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PHystorique- Les Portes du Temps
1 juillet 2020

Fiche Révision - le Moyen-Age (de 476 à 1492)

Fiche Révision - le Moyen-Age (de 476 à 1492)

Le Moyen Âge est la période de l'Histoire située entre l'Antiquité et la Renaissance. Elle débute en 476 avec la chute de l'empire romain et prend fin en 1492, année de la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb.

- Haut Moyen-Âge (476-987)

- Moyen Âge classique (987-1328)

- Bas Moyen Âge (1328-1517)

 

Dès la fin du IVe siècle et pendant le Ve, les Barbares, forçant les frontières, pénétrèrent dans l’Empire romain. Au nord, furent les Germains, les Slaves et les Tartares ; au sud, les Arabes et les Maures d’Afrique. Les invasions sont un des faits importants de l’histoire.

« En effet : elles ont arrêté le développement de la civilisation romaine ; elles ont même, pendant un certain temps, mis en péril la civilisation. Elles ont provoqué la dislocation et le morcellement de l’Empire et, en détruisant son unité, elles ont préparé l’Europe moderne. » (A. Nalet.)

 

 La Grande Invasion des Barbares germains, 406.

– Les tribus germaniques, sous la poussée des Huns, franchirent le Rhin et pénétrèrent dans l’empire d’Occident. Les quatre tribus principales étaient :

1° Les Wisigoths, qui s’établirent en Aquitaine et en Espagne.

2° Les Vandales, qui se fixèrent dans l’Afrique romaine.

3. Les Burgondes, qui se fixèrent dans les vallées de  Saône et Rhône.

4° Les francs, qui s’établirent dans le nord-est de la Gaule

 

Enfin les Huns qui avaient produit ce grand mouvement, hordes d’Asiatiques féroces conduites par Attila, franchirent le Rhin en 451, et s’abattirent comme un cyclone sur la Gaule ; mais vaincus, les Huns se retirèrent.

 

MARCHE DES HUNS EN GAULE.

- après avoir traversé et dévasté la Belgique, ils s’avancent jusqu’à Lutèce. Les Parisiens, sous l’inspiration d’une jeune fille, sainte Geneviève, ferment les portes de leur cité déjà importante et se préparent à la défense. Devant cette menaçante attitude, les Huns descendent jusqu’à Orléans ; ils en sont repoussés. Alors, dans un vif mouvement de régression, ils marchent sur la Champagne. Mais devant ce péril commun, le général romain, Aétius, a pu former une armée avec, outre les légions gallo-romaines, les contingents de tous les Barbares établis en Gaule : Francs, commandés par Mérovée ; Burgondes, Wisigoths. Attila, vaincu près de Chalons (451), se retire vers le Danube.

 

 Fin de l’Empire d’Occident, 476.

- l’Empire romain d’Occident fut détruit par toutes ces invasions. Dès 476, il n’y eut donc plus d’empereur romain.

Les Barbares, convertis au christianisme, religion des peuples qu’ils avaient vaincus, se fondirent avec les populations romaines.

 

 

 Les Francs.

– De tous les barbares établis en Gaule, les Francs étaient les plus faibles ; cependant eux seuls firent œuvre forte et durable. En effet, ce fut d’eux que sortirent en partie la France et l’Allemagne.

Ils eurent successivement pour chefs Clodion, Mérovée, Childéric.

En 481, les Francs élirent comme chef ou roi, Clovis, petit-fils de Mérovée.

 

5. Clovis fait l’unité du peuple franc.- Clovis, chef énergique, intelligent, astucieux, se rendit compte de l’influence que les évêques avaient alors sur les populations gallo-romaines ; et, comme il ne manquait ni d’ambition ni d’habileté, il résolut de s’en faire des alliés. C’est dans ce but qu’il se laissa marier à la nièce du roi des Burgondes, Clotilde, seule princesse chrétienne de la Gaule.

D’autre part, les évêques, au milieu de la dislocation de l’Empire romain, cherchaient un protecteur sur lequel s’appuyer contre les persécutions des rois barbares, et ils n’épargnèrent pas leur bienveillance à Clovis.

 

Histoire de CLOVIS

Conversion des Francs.

En devenant chef de sa tribu, le Franc Clovis eut la volonté bien arrêtée de faire la conquête de la Gaule entière, il y réussit.

En 486, il attaqua les Romains et remporta sur eux la victoire de Soissons.

En 493, il épousa Clotilde.

En 496, les Alamans franchissaient le Rhin et tentaient de s’établir en Gaule : Clovis leur livra la bataille dite de Tolbiac et les soumit. La même année, l’évêque de Reims, Rémi, lui donna le baptême ainsi qu’à ses 3000 guerriers.

Après son baptême, Clovis trouva le seul roi chrétien : ce fut en lui que les évêques mirent tout leur espoir.

Dès lors, les guerres qu’il fit aux Burgondes et aux Wisigoths furent des guerres de religion et un évêque puy lui écrire, sans hyperbole : « O mon fils, quand tu combats, c’est l’Eglise qui triomphe !3

En 500, il livra la bataille de Dijon aux Burgondes et força leur chef à lui payer un tribut annuel.

 Enfin, en 507, il remporta la bataille de Vouillé sur les Wisigoths et s’empara de presque tout le pays compris entre la Loire et la Garonne. «  Clovis, le fils ainé de l’Eglise, a combattu, mais ce sont les évêques qui ont vaincu. »

Il importe de remarquer ceci : la conversion des Francs a beaucoup hâté la fusion de ce peuple de race germanique avec le peuple gallo-romain.

Les Francs substituèrent à leurs idiomes la langue latine qui, par suite de déformations successives, devint le roman, puis le français.

 

 Royaume de Neustrie et d’Austrasie.

– Après la mort de Clovis (511), le royaume franc, tel un domaine privé, fut partagé et repartagé entre ses fils et petit-fils dont l’histoire n’est qu’un tissu de cruautés.

Enfin, en 561, il se forma deux royaumes :

l’Etat de Neustrie, et l’Etat d’Austrasie. Ces deux royaumes furent ensanglantés par la rivalité de Frédégonde, reine de Neustrie, et de Brunehaut, reine d’Austrasie.

 

Mais après une rivalité de 126 ans, l’Austrasie, triomphera de la Neustrie, à Testry, avec Pépin d’héristal (687).

« L’humanité a traversé peu d’époques aussi malheureuses que les brutales violences des Barbares, l’absence de tout ordre, les rivalités sanglantes de ville à ville, de canton à canton, voilà ce que montrent les documents de cette triste époque.

Toute culture de l’esprit s’arrête ; la langue latine se déforme dans ces bouches grossières ; ni rois ni chefs, personnes, hors l’Eglise, ne s’inquiète plus de savoir lire et écrire. » (Duruy)

 

Dagobert, le dernier grand roi mérovingien.

- Les mérovingiens, avant de se laisser supplanter par les Maires du Palais, donnèrent encore un roi puissant, Dagobert, qui régna de 628 à 638. Ses grands ministres furent saint Eloi et saint Ouen. Dagobert fit bâtir la basilique de Saint-Denis qui devint la sépulture des rois de France.

 

 Les Maires du PALAIS.

- sous les fils de CLOVIS

 LES MAIRES DU palais n’avaient été que les intendants de la maison royale ; mais après Dagobert, ils s’enrichirent si prodigieusement, grâce à leur habileté et à la paresse de leurs maitres, qu’ils devinrent plus puissants que leurs rois. Trois maires du palais sont surtout demeurés célèbres :

Ebroïn, de Neustrie ; Pépin d’Héristal et Charles Martel, d’Austrasie.

 

De longue date, la tactique des Héristals avait consisté à protéger les chrétiens et les évêques.

Au contraire, Ebroïn leur avait été dur. Tous les voeux et toute l’aide des évêques étaient donc pour le triomphe de l’Austrasie sur la Neustrie.

Ébroïn, mort en 684, est maire du palais de Neustrie vers 658 à 675 et de 676 à sa mort.

 

En 687, Pépin d’Héristal, maire du palais d’Austrasie, vainquit à Testry (Sommes) Bertaire, maire de Neustrie, successeur d’Ebroïn (697). Par cette victoire, il mit la Neustrie sous le joug de l’Austrasie. C’est de cette époque que date réellement la souveraineté de la maison d’Héristal.

  Charles Martel

est surtout célèbre par la victoire qu’il remporta sur les Arabes à Poitiers (732). Cette journée est une de celles qui marquent le plus glorieusement dans l’histoire : elle a sauvé l’Europe de la domination musulmane. Les Arabes, vaincus, ne conservèrent sur la terre des Francs que la Septimanie, au sud. Pépin la leur enlèvera en 759.

La victoire de Poitiers jeta un tel éclat sur Charles Martel (ou marteau des Infidèles) que son fils, Pépin le Bref, ayant l’autorité d’un roi, voulut en avoir le titre ; il l’obtint, en 751, avec l’agrément du pape Zacharie et le consentement de tous les Francs.

 

 

 

 LES ARABES, MAHOMET ET L'ISLAMISME

 Les Arabes avant Mahomet

— L'Arabie, grande presqu'île asiatique, six fois grande comme notre France, était habitée par un peuple sémitique, les Arabes, donc parents des Hébreux, puisqu'ils se disent descendants d'Ismaël, fils d'Abraham. Les Arabes, qui vécurent longtemps ignorés, ne formaient pas un État; c'était une agglomération de tribus, les unes sédentaires, les autres nomades ; mais chaque année ces tribus se groupaient pour venir échanger leurs produits au grand marché de la Mecque, qui était aussi leur ville sainte. Ils y avaient un sanctuaire, la Caaba, où ils adoraient plus de 300 idoles.  

Au début du VIIe siècle, un Arabe, berger dans son enfance, Mahomet, « d'une imagination puissante, d'un génie merveilleux, s'annonça l'envoyé d'Allah, Dieu d'Abraham, et prêcha une religion nouvelle, dont le principe est la soumission absolue à la volonté d'Allah, d'où son nom d'Islamisme, dérivé d'un mot arabe qui signifie abandon ou résignation. Mais les Arabes idolâtres, fortement attachés à leurs trois cents idoles, injurièrent le prophète.  

Menacé de mort, Mahomet quitta la Mecque et se retira à Médine (24 septembre 622). C'est de cette fuite (hégire en arabe) que date lère des Musulmans. Dix ans plus tard, Mahomet rentra en triomphe à la Mecque. Il prit possession de la Caaba, où il détruisit les 300 idoles. Toute l'Arabie se soumit à sa loi. Il mourut en 632.

Le Coran.

— La religion de Mahomet est contenue dans le Coran qui, pour les Musulmans, est aussi le livre des lois civiles et religieuses. Aujourd'hui encore, dans tous les pays musulmans, le Coran est le livre du juge aussi bien que celui du prêtre, quelque chose comme un évangile qui serait en même temps un code.

Caractères de l'Islam.

 — La religion de Mahomet n'a rien d'original : elle est faite d'un mélange des doctrines juive et chrétienne. Mais le dogme est simple, les pratiques du culte sont peu nombreuses et faciles à observer : cela convient aux esprits simples tels que sont généralement les barbares. Ce qui leur convient mieux encore, c'est que l'Islamisme est une religion de guerre, qui promet à ses fidèles du butin sur la terre et des récompenses matérielles dans le Ciel. Là est la cause principale de la diffusion rapide de la religion de Mahomet et du progrès qu'elle fait encore de nos jours parmi les peuplades d'Afrique. » (A. MALKT).

 La Conquête arabe.

— Mahomet avait dit à ses fidèles : « Faites la guerre à tous ceux qui ne croient pas à Allah et à son prophète. »  Aussitôt après la mort de Mahomet, ses disciples commencèrent la « Guerre Sainte », et, cinquante ans plus tard, ils avaient conquis toute  l'Asie romaine, sauf Constantinople et les villes voisines; toutes les provinces africaines de l'Empire romain. Enfin, la bataille de Xérès, gagnée sur les Wisigoths, leur avait livré l'Espagne, où ils devaient rester 800 ans.

En 719, ayant franchi les Pyrénées, ils ravagèrent la vallée du Rhône et s'installèrent en Aquitaine. Ils convoitaient toute la Gaule. Ils marchèrent donc vers le nord, pénétrèrent dans la région de la Loire. C'est alors que les Francs, commandés par Charles Martel, les arrêtèrent à Poitiers (782).

 

 Importance de la victoire de Poitiers

— La bataille de Poitiers est une des plus importantes de l'histoire d'Europe : à Poitiers ce furent deux civilisations et deux religions qui se trouvèrent en présence. La victoire de Charles Martel, qui mit fin aux progrès des Arabes, assura le triomphe de la civilisation chrétienne sur la civilisation musulmane, et ce fut un grand bien ; car « partout où il s'est établi, l’islamisme, après avoir jeté un rapide éclat, a toujours dans la suite empêché le développement des peuples ». C'est un des résultats du fatalisme.

 

Civilisation des Arabes.

— Au contact des Perses et des populations gréco-orientales de l'empire, les Arabes se civilisèrent rapidement.

Leurs relations avec la Chine leur firent connaître trois inventions capitales, qu'ils transmirent à l'Europe : la boussole, le papier, la poudre détonante.

Dans les sciences exactes, ils furent remarquables ; ils inventèrent l'algèbre et simplifièrent la géométrie; augmentèrent les connaissances géographiques; ils eurent des physiciens, des médecins très savants pour l'époque.

Ils excellèrent dans l'industrie de luxe. Leurs bois sculptés, leurs incrustations d'ivoire, de nacre, d'argent, attestent leur bon goût ; les cuirs de Cordoue, les tapis, les tissus de laine et de soie, toutes ces industries donnèrent lieu à un commerce actif.

L'art des Arabes se résume dans l'architecture; ils n'ont eu ni peintre ni sculpteur, parce que le Coran interdit de représenter la figure d'êtres animés. Leur décoration consiste en arabesques, c'est-à-dire en mille figures géométriques entrelacées, en caractères d'écriture, en guirlandes de feuillages fantaisistes. On admire encore en Espagne quelques-uns de leurs monuments les plus célèbres : la Grande Mosquée, à Cordoue; la Mosquée à Tolède; le palais de l'Alhambra à Grenade.

 

 — LES CAROLINGIENS

Sous les Carolingiens, et peut-être à leur insu, une grande révolution s'accomplit. Du chaos romain, chrétien, barbare, sortirent la nation française et la société féodale, définitivement et solidement constituées. » (Aug. Thierry.)

13. Pépin le Bref, 751-768. — L'un des grands événements de celte époque fut l'alliance des papes et des Carolingiens, préparée d'ailleurs par toute la lignée des Hèristals. Pépin le Bref fit alliance avec le pape, contre les Lombards qui menaçaient Rome. Le marché fut simple : Pépin s'engageait à détruire les Lombards ; de son côté, l'Église prenait l'engagement d'aider Pépin en toute occasion.

Ces conditions acceptées de part et d'autre, le dernier Mérovingien fut détrôné et Pépin, élu roi, fonda une dynastie nouvelle.

 

 Rôle de l'Église.

— Pépin, pour donner une apparence de légitimité son usurpation, se fit sacrer roi par le pape. Cette cérémonie du sacre fut origine du " Droit divin " que revendiqueront si fort les Capétiens.

Le sacre des rois eut une autre conséquence, qui fut de faire du pape, pendant tout le Moyen Age, le suprême souverain des peuples et des rois.

 

Le pouvoir temporel des papes.

— Comme allié du pape, Pépin, ayant enlevé à Astolphe, roi des Lombards, une partie de ses terres, en lit don à la papauté.

C'est cette donation de Pépin le Bref, en 754, qui a constitué le pouvoir temporel des papes, ou domaine royal, maintenu jusqu'en 1870.

« Dès lors, les papes se constituèrent en véritables et puissants souverains; ils ne gouvernèrent plus seulement les âmes; ils gouvernèrent surtout leurs États. Sous le règne de Pépin, le clergé devint le second ordre de l'État. Tout se gouverna de nouveau par l'Eglise et pour l'Eglise : depuis les nations jusqu'aux rois, dont le sacre ne différait en rien du sacre d'un évêque. » (CHATEAUBRIAND.)

 

 — CHARLEMAGNE RECONSTITUE L'EMPIRE D'OCCIDENT

 Charlemagne.

 — Le successeur de Pépin, Charlemagne, 768 à 814, fut, comme son père, « l'allié et l'épée de l'Eglise ». Ses trois grandes guerres ont eu pour prétexte la religion: contre les Lombards, en Italie, parce qu'ils étaient ennemis du pape ;

Charlemagne sut réunir dans un vaste empire tout ou partie des pays qui s'appellent aujourd'hui L'Espagne, la France, la Belgique, les Pays-Bas, l'Allemagne, la Suisse, l'Autriche, la Hongrie, l'Italie. »

2° contre les Arabes, en Espagne, parce qu'ils étaient mahométans;

3° contre les Saxons, en Allemagne, parce qu'ils étaient idolâtres.

Cette troisième guerre, qui dura trente-trois ans (772-805), se termina par le baptême du chef Witikind. Toutes ces guerres rendirent Charlemagne maître : 1° de la Gaule; 2° de la Germanie jusqu'à l'Elbe; 3° du nord de l'Espagne; 4° du nord de l'Italie. Ainsi Charlemagne, avec l'aide p des papes et des évêques, était parvenu à former un vaste empire ou la | chrétienté fut constituée.

 

 Charlemagne empereur, 800.

— Après ces éclatants succès, la puissance de Charlemagne était celle des anciens empereurs romains. Il voulut alors refaire à son profit l’empire d'Occident, et il reçût la couronne impériale des mains du pape Léon III, qui régnait alors à Rome.

Glorieux empereur, bon législateur, administrateur vigilant, Charlemagne fit de sages lois désignées sous le nom de CAPITULAIRES 1. Il institua un corps d'inspecteurs, les MISSI DOMINICI 2, pour surveiller la bonne administration de ses vastes États. Il supprima rigoureusement les droits que s'étaient arrogés les seigneurs de lever des impôts. Il protégea, et même glorifia l'instruction. Mais l'empire qu'il avait fondé ne dura pas : il était trop vaste 

1. Recueil divisé en chapitres ou capitula, d'où capitulaires. — 2. Envoyés, délégués du Maître.

 

 Démembrement de l'empire de Charlemagne,

— L'empire de Charlemagne comprenait tant de peuples divers qu'il eût fallu un roi fort, habile et énergique, pour les maintenir. Louis le Débonnaire, son fils (814-840), dont la faiblesse de caractère gâtait toutes les qualités, le laissa crouler. Sa royauté s'épuisa à tailler et retailler des royaumes pour ses fils, jaloux, cupides, méchants. Cependant, il ne faudrait pas croire que seules la débilité d'esprit de Louis le Débonnaire, et les que reliés de ses fils amenèrent, la dislocation de l’empire d'Occident. Ce fut surtout parce que les peuples gouvernés par Charlemagne s'aperçurent que, n'ayant ni les mêmes intérêts, ni les mêmes moeurs, ni la même langue, ils ne pouvaient ni ne devaient former une même nation.

 

 Traité de Verdun, 843. Royaume de France.

— Louis le Débonnaire étant mort, les guerres civiles continuèrent entre, ses fils. Mais, en 843, au traité de Verdun, ils se mirent d'accord et convinrent de partager l'empire d'Occident en trois royaumes distincts : 1° celui de France; 2° celui de Germanie; 3° celui de Lotharingie, qui comprenait l'Italie et une bande de terre, comprimée, à l'est, par les Alpes et le Rhin, à l'ouest, par le Rhône, la Saône, la Meuse, l'Escaut. C'est cette bande de terre que, pendant des siècles se disputèrent deux royaumes voisins : la France et l'Allemagne. C'est donc au traité de Verdun que furent dessinées la France et l'Allemagne.

 

 — LES NORMANDS — LE REGIME FEODAL S'ORGANISE

L'invasion des Normands.

— Les petits-fils de Charlemagne laissèrent l'autorité royale se réduire à rien. Cet effondrement fut d'ailleurs accéléré par l'invasion des Normands. Ces pirates, venus du nord, remontaient en barques nos fleuves : Seine, Loire, qui leur donnaient accès au coeur même du pays dont ils dévastaient les villes. Ni Charles le Chauve (843-877), ni Charles le Gros (884-887), ne surent maintenir les audacieux Normands qui, en 885, firent le siège de Paris.

Les ducs- de France, Robert et Eudes, les arrêtèrent, mais seulement pour quelque temps. Enfin en 912, Charles le Simple, par le traité de Saint-Clair-sur- Epte, leur céda la Neustrie, qui prit le nom de Normandie. Et dès lors, ces terribles hommes du Nord s'établirent pacifiquement en France.

Les Normands fondent le royaume des Deux-Siciles.

— Au XIe' siècle, des chevaliers normands, intrépides, avisés, grands coureurs d'aventures guerrières, firent la conquête de la partie méridionale de l'Italie (ce territoire, ils le nommeront plus tard : royaume de Naples).

En 1062, ils s'emparèrent de la Sicile, que détenaient les Arabes:

Enfin, en 1130, Roger, petit-fils du Normand Robert Guiscard, réunissait à la Sicile toutes les possessions normandes de l'Italie méridionale et fondait ainsi le Royaume des Deux-Siciles.

 

 Origines de la féodalité.

Les invasions des Normands eurent une autre conséquence que leur établissement en France : elles prouvèrent la faiblesse des Carolingiens. Les Français, ne se sentant plus protéger par leurs rois incapables, lâches, et surtout pauvres, se groupèrent autour des seigneurs les plus forts.

La féodalité s'organisa. Le mot féodalité vient d'un mot germanique (feh-od) | j dont nous avons fait aussi le mot fief, qui désignait la terre qu'un seigneur recevait du roi ou d'un autre seigneur. Durant la féodalité, l'unité de la France n'exista pas, et la société féodale, qui reposait tout entière sur le droit du plus fort, se dressait en face de la royauté; chaque seigneur fut souvent un petit roi despote et avide.

La cause de l'impuissance et de la pauvreté où tombèrent les successeurs de Charlemagne fut particulièrement l'hérédité des fiefs. Par contre, cette hérédité fit la puissance des seigneurs.

Charles le Chauve doit être considéré comme le créateur de la féodalité. En effet :  par l’édit de Kiersy-sur-Oise, en 877, il reconnut l'hérédité des fiefs et des fonctions publiques; 2° il ordonna aux hommes libres de se donner à un seigneur; 3° il accorda aux grands le droit d'élever des châteaux forts.

 

 Organisation de la féodalité.

— Il n'y avait alors que deux catégories sociales: les nobles et les non-nobles. Tout possesseur de fief était noble. Tout noble était le suzerain d'un vassal ou seigneur moins noble. Tout noble était le maître pour un non-noble. Les vassaux, nobles ou non-nobles, devaient suivre leur suzerain à la guerre, l'aider à faire la police de son fief et, dans certains cas, lui payer une redevance. Le serf, « taillable.et corvéable à merci », n'était pas un vassal; point non plus un esclave; mais, attaché à la glèbe, il travaillait pour nourrir le seigneur et payer son luxe.

 

Chute des Carolingiens.

— Les derniers Carolingiens ayant tout donné à la féodalité, sauf la ville de Laon, n'eurent plus aucune puissance; et le petit-neveu de Robert le Fort, Hugues Capet, put se faire proclamer roi.

D'ailleurs, la royauté depuis Charles le Chauve n'était plus le pouvoir souverain; c’était seulement un titre, mais un titre fort envié.

 

Moyen Âge classique (987-1328)

 

LES CAPETIENS FONDENT LEUR PUISSANCE

 Avènement de Hugues Capet, 987-996.

— Hugues Capet, fils de Hugues le Grand, fut élu roi par les nobles. ; Ainsi, le premier roi capétien fut un seigneur élu par d'autres seigneurs. Comme eux, il avait hérité de ses ancêtres des villes et domaines qu'on appela dès lors : domaine royal. Deux villes importantes y étaient situées : Paris et Orléans. Le roi n'avait le droit de gouverner que dans son domaine et personne ne le représentait dans les autres grands fiefs du pays.

Les quatre premiers Capétiens n'arrivèrent pas à être des rois puissants : il leur fut impossible d'affaiblir les seigneurs féodaux qui se partageaient la France. Cependant, à l'exemple de Clovis et des Héristals, Hugues Capet se constitua l'allié de l'Église. En retour, l'Église usa de toute sa puissance pour le soutenir. De son vivant, Hugues Capet fit sacrer roi son fils Robert, pour éviter que ceux qui l'avaient élu fussent tentés à sa mort d'élire un autre seigneur.

Le fils de Hugues, Robert le Pieux (996-1031), régna durant une triste époque, où la France, épuisée par les guerres féodales, les épidémies, les famines, croyait toucher au terme de ses maux, car la fin du monde était prédite pour l'an mille.

 

 La Trêve de Dieu, 1041.

— La violence des hommes de guerre était devenue atroce. Toujours occupés à se battre avec leurs voisins, ils ravageaient, incendiaient les campagnes.

En 1041, sous le règne de Henri Ier (1031-1060), l'Église imposa la Trêve de Dieu, qui défendait aux seigneurs de se battre en France depuis le mercredi soir, jusqu'au lundi matin, ainsi que pendant les jours de fête et de jeûne, réduisant ainsi à quatre-vingts, les jours où, dans une année, les seigneurs pouvaient se battre : ce fut un grand soulagement pour les campagnes !

La Trêve de Dieu doit être considérée comme une des plus glorieuses institutions du clergé au Moyen Age.

 

 La Chevalerie.

— Vers le XIe siècle, et surtout pendant le règne du troisième roi capétien, Philippe Ier (1060-1108), l'Église organisa une milice religieuse : la Chevalerie, où ne pouvaient s'enrôler que des nobles.

Les chevaliers faisaient le serment de se battre contre les Infidèles et de protéger le faible. « La chevalerie eut donc pour but de diriger vers le bien l'ardeur batailleuse des barons, et d'exciter chez eux les sentiments d'honneur, en leur faisant honte de l'abus de la force. »

 Les Français en Espagne et en Portugal. — Gênés en France par la « Trêve de Dieu », les chevaliers portèrent au- delà des frontières leur ardeur belliqueuse. Les chevaliers bourguignons allèrent en Espagne, à la recherche d'aventures glorieuses contre les Maures, sous, l'égide du Cid.

 En 1143, Henri de Bourgogne, gendre du roi de Castille, Alphonse VI, s'empara du Portugal:

En 1126, un autre Bourguignon, Raymond, second gendre d'Alphonse, fonda en Castille la Maison de Bourgogne.

Mais de toutes les expéditions d'outre-France, les deux plus grandes furent celles des Normands en Angleterre et les Croisades.

  Conquête de l'Angleterre par les Normands, 1066.

 — Guillaume le Conquérant, duc de Normandie, pour prix de services rendus au roi anglo-saxon, Edouard, pensait avoir acquis des droits à la succession de ce prince. Lorsqu'à la mort d'Edouard, la couronne passa à Harold, beau-frère du feu roi, Guillaume revendiqua ses prétendus droits, et réunit une flotte  nombreuse à l'embouchure de la Dive : il débarqua près de Hastings.

 Ce fut à Hastings que la bataille s'engagea, longue, acharnée, atroce (14 oct. 1066). La victoire resta aux Normands. Le malheureux Harold et ses deux frères se firent tuer en défendant l'étendard anglo-saxon. La conquête de l’Angleterre fut le prix de la victoire de Hastings.

« La plus grande partie de la population anglaise se soumit sans résistance à la domination normande. Que lui importait le maître? Elle était esclave sous les thanes (seigneurs saxons) aussi bien que sous les barons normands: elle continua d'arroser de ses sueurs une terre dont les fruits étaient pour ses maîtres.... L'aristocratie saxonne tenta seule une résistance énergique. » (Chéruel.)

 

 La première Croisade, 1095.

— A la fin du XIe siècle, les nations d'Occident avaient atteint le plus haut degré d'unité qui se soit jamais I u en Europe, depuis l'Empire romain. « Le pape occupait le sommet de la hiérarchie, et la chevalerie, dispersée dans toute l'Europe, en formait les divers degrés. »

Or, Jérusalem, ville sainte de la chrétienté, n'appartenait plus aux Arabes, respectueux du tombeau du Christ, et tolérants aux pèlerins. Les Turcs Seldjoucides, originaires du Turkestan, les y avaient supplantés. Ces Turcs fanatiques persécutaient, torturaient les chrétiens à qui il devenait impossible d'approcher du tombeau de leur Dieu.

 Aussi, lorsque le pape Urbain II prêcha la croisade, Allemands, Italiens et surtout Français s'émurent. Peuples et chevaliers se firent « croisés » au cri de « Dieu le veut ! »

La 1er croisade eut pour résultat la prise de Jérusalem et la fondation d'un royaume chrétien en Syrie.

 

 Louis VI le Gros, 1108-1137.

 — Presque tous les seigneurs qui étaient allés combattre en Asie, y avaient péri. La première croisade avait donc bien affaibli la féodalité. Cet affaiblissement profita à la royauté.

Louis VI, fils et successeur de Philippe Ier, bien conseillé par, son ministre, Suger, abbé de Saint-Denis, se posa comme défenseur naturel du plus faible et comme gardien de l'ordre. Les roturiers comprirent alors qu'ils avaient pour protecteur et vengeur : le roi, ce qui eut un retentissement énorme dans tous les fiefs de France.

En sorte que Louis VI, pour combattre les nobles, put en toute sécurité s'appuyer sur les vilains.

 

 — LES COMMUNES

 Les Communes.

— Les roturiers, à force de travail et de privations, étant parvenus à posséder quelques richesses, furent moins humbles, moins résignés; ils sentirent leur force et exigèrent quelque indépendance. Dès le XIe siècle, pour ne pas être à la merci des caprices seigneuriaux et pour garantir la sécurité de leurs biens, les gens des villes, ou bourgeois, achetèrent ou arrachèrent de force aux seigneurs un acte écrit ou charte qui : 1° fixait exactement les redevances annuelles à payer aux seigneurs; 2e Laissait aux bourgeois le soin de se gouverner eux-mêmes. Sous Louis VI, ils commencèrent à se grouper en associations qu'ils appelèrent « Communes ». Peu à peu, ils formèrent un troisième ordre dans l'État, ou tiers état, et la liberté devint le but de tous leurs efforts.  

Ce que sont devenues les communes.

— Les communes n'ont pas, comme en Italie et en Allemagne, formé de petites républiques indépendantes : elles se sont fondues les unes dans les autres et sont devenues la Nation française. Quant à la bourgeoisie, ou peuple des communes, d'abord si faible, si obscure, si méprisée, elle a tout conquis : richesse, savoir, pouvoir ; c'est la bourgeoisie qui a modifié le clergé, détruit la noblesse et la royauté ; c'est la bourgeoisie qui, en 1789, s'est déclarée souveraine en proclamant la souveraineté du peuple. »

 

 Louis VII le Jeune, 1137-1180.

 — Au lieu de continuer l'oeuvre de son père et d'assurer l'ordre dans son domaine royal, Louis VII commit des fautes. Ainsi, parce qu'il aimait la guerre et parce qu'il était dévot, il eut l'initiative de la seconde croisade. Saint Bernard prêcha cette croisade, où s'enrôla aussi l'empereur d'Allemagne, Conrad : ce fut une expédition lamentable.

Ensuite, Louis VII commit une faute d'une gravité sans pareille : il avait fait un mariage très avantageux en épousant Eléonore de Guyenne qui lui apportait en dot tout le Sud-Ouest.

Par ce mariage, le domaine royal s'étendait, d'un seul bond, jusqu'aux Pyrénées. Après quinze ans de mariage, il divorça. Eléonore reprit sa dot et, par vengeance, épousa Henri Plantagenet qui devint ainsi possesseur de tout le Sud-Ouest de la France.

 En 1154, Henri Plantagenet devint roi d'Angleterre-. Dès lors, ce Plantagenet posséda, outre son royaume anglais, une grande partie de la France : Anjou; Normandie et Bretagne; et, par Eléonore : Guyenne, Auvergne et Aquitaine.  

 

 

— RIVALITE DES CAPETIENS ET DES PLANTAGENETS

ORIGINE DES PLANTAGENETS.

Guillaume le Conquérant avait laissé trois fils dont un, Henri Ier, roi d'Angleterre, eut pour fille Mathilde. Devenue veuve de l'empereur d'Allemagne, Mathilde épousa un seigneur français, Geoffroy, comte d'Anjou. Ils eurent un fils, Henri surnommé Plantagenet, à cause de la branche de genêt qu'il attachait à son casque.

Aussi, lorsqu'à la mort de la reine Mathilde, Henri Plantagenet fut proclamé roi d'Angleterre, sous le nom de Henri II, la longue, la sanglante rivalité entre les Capétiens et les Plantagenets naquit et fut tout de suite implacable.

Cette rivalité, sans merci, aura pour aboutissement la Guerre de Cent Ans.

 

 Philippe Auguste 1180-1223.

— Quand Philippe |Auguste monta sur le trône, Henri Plantagenet, le second époux d'Eléonore, était roi d'Angleterre depuis 1154 et maître en France d'un territoire équivalent à près de huit fois le domaine royal.

 Les Capétiens devaient donc : ou écraser les Plantagenets, ou se résigner à être écrasés par eux. Philippe Auguste ne se résigna pas ;  au contraire, il se donna pour tâche de reprendre aux Anglais, coûte que coûte, les provinces françaises. Dans cette lutte, nous verrons le roi de France, fort de l'appui des communes, se trouver en état d'agir en souverain d'une grande nation.

 

 Troisième Croisade, 1189-1192.

— Philippe Auguste ne put tout à d'abord poursuivre ouvertement le but qu'il s'était assigné contre les Anglais.  

En 1187, le grand sultan Saladin avait vaincu, puis capturé, à la bataille de Tibériade, Guy de Lusignan, roi de Jérusalem ; et la Ville Sainte, où huit rois, tous Français, avaient régné depuis Godefroy de Bouillon, venait de retomber entre les mains des Infidèles. Il y avait pour le roi de France une question d'honneur à prendre part à celte expédition où deux grandes puissances d'Europe, l'Angleterre et l’Allemagne, s'enrôlaient.

Philippe Auguste entreprit donc la 3° croisade avec Frédéric Barberousse, empereur d'Allemagne, et Richard Coeur de Lion, fils d'Henri Plantagenet.

Les croisés s'emparèrent de la ville de Saint-Jean-d'Acre. Ce fut le seul résultat matériel de la 3° croisade. Mais le résultat moral fut immense : la France fut comptée dès lors parmi les grandes nations. 

Après la prise de Saint-Jean-d'Acre, en 1191, Philippe Auguste abandonna l'expédition pour rentrer en France. Profitant de l'absence de Richard, retenu prisonnier par l'empereur d'Allemagne, il essaya de lui reprendre la Normandie. Mais, brusquement, le roi d'Angleterre revint et Philippe Auguste dut ajourner ses projets. 

 

 Lutte contre les Plantagenets. Jean sans Terre.

En 1199, Richard Coeur de Lion mourut et son frère, Jean sans Terre, assassina un de ses neveux, Arthur de Bretagne, qui devait hériter de la couronne d'Angleterre.

Le crime commis, Jean s'empara de tous les États de Richard. Ce forfait perdit Jean et servit les intérêts de Philippe Auguste. 

Philippe Auguste, en sa qualité de souverain justicier de ses vassaux, cita Jean sans Terre à comparaître devant les juges royaux de Paris, Jean ne comparut pas. Alors les juges le déclarèrent félon.

En conséquence, Philippe Auguste confisqua la Normandie, l'Anjou, la Touraine, le Maine et le Poitou.

Ces provinces furent réunies au domaine royal. « C'était la plus brillante conquête qu'un roi de France eût encore faite.»

 

 Bataille de Bouvines, 1214.

— Si lâche qu'il fût, Jean comprit pourtant qu'il ne pouvait se résigner à tant de honte. Il forma une coalition contre la France, dans laquelle entrèrent Othon IV, empereur d'Allemagne, et quelques seigneurs révoltés, entre autres le comte de Flandre et le comte de Boulogne.

Pour battre la coalition, Philippe-Auguste leva une armée royale à laquelle les milices communales se joignirent : les ennemis furent mis en déroute à Bouvines, en 1214. Bouvines fut notre première victoire nationale.  

 

Administration de Philippe Auguste.

— Philippe Auguste, un de nos plus grands rois, doubla le domaine royal. Il attaqua la féodalité dans un de ses droits les plus chers, le droit de guerres privées, en instituant, sous le nom de « Quarantaine le Roy », une trêve de quarante jours, entre les ennemis. Il introduisit des bourgeois dans les conseils du gouvernement. Il créa des Grands Baillis (ou Grands Sénéchaux), pour rendre la justice aux communes, et aux vassaux des seigneurs quand ils en appelaient à la justice du roi.

Philippe Auguste s'occupa beaucoup de sa capitale, dont il fit paver les rues. Il entoura Paris d'une enceinte fortifiée; il poussa activement la construction de l'église de Notre-Dame. Il fonda l'Université de Paris (1200).

 

 Louis VIII (le lion), 1223-1236.

— Dès son avènement, Louis VIII, fils de Philippe Auguste, fut attaqué par Henri III, fils de Jean sans Terre, qui avait à coeur de venger son père.

C'était donc la lutte entre les Capétiens et les Plantagenets qui recommençait. Mais Louis VIII triompha du roi d'Angleterre et lui reprit : l'Aunis, la Saintonge, le Limousin et tout le Périgord.

 Ainsi, le résultat de la lutte entre les deux dynasties rivales fut l'agrandissement énorme du domaine royal au nord et à l'ouest.

 

 Guerre contre les Albigeois.

En 1204, 1216, 1226, au plus fort de la lutte entre les Capétiens et les Plantagenets, une atroce guerre religieuse éclata au midi de la France; elle se continua sous Louis VIII.

Dans le Languedoc et en Provence, vivaient des gens simples, de moeurs pacifiques, mais peu austères, et qui demeuraient en dehors de l'Église. C'étaient des hérétiques. On leur donnait le nom d'Albigeois, parce qu'Albi était leur principal centre. Le pape Innocent III fit prêcher contre ces hérétiques et contre le plus grand seigneur du Midi, le comte Raymond de Toulouse, qui les laissait agir à leur guise, une véritable croisade.

A l'appel d'Innocent III, des milliers de pillards du Nord se ruèrent sur le beau pays des troubadours. Béziers leur résista : Béziers fut saccagée et 60000 habitants massacrés ! Le chef des pillards, Simon de Montfort, pour prix de ses exploits, reçut du pape les Etats du malheureux comte de Toulouse, et les plus cruelles mesures furent prises contre les Albigeois ceux qui résistaient étaient mis à la torture, puis ensevelis vivants dans un cachot.  

Simon de Montfort fut tué au siège de Toulouse (1218). Il avait légué ses biens à son fils Amaury. Mais ce dernier, incapable de garder ces conquêtes, négocia avec Louis VIII; et, en 1226, il lui vendit ses « droits ».

Le roi de France eut donc sans effort le magnifique pays du. Languedoc. 

Cette guerre, qui détruisit la brillante civilisation du Midi, eut pourtant un résultat magnifique : elle fit franchir un grand pas à l'unité nationale en réalisant l'union de la France d'oc et de la France d'oïl.

  Régence de Blanche de Castille, 1226-1236.

 — Quand Louis VIII mourut, son fils n'avait que onze ans et la régence fut donnée à sa mère, Blanche de Castille.

 La féodalité, si maltraitée depuis Louis VI, se dressa audacieusement contre le gouvernement d'une femme; mais l'énergique veuve de Louis VIII sut défendre la couronne de son fils et faire taire les révoltés. Elle gagna le chef des confédérés, le puissant comte Thibaut de Champagne, et s'en fit un allié absolument dévoué.

Oeuvre de Blanche de Castille : 1° Elle mit fin à la triste guerre des Albigeois; 2° Elle obtint de Thibaut de Champagne un don très important : celui des comtés de Blois, de Chartres et de Sancerre; 3° Par d'heureux mariages, elle assura la réunion au domaine royal de tout le midi de la France: c'est ainsi que Louis IX épousa la « douce Marguerite », héritière de la Provence, et qu'un des frères du roi, Alphonse,  épousa l'héritière du comté de Toulouse.

Mais l'oeuvre incomparablement belle de Blanche de Castille fut l'éducation qu'elle donna à son fils, lui mettant au coeur la passion de la justice, de la charité, ce qui allait faire de lui un grand roi et un saint.

Cette grande reine mourut en 1253.

 

 Règne personnel de Louis IX (saint Louis), 1236-1270.

— A |partir de 1236, Louis IX gouverna personnellement; il continua l'oeuvre de son grand-père et de son père contre les Plantagenets.

Attaqué par Henri III, il le battit deux fois en deux jours, à Taillebourg et à Saintes (1242).

Vaincu, le roi d'Angleterre demanda une trêve. Louis IX, par scrupule de conscience, refusa d'achever sa victoire et signa la trêve. Durant cette trêve, signée avec Henri III,  et à la suite d'un voeu, Louis IX entreprit, en 1242, la 7e croisade ou Croisade d'Egypte.

Quatre ans après son retour de Palestine, en 1258, il résolut, dans un large esprit d'humanité, de transformer la trêve avec l'Angleterre en une paix définitive. En conséquence, un traité fut signé à Paris (1258), par lequel :

1° Henri III renonçait pour toujours à tous les pays conquis par Philippe Auguste;

2° Louis IX prenait l'engagement de rendre à Henri III le Limousin, le Périgord, le Quercy, l'Agénois et la Saintonge, conquêtes de ses prédécesseurs, mais qui lui semblaient entachées d'injustice.

Ce traité de paix termina la rivalité des Capétiens et des Plantagenêts qui avait duré plus de cent ans : de 1154 à 1208.

Louis IX personnifie le héros du Moyen Age. C'est un des rois que nous connaissons le mieux, grâce aux récits du sire de Joinville, qui fut son ami et son historien. Le peuple le voit encore sous un chêne, à Vincennes, rendant la justice à tous ceux qui se présentaient. « Cet homme de paix a plus fait pour le progrès de la royauté que dix monarques batailleurs. »

Louis IX qui, dans ses instructions à son fils, lui recommandait de se garder de tout son pouvoir de provoquer la guerre et de n'y recourir, si on lui faisait tort, qu'après avoir épuisé tous les autres moyens d'obtenir justice,  fut comme le lointain et glorieux prédécesseur de ceux qui, de nos jours, s'efforcent de faire régler par l'arbitrage les différends entre les nations.

Louis IX inspirait un respect universel. Henri III se disait lier d'être son vassal; les historiens l'appelaient le roi des rois de la terre». Tous, grands et humbles, avaient foi dans son équité, hors de France; comme dans son royaume. « Le trône de France resplendissait aux regards de tous les autres comme le soleil qui répand ses rayons. » (D'après ALBERT MALET.)

 

Dernière Croisade.

En 1270, Louis IX, qui ne pouvait se consoler de voir le tombeau du Christ aux mains des Infidèles, entreprit sa deuxième croisade. Elle fut dirigée contre Tunis.

 Louis IX et la féodalité.

— Louis IX a porté des coups terribles à la féodalité:1er en supprimant le droit de guerres privées; 2° en plaçant près des seigneurs, qui siégeaient dans les tribunaux, des hommes de loi ou légistes, très versés dans la connaissance des anciennes lois romaines. C'est des légistes que sortira plus tard la magistrature française.

« Les légistes du Moyen Age, juges, conseillers, officiers royaux, ont frayé, il y a plus de six cents ans, la route des révolutions à venir. Ce sont eux qui commencèrent l'immense tache où. après eux, s'appliqua le travail des Siècles: réunir dans une seule main la souveraineté morcelée ; abaisser vers la classe bourgeoise ce qui était au-dessus d'elle, et élever jusqu'à elle ce qui au-dessous. »  (Aug. Thierry)

 

 — LES HUIT CROISADES

But des Croisades.

— Les Croisades furent entreprises par les ; chrétiens d'Europe pour délivrer Jérusalem, tombée au pouvoir des Turcs.

Ces expéditions se firent de 1095 à 1270.

 

Causes déterminantes des Croisades.

— La cause profonde déterminante, la cause première des Croisades fut la foi ardente qui caractérise l'époque du Moyen âge. Cette foi ardente eut comme conséquence de faire naître chez les Chrétiens le désir de reconquérir le tombeau du Christ, désir qui devint irrésistible à mesure que se multiplièrent les pèlerinages en Terre Sainte.

« La cause secondaire, ce furent les conquêtes musulmanes qui développèrent la rivalité entre chrétiens et musulmans, lesquels ne pouvaient se mêler ni s'entendre. »

D'ailleurs les musulmans n'avaient jamais cessé d'être agresseurs et envahisseurs. Toute l'ambition asiatique, c'était la conquête de l'Europe. Et, dès le VIIIe siècle, il avait fallu le marteau du Franc, Charles Martel, à Poitiers, pour les empêcher de réussir. Vaincus en Europe, les musulmans avaient tourné leur ambition vers la Terre Sainte. — « C'était donc aux chrétiens de les combattre, non pour les contraindre à croire, mais pour les empêcher de nuire. »

 

Les Croisades ont préparé la fin du Moyen Age.

— Les Croisades sont le plus extraordinaire, le plus caractéristique mouvement du Moyen Age; elles constituent aussi l'événement qui a le plus activement préparé la fin du Moyen Age. En effet, elles ont provoqué dans tous les sens où s'exerce l'activité humaine, sciences, arts, littérature, agriculture, industrie, commerce, un réveil inattendu qui aura son complet épanouissement dans la Renaissance.

 

Les Croisades ont fondé la suprématie des Français en Orient.

— Au début de ces expéditions, les distinctions de races, de nations, furent effacées. Français, Italiens, Allemands ne formaient qu'un seul peuple : le peuple chrétien.

Cependant, comme les Français avaient fourni aux Croisades la plus grande masse des guerriers, les Orientaux donnèrent à tous les croisés indistinctement le nom de Français. Jusqu'à la Grande Guerre de 1914, les Orientaux confondirent tous les Européens sous le nom de « Francs ». De toutes les langues européennes employées en Orient, et, malgré les efforts des Allemands, des Anglais et des Russes, la langue française domina.

Enfin des centaines d'écoles, que les Français avaient créées et qu'ils entretenaient dans le Levant, continuèrent et perpétuèrent une tradition dont l'origine remonte aux Croisades ».

 

Résultats généraux des Croisades.

— Les Croisades ont manqué leur but, elles n'ont pas délivré Jérusalem. Cependant, elles ont eu d'autres grands résultats :

1er Elles ont débarrassé l'Europe d'une foule d'aventuriers pillards.

2e Elles ont porté un coup mortel à la féodalité, en diminuant le nombre des seigneurs ou en les forçant, pour se créer des ressources, à vendre leurs fiefs et à octroyer des franchises à leurs vassaux, cela donna un grand essor à l'émancipation des communes et contribua, par conséquent, à augmenter la puissance du roi et l'influence du tiers état.

3e Elles firent naître de vastes relations commerciales entre les ports d'Asie et les ports de Marseille, de Gênes, de Pise et surtout de Venise.

4e Les pays d'Orient avaient alors une civilisation beaucoup plus avancée que la nôtre. La vue du faste oriental éveilla chez les Croisés le goût du luxe. L'usage des tapis, des beaux meubles, des armes finement décorées, des étoffes précieuses, des soies de damas, s'introduisit en Occident grâce aux Croisades.

5e En montrant aux Européens les merveilles de Constantinople et de l'Asie, elles donnèrent une vive impulsion aux arts, aux sciences, aux lettres.

 

TABLEAU COMPLET DES HUIT CROISADES

 

 

1er Croisade

GODEFROY DE BOUILLON

1095 - 1099

La première Croisade, prêchée par Pierre l'Ermite et par le pape

Urbain II à Clermont, eut pour héros Godefroy de Bouillon.

Elle fut marquée par la prise de Nicée; par la sanglante bataille Dorylée; par le siège d’Antioche; par la prise de Jérusalem. La première croisade eut pour résultat la création d'un royaume français en Palestine.

 

 

2e Croisade

LOUIS VII

1147 - 1149

La 2e Croisade, organisée à l'instigation de Louis VII, et prêchée par saint Bernard, pour venir en aide aux chrétiens menacés dans Jérusalem, fut marquée par un échec lamentable au siège de Damas, en 1149.

 

 

3e Croisade

Philippe – Auguste

1189 - 1192

Le sultan Saladin ayant enlevé Jérusalem aux chrétiens, Frédéric Barberousse, Philippe Auguste, Richard Coeur de Lion, organisent la 3eme Croisade pour reprendre la ville sainte. Frédéric se noie au cours du l'expédition; Philippe et Richard s'emparent de Saint-Jean-d'Acre. Mais Jérusalem reste à Saladin.

 

 

4e Croisade

EMPIRE FRANÇAIS D’ORIENT

1202 - 1204

Les seigneurs français et les Vénitiens entreprennent une 4e Croisade. Mais, détournée de son but, qui eut dû être la Palestine, elle ne fut qu'une entreprise commerciale. Elle aboutit à la prise de Constantinople et à la création d'un empire latin en Orient, qui s'écroula en 1201. Baudouin, comte de Flandre, en fut le premier empereur.

 

 

5e Croisade

1217 - 1221

Un seigneur français, Jean de Brienne, et le roi de Hongrie organisèrent contre l’Egypte la 5eme Croisade. — Résultat nul.

 

 

6e Croisade

1228 -1229

La 6e Croisade fut organisée par l'empereur d'Allemagne, Frédéric II. Au lieu de combattre les Musulmans, il négocia avec eux, et obtint que les pèlerins chrétiens pussent se rendre il Jérusalem.

 

 

7e Croisade

LOUIS IX

La 7e Croisade fut dirigée par Louis IX contre le puissant Etat des Musulmans, en Egypte. Prise de Damiette (1249). — ' Après cette victoire, les Croisés furent arrêtés par le débordement du Nil; une épidémie les décima, et les Musulmans les cernèrent.

Louis IX fut obligé de se rendre avec ses chevaliers. — Pour sa rançon, il livra Damiette ; pour la rançon de ses chevaliers, il versa une énorme somme d'argent. — Le résultat fut donc déplorable.

 

 

8e Croisade

La 8éme Croisade fut dirigée contre le bey de Tunis, par Louis IX. A peine débarqué, le roi mourut de la peste, sur la cote africaine.

 

 

Pour aider à la défense de la Palestine, trois ordres de moines soldats furent organisés: 1er les HOSPITALIERS; 2- les CHEVALIERS TEUTONIQUES; -- 3e les CHEVALIERS du TEMPLE, lesquels, créés en 1119, formèrent bien vite une redoutable caste féodale.

 

Philippe III le Hardi, 1270-1285.

— Pendant les quinze années que dura le règne de Philippe III, fils de Louis IX, le seul fait important fut, en 1271, l'annexion au domaine royal du comté de Toulouse : Philippe III hérita de ce comté, en sa qualité de neveu d'Alphonse, mort : sans enfant, et dont Blanche de Castille avait, naguère négocié le mariage avec Jeanne, fille de Raymond VII.

Pendant le règne de Philippe III, les communes si florissantes sous Philippe Auguste s'affaiblirent beaucoup; leur affaiblissement fut le résultat de la politique de Louis IX, qui avait vu dans l'indépendance des communes une menace pour « l'unité » du royaume et qui, fort habilement, les avait transformées en villes royales.

 

Les Villes royales.

— Les villes royales étaient étroitement surveillées par le roi ; bien des libertés leur avaient été retirées; elles n'avaient même plus le droit de nommer librement leur maire : elles étaient autorisées à en choisir quatre parmi lesquels le roi désignait son candidat. Or, ce maire, ainsi élu, avait l'obligation de venir chaque année à Paris rendre compte au roi de son administration financière.

« Ainsi au nom de l'unité nationale, les communes allaient disparaître et, avec elles, les fortes idées de droit et de liberté. » 

 

Vêpres siciliennes, 1282.

— Sur la fin du règne de Philippe III, l'Italie se souleva contre la domination des Français. Charles d'Anjou, frère de Louis IX, avait accepté du pape le royaume des Deux-Siciles.

Très ambitieux, il aspirait à étendre sa domination non seulement sur toute l'Italie, mais sur toute la Méditerranée orientale. Les projets de Charles furent déjoués tragiquement: une révolte éclata le lundi de Pâques, 1282, pendant les vêpres; 3000 Français, établis à Païenne,| furent massacrés, et Charles d'Anjou, qui, par ses duretés, s'était rendu odieux, fut chassé des Deux-Siciles. Le royaume passa aux princes d'Aragon. Mais alors, Philippe III dirigea une armée contre dom Pèdre, roi d'Aragon, qui avait aidé les Siciliens dans leur révolte contre Charles d'Anjou. « Ôr, rien n'étant organisé, les soldats périrent de misère; le roi lui-même mourut à Perpignan, en 1285. »

 

Philippe IV le Bel, 185-1314. Guerre de Flandre.

— Dès le début de son règne Philippe le Bel eut la noble ambition de reprendre la Guyenne aux Anglais. Pour cela, il fallait affaiblir l'Angleterre en s'emparant de la Flandre, qui achetait aux Anglais les laines nécessaires à sa grande industrie des draps. Réussir, c'était porter un coup terrible au commerce anglais. Mais l'armée féodale, indisciplinée, ignorante et téméraire, fut vaincue à Courtray , en 1302-

Deux ans plus tard Philippe effaça le désastre de Courtray par sa victoire de Mons-en-Puelle, près de Lille (1304).

Enfin, en 1305, Philippe le Bel, fit la paix avec les Flamands: il garda Lille, Douai et Valenciennes; mais les Anglais conservèrent encore la Guyenne.

En 1284, Philippe le Bel avait épousé Jeanne, héritière de Champagne. Depuis ce mariage, la Champagne ne fut plus séparée de la couronne de France. Cependant, sa réunion officielle ne fut prononcée qu'en 1361

 

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PHILIPPE LE BEL ET LE POUVOIR DU PAPE

Première convocation des États généraux, 1302.

— De violents démêlés éclatèrent, en 1296, entre Philippe IV et le pape Boniface VIII à l'occasion de certains impôts que le roi réclamait au clergé de France. Le pape refusa les impôts et adressa au roi une bulle (lettre) où il posait en principe que « l'Église et les ecclésiastiques ne pouvaient être taxés qu'avec l'autorisation du pape ».

Le roi, irrité, riposta par l'interdiction d'exporter du royaume : l'or, l'argent et les objets précieux, afin qu'ils n'allassent plus à Rome.— Le conflit s'apaisa pour se rallumer en 1302 avec une violence inouïe.

Le pape lança au roi la fameuse bulle ausculta carissinie fili (écoute, mon très cher fils) où il prétendait subordonner le pouvoir temporel au pouvoir spirituel et exercer, sur tous les trônes, un droit de suzeraineté. Dans cette lutte, le roi voulut avoir l'appui de la nation. Pour cela, il convoqua les États généraux en 1302. Cette initiative du roi était d'une hardiesse extrême, car, jusqu'au XIIIe siècle, l'Eglise et la royauté s'étaient toujours soutenues ; Boniface VIII avait même canonisé un roi de France : Saint-Louis. En outre, l'Église s'était constamment posée en tutrice du peuple. Or, pour qui opterait le peuple, mis en demeure de se prononcer.  La Nation, appelée pour la première fois à émettre son avis, dans une affaire du gouvernement, n'hésita pas à donner raison à son roi contre le pape : les États généraux promettaient de « défendre contre tout pouvoir l'indépendance du Roy. »

1302 grande date dans l'histoire de la France. La tentative de Philippe le Bel, de soustraire le pouvoir laïque à la domination de l'Église, portera ses fruits deux siècles plus tard : dés 1516, François Ier déclarera, par le Concordat de Bologne, que les évêques français seront désormais choisis par le roi », et au XIXe s.., Bonaparte, par le Concordat de 1801, réservera au gouvernement le droit de nommer les évêques, d'accord avec le pape.

 

Abolition de l'Ordre des Templiers, 1312.

— Les Templiers, ou chevaliers du Temple, avaient été d'abord un ordre religieux et militaire, organisé pendant les croisades pour défendre Jérusalem.

Mais depuis que Jérusalem était retombée aux Musulmans, les Templiers, entant qu'ordre religieux, étaient devenus inutiles.

Peu à peu, ils avaient perdu la pureté de leur foi, et leurs moeurs n'étaient peut-être pas irréprochables. Immensément riches, ils formaient comme un État dans l’Etat, « Ils étaient 15000 chevaliers avec une multitude infinie de frères servants et d'affiliés; réunis, ils auraient pu défier toutes les armées royales de l'Europe ».

Il est incontestable que, pour la sécurité du pays, le roi devait, ou devenir leur chef ou dissoudre leur ordre. En les abattant, Philippe le Bel détruisait la plus formidable puissance féodale de l'Europe ; c'était son devoir. Mais le roi commit un crime lorsque, ayant obtenu du pape Clément V l'abolition de l'Ordre des Templiers, ce qui suffisait à la sécurité de l'État, il fit périr dans les flammes le grand maître Jacques Molay, ainsi que les dignitaires de l'ordre, et qu'il fit main basse sur leurs richesses. Rien ne peut justifier de telles violences.

 

Fin des Capétiens directs, 1328.

— Les trois fils de Philippe le Bel, Louis X, Philippe V et Charles IV, régnèrent successivement et sans éclat. L'année même du supplice des Templiers (1314) Philippe IV mourut. Sous ce règne, le Lyonnais fut réuni à la couronne.

 

 

REVISION DU MOYEN AGE

GUERRES DU SACERDOCE ET DE L'EMPIRE

RIVALITÉ DU POUVOIR SPIRITUEL ET DU POUVOIR TEMPOREL AU MOYEN AGE

50. Pour bien comprendre toute l'importance qu'eut, non seulement pour la France, mais pour l'Europe entière, la victoire de Philippe le Bel sur la papauté, il faut remonter dans l'Histoire et se rappeler que :  

1er le gouvernement de l'Église, ou papauté, commença à s'organiser fortement sous Charlemagne;

2° que, possesseurs d'un temporel, constitué grâce aux premiers Carolingiens, tous les efforts des papes tendirent dès lors à se rendre f indépendants.

3° que, s'étant rendus indépendants, ils voulurent plus, et travaillèrent à transformer leur autorité spirituelle en une autorité politique universelle, c'est-à-dire qu'ils travaillèrent à être suzerains des rois : ce qui | se trouva égalisé pendant les premières croisades.  

Hildebrand. — Un des plus grands papes qu'ait eus l'Eglise, le moine Hildebrand, qui régna sous le nom de Grégoire VII (1073-1086), entreprit de régénérer l'Eglise; puis il résolut d'en assurer la suprématie sur les pouvoirs laïques.

Il commença par attaquer vigoureusement les vices qui dégradaient l'Église; il interdit la simonie (ou trafic des choses saintes) et il défendit le mariage des prêtres.

 

La papauté souveraine puissance d'Europe.

 — Les premières croisades avaient donné aux papes la mesure de leur puissance: ils se virent les souverains absolus du monde chrétien. L'empereur d'Allemagne, Lothaire, successeur de Henri V, vint à Rome « humilier la couronne impériale devant Innocent II ». Le puissant Frédéric Barberousse, dans la célèbre « Entrevue de Venise » (1177), se prosterna devant le pape et jura solennellement d'être le fils soumis et respectueux du Saint-Père.

Ainsi, le triomphe de la papauté était complet, éclatant. Tous les monarques lui étaient asservis. « En France, le pape forçait Philippe Auguste à répudier Agnès de Méranie. En Allemagne, il disposait de la couronne, la donnant et la retirant à Othon IV. En Angleterre, il déposait Jean sans Terre. En Danemark, en Hongrie, en Espagne, il donnait ou reprenait à son gré les couronnes. Il organisait la quatrième croisade, ordonnait la guerre contre les Albigeois.  

Or, il arriva ceci: les empereurs et les rois, devenus forts et respectés de leurs sujets, voulurent être maîtres chez eux; et, pendant trois siècles, du XIe au XIVe, la grande « Querelle du Sacerdoce et de l'Empire » se déroula en Allemagne et en Italie; le dernier épisode.de cette querelle s'accomplit en France, sous Philippe le Bel, et s'acheva par la défaite du pape comme chef politique.

 

Querelle des investitures.

— Décidé à rompre tous les liens avec la féodalité, Grégoire VII défendit -aux ecclésiastiques de recevoir et aux laïques de donner l'Investiture d'évêchés ou autres dignités d'Église, sous peine d'être excommuniés. II est certain que de graves abus découlaient de ce que la nomination aux dignités ecclésiastiques fût exclusivement faite par les rois, qui ne se souciaient pas toujours assez de la moralité des candidats et introduisaient dans l'Église des personnages indignes ; mais interdire toute immixtion des pouvoirs laïques dans l'investiture des évêques était excessif.

En effet: à cette époque, l'évêque n'exerçait pas seulement un pouvoir spirituel; il exerçait aussi une autorité temporelle, puisque chaque évêché comportait un territoire plus ou moins étendu, dont l'évêque était seigneur. La suppression de l’investiture eût donc abouti à soustraire à l'influence du roi toutes les terres des évêques ou abbés, c'est-à-dire environ le tiers du royaume. Il était impossible que les souverains se soumissent aux prétentions du pape. Grégoire VII dépassait vraiment le but.

 

RIVALITE DU SACERDOCE ET DE L'EMPIRE

Querelle du Sacerdoce et de l'Empire.

 — L'empereur d'Allemagne, Henri IV, ouvrit les hostilités en faisant déposer le pape à la diète de Worms (1076). Grégoire VII répondit en excommuniant Henri IV.

Pour faire lever l'excommunication, Henri IV se rendit en Italie, à Canossa. Durant trois jours, avant de le recevoir, le pape le laissait en habits de pénitent, pieds nus sur la terre glacée (22 au 25 janvier 1077), dans l'enceinte extérieure du château. Il obtint enfin l'absolution. Cependant, il ne fut pas rétabli sur le trône : Grégoire VII lui opposa le prince Rodolphe. Mais Henri prit sa revanche; il triompha de Rodolphe à Volskeim et, vainqueur, il marcha sur l'Italie, où il fit nommer un antipape.

Ce fut alors que Grégoire VII s'enferma au château Saint-Ange, appelant au secours le Normand Robert Guiscard, maître de Naples, qui le délivra. Grégoire VII mourut en 1085 ; mais la lutte continua sous ses successeurs et, finalement, Henri IV, dépouillé de ses États, alla mourir misérablement à Liège.

En 1122, le Concordat de Worms termina la querelle des Investitures : le pape et l'empereur Henri V, fils de Henri IV, firent la paix; l'empereur ne nommait plus les évêques ni les abbés, mais il leur donnait l'Investiture des terres de leur évêché ou abbaye.

 

Ruine de la puissance politique des papes.

— Cependant, lorsque la papauté triomphante voulut, en la personne de Boniface VIII, s'attaquer aux affaires intérieures du gouvernement français, Philippe le Bel, brutalement, brisa Boniface VIII  et montra a l’Europe, attentive et craintive, que, sous une apparence de force, la papauté, hors de son véritable et si respectable domaine, qui est le domaine spirituel, cachait une irrémédiable faiblesse. Philippe le Bel avait ruiné pour toujours la suprématie des papes comme chefs politiques.

 

COMPOSITION SUR LA DEUXIEME PERIODE

SUJET : Avec les Capétiens directs, la royauté devient nationale. —

 

DEUXIEME PERIODE

TABLEAU DE RÉCAPITULATION

 

 

LES 4 PREMIERS CAPÉTIENS

HUGUES CAPET

ROBERT Ier , HENRI Ier, PHILIPPE Ier

Ce sont les seigneurs qui portent l'un des leurs, sur le trône de France. Cette élection marque l'apogée de la féodalité. Les premiers Capétiens s'appuient sur l'Eglise; s assurent l'hérédité de leurs fonctions en faisant sacrer le fils, pendant le règne du père. C'est pendant le règne de Henri Ier que s’établit la « Trêve de Dieu » (1040). La grande institution de la chevalerie fut organisée vers cette époque.

 

 

Les deux grandes entreprises féodales

1060-1108. — Philippe Ier. — Les deux grandes entreprises féodales furent la conquête de l'Angleterre, en 1066, par le duc de Normandie Guillaume le Conquérant; et la première Croisade, en 1095, prêchée par Pierre l'Ermite. Godefroy de Bouillon en fut le héros. Prise de Jérusalem (1099). Philippe 1er  ne prit pas part à la croisade.

 

 

LOUIS VI

1108 -1137

Il lutte contre les seigneurs. Affranchissement des Communes, d'où sortira bientôt le tiers état. L'habile ministre Suger aide Louis VI dans son oeuvre.

 

 

LOUIS VII

 1137-1180.

il entreprend la seconde croisade, prêchée par saint Bernard., Échec de Damas. Au retour de cette croisade, divorce avec Eléonore d'Aquitaine qui épouse Henri Plantagenet.

 

 

Philippe Auguste.

1180-1223.

 C'est de ce règne que la France compte parmi les grandes nations d'Europe. — Le fait le plus important de ce règne est la bataille de Bouvines, 1214, gagnée par le roi de France, grâce à l'appui des milices communales. — Philippe Auguste prend part à la troisième croisade, qui échoue; mais au retour de cette expédition, il confisque à Jean sans Terre la Normandie, l'Anjou, la Touraine, le Maine, le Poitou. Sous Philippe Auguste, avec la création des grands baillis, et l'établissement de la Quarantaine le Roy, la Justice fait un progrès considérable.

 

 

Louis VIII.

1223 -1226

La cruelle et injuste guerre des Albigeois, commencée sous Philippe Auguste, continue. Louis VIII prend Avignon et le Bas-Languedoc : il meurt après trois années de règne, en 1226, laissant un fils de 11 ans.

 

 

 

 

  

REGENCE

DE

BLANCHE DE CASTILLE

1226 -1236

 

LOUIS IX

1226 -1270

 La régence de la reine Blanche est brillante:

 Après avoir définitivement terminé la guerre des Albigeois, Blanche de Castille combat les seigneurs coalisés contre la royauté et en triomphe ; puis au roi, elle fait épouser Marguerite de Provence, héritière de ce beau pays.

1236-1270. — Gouvernement personnel de Louis IX. Louis IX bat à Taillebourg et à Saintes (1242) le roi d'Angleterre que soutiennent les seigneurs révoltés.—Il fait la septième croisade (sa captivité en Egypte) et la huitième croisade : il meurt à Tunis.

Louis IX est grand surtout par son esprit de justice. En supprimant le droit de guerres privées, en plaçant dans tribunaux des légistes, Louis IX a porté les plus terribles coups à la féodalité.

 

 

PHILIPPE III

1270 - 1285

1270 -1285. Sous son règne, les Communes se constituent définitivement en villes royales.

1271. Annexion du comté de Toulouse.

1282. Massacre des Vêpres siciliennes.

1284. Annexion de la Champagne.

 

PHILIPPE IV

1285 - 1314

 

Démêlés avec le pape Boniface VIII, à propos d'impôts mis sur le clergé. Cette querelle a pour conséquences la convocation des premiers Etats gênéraux, 1302, et l'établissement de la papauté à Avignon. —

En 1302 abolition de l'ordre des Templiers. —1307. Annexion du Lyonnais,


 

 

 

 

TABLEAU DE LA CIVILISATION

Du XIIe au XIVe S., la Féodalité se transforme, puis s'affaisse.

 

LA ROYAUTÉ DEVIENT NATIONALE

Tandis que les seigneurs vont se faire tuer en terre d'Asie {Croisades), les richesses et le pouvoir des Capétiens s'accroissent si bien que Philippe Auguste et Louis IX peuvent triompher de la féodalité. D'ailleurs, très habilement, ils s'allient aux ennemis naturels de la féodalité qui sont: 1er l'Eglise qui, voulant dominer, cherche à réduire la caste féodale ; 2e le peuple.

Avec Philippe le Bel, la royauté devient vraiment souveraine et nationale. En effet : après avoir interdit au pape de s'occuper des affaires intérieures du royaume, il fait nommer un pape français. Clément V, qui réside en France, à Avignon ; puis il brise les Templiers, milice de la papauté. Ainsi, le peuple français vivra désormais sous l'autorité unique et nationale du roi.

 

JUSTICE. — PREMIERS IMPOTS

Dès Louis IX, les rois s'entourent de légistes qui ne reconnaissent que les droits de la royauté.

En 1302, Philippe IV établit en permanence à Paris le Parlement, véritable Cour de Justice. Pour les provinces, ce sont les officiers du roi (baillis an nord, sénéchaux au midi) qui reçoivent les plaintes des justiciables. Ainsi, la justice du roi est partout souveraine.

Jusqu'à Philippe IV, les rois ont payé toutes les dépenses sur leurs revenus personnels : serviteurs, soldats, juges. Mais le domaine royal, en s’agrandissant, voit s'accroître le nombre de: fonctionnaires. Or, il faut de l'argent pour le payer ; de là, cette nécessité des impôts (ou aides) Philippe IV est le premier roi qui exige l'impôt.

 Depuis, « dans le royaume de France comme jadis dans l'Empire romain, ce fut sur les sujet que toute la charge des dépenses politiques et administratives retomba. »

 

 

 

Bas Moyen Âge (1328-1517)

 

LES CAPÉTIENS VALOIS

 Avénementde Philippe VI de Valois, 1328.

— A la mort de Châties IV, deux prétendants se disputèrent la couronne : 1° Philippe, fils de Charles de Valois, frère de Philippe le Bel; 2° Edouard III, roi d'Angleterre, petit-fils, par sa mère Isabelle, de Philippe le Bel. L'assemblée des pairs et des barons appliqua la loi salique et proclama roi Philippe de Valois, qui régna sous le nom de Philippe VI, de 1328 à 1350.

Ce fut ainsi que la couronne passa à une branche cadette des Capétiens : la branche des Valois, qui régna jusqu’en 1498.

Sous le règne des Valois la France traversa deux crises terribles : 1° la Guerre de Cent Ans ;la lutte contre la Maison de Bourgogne.

 

La Guerre de Cent Ans. Ses causes.

— La guerre de Cent Ans a eu pour cause immédiate les prétentions d'Edouard III à la couronne de France. Mais les causes profondes, réelles, de cette guerre se trouvent : 1° dans la tradition de rivalité entre les deux nations, rivalité créée par la lutte des Capétiens et des Plantagenets; 2° dans les besoins de l'Angleterre, qui tirait de ses possessions françaises les produits qui lui manquaient, surtout les vins fournis par ses riches possessions de Guyenne. Dans cette longue lutte que sera la guerre de Cent Ans, l'unité du royaume si habilement, si lentement faite par les rois capétiens, sera exposée au plus grand des périls et, par deux fois, en 1360, après Brétigny, et en 1420, après Troyes, il s'en faudra de peu que la France ne perde son indépendance et ne devienne une annexe de l'Angleterre.

Les deux héros de la guerre de Cent Ans ont été : un Breton, Du Guesclin;

 et une jeune paysanne de Lorraine, Jeanne d'Arc.

 

La Guerre de Cent Ans, sous Philippe de Valois.

— La guerre de Cent Ans commença pendant le règne de Philippe VI et fut marquée par la bataille de l'Écluse (1340), par le désastre de Crécy (1346) et par le siège de Calais (1347).

La guerre de Cent Ans débuta chez les Flamands, alliés des Anglais, par la bataille navale de l'Écluse (1340). Les Français y furent vaincus.

 

Désastre de Crécy, 1346.

En 1346, Edouard III, dont les prétentions étaient de plus en plus âpres, pénétra en France, prit position sur une colline, près de Crécy, y plaça quelques bombardes à feu dont les Français ne se servaient pas encore. Toutes les dispositions prises, il fit reposer ses hommes en attendant l'ennemi. Les troupes de Philippe VI ne rejoignirent celles d'Edouard III qu'excédées de fatigue : six lieues de marche, par une pluie battante, dans des chemins défoncés! La pluie ayant distendu les cordes des arbalètes, les arbalétriers français ne purent tirer. « Sus à la ribaudaille! » crièrent nos chevaliers en se ruant sur leurs malheureux archers. Effroyable, sanglante cohue!... 3800 morts restèrent sur le champ de bataille, dont 1800 chevaliers.

 

Siège de Calais, 1347.

Edouard III, victorieux, grâce à la discipline de son infanterie et son armement, grâce surtout à l'indiscipline des chevaliers français, alla mettre le siège devant Calais ; il voulait avoir un port d'accès facile en France.

Calais se défendit héroïquement. Mais les Anglais triomphèrent et restèrent maîtres de Calais. Ils conserveront ce port pendant 210 ans.

 

La Guerre de Cent Ans sous le règne de Jean le Bon, 1350-1364.

— La guerre avec l'Angleterre, interrompue grâce à une intervention du pape, reprit en 1355, sous le règne de Jean le Bon, fils de Philippe VI;  elle fut marquée par la défaite de Poitiers (1356) et par le honteux traité de Brétigny (1360).

Le désastreux règne de Jean le Bon s'acheva par une mesure des plus funestes : il donna le duché de Bourgogne à son quatrième fils, créant ainsi une puissance qui sera redoutable pour le royaume.

 

 

Désastre de Poitiers, 1356.

— Le fils du roi d'Angleterre, le Prince Noir, à la tête de bataillons anglais, saccageait toutes nos provinces de l'Ouest.

Il se retirait sur Bordeaux avec un immense butin, quand le roi Jean, qui le poursuivait, l'atteignit â Poitiers et donna l'ordre à ses troupes de le cerner.

C'était là une bonne tactique : les Anglais, privés de vivres, mourant de soif, allaient être forcés de se rendre. Jean n'avait qu'à ne pas combattre et les Anglais étaient vaincus. Mais il voulut effacer la honte de Crécy : il la doubla! »

A la tête de sa noblesse téméraire et indisciplinée, il alla follement se jeter contre les Anglais campés sur une colline; ceux-ci n'eurent pas de peine à cribler de flèches les imprudents chevaliers. L'armée française fut complètement défaite : le roi Jean fut même fait prisonnier(1356).

Le désastre de Poitiers eut pour conséquence le traité de Brétigny, signé en 1360, par lequel Jean le Bon cédait à Edouard III le Poitou, la Saintonge, le Limousin et le Périgord, plus une rançon de 3000 000 d'écus d'or (250 millions de francs). La rançon fut payée, mais les autres clauses du traité ne furent pas tenues.

 

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Les États généraux de 1356.

— Jean le Bon était prisonnier des Anglais: or, il fallait de l'argent, non seulement pour continuer la guerre, mais pour payer sa rançon.

Le dauphin, enfant de quinze ans, convoqua les trois Ordres pour obtenir les subsides nécessaires. 

Le tiers état avait comme président Etienne Marcel, prévôt des marchands de Paris. Ce fut lui qui dirigea l'Assemblée, car la noblesse avait sombré à Crécy et à Poitiers ; et le clergé presque tout entier, avait fait cause commune avec le tiers.

Les Etats de 1356 votèrent de nouveaux impôts pour continuer la guerre contre les Anglais, mais le tiers entendait mettre la royauté en tutelle, et il émit les vœux suivants :

1° les Etats se réuniront deux fois l’an ; 2° les finances seront administrées par les Etats généraux eux-mêmes, et tout le monde payera l’impôt de guerre. Mais ces idées démocratiques étaient trop avancées pour l’époque : la France ne les adopta pas.

 

 

59. Etienne Marcel était un homme remarquablement intelligent et énergique. Son but était de soustraire la France aux seigneurs qui disposaient, comme d'une proie, de notre pays qu'ils ne savaient même plus défendre. Il voulut que la France se gouvernât elle-même par ses représentants. Cela se fait aujourd'hui. Mais, à cette époque, cet idéal républicain était d'une réalisation impossible.

« Si les provinces avaient suivi Paris, la France aurait à la fois chassé l'étranger et remédié à l'inintelligence des Valois. Mais cette France du Moyen Age ne comprit pas. "Les provinces abandonnèrent. Paris. » Et, pour avoir tenté une révolution impossible alors, Etienne Marcel fut poussé à des excès de violence qui le perdirent.

C'est ainsi qu'il entreprit de faire monter sur le trône un petit-fils de Louis X : Charles le Mauvais, roi de Navarre, l'allié des Anglais ! Il allait lui ouvrir les portes de Paris lorsqu'il fut assassiné par Jean Maillard, l'un des chefs du parti royaliste : ce parti avait déclaré Etienne Marcel coupable de trahison. Ainsi, le grand effort de cet homme remarquable fut inutile et tout retomba dans le chaos.

 

 La Jacquerie.

60. — Pour faire triompher sa cause, Étienne Marcel n'avait pas seulement fait alliance, avec Charles le Mauvais ; il avait aussi fait alliance avec les paysans qui, ruinés par la guerre des Anglais et par la guerre civile, maltraités par les nobles, s'étaient révoltés et avaient déterminé au coeur même de la France l’épouvantable explosion de fureur que l'histoire appelle la Jacquerie (1358).  

Au xiv siècle, les paysans n'étaient plus les serfs de l'âge précédent; ils avaient acquis quelques richesses; leurs fermes et leurs villages étaient fortifiés; ils avaient même l'usage des armes. Mais depuis les batailles de Crécy et de Poitiers, les seigneurs, pour approvisionner leurs châteaux et solder leurs hommes d'armes, les avaient cruellement tyrannisés, leur enlevant bestiaux, charrues, vêtements, vivres; les réduisant à la condition des bêtes, les torturant à plaisir, les tuant sans pitié.

Les paysans, « jusque-là indifférents aux affaires générales de l'État, commencèrent à comprendre que les grandes batailles se livraient et se perdaient à leurs dépens ». Poussés à bout, ils résolurent de se venger de leurs longues souffrances.

« Ce serait grand bien, disaient-ils, que tous ces nobles fussent détruits : au lieu de nous défendre, ils nous font plus de mal que les ennemis. » Alors « ils montrèrent la férocité d'esclaves qui ont brisé leurs chaînes et qui tiennent sous la main leurs oppresseurs ». La révolte sévit surtout dans la France septentrionale.

Les Jacques attaquèrent les châteaux et les monastères, brûlèrent, massacrèrent tout; ils s'en donnèrent à pleine joie sur leurs tyrans et leur rendirent au centuple leurs atrocités. Ils se firent un roi auxquels ils donnèrent le surnom de Jacques Bonhomme, du nom que les seigneurs donnaient par dérision aux paysans.

De son côté, la noblesse se mit en campagne contre les Jacques.  Dès lors, la guerre fut partout et l'anarchie devint effroyable : bandes anglaises, troupes de Jacques, milices bourgeoises, bannières de chevaliers, couraient les unes sur les autres en un désordre sans exemple.

Le roi des Jacques fut pris : on le couronna d'un trépied brûlant et il fut pendu. Enfin, au bout de six semaines, les campagnes étaient rentrées dans le silence, mais incultes et... dépeuplées !. (D'après LAVALLEE) 

 

REPRISE DE LA GUERRE DE CENT ANS

Sous Charles V, 1364-1380.

— Les Grandes Compagnies. — Le traité de Brétigny, qui suspendit la guerre avec les Anglais pendant neuf années (1360 – 1369), ne donna pourtant pas le repos complet à la France. Les Grandes Compagnies, mercenaires qui se louaient pour faire la guerre, se trouvant sans travail, ravageaient le pays. Du Guesclin les entraîna : 1° en Bretagne : 2° en Espagne

En Bretagne, deux prétendants se battaient pour la couronne ducale : l'un, Charles de Blois, soutenu par la France; l'autre, Jean de Montfort, soutenu par l'Angleterre. Mais Charles de Blois fut tué à Auray et Du Guesclin fait prisonnier. Le roi Charles V paya la rançon de son infortuné serviteur, puis termina la guerre de Bretagne par le traité de Guérande (t365) qui reconnaissait Jean de Montfort comme duc de Bretagne.

 En Espagne, deux frères, Henri Transtamarre, protégé de la France, et Pierre le Cruel, protégé de l'Angleterre, se disputaient le trône de Castille. Du Guesclin combattit pour Henri Transtamarre ; mais le vainqueur de Crécy et de Poitiers, le prince Noir, le fit une deuxième fois prisonnier à la bataille de Navarette (1367). La rançon payée, et Du Guesclin rendu à la liberté, il retourna se battre en Castille; Pierre le Cruel fut tué au combat de Montiel (1369). Cette expédition eut surtout pour résultat de débarrasser la France des Grandes Compagnies.

 

Reprise de la guerre avec les Anglais, 1369.

— La guerre directe avec les Anglais recommença en 1369. Charles V, dont la main débile ne pouvait tenir une épée, avait l'âme forte et l'esprit supérieur. Il savait prévoir et vouloir. Très habile diplomate, il avait conclu de nombreuses alliances, négocié d'utiles mariages.... Bref, il avait orienté toutes les chances de son côté. Il mit sur pied quatre armées et nomma Du Guesclin connétable, avec ordre d'envahir la Guyenne. Dans le même temps (1370), l'évêque de Limoges, allié des Anglais, « se tournait vers les Français ».

Furieux de cette défection, le prince Noir entra à l’imoges, fit décapiter 30 000 citoyens; mais, atteint d'une maladie mortelle, il dut quitter la France. Il ne rentra en Angleterre que pour languir et mourir. Le connétable Du Guesclin évita constamment les batailles ; il fit une guerre d’escarmouches ; il épuisa l’ennemi en le harcelant sans répit. Si bien que, en 1380, à la mort de Charles V, les Anglais n’avaient plus en France que cinq villes : Bayonne, Bordeaux, Brest, Cherbourg et Calais.

 

Sous le règne de Charles VI, 1380-1422.

- Des révolutions dynastiques ayant surgi en Angleterre, la substitua l'adresse, la guerre fit trêve et la France eut, durant trente-cinq années (jusqu'en 1413) la paix avec sa rivale d'outre-mer. Mais notre malheureux pays, au lieu de se refaire, devint alors la proie de la guerre civile.

La mort prématurée de Charles V ayant donné la couronne à un enfant f de douze ans, Charles VI, le gouvernement fut exercé par les trois oncles du petit roi : les ducs de Berry, d'Anjou et de Bourgogne, hommes cupides et cruels, qui écrasèrent le peuple d'impôts.

 En 1392, Charles VI devint fou ; une nouvelle période de désastres commença, que marquèrent si tristement: 1° la guerre des Armagnacs et des Bourguignons; 2° la défaite d'Azincourt et le traité de Troyes.

 

Guerre des Armagnacs et des Bourguignons.

— Charles VI étant tombé en démence, son frère, le duc d'Orléans, marié à la fille du comte d'Armagnac, et son oncle, le duc de Bourgogne, Jean sans Peur, se disputèrent le pouvoir avec acharnement. Jean sans Peur fit assassiner Louis d'Orléans (1407). Dès lors, le royaume se divisa en deux camps : d'un côté, les Bourguignons, soutenus par la milice sanguinaire des Cabochiens ou Écorcheur; de l'autre, les Armagnacs, ayant à leur tête le fils de Louis d'Orléans, qui avait juré de venger son père. (Ce fils s'appelait également Louis). De part et d'autre, il y eut des luttes effroyables!...

En 1419, Jean sans Peur payera son crime : Louis d'Orléans le fera assassiner au pont de Montereau.

 

Reprise de la guerre avec l'Angleterre.

— Henri V profita des discordes de notre pays pour recommencer la guerre. Avec le concours du duc de Bourgogne, il s'empara de la Normandie.

Mais le comte d'Armagnac, à la tête de la cavalerie féodale, marcha contre les Anglais et les Bourguignons : une bataille eut lieu à Azincourt (1415). Hélas! ce fut une déroute complète.

Cinq ans après Azincourt, en 1420, la reine Isabeau de Bavière fit signer au pauvre roi dément le traité de Troyes. Ce traité excluait le dauphin du trône et donnait la France entière en dot à la fille de Charles VI, Catherine, qui épousait le roi d'Angleterre.

Mais le pays ne sanctionna pas la trahison de cette mauvaise mère. La France refusa de se livrer à l’Angleterre.

 

La France à la mort de Charles VI.

En 1422, le fils du roi d'Angleterre fut, en vertu du traité de Troyes, proclamé roi de France et solennellement couronné à Paris, sous le nom de Henri VI. Quant au fils déshérité de Charles VI, il s'était réfugié au sud de la Loire, à Bourges. Mais ce « roi de Bourges » avait un grand avantage sur l'autre, il était Français et il avait pour lui tout ce qui était français dans le pays.

En 1428, les Anglais vinrent assiéger Orléans, clef de la Loire: ils allaient s'en emparer quand parut Jeanne d'Arc, la Fille au grand coeur! »

 

Jeanne d'Arc.

—Jeanne d'Arc naquit vers 1412, à Domrémy, sur la frontière des deux provinces de Lorraine et de Champagne, restées fidèles à la France et à la cause de Charles VII. Jeanne exprimait l'ardeur patriotique de ces deux provinces en disant : « Mon coeur saigne quand je vois couler le sang d'un Français. » Ce vif patriotisme se confondait en elle avec un sentiment de piété mystique.

 « Par-dessus tout, elle était simple ; elle resta toujours si près de la nature que ceux qui ne croient qu'à la nature sourient à cette fleur des champs, à cette fraîche tige sauvage et parfumée, en sorte qu'elle fait encore les délices de ceux qui, dans leur philosophie, s'en tiennent aux apparences et craignent que tout ne soit illusion.

La loyauté avec laquelle elle servit son roi va droit au coeur de ceux qui gardent le deuil de l'ancienne monarchie. Elle vécut, elle s'arma, mourut pour la France, et c'est ce qui nous la rend chère à tous indistinctement. Étant d'humble naissance et pauvre, elle fit ce que n'avaient pu l'aire les riches et les grands, gloire cl dans la victoire, elle aima les humbles comme des par- là, elle nous est douce et sacrée. Notre démocratie moderne ne peut que vénérer celle qui a dit:

• J'ai été envoyée pour la consolation des pauvres et des indigents.

• Ce n'est pas tout encore. Il y avait en elle des contrastes charmants qui la rendent aimable à tous .... c'était une fil du peuple et c'était un bon chevalier.

•  La patrie et l'humanité lui doivent les plus pieux hommages. » (ANATOLE FRANCE.)

 

Orléans, 1429.

— jeanne écoutait des voix célestes qui lui disaient de sauver la France.

Elle avait si grande foi en sa mission que, triomphant des résistances paternelles, elle s'en alla trouver le dauphin à Chinon. Elle avait alors dix-sept ans. Charles se laissa convaincre et lui donna des hommes d'armes. Jeanne revêtit une armure complète, monta un cheval de bataille et, tenant ferme son étendard blanc, marcha sur Orléans. Elle fit bien comme elle avait dit : le 8 mai 1429, le siège d'Orléans était levé, et les Anglais chassés des alentours.

 

Reims, 1429.

— Jeanne d'Arc, victorieuse à Orléans, conduisit le Dauphin à Reims pour qu’il y fût sacré. Le 17 juillet 1429, date du sacre, le dauphin devenait, par le fait même de son sacre, le roi légitime de France sous le nom de Charles VII. Dès lors, sauf à Paris, le roi d'Angleterre ne fut plus considéré que comme un usurpateur.

 

Compiègne, 1430

.— Jeanne ayant accompli les deux grands actes de sa mission ; 1° la délivrance d'Orléans ; 2° le sacre du roi à Reims, eût souhaité retourner à son village : « Ma mission est accomplie », disait-elle. Mais on la mena sur Paris, qui refusait d'ouvrir ses portes à Charles VII; elle y échoua et fut blessée. Peu de temps après, elle fut prise à Compiègne et livrée aux Anglais.

 

Rouen, 1431.

— Les Anglais transportèrent leur captive à Rouen. Ils l'accusèrent de sorcellerie. Pendant son procès inique, elle confondit ses juges, présidés par Pierre Cauchon, êvêque de Beauvais, « l'une des plus hideuses figures de l'histoire » et que Jeanne a flétri par cette phrase de désespoir qui a traversé les siècles : « Evêque, je meurs par vous ». Mais sa condamnation, résolue d'avance, avait été payée à ses mauvais juges.

 

Jeanne d'Arc fut brûlée vive à Rouen, le 30 mai 1431; elle avait dix-neuf ans!... Sur son bûcher la martyre de la patrie n'eut pas un reniement; le doute sur « sa mission » divine ne l'effleura pas. Les Anglais en proie aux remords purent dire : « Nous sommes perdus; nous avons brûlé une sainte!... »

 

 

Les résultats de la guerre de Cent Ans.

— La France sortit de la guerre de cent Ans effroyablement ravagée et dépeuplée. Dans certaines régions, aux environs de Sentis par exemple, on ne trouvait plus un seul habitant dans les villages totalement abandonnés. Des villes avaient presque disparu. Limoges, en 1435, n'avait plus que cinq habitants. De cette épouvantable misère, la France se remit assez rapidement.

 Elle gagna à la guerre de Cent Ans d'avoir définitivement chassé les Anglais de son sol, en leur enlevant la Guyenne, qui leur appartenait depuis le mariage d'Eléonore d'Aquitaine avec Henri Plantagenet.

Mais surtout, la France gagna à la guerre de Cent Ans de prendre conscience d'elle-même. Avant la guerre, il y avait des provinces françaises, mais point de peuple français. C'est au milieu des souffrances de l'invasion que les Français se sont tous sentis frères ; c'est dans la douleur de la défaite qu'est né le patriotisme français. (D'après A. MALET.)

 

Fin de la guerre de Cent Ans.

 - En 1450, le connétable de Richemont, frère du duc de Bretagne, attaqua les Anglais à Formigny, près de Saint-Lô; il leur infligea une défaite complète; et en 1451, ils durent quitter la Normandie qu'ils occupaient depuis 35 ans.  

Bordeaux, à la suite de la victoire de Castillon (1453), se rendit et Charles VII rentra en possession de l'héritage d'Éléonore : l'Aquitaine où les Anglais étaient installés depuis le XIIe siècle, redevint française.

Dès lors, les Anglais ne possédant plus que Calais, la guerre de Cent Ans était bien finie. 

 Administration de Charles VII.

— Après avoir terminé la guerre de Cent Ans, Charles VII travailla à réparer les malheurs de la France, à mettre de l'ordre dans tous les services de l'État et à fortifier l'autorité royale. Déjà, en 1438, il avait publié la Pragmatique Sanction de Bourges, destinée à régler les relations des deux grandes puissances: la puissance spirituelle et la puissance temporelle.  

La France doit à Charles VII deux créations très importantes : 1° la création d'une armée régulière et permanente ; 2° la création de l'impôt permanent pour solder l'armée régulière. Avec l'armée permanente, créée sur les conseils du connétable de Richemont, le roi eut désormais une force tout à lui et toujours disponible pour réduire les nobles; l'art de la guerre se perfectionna et peu à peu l’armée féodale disparut. 

Quant à l'administration, des finances, elle fut confiée à Jacques Coeur, riche négociant de Bourges, qui mit à la disposition du roi son énorme fortune. Ce fut le premier ministre des finances, ou argentier, qu'ait eu la France. « Charles Vil témoigna l'ingratitude la plus odieuse à son argentier; il l'abandonna à la jalousie des  courtisans comme il avait abandonné Jeanne d'Arc à la haine des Anglais.  

 

Destruction de l'Empire d'Orient par les Turcs, 1453.

— A l'époque où la guerre de Cent Ans venait de se terminer (1453), les Turcs, commandés par Mahomet II, s'emparèrent de Constantinople, héroïquement défendu par l'empereur Constantin XIII, et détruisirent l'Empire byzantin ou Empire grec, que Théodose mourant (395) avait détaché de l'Empire romain. L'Empire grec s'était maintenu pendant plus de 1000 ans. 

 

— Fin du Moyen Age.—

C'est à la date de 1453 que s'arrête l'histoire du Moyen Age.  En effet : maintenant que les grands États d'Europe sont constitués, des rivalités de nation à nation vont se manifester. En même temps, de grandes inventions, de grandes découvertes vont transformer les relations du Monde.

 

 

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