie et de la raison.

 Il a invité les sociétaires qui avaient des connaissances sur la guerre de la Vendée et avaient médité les moyens de la terminer, à lui faire part de leurs lumières et à former, à cet effet, un Comité qui vaquerait de suite à ce travail.

Il a ajouté qu'il le porterait lui-même à la Convention nationale, l'entretiendrait des progrès et des sentiments de la population, et a invité, en outre, ceux qui avaient des projets en vue du bien public, d'établissements utiles à former, à rédiger leurs plans et à les lui soumettre.

Sur la fin de la séance, les citoyennes de la commune ont été présentées par le maire à Léquinio, et lui ont offert leurs hommages par l'organe de la citoyenne Latouche (15). Elles lui ont témoigné leur satisfaction de le voir dans le sein de la commune, ont protesté de leur civisme, et l'ont assuré qu'elles emploieraient tous les moyens en leur pouvoir, pour faire progresser l'esprit public et maintenir l'énergie et le courage de la population.

Le représentant a félicité les citoyennes de leur patriotisme et les a invitées à user de l'influence que la beauté et les vertus exercent sur les hommes, pour l'épuration des mœurs, le progrès de l'esprit public, et le succès des armes de la République. Il a donné ensuite, au président de la Société et à la citoyenne Latouche, le baiser amical et fraternel.

La satisfaction la plus vive, dit le procès-verbal, n'a cessé de régner pendant cette séance qui a été terminée aux cris de : « Vive la République ! Vive la Montagne ! » et par un hymne à la Liberté, chanté en chœur, avec accompagnement de musique militaire.

Westermann, de concert avec Lapierre, passant par Cheffois, marche sur Réaumur. L'ennemi, chargé par la cavalerie, laisse un grand nombre de morts sur le terrain.

15 mars.Léquinio charge la Société populaire de nommer aux places vacantes dans les diverses administrations de la commune, et d'installer les nouveaux fonctionnaires.

Par suite, Philippe-René Esgonnière et Augustin Belliard, père, sont élus juges du tribunal du District.

Melchisédech Fleury, père, Jean Girard, notaire, suppléants.

Les sept places vacantes de la commission militaire sont remplies par les citoyens :

Boucard, capitaine de la 2e compagnie des vétérans de Fontenay;

Clovis, ci-devant capitaine de grenadiers de la garde nationale ;

Mercier, marchand de fer ; Isidore Lemercier, officier militaire;

Jean Garestier, lieutenant de gendarmerie;

Michelin, adjoint au commandant de place.

Les quatre places vacantes du Comité de surveillance sont remplies par les citoyens :

Joly, François, huissier du département;

Jacques, Constantin, percepteur;

Gauly, Jean-Baptiste, sous-directeur de l'hôpital militaire ;

Lambert, François, menuisier.

 

CONSEIL-GÉNÉRAL DE LA COMMUNE

Louis-Gabriel Godet, officier municipal.

Daniel Lacombe, aîné, notable.

Les places vacantes du Bureau de conciliation sont remplies par Raison, François-Marie, ci-devant président du tribunal criminel :

Luc-René Denfer du Clousy.

Les deux places d'assesseurs, vacantes à la Justice de paix, seront remplies par les citoyens :

Louis Loyau, ci-devant administrateur;

Louis-Jean-Etienne Petit, le Jeune.

Le Directoire se rend près de Léquinio, qui autorise le Département et le District à se réunir et se concerter, le lendemain en séance commune, à l'hôtel du Département.

— La Convention érige les églises en temples de la Raison.

16 mars. — Le sucre se vend en ville quatre livres cinq sous la livre.

Le Département et le District arrêtent de nouvelles mesures pour accélérer l'habillement des citoyens de la 1re réquisition.

Joba opère sa jonction avec l'adjudant-général Lapierre à la Châtaigneraie, bat les rebelles près Réaumur et leur tue 500 hommes (16) environ.

17 mars.Benjamin Godet, maire de Saint-Mesmin, est nommé substitut de l'agent national du District.

Le Comité de surveillance demande à la Municipalité une bière pour le transport des cadavres au cimetière.

« Frères et amis, l'humanité souffre par le spectacle que nous voyons tous les jours. La multiplicité des malheureux qui périssent dans les prisons, et que l'on transporte journellement au cimetière, portés tout nus sur une civière, offre un coup d'œil affreux, et pourrait causer des sensations aux femmes, surtout celles qui sont enceintes. Nous vous demandons de faire faire une bière sans couvert, de six pieds de long, qui serait permanente, et recouverte seulement d'un drap, par pudeur. »

La Municipalité lui fit savoir aussitôt qu'il serait fait droit à sa requête.

Une lettre de la Châtaigneraie annonce l'avantage remporté sur les rebelles. Le Département applaudit à ce succès, fait décharger les-archives des voitures et réintégrer celles-ci dans ses bureaux.

18 mars. — En raison du grand nombre de victimes de l'épidémie, dont les effets se font encore sentir, des coupables mis à mort, garnissant complètement le cimetière actuel, et de la nécessité d'en établir de nouveaux sur d'autres points de la commune, le Département arrête que les frais y relatifs seront prélevés sur les fonds, dits du culte et soldés, à chaque décade, à l'entrepreneur chargé des travaux.

Un atelier de réparations d'armes est installé dans la maison de l'émigré Houlier de Villedieu (17).

Aubertin marche de Machecoul sur Touvois, occupé par Charette.

Grignon attaque Stofflet à Saint-Aubin-de- Baubigné et le met en fuite.

20 mars. — La journée est consacrée à la célébration de la fête commémorative de l'abolition de l'esclavage, en vertu d'un décret de la Convention. Le cortège, composé des habitants de la commune et des commissaires des Sociétés populaires des cantons du District, part de la place de la Révolution en chantant des couplets patriotiques. Le maire et quelques autres citoyens ont prononcé des discours appropriés à la fête, qui a été terminée par un bal civique, où l'on a reçu les offrandes pour les veuves des citoyens, morts en combattant pour la patrie.

Les rebelles rentrent aux Clouzeaux. Charette se retranche dans le cimetière de l'église, situé sur une petite éminence.

Les cavaliers d'Haxo se lancent à leur poursuite, Le combat s'engage à la baïonnette. Haxo accourt, franchit un fossé, et reçoit une balle en pleine poitrine, au point de rencontre des cherpans des Clouzeaux et des Chauvières. Son cheval s'étant abattu dans un fossé, dans le champ des Landes-Blanches, « qui longe la route allant du bourg à la gare des Clouzeaux, —

Haxo, dangereusement blessé, s'adossa à un arbre, se défendant à coups de sabre et fut fusillé à bout portant. Furieux de sa mort, ses soldats n'en continuent pas moins la lutte et les Vendéens sont mis en fuite.

21 mars.— On cesse d'inhumer dans les anciens champs de repos de la commune.

22 mars. — A 10 heures du soir, la Société populaire engage la Municipalité à faire nettoyer les prisons, et à requérir les citoyens avec pelles et brouettes, pour aller recouvrir de terre les fosses du champ de repos.

Les eaux de lessive des hôpitaux et de la ville sont requises pour les besoins de la salpêtrière, établie dans la commune.

23 mars. — La Municipalité interdit aux citoyens d'aller dans les campagnes accaparer les denrées et recommande aux paysans de les apporter eux-mêmes, au lieu de les vendre dans la commune.

Stofflet surprend la garnison de Mortagne et la repousse dans la place.

Exécution de Guichard, Jacques, 41 ans, de Saint- André-sous-Mareuil; Beaulieu du Tail, François, 26 ans, de Saint-Germain-le-Prinçay ; Dupin, René, ex-gendarme, de Montaigu, chefs de brigands.

24 mars. -- Le pain faisant complètement défaut chez les boulangers, la Municipalité engage les particuliers à se transporter aux boulangeries, et à y faire fabriquer du pain avec la farine en leur possession. Des visites domiciliaires sont pratiquées chez les citoyens s'approvisionant aux marchés et chez les meuniers, boulangers et pâtissiers, pour inventorier le nombre et l'espèce de blutoirs, afin de saisir ceux qui réduiraient le quintal de farine au- dessous de 85 litres.

Les habitants devront se transporter au cimetière, du 25 au 28 du courant et jours suivants, s'il est besoin, pour continuer les travaux d'assainissement.

Léquinio part pour Paris, en compagnie de Tillier et de Chapelain, chargés par la Société populaire de se rendre auprès du Comité de Salut public. Ils étaient chargés par la Municipalité de présenter à la Convention l'adresse ci-après :

« Représentants du peuple, placés sur les bords du théâtre de la guerre civile, nous vous portons les hommages de notre commune, qui est restée inviolablement attachée à l'unité et à l'indivisibilité de la République. Nous vous félicitons sur la sagesse et la vigueur de vos décrets, sur l’abolition de l'esclavage des hommes de couleur, sur votre énergie à punir exemplairement les scélérats qui, couverts du masque d'un patriotisme ardent, abusaient de la confiance du peuple, pour le remettre sous le joug de la tyrannie.

Grâces vous soient rendues de tous vos bienfaits. Restez à votre poste jusqu'à ce que le vaisseau de la République soit conduit au port. L’amour du peuple, l'affranchissement de l'univers,  l’immortalité seront votre récompense. L'esprit public de notre commune prend de jour en jour de l'élévation. Tous les signes de superstition sont détruits. L'argent des églises, des cloches, les fers, les plombs ont reçu leur destination patriotique. Les édifices sont consacrés au service militaire et la Raison a son temple. Le Décadi est célébré avec joie. L’instruction publique a remplacé les prédications mensongères des prêtres.

Notre commune a organisé des Sociétés populaires dans tous les cantons du District, a porté les maximes de la morale et les lumières de la raison dans les campagnes. Notre Société a équipé deux cavaliers, et nos citoyennes en ont équipé un autre. Notre salpêtrière va prendre une grande activité. Deux commissaires sont à visiter un établissement important en ce genre, afin de l'imiter.

 Jetez donc, citoyens représentants, un regard de bienveillance sur notre commune et son territoire environnant. Préservez-là, par la sagesse de vos mesures, de l'invasion des brigands, et de tous les fléaux destructeurs. »

Tous les tailleurs du District sont requis pour l'habillement des jeunes gens de la première réquisition. Six commissaires sont désignés pour effectuer, pendant la nuit, des visites domiciliaires.

Turreau, de passage à la Mothe-Achard, ordonne à Huché, de se rendre à Luçon, en remplacement de Bard, suspendu provisoirement de ses fonctions. Il lui enjoint de faire enlever les subsistances et fourrages, qui se trouvent par sa droite, depuis Sainte-Hermine jusqu'à Chantonnay, en avant de lui jusqu'à Saint-Hilaire-le-Vouhis, la Chaize et le Château-Fromage et, par sa gauche, depuis le Bourg- sous-la-Roche, le Tablier, jusqu'à la Claye inclusivement, et de les diriger sur Luçon, ainsi que les bêtes à corne.

Aussitôt après, les bourgs, villages et hameaux sont incendiés sans exception et les habitants convaincus d'avoir coopéré à la révolte de leur pays exterminés sur-le-champ.

Turreau enjoint à la Municipalité de la Mothe-Achard de faire évacuer, dans les 24 heures, hommes, femmes et enfants du bourg, avec vivres, fourrages et bestiaux.

Reboul, chef du 4e bataillon de la Charente-Inférieure, dénonce la conduite du général Dutruy, général de brigade, au Comité de surveillance révolutionnaire de la Rochelle.

« C'est un scélérat, dit-il, parce qu’il est cause que Charette a fait des rassemblements considérables du côté de Belleville.

Il n'a jamais paru, ou du moins je ne l'ai jamais vu à aucun combat; il est toujours ivre et n'aime que le plaisir et la débauche. »

25 mars. — La Municipalité donne l'état des toiles à sacs, treillis et fils propres à ces toiles existant dans la commune. Le commandant de la garde nationale lui mande que l'organisation de la compagnie des jeunes gens de 16 à 18 ans est achevée. Elle comprend un effectif de 100 à 120 hommes, désignés sous le nom de Chasseurs de Fontenay-le-Peuple.

Une députation de la force armée, arrivée ce jour, en ville, se présente au Département. Le commandant fait part à l'assemblée de ses bonnes intentions, partagées par son corps, pour la défense de la ville et des localités qu'il sera chargé de protéger.

Exécution de Martineau, Jacques, 52 ans, journalier, du Tablier; Flandreau, Jean, 49 ans, de Saint-Pierre-du- Chemin, et Daguzé, Dominique, 30 ans, tisserand, de Menomblet, rebelles.

A 8 heures du matin, la garnison de la Mothe-Achard évacue ce village, et se dirige sur les Sables en faisant filer devant elle les habitants, et après avoir mis le feu aux maisons et veillé à ce qu'il ne restât plus un seul toit pour donner asile aux rebelles.

Les rebelles investissent Mortagne à sept heures du soir, avec 5,000 hommes.

26 mars. — La Municipalité refuse un certificat de bonne conduite au 146 régiment de chasseurs à cheval, en garnison dans la ville.

Le commissaire de police, chargé de surveiller les essais de fabrication de pain, rapporte que deux boisseaux de froment et deux de baillarge ont produit 45 pains de cinq livres, susceptibles de se vendre deux sous trois deniers la livre; que deux boisseaux de baillarge ont donné 18 pains de cinq livres pouvant se vendre un sou neuf deniers la livre. La garnison de Mortagne évacue la place et se réfugie à Nantes. Les rebelles s'en emparent.

La Société populaire dresse la liste de ses membres. Le Département déclare qu'il n'y a pas lieu à délibérer, quant à présent, sur l'érection d'un autel à la patrie, attendu que la Convention n'a pas décrété le mode d'érection.

Exécution de Goyau, Marie, femme Guitton, 44 ans, de Chavagnes; Motard, André, 69 ans, de Clussais (Deux- Sèvres); Galland, Jean, 55 ans, journalier, de Courlay (Deux-Sèvres); Thomas, Jean, 56 ans, de Saint-Marsault (Deux-Sèvres) ; Drochon, Jean, 74 ans, idem; Goineau, Angélique, 31 ans, de Chavagnes-les-Redoux; Curateau, Jean, 38 ans, maçon, du Vieux-Pouzauges; Guillot, Pierre, 45 ans, du Vieux-Pouzauges, rebelles.

27 mars. — La Municipalité confirme son arrêté du 25 mars, relatif aux réfugiés, et arrête que tous ceux résidant dans la commune, qui n'ont pas été compris dans les exceptions prononcées par les représentants, seront tenus de partir dans les vingt-quatre heures de la publication du présent.

Huché demande de nouvelles instructions relativement à l'incendie des villages de la Plaine et des communes environnantes.

Bard informe Turreau qu'il partira demain de Luçon pour Nantes, en raison de ses blessures, qui ne lui permettent pas de voyager aussi rapidement qu'il le désire.

Guéry et Lambert, membres du Comité de surveillance, sont envoyés à Celles, pour y remplir le tableau sur les détenus, à adresser au Comité de sûreté générale à Paris.

4 Carte pour servir aux opérations de la Guerre de Charette

Les rebelles brûlent le château et les portes de la ville de Mortagne, démolissent les fortifications et se retirent aux Herbiers.

Exécution de Charron, Pierre, de Bourneau; Maupetit, Augustin, 58 ans, de Foussais; Bouton, Félix, 62 ans, de St-Mars-la-Réorthe; Tarreau, Pierre, 34 ans, de Saint- Prouant, rebelles.

28 mars.Turreau adresse à Hoche la liste des communes comprises dans la proscription portée par son arrêté.

 

1er  Rive droite du Lay.

Puymaufray, Saint-Vincent-du-Fort-du-Lay; Chantonnay, Saint-Hilaire-le-Vouhis, la Chaise-le-Vicomte, Château-Fromage, Bourg-sous-la-Roche, Saint-Florent-des- Bois, le Tablier, Rosnay, la Couture, la Claye, Mareuil, Saint-André, les Moutiers-sur-Lay, Bellenoue, Château- Guibert, Corbaon, les Pineaux, Saint-Ouen-des-Gâts ; Bournezeau, Torigny, la Limouzinière, le Fougeré.

Rive gauche du Lay.

Saint-Hermand. Sainte-Hermine, le Simon-la-Vineuse, la Réorthe, Beaulieu-sous-Mareuil, Dissay, Bessay, Sainte- Pexine.

Huché donne l'ordre à Vincent Goy-Martinière, capitaine au 3e bataillon de la Haute-Vienne, de se rendre sur-le- champ, avec son bataillon, à Mareuil, d'y prendre 200 hommes du bataillon de Montlieu et de tenir la route ci- après :

Bellenoue, Corbaon, Château-Guibert, Torigny, la Chaise, la Limouzinière, Saint-Florent, le Tablier, Nesmy, Chaillé-Ies-Ormeaux, Rosnay, la Couture et autres lieux sur sa route, d'en enlever les grains, fourrages et bestiaux de toute espèce pour les faire conduire à Luçon, de livrer ensuite aux flammes, les bourgs, hameaux, métairies, qui en dépendent, et de faire exterminer tous ceux convaincus d'avoir pris part à la révolte.

La Société populaire de Luçon proteste près des représentants du peuple à l'armée de l'Ouest, du général en chef, et du Comité de Salut public contre l'arrêté du général Turreau.

29 mars. — Les habitants reçoivent l'ordre d'apporter à la maison commune, les fusils, piques, bidons, gamelles et autres ustensiles, laissés chez eux par les soldats, sous peine d'être regardés et traités comme suspects.

Le Comité de surveillance exhorte le général Turreau à ne pas livrer aux flammes la contrée de Luçon et communes environnantes, et supplie le Comité de Salut public de préserver la Vendée des torches incendiaires de Turreau.

30 mars. — La Convention décrète que Pichard (jean- François), ci-devant procureur-général syndic du département de la Vendée, sera traduit au tribunal révolutionnaire de Paris, et que le Comité de sûreté générale prendra tous les renseignements possibles sur la conduite des fonctionnaires publics de ce département, ainsi que sur celle des membres de la Commission militaire établie, à Fontenay, et en fera son rapport.

31 mars. — La Municipalité fait part au District de son anxiété au sujet de la pénurie croissante des céréales. « Nos alarmes, croissent, écrit-elle. Les portes de nos  boulangers sont assiégées, et nul moyen n'est en notre pouvoir de prévenir des malheurs. Nous nous adressons encore à vous, et vous conjurons de prendre cet objet en sérieuse et prompte considération. Ne mettez, s'il vous plaît, aucun délai. »

Le District lui fait savoir que quatre tonneaux de baillarge seront mis, le lendemain, il; sa, disposition.

Léquinio, Chapelain et Tillier arrivent à Paris. Ils ont audience au Comité de Salut public.

Léquinio lui présente les délégués, auxquels il fait un, accueil fraternel. Le représentant y donne ensuite lecture d'un mémoire sur les causes de la guerre de la Vendée et les moyens d'y mettre fin. La séance a duré de 9 heures du soir à minuit.

1er avril. — Le pain de baillarge est provisoirement fixé à deux sous la livre.

Le District alloue à la commune un secours de 2,268 livres 10 sous.

Huché prévient la Municipalité de Luçon « qu'il est fort mécontent de la malpropreté de leur cité qui regorge de salté (sic) boueuse, ce qui porte, en général, une insalubrité des plus dangereuses. Je sais que, depuis quatre mois, vous avez négligé cette partie ; si, sous deux fois vingt-quatre heures, vous n'ordonnez pas à chaque propriétaire ou locataire de nettoyer et enlever les boues et ordures de devant chez lui, je commandrai militairement à des piquets de corvée de prendre avec des pelles les ordures pour les rentrer dans les boutiques, cuisines,  salles de chaque particulier. Si vous connaissez l'esprit du soldat, vous présumés combien il s'empressera de surcharger un ordre, en y ajoutant le plaisir de bouer les appartements. »

Louis Voyneau, chef rebelle, de Saint-Etienne-du-Bois, est condamné à la déportation par la Commission militaire des Sables.

2 avril.Huché se plaint à la Société populaire de Luçon de ses mauvais procédés à son égard.

 

3 avril. Le citoyen Belliard (18), Augustin, fils, présente à la Municipalité un projet de remplacement des noms anciens des places, rues et sections de la commune, indiquant des souvenirs de tyrannie, de féodalité et d'institutions anéanties, par des noms susceptibles de rappeler aux citoyens la conquête de la liberté, le retour de la raison et des mœurs.

Sauf quelques modifications, ce projet est adopté à l'unanimité. Les nouveaux noms, Substitués aux anciens, seront peints aux pignons des maisons formant l'angle des rues et des places publiques, et remplacés, à l'avenir, dans tous les actes de la Municipalité.

Le général Huché fait fermer la salle des séances de la Société populaire de Luçon.

Le Comité de surveillance des Sables invite le District à faire enlever les ordures qui obstruent les rues de la ville, et à obliger les habitants à dégager leurs cours et leurs caves des fumiers qui y sont amoncelés.

 Exécution de Airaud , Jeanne, femme Nauleau , de Cheffois ; Arsicaud, Rose, 48 ans, idem Acarie, Rose, femme Duchét, 59 ans, de Mouilleron Béreau, Placide, dit Duvignaud, 64 ans, ex-noble, chef vendéen ; Grolleau; Jean, 44 ans, de Thouarsais ; Daux, Jeanne, 42 ans, religieuse du couvent de Notre-Dame de Fontenay, rebelles.

4 avril. — Les réfugiés, compris dans les exceptions prononcées par l’arrêté du 20 février, sont requis de venir à la Municipalité pour s'y faire inscrire, et faire connaître leurs motifs d’exemption. Ceux qui ne peuvent en invoquer devront partir dans les vingt-quatre heures.

Le District défend aux bouchers de tuer des vaches et d'en distribuer la viande aux particuliers. — Le Comité de surveillance dénonce, à celui de Rochefort, la conduite du général Huché.

Les tanneurs manquent d'huile pour la préparation de leurs cuirs. Le District arrête qu'il sera acheté 200 tonneaux de graines de lin, pour être répartis entre les industriels.

Le Conseil-général de la commune de Luçon mande au District de Fontenay qu'Huché concentre en ses mains toutes les forces militaires, qu'il a défendu à la gendarmerie d'exécuter aucun ordre ou mandat de toute autorité civile constituée.

5 avril. — La Municipalité ayant vu, avec une vive satisfaction, que son adresse et celle des citoyennes de cette ville avaient été inscrites dans le Bulletin de la Commission nationale, avec mention honorable, arrête que copie en sera consignée au procès-verbal de la séance, comme un témoignage du dévouement et du patriotisme des habitants.

Huché fait incendier les postes du Simon-la-Vineuse, la Réorthe et Sainte-Pexine.

Tillier et Chapelain, commissaires à Paris, annoncent à la Société populaire qu'ils ont obtenu audience du Comité de Salut public, ont été accueillis fraternellement, et qu'on va prendre des mesures, qui mettront infailliblement fin à la guerre désastreuse de la Vendée.

6 avril.Léquinio confirme Perreau, ci-devant curé de Notre-Dame, dans ses fonctions de directeur de l'Hôpital-général.

7 avril. — Un autel provisoire de la patrie est érigé sur la place de la Révolution (19).

 Il porte l'inscription suivante, surmontée du faisceau des licteurs et du bonnet phrygien, et en légende :

 

L'UNION FAIT LA FORCE.

LES RÉPUBLICAINS

DE

FONTENAY-LE-PEUPLE

JURENT DE MOURIR POUR LA DÉFENSE

DE LA PATRIE

DE LA LIBERTÉ

ET

DE L'ÉGALITÉ

 

L'AN II DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

UNE ET INDIVISIBLE

Le général Carpantier arrive aux Sables et prend le commandement de la place.

 — Charette marche sur Challans, avec 8,000 hommes commandés par Joly, Savin et Sapinaud;. mais Dutruy et Bonnard les repoussent trois fois et les mettent en déroute. -

Stofflet et de Marigny battent Grignon à la Caillaudière, près de Saint-Pierre-de-Chemillé.

8 avril. — Le Département enjoint aux Districts d'exécuter l'arrêté du représentant Dubois-Crancé, et de prendre les mesures nécessaires pour hâter; l'habillement des Citoyens de la 1re réquisition.

Huché informe le District des Sables qu'il a donné l’ordre d’incendier Saint-Cyr-en- Talmondais, et prévient Leclerc, commandant de place à Fontenay, qu'il fait livrer aux flammes le Port-la-Claye, et Mareuil-sur-Lay.

Le Comité de surveillance de Luçon fait arrêter Goy de la Martinière, capitaine du 3e bataillon de la Haute-Vienne, aide de camp du général Huché, accusé de viol, massacre et incendie, et le fait traduire devant la Commission militaire de Fontenay.

Daux, Françoise-Marie, ex-supérieure du couvent de Notre-Dame, est arrêtée par ordre du Comité de surveillance de Fontenay, pour crime de contre-révolution. Ce dernier invite celui de Niort, à faire rejoindre à Celles tous les reclus de la Vendée détenus dans leur ville.

Exécution de Billaud, Jean, 33 ans, de Saint-Cyr-des- Gâts; Baudry, Jean-René, 46 ans, de Puy-de-Serre ; David, Hélène-Louise, 27 ans, de Chantonnay ; Gaboriau, Jean, 32 ans, de Vendrennes, insurgés.

9 avril. — Le Comité de surveillance de Luçon fait mettre le général Huché en état d'arrestation, pour être conduit à Rochefort-sur-Mer.

Parenteau, son président, charge l'adjudant-général Cortez de prendre provisoirement le commandement des troupes. Ce dernier mande à Turreau l'arrestation du général Huché.

 — Stofflet est battu devant Mortagne.

10 avril. — Le District des Sables arrête que, quand la patrie est en danger, tout Français est soldat, et, qu'en conséquence, deux de ses membres se confondront dans les rangs des troupes, et seront relevés successivement par deux autres ; et que si le canon se fait entendre, il saura mourir où l’honneur et le devoir lui commandent de marcher.

Perreau et DupIeix, députés par la Société populaire de, Fontenay, vont voir les représentants, du peuple, près l'armée de l'Ouest, et rendent compte de leur mission à, cette assemblée.

11 avril.Dalton, Jean-Baptiste, curé de Chantonnay, se démet de ses fonctions curiales.

Exécution de Goy de la Martinière, Vincent, 49 ans, capitaine du 3e bataillon de la Haute-Vienne de Poitiers, aide de camp du général Huché, pour viol, massacre et incendie.

La Convention décrète que les Districts l'informeront du travail de confection des catalogues des bibliothèques.

12 avril.Lebrun, commandant de cavalerie à Luçon, est chargé d'escorter jusqu'à Rochefort, le général Huché, en état d'arrestation.

13 avril. — Le District requiert les municipalités de; son ressort de requérir aussitôt toutes les cordes servant aux sonneries des cloches, descendues pour être conduites au District, et de là au port de mer le plus voisin.

14 avril. — La Municipalité arrête que les dépouilles des guillotinés seront la propriété de l'Hôpital-général. A chaque exécution, cet établissement sera prévenu et enverra un de ses habitués au champ de repos pour les enlever.

15 avril.Hentz (20) et Francastel arrivent à Fontenay à 5 heures du soir. Le Conseil de la commune, précédé du maire, et le Directoire de département vont leur présenter leurs hommages.

Dillon raconte que, dans cette entrevue, il fut question des causes du renouvellement de la guerre de la Vendée, et surtout de sa durée. Hentz ayant alors pris la parole, les attribua à la faiblesse, et à la mauvaise volonté des autorités constituées. Dillon lui observa que son collègue Laignelot, venu à Fontenay avant lui, en avait jugé autrement, et pensait, au contraire, qu'on devait plus particulièrement en attribuer les causes aux généraux qui en faisaient leur vache à lait. Il avait à peine fini que le représentant l'apostropha durement et lui dit : « Tais-toi, bavard, je t'ordonne de ne parler, que lorsque je t'interrogerai ». Dillon voulut répliquer, mais il lui intima, de nouveau, l'ordre de se taire. « Il n'y a point, s'écria Hentz, d'autorités constituées en Vendée, et un général y est souverain ! »

Perreau demande que la Municipalité soit de nouveau invitée à changer les noms de la commune, et à lui en donner de conformes à la Révolution.

Le citoyen François Lansier, maire de la Mothe-Achard, obligé de se retirer aux Sables avec ses concitoyens, pour n'être pas victime de l'incendie de ce bourg, ordonné par Turreau, rend compte au District de sa gestion et proteste de son attachement à la cause de la liberté, qu'il a toujours défendue avec honneur.

Le Conseil reçoit ce compte, à l'unanimité, et arrête que mention civique sera faite à son procès-verbal des sentiments de républicanisme qui ont guidé le maire de la Mothe-Achard, dans sa carrière municipale.

Exécution de Lardy, Jean, 27. ans, de Foussais et de Gobin, Jean, 43 ans, de Saint-Sulpice-en-Pareds, insurgés.

16 avril. — La Municipalité arrête qu'il sera donné lecture de la loi sur l'instruction publique à chacun des instituteurs et institutrices; qu'ils ne pourront donner à leurs élèves de notions d'aucun culte ; qu'en conséquence, tout livre de prières et de liturgie sera banni des écoles; qu'ils devront seulement enseigner à leurs élèves, l'existence d'un être suprême, dont la puissance égale la bonté, et manifestant ses bienfaits dans tous les actes de la nature; qu'on lui doit amour et reconnaissance; que les livres destinés à l'instruction et approuvés par le Conseil, seront parafés par lui, en attendant ceux promis par la Convention ; que préalablement, les droits de l'homme seraient enseignés et imprimés, à cet effet, en gros caractères.

Hentz et Francastel se rendent à la séance de la Société populaire. Hentz monte à la tribune; il prend la parole et débite son discours pendant deux heures. Il expose que son collègue et lui viennent de parcourir la Vendée, dont la guerre était politiquement terminée ; que ceux qui lui donnaient encore de l'importance étaient des désorganisateurs, des amis de Charette; que la contre-révolution n'était plus au centre, mais aux bords de la Vendée; que les troupes n'avaient eu que deux ou trois fois des échecs, et que, dans les affaires les plus malheureuses, on n'avait perdu qu'une centaine d'hommes; que maintenant il n'y avait plus de brigands.

Il parle ensuite des mesures rigoureuses, qui avaient été prises par lui et son collègue Francastel pour étouffer entièrement cette guerre.

Des barques canonnières ont été disposées sur la Loire, afin d'intercepter toute communication avec la rive droite de ce fleuve, où se trouvaient encore quelques débris de l'armée de La Rochejaquelein ; de là, ligne de démarcation qui allait être tracée entre le pays rebelle et le pays fidèle; et que toute personne, de l'un ou l'autre côté, ne pouvait dépasser sans être fusillée au moment de l'évacuation des habitants; enfin, de l'incendie et du massacre déjà commencés et qui devaient faire de tout le pays un vaste désert.

 « C’est ainsi, di-t-il, que se terminent les guerres civiles » Il entreprit de justifier l’emploi de ces moyens barbares, en disant qu'ils étaient indispensables, parce que les brigands étaient incorrigibles que cette déclaration leur avait été faite par une femme qui, pour ce motif, se refusa de porter des proclamations dans les communes révoltées.

Hentz parla ensuite des douze colonnes révolutionnaires organisées par Turreau, général en chef, pour l'exécution de ces grandes mesures.

Il annonça qu'il serait peut-être nécessaire de faire brûler Fontenay, qu'il faudrait bien que cela se fit; que cependant cette commune ne le serait pas ; ajoutant qu'il fallait tout souffrir sans murmurer ; que ceux qui se plaignaient étaient des égoïstes, des amis de Charette, et que la Nation récompenserait généreusement.

Il ajouta : « Si la guerre continue, tant mieux ; autant de rebelles, autant de biens pour la République, à qui cette guerre non seulement ne coûterait rien ; mais, au contraire, rapporterait du bénéfice. »

Il s'étendit ensuite sur la confiance qu'on devait aux généraux employés dans la Vendée, et qu'il nomma les hommes du Gouvernement. Il les plaça au-dessus des dénonciations. Il ajouta que c'était chercher à entraver les opérations ; que c'était être ami de Charette de dénoncer les généraux, de scruter leurs opérations et leurs intentions, dont il attesta le patriotisme, la droiture et l'énergie.

 S'adressant alors aux militaires présents à la séance :

« Ayez, leur dit-il, de la confiance dans vos généraux; sans cela, point d'armée, et si vous dites du mal d'eux, vous êtes des amis de Charette. »

Il témoigna toute son indignation contre les membres du Comité de surveillance révolutionnaire de Luçon, qu'il qualifia de scélérats, parce qu'ils avaient osé faire arrêter un général vertueux, un excellent républicain, le général Huché. Il déclara que ses membres seraient punis de cette audace, qu'ils allaient être traduits au tribunal révolutionnaire.

Il dit que l'arrestation de Huché était motivée sur une lettre d'une brigande; que c'était une imbécillité des amis de Charette d'avoir employé ce moyen contre les généraux patriotes; mais que ces gens étaient connus et n'échapperaient pas.

Il fulmina ensuite contre la Commission militaire de Fontenay-le Peuple qui, sans droit, avait prononcé l'arrêt de mort de Goy Là Martinière, homme militaire et énergique, estimé de Huché. Il annonça que cette affaire allait être suivie de près, et qu'elle pourrait être funeste à plus d'un individu.  

Après de longues et fréquentes suspensions, pendant lesquelles ses regards se promenaient autour de lui avec inquiétude, Hentz adressa la parole au peuple. Il donna des notions sur ce qu'il appelait l'esprit public. Il se déchaîna contre les riches, disant que le nivellement s'opérait peu à peu. Il discrédita les assignats en inquiétant les acquéreurs de biens nationaux.

« Ces grands acquéreurs de biens nationaux, a-t-il dit, auront aussi leur tour. Ce qu'ils ont acquis d'une main, ils pourront bien le rendre d'une autre ; et nous trouverons bien moyen de les atteindre ».

Enfin, Hentz parla des Sociétés populaires ; et après avoir établi en principe que ceux qui avaient des moyens oratoires étaient des intrigants et des désorganisateurs, il voulut qu'ils fussent chassés de leur sein. Il déclara qu'il ne faisait jamais de ces beaux discours ; et qu'au contraire, il disait tout ce qui lui venait à l'idée. Il parut étonné dii nombre des membres de la Société, au milieu de laquelle il se trouvait. Il déclara, que pour être bonnes, elles ne devaient être composées que de trente à quarante. Il blâma l'instruction des Sociétés populaires organisées dans les campagnes du District de Fontenay, par les soins de celle de Fontenay. Il annonça qu'il allait la dissoudre, qu'un noyau, formé de bons sans-culottes, point intrigants, et dont la liste lui avait été donnée par sort collègue fayau dont la Convention s'honorait — serait chargé de la réorganiser le lendemain, et de la réduire à trente ou quarante membres, d'environ trois cents dont elle était alors composée; qu'ils n'y admettraient point les fonctionnaires publics, ou du moins ne les recevraient qu'en petit nombre et avec circonspection : qu'ils écarteraient aussi les orateurs, les hommes à talents, et toutes les personnes qu'il avait désignées comme ennemies du peuple ; qu'ils ne recevraient pas non plus les militaires et les étrangers à la commune; et il termina en faisant la lecture d'un arrêté portant dissolution de la Société populaire.

Les représentants désignent ensuite ceux des membres devant composer le noyau de la nouvelle, qui se trouve composée des citoyens : Martineau, aîné; Fayau, le jeune; Durand, Marcelin; Boutheron, Joseph; Fayau, l'aîné; Bossis, Henri-Jean-Baptiste; Déglise; Lecomte; Chisson; Bidal, Moïse; Fillon, Pierre-Jean, notaire; Giraud Etienne, officier de santé; Joubert, père, administrateur; Rondaud, aîné; Perreau, Charles-Louis, officier de santé; Vexiau, Simon, poêlier; Tillier, Michel-Philippe; Joly, François, concierge.

Les citoyens ci-dessus, détermineront le mode de réception des membres, en prenant les précautions nécessaires pour n'admettre que des patriotes, et exclure les fédéralistes, les intrigants, les aristocrates déguisés, les égoïstes, les ambitieux, et ceux qui se masquent derrière le patriotisme pour avoir des places. La Société populaire régénérée surveillera les fonctionnaires, et dénoncera les abus aux représentants. Elle éclairera le peuple et sera composée du peuple.

La Commission militaire, établie par Léquinio, est supprimée, et les scellés apposés sur ses papiers (21).

Cent trente-trois rebelles détenus à Fontenay, sont envoyés par leur ordre, dans l'ile de la Montagne (ci-devant Noirmoutier), pour y être traduits devant la Commission qui y est en fonctions (22).

Bretonnière, ingénieur du département, reçoit l'ordre de s'éloigner à 20 lieues du théâtre de la guerre.

17 avril.Testard est destitué de ses fonctions de maire, pour avoir servi de secrétaire au Conseil provisoire, pendant l'occupation de la ville par les Vendéens. Brisson, premier officier municipal, est proclamé maire, en remplacement de Testard.

Hentz et Francastel se transportent à Luçon, mettent la ville en état de siège, suspendent les séances de la Société populaire, font arrêter et conduire à Paris le Comité de surveillance et l'adjudant-général Cortez (23), et ordonnent que Huché soit transféré de Rochefort à Paris.

La Municipalité reçoit l'ordre de rassembler les cordes qui servent à la sonnerie des cloches, attendu qu'elles sont destinées au service de la marine.

18 avril. — Les représentants chargent le Conseil de guerre de Luçon de recueillir tous les renseignements relatifs à l'arrestation du général Huché, nomment Guillaume, général de brigade, et lui font remettre la correspondance du Comité de surveillance de Luçon avec les généraux.

Hentz et Francastel arrivent aux Sables. Ils assistent à la plantation d'un arbre de la liberté à la Chaume.

La colonne d'Aubertin rentre à Machecoul.

 — Stofflet est battu à Jallais.

 

19 avril. La remise d’un drapeau par la commune à la garde nationale, donne lieu à une fête dans cette ville. Les gardes nationaux se rendent en armes à la mairie, pour y prendre le drapeau, et accompagnent la municipalité sur la place de la Révolution. Marchant entre deux haies, le Conseil s'est, rendu sur l'autel, provisoire de la patrie. Arrive là, le maire a prononce un discours en présence de la garnison et d’une grande, affluence de peuple. Il a ensuite pris l’étendard des mains d'un gagé de ville, et l'a remis au porte-drapeau. Le commandant de la garde nationale a ensuite pris la parole pour rappeler à ce dernier le courage et les sentiments républicains de son devancier. Les autorités, suivies de la force armée, ont ensuite exécuté une marche patriotique. De retour sur la place, on a entonné en chœur le chant de la Marseillaise, et l'on s'est séparé. Le Conseil de la commune s’est alors rendu à la salle des séances de la Société populaire, y célébrer le décadi par la lecture des lois.

Le Comité de surveillance dresse la liste des hommes suspects, à mettre en état de réclusion.

Guillaume mande à Turreau qu'il a été investi la veille, par les représentants, du commandement des troupes cantonnées à Luçon, au camp, et postes en dépendant.

Charette, avec 7 à 8,000 hommes, marche sur les Moutiers-les-Maufaits, où les républicains avaient établi des magasins d'approvisionnements. Malgré une énergique résistance de la garnison (24), il s'empare du bourg avec les, munitions qui s'y trouvent et marche au secours de Sapinaud.

Les Chaumois plantent un arbre de la liberté.

 

20 avril. — La Municipalité demande au District l'autorisation de requérir des voitures dans les communes voisines, pour le, transport des réfugiés qui arrivent en foule dans la ville.

Bidal, membre du Comité de surveillance, chargé de conduire 183 rebelles à Noirmoutier (72, hommes et 61 femmes), rend compte à ses collègues de ses démarches à la Rochelle, pour procéder à l'embarquement des détenus.

21 avril. Le Conseil de la commune invite la Société populaire à lui faire connaître les moyens de prévenir l'insalubrité de l'air, pouvant résulter de l'ouverture des fosses pour les guillotinés dans l'ancien cimetière.

22 avril. — Serré, Louis-Etienne, curé du Tablier, se démet de ses fonctions ecclésiastiques.

Le général Turreau passe aux Sables, se rendant à la Rochelle, accompagnant les représentants Hentz et Francastel.  

23 avril. — Une représentation théâtrale est donnée au bénéfice des soldats blessés dans les combats livrés aux Vendéens, par les officiers de l'armée, et des citoyens et des citoyennes de la ville.  

THÉATRE DE L'ÉGALITÉ

Avec la permission du citoyen, commandant la Place de Fontenay-le-Peuple

Aujourd'hui 4 floréal an II de la République

une et indivisible

LA TROUPE DES ARTISTES MILITAIRES

donnera une seconde représentation des

VERTUS D'UN SANS-C ULOTTES

Pièce en cinq actes, par le cit. Parmentier

sera suivie de

LA MARQUISE AMOUREUSE

Pièce, en un acte, par le cit. Mervaud.

 

Il y aura musique militaire.

Le spectacle commencera à sept heures du soir.

Prix des places : une livre aux premières; dix sous aux secondes.

Les enfants paient demi-place.

— Drouain, instructeur de la garde nationale, est autorisé à montrer l'exercice dans le temple de la Réunion.

Le District lait opérer le recensement de toutes les eaux- de-vie, liqueurs, vins indigènes ou étrangers, appartenant à des émigrés, des condamnés ou détenus, pour être mis en réquisition par la Commission des subsistances.

Turreau, général en chef, est suspendu de ses fonctions et remplacé par le général Vimeux, auquel on donne Beaupuy pour chef d'état-major.

24 avril. — La Municipalité arrête que les boulangers ne fabriqueront désormais que du pain de baillarge pure, et que la livre sera taxée à deux sous.

Le District arrête que le linge uni existant dans les églises sera transporté dans les magasins établis en ville.

Les administrateurs du District des Sables arrêtent qu'ils transfèreront le lieu de leurs séances à la maison ci-devant curiale.

25 avril. — Le District enjoint à la Municipalité de rassembler dans les dépôts et de mettre sous les scellés, les parchemins, livres, papiers ou imprimés, qui auraient été remis pour être brûlés, conformément à la loi du 12 frimaire.

Martineau, Fayau, Tillier, Durand, Boutheron, font passer au Comité copie, par extrait, des pouvoirs que les représentants du peuple Hentz et Francastel leur ont délégués, de faire arrêter et exclure les personnes nominativement énoncées dans le dit arrêté et icelles les faire conduire .en la maison de Celles (Deux-Sèvres).

Le Comité engage le District à prendre les mesures nécessaires pour faire également partir tous les autres reclus, et les conduire en maison plus sûre que celle de Fontenay.

Charette, avec une colonne de 4,000 rebelles, vient attaquer le poste de la Châtaigneraie, commandé par Lapierre, avec 2,000 hommes. Les rebelles sont repoussés, laissant 200 des leurs sur le champ de bataille, deux drapeaux et plusieurs fusils et piques.

26 avril. — Le District est chargé de fournir dix mille quintaux de subsistances à l'armée des Côtes de la Rochelle.

Les papiers préservés de l'incinération sont déposés dans la chambre, située au- dessus du bureau des contributions, et les scellés apposés sur la porte.

Guillaume, commandant de l'armée de Luçon, mande à Turreau qu'il a fait rentrer les canons du Port-Ia-Claye, et va faire évacuer tous les ports placés sur le Lay.

27 avril. — Plusieurs femmes sont conduites en prison, les unes pour avoir joué aux quilles dans les rues, contrairement aux règlements de police, les autres pour avoir été rencontrées sans cocarde nationale.

Le Comité de surveillance requiert le commandant de place de fournir une escorte suffisante, pour conduire le lendemain, à. 4 heures du matin, 32 détenus à Niort.

Le général Turreau arrive à Fontenay, et se présente à la Société populaire.

Le Président lui donne l'accolade fraternelle. « Je suis sensible, dit-il, à cette marque de  sympathie; mais j'ai à me plaindre de ce que plusieurs Sociétés ont cherché à rendre mon nom odieux aux yeux de l'opinion publique. Je dois dire ici que tous mes actes ont été dirigés par le Comité de Salut public. » Il parle ensuite des diverses qualités, qui doivent caractériser les vrais sans-culottes, les vrais amis de la patrie. Le président Perreau, après lui avoir témoigné, au nom de l'assemblée, la .satisfaction qu'elle éprouve de le posséder dans son sein, l'exhorte à délivrer prompte- ment le pays de la horde de rebelles, qui ravagent la contrée depuis six mois (25).

28 avril. — Les habitants sont tenus d'apporter, sous 4 jours, à la mairie, tous les, vieux linges, chiffons, vieux chapeaux, rognures de parchemin, qu'ils pourront rassembler. Le prix en sera payé d'après le maximum.

Pichard, Jean-François, ci-devant procureur-général syndic du département, comparaît devant le tribunal révolutionnaire. Déclaré coupable d'avoir conspiré contre la liberté et la souveraineté du peuple, il est condamné à mort et exécuté le même jour.

Le Comité de surveillance des Sables informe les représentants du peuple, à Nantes, de la translation à Noirmoutier des rebelles et gens suspects, détenus aux Sables (26), en raison de l'encombrement qui règne dans les maisons d'arrêt, de l'épidémie dont est menacée la population, et de la suppression de la Commission militaire.

29 avril. — La Municipalité de Niort est avisée du passage des détenus, au nombre de trente-deux, dans sa commune, et le Comité de surveillance de Celles est mis en demeure de les placer dans sa maison de réclusion.

Sur les dix heures du matin, les détenus partent pour Celles, sous l'escorte d'un détachement d'infanterie.

 

Cétaient :

1 Madelaine Denfer, fille aînée, de Chaix;

2 Louise-Céleste Denfer, fille cadette;

3 Bourdeau, veuve, de Chaix;

4 Belliard, la fille, de Doix;

5 Gumery-Biancourt, Louis-Jacques, de Pissotte;

6 Gumery-Biancourt, femme, née Cogné, Marguerite;

7 Parenteau-Lavoulte, Augustin-René, de Saint-Médard-des-Prés ;

8 Parenteau-Lavoulte, femme, née Savary, Geneviève;

9 Maillaud, de Saint-Médard-des-Prés ;

10 Perreau, Pierre, propriétaire, à Auzais;

11 Perreau, femme, née Juchault, Marie-Louise;

12 Cordet, Marie, de l'Hermenault;

13 Grimouard du Vignaud, Louis;

14 Grimouard du Vignaud, née Lucie-Alexandrine- Claudine Desmé-Dubuisson ;

15 Aumon, Jean-Baptiste, de Maillezais ;

16 Haquet-Hauteporte, Jacques-François, des Sables;

17 Ridier, Pierre, ex-curé de Saint-Aubin-la-Plaine;

18 Brunet de Maillé, femme, née Ribert;

19 Deschamps, Baptiste, laquais, de Fontenay;

20 Girard de Beaurepaire, Marie-Catherine-Céleste, de Nantes ;

21 Sureau, la fille, lingère.

22 Albert Manon, la fille, journalière;

23 Berthomeau, femme, née Poncet;

24 Planchet, la veuve, journalière;

25 Esneaud, Jean-Baptiste, ex-curé de la Châtaigneraie.

26 Maynard, François-Germanicus-Bonaventure, sr du Langon;

27 Maynard, Honorée, fille du précédent;

28 Maynard, Emilie, idem.

29 Sagot, Marie, lingère;

30 Châtelier, Louise, la veuve, des Herbiers;

31 Landreau, Marie;

32 Marie-Bénigne Maynard, née Racondet, du Langon, n'a pu partir pour cause de maladie.

Les rebelles et gens suspects des maisons d'arrêt des Sables, sont embarqués pour Noirmoutier.

30 avril. — La ci-devant église du collège est transformée en magasin pour les effets de campement, qui viennent d'arriver dans la commune.

Guillaume mande à Turreau que son quartier-général est à Luçon, et son avant-garde à Saint-Hermand. Huché est promu général de division.

Stofflet fait sa jonction avec Charette devant Challans, où se trouvait Dutruy.

Les rebelles sont repoussés et Stofflet regagne l'Anjou, pendant que Charette se retire vers Saint-Christophe-du-Ligneron.

ler mai. — Leclerc, commandant de place, reçoit de Turreau l'ordre d'aller prendre la direction de la troupe de Luçon.

Le Comité de surveillance des Sables mande au Comité de Sûreté générale, qu'il a fait arrêter Gérard, président de District; Biret, agent national; Rouillé, secrétaire de l'administration, destitués par les représentants Hentz, Francastel et Garreau.

2 mai. — A 9 heures du matin, les rebelles, au nombre de 5,000 hommes, reviennent attaquer le poste de la Châtaigneraie. Après un combat acharné, ils sont mis en fuite après avoir perdu une grande quantité des leurs. Les patriotes y ont 8 tués et 38 blessés.

3 mai. — Garestier remplace Pâris de la Salle comme capitaine de gendarmerie, détenu par ordre du Comité de surveillance à Fontenay, le 6 février précédent.

Le Comité de surveillance arrête qu'on fera partir les détenus, et invite le District à se concerter avec quelque département voisin, pour se procurer une maison de réclusion, l'abbaye de Celles se trouvant engorgée.

5 mai. — Daniau, directeur de l'hôpital, reçoit l'ordre de faire transporter au nouveau cimetière les individus décédés dans l'établissement. La Municipalité enjoint au Comité de surveillance de faire partir pour Celles les détenus de la commune, selon le vœu exprimé par les représentants. Le District donne l'ordre de faire partir les détenus, dès le lendemain.

Le Comité de surveillance requiert Chollet de fournir des voitures, et envoie à la maison de réclusion prendre les noms des détenus nouvellement arrivés. Dans l'impossibilité de faire partir les prisonniers dès le lendemain, des médecins devront constater l'état de ceux que la maladie met dans l'impossibilité de supporter le transport.

6 mai. — Le Directoire arrête que les greniers d'abondance de la circonscription seront placés provisoirement à, Maillezais, au Poiré et à Luçon.

Guillaume mande à Turreau que les insurgés se préparent à attaquer le poste de la Châtaigneraie, et que, depuis trois jours, trois cents charretées de grains sont arrivées à Luçon.

Le Comité de surveillance mande à la Municipalité de Celles, qu'il lui adressera, le lendemain matin, 60 détenus, pour être conduits à l'abbaye.

7 mai. — Guéry se transporte à la prison. Le nombre des charrettes est insuffisant pour faire partir tous les détenus. Cinquante-huit seulement composent le convoi. On demande au District deux autres charrettes pour faire partir le reste.

En voici la liste :

Guyon, Marguerite, lingère;

Brisson, Paul-Charles, médecin;

Geay, Antoine, orfèvre;

Fauconnier, femme;

Bernard, mère;

Bernard, fille;

Perreau, Julie, ci-devant dame de chœur des religieuses de Notre-Dame ;

Dupuy, Louis-Benjamin, médecin;

Gaspard (les deux sœurs), modistes;

Savary, Thérèse-Marie-Suzanne, épouse Savary de Calais ;

Desmé, Jean, fils, bourrelier.

Savary-Mesnardière, Marie-Louise, ex-religieuse de Notre-Dame;

Savary-Morinville, Suzanne-Rose, ex-religieuse de Notre-Dame;

Millet, Madeleine;

Divé (les deux sœurs) ;

Pichard La Caillère, femme, Rose-Gabrielle-Marie Mallet Puyfort ;

Michel, François-Martin, avoué;

Chesnelaie, veuve, née Louise Guéry ;

Robin, Adélaïde, tailleuse;

Brunetière, François, propriétaire, de St-Cyr-des-Guts ;

Brunetière, femme, née Marie-Jeanne Mesnard;

 Garnereau, Marie, lingère;

Brunetière, Joseph, médecin ;

Chapitreau, Louise, fille;

Clion, Noël-Nicolas, ex-régent;

Arcemale (d') veuve, née Roy, Marie, de Doix. Frouin, fille, ex-religieuse;

Gaborit, fille, idem ;

Filleux (la) fille, idem;

Espinasseau, Marie;

Espinasseau, Rose;

Espinasseau, Françoise;

Dallet, Geneviève;

Lebeuf, Marie;

Gouin, Hubert ;

Gouin, femme;

Encrevé, René;

Boissonnot, Renée;

Cogné;

Larée, Anne;

Giraud, Marie;

Delion, Rose;

Barry;

Chambellan, mère;

Gauly, femme;

Marais, femme:

Bertaud, fille, journalière;

Maynard de la Bogisière, née Racondet, Louise-Charlotte-Adélaïde ;

Prévost, Emilie, de Luçon ;

Prévost, Agathe, idem ;

Poupin, fille, blanchisseuse;

Chambellan, fille;

Martin, femme;

Barreau, femme;

Maynard, Marie-Bénigne, femme, du Langon ;

 Lacombe, la veuve, marchande.

Les prisons répandent une odeur infecte. Le Comité invite la Municipalité à faire nettoyer les cloaques, qui infectent les prisonniers, et pourraient propager la contagion dans la commune.

La Municipalité dresse la liste des personnes se disant nobles, ou passant pour telles avant la Révolution et domiciliées dans la commune.

Les membres du District de la Roche se réfugient à Beaulieu-sous-Mareuil, et protestent contre les mesures prises par le général Guillaume, pour l'enlèvement des céréales.

Une loi proclame l'Être-suprême, l'immortalité de l'âme et institue des fêtes religieuses.

8 mai. — La Municipalité déclare au directeur de l'hôpital, qu'elle ne peut lui fournir un tombereau pour le transport de ses morts au champ de repos, n'en ayant pas même à sa disposition pour l'enlèvement des boues des rues.

A 4 heures du soir, arrivent à l'abbaye de Celles les cinquante-huit détenus, partis, la veille de Fontenay, sous l'escorte des gendarmes nationaux. Ils sont, de suite, placés dans la ci-devant église.

9 mai. — Les habitants reçoivent l'ordre de venir déclarer à la mairie, dans les 24 heures, les réfugiés logés chez eux, ou qu'ils savent recueillis ailleurs.

10 mai. — A la réunion de la Société populaire, un membre demande que, toutes les décades, il y ait un bal patriotique, où les citoyens puissent se réunir, se distraire et manifester leur satisfaction de l'établissement de la Révolution et des bienfaits de la Liberté.

Un autre exprime le vœu que, pour propager l'esprit révolutionnaire, on joue, chaque décadi, des pièces patriotiques, où l'on peindra les mœurs, l'amour de la patrie, et la haine aux tyrans. Ces deux motions sont adoptées, et l'on décide la formation d'un comité chargé de recueillir les noms des citoyens et citoyennes qui voudront remplir des rôles. Le choix d'un emplacement pour la scène est confié aux citoyens Pigeau, Périot, Imbert, Denfer aîné, Poëy-d'Avant et Joly.

11 mai. — La Convention décrète que tous les ecclésiastiques infirmes et sexagénaires sujets à la réclusion, devront se transporter au chef-lieu de leur département respectif, pour être reclus dans des maisons à ce destinées.

12 mai. — Le 91 bataillon d'Orléans part de Fontenay pour la Châtaigneraie.

Le Comité de surveillance informe celui de Chef-Boutonne, qu'il lui envoie quatorze détenus pour être reclus à javarzay dans leur commune.

C'étaient ;

Bouquet ; Robineau ; les trois filles Chambellan ; Hucteau et sa femme; Bastard; la fille Delion; la femme Violeau; Auger, prêtre réfractaire; Gendron; Vrignaud; la femme Bâcle.

13 mai. — Une nouvelle foule de réfugiés, manquant de pain et de toute espèce de ressources, arrive en ville. La Municipalité distribue deux livres de pain à chacun d'eux, et les fait partir dès le lendemain.

Le Département arrête que les travaux des routes, qui n'ont pas été adjugés, seront exécutés par voie de réquisition.

Turreau est mandé à Paris. Arrivé à Saumur, il trouve une Commission qui le charge du commandement de Belle-Isle--en-Mer.

14 mai. — La Municipalité dresse le tableau des citoyens de la réquisition de 18 à 25 ans.

A l'ouverture de la séance de la Société populaire, Perreau, son président, engage les citoyennes patriotes à se faire inscrire au Comité pour représenter des pièces patriotiques. Un membre propose les citoyennes Varailhon, Raison, Giraud, Poëy-d'Avant, Lecomte et Tillier. Un autre demande que le président invite ces citoyennes à jouer des airs patriotiques.

En conséquence, Perreau, invite les citoyennes Raison, Tillier, Poëy-d'Avant, Giraud, Dubois, Lecomte, Gallet, Philipeau, Latouche, Bouron, Vinet La Naulière, Arnaud, Pigeau, Coyaud de la Châtaigneraie, veuve Thomas, Latouche, mère; Boutin, Fleury, Martineau, Godet, de Saint-Hilaire et Chambonneau, à vouloir bien représenter des pièces patriotiques.

15 mai. — Papin, ci-devant professeur de philosophie du collège, est nommé agent national pour l'exploitation du salpêtre. Il est alloué : 1° 180 livres au citoyen François Brevet, pour le transport des reclus de Fontenay à Chef- Boutonne; 2083 livres à François Robert, métayer, pour avoir conduit les reclus à Melle, avec une charrette, attelée de six bœufs, ayant passé quatre jours, y compris l'étape et la conduite; 30 135 livres à Poplineau pour avoir conduit les reclus de Fontenay à Chef-Boutonne, avec voitures à quatre mules, ayant passé six jours avec un conducteur.

16 mai. — Le sieur Boisson, Henri-Jérôme, des Sables, déclare à la Société populaire de cette ville que Carpantier revenant un jour, des environs de la Mothe-Achard, rencontra un domestique du citoyen Pezot, auprès de Pierre- Levée, et lui adressa la parole en ces termes : — « Tu es sans doute un brigand? » — « Non, lui répond Favreau. « Je viens du vallon voisin, couper des broussailles pour chauffer le four, et je me rends chez mon maître. »

« As-tu un passeport! » Général, lui répondit-il, je ne l'ai pas sur moi en ce moment; mais donnez-volts la peine de venir à la maison, je vous le montrerai. » Sans autre forme de procès, Carpantier donna l'ordre aux chasseurs de son escorte de le fusiller, ce qui fut exécuté aussitôt.

17 mai. — Le Comité de surveillance dénonce à la Municipalité l’insalubrité de l'hôpital, où cinq individus, dont deux enfants, sont morts la veille, et demande sa translation à Terre-Neuve.

18 mai.Chollet, directeur des charrois, réquisitionne trente voitures ainsi que les bourreliers, pour la confection de 22 harnais qui devront être livrés le 21 mai, au plus tard, sous peine de prison.

La Convention accorde une mention honorable au soldat Grossard, du 7e chasseurs, en garnison à Luçon, pour son adoption d'un enfant de trois mois abandonné, dont la mère a été assassinée par les rebelles.

19 mai. — Le Conseil de la commune, sur la demande de la Société populaire, prend l'arrêté suivant pour combattre l'épidémie qui ravage la population :

« Le Conseil général de la commune, considérant que l'épidémie, qui a fait tant de ravages pendant l'automne et l'hiver derniers, pourrait se renouveler, si l'on ne prenait des mesures pour la prévenir;

« Considérant que les miasmes putrides qui, pendant les chaleurs, s'exhalent des fosses de l'ancien champ de repos, recouvertes de trop peu de terre, pourraient devenir une cause d'épidémie,

« Arrête :

« Article premier. — Tous les citoyens valides sont requis d'aller sur l'ancien champ de repos, travailler à recouvrir les parties qui leur seront indiquées.

« Art. 2. —Ceux qui n'ont point les moyens de donner leur temps sans paiement, seront payés des journées consacrées à ce travail.

« Art. 3. — Ceux auxquels les infirmités, ou des occupations indispensables, ne permettent pas de se livrer à cette opération, même les fonctionnaires publics salariés ou non, devront se faire remplacer par des journaliers, au prix fixé par le maximum.

« Art. 4. — Pour éviter la confusion résultant de la grande affluence des citoyens, qui pourraient se présenter simultanément pour ce travail, il y est arrêté que les sections travailleront successivement les unes après les autres, pour recommencer ensuite dans le même ordre.

« Art. 5. — Chaque citoyen se munira des outils propres à remuer la terre et les remportera le soir.

« Art. 6. — Les travaux commenceront chaque jour à cinq heures du matin, et finiront à sept heures du soir. Ils seront surveillés par des commissaires nommés par la Société populaire. »

 

20 mai. — La Municipalité adresse au Comité de Salut public la liste des ci-devant nobles de la commune.

Il est alloué 135 livres au citoyen Mercier, de Saint- Médard, pour transport de reclus de Fontenay à Chef- Boutonne, avec voiture attelée de quatre bêtes, tant mules que juments, un conducteur sans étape.

Prieur (de la Marne) arrête que les réfugiés de la Vendée ne pourront fixer leur retraite dans les départements maritimes, et que ceux qui s'y sont retirés, devront faire à la Municipalité, la déclaration de leur nouveau domicile.

21 mai. — L’agent national communique au Conseil un arrêté du Comité de Salut public du 23 floréal, portant qu'au fronton des édifices, ci-devant consacrés au culte, on substituera à l'inscription :

TEMPLE DE LA RAISON

ces mots de l 'art. 1er du décret de la Convention nationale du 18 floréal :

LE PEUPLE FRANÇAIS RECONNAIT L'ÊTRE-SUPRÊME

ET L'IMMORTALITÉ DE L'AME

 

Et que le rapport et le décret du 18 floréal seront lus publiquement les jours de décade, dans les édifices, durant un mois.

Le Comité de Salut public donne au Département le nom de Vengé.

 

22 mai. — La Municipalité procède à la réception et au tirage des chevaux et mulets réquisitionnés, conformément à la loi du 18 germinal. Les chevaux s'élèvent à 29, les mules et mulets à 12. Le général Guillaume fait abattre les arbres et haies situés sur la route de Luçon aux Sables; l'ennemi ayant voulu couper sa communication avec son collègue Carpantier. — Les rebelles font des incursions dans les communes de Grosbreuil et circonvoisines, les pillent et emmènent avec eux des familles entières de laboureurs.

23 mai. — Les chevaux et mulets, réquisitionnés dans le canton, partent de Fontenay. Le convoi est composé de 12 chevaux de trait, 7 chevaux de luxe, 12 mulets, 2 voitures, 6 harnais complets, 6 sacs à avoine et 6 cordes à fourrages.

Le District est chargé de remplir une réquisition de 12,000 quintaux de grains pour l'armée de la Loire.

La maison de Lespinay de Beaumont devant être transformée en magasin de subsistances, la Municipalité en expulse les réfugiés qui y sont logés.

Les rebelles pénètrent, dans la nuit, chez Amelineau, juge de paix d'Olonne, le pillent et incendient sa maison.

Carpantier mande au Comité de surveillance des Sables qu'il a fait fusiller un individu portant un ordre « de par le Roi » signé Duchaffault, pour Joly, avec un passeport de la Municipalité des Sables. Il lui recommande d'apporter la plus grande circonspection dans la délivrance des passeports. Il est suspendu de ses fonctions et remplacé par Dutruy. Il se retire à Orléans, pour y vivre dans la retraite.

24 mai.Le général de division Bonnaire arrive à Fontenay, et va descendre dans la maison Grimouard du Vignaud.

Il se rend ensuite à l'Hôtel-de-Ville, entre dans la salle du Conseil, et présente sa commission, signée Turreau, l'investissant du commandement de la division composée de la Châtaigneraie, Luçon, Fontenay, Niort, Saint-Maixent, Parthenay, Poitiers. Il aura sous ses ordres les généraux de brigade Legros et Guillaume.

Le Comité de surveillance des Sables informe Dutruy, campé à Machecoul, que le brigandage désole le pays, et l'invite à venir prendre immédiatement son poste. Le 3e bataillon du Cantal, fort de 300 hommes, arrive subitement aux Sables.

La Municipalité procède à des visites domiciliaires, à l'effet de relever le nombre et le nom de ceux qui ne se sont pas conformés à l'arrêté des représentants relatif aux réfugiés. A midi, le général Dutruy arrive aux Sables et va occuper la maison Simon (27) dit Galisson, émigré.

26 mai. — La Municipalité arrête que, sur la flèche du temple de l'Être-suprême, il sera placé un bonnet de la Liberté, qui servira de girouette, attendu qu'il n'est pas possible d'y placer à la fois cet emblème et une flamme tricolore. Les tailleurs du District sont réquisitionnés pour venir travailler, le 1er juin suivant, à l'atelier de Fontenay- le-Peuple.

Le Comité de surveillance des Sables mande au Comité de Salut public le triste état du District. La situation est affreuse; les campagnes sont désertes; les patriotes égorgés; les laboureurs sommés par Duchaffault d’aller le joindre, sous peine d'être fusillés et d'avoir leurs demeures incendiées.

27 mai. — Le général Legros invite le Département à faire évacuer sur Niort tous les réfugiés du département, malades ou non. Ils sont internés à l'abbaye de Celles (Deux-Sèvres).

Dans la nuit du 26 au 27, une troupe de 600 rebelles, dont une vingtaine à cheval, envahit le village des Granges, commune d'Olonne, y pille les effets des habitants, et en fusillent six, condamnés à mort par Jacques Renaudeau, de la Gâchère, capitaine du détachement. Ils emmènent avec eux, Fruchard, sa femme et ses enfants, jusqu'à Beaulieu, devant Joly, leur commandant.

30 mai. — La Municipalité rétablit la taxe des salaires, gages, mains-d'œuvre et journées de travail, fixée par arrêté du 28 brumaire précédent.

Charette, apprenant que 2.000 hommes sont sortis de Montaigu et dévastent les campagnes bordant les landes de Béjarry, marche à leur rencontre. L'action s'engage; la victoire semblait indécise, quand la cavalerie de Sapinaud, se dirigeant sur la Bézilière (commune de Legé), accourt au bruit de la fusillade et prend les républicains à dos. Ceux-ci lâchent pied, et sont poursuivis jusqu'à Montaigu. Mme Dufief, de Saint- Colombin, prit part à l'action et à la victoire.

31 mai. — La commune de la Rochelle demande une centaine de sacs de farine, à titre de prêt, à celle de Fontenay.

1er juin. — Le représentant Ingrand arrive en ville et descend à l'hôtel de la Coupe-d'Or. Il avait pour mission de s'assurer si la ville pouvait recevoir l'état-major de l'armée de l'Ouest, qui allait s'y transporter.

Un décret porte établissement de l'école de Mars dans la plaine des Sablons, près Paris.

2 juin. — La Municipalité invite le District à faire enlever les guenilles, déposées dans le temple de l'Etre- suprême, pour pouvoir y célébrer la fête du 20 prairial suivant.

3 juin. — Les citoyens faisant partie du recrutement des 300,000 hommes, sont requis de venir se faire inscrire, sous trois jours, à la mairie, s'ils ne justifient de leur remplacement.

5 juin. — Il est alloué à Daniau, couvreur, de Niort, 1,126 livres 15 sous, pour l'enlèvement des fleurs de lis des églises Notre-Dame et de Saint-Nicolas, et la substitution des bonnets de la liberté aux croix. — Les ouvriers de la commune sont requis pour l'érection d'un autel de la patrie, sur la place de la Révolution.

Le général Legros annonce son départ définitif pour Parthenay.

L'église Saint-Nicolas et la Grange de la métairie sont converties en magasins à fourrages des domaines nationaux.

Le District décide l'établissement d'une bibliothèque dans les bâtiments de l'ancien collège.

 

Du 10 mai 1793 au 5 juin 1794, Municipalité dépense 1,989 livres pour l'enlèvement de 663 charretées de fumier et immondices, qui recouvraient les rues, places et carrefours.

Charette, Stofflet et Sapinaud vont camper à Saint- Christophe-du-Ligneron avec 6,000 hommes.

6 juin.Les chefs rebelles marchent de Saint-Christophe sur Challans.

Ils y perdent 300 des leurs, et se replient sur Belleville.

L'adjudant-général Brière y est tué (28).

Blanchard, François, curé de Veluire, abdique ses fonctions curiales.

7 juin. — Ballard, David-Pierre, curé du Poiré, suit cet exemple.

Pierre Bougras, laboureur à Talmont, dépose devant le Comité de surveillance des Sables, qu'il a été pris et conduit à Beaulieu, près de la troupe de Joly, forte de 2,000 hommes, dont 600 armés de fusils, les autres de piques et de 40 cavaliers; qu'elle parait peu munie de poudre et que le pain y est rare; qu'il y a eu conflit entre Baudry- Joussemière et Joly; que ce dernier l'a fait désarmer; que Charette, en l'apprenant, a sommé Joly de le désarmer lui-même et de faire fusiller sa cavalerie, qui avait conduit Joussemière, attaché à la queue d'un cheval, devant Joly; que ces menaces ont eu pour conséquence de faire disperser la troupe de ce dernier, de sorte qu'il n'est resté que 400 rebelles à Beaulieu.

8 juin. — Célébration de la fête de l'Être-suprême.

A cinq heures du matin, la fête est annoncée aux sons de la musique militaire. Les habitants ornent la façade de leurs maisons de banderoles tricolores, de festons de verdure et vont se réunir, à huit heures, dans la petite prairie.

A neuf heures, les tambours donnent le signal du départ. Hommes, femmes et enfants se séparent alors, et se rangent sur deux files. Les pères conduisent leurs fils, armés d'épées ou de sabres. Tous tiennent à la main une branche de chêne. Les mères ont, à leurs côtés, leurs filles, parées de guirlandes, portant des corbeilles remplies de fleurs et, à la main, un bouquet de roses. Les autorités constituées tiennent un bouquet d'épis de blé, de fleurs et de fruits. Les jeunes gens, en état de porter les armes, forment un bataillon carré, autour d'un petit arbre de la Liberté, orné de banderoles et de fleurs. Avant de donner le signal du départ, Joubert, président du Département, fait connaître les motifs qui ont amené cette fête solennelle, et invite le peuple à honorer l'auteur de la nature (29).

 Ce discours achevé, le cortège se met en marche. A la tête, marchent les adolescents, en bataillon carré, suivis des hommes, des femmes et de leurs enfants; les hommes à droite, les femmes à gauche, les enfants en dedans, suivis de la musique. Viennent ensuite les autorités, au milieu desquels quatre taureaux vigoureux couverts de festons et de guirlandes, traînant un char, sur lequel sont étalés les outils aratoires, les instruments des arts et métiers, et les fruits de la saison; puis des groupes de tout âge et de tout sexe; l'enfance ornée de violettes; l'adolescence de myrthe ; la virilité, de chêne, et la vieillesse, de pampres et d'olivier. Les volontaires de la réquisition ferment la marche, protégée seulement par une garde de cent hommes.

Partant de la prairie, le cortège passe devant les Jacobins, suit la rue des Loges, la Grand'Rue, le bas de la place, la rue du Petit-Séminaire, celle des Capucins, traverse la section du Champ de Repos, et se rend sur la place de la Révolution. Le cortège se range alors autour de l'arbre et de la statue de la Liberté. La musique se fait entendre; on chante en chœur des hymmes patriotiques. Le peuple entier fait retentir l'air de ses accents. Les mères soulèvent dans leurs bras les enfants, encore trop jeunes pour accompagner leurs pères, et les présentent en hommage à l'auteur de la Nature. Les jeunes filles jettent en l'air les fleurs de leurs corbeilles. Au même instant, les jeunes garçons tirent leurs épées les présentent à leurs pères, jurent de les rendre partout victorieuses, et de faire triompher l'égalité et la liberté. Partageant l'enthousiasme de leurs enfants, les vieillards les embrassent, et leur donnent la bénédiction paternelle. Une musique militaire enflamme le courage des troupes et leur annonce que le jour de gloire est arrivé.

Un discours du maire termine la fête, et se sépare aux cris de « Vive la République ! » Le reste de la journée a été consacré aux divertissements, danses et chants patriotiques ; et, dans la soirée, deux pièces ont été représentées par les citoyens et citoyennes de la ville.

9 juin. — Il est alloué 90 livres à Jean Chabot, de Longèves, pour transport de reclus de Fontenay à Chef- Boutonne, avec une voiture à quatre chevaux,

10 juin. — La Convention décrète l'organisation du tribunal révolutionnaire.

12 juin.Vimeux, général en chef de l'armée de l'Ouest, et son état-major, arrivent en ville. Il va rendre visite à la Municipalité et au Directoire de Département, qui la lui rendent le même jour.

Gérard, ci-devant président du District des Sables, fait au Comité de surveillance l'exposé lamentable de la maison d'arrêt de Rosnay, dans laquelle il est détenu, et sollicite son élargissement.

Les 120,000 quintaux de grains, requis pour l'armée de la Loire, sont délivrés aux départements de la Charente et de la Charente-Inférieure.

14 juin.Charette se rend à Nesmy.

15 juin.Charette marche de Nesmy sur les Clouzeaux et revient, à la suite d'une alerte, camper à Nesmy.

16 juin. — Le savon et l'huile faisant complètement défaut, ne permettent plus le blanchissage du linge.

Le Département fixe, comme suit, les traitements des citoyens employés aux hôpitaux civils : directeur, 800 livres par an ; directrice, 400 livres ; les autres citoyennes, 250 livres.

17 juin. — L'agent national avise la Municipalité qu'il est chargé de choisir, dans le District, six jeunes gens de 16 à 17 ans et demi, pour être envoyés à l'École de Mars à Paris, du 19 juin au 8 juillet. Ils doivent être choisis parmi les plus robustes et les plus intelligents, être de bonne vie et mœurs, et pris, de préférence, parmi les enfants des volontaires blessés dans les combats, ou servant dans les armées.

Louis, Alexis-Henri, curé de Petosse, abdique ses fonctions curiales.

18 juin.La colonne de Luçon, commandée par Guillaume, marche sur la forêt de la Chaise. On y met 200 rebelles hors de combat, et on leur enlève un grand nombre de bestiaux et huit chevaux.

21 juin. — Ingrand requiert la Municipalité de tenir à sa disposition la maison Charlot (30), pour le service des représentants près l'armée de l'Ouest.

Brataut, Guillemot, l'ainé, Rivière, Féry, Pilley, Fleuret, Coret, Millet, Hervieux, Rouval et Jacquemin, agents de la Commission d'agriculture et des arts, publient une proclamation pour exhorter les habitants du département à mettre bas les armes et à rentrer dans leurs foyers.

A la réunion de la Société populaire, un membre monte à la tribune et donne lecture d'un règlement fait par le Comité, des fêtes décadaires, sur le choix des pièces à jouer et l'ordre à observer dans la salle.

Art 1er — Toutes les pièces à jouer seront examinées par le Comité, qui y apportera tous les changements dont elles seront susceptibles, au point de vue de la morale et de la politique, et soumises ensuite à la censure de la Municipalité.

Art. 2. — Les rôles seront distribués par le Comité.

Art. 3 - — Tout acteur qui aura accepté un rôle, et qui, après l'avoir conservé pendant trois jours, refuserait de le jouer, sans motifs légitimes, sera rayé du tableau d'inscription.

Art. 4. — Tout acteur qui se permettrait d'ajouter à son rôle quelques expressions satyriques ou indécentes, sera rayé du tableau d'inscription.

Art. 5. — Tout acteur qui se permettrait, soit aux répétitions, soit aux représentations, le moindre geste, le moindre propos, susceptible de blesser les mœurs et la décence envers qui que ce soit, et particulièrement envers les citoyennes qui veulent bien se prêter à ce genre d'amusement et d'instruction, sera rayé du tableau, exclu des représentations et dénoncé à la société.

Art. 6. — On ouvrira la salle, les jours de représentations, à cinq heures précises.

Art. 7. — A cinq heures et demie, l'orchestre jouera des airs patriotiques, et l'on commencera aussitôt.

Art. 8. — Les commissaires de la salle et les acteurs pourront seuls entrer sur le théâtre et dans le foyer.

Art. 9. — Les acteurs et actrices ne pourront introduire personne dans les coulisses.

Art. 10. — La mère, ou à son défaut, le père d'une fille jouant un rôle, pourra seul être placé dans les coulisses, On n'y souffrira aucun enfant, sous aucun prétexte.

Art. 11. — L'orchestre ne sera occupé que par les musiciens, les actrices qui joueront le jour même, et les receveuses, lorsqu'elles n'auront pu être placées ailleurs.

Art. 12. — Les répétitions se feront à huis-clos. Personne ne pourra y être admis, à l'exception des personnes comprises à l'art. 10.

Art. 13. — Les répétitions ne commenceront qu'à sept heures du soir.

Art. 14. — La veille de chaque représentation, la Municipalité sera prévenue et invitée à prendre, pour le maintien du bon ordre et de la décence dans l'intérieur et l'extérieur de la salle, toutes les mesures qu elle jugera convenables.

Art. 15. — On ne pourra, sous aucun prétexte, faire retenir des places.

Art. 16. — Les loges seront destinées pour les citoyennes, et elles ne pourront être occupées par les citoyens, qu'autant qu'il y aurait des places vacantes.

21 juin. — Le général Bonnaire remet au Comité de surveillance une protestation des rebelles de la Vendée, contre la proclamation de la Commission de l'agriculture et des arts.

22 juin. — Les membres de la Commission de l'agriculture et des arts requièrent l'enregistrement de leurs commissions.

Le citoyen Delteil, gendarme et guide de l'armée de l'Ouest, comparaît devant le Comité de surveillance des Sables, et déclare que, dans les divers mouvements qu'il a fait comme guide, il a vu avec douleur, que les troupes républicaines tuaient indistinctement les laboureurs paisibles trouvés travaillant dans leurs champs ou chez eux; que les remontrances faites aux volontaires et chasseurs à cet égard étaient vaines; que les chefs semblaient les y autoriser, en ne réprimant pas de pareils massacres ; que la guerre de la Vendée ne devait sa continuation qu'à ces horreurs, qui désespéraient même les gens les plus tranquilles ; que les volontaires pillaient indistinctement partout et tuaient de même ; qu'ils enlevaient les bestiaux des laboureurs patriotes et en faisaient un commerce.

23 juin. — La Municipalité somme le général Bonnaire de faire enfouir les chevaux morts au quartier, déposés près la grand'route de Niort, et de faire enlever les fumiers, laissés par les volontaires dans les rues de la ville.

 

25 juin. — Les passeports cessent d'être exigés aux barrières de la ville.

26 juin. — Vimeux adresse à l'armée une proclamation pour la rappeler au respect des personnes et des propriétés, sous peine pour les délinquants d'être traduits en conseil de guerre.

Guillaume mande à Vimeux qu'il a dénoncé, au Comité de salut public, les agissements contre-révolutionnaires des Fontenaisiens.

29 juin. — Un Membre de la Société populaire donne lecture à l'assemblée de la liste des citoyens, désignés pour accompagner dans leur tournée en Vendée, les commissaires de la Commission de l'agriculture et des arts.

Bonnaire mande à la Municipalité qu'il est privé, dans la maison Grimouard du Vignaud, où il est logé, de linge et de batterie de cuisine, et demande qu'il lui en soit fourni, ainsi que quelques livres de savon.

30 juin. — Les membres de la Commission de l'agriculture et des arts partent de Fontenay pour Chantonnay. Gauly et Ladouespe, membres de la Société populaire, les accompagnent.

Pierre-Mathieu-Nicolas de la Villemarais, curé de Sainte- Radégonde-la-Vineuse, abdique ses fonctions curiales.

1er juillet. — Louis-Elie Vivier, commissaire de l'agence nationale des poudres et salpêtres, est désigné pour se transporter dans la Vendée, auprès des ateliers de salpêtre pour y enseigner cette fabrication.

2 juillet. — Six cents rebelles arrivent, à midi, à Beaulieu pour se porter dans la nuit sur la Grève, qu'ils veulent enlever.

3 juillet. — La Municipalité arrête que les tombereaux de la ville seront requis pour l'enlèvement des fumiers et immondices, épars dans les rues et carrefours, à l'exception de celui de l 'hôpital, affecté au transport des cadavres au cimetière. — Le tan fait défaut aux tanneurs.

Le Comité de Salut public félicite le procureur-général syndic du département, de sa proclamation dans le canton de Mouilleron.

« Nous avons appris, avec plaisir, citoyen, les heureux effets de la proclamation que vous avez faite dans le canton de Mouilleron. En répandant ainsi dans les campagnes l'instruction et la connaissance des lois, vous y ramènerez les principes de l'ordre et le goût de la tranquillité, et vous aurez souvent à recueillir les fruits les plus doux de vos travaux. Des mesures de répression seront, d'un autre côté employées avec vigueur, contre les brigands qui ne vivent que de crimes et de désordres, et nous avons lieu de croire que le résultat de ces moyens, sagement combinés, sera de fixer enfin la paix dans vos contrées, par la punition  sincère de ceux qui la violent, et par l'application toujours prompte des bienfaits de la loi aux citoyens qui lui restent fidèles. » (31)

4 juillet. — Le Conseil de la commune engage les citoyens à se réunir aujourd'hui, à neuf heures du soir, sur la place de la Révolution, pour célébrer par des chants d'allégresse le triomphe des armées françaises dans les plaines de Fleurus, le 26 juin précédent.

5 juillet. — La Municipalité adresse au District l'état des chiffons fournis par les citoyens de la commune, en vertu de l'arrêté du 12 germinal. Cet état porte le nombre total des citoyens à 6,200, et celui des enfants au- dessous de quatorze ans à 1,037.

Le District exhorte les habitants à venir apporter à la mairie six cents peaux d'anguilles nécessaires pour la garniture des fléaux nécessaires au battage des grains.

La Municipalité dénonce au général Bonnaire la conduite odieuse des réquisitionnaires nouvellement arrivés. Pendant la promenade sur la place de la Révolution, les citoyennes sont en butte, de leur part, aux injures les plus grossières. Les uns leur passent la main sous les jupons, ou sous le mouchoir et les frappent même. Ils se permettent aussi, étant en faction, de les apostropher si vivement qu'elles n'osent plus sortir. D'autres enfin, leur enlèvent les denrées qu'elles portent au marché, sans vouloir leur en payer la valeur, et leur tiennent les propos les plus inconvenants. Elle prie, en conséquence, le général de prendre les mesures nécessaires, pour empêcher le retour de pareils actes de brutalité.

Guillaume mande à Vimeux que Charette se trouve dans les environs d'Avrillé, projetant d'égorger les postes de la Plaine, et qu'il n'a à lui opposer que 1,400 hommes, dont 500 sans fusils.

6 juillet. — Le Conseil de la commune rédige une adresse pour féliciter la Convention des succès obtenus par les armées, et donner son adhésion à ses travaux.

8 juillet. — Les rebelles se portent à Bourneau dans la nuit du 7 au 8, et y massacrent quatre patriotes, dont Mattonneau, officier municipal de la commune.

10 juillet. — La Municipalité fait connaître à Martinet, garde-magasin, qu'elle est dans l'intention d'affermer pour 600 livres, les bâtiments et jardins des Jacobins, réclamés par l'administration des fourrages pour le logement des avoines.

De nouvelles plaintes sur la conduite des troupes sont portées au commandant de place (32). Les soldats affectent de se: montrer nus devant les laveuses, et leur tiennent des propos de la dernière indécence. Il est invité à prendre des mesures, pour que ces, excès ne se reproduisent plus.

 

12 juillet 1794– Une colonne républicaine de 3 600 hommes, commandée par le général Ferrand, fouille le refuge de la forêt de Grasla (4)

12 juillet 1794– Une colonne républicaine de3 600 hommes, commandée par le général Ferrand, fouille le refuge de la forêt de Grasla au centre de laquelle les habitants des paroisses voisines (les Brouzils, Chauché, la Copechagnière, etc…) avaient établi un refuge ou ils s’étaient retirés depuis l’apparition des colonnes infernales. L’approche des Bleus ayant été signalée, les réfugiés avaient pu décamper à temps, et les fouilleurs firent buissons creux.

11 juillet. — Un arrêté du représentant Ingrand (33) oblige tous les citoyens et citoyennes des .départements de 1'.Ouest, n’exerçant pas de fonctions publiques, ou n'étant pas vraiment utiles à la chose publique, à seconder les travaux des agriculteurs et à leur fournir tous les secours qu’ils réclament, sous peine d'être réputés mauvais citoyens.

Maignen, membre de la Convention, annonce au Comité de surveillance de Fontenay, la destitution du général Huché.

12 juillet. — Le bruit se répand, dans la matinée, que le camp de la Châtaigneraie, commandé par le général Bonnaire est attaqué et pris par les rebelles, commandés par Stofflet, Bérard et Labouère, ses lieutenants, venant de Chanteloup et la Loge-Fougereuse.

La garde nationale prend les armes et marche sur cette ville, au secours de la garnison, qui parvient à refouler les rebelles avec perte de 2 à 300 hommes. A trois heures du soir, on apprend le succès des troupes et la déroute complète des insurgés. La Municipalité adresse aussitôt cette proclamation aux habitants :

« Réjouissez-vous ! Les brigands qui ont osé attaquer, ce matin, ont été complètement battus. Ils sont en pleine déroute. On les poursuit encore. La mort sera le sort dû à leurs forfaits. Vive la République ! Vive la brave garnison de la Châtaigneraie ! »

13 juillet. — Ridier, Pierre, curé de Saint-Aubin-la-Plaine, abdique ses fonctions curiales.

14 juillet. — On- célèbre en ville l'anniversaire de la fête du 14 juillet. A 10 heures du matin, les citoyens, convoqués, la veille, se réunissent dans la prairie. A dix heures et demie, le cortège se met en marche et se rend à l'autel de la Patrie, élevé sur la place de la Révolution. Dillon, président du Département, et Brisson, maire, prononcent chacun un discours ayant trait à la cérémonie, qui se termine par l'exécution de chants et de morceaux de musique militaire. A huit heures du soir, a eu lieu un bal civique, qui s'est prolongé fort avant dans la nuit.

Vimeux donne l'ordre (de Niort) au général Macors de se transporter à Fontenay, Luçon, les Sables et Nantes pour y tracer des camps retranchés. Guillaume présente au Comité de Salut public, un plan de campagne pour terminer promptement la guerre de Vendée.

15 juillet. — Une lettre de Thomas, ci-devant directeur de la Monnaie de Nantes, enjoint au Département de faire retirer la somme de 14,559 livres 90 centimes, portion du département, dans la répartition de la monnaie de cloche, frappée au ci-devant hôtel de Nantes.

16 juillet. — Le District enjoint à tous les propriétaires des blés, situés dans la Plaine, entre Pissotte et Fontenay, de les faire enlever, sous trois jours, pour l’établissement du camp projeté. Les désœuvrés, hommes et femmes, sont employés à ce travail.

Les aides de camp de Vimeux, viennent visiter le loge- ment Grimouard du Vignaud, qui lui est destiné, et demande qu'on le tienne prêt pour le 19 juillet, jour de son arrivée.

L'église Notre-Dame est transformée en atelier d'armes et d'engins de guerre.

Une colonne de 4,000 hommes part des Sables et s'avance jusqu'à Legé.

 Charette marche contre eux avec 1,500 hommes; mais accablé par le nombre, il bat en retraite. Legé est pris malgré Letourneur qui l'occupait avec 1,500 hommes.

Le Comité de surveillance des Sables signale à la Municipalité de Nantes quatre chefs rebelles, détenus au Bouffay, et sur le point d'être relaxés :

Jean Pallardy (34), ex-abbé, chef de rebelles à Chantonnay.

Pierre Seguy (34), ex-employé dans les fermes au Puy- belliard ;

Richard, cabaretier à Chantonnay.

Gabriel Delisle, ex-abbé, fils d'un chirurgien du Puy- belliard.

17 juillet. — Pierre Nauleau, rebelle de la troupe de Joly, fait prisonnier, déclare que Delaunay a remplacé Joly comme commandant; que la troupe se compose de 400 hommes, dont 250 avec des fusils, et 30 chevaux, et est campée aux Tessonnières, cne de Beaulieu ; que Saint- Pal commande à Aubigny, avec 500 hommes ; et Charette, à la Bézilière, cne de Legé, avec 6,000 hommes, dont 150 cavaliers; que la poudre se fabrique entre les Essarts et la Merlatière, et que Savin est à Saint-Etienne-du-Bois et à Palluau, avec les gens du Marais.

18 juillet. — Le Comité de surveillance demande à celui de Cherbourg des renseignements sur Pranger, Antoine-Léon, chef rebelle, et ci-devant membre du Comité provisoire royaliste, lors de la prise de la ville par les Vendéens. Son signalement est une longue figure maigre, menton allongé, cheveux châtains, yeux enfoncés, ayant une parole difficile, taille de cinq pieds trois pouces,

19 juillet.Le général en chef Vimeux arrive de Niort à Fontenay, avec le 16e régiment de chasseurs à cheval.

20 juillet.Huché se porte sur Belleville, y détruit les forges et ateliers de Charette et pille sa maison.

22 juillet. — Guillaume mande à Vimeux qu'il lui sera difficile de former le camp de Bournezeau, attendu que, parmi ses troupes, il s'en trouve trois mille sans armes.

23 juillet. — Le Département supprime la maison d'arrêt Chessebeuf. Les prisonniers en sont tranférés dans l'ancienne prison, contiguë au tribunal du District et dans la maison Brancheu, provisoirement maintenue.

Guillaume annonce à Vimeux la découverte d'un complot ourdi par les royalistes, pour envahir Luçon, l'arrestation des chefs, et qu'en outre, Charette est à Nesmy et aux environs.

24 juillet. — Le général de brigade Macors, chargé de l'établissement du camp de l'armée de l'Ouest, requiert le District de lui fournir, sous 24 heures, 200 brouettes, 400 haches, 600 pioches, 200 serpes, 400 cruches de terre ou autres vases propres à contenir de l'eau.

25 juillet. — Il est alloué à Perdreau, couvreur, 40 francs pour 4 journées, employées à enlever le plomb du faîtage du temple de Notre-Dame de Fontenay.

26 juillet. — La citoyenne Pervinquière, née Marie- Louise-Angélique Belliard, prie l'administration départementale de lui délivrer des duplicata des commissions données à son mari, pendant qu'il était membre de l'administration départementale.

27 juillet.Le Comité de surveillance de Luçon informe celui des Sables de la découverte d'un complot, ayant pour but une invasion nocturne de leur ville par 600 rebelles à cheval, portant chacun un fantassin en croupe, désignant Boitel, ex-curé des Sables, comme fauteur de ce complot, et l'invite à faire des recherches chez les individus, ayant des relations avec ce conspirateur et entr’autres Laugrenet, agent des subsistances et Dufresne, commissaire des grains, qui sont en cette commune.

Le Conseil de la commune prend un arrêté fixant le maximum du prix des diverses denrées. Le petit verre d'eau-de-vie ordinaire de 14 à la pinte, mesure de Paris, est fixé à 2 sous 6 deniers. Celui de prune ou guigne à l'eau-de-vie, à 7 sous 6 deniers. La tasse de café à 7 sous 6 deniers; la pinte de lait chauffé, d'avril à octobre, à 2 sous, et le reste de l'année, à 2 sous 6 deniers.

L'hôpital de Luçon s'encombre de soldats malades arrivant de tous les camps environnants. Les rebelles se concentrent à Nesmy, aux Cerisiers, au Tablier et à la Chaise.

La Convention adresse une proclamation au peuple français pour l'engager à se rallier à la représentation nationale.

30 juillet. — Les représentants Bo et Ingrand (à Nantes), règlent les mesures à prendre vis à vis des rebelles de la Vendée, pour hâter la pacification du pays.

31 juillet. — Boutheron, agent national provisoire du District, demande à son collègue de la Châtaigneraie des renseignements sur la mine de charbon de terre d 'Espagne.

Le District autorise la Municipalité à faire enfouir les bestiaux morts dans la carrière du Désert, près Saint- Médard-des-Prés.

1er août. — On apprend en ville les évènements du 9 thermidor (27 juillet). Un officier municipal demande au Conseil d'interrompre le cours de ses délibérations pour entendre lecture des nouvelles. La motion est adoptée. « La lecture commence, dit le procès-verbal. Au seul exposé, « au précis de chaque feuille, tout le Conseil est interdit, en même temps qu'il est dans l'admiration et pénétré de reconnaissance. La scélératesse du Cromwel, du Cathilina,  de Robespierre, de Saint-Just surtout, les fait frémir d'indigation et d'horreur ; en même temps que leur cœur se remplit d'admiration, de respect, de reconnaissance, pour les dignes représentants du peuple qui sont restés fermes à leur poste ; et qui, par leur énergie et leurs sages mesures, ont encore sauvé la patrie, la liberté, de la plus noire des conjurations, parce qu'elle était ourdie par les idoles du peuple, par ces hommes qui avaient toute sa confiance, et par qui tout le peuple eut juré. »

La lecture se continue, et est interrompue, à chaque instant, par les mêmes sentiments qu'a inspirés l'intitulé des nouvelles. Elle se termine par les cris de : « Vivent nos braves Montagnards, ces sages et énergiques législateurs, toujours fidèles à la cause du peuple. Vive la République. Vivent les sections de Paris. Vivent tous les braves défenseurs, qui dans des moments d'orage sont rangés autour de la Convention nationale, et ont anéanti les scélérats qui avaient encore osé attenter à la liberté du peuple et voulu l'asservir! Périssent ainsi tous ses ennemis! »

Au même moment, et après lecture faite des bulletins de la Convention au Directoire de département l'Assemblée laissait éclater toute son indignation contre l'infâme Robespierre et ses complices, dans l'horrible conspiration que l'active surveillance et l'énergie de la Convention viennent de déjouer.

— Un membre propose de rédiger une adresse à la Convention sur cet évènement, proposition qui est adoptée à l'unanimité.

Le nombre des malades, évacués sur l'hôpital de Luçon, s'accroît considérablement. On attribue l'épidémie à la mauvaise qualité du pain. Les troupes sont harassées dé fatigue.

A cette époque, deux divisions de l'armée de l’0uest sont cantonnées en Vendée.

La première, à Montaigu, avec le général Duquesnois; la deuxième, à la Châtaigneraie, avec le général Bonnaire.

2 août. — La Convention fait mettre en état d'arrestation, Rossignol, ci-devant général en chef de l'armée de l'Ouest, créature de Robespierre.

3 août. — Un membre du Directoire de département, chargé de l'adresse à la Convention nationale, sur la conspiration de Robespierre et de ses complices, en présente le projet :

« Citoyens représentants,

« Un grand crime vient encore d'être tenté. Des mandataires infidèles ont voulu anéantir la Convention et donner des fers au peuple français; mais le courage des Parisiens et votre énergie ont sauvé la Patrie.

« L'infamie et la scélératesse ourdissaient sans cesse leurs transes criminelles; tantôt c'est par l'immoralité;

« tantôt c'est en jouant toutes les vertus que des intrigants et des conspirateurs veulent étouffer la liberté. Vous connaissez leurs complots; c'est à vous de les déjouer.  Soyez libres comme le Français a le droit de l'être et le sera. Frappez; n'épargnez aucun coupable. Le peuplé est là avec son armée pour vous protéger; mais qu'un tribunal redoutable, établi pour punir les forfaits et défendre l'innocence, ne soit plus le choix des ambitieux et des liberticides. Notre bonheur dépend de vous; nous l'attendons avec confiance, et nous ne serons pas trompés. »

4 août. — Le District enjoint aux municipalités de son ressort de faire rejoindre les jeunes gens de la première réquisition qui ont cherché à se soustraire au service.

Ingrand, ordonne d'abattre toutes les haies et taillis à la distance de cent pas, le long des routes fréquentées par les troupes. Deux camps sont établis, l'un sous les murs de la ville, l'autre à la Châtaigneraie.

5 août. — Un membre de la Municipalité propose de placer deux banderoles, l'une rouge, l'autre bleue, au haut de la flèche Notre-Dame et de peindre, de même couleur, la boule au-dessous. Un de ses collègues lui lait observer que ce projet est impraticable, en raison de la rareté de l'huile, exclusivement réservée aux hôpitaux.

Deux mille livres sont allouées aux sieurs Godreau et Larignon, pour l'enlèvement, pendant un an, des fumiers et ordures déposés par les soldats dans les rues, aux portes des maisons, sur la place de la Révolution, dans les halles et carrefours, etc.

6 août. — Un arrêté du Comité de sûreté générale de la Convention règle les mesures à prendre pour l'ouverture des lettres, qu'il est nécessaire d'examiner par mesure' de sûreté générale.

La Municipalité interdit à tout habitant de la ville de loger aucun officier ou quartier-maître du camp sous Fontenay, sans la permission de Beaupuy, chef de l'état- major. Ce dernier ordonne à Guillaume, commandant du camp de Bournezeau, d'établir des signaux, afin de le porter mutuellement secours. Un officier d'artillerie es chargé de raccorder les feux avec Fontenay. le Pont-Charrault et les Sables.

Loyau, officier de santé, est nommé juge de paix du canton de Fontenay, en remplacement de Papin, nommé agent national de la salpêtrière.

Ingrand (à Niort) informe Vimeux que la Commission révolutionnaire, chargée de juger les révoltés, est rendue à l'île de la Montagne.

10 août. — On célèbre en ville la fête du 10 août. Le cortège, composé des autorités constituées, des représentants Ingrand et de l'état-major de l'armée, suivi de la population, est sorti de la ville, s'est rendu sur la place de la Révolution, et a pris place autour de l'autel de la Patrie.

Deux discours ayant trait à la fête, ont été prononcés : l'un, par le président du District, et l'autre par un des membres du Conseil. Les cris de : « Vive la République! Vive la Convention ! Périssent tous les traîtres ! » succèdent à ces discours.

Un décret permet aux citoyennes, non nobles, dont les demandes en divorce, avec les ci-devant nobles, sont antérieures à la loi du 27 germinal, de rentrer dans le lieu de leur domicile.

11 août. — Le District demande à la Municipalité des étoffes et ornements servant au culte et provenant des ci- devant églises de la commune.

Le Département enjoint au District de fournir au port de Brest 65,500 quintaux de froment.

Boutheron, agent national du District, recommande à ses concitoyens de ne pas manger de cerneaux, en raison de la disette d'huile; les noix étant nécessaires pour la fabrication de l'huile à éclairage, du savon et de la peinture.

Le Comité de surveillance des Sables expose au Comité de salut public l'état de dénuement des troupes et le défaut de subsistances, les assassinats fréquents des patriotes, les pillages et brigandages journaliers, les soupçons qu'inspire la conduite des commissaires des guerres et de leurs préposés aux subsistances, qui font preuve d'une apathie criminelle, et ne font connaître les besoins de l'armée que lorsque les greniers sont vides; et enfin, la négligence coupable des ingénieurs chargés des fortifications de cette commune.

13 août. — Les reclus se plaignent de ce que Coirier, le concierge, loge dans les chambres hautes, les détenus aisés, et relègue au rez-de-chaussée, ceux n'ayant pas de ressources.

14 août. — La Municipalité engage la population à s'abstenir de manger des cerneaux, afin de conserver les noix pour la fabrication de l'huile à éclairage et à peinture.

15 août. — Le maire de Saint-Vincent-sur-Graon, signale au Comité de surveillance les incursions des rebelles dans sa commune, et demande des armes et munitions. Il annonce la reprise du poste des Moutiers et le renforcement de celui d'Avrillé.

16 août. — Beaumeler (35), André, chef rebelle, fait prisonnier, est traduit devant la Commission militaire à Nantes, condamné à mort, et exécuté le lendemain.

17 août. — Les charpentiers et menuisiers des communes de l'Orberie, St-Michel-le-Clous, Pissotte et Sérigné sont requis de venir confectionner dix mille manches d'outils pour l'armée.

La Convention nomme Laignelot, Dornier et Guyardin, représentants du peuple près l'armée de l'Ouest, et Alexandre Dumas (A), général en chef de la dite armée.

18 août. — Le Directoire de Département, instruit que plusieurs cadavres, d'hommes et de chevaux, tués dans les combats, sont restés sur les voies et chemins, sans être inhumés; que l'odeur infecte qu'ils répandent est nuisible aux voyageurs et gens du peuple, enjoint aux Districts et Municipalités de les faire enfouir à profondeur convenable.

Le Directoire fait imprimer la liste des émigrés possédant des biens dans le Département, en vertu des lois du 8 avril 1792 et 25 juillet 1793.

Le charbon faisant défaut en ville, les charbonniers de Mervent sont réquisitionnés pour la fabrication du charbon.

19 août. — La Municipalité dresse la liste des veuves et enfants, au-dessous de douze ans ou infirmes, ayant droit à une indemnité comme veuves ou enfants de soldats morts sur le champ de bataille. Le chiffre des indemnités s'élève à 15,576 livres 5 sous.

20 août. — Le Comité de sûreté générale intime au maire de Fontenay, l'ordre de destituer de ses fonctions, un employé de l'Hôtel-de-Ville ayant tenu des propos robespierristes.

Les charpentiers et menuisiers réquisitionnés, se rassemblent dans le temple de la Réunion, et y fabriquent les manches et outils, pour le service des pionniers.

Les membres du Comité révolutionnaire de Luçon informent leurs collègues de Fontenay de leur acquittement par le Comité de sûreté générale.

21 août. — Le général Tuncq, détenu à l'évêché de Luçon, sollicite de Goupilleau (de Montaigu), sa comparution devant le tribunal révolutionnaire.

22 août. — Brothier, inspecteur des subsistances militaires, demande au District qu'on mette à sa disposition, le Temple de la Réunion, pour le convertir en magasin à fourrages. La Municipalité refuse, attendu que c'est le seul édifice public pouvant servir aux réunions publiques ; et que si les églises Saint-Jean, Saint-Nicolas et des Jacobins, devenues des magasins à fourrages, sont insuffisantes, on peut affecter à cet usage, soit la grange Mauléon, soit les greniers des casernes.

25 août. — Sur les six heures du soir, le représentant Ingrand s'est rendu à l'hôtel du Département. Il a exposé au Directoire que le Comité de salut public l'avait député près l'armée de l'Ouest ; qu'il s'était rendu à Niort, où il avait attendu, pendant 24 jours, le général en chef qui avait remplacé Turreau; que pour connaître l'état exact de la guerre civile que l'armée de l'Ouest est chargée d'éteindre, il avait parcouru divers points des pays révoltés et pris des renseignements sur la force et l'étendue du brigandage ; qu'il s'était convaincu que l'extraction de 25,000 hommes et de quinze cadres anciens, ordonné par le Comité de salut public, affaiblissait trop l'armée, qui, pour ce motif, ne pouvait plus exécuter les mesures nécessaires pour terminer cette guerre ; qu'il s'était rendu au Comité de salut public, auquel il exposa la véritable situation des rebelles et de l'armée; obtint, enfin, que le chiffre de 25,000 hommes qu'on devait retirer de la contrée, serait réduit à 15,000, et qu'on distribuerait 5,000 fusils à l'armée. Il s'expliqua ensuite franchement sur la conduite des généraux et sur celle des troupes.

Il condamna les moyens barbares dont-ils s'étaient servis, le pillage, l'incendie et le massacre, et donna des idées claires sur le plan qui devait être suivi ; qu'il croyait que le commandant temporaire de l'armée et son état-major avaient des intentions pures; mais que leur désir de terminer la guerre était entravé par l'affaiblissement de l'armée et par l'incorporation de la première réquisition.

 Il a assuré n'avoir cessé de présenter tous ces obstacles au Comité de salut public, et il donne lecture de deux lettres, dans lesquelles il avoue, qu'après le passage de la Loire par les brigands, et la dernière affaire qui eut lieu à Savenay, la pacification du pays était certaine et s'y consolidait, chaque jour, par la surveillance des patriotes rentrés; mais que le passage des colonnes révolutionnaires organisées par Turreau, et commandées par quelques hommes sanguinaires, avait rallumé la guerre, en exerçant des cruautés atroces sur les personnes, en détruisant les propriétés; et préférant, pour l'incendie, le domaine du patriote et la chaumière du pauvre, aux châteaux et autres repaires de brigands, qui occupent encore une étendue de 80 lieues de circonférence avec une population de 300,000 âmes, et qui existent en plus grand nombre que ne le pense le Comité.

Il dénonce, par ces lettres, plusieurs généraux inhumains ineptes, et nomme Huché, Grignon, homme du pays, Bonnaire, Guillaume, ex-perruquier; Hector, ci-devant prêtre, le plus muscadin de l'armée; Legros, bon soldat, mais mauvais général, etc.

Enfin, il indique comme moyen d'apaiser les troubles, de faire le blocus du pays révolte, de former l'établissement d'un cordon de circonférence qui se rétrécirait progressivement, afin d'envelopper, dans un petit cercle, les révoltés, pour la destruction desquels l'on établirait, dans l'intérieur, des colonnes sans cesse agissantes.

28 août. — Le 16e régiment de chasseurs, qui tenait garnison en ville, depuis le 19 juillet, reçoit une nouvelle destination.

 — La boucherie de l'armée est installée dans la grange de la Fuie-Goujon.

29 août. — Les représentants Dornier et Guyardin arrivent à Fontenay. Le Directoire de Département et la Municipalité vont les visiter.

On informe le général Vimeux qu'une partie du camp est restée sans troupes, la nuit dernière, et que les enfants ont emporté, pour s'en amuser, les ustensiles de cuisine, prêtés par les habitants pour le service du camp. On alloue 4 livres à des journaliers pour le nettoyage de la maison Voyneau, qui servait de corps-de-garde à l'état-major, et dans les chambres, cuisines et cours de laquelle les militaires et les chevaux d'ordonnance avaient fait leurs ordures.

30 août. — Le citoyen Vivier fait enregistrer au Département sa commission en qualité de préposé-instructeur, pour l'exploitation des salpêtres, salines et charbons dans la Vendée.

2 septembre. — Les représentants Dornier et Guyardin se rendent à la Mairie et au Directoire de Département, et exhibent la loi du 30 thermidor qui les nomme, ainsi que Laignelot, représentants du peuple près l'armée de l'Ouest.

Les membres du Comité de surveillance de Luçon, acquittés par le tribunal révolutionnaire, arrivent de Paris, et sont conduits à la Société populaire, dont la séance était présidée par Ladouespe.

A leur entrée dans la salle, des applaudissements réitérés éclatent de toutes parts. Le Président les invite à monter au bureau et donne à chacun l'accolade fraternelle.

« Jouissez, leur dit-il, généreux citoyens, de la tendre émotion dont votre présence pénètre une Société d'hommes libres ; portez dans le sein de vos familles attendries, la consolation et la joie que l'injustice en avait bannies, et après avoir reçu de nous les témoignages d'affection qu'inspirent le courage et le malheur, allez recevoir de vos concitoyens le prix réservé aux hommes généreux et sensibles, pour qui le salut de leur pays a toujours été le premier des devoirs. »

Quatre commissaires sont désignés pour les accompagner jusqu'à Luçon.

3 septembre. — La Municipalité engage les habitants de la commune à apporter à l'Hôpital militaire les cantharides en leur possession.

Vimeux donne l'ordre à Marot, adjudant-général, chef de bataillon, de se rendre à Luçon, le lendemain, pour y prendre le commandement provisoire exercé par Guillaume, mis en état d'arrestation.

Dornier et Guyardin autorisent la réouverture des séances de la Société populaire de Luçon.

4 septembre.La Convention décrète que les représentants Bézard et Auger seront envoyés près l'armée de l'ouest, pour se concerter avec les représentants Dornier et Guyardin.

 Le général en chef Alexandre Dumas arrive à Fontenay.

6 septembre. — Thibaudeau, membre de la Convention, invite le District à envoyer à la Commission centrale de bibliographie, une relation manuscrite de l'expédition de Louis XIII en Poitou, rédigée par Julien Collardeau, fils, et qui se trouve parmi les papiers des émigrés Jallays.

7 septembre. Charette rassemble 4,000 hommes à la Sauvagère, près de Bouaine.

8 septembre. Charette surprend le camp de la Roulière, le pille, l'incendie et se retire dans la forêt de Rochecervière.

10 septembre. — Quatre détenus s'évadent, pendant la nuit, de la maison Paquier. La Société populaire ouvre une souscription pour la reconstruction du vaisseau, Le Vengeur, décrétée par la Convention, le 9 juillet précédent.

11 septembre. — 1,200 hommes de réquisition arrivent en ville.

Le commissaire des guerres requiert la Municipalité de lui fournir des écuries pour loger 200 chevaux. Le Conseil lui fait savoir qu'il se trouve dans l'impossibilité d'y satisfaire, vu le peu d'espace disponible au quartier.

 Les halles sont encombrées de fumiers, qui exhalent une puanteur insupportable. Les écuries des auberges sont dans le même état : les râteliers et crèches sont tellement détériorés qu'ils ne peuvent servir. Les aubergistes ne recevant aucune indemnité, se refusent à les réparer.

Le Comité de surveillance des Sables fait part aux représentants Dornier et Guyardin de l'état lamentable de la ville.

 « Nous manquons de tout, écrivent-ils; les brigands, par leurs irruptions journalières, nous ôtent absolument tous les moyens de nous approvisionner, au point que nous n'avons plus aujourd'hui un seul grain de froment pour les habitants; la troupe en manque également; elle ne pourra avoir de pain que ce soir; et, pour lui en donner demain, on est obligé de prendre la farine des boulangers de la ville. Nous sommes tourmentés de l'idée de n'avoir rien à offrir à nos frères, qui vont venir à notre secours ; car nous n'avons seulement pas de bois pour leur faire la soupe. »

Le Département fixe les secours à accorder aux réfugiés, vieillards et infirmes, et ceux n’ayant aucun moyen de subsistance.

12 septembre. — La Municipalité arrête que les habitants ne pourront loger des militaires chez eux, à moins qu'ils ne soient nantis d'un billet délivré par elle, sous peine de huit jours de prison.

700 livres d'étain, trouvées dans les magasins du District, sont envoyées à Niort, au citoyen Dujard, commissaire ordonnateur, pour y être converties en vases à l'usage des hôpitaux militaires.

13 septembre. — Dornier et Guyardin, en séjour à Luçon, autorisent le District de la Roche-sur-Yon à tenir .ses séances dans le presbytère de Beaulieu-sur-Mareuil.

14 septembre. — Les mêmes lèvent l'état de siège de la commune de Luçon.

15 septembre. — Le bataillon des citoyens de la 1er réquisition, est caserné dans le couvent des ci-devant Cordeliers. — Bezard et Auger arrivent en ville et s'v rencontrent avec leurs collègues. Le Directoire de département va aussitôt leur rendre visite.

16 septembre. — Charette ayant rassemblé ses troupes, la veille, marche sur le camp de Freligné (près Machecoul), de forme carrée, environné de fossés, de palissades, revêtu de banquettes , défendu par environ 2,000 hommes de troupe de ligne aguerries, et commandé par les chefs de brigade Prat et Mermet.

Charette tourne le camp par le bois de la Pigarnière et l'attaque sur trois points à la fois. Chevigné, de l'Ecorce, est renversé d'un coup de feu ; Delaunay a le corps traversé ; Saint-Sauveur est mortellement atteint.

 — Charette arrive aux premiers rangs. Prat est frappé à mort; Mermet saisit un guidon, s'élance hors du camp, et tombe mortellement atteint. Les rebelles montent à l'assaut et massacrent tous les républicains. Les armes, les munitions, la caisse militaire, les effets de campement restent au pouvoir des rebelles qui y mettent ensuite le feu ; mais, ils perdirent 400 des leurs et en eurent le double de blessés.

21 septembre. — On célèbre, en ville, la fête des victoires des armées de la République.

A trois heures du soir, le représentant Auger, les autorités, les généraux et soldats, en garnison dans la commune, se réunissent sur la place de la Révolution.

A quatre heures, le cortège, précédé d'une musique militaire et suivi d'un détachement de cavalerie, part de la place, et se dirige vers le camp principal, établi au- devant de la commune. En y arrivant, Auger, prenant la parole, expose l'objet de la fête, félicite les armées de leurs victoires, et témoigne à celle de l'Ouest la reconnaissance de la Nation.

Il ajoute qu'il reste encore quelque chose à faire; que nos ennemis ne sont que vaincus; qu'il faut les exterminer, mais sans confondre les innocents avec les coupables. Il assure le peuple et l'armée que la Convention ne négligera rien, pour rendre impuissants contre la Liberté et le bonheur du peuple les efforts de ses ennemis du dedans et du dehors.

 Il a exhorté à la soumission aux décrets de la Convention et aux arrêtés de ses délégués. A son discours, succèdent des applaudissements et les cris de : « Vive la République! Vive la Nation ! »

Le Président du Directoire de département et le Maire prennent ensuite la parole et la fête se termine par le retour du cortège dans la commune au bruit des tambours et de la musique.

 

Du 1er janvier 1893 au 21 septembre 1894, il mourut 2,041 personnes dans la commune.

 

22 septembre. — Le District charge Bonnard, ci-devant professeur de rhétorique au Collège de Fontenay, de dresser le catalogue des livres existant dans les bibliothèques nationales de la commune de Luçon, et de faire transporter au chef-lieu tous les livres, tant de la bibliothèque du ci-devant chapitre que des autres dépôts publics.

 

Au 22 septembre 1894, les bataillons de volontaires nationaux de la Vendée faisaient partie des armées ci-après :

Le 1er bataillon, Armée de Sambre-et-Meuse. Le 2e bataillon, Armée du Nord. Bataillon des Vengeurs, Armée de l'Ouest. Bataillon de Fontenay, id.

Cie de Saint-Gilles, id.

Cie de la Roche-sur-Yon, id.

Cie de Challans, id.

Cie de Pouzauges, id.

Cie de la Châtaigneraie, id.

Cie de Chavagnes, id.

Cie de Mouilleron-en-Pareds, id.

Cie du Boupère, id.

Des réparations sont effectuées aux casernes de la ville pour y recevoir la gendarmerie nationale, organisée à Tours.

La Convention décrète que les rebelles, dont les jugements étaient attribués aux tribunaux militaires, seront jugés par les conseils militaires, établis par la loi du 18 septembre 1794.

23 septembre. — La Municipalité rédige l'adresse suivante, qu’elle transmet à la Convention :

 

« Citoyens représentants,

« Votre énergie a déjà plus d'une fois sauvé le peuple. Elle le sauvera encore des dangers que des oppresseurs et des intrigants voudraient faire courir à la liberté publique. En vous seuls réside et doit résider l'exercice de la puissance du peuple. Il l'a déposée dans vos mains pour son bonheur. Exercez-la pour le délivrer du fléau de l'intrigue, qui s’agite en tous sens pour ramener le règne de la Terreur.

Maintenez celui de la sévérité, de la justesse et de la vérité : la sévérité, pour contenir les ennemis du peuple ; la justice, pour ne punir que des coupables ; la vérité, pour dévoiler les hommes de sang et tous les grands mystères d'iniquités.

Maintenez le gouvernement révolutionnaire jusqu'à la paix ; maintenez la loi du 17 septembre; mais ne souffrez pas qu'il soit donné une extension arbitraire à son exécution.

« Eh quoi! quand les armées de la République sont partout victorieuses, quand elles chassent devant elles les satellites des tyrans couronnés, une poignée de factieux et d'intrigants mettrait la liberté en péril ! Convention, lève-toi, et frappe de la massue nationale tous les dominateurs, tous les factieux de la tyrannie et de l'oppression !

« Pour nous, qui, à raison de notre position, avons vu de près les effets du fanatisme et du royalisme, et les mesures aussi funestes qu'inefficaces, employées pour les détruire, nous avons senti nos cœurs s'ouvrir à l'espérance et à la joie sur la manifestation des principes, professés par les quatre nouveaux délégués près l'armée de l'Ouest. Nous présageons les plus heureux résultats des mesures par eux déjà prises. Vive la République ! Vive la Convention nationale ! »

 

25 septembre. — Saint-Pal, campé à Aubigny, donne l'ordre aux habitants des paroisses d'Angles, Saint-Benoît, la Tranche, Jart, Longeville, la Jonchère et autres voisines, de venir se ranger sous le drapeau royaliste (36).

28 septembre.Des colonnes mobiles, parties de Montaigu, Machecoul et Challans, se dirigent sur Belleville, quartier-général de Charette.

29 septembre. — Giraud, officier de santé des maisons d'arrêt, informe le Conseil de la commune que les prisons sont encombrées de détenus, qui périssent faute de soins, et que les hôpitaux regorgent de malades.

Dans la soirée, les colonnes républicaines font leur jonction à Belleville, où elles ne rencontrent que quelques rebelles qui s'enfuirent à leur approche.

Le Comité de surveillance des Sables expose aux représentants que, depuis leur passage aux Sables, la situation n'a fait qu'empirer ; que toute la Plaine est dévastée depuis le départ du poste des Moutiers, et que le bruit court que Charette a l'intention de dévaster les subsistances et de les incendier ensuite.

1er octobre. — Les inspecteurs des hôpitaux militaires se transportent près du Conseil de la commune, et le préviennent que l'entassement des détenus dans la maison d'arrêt et prisons de la commune y développe un foyer de putréfaction, dont l'influence peut amener les conséquences les plus funestes pour la santé de la population. La plupart des prisonniers sont maladies ; et, faute de soins, ne peuvent échapper à la mort. Ils font remarquer qu'on pourrait employer les hommes valides à des travaux publics ; les femmes, en qualité d'infirmières, dans les hôpitaux, et transférer les malades dans un établissement, destiné à leur procurer les soins que réclame l'humanité.

Ferry, commandant en second du 5e bataillon de la Marne, se rend au Comité de surveillance des Sables, pour y faire sa déclaration sur la malheureuse affaire des Moutiers-le-Fidèle et la conduite indigne de l'adjudant- général Marot.

Le général Hoche arrive à Machecoul.

2 octobre. — Les terrains, situés au- dessous de la place de la Révolution, à droite et à gauche de la route, sont réservés aux charrettes et caissons de l'armée.

Les halles de la ville sont mises à la disposition de l'agent des transports militaires, pour le logement des chevaux.

— Le Comité de surveillance des Sables arrête que l'action héroïque, intrépide et fraternelle opérée sur un bâtiment Américain, engagé dans les rochers des Barges, d'Olonne, par six marins de la commune qui ont sauvé sa cargaison, composée de farines et de salaisons, envoyées par l'Amérique, sera signalée à la Convention (37).

3 octobre. — La Municipalité publie un nouveau règlement relatif à la surveillance des prisons.

5 octobre. La Convention décrète d'accusation les généraux Turreau, Grignon et Huché.

Gallet, administrateur du Département, dénonce à la Société populaire les atrocités du général Huché, de Pierre Gourbaud, de l'Absie, homme de confiance du citoyen Beurrey, et celles de Grignon.

6 octobre. — Des visites domiciliaires sont ordonnées pour contraindre les habitants à réintégrer dans leurs maisons, les lits transportés par eux hors de la commune, pour les soustraire aux rebelles.

9 octobre.Le Comité de surveillance félicite le Comité de salut public d'avoir décrété d'accusation les généraux Turreau, Grignon et Huché.

« Citoyens représentants, vous avez mis la justice, qui est dans votre cœur, à l'ordre du jour. Fontenay-le- Peuple, chef-lieu du département de la Vendée, jeté par Turreau sur la liste des proscriptions, n'a échappé aux poignards et à l’incendie que par la fermeté du vertueux Bard, qui connaissait les principes de ses habitants et leur haine pour les rois, les brigands et les hommes corrompus.

Une cité dans le deuil, cent pères de famille tombés à l’affaire du 25 mai (v. s.), sous le couteau des insurgés, des veuves, des orphelins, la jeunesse au champ de la gloire, n'avaient pu inspirer de l'intérêt aux barbares qui venaient nous assassiner.

« 0 Liberté ! nous avons vu le moment où tu nous allais être ravie !. Déjà, par un système abominable et l'exécution des ordres sanguinaires, la circonférence de la Vendée, indignement avilie, était tombée sous le gouvernement militaire. Déjà les communes qui formaient les avant-postes du pays libre, étaient livrées aux flammes. Déjà le patriote, confondu avec les satellites de Charette, ne pouvait plus échapper à la mort.

Dites-nous, hommes de sang, dites à la France entière, vous Turreau, Huché, Grignon, Carrier, Hentz, Francastel, comment la guerre de la Vendée fut renouvelée ?

Dites, lorsque les brigands ont passé la Loire, combien Charette avait de fanatiques sous ses étendards ; dites combien de femmes, d'enfants, de vieillards, vos ordres ont fait assassiner.

Dites comment on a vu le noyau de l'insurrection se grossir avec force; dites, enfin, que vous ménagiez le contre-révolution dans les départements de l'Ouest, et que, pour parvenir plus sûrement à votre but, vous ordonniez l'incendie, le massacre, la destruction entière de la Vendée fidèle, pour la forcer à aller s'associer aux monstres qui la désolaient depuis si longtemps.

« Non ; fermes dans nos principes, nous ne varierons jamais, et les hommes qui ont eu le courage de crier Vive la Liberté! Vive la République ! en voyant incendier leurs propriétés et massacrer leurs parents, vous dénoncent à l'opinion publique et demandent au Sénat Français justice de vos attentats.....

« Pères de la Patrie, vous allez être instruits; vous allez connaître ce cancer politique de la Vendée. Vous allez voir toute la monstruosité des complices de Robespierre, qui travaillent encore dans l'ombre, au malheur du peuple, criant impudemment à la persécution des patriotes, pour échapper, au milieu de l'insurrection (qu'ils ménagent peut-être), à la vengeance nationale.

Mais vous les dévoilerez ; vous nous les ferez connaître, et le souverain qui a les yeux fixés sur nous, entend, avec plaisir, gronder le tonnerre de la justice qui va les pulvériser tous. »

 

A cette époque, l'effectif de l'armée de l'Ouest est composé de :

15,621 hommes malades; 29,814 combattants; 2,452 sapeurs ou pionniers.

46 femmes, détenues à la maison d'arrêt, sont mises en liberté.

8 octobre. — La Convention nomme Canclaux, général en chef de l'armée de l'Ouest, en remplacement d'Alexandre Dumas, appelé au commandement de l'armée des Côtes de Brest.

9 octobre. — 18 détenus sont mis en liberté à la maison d'arrêt.

Alexandre Dumas adresse à la Convention, son rapport sur la situation de son armée et les moyens de terminer la guerre civile en Vendée.

« J'ai voulu voir par moi-même, dit-il, ayant de vous faire un rapport sur l'armée. Voici le résultat de mes observations et de, mes réflexions : Plusieurs bataillons n'ont point de consistance; d'anciens cadres sont réduits à 250 hommes. Il faudra une quantité considérable de recrues qui, de longtemps ne seront propres à faire la guerre, surtout la guerre de la Vendée.

L'esprit d'indiscipline et de pillage, produit par l'habitude et nourri par l'impunité, sera très difficile à réprimer. Vous le savez, la Vendée a été traitée comme une ville prise d'assaut. Tout y a été saccagé, pillé et brûlé.

Il existe peu de généraux capables de faire le bien. Presque tous les bataillons sont réduits à une faiblesse extrême, par les pertes qu’ils ont essuyées. Il règne, dans toute l'armée, un abandon déplorable, un esprit d'insubordination et de pillage, et il n'y a aucune instruction.

Comment convaincre les habitants de cette contrée, de votre justice, lorsque les troupes la violent; de votre respect pour les personnes, les propriétés, lorsqu'elles pillent ?

« En changeant de système, il faudrait changer d'hommes.

Cependant la Vendée n'est pas dangereuse pour la République. Je crois que la guerre peut être terminée :

1° en renouvelant une partie de l'armée, et en y faisant passer une partie des troupes asservies et disciplinées:

2° en y faisant un choix épuré de tous les officiers généraux qui y seront employés, et qui réuniront expérience, lumières et probité.

« Je crois la tâche qu'on m'a imposée au-dessus de mes forces. Ces opérations exigent des talents indépendants des connaissances militaires, et je vous prie de me décharger de ce fardeau. »

10-12 octobre. — Les rebelles commettent des assassinats à Saint-Vincent-sur-Jard, et enlèvent des vins et bestiaux dans la nuit des 10 et 12 octobre.

11 octobre. L'armée de l'Ouest reçoit le drapeau envoyé par la Convention. A onze heures du matin, le peuple, la garnison et les autorités constituées se réunissent dans la petite prairie. Le cortège se met alors en marche pour se rendre au camp, où arrivent, au même instant, les représentants Dornier, Guyardin, Auger, le général en chef Dumas, les généraux et officiers de l'état- major de l'armée et les deux vétérans invalides qui ont apporté le drapeau dans une voiture.

L'armée a formé un carré, au milieu duquel se sont placés les représentants, les généraux et les autorités. Les deux vétérans s'avancent alors et remettent le drapeau au général en chef, qui prononce, ainsi que Guyardin, un discours approprié à la cérémonie.

Elle se termine par la lecture, faite à la tête des divers corps, des derniers succès de l'armée de Sambre- et-Meuse, sous les murs de Juliers, par des chants patriotiques, et par les cris répétés de : « Vive la République! Vive la Convention nationale ! »

12 octobre. — Le Comité de surveillance des Sables invite la Municipalité à lui procurer les pièces établissant que Carpantier a donné l'ordre au poste de Jard, de se replier sur les Sables, même après sa suspension.

14 octobre. — Il est fait défense de tirer des coups de fusil dans l'enceinte de la commune, et de chasser dans un rayon d'une lieue, surtout, du côté des avant-postes militaires, sous peine de 30 livres d'amende et de la confiscation des armes à feu. Les charpentiers de la commune devront se transporter au temple de la Réunion, pour y réparer les halles, destinées à y recevoir les chevaux de transports militaires. La maison d'arrêt Brancheu est convertie en hospice pour les détenus malades.

Une enquête est ouverte contre les généraux incendiaires et les représentants envoyés précédemment en mission par Cougnaud, Tillier, Massé, Poëy-d'Avant et Perreau.

Le général Dumas mande à la Commission l'organisation de l’armée de terre, qu'il va faire arrêter les volontaires coupables d'actes de brigandage, à Mareuil et au camp de Saint-Ouen, pour être jugés suivant la rigueur des lois.

Le tribunal révolutionnaire de Paris acquitte Savary de Calais et Pichard de la Caillère, ex-membres du comité royaliste de Fontenay.

19 octobre. — Auger demande la liste des membres de la Municipalité avec leur profession, avant et depuis la Révolution, leur âge, avec le résumé de leurs actes en faveur de la République, et fait mettre en liberté Chessé, secrétaire en chef du Département.

— Il demande également des renseignements aux membres de l'administration départementale pour l'épuration et la réorganisation des divers corps administratifs et judiciaires du département.

24 octobre. — La Municipalité oblige les bouchers à déposer les débris d'animaux, dans un fossé à l'extrémité de l’ancien champ de repos creusé, pour charger les fosses des condamnés, à la charge de les recouvrir de terre au fur et à mesure de leur enfouissement.

25 octobre. — Le Directoire de département donne la liste de ses membres, avec leur profession avant et après la Révolution, et leur attitude politique.

30 octobre. —La Municipalité supplie celles de Pissotte, l'Orberie et Mervent, de lui procurer du bois de chauffage, en ces termes :

« Citoyens, frères et amis,

« La nécessité d'avoir du bois de chauffage pour l 'exercice de nos fonctions pendant l'hiver ; la pénurie que nous en éprouvons et l'impossibilité de nous en procurer par les moyens ordinaires, nous font recourir à vous et vous prier, de la manière la plus pressante, de prescrire aux voituriers, et marchands de bois dans l'étendue de votre commune, de nous fournir deux brasses de rondins et un cent de fagots. Le tout sera payé comptant avec la plus grande exactitude. Veuillez nous rendre ce petit service et comptez sur les réciprocités de nos bons offices. »

31 octobre. — On célèbre, en ville, la fête des victoires nationales. A 2 heures du soir, les autorités constituées et des détachements de tous les corps militaires, se réunissent sur la place de la Révolution. A 3 heures, les autorités se rendent en députation chez les représentants Dornier et Auger et les escortent jusque sur la place. De là, le cortège se rend au temple de la Réunion. Dornier, Dillon et Brisson y ont successivement prononcé des discours suivis de divers chants et d'hymnes patriotiques, exécutés par des citoyens et des citoyennes, qui ont chanté en choeur l'hymne du représentant Chénier. Les chanteurs ont reçu l'accolade fraternelle des représentants, lesquels l'ont ensuite donnée à la commune, en la personne du maire. La fête s'est terminée à sept heures du soir, aux cris de : « Vive la République ! Vive la Convention nationale ! Vivent nos représentants ! » et de l'hymne des Marseillais.

3 novembre. — Un membre de la Municipalité fait observer que l'enlèvement des fumiers et immondices des rues, n'a pu encore être terminé en l'absence des tombereaux, lesquels ne peuvent rouler encore, à défaut des clous pour les ferrer, attendu qu'on n'en trouve nulle part.

Le Conseil arrête qu'il en fera fabriquer avec le fer provenant de la ci-devant église Notre-Dame.

4 novembre. — Le Comité de surveillance des Sables se plaint au général Desclozeaux, des pillages et de l'indiscipline des volontaires de la Grève, et de l'indifférence et complicité des officiers qui les commandent.

5 novembre. — Le Conseil de la commune enjoint aux officiers d'artillerie de faire sortir leurs chevaux des salles, cuisines et vestibule de la maison Jolly.

8 novembre. — Un arrêté des représentants Dornier et Auger réorganise, comme suit, les administrations de département, de district et de la commune.

 

1° DIRECTOIRE DE DÉPARTEMENT

Gallet, jean-Antoine, des Moutiers-sur-Ie-Lay, 32 ans; Mercier du Rocher, André-Chles-François, de Vouvant, 39 ans ;

Ladouespe, Jacques-Louis-Etienne, de Mouchamp, 47 ans ;

Dillon, Dominique, de Pouzauges, 52 ans ;

Martineau (Ambse-jn-Bte), de Fouillé, 32 ans;

Bouron (F.-A.-Jacques), de Saint-Médard-des-Prés, 42 ans ;

Vinet, Paul-Hygin, de Fontenay, 35 ans ;

Majou des Grois, joseph-Daniel, de la Châtaigneraie, 40 ans ;

Chessé, Pierre, secrétaire-général, 34 ans.

 

2° DIRECTOIRE DE DISTRICT

Moreau, Philippe, président, 52 ans;

Lemercier, Fidèle, 43 ans ;

Morillon, Gabriel-François, 40 ans ;

Belliard, Jean-Augustin, 42 ans ;

Esgonnière, Philippe-René, 39 ans ;

Cougnaud, Jean-Mathias, agent national, 28 ans ;

Arnaud, Jean, secrétaire, 30 ans.

 

MUNICIPALITÉ

Brisson, Paul, médecin, maire, 58 ans;

Guéry, Pierre, orfèvre, officier municipal, 67 ans ;

Moreau, Jean, cabaretier, id. 54 ans ;

Raison, François-Michel, id. 34 ans;

Amiot, Louis-Jacques, architecte id. 41 ans;

Daniel-Lacombe, aîné, marchand id. 31 ans;

Panier, Charles-Louis, id. id. 36 ans ;

Nivard, Jean-Junien, id. id. 26 ans ;

Joly, Louis-François, id. id. 86 ans ;

Godet, Louis-Gabriel, agent national, 28 ans ;

 Chevalier, jean, substitut, 68 ans.

 

TRIBUNAL CRIMINEL

Bossis, Louis-Jean-Agathe, président, 32 ans;

Massé, David-Pierre-Jacques, accusateur public, 39 ans;

Allard, Pierre-Antoine, greffier, 28 ans.

 

TRIBUNAL DU DISTRICT

Daudeteau, Charles-Louis, président, 56 ans;

Beurrey-Châteauroux, Joseph, juge, 53 ans;

Merson, Paul-André, juge, 49 ans ;

Godet, François-Gabriel-Benjamin, 31 ans;

Brisson, Jean-Henry, commissaire national, 50 ans;

Bertin, Jean-Michel, greffier, 39 ans;

 

BUREAU DE CONCILIATION

Guerry-Labarre, Louis-François, membre, 53 ans ;

Mallet, Augustin, id. 57 ans;

David, Pierre, id. 53 ans;

Raison, François-Marie, id. 53 ans;

Denfer du Clousy, Luc-René, id. 57 ans ;

Guillet, Jean, id. 28 ans.

 

TRIBUNAL DE PAIX

Loyau, Louis, juge de paix, 50 ans ;

Poisnin, Antoine-Louis, assesseur, 64 ans ;

Denfer, Julien, propriétaire, 66 ans ;

Tillier, Michel-Philippe, officier de santé, 42 ans ;

 Petit, Louis-Jean-Etienne, propriétaire, 45 ans ;

Perreau, Charles-Louis, officier de santé, 50 ans.

Dupuy, Pierre-Claude, ex-accusateur public, 48 ans ;

Veillon, Marie-Charles-Etienne, greffier.

 

COMITÉ DE SURVEILLANCE

Jousserant, François; Rondard, François;

Mallet, Charles-Louis ; Barbotin, Jean ;

Porcheron, Charles-Louis ; Savy, François;

Martineau. Benjamin ; Brivin, ..... ;

Creuseron, ; Gusteau, fils aîné ;

Châtelain, Léonard ; Guéry, Pierre-Joseph.

11 novembre. — Auger et Dornier, accompagnés de deux officiers municipaux et de plusieurs citoyens, se transportent, dans les maisons d'arrêt et de détention de la commune. Ils sont pénétrés d'horreur en y trouvant les prisonniers dans l'état le plus lamentable, couchés sur de la paille pourrie et même insuffisante.

Des vieillards octogénaires, des nourrices sans lait, des moribonds étendus sur la terre, ayant pour toute nourriture, du pain d'orge moisi et de l'eau, sans feu, ni couvertures, tremblants de froid et de misère, rongés par les chagrins et la vermine, et luttant contre la mort (38).

12 novembre. — Les représentants autorisent la Municipalité à établir, dans la maison Brancheu, un hospice destiné à recevoir les détenus malades, et règlent le mode d'administration intérieure du dit hospice.

13 novembre. — Le tribunal criminel militaire vient siéger en ville. Le palais de justice est désigné pour servir simultanément aux audiences de ce tribunal et des autres.

14 novembre. — Les pics, rocs et autres outils, propres à extraire de la pierre, sont mis en réquisition. Les représentants autorisent le District à verser à la Municipalité la somme de 50,000 livres, afin d'être distribuée aux réfugiés dans la commune, comme acquit provisoire de la moitié des 150 livres accordées à chacun d'eux, à titre d'indemnité pour pertes éprouvées par l'invasion de l'ennemi.

16 novembre. — Le citoyen Guilbaud, d'Avrillé, informe le Comité de surveillance des Sables, que le détachement conduisant un caisson entre Talmont et Avrillé, a été attaqué par les rebelles et que plusieurs militaires ont été massacrés.

18 novembre. — Les bouchers patriotes de la ville sont requis pour servir de guides aux patrouilles militaires.

Le général Desclozeaux est requis de mettre à la disposition du District une force armée pour arrêter les jeunes gens de la réquisition, restés dans la commune de Saint- Hilaire-de-Talmont, du Château-d'Olonne et de l'Ile- d'Olonne.

20 novembre. — Le commandant de place des Sables mande au Comité de surveillance qu'il n'existe au poste de la Chaume, ni chandelle, ni bois, que les gargousses sont confondues, et que le magasin d'artillerie est dans le plus grand désordre.

22 novembre. — Le Comité de correspondance de la Convention accuse réception de la lettre écrite par le Comité, à l'occasion du trait d'héroïsme des marins qui ont opéré le sauvetage du bâtiment américain, et lui annonce que l'Assemblée en a accordé la mention honorable, l'insertion au Bulletin, et le renvoi au Comité d'instruction publique.

Le Département mande à la Commission des secours publics, qu'un très grand nombre de réfugiés rentre de l'intérieur dans les parties libres du département.

24 novembre. — Les rebelles établissent des postes avancés à l'abbaye du Bois-Grolland et à Grosbreuil.

Le Comité de surveillance se plaint à Gaudin, représentant du peuple, que le pillage est poussé à un tel degré, que les troupes font presque autant de mal aux habitants des campagnes que les brigands eux-mêmes.

25 novembre. Les représentants arrêtent que les citoyens de la 1re réquisition de la Vendée seront envoyés à Rochefort, pour être embarqués sur les vaisseaux de la République.

Charles Bréchard, ex-défenseur officieux et membre du Comité provisoire de la ville, se rend devant le Comité révolutionnaire de Ploërmel (Morbihan) ; déclare vouloir se rallier au parti républicain, et profiter des dispositions de la proclamation du représentant Bursault, du 17 octobre 1794.

 

Le Directoire de département arrête que les prêtres, reclus au ci-devant couvent de Notre-Dame seront transférés dans les bâtiments du Collège, et que le Pensionnat sera remis au Commissaire des guerres, pour y renfermer les militaires galeux.

Les ecclésiastiques étaient réduits à huit : Marsolier, René ; Santerre ; Gaudichaud, Mathurin ; Moreau....; Rogues, Michel; Doussin, Jacques-Louis; Poupeau, Jacques, ex-curé du Payré-sur-Vendée ; Graffard, Charles-Louis, ex-curé de Monsireigne.

26 novembre. — Savary de Calais, ex-membre du Comité provisoire royaliste, remet sur le bureau du Comité de surveillance, l'expédition du jugement du tribunal révolutionnaire de Paris du 23 vendémiaire (1 l octobre 1794), prononçant son acquittement et sa mise en liberté.

27 novembre.Le Comité de salut public prescrit la remise à la Commission des armes et poudres, des parchemins, imprimés et écrits, existant dans les dépôts nationaux, même de ceux ayant servi de titres d'offices et droits abolis, après avoir été bâtonnés.

Pierre Rafin, de l'Ile-d'Olonne, dénonce au Comité, les pillages commis par le détachement de Bureau, capitaine des révoltés, dans la nuit du 23 au 24 novembre.

28 novembre. — Un arrêté du Directoire du district de Fontenay fixe, au 10 décembre, la fête consacrée au malheur et la distribution de la bienfaisance nationale.

30 novembre. — Les rebelles viennent attaquer, avec trois drapeaux blancs, les avant-postes des Sables, au Pont-Vertou, incendient les baraquements, et tuent quelques hommes,

1er décembre. — Les représentants Delaunay, Menuau, Lofficial, Morisson, Girard, Dandenac, aîné, députés des départements de l'Ouest, présentent au Comité de salut public, leurs vues sur la guerre de l'Ouest et principalement la Vendée, dont ils attribuent l'origine aux prêtres et aux nobles.

Le Directoire de département met à la disposition du District de la Châtaigneraie, comme étant celui où il y a le plus de réfugiés après celui de Fontenay, une somme de 6,290 livres, pour être distribuée aux réfugiés de son territoire.

2 décembre.La Convention décrète que tous ceux connus sous le nom de rebelles de la Vendée et de Chouans, qui déposeront leurs armes, dans le délai d'un mois, ne seront plus inquiétés ni recherchés pour le fait de leur révolte.

4 décembre. — La Municipalité publie le programme de la fête consacrée au malheur (39) qui doit être célébrée dans le temple de l'Etre-suprême, le 10 décembre suivant :

La fête commencera à dix heures du matin. Les représentants, les autorités civiles et militaires seront invités à y assister. Ils occuperont la place réservée pour eux au milieu du Temple, en face de la tribune. Un détachement de cent hommes de la force armée formera le carré autour du théâtre de la bienfaisance. Ce théâtre sera destiné à recevoir, sur des sièges préparés à cet effet, tous les malheureux réfugiés. Ils seront divisés en deux groupes ; l'un composé de citoyens, que la nature ou le hasard affligèrent ; l'autre des victimes de la guerre, ou de la barbarie des tyrans. Un citoyen du premier groupe portera un drapeau tricolore, sur lequel on lira cette inscription :

A LA FRATERNITÉ CONSOLATRICE

L'INFORTUNE RECONNAISSANTE.

 

Un-citoyen du deuxième groupe en portera un second avec cette autre inscription :

DU JOUG DE NOS TYRANS

DANS LES BRAS DE NOS FRÈRES.

Ces deux groupes siègeront sur les côtés de l'enceinte. Le milieu sera occupé par un troisième, composé d'un membre de toutes les autorités civiles et militaires, revêtu chacun de son costume, et d'un citoyen de la commune, portant une branche de peuplier.

L'officier de la force armée portera un drapeau tricolore, sur lequel on lira cette inscription :

LES RÉPUBLICAINS

A LEURS FRÈRES MALHEUREUX

Les élèves de l'école de Mars seront placés sur la même ligne, parallèlement au théâtre de bienfaisance nationale, en face de la tribune.

Aussitôt après, le Président du District prononcera un discours ayant trait à la fête, et l’agent national fera la lecture du livre de la bienfaisance. L'orchestre, composé des amateurs et artistes convoqués, à cet effet, exécutera ensuite divers morceaux de musique, et les représentants feront la distribution des secours aux malheureux. Cette distribution achevée, le maire prendra la parole, et la fête sera terminée par l'exécution, à grand orchestre, d'un hymne composé pour la circonstance, et chanté par un amateur.

5 décembre. — Le Directoire du département se plaint au District de la malpropreté des rues de la ville. « Nous « serions coupables, écrivent-ils, si nous négligions de « vous témoigner notre mécontentement sur l’état affreux « des rues de cette commune. Elles sont encombrées d'immondices de toute espèce. Il s'exhale dans une d'elles, de ces matières corrompues, des miasmes qui exposent les citoyens à une épidémie cruelle. Faisons disparaître de notre cité, ces tas énormes d'ordures qui obstruent la voie publique, et qu'elle ne soit plus un foyer d'exhalaisons pestilentielles. »

6 décembre. — La Municipalité mande au District que les volontaires se trouvant casernés dans la maison du Collège, il devient impossible d'y loger, en ce moment, les prêtres reclus du couvent Notre-Dame.

Les adjudicataires de l'enlèvement des boues ayant tous leurs tombereaux brisés et n'ayant qu'un cheval chacun, déclarent qu’ils ne peuvent remplir leurs engagements.

Un conseil de guerre des rebelles tenu à Beaurepaire mande à Stofflet que les articles du conseil tenu à Jallais, enfreints par lui, sont comme non avenus, que le serment prêté à ce sujet n’est plus obligatoire, et qu'ils s'en dégagent ; que l'émission du papier monnaie, autre que celui généralement admis, sera de suite supprimée.

Le 2e bataillon du 110e de ligne (500 hommes) arrive au camp de Pierre-Levée.

10 décembre. — On célèbre en ville la fête consacrée au malheur. A 10 heures, le Directoire de département s'est transporté sur la place de la Révolution, où se sont trouvés réunis les représentants Guyardin, Dornier et Auger, Canclaux, général en chef de l'armée de l'Ouest, plusieurs officiers généraux, les autorités, la force armée, sous les armes, et une grande affluence de population.

Le cortège ainsi formé s'est mis en marche, et est arrivé au Temple de la Réunion, où la fête devait être célébrée. La musique a exécuté plusieurs morceaux. Moreau, président du District, a lu le décret de la Convention réglant le mode de bienfaisance nationale, et a célébré, par un discours, la dignité de la profession agricole.

Après lui le président du Directoire et le maire ont successivement pris la parole, aux cris de : « Vive la République ! Vive la Convention ! »

Après lecture du livre de la bienfaisance nationale, par l'agent national du District, les agriculteurs et artisans, les vieillards et infirmes, les mères, veuves, désignés dans la loi, ont été honorés et ont reçu, en présence du peuple, le premier semestre de la bienfaisance nationale. La fête a été terminée à trois heures du soir.

— Trois prisonniers s'évadent, dans la nuit, de la maison Brancheu.

13 décembre. — La- Municipalité réclame de la paille au District pour les réfugiés, dont la plupart sont couchés sur le carreau.

Les représentants Morisson et Gaudin, envoyés en mission près de l'armée de l'Ouest, arrivent dans la soirée.

Dupuy, aîné, et Pervinquière sont nommés officiers municipaux, au lieu et place de Raison, aîné, nommé membre du District, et d'Amiot, décédé.

14 décembre. — Le poste de la Grève, défendu par 300 hommes du bataillon de chasseurs de Cassel, repoussent 3,000 rebelles.

15 décembre. — Le District approuve la réclusion des prêtres détenus au Noviciat du Couvent de Notre-Dame.

17 décembre. — La citoyenne Arnoult, vivandière au 2e bataillon des chasseurs francs, présente à la Municipalité de Luçon une enfant, orpheline de 3 ans, trouvée du côté de Legé, et qu'elle déclare adopter comme sa fille.

21 décembre. — La Municipalité distribue un nouveau secours de 17,874 livres 10 sous aux réfugiés.

Un arrêté du Comité de législation de la Convention réintègre Testard, ex-maire, dans ses droits de citoyen.

22 décembre.Le District de Fontenay mande à la Commission des secours publics, qu'il y a environ 2,000 réfugiés dans son territoire, et l'engage à ne pas différer le versement de 300,000 livres pour venir à leur secours.

23 décembre.Le Directoire de département rédige une adresse à la Convention nationale, au sujet de l'amnistie en faveur des rebelles de la Vendée et des Chouans.

« Représentants du peuple, vous venez de donner une preuve éclatante de la générosité qui a toujours distingué le peuple français. Il veut bien, par votre organe, recevoir dans son sein, des enfants qui l'ont outragé.

La clémence paternelle prend la place de la vengeance nationale, et, encore une fois, nous conservons l'espérance de voir le terme de nos maux. La plus cruelle persécution n'avait laissé que le désespoir dans des cœurs égarés. Une proclamation solennelle, pleine d'humanité, rendra le courage et la vie à des hommes paisibles et laborieux, aigris par la violation de tout ce qui pouvait les attacher à la vie. Tous enfin reconnaissent que la République française n'est fondée que sur le bonheur général.

« Pour nous, représentants du peuple, témoins et victimes des malheurs de notre pays, nous devons vous adresser l'expression de notre reconnaissance sur la proclamation et le décret qui doivent rendre à la République une nombreuse et intéressante population. Nous remplirons un devoir bien cher à nos cœurs, en ranimant la confiance et le courage de nos malheureux compatriotes, en consolant ceux qui sont restés fidèles à la patrie, et aussi en les conjurant tous, d'ensevelir dans un éternel oubli, tout ressentiment particulier. Nous leur en donnerons les premiers l'exemple; nous seconderons de tout notre pouvoir, les efforts d'une nation généreuse, et de ses représentants qui savent pardonner à la faiblesse et à l'égarement; anéantir les ennemis du dedans par la justice et la sévérité, et faire respecter au dehors le gouvernement, que le peuple français a choisi pour assurer son bonheur et sa prospérité. »

24 décembre. — Cougnaud, agent national du District, mande au maire que Barbotin (40) a été chargé de l'enlèvement du plomb des maisons nationales et édifices publics, sauf à les remplacer par d'autres matériaux.

L'adjudant-général Martineau, commandant de place par intérim, se plaint des difficultés qu'on éprouve à circuler dans les cours du quartier, tant il y a de fumiers, ce qui peut occasionner des maladies chez les hommes et mettre hors de service les chevaux des chasseurs. La Municipalité réquisitionne six tombereaux pour leur enlèvement.

25 décembre. — Cougnaud expose au District qu'on a trouvé dans les prisons de la commune, un jeune détenu, couvert de haillons, de vermine et de gale.

28 décembre. — Charette se rend à la Roche-Boulogne pour s'aboucher avec Bureau, de la Bastardière, ex-membre de la Cour des Comptes de Bretagne et Mme Garnier- Chambon, amie de Ruelle, au sujet d'une entrevue avec les représentants, et devant aboutir à des négociations pour traiter de la paix.

30 décembre. — Un détachement du 7e chasseurs à cheval, composé de 55 hommes, commandé par un capitaine, vient tenir garnison en ville.

A. BITTON. Société d'émulation de la Vendée.

 

 

 

 

 

Guerre de Vendée La bataille du Mans 12 décembre 1793<==........==>  Guerre de Vendée, la bataille de Noirmoutier, jugement et exécution du général Maurice d'Elbée ( 6 janvier 1794)

....==> Les opérations de la colonne des généraux Ferrand et Huché (Guerre de Vendée 1794)

 

L’insurrection vendéenne 1793 (plan- dates)<==..... ..... ==> Traité de La Jaunaye, accord de paix signé par Charette le 17 février 1795 lors de la pacification de la Vendée

 

 


 

Thomas Alexandre Davy de La Pailleterie, dit le général Dumas, est un général de la Révolution française, né le 25 mars 1762 à Jérémie (Saint-Domingue, aujourd'hui Haïti) et mort le 26 février 1806 à Villers-Cotterêts (Aisne). Il est le père de l’écrivain Alexandre Dumas (Les Trois Mousquetaires, Le Comte de Monte-Cristo) Wiki

 (1)   Belliard, né à Chaix, en 1734, procureur, échevin, avoué, officier municipal, président du Comité de surveillance et juge à Fontenay, père du général.

 (2) Riche propriétaire de Saint-Gilles, homme moral et instruit, d'un patriotisme exalté, mais sans jugement ni caractère. Les archives de la Commission ont été déposées au greffe du tribunal de Nantes qui les a inventoriées.

(3) D'Ornay (Vendée).

(4) Voir la note du 13 mars 1893. Ils furent emmenés aux Sables et livrés au commandant de place Dufour.

(5) La garde nationale de la ville ne s'élevait plus, en ce moment, qu'à 250 hommes.

(6) Ingrand, François-Pierre, né à Usseau (Vienne), en 1756, mort en 1831. Fils d'un procureur au Présidial de Poitiers, avocat au moment de la Révolution, il fut élu administrateur de la Vienne, puis député à la Législative et à la Constituante. Il siégea à la Montagne, vota la mort du Roi sans appel ni sursis, entra au Comité de sûreté générale, et remplit plusieurs missions dans la Vienne et la Vendée. Il siégea aux Cinq Cents jusqu'en 1797, devint ensuite inspecteur des Forêts dans l'Oise et Seine-et-Marne, fut proscrit comme régicide en 1816, supporta avec fermeté les rigueurs de l'exil et ne rentra en France que pour y mourir.

(7) Il fut passé par les armes, le 3 février suivant.

(8) Les noms en caractères italiques sont les nouveaux membres.

(9) Gallot se démit de ses fonctions d'administrateur du Département, pour se rendre à la Rochelle y exercer la médecine à l'hôpital de cette ville.

(10) Voir son interrogatoire dans les Echos du Bocage Vendéen (1re année, n° 2, pp. 45-46.)

(11) Biret, Aimé-Charles-Louis-Modeste, jurisconsulte de quelque valeur, né au Champ-Saint-Père, le 3, janvier 1767. Il remplit divers emplois sous la République.

(12) Né à Fontenay le 25 janvier 1743, fils de Pierre-Marthe Grimouard, et de Marie-Marguerite de Villedon de Gournay, époux de Julie-Catherine de Turpin. - Voir sa biographie ; Mém. antiq. Ouest, année 1861-1862., pp. 88-91.

(13) Moulin (Jean-Baptiste-François), né à Caen en 1734, mort à Cholet, le 11 février 1794. Il s'enrôla en 1789, dans l'armée, suivit son père en Vendée, se distingua par sa valeur à Doué, et dans diverses autres rencontres, et arriva rapidement général de brigade. Attaqué dans Cholet, blessé d'un coup de feu, et se voyant sur le point d'être fait prisonnier, il se brûla la cervelle.

(14) Chiffre évidemment exagéré.

(15) Chevalier, Marie-Catherine, épouse de Vexiau-Latouche, François-Charles, docteur en médecine.

(16) Chiffre exagéré.

(17) Houlier, sr de Villedieu, Maximilien-Henri-Hilaire, marié le 9 juin 1778 à Jeanne-Louise Ingrand de Poitiers. — Emigré. — Volontaire à la 28 compagnie à cheval des gentilshommes du Poitou. Il se trouvait en 1796, à Hambourg, avec son ami et associé Panou de Faymoreau. Ils allaient ensemble aux foires des environs pour y vendre des marchandises. Il mourut au Mans le 1er décembre 1797-

(18) Belliard, Augustin-Daniel, né à Fontenay, le 25 mai 1769 mort à Bruxelles, le 28 janvier 1832, général de division. Fils de Augustin-Daniel Belliard, avoué, et de Marie-Angélique. Robert. Il venait d’être révoqué de son commandement d'adjudant-général, en raison de ses anciennes, relations avec Dumouriez qui l'avaient rendu suspect.

(19)

Annuaire_départemental_de_la_Société_[

(20) Hentz, Charles, né à Sierck (Moselle), vers 1750. Juge de paix de sa ville natale en 1790, il fut nommé à la Convention, en 1792, et y vota la mort du Roi, sans appel ni sursis, remplit diverses missions aux armées du Nord, des Ardennes et de la Vendée, et fut arrêté après le 9 thermidor. On lui reprochait d'avoir déployé une sévérité inouïe contre les Vendéens. Rendu à la liberté lors de l'amnistie de brumaire an III, il fut nommé directeur de l'Enregistrement, émigra aux Etats-Unis, lors de la loi de 1816 contre les régicides, et finit ses jours dans l'indigence, en 1824, à Philadelphie.

(LAROUSSE).

(21) Le chiffre des condamnations ordonnées par elle du 11 novembre 1793 au 15 avril 1794 s'éleva à 198.

(22) Voy. Savary. Mém. sur la Vendée, p. 259.

(23) Cortez (Joseph), né le 15 mars 1768 à Dissay (Vendée). Elève de l'Ecole militaire de Paris, il entra, en 1786, comme volontaire, dans le régiment de Lorraine-Cavalerie. En 1791, il passa capitaine dans les chasseurs des Cévennes, et attaché, en 1792, à l'état-major général de l'Ouest. Suspendu de ses fonctions, il fut bientôt réintégré dans son grade, par le Comité de Salut public, qui lui expédia le brevet de colonel, et envoyé à l'armée des côtes de Brest. Il mourut, en 1807, dans ses foyers, après une courte maladie.

(24) Composée de 100 hommes de la 4e compagnie du 3e bataillon de la Vienne et 65 hommes de la commune.

(25) On raconte que Turreau, au sortir de la séance, accompagné de deux aides de camp, ouvrit, près le grand escalier de la place de la Révolution, une dépêche qu'il reçut pendant la séance. A peine en eût-il pris lecture qu'il s'écria en jurant : « Sans ce scélérat de Bard, qui n'a pas brûlé, égorgé, incendié dans les communes où il s'est porté, comme je lui en avais donné l'ordre, nous ne serions pas là. » (Déposition de Chevalier à la Société populaire.)

(26) Elle avait eu lieu le 9 avril précédent.

(27) Simon (Jean-Baptiste-Jacques Vincent), sr de Galisson, époux de Marie-Anne Gaudin, émigré au corps des volontaires de la 1re compagnie d'infanterie de marine.

(28) On remarqua, dans l'action, une amazone vêtue de nankin, caracolant dans les rangs des rebelles et les encourageant au combat du geste et de la voix. C'était la dame Victoire-Aimée Libault de la Barolière, mariée en 1774, à Nicolas-Henri Gouin, seigneur du Fief, dont le mari se battait à l'armée de Charette. Emmenée depuis par son mari en Angleterre, elle y reçut du comte d'Artois, la croix de St-Louis. Elle mourut vers 1820.

(29) Voy. Procès-verbal des séances du Directoire du Département, tome II, p. 183. (Archives de la Vendée).

(30) Ancienne maison Brunetière, juge d'instruction.

(31) Original, anc. coll. Fillon.

(32) Bouguelon.

(33) Daté de Niort.

(34) Pallardy et Seguy furent condamnés à mort par la Commission militaire, le 13 septembre 1794.

(35) Né à Remering (Moselle), ex-régisseur de la Bonnetière, de Saint-Urbain (Vendée), en 1789, commandant des paroisses de Paint-Gervais et Saint-Urbain.

(36) Saignard de Saint-Pal, Joseph-Claude-Léon, chef rebelle d'un talent des plus médiocres.  Après l'affaire des Moutiers-les-Mauxfaits, Charette lui retira le commandement pour le donner à Le Moël. Il fit sa soumission le 10 mars 1896, et fut rendu à la liberté le 14 mai 1898.

(37) Le naufrage avait eu lieu le 23 septembre précédent. Les sauveteurs furent les citoyens Charrier, Chavignaud, Boulineau, Pierre Morisson, Chauvet et Lambert. (Ardu Vendée. — Liasses du Comité de surveillance des Sables),

(38) Extrait d'un rapport adressé par les Inspecteurs des hôpitaux de l'armée de l'Ouest, à la Commission des administrations civiles, de police et tribunaux.

(39) Les réfugiés du District de Fontenay se composaient de 94° hommes (1,060 femmes et 1,260 enfants au-dessous de 20 ans).

(40) Père de l'un des aumôniers de l'armée catholique, lors de la prise de Fontenay (25 mai 1793).

 

Publicité
Commentaires
PHystorique- Les Portes du Temps
Publicité
Publicité