Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
PHystorique- Les Portes du Temps
23 avril 2019

Campo Vogladise 507 : Clovis, Alaric, la Bataille de Vouillé – la vallée aux morts (Voyage virtuel dans le temps)

Clodoveus rex cum Alarico rege gothorum in campo Vogladise super fluvium Clinno, milliaro decimo ab urbe Pictavâ convenit

Voici comment la grande bataille a pu se dérouler :

Le roi des Francs part de ses Etats avec son armée pour faire la guerre de religion qu'il déclare aux Wisigoths.

Clovis peut attaquer Alaric ; par l'Episcopat il est sûr des populations gallo-romaines qu'il va traverser au-delà de la Loire. « Il me déplaît dit-il de voir ces ariens occuper une partie des Gaules. Marchons avec l'aide de Dieu et après les avoir vaincus réduisons leur pays en notre pouvoir. Ces paroles ayant plû à tous, il met son armée en mouvement et se dirigea sur Poitiers. Alaric était depuis longtemps établi dans cette ville ». (Gregoire de Tours, II, 37).

L'armée de Clovis était considérable et ne se composait pas uniquement de Francs ; il avait obtenu le secours de Sigebert roi des Francs ripuaires, que lui avait envoyé son fils Clodéric, (Grégoire de Tours).

Clovis était prévenu depuis longtemps par l'Eglise du concours assuré d'une partie des populations soumises au milieu desquelles il allait pénétrer ! « Beaucoup de gaulois dit encore Grégoire désiraient alors avec ardeur avoir les Francs pour maîtres ».

Il faut bien préciser en passant que les Francs étaient des chrétiens orthodoxes ou nicéens et les Wisigoths des chrétiens ariens.

Je ne commenterais pas si Clovis ramassait sur sa route de nombreux chrétiens orthodoxes ; je ne rechercherais pas non plus quel fut le point de départ de Clovis avec son armée : Paris, Chartres, ou Orléans ; ni s'il a passé par Tours ou par Loches pour arriver à toucher l'armée d'Alaric. Je n'occuperais les lecteurs que de son arrivée sur les bords de la Vienne à Senones (Cenon) puisque les historiens sont d'accord pour cet endroit.

A Cenon, la voie romaine traversait la Vienne au gué et se dirigeant sur Poitiers. Clovis ne put franchir la rivière car elle se trouva accidentellement grossie par les pluies. Voulant aller vite et apprenant sans aucun doute par ses espions chrétiens qu'Alaric était prévenu de l'envahissement de son royaume par les Francs et sentant le roi des Goths lui échapper par un départ précipité de Poitiers pour venir s'établir et se fortifier dans le camp de Bonneuil, Clovis empruntant le vieux chemin gaulois de la rive droite de la vallée de la Vienne, se dirigea vers le sud par Bonneuil-Matours, Chauvigny, Cubord afin de lui barrer la route de l'Auvergne.

Clovis dut apercevoir des coteaux du Montauban, le campement des troupes wisigothes installées sur la rive gauche dans le camp de Bonneuil, mais la Vienne étant toujours débordée, ses émissaires pour plus de sûreté lui conseillèrent de marcher jusqu'aux vieux camps romains de la Duguerie et de Canoin, de s'y arrêter jusqu'à la décrue et de là surveiller la vallée.

LE CAMP DE CANOIN.

Clovis décida de séjourner à Canoin tant que la Vienne ne serait pas baissée. (La marque de son séjour disent les gens du pays est connue par la fontaine du camp à laquelle on a donné le nom de la Font-Chrétien, que le cheval du roi fit jaillir des « rochers de Clovis » et son siège de pierre, « le siège du roi ».

De son côté Alaric, prévenu également et ne pouvant pour la même cause franchir la Vienne au gué de Cubord, dût attendre le secours des Arvernes par la petite voie romaine qui va du Plateau Central à Poitiers par la Chapelle-Viviers. Il dut donc se fortifier dans son camp permanent de la cote 123.

LE CAMP DE BONNEUIL.

Alaric, connaissant les éléments autochtones de la vallée était plutôt bien reçu ; il pouvait y séjourner sur des renseignements apportés par les étrangers et le collège des bateliers venant du nord et du sud et qui fréquentaient l'emporium (marché) de Civaux.

D'un autre côté, l'ancienne bourgade romaine de Toulon, petite villégiature des riches wisigoths poitevins, lui était un endroit favorable et de connaissance. On le prétend né là ?

lors de la Bataille de Vouillé une biche indique un passage à gué sur la Vienne à Clovis Illustration de Gustave Doré (1880)

Ne recherchons pas si Alaric n'ayant que très peu de soldats à sa suite et prévenu de la grande armée de Clovis, ait voulu fuir chez ses partisans sans livrer bataille et tenté de prendre le chemin de l'Auvergne, courir au-devant des renforts des Ostrogoths ; mais continuons en nous servant de l'histoire du pays qui veut que Clovis vit de grand matin près de son camp une biche traverser la Vienne en face de Loubressac ; l'endroit fut appelé depuis « le gué de la biche ». proche de Lussac les Châteaux.

 

La rivière ayant baissé et le roi devinant là un passage, il y traversa la Vienne avec toute son armée » composée de plus de 60.000 combattants » dit Bouchet dans les Annales d'Aquitaine ; il tourna ensuite sur sa droite en remontant vers Civaux le chemin gaulois de la vallée qui mène vers Bonneuil.

L'EMPORIUM DE CIVAUX.

A ce moment, les soldats de Clovis pillèrent-ils l'emporium de la vieille cité gallo-romaine pour vivre ; la tradition populaire veut que devant les dépradations et les viols commis par les guerriers francs, l'administration de la cité vient se plaindre à Clovis.

Des émissaires furent donc envoyés chercher Alaric pour repousser les envahisseurs. Celui-ci se rend à Civaux. Des pourparlers ne purent avoir lieu. Clovis pressé d'en finir lui présenta la bataille par le vieux diton : « Ci vaut, tant qu'ailleurs ! »

Aussitôt la lutte s'engage, mais les soldats d'Alaric peu nombreux et surpris, tournent bride devant l'audace du roi et les forces franques.

Le roi des Wisigoths à peine a-t-il rejoint Bonneuil que les soldats du camp pris à l'improviste par les Francs s'enfuirent éperdus au nord-ouest de la vallée, les uns Vers Pouillé (et non Vouillé), et le plus grand nombre jusqu'à la grande voie romaine de Chauvigny au lieu-dit : les Chirets, laissant dans cette fuite désordonnée de nombreux morts et blessés.

LES DEUX GUÉS : DE LA CHAUSSÉE ET DES GOTHS.

C'est alors que, traversant la Vienne en deux endroits, au gué de la Chaussée romaine (des Chirets) et au gué des Goths près du pont du chemin de fer actuel (sud de Chauvigny) en direction du Berry et de l'Auvergne, les Wisigoths ne purent résister à l'avalanche des Francs.

Campo Vogladise 507 Clovis, Alaric, la Bataille de Vouillé – la vallée aux morts (Voyage virtuel dans le temps)

(La vallée aux morts Belvédère "Camp retranché de Clovis" Clodoveus rex cum Alarico rege gothorum in campo Vogladise super fluvium Clinno, milliaro decimo ab urbe Pictavâ convenit )

 

 

LA VALLÉE DES GOTHS.

La « vallée des Saules » dit la « Chronique de Martial Hubert » est appelée « vallée des Goths » du nom des vaincus.

Alaric y fut tué par Clovis ; la bataille terminée, la vallée est jonchée de cadavres. « Les cadavres étaient si nombreux dans la plaine, dit Fortunat, que leur masse simulait des collines ».

LE CHAMP DES AUVERGNATS.

Le petit nombre de survivants wisigoths réussit à s'enfuir par le chemin des romains vers Villa-Vivarius (La Chapelle-Viviers) avec Amalaric, le jeune fils d'Alaric. Une poursuite des Francs avec Théodoric, le fils de Clovis, réduisit encore leur nombre près de Vaux, au « champ des Auvergnats », au lieu-dit : la Courance.

LA CROIX DE LA « VICHOUNE ».

Les vieux habitants de Chauvigny montrent encore l'endroit où le roi des Wisigoths fut tué. C'est à l'intersection du ruisseau le Boglodio, du chemin des Eglises, du petit pont qui traverse la route de Chauvigny à Lussac, et de la ligne du tramway Chauvigny-Bouresse.

Un calvaire appelé « la croix de la Vichoune » occupe aujourd'hui l'emplacement où, autrefois, s'élevait une chapelle qui disparue sous l'invasion des Normands.

On dit encore que la « vigne de la Bouclière » est le lieu où Clovis après avoir tué Alaric et poursuivi par deux Wisigoths armés de hache ne dut son salut qu'à la protection de son bouclier ; de là le mot « bouclière ».

En 1885, de nombreux fers de lance, bronzes, armes diverses ont été trouvés dans un champ à proximité et appartenant à M. Bernier ; malheureusement des fouilles ne furent pas poursuivies.

LA VALLÉE DES EGLISES.

La « Chronique de Chauvigny » veut que la vallée des Goths fut appelée après la bataille « vallée des Eglises et que le ruisseau le Boglodio qui suit cette vallée cesserait de couler à partir de l'endroit où les cadavres amoncelés arrêtèrent son cours.

Nous nous sommes rendus compte de tous ces vieux récits populaires. Les vieilles chroniques portent bien qu'aux temps les plus reculés, l'endroit de la bataille était occupé par une partie de Chauvigny et qu'on appela « les Eglises », en reconnaissance dit-on au « dieu de Clotilde qui fit gagner la victoire. »

Que la vallée des Goths se trouve changée de nom par moitié sur le plan cadastral de 1833 et que l'autre partie s'appelle « vallée des Eglises » à partir de l'endroit où se trouve la grotte préhistorique de Jioux?

Quand au petit ruisseau « qui cessa son cours » « le Boglodio », son embouchure est à sec en été; il faut pour cela le suivre jusqu'au cul de sac du vallon. En effet, presqu'en face la grotte, le ruisseau disparaît pour se perdre dans un gouffre, ce qui est tout naturel, mais ce qui ne l'empêche pas l'hiver de suivre son cours pour venir se jeter dans la Vienne.

L'écrivain Maxime de Sarragosse qui au Moyen-Age cite dans son ouvrage le nom de Boglodoreta, ne serait-il pas le Boglodio dont le mot a pu être déformé par l'usage des siècles et qui serait le lieu de la bataille ?

De même Alaric aurait été enterré dans une île de la Vienne. La légende du pays veut qu'il soit enterré dans le lit de la rivière comme le fit son aïeul Alaric Ier enterré en Italie dans le fleuve Busento en 410. Les vieux de la Vallée rappellent que l'endroit désigné dans la Vienne serait l'ile Aric (abréviation d'Alaric) située près de l'entrée de la vallée des Goths. Cette ile aujourd'hui disparue par une déviation du cours de la rivière, est rattachée à la rive droite sous le nom plus connu de ile Abeuion, presqu'à l'embouchure du Boglodio. La grande ile située en face, près du Viaduc, est de formation plus récente.

Tout cela donne à penser, que malgré tout, les légendes de nos ancêtres, en arrivant jusqu'à nous, finissent parfois par s'accorder avec les réalités historiques.

PILLAGE DE CHAUVIGNY PAR CLOVIS.

Après la bataille, Clovis qui avait parlé en maître et offensé les habitants à son passage dans la ville de Chauvigny, ses soldats qui avaient dévasté la contrée, firent que les Chauvinois jaloux de leur indépendance ravie, ne voulurent pas se soumettent aux nouveaux vainqueurs. La légende veut que pour se venger, Clovis fit brûler la ville et les temples, « disparaître le campus » et selon la Chronique », il laissa dans le pays un chef franc nommé Cherroë qui appliqua des ordres barbares.

Clovis voulut que l'endroit où il gagna la victoire fût consacré aux Eglises orthodoxes. En effet, dans ce malheureux pays déjà tant de fois mutilé, de nombreuses églises furent mises en construction en remerciement au dieu des chrétiens. Elles seront plus tard rivales et vivront dans un fleuve de sang sur la contrée.

Ainsi donc le sort de la Gaule et du territoire chauvinois furent réglés en l'an 507 par la funeste bataille, qui fut la victoire de la religion nicéenne et de la défaite de la religion arienne.

Chauvigny et les Chauvinois / Pol Jouteau

 

Carte des Gaules lorsque Clovis vint y jetter les Fondements de la Monarchie Française <==.... ....==> Archéologie : Sur les traces de Clovis et le fondement des pierres du Premier Royaume

==> Clovis et l’Histoire des Francs dans les récits de Grégoire de Tours.

Publicité
Commentaires
PHystorique- Les Portes du Temps
Publicité
Publicité