Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
PHystorique- Les Portes du Temps
13 mai 2023

Notes historique sur la paroisse de Chavagnes-en-Paillers

La commune de Chavagnes ou Chavaignes-en Paillé fait partie du canton de Saint-Fulgent et de l'arrondissement de la Roche sur Yon

Le bourg est situé dans une jolie position, sur la croupe d'une colline à moitié enveloppée par la rivière de la Petite-Maine.

Avant la conquête des Gaules par les Romains, le territoire de la paroisse de Chavagnes devait faire partie du pays des Anagnutes, Agnute ou Agnotes, l'un de ces trois petits peuples cités par Pline comme étant limitrophes des Pictones.

Ce peuple, suivant M. de la Fontenelle de Vaudoré, habitait près de l'embouchure de la Loire, entre le fleuve et l'Océan, et s'étendait le long de la Sèvre nantaise Jusqu'aux environs de Fontenay-le-Comte (1).

Sous la domination romaine, ce même territoire de Chavagnes dépendait sans doute de DURINUM, qui n'en était distant que de 4 à 5 kilomètres.

Durinum ou Durinum, aujourd'hui Saint-Georges-de-Montaigu, est généralement considéré comme ayant été une mansio intermédiaire entre Ségora et Portus-Namnetum (2).

Les traces de l'ancienne voie romaine qui passait en cet endroit, et la distance où il se trouve des deux stations précédentes, prouvent qu'il existe une omission à son égard sur la Table théodosienne.

D'un autre côté, les vestiges de constructions que l'en rencontre, et qui couvrent une étendue de terrain considérable, les médailles, les débris de vases antiques, d'urnes, d'amphores, d'armes, etc., que les fouilles ont fait découvrir à diverses reprises, témoignent de l'importance de cette ville.

 Au moyen-âge, Chavagnes se trouvait compris dans la baronnie de Montaigu, dont les seigneurs de Belleville étaient possesseurs.

 Mais lorsque Louis XI acheta cette baronnie, la paroisse de Chavagnes fut du nombre de celles dont le seigneur de Belleville se réserva la possession.

Voici en effet ce qu'on lit dans l'acte de vente qui fut passé à Sablé, le 4e jour d'août 1473.

Il est dit que : «  Noble et puissante dame Marguerite de Cullant (3), femme espouse de noble et puissant seigneur monseigneur messire Loys de Belleville, etc., agissant au nom et comme autorisée de son mari, réserve expressément pour celui-ci de la terre et seigneurie de Montaigu:

« Les paroisses des Brousilz avecque la forest du Gralac, Chavaignes, la Couppe Chenière, la Boissière et les enclaves de Sainct-Denis et de Sainct-Fulgent, et tous les drois, prouffis, rentes et devoirs deutz. esd. peroisses, à lad. seigneurie de Montagu.

 Et en oultre les hommages de Beaurepaire que doit le seigneur de Tiffauges, les hommages de la Barretière, de Bazoges, de Sainct-Fulgent, que doit le seigneur de la Jarrie ; l'hommage du fief des Essars, que souloient faire les conte et contesse de Ponthièvre ; les hommages de la Tavernie et de la Martelière (4), que doit le seigneur de Passeavant; l'omage de Rocheservière, les hommages de Painfault et de Planteys, que doit le seigneur de la Guionnière; l’omage de la Sécherie que doit François Louer; l'engage du Noirlieu, et le guet dudict lieu, avecques les drois, prérogatives et noblesses dépendans desdicts hommages, fors et réservé au roi nostre sire coulx qui sont en la ville de Montagu, et au dedans des fossés dudict lieu.

Et par cest article est la déclaracion et denotacion faicte pour la partie du. dict seigneur de Belleville, des peroisses et hommages qu'il avoit à retenir en son choix en ladicte seigneurie de Montagu ; pour récompense desquels hommages, etc……..

 Lesquelles peroisses et hommages le seigneur de Belleville tendra du roi nostre sire à foy et à hommage lige, etc... Lesquelz hommages et subietz habitans esd. peroisses, et lesd. hommes de foy dessus déclairez, le roy nostre sire demeure tenu à tes contraindre à faire les hommages et obéissances féodaulx et segneuriaulx, et paier tes devoirs annuelz audict seigneur de Belleville et à ses successeurs audict lieu de Belleville (5). »

 

Pour procéder avec ordre, il convient avant tout de rechercher l'étymologie du nom de Chavagnes.

Ici, comme presque toujours, il existe une grande diversité d'opinions. Les uns font venir ce mot de campus agnorum ; ils s'appuient sur ce qu'il est probable que de nombreux troupeaux ont été entretenus dans le voisinage de Durinum, ou l'on fabriquait autrefois beaucoup d'étoffes do laine (6).

 D'autres prétendent que Chavagnes fut nommé en latin Campus Vineus, par suite de la grande quantité de vignes qui existaient anciennement autour du bourg. Les vieux titres font voir, en effet, que toute ta partie située au midi et au couchant de Chavagnes était consacrée à la culture de la vigne.

On croit en trouver la raison dans la facilité de cette culture, qui exige moins d'engrais que le blé, et dans le débouché avantageux que l'Angleterre offrait aux vins du Poitou, à l'époque où les Anglais étaient maitres du pays.

Enfin, si l'on voulait en croire les paysans, le nom de Chavagnes aurait une tout autre origine, et voici l'histoire passablement étrange qu'ils racontent à ce sujet.

 Suivant eux, Chavagnes portait jadis le nom de Saint-Pierre (7).

Notes historique sur la paroisse de Chavagnes-en-Paillers

 Un jour, des jeunes gens de cette paroisse et de celle des Brouzils se rencontrèrent près de la forêt de Grasla, et se prirent de querelle pour la possession d'un âne gris.

Ni les uns ni les autres ne voulaient abandonner le malheureux animal, qui se vit saisi des deux parts, et tiraillé de telle sorte, que la tête et le corps restèrent entre les mains des gens de St-Pierre, à la grande confusion de leurs adversaires qui n'emportèrent que la queue.

A la suite de cette victoire, les habitants de Saint-Pierre reçurent le sobriquet de Chef ou Chaf-d’Ane, d'où, par corruption, se forme le nom de Chavagnes.

Une chanson composée en mémoire de cet événement avait autrefois une grande vogue parmi les habitants de Chavagnes.

Ceux-ci y raillaient leurs voisins des Brouzils, et le refrain de chaque couplet était :

Nous irons le chercher sur l’âne,

Sur l’âne gris.

 

Chavagnes, pour le distinguer des autres communes portant le même nom, est appelé Chavagnes-en-Paillé ou Paillers.

Il a pris cette dénomination comme se trouvant autrefois compris dans la circonscription du doyenné de Paillé. Ce dernier lieu, qui depuis longtemps avait cessé d'être la résidence du doyen, n'est plus aujourd'hui qu'un village sans importance de la commune de Bazoges.

Je vais maintenant indiquer successivement les diverses localités de la commune dans lesquelles on rencontre des débris d'antiquités.

Le bourg. Il y a eu très-anciennement des habitations en cet endroit, car on a trouvé des fragments de tuiles à rebord et une extrémité d'amphore sous une maison appartenant au frère de M. Gorrraud ;  mais ce ne fut pas primitivement le siège de la paroisse. On prétend que celui-ci était autrefois à Benaston.

Chavagnes, à cette époque, était seulement un couvent ou prieuré de moines.

Pendant la Guerre de cent-ans, le prieuré de (Chavagnes-en-Montaigu) a été incendié et rasé après la fuite des religieux ; ceux-ci avaient eu soin d'enfouir leur trésor dans un terrain où il a été retrouvé au début du siècle dernier (8).

On a vu plus haut que, lors de la vente de la baronnie de Montaigu à Louis XI, le seigneur de Belleville s'était réservé la possession de diverses paroisses et fiefs dépendants de cette seigneurie.

L'année suivante, et pour obvier à certaines difficultés que l'on présumait pouvoir être faites par les vassaux compris dans cette réserve, le roi donna des lettres patentes par lesquelles il autorise Marguerite de Colan, alors veuve de Louis, seigneur de Belleville, à faire construire une forteresse on château seigneurial au lieu de Chavergne  (Chavagnes).

Voici un extrait de la teneur de ces lettres :

 

1474 Louis XI autorise Marguerite de Colan, alors veuve de Louis, seigneur de Belleville, à faire construire une forteresse ou château seigneurial au lieu de Chavergne  (Chavagnes).

« Loys, par la grâce de Dieu, roy de France, savoir faisons à tous présents et à venir, comme en faisant par nous avec feu Loys de Belleville, en son vivant chevalier et nostre cousin, le traicté et appoinctement d'eschange de la baronnie, chastel, terre et seigneurie de Montagu en Poictou, etc…..

Nous ayons voulu et réservé à icelluy nostre cousin les parroisses de Chavergnes, de Coppe-Chaignière, les Brousilz, la Boycère, les enclaves de Sainct-Denis, de Sainct-Fulgent, certains hommages et autres choses, ainsi qu'elles sont bien au long specifiées dans led. traicté, par le moyen duquel, icelles parroisses, lieux et choses demeurent à icelluy nostre cousin et à ses hoirs comme desmembrées et séparées de ladicte baronnie et seigneurie de Montagu, etc.

 Touteffoiz pour ce que depuis ledict traicté et appoinctement d'eschange led. de Belleville est alé de vie à trespas, detaissée nostre chière et amée cousine Marguerite de Culant, en son vivant sa femme, et aussi Loys, Katherine, René et Marguerite ses enffans mineurs d'ans et en bas aage, desquels nous avons à nostre dicte cousine ordonné et baillé le bail, garde, gouvernement et administracion, et de leurs biens et choses ensemble; icelle nostred cousine ès noms dessusd., doublant que soubs umbre et allocasion de ce que lesd. parroisses, lieux et choses réservées estans soubz et d'autre ressort que n'estoit lad. seigneurie de Belleville, qui estoit ressortissant de la terre, chastet et seigneurie de la Roche-sur-Oyen (9), laquelle ressortist maintenant en nostre court de parlement sans moyen, les hommes vassaulx, subgectz, estaigiers (10) et habitans esd. choses réservées voulsissent ou poussent faire grant difficulté pour le temps avenir d'estre désobéissans et vouloir recongnoistre estre subgectz et unyz à lad. seigneurie de Belleville.

Et que par ce moyen elle et ou les siens esd. noms fussent désormais en danger de cheoir en grans involucions de procès et contrainctes avec lesd. hommes subgectz et estaigiers, et n'en poussent de longtemps joir paisiblement: Nous ait icelle nostre cousine ès noms que dessusd. humblement fait supplier et requérir que pour obvier aux choses dessusd. (11) à soy lesd. hommes, subgectz estaigiers, il nous plaise lui donner congié et licence de faire place forte aud. lieu de Chavergnes, qui est le lieu le plus aisé, moins gréablee et agréable pour elle et lesd.  subgectz, ponr estre chief et lommage desd. choses.

 Et auquel lieu de Chavergnes iceulx hommes subgetz et estaigiers soient tenuz de faire et entretenir lesd. usaiges, gardes, ligences, guet et garde de illec; rendre, paier et porter les deniers et autres droit et devoirs, qu'ilz sont tenuz, etc….

 Voulans la préserver et ses. enffans pour le temps avenir desd. pertes, dommages et interestz qu’ils pourroient avoir par faulte de non avoir fortiffié aud. lieu de Chavergnes : à icelle, pour ces causes et considéracions et autres à ce nous mouvans, avons donné et octroyé, donnons et octroyons de nostre grâce, plaine puissance et auctorité royale, congé et licence, povoir et faculté de faire chastel et place fort aud. lieu de Chavergnes, et que elle puisse esd. noms, icelluy lieu fortiffier et réparer, et y construire, bastir et édiffier tours, tournelles, murailles, portaulx, barbecanes, ponts levectz, et icelle environner de fossez et autres fortificacions telles et ainsi que bon lui semblera, et que faire le pourra; et de nostre plus ample grâce, etc…

 Donné à Senlis, ou moys de may, l'an de grâce mil CCCC soixante quatorze, et de nostre règne le treaiesme.

Ainsi signé par le Roy. S'AURILLOT (12).

 

 

Le château de la Chardière situé à Chavagnes en Paillers en Vendée.

Constant-Jean-Baptiste-Pierre de Suzannet est né au château de la Chardière le 13 février 1772.

Élève à l'école militaire royale de Sorèze (Tarn) et de Paris, il est nommé à 16 ans, enseigne surnuméraire aux gardes françaises.

De 1790 à 1795, il revient en Vendée où il prend part à la campagne des Princes. Il est nommé lieutenant dans le régiment d'Hervilly puis fait partie de l'expédition de Quiberon.

Il rejoint ensuite le général Charette. Ce dernier le nomme chef de division. Après la mort de celui-ci, en mars 1796, Constant-Jean-Baptiste-Pierre de Suzannet est nommé commandant en chef de l'ancienne armée de Charette.

Au cœur de cette histoire familiale, un chef vendéen, le comte de Suzannet, général des Guerres de Vendée, mort à Rocheservière en 1815.==> Juin 1815 - les Combats de Rocheservière sur le Pont Gallo- romain de Péplu traversant la Boulogne

 

 

L'église de Chavagnes en 1802

L’église du bourg actuel est moderne, à l'exception du choeur qui doit avoir été bâti dans le XIe siècle; il était autrefois beaucoup plus bas, et l'on reconnaît aisément à l'extérieur la différence de maçonnerie.

 

Des sépultures qui ont été découvertes autour de l'église semblent en effet prouver la vérité de cette assertion : toutefois, l'érection de Chavagnes en paroisse remonte au moins au XIVe siècle, puisqu'un titre de 1385 fait mention des Robretièress (métairies voisines de Benaston), comme étant de la paroisse de Chavagnes.

La partie inférieure est construite en pierres de granit de grand appareil. Ce mur est soutenu par des contreforts qui offrent peu de saillie, et couronné par des modillons très-simples; cinq fenêtres, plus hautes que larges, à plein cintre et à baies évasées dans l'intérieur, sont percées dans ce mur : aucun ornement ne les décore en dehors, si ce n'est une sorte d'archivolte formée par un cordon à dents de scie qui se prolonge entre les contreforts.

 Intérieurement, et à la naissance d'une voûte qui n'a jamais été terminée, ou bien qui s'est écroulée en partie, régnait une corniche portée par des colonnes dont les chapiteaux paraissaient être d'une grande simplicité ; il était au reste fort difficile d'apprécier leur caractère au travers de l'espèce de croûte qu'avaient uni par produire les badigeons successifs dont ils étaient recouverts. La même cause s'opposait à ce que l'on put s'assurer si, comme divers indices le faisaient soupçonner, l'ouverture intérieure du fond de l'abside n'offrait pas quelques ornements particuliers. En outre, cette fenêtre était complétement murée.

Aujourd'hui corniche et colonnes ont disparu derrière une boiserie qui garnit toute la muraille. Je ne voudrais même pas affirmer que les colonnes n'aient pas été entièrement détruites pour faciliter l'œuvre du menuisier.

 

Cette église fut incendiée par les protestants, lors des guerres de religion.

Dans une déclaration en date du 26 janvier 1603, faite pour obéir à un monitoire, un laboureur nommé Mathurin Piveteau, âgé de 88 ans, dit qu'il « a cognou le deffunct sieur de Lestang (Durcot), frère aisné de cesluy-cy; qu'il ayde à faire brusler le cœur de l'église de Chavaignes et qu'il estoit hugenot quand il mourut et l'avoict esté toute sa vye. Que aussy a ceste occasion fut-il pris par ceux de la Garnache qui tenoist pour la ligue, ou il mourut (13)….. »

 

 

Guerre de Vendée LES COLONNES INFERNALES

En mars 1793, l’instauration de la conscription déclenche le soulèvement. Comme ceux des paroisses voisines, les hommes de Chavagnes prennent part aux batailles de la guerre de Vendée.

L'église fut brûlée vers le commencement d'octobre 1793 ; une grande partie des maisons du bourg subit le même sort.

Le feu fut ce même jour mis à l'Hulière et au bourg : la troupe incendiaire venait de Saint-Fulgent et se dirigeait vers Montaigu... Après les incendies vinrent les massacres...

Les Vendéens touchaient, en septembre 1793, au terme de leurs succès. La division de leurs chefs amena, le 17 octobre, la défaite de Cholet. Ce fut ensuite la campagne d'Outre-Loire, et la destruction lente de leur armée par la faim, le froid et le choléra.

 Les Bleus n'auront plus qu'à en massacrer les débris au Mans et à Savenay (II et 23 décembre).

La guerre est-elle finie ? Non ! La Convention a eu trop peur : il faut maintenant qu'elle se venge.

Turreau lâche sur la Vendée des colonnes qui ont pour consigne de tout tuer et incendier sur leur passage.

Ces colonnes ont gardé le nom de « colonnes infernales ».

Monsireigne fut épargné, non par humanité, non parce que ses habitants étaient connus pour Républicains, mais parce que la chance voulut qu'il ne se trouvât pas sur la ligne de marche de l'une de ces colonnes.

Cependant, les habitants furent un moment peu rassurés. La colonne de Lachenay, entrée en Vendée par Saint-Mesmin le 26 janvier 1794, campait à Pouzauges.

Elle poussa le 29 jusqu'à La Meilleraie. Les Bleus mangèrent le festin préparé par les « Patriotes » de cette bourgade, puis poussèrent ces malheureux dans l'église et les égorgèrent.

Le 30 janvier au soir, les habitants de La Chauvinière et du Bois-Tiffray purent contempler de loin un spectacle terrifiant : c'était la ville de Pouzauges flambant de haut en bas ; sept maisons seulement échappèrent aux flammes.

Et, cependant, Pouzauges passait pour « patriote ».

Le Boupère aussi, d'ailleurs ; ce qui n'empêchait pas Lachenay d'y mettre le feu le 31 janvier, malgré les protestations du maire Biraud. Tout le bourg brûla.

Puis les gens de La Sannelière purent voir les fermes flamboyer aussi dans la campagne.

 Chose curieuse : si l'on en croit le maire Biraud, seuls les châteaux, « repaires d'aristocrates », Le Beignon La Ramée, La Pelissonnière, Le Fief - Milon, furent épargnés !

Deux cents personnes furent massacrées : le nommé Vendé, des Combes, fut coupé en morceaux : on l'entendait, paraît-il, « royer » à un kilomètre. 3.000 doubles de blé, 800 milles de foin, 3.000 livres de laine furent consumés.

 Après ce beau travail, Lachenay se dirigea, par Rochetrejoux et Mouchamps, sur Les Essarts, où Charette l'écrasa le 2 février.

Monsireigne eut donc la chance d'échapper aux colonnes infernales.

On n'y vit ni enfants embrochés dans les baïonnettes comme à Palluau, ni femmes jetées au four comme à Montournais, aux Herbiers et aux Epesses. On en fut quitte pour la peur.

A la même époque, nombre de Vendéens, hommes ou femmes, étaient guillotinés ou fusillés, à Fontenay ou ailleurs, pour avoir participé au soulèvement.

On relève ainsi, rien que pour Fontenay, 17 noms du Boupère, 6 de Saint-Prouant. On ne trouve personne de Monsireigne sur ces listes de morts. Il faut aller jusqu'à Niort pour rencontrer un « Pierre Blanchard, 32 ans, mort dans la prison le 16 avril 1794 ».

 

 

A Chavagnes-en-Paillers, le 23 février 1794, continuation du massacre commencé, la veille (v. au 22 février), par une des colonnes infernales de Turreau.

Sur cette seconde journée, beaucoup plus meurtrière que la première, voici les renseignements recueillis par un érudit enfant de Chavagnes, M. Constant Gourraud, qui avait eu la bonne fortune de pouvoir interroger les survivants du massacre :

«.... On a surtout, à Chavagnes, gardé le souvenir du dimanche 23 février 1794, jour de la Quinquagésime, désigné encore aujourd'hui sous le nom de Jour du grand massacre....

» En cette affreuse journée, on entendait de tous côtés des coups de fusil et les cris des malheureux qu'on égorgeait; des femmes enceintes furent éventrées et des enfants embrochés dans les baïonnettes.

 Au village de l'Anjouinière, les républicains surprirent 12 ou 15 femmes qui revenaient d'entendre, en la grange de la métairie de la Trottinière, une messe à laquelle presque toutes avaient communié. Ils les firent mettre en ligne en une aire au sud-est du village, et de deux coups de fusil tirés à chaque bout de la ligne les tuèrent toutes.

Parmi ces malheureuses étaient la femme et deux belles-sœurs de M. Bouron, notaire, avec une de ses filles, enfant de 5 ans, et Mme Boisson, mère de M. Boisson, propriétaire à la Noue de Vendren- nes; ce dernier put être sauvé par sa nourrice, qui l'emporta.

» Au village du Chiron, des républicains enfermèrent en une maison 4 enfants au-dessous de 10 ans et 3 femmes, qu'ils firent périr en mettant le feu à la maison : leurs cris étaient entendus par des personnes cachées dans le bois de la Mainardière.

» Le sr Remaud, aïeul de Mlles Remaud de la Dédrie, fut massacré d'une manière horrible, dans le champ d'Avant, près la Bonnelière.

Les républicains, le prenant pour un prêtre, lui arrachèrent la langue : on entendait ses cris de la Prilliaire... (14) 

 

Combien de Chavagnais périrent dans cette sanglante journée ? il serait impossible de le dire.

Au lendemain du massacre, les noms des victimes avaient bien été consignés sur un registre, mais malheureusement il ne reste de celui-ci que quelques fragments, conservés aux Archives municipales.

Tel quel, ce registre incomplet nous fournit encore les 52 noms que voici :

André Marie, femme Jean Boucher, âgée de 64 ans, massacrée au village de la Morinière;

André Jean, âgé de 6 ans, massacré au village de la Morinière;

André Henriette, âgée de 4 ans, -soeur du précédent, massacrée au village de la Morinière;

Badreau Marie, femme Chaillou, âgée de 56 ans, massacrée au village de la Dédrie ;

Boisseau Marie-Anne, femme Jean Herbreteau, âgée de 48 ans, massacrée à la métairie des Popinières ;

Boisseau François, âgé de 19 ans; Boisseau Marie, âgée de 15 ans, massacrée au village de la Morinière,

Bolleteau Louise, femme Louis Charrier, âgée de 42 ans, massacrée au village du Chiron ;

Boucher Françoise, femme Pierre Cu- rateau, âgée de 34 ans, massacrée au village de la Morinière ;

Bouron Eugénie-Louise-Marie, âgée de 5 ans, massacrée au village de l'An- jouinière;

Briaud Jeanne, âgée de 38 ans, massacrée au village de la Morinière ;

Briaud Marie, femme Jean Piveteau, âgée de 47 ans, massacrée au village de la Morinière ;

Charrier Marie, femme Jean Rabruaud, âgée de 52 ans, massacrée au village du Chiron ;

Charrier Marie, âgée de 8 ans, massacrée au village du Chiron ;

Charrier Louis, âgée de 6 ans, frère de la précédente, massacré au village du Chiron ;

Charrier Rose, âgée de 3 ans, sœur des deux précédents, massacrée au village du Chiron ;

Chauvet Jacques, âgé de 60 ans, massacré au village de l'Angellerie.

Cohon Marie-Anne, femme Louis Piveteau, âgée de 28 ans, massacrée au village de la Cornuère ;

Debien Marie, femme jean Couturier, âgée de 46 ans, massacrée au village de la Cornuère ;

Duranct Jeanne, âgée de 14 ans, massacrée au village du Rochais ;

Duret Jeanne, âgée de 10 ans, massacrée au village de la Morinière ;

Fonteneau Louise, veuve de Jean Blanchard, âgée de 68 ans, massacrée au village de la Morinière ;

François Louis, âgé de 15 ans, massacré au village de la Bretaudière ;

Gilbert Marie-Anne, femme Pierre André, âgée de 42 ans, mère de Jean et Henriette André ci-dessus mentionnés, massacrée au village de la Morinière ;

Gilbert Jeanne, veuve de Jean Rul- leau, âgée de 35 ans, massacrée au village de la Morinière ;

Gilbert Jean, âgé de ans, massacré au village de la Prillière ;

Goillaudeau Marie-Anne, veuve de Pierre Maindron, âgée de 58 ans, massacrée à la métairie des Crêpelières ;

Goust Marie-Louise-Victoire, femme Bouron, âgée de 36 ans, massacrée au village de l'Anjouinière ;

Goust Clotilde, âgée de 30 ans, massacrée au village de l'Anjouinière ;

Goust Stéphanie-Jeanne-Rosalie, âgée de 29 ans, massacrée au village de l'Anjouinière ;

Herbreteau Marie, veuve de Mathurin Charrier, âgée de ans, massacrée au village du Chiron ;

Herbreteau Catherine, femme Pierre Branquard, âgée de 60 ans, massacrée au village de l'Anjouinière;

Herbreteau Louise, veuve de Louis Branquard, âgée de 48 ans, massacrée au village de l'Anjouinière ;

Jagueneau Henriette, veuve Boisson, âgée de 27 ans, massacrée au village de l'Anjouinière;

Lainé Mathurin, âgé de 48 ans, massacré au village de l'Hôpiteau ;

Laporte Jacques, âgé de 28 ans, massacré à la métairie de la Baudrière ;

Laporte Pierre, âgé de 22 ans, massacré à la métairie de la Baudrière ;

Maindron Jeanne, femme Pierre Cura- teau, âgée de 42 ans, massacrée au village de la Morinière ;

Maindron Jeanne, âgée de 26 ans, massacrée à la métairie des Crêpelières ;

Moreau Jean, âgé de 70 ans, massacré au village de la Martelière ;

Piveteau Perrine, femme Jean Briand, âgée de 41 ans, massacrée au village de la Morinière ;

Piveteau Louis, âgé de 4 ans, massacré au village de la Cornuère.

Piveteau Jean, âgé de 2 ans, frère du précédent, massacré au village de la Cornuère;

Piveteau Marie-Hélène, âgée de 43 ans, massacrée à la métairie de la Maison- neuve.

Piveteau Jeanne, femme André Durand, âgée de 60 ans, massacrée au village de Rochais;

Rabruaud Jean, âgé de 9 ans, massacré au village de Chiron ;

Raphin Louise, âgée de 50 ans, massacrée au bourg ;

Raphin Françoise, venve de Jean Dugas, âgée de 58 ans, massacrée au village de la Cornuère;

Rulleau Rose, dgée de 4 ans, massacrée au village de la Cornuère;

Rulleau Jean, âgé de 3 ans, frère de la précédente, massacré au village de la Cornuère ;

Rulleau Pierre, dgé de 2 ans, frère des deux précédents, massacré au village de la Cornuère ;

Trastour Marie-Anne, veuve de Nicolas Goust, âgée de 64 ans.

On remarquera que, parmi ces 52 victimes, dont 37 appartenaient au sexe féminin, il y avait un vieillard de 73 ans, une femme de 73 ans et 12 enfants au- dessous de 10 ans !

Ce sont ainsi au moins 201 civils (hommes, mais aussi femmes, vieillards et enfants) qui seront massacrés ce jour-là par la neuvième colonne dirigée par le général Cordellier15.

 

Au bout du compte, on estime qu’un cinquième de la population sera victime de cette guerre.

Plus tard, un calvaire sous lequel reposent les restes de ces innocents assassinés sera construit sur une place (toujours existante) nommée « Place des Martyrs » afin de leur rendre hommage.

 

 

Après la guerre de la Vendée, le séminaire du diocèse de la Rochelle y fut établi; les bâtiments qu'on avait élevés à cette époque sont maintenant occupés par une école ecclésiastique ou petit séminaire dépendant de l'évêché de Luçon.

LES URSULINES DE JÉSUS

C'est une œuvre de reconstruction religieuse et morale qu'a entreprise et qu'a faite cet Institut des Ursulines de Jésus, dont M. l'abbé Poirier dit, en ce livre, l'histoire à la, fois si simple et si pleine.

Que de ruines la Révolution et les dernières années qui l'avaient précédée, n'avaient-elles pas accumulées !

 L'image s'en présentait matériellement aux veux des six voyageuses qui, le 2 Juillet 1802, arrivant des Sables-d'Olonne, descendaient d'une lourde carriole sur la place de l'église de la petite ville de Chavagnes-en-Paillers, en un coin du Bocage vendéen : l'église à moitié brûlée, à moitié brûlée aussi beaucoup de maisons, et le souvenir de cette journée du 23 février 1794.

A la tête de ces voyageuses était une femme en noir, de manières distinguées Mme Saint-Benoit, et elle avait été appelée par le curé de Chavagnes, l'abbé Baudouin, pour ouvrir une école et un pensionnat.

L'abbé Baudoin, Mme Saint-Benoit, voilà l'ouvrier et l'ouvrière de cette reconstruction, voilà les fondateurs de l’institut des Ursulines de Jésus, que l'on appelle aussi Ursulines de Chavagnes.

C'est devant ces deux figures qu'il faut s'arrêter pour y apercevoir l'œuvre, en son esprit et en son sens profond, et, c'est devant elles que s'arrête, comme il convient, M. l'abbé Poirier. Ce sont, l'une et l'autre, des figures vendéennes.

Louis-Marie Baudouin aujourd'hui le vénérable P. Louis-Marie Baudouin naquit le 2 août 1765 à l'ombre des trois clochers et des tours du château de Montaigu en Vendée.

Il était fils d'un Jardinier. Enfant de choeur à la collégiale Saint-Maurice, il eut pour premiers maîtres de latin les chanoines de cette collégiale et, après avoir été quelque temps au collège de Montaigu, il entra au Séminaire de Luçon.

 En 1788, il était chez les Lazaristes il voulait être missionnaire, mais son diocèse le rappela et il obéit.

II fut ordonné prêtre le 19 septembre 1789, et revint à Montaigu comme vicaire à la paroisse Saint-Mathurin.

Bientôt la Révolution demande à l'abbé Baudouin de prêter le serment schismatique il refuse. Il est arrêté il reste six mois en prison et il est condamné à la déportation.

 Le 9 septembre 1792, il est embarqué pour l'Espagne.

A Valence, à Madrid, à Tolède, il partage son temps entre la prière, l'étude et le travail manuel. Il réfléchit longuement. Il voit, tout autour de lui, la foi, la piété de l'Espagne, et il songe au déplorable état religieux de la France.

Alors naît et se développe en son esprit le projet dont il poursuivra désormais la réalisation s'il rentre en France, se dit-il, il consacrera sa vie à la restauration de la foi dans les âme?.

Vers le milieu de 1797, une accalmie s'est produite dans la Révolution : l'abbé Baudouin croit le moment venu. Avec un de ses amis, un autre prêtre français, l'abbé Lebédesque, il quitte Tolède déguisé en ouvrier, il passe la frontière et il arrive à Bordeaux.

 Là, il s'aperçoit qu'il est encore trop tôt. Mais va-t-il reculer ? Non. Avec l'abbé Lebédesque, il part sur un bateau, caché au fond d'un tonneau, et, dans la nuit du 14 au 15 août, il aborde aux Sables.

Aux Sables, l'abbé Baudouin trouve un asile chez les demoiselles Guinemand. On lui aménage une cachette sous un plancher.

Et c'est la vie du prêtre réfractaire : dans une chambre du rez-de-chaussée, il célèbre la messe, il fait le catéchisme aux enfants, il confesse quelquefois il sort, détruise en marin, pour aller voir un malade.

Tout ce qu'il voit ne peut que l'affermir dans son dessein. Plus d'églises, plus de Séminaires, plus d'écoles ! « Pour ramener la foi dans les âmes, il fallait des missionnaires: pour dissiper l'ignorance, il fallait à des prêtres éducateurs et des religieuses éducatrices pour rétablir les bases ébranlées de la famille, il était nécessaire de former des mères chrétiennes.

 Et c'est alors que la Providence lui envoya celle qui devait être son auxiliaire dans l'œuvre" de salut. »

C'était Mme Saint -Benoit. Charlotte-Gabrielle Ranfray était née le 4 novembre 1755, à Luçon, où son père était notaire.

En 1788, elle fit profession à La Rochelle, au couvent des « Hospitalières de la Charité de Notre-Dame », sous le nom de Mme Saint-Benoît.

L'Ordre dans lequel elle était entrée était à ta fois charitable et enseignant, et pendant les douze années qu'elle y resta, elle y devint une remarquable éducatrice.

Chassée de son couvent par les lois sectaires de la Révolution, elle se réfugia aux Sables, chez une de ses sœurs. Longtemps privée des sacrements, elle fut heureuse d'apprendre l'arrivée des deux prêtres revenus d'Espagne.

L'abbé Lebédesque l'envoya voir l'abbé Baudouin.

Tout d'abord, l'abbé Baudouin parut à Mme Saint-Benoît trop fruste et trop austère, et Mme Saint-Benoit parut à l'abbé Baudouin trop fière et trop recherchée, mais cette impression s'effaça vite, et tous deux comprirent que la Providence les avait placés l'un près de l'autre, parce que, dans ses vues, ils devaient travailler de concert à l'œuvre de restauration religieuse.

 La pensée qui hantait l'esprit de M. Baudouin était celle-ci : « Dans un temps de ruines, il faut former des sauveurs d'âmes et spécialement placer près des berceaux des mères chrétiennes. »

Or, cette mère chrétienne, qui la formerait dans l'enfant ? « Des vierges dévouées qui, renonçant pour elles-mêmes à la joie de fonder un foyer, se consacreraient sans réserve à élever les enfants des autres dans l'innocence et dans l'amour austère de tous les devoirs. »

Pour ces éducatrices, une ère nouvelle s'ouvrait. Il fallait oublier la douce solitude des couvents, et s'en aller, en vivant dans le siècle, donner aux enfants de toutes les classes sociales une formation chrétienne.

Le Consulat, enfin, ramena la paix religieuse.

L'heure était venue de mettre à exécution un dessein si longtemps médité.

En 1801, l'abbé Baudoin était nommé curé de Chavagnes et il y arrivait le 31 juillet. Il y appela bientôt Mme Saint-Benoît et celle qu'elle avait eue comme maîtresse des novices, Mme Saint-Arsène.

« Je hais aujourd'hui plus que jamais l'avarice spirituelle, écrivait-il à Mme Saint-Benoît. Trois fois malheur à celui qui accumule le blé en temps de famine »

Généreusement, largement. M. Baudouin, Mme Saint-Benoît et tes Ursulines de Jésus allaient distribuer le bon blé aux âmes des enfants.

Des débuts pauvres. Pauvres, comme la ville de Chavagnes, qui n'était pas encore « une ville sainte qui n'avait pas alors la haute flèche de son église et les clochers de ses communautés.

 L'école et le pensionnat de Mme de Saint-Benoît s'établirent dans l'ancien prieuré, une masure. La grande salle du rez-de-chaussée devint la salle de classe et, en dehors des heures scolaires, la cuisine et la salle à manger.

Le grenier fut le dortoir. Sur les six voyageuses arrivées le 2 juillet 1802, il y avait !es deux maîtresses, trois pensionnaires Mlle de Villedon et les deux demoiselles Blay et leur servante Marie Trichet qui s'était décidée à les suivre.

M. l'abbé Poirier raconte, avec le charme et la simplicité qui conviennent, ces commencements simples et charmants, et durs aussi. Il dit l'école qui s'emplissait de petites filles de Chavagnes, le grenier où arrivaient de nouvelles pensionnaires et les couchettes qui s'y touchaient ; il dit la fondation de l'Institut, sous le nom de Filles du Verbe-Incarné l'entrée au noviciat de Mme Saint- Benoît, Mlle de Villedon et Mlle Catherine Blay la profession, je 21 novembre 1806. de 24 religieuses ; il dit les approbations épiscopales et le décret accordant aux religieuses de Chavagnes, sous le nom d'Ursulines, une autorisation générale.

Le vieux prieuré n'avait pas longtemps suffi. Après avoir essayé de se loger dans l'ancien presbytère, puis dans une maison en dehors de la ville, on avait eu l'audace de bâtir et, en 1806, la communauté, son école et son pensionnat avaient pris possession de la maison neuve qui avait sa chapelle dédiée à l'Immaculée Conception de Marie.

Maintenant déjà la ruche essaimait. Elle envoyait des essaims à Saint-Fulgent, à soullans, à Bouin, à Saint-Jean-de-Monts à Ancenis, à Noirmoutier, dans l'île d'Oléron, à Challans. etc.

 Les Ursulines de Chavagnes étaient devenues une Congrégation florissante.

 Une de ses élèves de Noirmoutier, Rosé-Virginie Pelletier, qu'y vit M. Beaudoin, devait fonder le Bon-Pasteur d'Angers, et, en 1810, Mlle Bichier des Ages (Sœur Elisabeth) qui allait bientôt fonder les Filles de la Croix, vint faire une retraite à Chavagnes ; elle en partit grandement édifiée, grandement encouragée par M. Baudouin : « Je ne croyais pas, disait-elle, qu'il y eût, encore de pareils saints sur la terre. Quelle douceur ! Un vrai saint François de Sales. »

 Quand le décret du 15 novembre 1811 vint interdire les établissements secondaires ecclésiastiques à la campagne, l'abbé Baudouin, qui l’avait fondé à Chavagnes son Institut des « Fils de Marie-Immaculée », dut s'en aller à La Rochelle, mais il demeura Supérieur général  des Ursulines de Chavagnes.

 M. l'abbé Poirier continue à suivre la vie de cet Institut des Ursulines ; il en dit l'extension ; il rappelle le Chapitre général de 1822 qui adopta le nouveau costume en remplaçant la coiffe paysanne par le bonnet à longs tuyaux et qui détermina le nouveau nom de la Congrégation «Ursulines de Jésus de la Congrégation de Chavagnes. »

 Il note l'ordonnance royale du 28 mai 1826 qui autorisa définitivement la Congrégation. Il raconte la mort, en 1829, de la Mère Saint- Benoît et celle du P. Baudouin, le 12 février 1835.

En 1829, les Ursulines de Jésus étaient 300 elles avaient 27 établissements et donnaient l'instruction chrétienne à 2 500 enfants.

Sous les autres Supérieures générales, notamment sous la seconde, Mère Saint-Hilaire, qui fonda, à Angers, la maison de Bellefontaine, l'expansion de la Congrégation M. l'abbé Poirier le montre s'est constamment poursuivie, en France et à l'étranger, jusqu'aux lois sectaires de 1901 et 1904.

Après avoir mis en lumière la vie religieuse et l'esprit de la Congrégation et les fins de l'Institut, M. l'abbé Poirier fait connaître les grandes dévotions du fondateur et son zèle missionnaire : « Jamais je ne me suis consolé, disait M. Baudouin, de n'avoir pu rester dans la Congrégation des Lazaristes, pour y consacrer ma vie au salut des âmes dans les Missions étrangères. » Mais sa vie n'a-t-elle pas été consacrée en France au salut des âmes ?

Ses vertus préférées étaient l'humilité, la charité, la patience, la piété, l'obéissance, l'esprit de détachement. II avait, pour faire aimer l'humilité, des comparaisons gracieuses. « L'abricotier orgueilleux. disait-il, reproche à l'amandier de ne pas produire de fruits savoureux et superbes. L'amandier se contente de lui répondre : « Il me suffit de produire des amandes Dieu m'a créé ainsi. »

C'est au soleil de ces vertus que s'est épanoui ce beau verger, l’institut des Ursulines de Jésus.

René Bazin avait encouragé M. l'abbé Poirier à écrire ce livre et il lui avait promis une préface. Il l'a donnée, et ces pages sont au nombre des dernières qui sont sorties de sa plume.

« ….M. l'abbé Poirier, dit-il, a écrit un livre qu'on ne peut lire sans émotion. On aimera ce récit, parce qu'il est simple comme la vérité ; parce que l'auteur n'a point cherché à entier le mérite, déjà si grand par lui-même, des héros qui furent les fondateurs : parce qu'il ne suggère point au lecteur toutes les admirations que nous devons ressentir ; parce que nous avons là un tableau fidèle et familial, composé par un prêtre au cœur surnaturel, pour de braves gens de France et d'ailleurs, croyants et combattants, heureux d'être toujours ramenés à l'espérance, tels enfin que nous devons être.

« Livre de Vendée, qui sera compris partout où vit la foi catholique. Je félicite l'auteur qui l'a écrit, et je l'assure que, chez tous ceux qui le liront, le nom va grandir encore des humbles servantes de Dieu, les Ursulines de Chavagnes. »

Qu'ajouter à ce que dit de cette histoire des Ursulines de Jésus l'écrivain et le chrétien du Magnificat ?

 Charles Baussan.

 

L'Institut des Ursulines de Jésus, par A.-D. Poirier. Préface de René Bazin.

 

 

Visite de Napoléon à Chavagnes en 1808.

1808 Napoléon, Père Baudoin à Chavagnes

Dans le cours de cette année 1808, eut lieu un évènement plein de belles promesses qui se changèrent hélas ! en calamités pour le pauvre Séminaire.

 Napoléon, venant de Bordeaux, traversa une partie de la Vendée.

Le Supérieur réunit ses élèves au village de la Chardière où bientôt tout Chavagnes se trouva rassemblé.

 L'Empereur, annoncé pour cinq heures, n'y passa qu'à la nuit.

En mettant le pied sur cette terre des « Géants », Napoléon avait ralenti sa marche.

De Chantonnay à Montaigu, pas un repli de terrain, pas une pièce de terre qui n'eut été le théâtre de quelque bataille.

Dès qu'on lui signalait un endroit particulièrement célèbre, l'Empereur ordonnait d'arrêter sa voiture, faisait approcher les vieux soldats vendéens accourus sur son passage, les priait de raconter leurs exploits et écoutait leurs récits avec la plus vive attention.

Aux Quatre-Chemins, l'arrêt se prolongea ; c’était là, en effet, que, le 8 décembre 1793, les Vendéens, sous les ordres de Charette, avaient remporté l'une de leurs plus brillantes victoires.

L'Empereur était descendu de voiture et, entouré des héros mêmes qui avaient pris part à l’action, les accablait de questions sur la topographie du lieu et sur les moindres péripéties de ce combat fameux :

« C'est donc ici que vous avez battu ceux qui avaient battu tous les autres ?»

— « Oui, notre Empereur, répondaient ces héros, c'est ici qu'ils ont trouvé leurs maîtres ! »

Mais les heures fuyaient pendant que le grand capitaine, en connaisseur, recueillait les épisodes des luttes héroïques de l'armée en sabots. Il était huit heures et sa Majesté ne paraissait pas encore.

A l'instigation du Père Baudouin, chacun des élèves se munit d'un flambeau ; la foule en fit autant : « Qu'est-ce que ceci, demanda l'Empereur en apercevant cette illumination mouvante ? »

— « C'est, lui répondit-on, le Séminaire de La Rochelle. »

— « Faites venir le Supérieur et le Maire. »

Hélàs ! M. le Maire, un brave tisserand, André Roger, qu'on appelait familièrement Driot n'était guère en état de se présenter devant Sa Majesté. Comme il avait oublié son écharpe, on l'avait paré d'une ceinture d'enfant de chœur.

Pour se donner de l'aplomb, il avait cru bien faire de vider force verres à la santé de l'Empereur. Par malheur, il avait dépassé la mesure. Aussi, malgré les instances des officiers de la garde, qui lui criaient : « Trottez, Monsieur le Maire », il refusait de paraître.

Le Père Baudouin jugea plus prudent d'inviter le médecin de Chavagnes à tenir la place; du maire « empêché. »

Napoléon se montra fort surpris de trouver, au fond de cette campagne, un établissement aussi prospère. Il s'informa du nombre des élèves, de celui des professeurs, du genre d'enseignement qu'on y donnait.

Le Supérieur, après avoir répondu en peu de mots, allait se retirer, lorsque Napoléon ajouta :

« Mais, vous ne me demandez aucune grâce ?»

— « Sire, je n'osais. »

— « Osez. »

— « Eh bien ! soit ; nos élèves sont nombreux, et nos logements étroits, il nous faudrait un autre bâtiment. »

 — « J'accorde cent mille francs pour le construire. »

Un cri de : « Vive l'Empereur ! » répondit à cette généreuse promesse qui, malheureusement, ne se réalisa jamais.

Quelque temps après son passage à Chavagnes, Napoléon décréta que les cent mille francs promis seraient affectés à la construction d'un séminaire à Napoléon-Vendée.

La déception du Père Baudouin ne fut pas bien grande ; il comptait beaucoup plus sur le secours de Dieu que sur les largesses des puissants. Mais la pensée de transplanter son œuvre lui fendait le cœur. Aussi, lorsque les architectes du département vinrent lui soumettre les plans du séminaire projeté, il leur répondit avec fermeté :

« L'Empereur m'a accordé les fonds pour bâtir à Chavagnes et non pas à Napoléon-Vendée, où je n'ai nulle envie de transporter mon établissement. »

Ce décret, d'ailleurs, ne fut pas exécuté. Napoléon était en ce moment absorbé par les évènements d'Espagne et par la guerre d'Autriche ; il remit à plus tard la réalisation de son projet et le séminaire resta à Chavagnes jusqu'en 1811.

Mais, en 1811, l'Empereur décida qu'aucun séminaire ne pourrait être établi à la campagne et que les écoles ecclésiastiques devraient être transportées dans les villes où leurs élèves suivraient les cours des lycées et des collèges.

Mgr Paillon fut contraint d'obéir à cette ordonnance tyrannique. Il décida que les élèves de théologie seraient dirigés sur La Rochelle. Quant aux élèves d'humanités, il résolut de les envoyer à Saint-Jean-d'Angély.

 

 

En 1837, le cimetière qui entourait l'église ayant été abandonné et les terres transportées dans un nouveau champ de sépulture, on découvrit divers tombeaux en forme d'auges contenant des ossements, et presque tous un ou deux pots pleins de charbon.

Ces tombeaux étaient les uns en tuffeau, les autres en une espèce de calcaire composé d'une agglomération de débris de coquillages.

Il est à remarquer que l'une et l'autre de ces pierres ne se rencontrent qu'à une distance de 7 à 8 myriamètres de Chavagnes.

 Quelques tombeaux avaient été creusés dans le roc vif. Un certain nombre, généralement très-profonds, étaient formés de pierres plates.

Au nord, et à 20 mètres du clocher, on reconnut une fosse à peu près carrée, d'environ 4 mètres de côté et 2 mètres de profondeur, dans laquelle il devait avoir été fait un feu très-violent, car les bords du rocher avaient pris une teinte rouge qui pénétrait profondément. Dans le fond de la fosse, se trouvaient une couche de cendres mêlées de matières calcaires, et un très-gros morceau de charbon.

En sortant du bourg et se dirigeant vers l'est, on traverse la rivière sur un pont en pierre de deux arches. L'ouverture ogivale pointue de ces dernières et leur état de dégradation témoignaient d'une certaine antiquité. Ce pont a été restauré depuis quelques années.

 La tradition affirme qu'un souterrain, partant de la Gerbaudière, métairie en face de la Prilliaire, établissait en passant sous la rivière une communication entre ces deux localités. Ge souterrain est très apparent à la Gerbaudière, mais sa sortie, du côté-de la Prilliaire a été bouchée, des métayers y ayant jeté un grand nombre d'animaux crevés pendant une épizootie.

 

L'HOPITAUD

Ce village bâti sur la limite des communes de Chavagnes et Saint-Fulgent, paraît tirer son nom de ce qu'il a dû y avoir là autrefois une maison d'hospitaliers, dont il ne reste plus d'autres vestiges que le nom et celui de plusieurs pièces de terre appelées le Cloître.

Le tènement de l'Hopitaud relevait de la commanderie de Saint-Jean-de-Launay, appartenant aux chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, puis de Malte, ainsi qu'il résulte d'un registre d'assises de la Guichardière et de la Haye, en date du 22 novembre 1599, conservé aux archives de la Rabatelière.

La commanderie de Launay était située au village de ce nom, paroisse de Sainte-Cécile, près du bourg et sur le chemin conduisant aux Essarts.

Le château de la Rabatelière relevait de cette commanderie à foi et hommage plain et à rachat abonné à 20 sous par chaque mutation de vassal, et à 15 sous de service annuel payable en l'octave de la Toussaint.

D'après une note fournie par M. Charles Désiré Durcot de Puytesson, la maison de la Rabatelière avait été donnée par les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem à Pierre Bruneau, varlet. à la charge de servir l'ordre pendant six ans, comme on le voit par la dite donation écrite en latin, en date du 10 mai 1226.

Celui-ci décéda sans enfants, comme le porte son testament écrit en latin, du 9 septembre 1282, mais la famille Bruneau a possédé la Rabatelière jusqu'en 1725.

De la commanderie de Launay relevaient, avec le village et tènement de l'Hopitaud, de nombreuses rentes foncières en froment, seigle et avoine sur les villages et tènements de la Dédrie, la Tavernerie, le Cormier, la Coindrie, la Guitonnerie, les Forges, la Cornuère, la Garde-Brenénière, la Mainardière, la Drolinière et la Huguetière, et comme ces rentes représentaient les fonds de la terre, il s'en suit qu'à une date très-reculée, les villages et tènements que nous venons de nommer appartenaient aux Hospitaliers de Jérusalem.

Ceux-ci ne se réservant qu'une légère redevance, pour constater leur prééminence seigneuriale et domaine direct, en ont concédé le domaine utile aux Bruneau de la Rabatelière, lesquels ont arrenté ces mêmes biens aux divers teneurs qui les cultivaient à la charge desdites rentes foncières.

Ainsi, on voit qu'une assez notable partie de la paroisse de Chavagnes- en-Paillers a jadis appartenu à l'ordre de Malte. (Voir la Notice sur Chavagnes-en-Paillers, par feu M. C. Gourraud).

 

Voilà tout ce que Chavagnes peut montrer aujourd'hui de son existence passée, mais peu s'en est fallu qu'il ne devint un point important au XVe siècle.

 

 

 

Le vénérable père Baudouin, fondateur des Fils de Marie Immaculée et des Ursulines de Jésus : du sang, des fleurs / Joseph Honoré,... ; illustrations de l'abbé J. Boutin

La Vendée historique : histoire, littérature / directeur Henri Bourgeois

Société d'émulation de la Vendée.

Échos du bocage vendéen : fragments d'histoire, de science, d'art et de littérature

 

 

Guerre de Cent ans - Les misères de la guerre en Bas-Poitou (XIV -XVe siècles)<==

1473 Harpedanne de Belleville - Montaigu échange ses terres et châteaux avec le roi Louis XI<==

Préparatif des colonnes infernales de Turreau <==

1794, Combat de Saint Fulgent 9 janvier – combat des Brouzils 12 janvier (Charette Forêt de Grasla) <==

Itinéraire de Napoléon 1er accompagné de l’impératrice Joséphine en Vendée - Les Essarts, Le général Louis-Armand de Lespinay <==

 

 


 

(1). Recherches sur les peuples qui habitaient le nord de l’ancien Poitou.- Mémoire de la Société des Antiquaires de l’Ouest, t.I, p.16.

(2). Dufour, De l’ancien Poitou et de sa capitale, page 196.- Massé Isidore, Vendée poétique et pittoresque, tom II, page 80.- De la Fontenelle de Vaudoré, Recherches sur les deux voies romaines de Limonum (Poitiers ) Julio-Magnus (Angers), et au Portus-Namnetum (Nantes). Bulletin de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 3e trimestre 1851.

 (3) Elle était fille de Charles, baron de Culant, Châteauneuf, St-Désiré, grand-maitre de France, etc., et de Belleasses de Seuly, sa première femme.

(4) Aujourd’hui village et métairie de la commune de Chavagnes.

(5).. Archives du royaume.- Section historique.

(6). Massé Isidore, Vendée poétique et pittoresque, tomme II. On a trouvé à Saint-Georges une prodigieuse quantité de petits poids en plomb qu’on présume avoir servi à des tisserands. On remarque aussi que les habitants de Saint-Georges sont généralement plus industrieux que ceux des communes voisines.

(7) Saint Pierre est encore aujourd'hui le patron de la paroisse.

 (8). C. Gourraud, Notes historiquee sur la paroisse de Chavagnes-en-Montaigu, aujourd'hui Chavagnes-en-Paillers. in Soc. d'Em. Vendée, 1876, p. 46.

(9). La Roche-sur-Yon.

(10). Ou estagers. Vassaux tenus de résider pendant un certains temps dans le château de leurs seigneur.

(11) Ou attraire.- Attirer. 

(12). Archives du royaume.- Section historique.- Trésor des Chartes, regist.204.

(13). Cette pièces appartient à M. Gourraud.

(14) CONSTANT GOURRAUD : Notes historique sur la paroisse de Chavagnes-de-Montaigu, aujourd'hui commune de Chavagnes-en-Paillers. (Annuaire de la Société d'Emulation de la Vendée. année 1876, pp. 66-68.)

 

Publicité
Commentaires
PHystorique- Les Portes du Temps
Publicité
Publicité