Brigandage en Poitou de Guillaume l'Archevêque, seigneur de Parthenay et Hugues de la Marche, comte de Lusignan.
Henri III d’Angleterre fils du roi Jean sans Terre d'Angleterre et d'Isabelle d'Angoulême monta sur le trône en 1216 à l'âge de neuf ans. Le début de son règne fut dominé par ses conseillers Hubert de Burgh et Pierre des Roches. Comme le roi était encore jeune, la régence échut au comte de Pembroke (1216-1232).
Le Poitou convoitée par le roi de France et que ne pouvait défendre le roi d'Angleterre, trop occupé dans son île à résister à ses barons.
La sécurité n'existait donc nulle part ; Guillaume l'Archevêque, seigneur de Parthenay et Hugues de la Marche, comte de Lusignan profitant de la jeunesse d’Henri III exerçaient partout dans notre malheureuse province du brigandage.
Les troubles intérieurs de son royaume empêchaient le roi d'Angleterre de donner satisfaction aux réclamations des Niortais. Il lui fut impossible de leur envoyer un gouverneur avec des forces capables de réprimer les brigandages du seigneur de Parthenay.
Aussi, dès le mois de mars 1220, le maire de Niort fit-il parvenir une nouvelle lettre à Hubert de Burgh, justicier du roi d'Angleterre. Il peignait sous les traits les plus sombres la situation lamentable des habitants de la ville et des laboureurs des fermes voisines. On ne pouvait sortir hors des remparts on travailler dans les champs sans être exposé aux cruautés inouïes de Guillaume l'Archevêque, seigneur de Parthenay.
(Chartres Henri III Plantagenêt)
Voici cette lettre :
Vers mars 1220? LE MAIRE ET LA COMMUNE DE NIORT A HUBERT DE BURGH, JUSTICIER.
Royal letters n° 1031.
« A vénérable et discrète personne, Monseigneur Hubert de Burgh, le maire et la commune de Niort, salut et respect.
« La cruauté inouïe de Guillaume l'Archevêque, seigneur de Parthenay, nous force à vous porter nos plaintes.
Chaque jour et incessamment, avec le consentement de personnes que nous ne voulons pas vous nommer présentement, il met à rançon les bourgeois du roi, vole les autres, ou s'emparant de leurs bêtes de labour, il met les laboureurs en fuite ; le porteur des présentes et deux de ses compagnons, sans forfait, sans condamnation par défaut, sans avoir été pris sur sa terre, ont eu les yeux crevés par ses ordres.
C'est pourquoi nous vous supplions et nous implorons de votre amitié, dans laquelle nous avons une grande confiance, de ne pas différer, placés que nous sommes dans de telles embûches, à nous venir en aide ainsi que le roi.
Car le dit seigneur déclare que ce dommage si grand, il nous le fait subir pour cent marcs d'argent que lui avait promis Monseigneur le roi, père du roi actuel, pour raison de ce traître que vous avez fait pendre, quand vous teniez la sénéchaussée. » (Niort et La Rochelle de 1220 à 1224, par A. Bardonnet.)
(Promenade au pied de la tour Mélusine de Hugues de la Marche, comte de Lusignan et sa femme la comtesse-reine Isabelle d'Angoulême)
L'allié de Guillaume l'Archevêque que le maire et les échevins de Niort ne veulent pas nommer, n'est autre que Hugues de la Marche, comte de Lusignan, qui allait bientôt épouser Isabelle d'Angoulême et se mettre en révolte ouverte contre Louis IX.
Henri III voulait ménager ce puissant seigneur.
Par une lettre du 24 juillet 1219, il avait donné à Hugues de Lusignan comte de la Marche, pleins pouvoirs sur l'Aquitaine, et le sénéchal devait lui obéir.
Le roi d'Angleterre espérait s'attacher le seigneur le plus puissant de l'ouest, en faisant au comte de la Marche une position qui le rendait maître de cette vaste région. Aussi les bourgeois de Niort et des autres villes étaient-ils peu écoutés lorsqu'ils adressaient des plaintes contre un seigneur si redoutable, qui savait n'avoir à rendre compte à personne de ses actions.
Hugues de Lusignan était à cette époque si puissant, qu'avec de la hardiesse et de l'initiative il pouvait se tailler un royaume dans l'Aquitaine et se proclamer indépendant du roi d'Angleterre et du roi de France.
Ce comte avait sous sa dépendance de vastes possessions territoriales ; il était seigneur de Saintes, Tonnay-Boutonne, du grand fief d'Aunis, des comtés de la Marche et d'Angoulême ; il possédait les châtellenies et châteaux de Cognac. Jarnac, Merpins, Villeboin, Tubeterre, Langest, Pont-l'Abbé, Crozant, Châtel-Achard et autres ;
En Poitou, il était seigneur de Saint-Gelais. Cherveux, Bauçay, Prahecq, Frontenay. Lusignan, Montreuil-Bonnin, Béruges, Plessis-Meschin; il jouissait de la suzeraineté sur les fiefs du comte d'Eu. Nielle. Exoudun, Civray, Chizé, Pons, Taillebourg, Vouvent, Mervent, Moncontour et Fontenay le Comte.
On voit, par cette énumération, quelle était la puissance de Hugues de Lusignan ; mais ces villes, ces fiefs, ces châtellenies ne suffisaient pas pour se proclamer indépendant, il fallait de l'habileté et une haute intelligence ; ces deux qualités lui manquaient.
Aussi, plus tard, quand il se révolta contre Louis IX, il fut vaincu et obligé de se soumettre. Dès lors son grand rôle était fini et il n'avait plus d'espoir de conquérir la souveraineté.
Vers le mois d'avril 1220, le roi d'Angleterre se décida enfin à envoyer un sénéchal en Poitou.
Cette nomination, loin de rassurer les Niortais, ne fit que redoubler leurs alarmes.
Le choix de Henri III tomba sur le vicomte de Thouars, seigneur hostile aux habitants de Niort, qui avait assiégé et pris leur ville en 1204 et qui avait exercé les fonctions de sénéchal du Poitou, pendant plusieurs mois, au nom de Philippe-Auguste, avec une extrême rigueur.
( vieux pont de Niort protégé par un pont-levis au Moyen Age; E sur FORTIFICATION ANCIENNES ENCEINTES DE LA VILLE DE NIORT (plan)
Le maire et les membres de la commune de Niort, dès qu'ils connurent ce choix, s'empressèrent d'envoyer à Londres un nouveau message, ainsi conçu :
LE MAIRE ET LA COMMUNE DE NIORT A HENRI III.
Royal letters n° 1035. Printemps de 1220.
« A leur très-excellent seigneur, Henri, par la grâce de Dieu, etc., ses fidèles, le maire et la commune de Niort, salut et soumission prompte et dévouée.
« Nous rendons grâce à Votre Excellence de toutes les manières possibles, pour ce qu'elle nous a donné à connaître à son sujet par ses lettres. Quant à nous, nous demeurons toujours fidèles à votre service et nous venons vous éclairer sur l'état de votre terre de Poitou et les choses qui concernent votre honneur. Sachez, Seigneur, qu'il nous a été donné à entendre que, ce dont Dieu nous préserve, vous vous êtes proposé d'établir comme sénéchal, dans votre terre de Poitou, Monseigneur le vicomte de Thouars.
Comme ledit vicomte a été notre ennemi mortel, à cause des services par nous rendus à vous et à votre père, et que, ce qui est pire, il est encore dans les mêmes pensées ; comme du temps de notre seigneur, votre père, il nous a opprimés, nous et votre ville de Niort, autant qu'il a pu, par son siège et avec l'aide du roi de France ; nous prions instamment Votre Dignité, si vous aimez votre terre de Poitou, et nous, et votre propre honneur, de ne songer en aucune façon à établir ledit vicomte comme votre sénéchal, ni même faire sénéchal aucun des seigneurs de nos pays Poitevins. Car si vous le faisiez, ceux-ci gouverneraient, autant que possible, votre terre de Poitou à leur avantage personnel, comme déjà plusieurs l'ont fait du temps de notre seigneur, votre père. Après quoi, nous et vos fidèles, accablés de trop grandes exactions, il nous faudrait sortir de votre terre, et il en serait ainsi si vous n'apportiez pas dans cette affaire de bons desseins, du soin et de l'application. Qu'il plaise donc à Votre Excellence, nous envoyer des parties d'Angleterre, à nous ainsi qu'à vos fidèles, pour être votre sénéchal en Poitou, un homme puissant, noble, sage et discret, tel qu'il ait à la fois l'habileté pour traiter vos affaires, et la force pour garder votre terre de Poitou.
« Sachez aussi, Monseigneur, que notre seigneur, votre père, a donné à Savary de Rochefort, la vente, le péage et ses foires de Niort, ce qui pour vous, les vôtres et votre terre, n'a aucun but et ne rapporte aucun profit. Aussi nous vous avertissons de ne songer aucunement à confirmer d'avance et sans une volonté bien arrêtée, les dons que notre seigneur, votre père, a faits audit Savary et aux autres chevaliers et sergents pour leur faire garder votre terre de Poitou.
Car sachez, seigneur, que vous n'avez à Niort, de votre propre rente, que vingt-six livres seulement.
En effet, Monseigneur Geoffroy de Neville, votre sénéchal de Gascogne et Poitou, a confié à notre garde votre ville et la tour de Niort, parce qu'il nous a trouvés dévoués et fidèles à votre service et au sien. Et nous, nous gardons aussi fidèlement que nous pouvons et à nos propres frais, pour votre honneur et votre profit, votre ville et la tour de Niort.
« C'est pourquoi, nous prions avec attention et dévouement Votre Excellence de prendre promptement sur toutes ces affaires une bonne décision.
Veuillez, s'il vous plaît, sur ces choses et sur toutes les autres, nous récrire sans délai par vos lettres et par le porteur des présentes, votre volonté et votre arrêt... nous serons avec la volonté de Dieu toujours prompts et dévoués à vos ordres.
Transmettez-nous, s'il vous plaît... notre messager, porteur des présentes. Que Votre Excellence soit en santé » (Niort et La Rochelle, de 1220 à 1224, par A. Bardonnet.)
Henri III s'émut enfin des supplications des Niortais, et il obtint du comte de la Marche une trêve de sept semaines ; mais le seigneur de Parthenay et Guillaume Maengot le jeune refusèrent d'accepter cette trêve.
Alors la commune de Niort s'adressa encore à Henri III et lui fit connaître les menaces de ses ennemis.
Voici cette lettre, envoyée à Londres vers le mois de juin 1220 :
LE MAIRE ET LA COMMUNE DE NIORT A HENRI III.
Royal lettres n° 1030. Vers juin 1220.
« A leur révérend seigneur, Henri, etc., ses fidèles en toutes choses, le maire et la commune de Niort, salut, fidélité et dévoué service.
« Nous désirons notifier à Voire Excellence que, comme Monseigneur le comte de la Marche nous avait accordé, par vos instances et celles de messeigneurs Raoul Gernum et Jodoin de Doc. une trêve de sept semaines, et que nous n'y avions aucune confiance avant qu'il ne l'eût personnellement ratifiée, nous nous sommes adressés à Guillaume Maengot le jeune (Guillaume Maingot seigneur de Surgères), pour nous tenir sauvegardés du comte et de ses gens, et l'aire respecter cette trêve imparfaite.
Mais celui-ci nous a récrit que, si nous voulions lui rendre cent mares par an, que monseigneur Jehan, votre père, dont Dieu ait en paix l'âme, lui avait promis, il nous tiendrait sains et saufs sous su garde, qu'autrement nous aurions au contraire, à nous défendre contre lui et les siens, et déjà il nous a fait inquiéter. Semblablement nous avons confié nos lettres à monseigneur Guillaume l'Archevêque, pour qu'il nous assurât s'il observerait ou non ladite trêve.
Mais il nous a récrit lui-même qu'il n'observerait pas la trêve, bien plus, qu'il nous ferait tout le mal et tout le préjudice qu' pourrait, et il nous tient tellement assiégés que nous n'osons recueillir ni nos blés ni nos biens, et lui et plusieurs autres nous tendent chaque jour des embâches.
Sachez en effet que les soldats et les sergents de l'hôtel ou de la terre du comte de la Marche, s'unissent tous les jours à Monseigneur Guillaume l'Archevêque et à Guillaume Maengot, pour nous tendre des embûches, nous opprimer et nous ravager.
C'est pourquoi nous adressons à Votre Royale Majesté des prières infinies de prendre sur cela une décision immédiate et qui soit profitable à votre honneur, et d'y pourvoir de telle sorte que nous ne paraissions pas dépérir à votre service. » (Niort et La Rochelle, de 1220 à 1224, par A. Bardonnet.)
Cette lettre prouve, comme le fait remarquer M. A. Bardonnet dans son Mémoire sur Niort et La Rochelle, que Guillaume de Parthenay et Guillaume Maengot n'agissaient pas seulement dans l'intérêt de Hugues de Lusignan, mais pour leur compte personnel.
Ces vives instances ne produisent pas plus d'effet que les précédentes.
Les bourgeois de Niort, désespérés, s'adressent alors au justicier Hubert de Burgh en ces termes qui expriment un complet découragement :
LE MAIRE ET LES BOURGEOIS DE NIORT A HUBERT DE BURGH, JUSTICIER.
Royal letters n° 1034. Vers juillet 1220.
« A leur cher et vénérable seigneur Hubert de Burgh, justicier du seigneur roi d'Angleterre, ses dévoués en toutes choses, le maire et les bourgeois de Niort, salut, affection , obéissance, pleine et entière bonne volonté.
« Comme nous avons une confiance plus spéciale dans votre affection que dans celle des autres grands seigneurs de l'Angleterre, nous osons, dans notre ardent désir, implorer plus spécialement votre haute valeur et votre noblesse de veiller à l'honneur et à l'avantage de notre seigneur roi, et de daigner avoir pitié de ses autres hommes et de nous, qui sommes intolérablement opprimés et tourmentés de toutes manières par les grands seigneurs de nos pays.
Prenez garde cependant que si le seigneur roi confie le gouvernement de sa terre à quelqu'un de notre pays, il ne la confie à un homme qui la garde pour lui et se l'approprie, comme vous savez que l'ont fait témérairement plusieurs les temps passés. Mais vous qui, par la constance de votre fidélité, vous êtes entre tous rendu recommandable, prenez soin par la manifestation de votre pitié et l'intervention de nos prières, d'amener le roi et son conseil nous fournir, sans délai, contre les adversités et les persécutions que nous ont fait subir le sire de Parthenay et les autres riches et puissants, nos voisins, une aide et une assistance opportune.
Autrement, nous qui sommes toujours restés fidèles au seigneur roi et au seigneur son père, au moment de recueillir notre récompense, nous recevrions comme par ingratitude, le mal en échange du bien, et nous serions forcés, ce dont Dieu nous préserva, de succomber sous la multiplicité des poursuites, au moment même où, selon nos mérites, nous devrions vivre joyeusement dans une tranquillité complète et dans la paix.
Car, là où il n'y a pas de repos, même momentané, aucune stabilité n'existe. » (Niort et La Rochelle, de 1220 à 1224, par A. Bardonnet.)
En même temps, les bourgeois de Niort informent le roi d'Angleterre qu'avant l'expiration de la trêve le comte de la Marche a mis une sorte de blocus autour de leur ville, qui est exposée à subir, dans un court délai, la famine :
LE MAIRE ET LA COMMUNE DE NIORT A HENRI III.
Royal letters n° 174. Vers juillet 1220.
« A leur très-excellent seigneur, Henri, etc., ses fidèles et dévoués en toutes choses, le maire et la commune de Niort, salut et fidèle service.
« Nous désirons déclarer à Votre Excellence que comme une trêve avait été conclue entre le comte de la Marche et nous jusqu'à une époque déterminée, ledit comte nous a fait fermer l'entrée de tous ses fiefs par un de ses soldats ; et que , le terme de la trêve non encore échu, il a établi autour de nous son campement et il nous tient tellement opprimés que nous ne pouvons ni n'osons nous procurer, en dehors de votre château de Niort, le blé, le vin, le bois, ni rien de ce qui nous est nécessaire.
Et il fait tellement garder les voies et les chemins, que les hommes de monseigneur Scalon de Rochefort et des autres barons de Poitou, n'ont osé nous apporter ni les blés ni les choses nécessaires, et il dit que votre propre bien est de son fief.
C'est pourquoi nous supplions Votre Majesté Royale de toutes les manières que nous pouvons, fléchissant le genou et versant des larmes, de daigner ressentir de la pitié pour nous et nous porter un secours immédiat ; envoyez-nous un gouverneur tel que vous nous l'avez si fréquemment promis, qui puisse nous préserver, ainsi que votre terre de Poitou, d'un danger aussi imminent. » (Niort et La Rochelle, de 1220 à 1224, par A. Bardonnet.)
Enfin les Niortais trouvent un défenseur dans l'évêque de Saintes ; ils en font part au roi d'Angleterre dans les termes suivants :
LE MAIRE ET LES BOURGEOIS DE NIORT A HENRI III.
Royal lettres n° 175. Eté de 1220.
« A leur révérend soigneur Henri, par la grâce de Dieu, etc., le maire et les bourgeois de Niort, ses dévoués et fidèles en toutes choses, salut, obéissance due et service à la vie et à la mort.
« Que Votre Royale Majesté soit informée que, en raison de notre fidélité envers vous, et de l'envie de ceux qui vous sont hostiles, nous résistons toujours dans nos pays contre vos ennemis ; et que nous avons souffert dans nos personnes et dans nos biens des dommages innombrables, dont les plus déplorables et les pires, nous les supportons encore de la part du seigneur comte de la Marche, de Guillaume l'Archevêque, seigneur de Parthenay, et de Guillaume Maengot, le jeune.
Dans un si grand péril d'adversité, nous avons un refuge, un conseil, un secours unique, c'est Monseigneur l'évêque de Saintes qui se montre toujours prêt et favorablement disposé pour tout ce qui concerne votre honneur et notre utilité. Et, comme dans toute l'Aquitaine, il n'y a personne qui s'emploie avec autant de diligence et de fidélité pour notre défense et notre secours, nous venons, devant votre Majesté, combler sa bénignité de louanges, et multiplier les supplications pour que, s'il vous plaît, vous rendiez grâces audit évêque de Saintes du bienfait si grand qu'il nous a accordé. » (Niort et La Rochelle, de 1220 à 1224, par A. Bardonnet.)
L'intervention de l'évêque de Saintes était due au pape Honorius, qui avait fait parvenir une circulaire aux Poitevins et aux Saintongeais, leur défendant de prendre parti pour le comte de la Marche dans sa querelle avec le roi Henri, sous peine d'excommunication majeure.
Le comte de la Marche et sa femme Isabelle d'ANGOULÊME furent excommuniés.
Des négociations secrètes paraissent s'être établies, vers le mois de septembre, entre Hugues de Lusignan et le roi Henri III. A cette époque, Gerard Brochard, commandeur du Temple en Aquitaine, propose, pour éviter une guerre qui semble imminente, une conférence à Londres afin d'examiner les propositions présentées par le comte de la Marche et par ses contradicteurs.
Cette conférence n'eut pas lieu.
Enfin, une dernière lettre de la commune de Niort à Henri III, datée de septembre 1220, nous montre que la situation était restée aussi pénible et aussi alarmante pour les Niortais :
LE MAIRE ET LA COMMUNE DE NIORT A HENRI III.
Royal letters n° 1033. Septembre 1220.
A leur très-excellent seigneur, Henri, par la grâce de Dieu, etc., ses hommes fidèles, le maire et la commune de Niort, salut et prompte obéissance A ses ordres.
Nous supplions Votre Majesté Royale, genoux fléchis et larmes répandues, de daigner écouler avec bienveillance les pétitions que J. Monachi, notre clerc, vous montrera de notre part et de nous apporter sur ces choses secours et conseils, selon qu'il vous semblera convenable.
Daignez aussi transmettre au seigneur pape des lettres de votre main pour attirer ses bons conseils sur votre terre, et réprimer par son secours les malfaiteurs qui nous oppriment.
Plusieurs autres messages furent envoyés auprès du roi Henri III, mais ne produisirent pas plus d'effet que les précédents.
Cet abandon découragea les Niortais, qui commencèrent à tourner leurs regards et leurs espérances vers le roi de France.
Il résulte des faits qui s'accomplirent en Poitou depuis le commencement du siècle, que les villes communales de l'ouest de la France étaient commerçantes et riches, et qu'elles comprenaient la nécessité d'établir entre elles une association, afin de résister aux seigneurs qui voulaient les rançonner. Elles cherchent à s'entendre entre elles, afin d'organiser une milice plus capable de les défendre que leurs suzerains, qui les abandonnaient au moment du péril.
Les documents recueillis par M. A. Bardonnet constatent qu'à cette époque, La Rochelle, Niort et Saint-Jean-d'Angély avaient formé une association basée sur des intérêts communs.
Ces villes possédaient une bourgeoisie nombreuse, active, intelligente, qui s'enrichissait par le commerce des vins, des laines et des blés avec l'Angleterre, et surtout avec la Flandre.
« Les seigneurs poitevins savaient que les villes communales « étaient riches, et, au début du XIIIe siècle, ils leur faisaient « payer le plus chèrement possible, et chacun à son tour, « une neutralité douteuse.
Les exigences devenant trop fortes, les bourgeois essayant de résister, le seigneur rassemblait ses vassaux en armes, au Coudray-Salbart comme Guillaume de Parthenay, à Frontenay ou à Cherveux comme Hugues de Lusignan, auprès de La Rochelle comme Hugues de Thouars, et on marchait contre les villes. » (Niort et La Rochelle de 1220 à 1224, par A. Bardonnet.)
Les villes municipales n'étaient donc point protégées et elles devaient veiller elles-mêmes à leur sûreté pour défendre la vie et la fortune de leurs habitants, car le pouvoir suzerain était sans force et sans action.
Parfois il arrivait que c'était le poignard sur la gorge que les bourgeois des villes rançonnées étaient forcés d'adresser des lettres à leur suzerain pour qu'on n'inquiétât pas les seigneurs qui venaient de les traiter avec la dernière rigueur.
Dans une lettre écrite en octobre 1222 à Henri III par les bourgeois de La Rochelle, nous remarquons le passage suivant :
« Nous avons jugé nécessaire d'avertir Votre Excellence que nous ne pouvons éviter, quand les barons et les grands de Poitou nous en requièrent et sous peine d'encourir leur indignation et leur haine, de vous adresser des lettres d'intercession en leur laveur.
C'est pourquoi nous vous supplions avec humilité et dévouement de n'acquiescer jamais à nos prières quand elles vous sont adressées pour autrui, à moins qu'elles ne concernent des choses que vous et votre conseil reconnaîtrez vous être avantageuses. » (Niort et La Rochelle de 1220 à 1224, par A. Bardonnet.)
M. A. Bardonnet trace un tableau très exact de la misérable situation, à cette époque, des provinces de l'Ouest, dans la brochure pleine d'érudition qu'il a publiée sur Niort et La Rochelle de 1220 à 1224, et à laquelle nous avons fait de nombreux emprunts. Nous ne pouvions puiser à meilleure source des documents d'un haut intérêt pour l'histoire de Niort.
Voyage dans le temps avec les Cours d’eau du DÉPARTEMENT DEUX-SÈVRES <==.... ....==> Les Sires de Parthenay et la Gâtine pendant la première période de la Guerre de cent ans (Time Travel)
( Château médiéval de Vouvant, tour Mélusine - cie Capalle) Les principales, familles sorties de la souche 1er des Lusignans sont celles des comtes de Pembrocke et d'Eu, des seigneurs de Vouvant, de Saint-Gelais, de Lezay, de Couhé, de Lestang, des Marais, de Beauregard, et les Lusignans, rois de Chypre.
Enquêtes administratives d'Alfonse de Poitiersde 1255 environ :
Il dit aussi que lesdits hommes étaient à Niort avec des armes, avec le seigneur Guillaume V Larchevêque le père de ce Hugues II Larchevêque, et qu'ils passèrent la nuit sur la rivière de Coudray Salbart à peu près au moment où il a dit cela, il y a environ 40 ans.
Il dit également avoir vu lesdits hommes de Xaintray dans l'armée du seigneur Parthenay à Ciecq, près de Niort. Essai d’un voyage Historique de SCIECQ et Bois-Pouvreau au bord de la Sèvre Niortaise
Il dit également qu'il avait vu lesdits hommes, du temps du père de ce seigneur Parthenay, chevauchant vers Niort avec ledit père et couchés pendant deux nuits près de Coudray Salbart.
Il dit qu'il avait vu des hommes de Xaintray aller avec des armes dans l'armée du seigneur de Parthenay, à Niort et là passer la nuit dans les rivières de Coudray, et le lendemain déraciner les vignes de Niort, par ordre du dit seigneur
« Item dixit quod dicti homines fuerunt apud Niortum cum armis, cum domino Guillelmo patre istius Hugonis, et pernoctaverunt in riveria de Codreio. de tempore dixit quod circa XL annos.
Item dixit quod vidit dictos homines de Cintraio in exercitu domini Partiniaci apud Ciec.
In exercitu circa Niortum. Item dixit quod vidit dictos homines, tempore patris istius domini Partiniaci, in equitatu versus Niortum cum dicto patre et jacere per duas noctes prope Quodreium.
Dixit quod vidit homines de Cintraio euntes cum armis in exercitu domini de Partiniaco, apud Niortum, et ibidem in riveria de Codreio pernoctare, et in crastino vineas de Niorto extirpare, de mandato dicti domini. »
Codreium, Quodreium, castellum de Codreio.
Xaintray : Cintreyum en 1169, Cinteraium vers 1255, Cintrayum en 1266, Syntrayum en 1300, Cintrai en 1561, Cyntray en 1587, Sintrayen 1603, Caintray en 1615, St-Eugène de Cintray en 1648, Cintrais en 1704, Xaintheray en1724