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PHystorique- Les Portes du Temps
24 novembre 2020

Liste des seigneurs de la Roche sur Yon - Abbaye des Fontenelles

Ruines du château de la Roche sur Yon

On est fondé à croire, mais sans preuves bien positives, les titres s'étant perdus dans les incendies des guerres civiles, qu'au commencement du XIIe siècle, les seigneurs de la Roche-sur-Yon fondèrent l'abbaye de Notre-Dame-de-Belle-Fontaine, appartenant au diocèse d'Angers, et alors à celui de Poitiers, qui renfermait tout le territoire dont on fit en 1317 les diocèses de Maillezais et de Luçon.

 Cette maison reçut de grands bienfaits des seigneurs de Maulévriers (mala lepora). Après avoir été soumise quelque temps à Marmoutiers, elle devint enfin immédiatement dépendante du prieuré de St-Lienne : les moines y suivaient donc la règle de St-Benoît; ils furent remplacés en 1642 par les feuillants (1).

En 1771, elle était en commande, avait un revenu de 4,000 liv. et relevait du diocèse de la Rochelle (2). Des trappistes l'habitèrent depuis.

Nous savons aussi , par d'autres parchemins tirés du cartulaire de St-Lienne, plusieurs autres actes de concessions, de transactions, d'échanges ou de restitutions passés entre les seigneurs de la Roche et les prieurs du monastère pendant le cours du XIe siècle. Mais cette longue et uniforme série de documents conçus presque tous dans les mêmes termes est moins intéressante que monotone.

Les évêques de Poitiers, Guillaume IV, Grimoard, Jean III, Maurice de Blason, y figurent parfois comme autorité première; les doyens du chapitre Aimery et Gosbert, ce dernier surtout, devenu célèbre par son opposition ardente à St Bernard, y souscrivirent avec l'archidiacre Guillaume Airic.

Mais parmi ces noms il en est qui se rattachent à notre histoire et qui peuvent établir une suite des seigneurs de la Roche et des prieurs de St-Lienne.

 Je les recueille ici avec la date des pièces qui me les fournissent (3); et par occasion j'y ajouterai, à partir de 1369, les noms des princes qui possédèrent successivement et à divers titres, jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, le vieil héritage d'Ingelenus.

 

DATE

SEIGNEURS

PRIEUR

En 778-814 ?

Abbon. Son pouvoir s’étendait depuis Poitiers jusqu’aux rivages de l’Océan. Son nom se lit au bas d’une sentence rendue par les Missi dominici de Louis-le-Débonnaire le 28 avril 791.

 

815-826?

Bernard, cité avec la qualification d’homme illustre : vir illusler, en juin 815. Sous son administration parurent les Normands, aussitôt la mort de Charlemagne (814). Ils débarquent à l'Ile d'Her (Noirmoutier) et, après avoir pillé Bouin, se répandent dans le bocage.

 

828-839

Emenon. Sous lui, reparaissent en notre pays les pirates Normands, jusqu’à douze fois en ce neuvième siècle. On ne le vit pas tenter de les repousser, sans doute par impuissance.

 

839-866

Renoul I. Sous son administration, appelés par Lambert, comte de Nantes, les Normands réapparaissent, avec soixante-sept navires. Après avoir placé leur butin à Noirmoutier, ils s’étendent dans le sud du Bas-Poitou. Mais, lorsqu’ils revinrent en 852, Renoul et Bainon, comte d'Herbauges, les mettent en fuite : revenus par Luçon, les pirates brûlent cette ville et les alentours.

 

866-890

Renoul II. Fils du précédent, trouve notre contrée presque inhabitée, fin du IX e siècle.

 

890-892

Eble Manzer. L’histoire dit de ce seigneur qu’il fut chrétien pratiquant : le premier il place en tête de ses actes administratifs : gratiâ Dei, comes (Comte par la grâce de Dieu).

 

 892-902

Aymar. Appelé Adamarus : rien à signaler, aucun acte n’est connu de lui

 

902-935

Ebles. Revient de nouveau pour gouverner ce pays. Sa bravoure le rendit redoutable aux Normands : l'un des plus puissants seigneurs du royaume, il possédait toutes les qualités d’un chef de dynastie.

 

 935-963

Guillaume I, dit Tête d'Etoupe à cause de la couleur de ses cheveux. Toute sa vie fut employée à assurer la paix en Poitou. Le premier, il prend le titre d’abbé de Saint- Hilaire de Poitiers, que lui avait donné le roi Louis en récompense de ses services : s’occupa beaucoup de l'industrie du sel.

 

     

Seigneurs particuliers à la Roche-sur-Yon châtelains, gouverneurs (2), sénéchaux

(2) Les gouverneurs du château-fort au XIIIe siècle reçurent un traitement annuel variant de quinze à cent livres. Il leur était interdit de faire acte d'administration, sauf à la requête des sénéchaux. (Loquet.)

Ici notre champ d’action se borne à notre localité et à quelques territoires voisins : la Roche-sur-Yon mène en quelque sorte une existence personnelle.

     

987

INGELENUS, seigneur de la Roche, dut recevoir maintes fois dans ses domaines son seigneur et maître, Guillaume-Fier-à-Bras, qui avait fait du Bas-Poitou son rendez-vous de chasse et y donna plusieurs localités à son médecin et à ses intimes. Ingélénus nous est connu déjà par sa demande à Guillaume, abbé de Saint-Hilaire, des reliques de Saint Lienne, et leur bâtit une chapelle et un prieuré.

 

1035

Geoffroy, vicomte de Thouars,  Ce vicomte donne à Saint Lienne deux pièces de terre, qui se trouvent super Oionis flumen propè basilicas geminas in eo sitas, près du fleuve de l’Yon et des deux églises qui y sont élevées. Il fonde aussi des revenus pour la chapelle Saint- Jean déjà construite.

 

V. 1040

Adam, sous Guillaume Aigret, comte de Poitou. (Ch. de MARCHEGAY)

 

1092

Bernard (Bernardus de Rocha)châtelain gouverneur, donne à l'abbaye de Marmoutiers l’église Saint- Hilaire de la Roche, confirme cette donation, celle du château du Luc et du Poiré. Ce seigneur, dit Marchegay, est cité en quatre chartes, qui émanent de lui.

Guillaume

1098. — Othon de la Roche, frère de Bernard, baron, personnage le plus important du pays, choisi pour juger un différend entre les moines de Sainte-Croix de Talmont et ceux de Marmoutiers, au sujet des marais d’Angles.

1100

Pierre, fils d’Adam, confirme à Saint Lienne la donation de deux champs, près du château-fort.

 

1111

Idem

Herley

1115

Guillelmus de Rochà, fils de Bernard : à plusieurs reprises, on lit son nom dans le premier cartulaire de l’abbaye de l’Absie.

 

1120

Bardinus Consularis, Dapifer castri illius (1).

(1) Dapifer, maître d’hôtel, intendant, sous les Capétiens était sénéchal, rendait la justice ou commandait l’armée.

 

Joscelin

Gourmil

1137

Guillaume de Mauzé, sous Guillaume-le- Toulousain, comte de Poitou.

 

1160

Garath Geoffroy, sénéchal, pour le repos de l’âme duquel une fondation est faite en 1180 au prieuré de Saint-Lienne pour des prières à perpétuité

Pierre

 

Idem

Guillaume

1166

idem

Geoffroy

1168

Hugues. Ce seigneur a écrit à Puybelliard une donation de la Sébrandière, en présence de plusieurs autres seigneurs, réunis au prieuré de cette localité.

 

1171

Gaufredus sous le gouvernement de Richard et d'Aliénor.

 

1170

Chevrier de la Roche fait un procès aux moines de Saint-Lienne,

 

1180

Bernard Châlons, fils de Garath, par une charte de cette date confirme les rentes faites à la chapelle Saint-Jean, et le don de cette chapelle au prieuré Saint-Lienne, à condition qu’un prêtre la desservit et fit des prières pour son père.

Haimeric

1180

Gaufredus, sénéchal.

 

1182

Bernard de Machecoul, seigneur de la Roche.

 

1190

Raoul de Mauléon, héritier de Hugues, appartenait à la puissante maison des sires de Retz, co-seigneur de la Roche avec Guillaume Talevat, son beau-frère, laissa la seigneurie à son fils Bernard.

Pierre Moren

1190

Pierre Bertin, sénéchal, après avoir servi Guy de Thouars, et s’être croisé en 1147, s'attacha aux rois anglais. On le trouve sénéchal sous Richard et Aliénor.

 

1190

Hugon, seigneur.

 

1195

Bernard, seigneur, fils de Hugues selon quelques chroniqueurs, de R. de Mauléon selon d’autres. C’est ce Bernard qui fut le père de la célèbre Béatrice.

 

1201

Robert de Turneham, gouverneur, en janvier 1203 s’empare d’Angers qu’il pille et brûle.

 

1202

Pierre de la Garnache nommé par Jean- sans-Terre le 25 juin.

 

1204

Ruffinellus, sénéchal. A cette date, août 1204, Philippe-Auguste se rend à Poitiers pour y prendre possession du Poitou, que lui avait conquis son lieutenant.

 

1205

Guillaume de Mauléon devient seigneur de la Roche, ayant épousé Béatrice, fille de Bernard et d’Eléonore.

 

1208

Guillaume de Mauléon

Willelmus Rufus

En 1210, ils fondent dans la forêt l’abbaye des Fontenelles. Guillaume, prince de Talmont, fut l’oncle de Savary de Mauléon, troubadour et guerrier, le plus lettré de son temps. Saint-André d’Ornay dépendait tout entier du gouvernement de Mauléon.

av 1212

Bernard Chales

Guillaume (1) 1215

1213

 

Gilbert

1214

G. de Graucumb, maréchal anglais, auquel pendant la lutte avec l’Angleterre, Béatrice dut remettre son château (1).

(1) Béatrice, selon la remarque de Marchegay, rentra sans doute en possession de la Roche et de tous ses autres châteaux dès l’année suivante. Ce fut une mesure de sûreté, non acte d'hostilité contre elle, ni même de défiance.

1217

Aimery de Thouars

Willemus Roselli

1218-23

Aimery de Thouars (Americus de Thoartio), donne à Saint Lienne l’usage de la forêt de la Roche et soixante boisseaux de bled sur la terre de Château-Fromage. Ce seigneur était uni en second mariage avec Béatrice, veuve de Guillaume de Mauléon.

Brienne de Montaigu (dernier prieur que nous connaissons des documents écrits)

1228

Herbé de Volure

 

1238

Raymond de Navarre, gouverneur de la Roche, reconstruit en partie le château- fort, et commet de nombreuses exactions. Des plaintes sont déposées contre lui dans l’enquête ordonnée par Saint Louis en 1247. Helye de Navarre, seigneur

 

1240

Hardouin de Maillé épouse Jeanne, fille de Béatrice et d’Aimery. Devenue veuve dès 1243, elle va trouver son suzerain, Alfonse, comte de Poitou, lui fait hommage- lige de son château, et s’engage à le lui rendre si elle en est requise. Cette pièce est datée de Pontoise en mars de l’an 1242. (MARCHEGAY).

 

 

Baudouin de Bove, seigneur de la Roche.

 

1245

Alphonse Martin, capitaine de la garnison.

 

Nov. 1246

Maurice de Belleville et Jeanne remettent pour six ans à Alphonse le château de la Roche, mais celui-ci le leur rend bientôt, ainsi que le Luc, le Poiré et leurs dépendances.

 

Cependant, Jeanne s’engage à ce que ces propriétés retournent au comte de Poitou, si elle meurt sans enfants. En attendant, dit Marchegay, elle et Maurice, devenus aussi seigneurs de la Garnache, jouirent en paix de la Roche-sur-Yon, faisant des aumônes nombreuses aux églises du voisinage, particulièrement à Saint- Lienne et aux Fontenelles.

1256

Jeanne, épouse de Maurice de Belleville.

 

1258

Alphonse, comte de Poitou, par le décès de Jeanne devient seigneur et maître de la Roche, cette dame étant morte sans enfants : le tombeau de Jeanne est aux Fontenelles.

 

1259

Jean, sénéchal.

 

1259

Jean Ruffin, seigneur.

 

Avant 1259

Thibault de Neuvy, sénéchal.

 

1267

Phelisat le Queux, capitaine du château- fort, pour Alfonse. (Lettre de ce prince, 3 mars 1268.)

 

1268

En 1268, Alfonse nomma Simon de Coûtes, châtelain de la Roche-sur Yon.

 

 Le comte ordonna en même temps à Simon de demeurer à son poste pendant les délais voulus pour répondre aux plaintes qui seraient portées contre lui, et de mettre au courant son successeur, Eustache de Beaumarchais, originaire d'Auvergne.
 Eustache fut porteur de cette missive et trouva le meilleur accueil auprès de Simon de Coûtes (1), qui se mit avec empressement à sa disposition et l'initia au gouvernement du Poitou.
Personne ne se plaignit du sénéchal sortant, qui prit avec joie possession de son office de châtelain, non sans avoir remercié Alfonse et sans lui avoir rendu brièvement ses comptes.
La lettre qu'il adressa dans cette circonstance à son maître est trop curieuse pour que nous ne la mettions pas sous les yeux du lecteur.
C'est sinon le plus ancien, du moins un des plus anciens échantillons du style administratif dans les relations d'inférieur à supérieur.

     

« A son très excellent et très redoutable segneur, Aufonz fuiz le roi de France, conte de Poitiers et de Tholose, Symons de Coules, chevaliers, sis chateleins de la Roche seur Oyon, saluz o toute révérence, o servise léal.
 Sire, je vous rent grâces et merciz, tant com je puis, de ce que vous m'avez relaschié de vostre seneschauciée de Peitou, et de ce que vos m'avez retenu par vostre grâce, en vostre servise ou chatel de la Roche.
Et sachiez que je ai ensengné et monstre diligemment et loiaument, à mon pooir et à vostre profist, à vostre seneschal Testât de voz besongnes et de vostre terre, et de totes voz choses, et de voz rentes, si com vos porroiz mieuz savoir par lui que par moi; et ai conté à li de totes les choses certeinnes qui vos sont deues en Poitou, sanz voz rentes, fors de cest terme de la Penthecoste qui vient, et monte la somme XIIIIm VIc LVI l. VI s., dont l'en devra à ce terme de la Penthecoste VIm IIIc XLVIII 1. XV s., que por vos que por le roi de Sezile.
 Et sachiez que vostre terre est, Dieu merci, en bon estât, ne je ne crois pas que je voz rentes ne voz droiz soient en rien déperdu par ma deffaute.  Il seroit bien trové par les contes de la court, que je ai rendu chascun an, que je ai tenu vostre terre n mille livres plus que il n'avoit esté fet lonc tans avant : mandez moi vostre plesir et commandez com à vostre léal (Reg. A, fol. 93 v° ). »

(1). Lettre d'Alfonse à Eustache de Beaumarchais, mardi, jour de Saint-Philippe et Saint-Jacques (ler mai) 1268. Reg. A, fol. 93 r°. « Symon de Cubitis, circa nostra negotia promovenda ac débita exigenda bénigne et fideliter vos instruxit, pauci aut nulli de eodem hactenus sunt conquesti, gratum gerimus et acceptum. »

Août 1271

Par la mort d’Alfonse, la seigneurie de la Roche et autres grands fiefs font retour à la couronne.

 

1285

Philippe de Beaumanoir, sénéchal.

 

Janv. 1292

Martellus de Monasteriis, châtelain gouverneur

 

1292

Challes (Karolus), comte de Valois et d'Anjou

 

Juin 1305-09

Guillaume des Granges, châtelain, gouverneur pour le roi de France.

 

Juin 1313-26

Guillaume Assechie, gouverneur.

 

1338

Jourdain de Loubert, sénéchal.

 

Nov. 1343

Payen de Maillé, sénéchal.

 

1348

Comte de Forez, lieutenant du roi.

 

1348

Platon de Grèze, gouverneur sous Charles, fils du roi, seigneur de la Roche, accorde à l’abbaye des Fontenelles diverses indemnités.

 

1360

Louis Chabot, capitaine et receveur pour le prince Louis, fils du roi de France, reçoit de son maître l’ordre de payer aux Fontenelles des rentes en bled, dues pour le moulin de l'Essart.

 

1361

James Audley, gouverneur.

 

 

 

 

Le traité de Bretigny ayant livré le Poitou aux Anglais, les gouverneurs de la Roche-sur-Yon sont anglais jusqu'en

1364

Robert Jasmes, gouverneur.

 

Oct. 1365

Jean, fils du roi, seigneur de la Roche, a pour prévôt en sa ville Thomas de la Hue.

 

1369

Jehan Belon, qui trahit son maître et livra la place de la Roche-sur-Yon aux Anglais.

 

1370

Le prince de Galles, le duc de Lancastre, son frère

 

1373

Jean Chandos, capitaine gouverneur.

 

1373

 Olivier de Clisson. A cette date, Charles ayant chassé définitivement les Anglais, la royauté devient partout victorieuse.

 

En 1384

Olivier de Clisson signe une charte de donations et privilèges en faveur des Fontenelles.

 

     
     

Maison d'Anjou

     
     

1388

Louis II, duc d'Anjou, et Yolande d'Aragon (1)

(I) En 1415, l'écu d’or valait vingt-cinq sous. Yolande avait épousé en 1400, Louis duc d’Anjou. Cette vente eut lieu pendant la minorité de Louis III.

1396

Pierre Brencen, capitaine gouverneur, rassemble des seigneurs et gens d’armes, se porte avec eux à Saint-Gilles-sur-Vie en 1429 pour obliger la garnison bretonne du château-fort, qui dévastait le pays et voulait s’emparer de la ville, à se retirer. Pendant cette expédition, les gens de Palluau avaient coupé des arbres, dont ils se servirent pour barricader l’église, où ils s’étaient réfugiés. — Ce seigneur, constamment nommé parmi les écuyers d’Olivier de Clisson, fut accusé de complicité dans le rapt de Tiphaine du Fou en avril 1398.

 

1400

Briand Raclet, sénéchal du sire de Clisson.

 

1408

Louis II d’Anjou et Marguerite de Clisson, seigneurs de la Roche.

 

1410

Isabelle de Penthièvre, dame de la Roche- sur-Yon, duchesse de Bourgogne.

 

 

 

 

1417

Louis III, duc d'Anjou

 

 

 

 

Louis II duc d'Anjou (et Yolande, duchesse) vend la seigneurie de la Roche à Pierre sgr de Beauveau, le 18 octobre, pour la somme de six mille écus d’or (1). Louis III, mort sans enfants, l’Anjou échut à son frère René, qui conserva la suzeraineté sur notre seigneurie et vint souvent s’esbattre dans la forêt de la Roche-sur-Yon et rendre la vie à cette terre, où les Beauveau lui donnaient une royale hospitalité. (Abbé Rousseau. Saint-Lienne.)

     

Maison de Beauvau

     
     

1423

Pierre de Beauvau

 

1434

Bertrand de Beauvau

 

1437

 Chabot-Perceval, seigneur de la Turmelière, capitaine de la Roche. Il combattit sous la bannière de J. d’Arc, et assista au sacre de Charles VII, à Reims, en 1429.

 

1442-45

Fr.de Montcatin-Prelati, capitaine du château-fort, emprisonne et torture le trésorier de France, Le Perron, de passage en cette ville. Il fut condamné au dernier supplice.

 

1449

Pierre de Brezé, seigneur

 

1454

Louis de Beauveau, seigneur, par son alliance avec la maison de Vendôme, fait passer la Roche-sur-Yon dans la famille de Bourbon.

 

1456.

Jehan du Plessey, capitaine du château pour René d’Anjou, signe une charte en faveur des verriers.

 

1460

Le Prince de la Roche conteste au prieuré des droits sur une maison assise en la ville forte et sur une fontaine sise à la Vergne.

 

     
     

Maison de Bourbon-Vendôme

     
     

1477

Jeanne de Bourbon-Vendôme et Louis de Joyeuse

 

Ducs de Montpensier, prince de la Roche sur Yon

V. 1484

Louis Ier de Bourbon

 

1520

Louis I de Bourbon-Montpensier a un différend avec les Fontenelles pour péages et foires du Poiré.

 

 

louis, II du nom, son fils

 

1539

Louise de Bourbon a le même différend avec plusieurs habitants du Poiré.

Louise de Bourbon se remaria le 21 mars 1508 à Louis de Bourbon, prince de la Roche-sur-Yon (1473-1520) fils de Jean VIII de Bourbon, comte de Vendôme et d'Isabelle de Beauvau, dame de La Roche-sur-Yon 

V.1539

Charles de Bourbon

 

 

Henri de Bourbon

 

1565

François de Bourbon, prince de la Roche, maître bon et bienfaisant pour les habitants de cette ville. Vers 1565, il leur accorde des lettres de sauvegarde pour les protéger contre les hommes d’armes de passage à la Roche. L. Chabot, son lieutenant, le seconde heureusement. (1)


(1) En 1566, écrit Auber, notre châtellenie appartenait à Charles de Bourbon, prince de la Roche-sur-Yon, qui venait parfois dans son vieux castel pleurer un fils unique, le comte de Maulévrier, lequel, au milieu d'une chasse, jeté à bas de son cheval, avait été noyé dans les précipices de la Sèvre. Ce prince, ancien précepteur de Charles IX, reçut le roi dans son château de Baupréau, et lui donna de magnifiques fêtes, lors du voyage de Charles IX à Nantes, en octobre 1565.

 

 Louis Chabot, lieutenant du prince, gouverneur du château, et y faisant sa résidence.

 

1567

De Sainte-Hermine, gouverneur au nom d’Henri III.

 

1582

De la Roussière, capitaine du château

 

1593

Henri de Bourbon

 

1608

Marie de Bourbon, duchesse d'Orléans

1618

La dame de la Roche, requiert un arrêt du grand Conseil au sujet de Nicolas Grassineau, abbé des Fontenelles, pour l’obliger à des réparations.

 

1626

Louise de Bourbon (la Grande Demoiselle). Olivier Cailleteau, sénéchal.

 

1664

Pierre Gauvry, sénéchal, condamné roturier.

 

1664

Comte de Pardaillan, lieutenant du roi en Bas-Poitou, qui n’a « que 1.500 livres de rente ». Connu par les services rendus par lui dans les armées du roi, ce qui lui a valu ce titre de lieutenant.

 

Juin 1655

Charles Durent, seigneur de la Touche- Létang, capitaine, châtelain.

 

 

 

 

     
     

Maison de Bourbon-Conti

     
     

A. 1666

Armand de Bourbon-Conti

 

1670

Marquis de la Marsais, lieutenant du roi, remplaçait le gouverneur absent ou empêché.

 

1684

François-Louis de Bourbon-Conti: ses deux fils lui succèdent

 

1694

N. Second fils de François-Louis

 

1698

N. troisième fils de François-Louis

 

Après 1698

Louise-Adélaïde, Mademoiselle de la Roche-sur-Yon Aug. Daviceau, procureur fiscal.

 

Louis-François, son neveu

 

1710-1712

Oliveau, sénéchal. Son lieutenant, le 20 juillet 1710, fonde, à Saint-André d'Ornay, la chapelle de Saint-Pierre.

 

1734

Le duc d’Orléans obtient, aux grandes assises de la Principauté de la Roche, un jugement qui oblige le prieur de Saint-Lienne à lui faire les foy et hommage et à lui rendre aveu.

 

1739

Ch.-Louis Degounor, seigneur.

 

1757

Jacques Pineau, seigneur de la Garnerie, châtelain, assiste à la bénédiction de l'église de l’abbaye des Fontenelles, le 14 juin 1758, pavoisée de drapeaux et d'étendards aux armes de la noblesse du Poitou, sous les ordres du comte de Cameth, brigadier des armes du roi.

 

1776

Louis-François-Joseph Marquis de Pleuvron, lieutenant-général du Bas-Poitou.

 

1787-1789

Comte d’Artois, seigneur de la Roche-sur- Yon.

 

     

1791. — La châtellenie et seigneurie de la Roche est réduite à l’état de commune, et devient, pendant la Révolution, district du département de la Vendée.

 

De 1208 à 1246.

Bernard de Machecoul, seigneur de la Roche. Guillaume de Mauléon et Béatrice.

 

La Roche appartenait, au commencement du XIIIe siècle, à Bernard de Machecoul, qui la donna en dot à sa fille Béatrice en lui faisant épouser Guillaume de Mauléon, seigneur de Talmont.

Les deux époux, voulant donner à St-Lienne une marque de leur vénération, accordèrent en faveur du prieuré liberté pleine et entière à un de leurs serfs nommé Daniel Breton, en l'obligeant à prendre soin par lui et ses successeurs d'une lampe qui devait brûler nuit et jour dans l'église où reposaient les reliques. Ceci dut se passer avant 1208 (5).

Plus tard et à différentes reprises, ils ajoutèrent quelques autres dons à celui-là, tant pour le prieuré que pour d'autres églises de leur dépendance. Ils eurent un fils nommé Éblouin, qui figure, à cette même année 1208, comme participant à la donation de cent sous de rente annuelle pour l'entretien de quatre cierges qu'on devait allumer à toutes les messes célébrées dans l'église prieuriale.

Mais la légende fabuleuse du moyen âge va jeter sur notre histoire l'empreinte de ses merveilleux souvenirs. A en croire une vieille tradition, cette Béatrice qu'on vient de voir mariée au seigneur de Talmont, et qui par cette union était devenue dame de la Roche, aurait pris goût pour la chair humaine jusqu'à faire enlever chaque jour par ses gens, dans les environs de sa terrible demeure, un enfant dont on alimentait sa table.

Son maître d'hôtel, dont ces hideux repas inquiétaient sans doute la conscience, finit par substituer aux enfants de jeunes chiens. L'anthropophage n'y vit d'abord aucune différence; mais, instruite bientôt de cet heureux stratagème, elle admira le bon naturel de l'ingénieux cuisinier, et au lieu de le manger lui-même, ce que bien d'autres en ce temps

auraient fait à sa place, elle fit un retour sur sa gourmandise, puis son repentir la conduisit dans la forêt de la Roche-sur-Yon, où, renfermée dans une étroite cellule, elle pleura jusqu'à la fin de sa vie «  L'abominable erreur de ses goûts dépravés»,  et voulut les expier en y fondant une abbaye.

Cavoleau, à qui j'emprunte cette légende, la traite de conte populaire très-absurde (6). Il a eu le malheur de ne pas deviner le côté poétique des naïfs récits de nos campagnes. Mais, de son temps, on ne savait pas encore qu'il y a toujours quelques faits obscurcis par le laps des années sous ces étonnantes fictions.

Comme lui, nous ignorons, il est vrai, la source de cette croyance des bonnes gens de la contrée; mais qui ne sait combien d'actes de la vie féodale ont pu accréditer en des intelligences bornées, et d'autant plus avides de choses surprenantes, l'opinion si défavorable à la dame de ces lieux ? Souvent il suffisait, à ces époques d'arbitraire et de violences, qu'un seigneur fondât un monastère pour lui supposer quelque grave motif de pénitence; et il faut bien avouer aussi que telle fut souvent la cause réelle de ces pieuses libéralités. Pour peu que l'imagination populaire y cherchât une raison secrète qu'elle ne pouvait pas toujours deviner, il lui devenait facile de s'en faire une; la moindre circonstance spécieuse était exploitée dans ce sens, et ainsi se fondaient le pouvoir des fées et les prodiges redoutables du sombre manoir des châtelains.

 

Après le conte, voici la vérité réduite à ses proportions naturelles.

1214. Béatrice devint veuve de Guillaume de Mauléon peu de temps après son mariage, et dans une charte que M. Marchegay a un peu trop reculée en l'attribuant à l'année 1215, et qui doit avoir précédé 1210, on la voit renouveler la donation faite en 1208 pour le luminaire de St-Lienne (7).

Bientôt elle se remarie à Aimery, vicomte de Thouars, et lui apporte entre autres seigneuries celle de la Roche. Les historiens, éclairés par les titres écrits que possédait autrefois le prieuré de la petite ville, ou le monastère de Marmoutiers, ne peuvent signaler dans la vie de la noble dame que l'établissement de plusieurs maisons religieuses, auquel elle concourut avec ses deux époux pour ce qui regardait son douaire.

 Savary de Mauléon, hérita en 1214,de la principauté de Talmont à la mort de son oncle Guillaume de Mauléon.

 

 

 

Jeanne de Thouars, fille de Béatrix de Machecoul et d'Aimeri VIII devenu vicomte de Thouars en 1242, en était héritière du chef de sa mère. Mais comme elle était encore mineure, ses fiefs furent tenus féodalement, suivant la coutume, par le roi de France qui en remit la garde et le bail à Hardouin de Maillé, sénéchal de Poitou.

Le tuteur devint bientôt l'époux de sa jeune et riche pupille, mais pour un temps bien court, puisqu'il périt, pensons-nous, dans l'expédition de Saint-Hilaire de Poitiers, son oncle (Mars 1243).

Cet acte réservait expressément les droits du comte sur la Roche-sur-Yon, droits litigieux qu'il se proposait de se faire examiner au moyen d'une enquête subséquente.

Peu de temps après, Jeanne épousa en deuxième noces Maurice de Belleville.

Au mois de novembre 1246, elle se rendit avec lui à Paris faire un nouvel hommage à Alphonse pour le château de Luçon que la mort de son père Aimeri VIII, usufruitier de ce fief, venait de replacer entre leurs mains.

 Ils comptèrent au suzerain deux mille livres tournois de rachat ou mutation, lui remirent pour six ans le château de la Roche-sur-Yon et déclarèrent se soumettre au résultat de l'enquête qui devait décider la question de propriété soulevée par Alphonse, on ignore en vertu de quel droit.

Une transaction, arrêtée au mois d'avril 1249, mit un terme aux difficultés pendantes :

Jeanne, de Thouars abandonna au comte de Poitiers ses domaines de Saintonge, Tonnay-Boutonne, Dompierre qui lui avaient été déjà enlevés lors de la guerre de Saint Louis en 1242.

De son côté, Alphonse remit à Jeanne la Roche-sur-Yon, le Luc, le Poiré et leurs dépendances, à la condition que ces fiefs lui feraient retour de plein droit ou à ses héritiers, si Jeanne venait à décéder sans postérité.

C'est ce qui eut lieu : Jeanne de Thouars étant morte sans enfants en 1258, le comte de Poitiers devint seigneur et maître définitif de la Roche-sur-Yon et Luçon.

 

 

1249. Avril. Lettres par lesquelles le château, qui s'appelle Roche sur-Yon, est remis à Alfonse, comte de Poitiers.

Original scellé



Litteroe quibus castrum, quod vocatur Rocha super-Yonam, Alfonso comiti Pictavensi traditur.
Universis presentes litteras inspecturis Mauricius de Bella-villa, miles, et Johanna, domina Lucionii et Roche-super-Yonam, ejus uxor, salutem in Domino.
A tous présents les lettres de l'inspecteur Maurice de Belle-ville, chevaliert, et Jeanne, dame de Luçon et Roche-sur-Yon, sa femme, salut dans le Seigneur.

 Noveritis quod nos tradidimus et concessimus nobili viro et domino nostro karissimo Alfonso, comiti Pictavensi, castrum nostrum, quod vocatur Rocha- super-Yonam, tenendum et possidendum ab ipso domino comite a Nativitate sancti Johannis Baptiste proximo veniente usque ad quinque annos continue subsequentes.

Vous saurez que nous avons cédé et accordé à notre noble homme et notre très cher seigneur Alphonse, comte de Poitou, notre château, qui s'appelle Roche-sur-Yon, pour être tenu et possédé par le seigneur comte lui-même à partir du Noël de Saint-Pierre. Jean-Baptiste vient ensuite jusqu'à cinq années consécutives.

Promittimus enim et tenemur reddere, singulis annis, dicto domino comiti, vel ejus mandato, sex viginti libras currentis monete, ad terminos inferius annotatos, videlicet in Ascensione Domini quadraginta libras, in festo Omnium Sanctorum quadraginta libras, et in sequenti Purificatione beate Marie quadraginta libras pro custodia dicti castri.

Car nous promettons et sommes tenus de payer, chaque année, audit seigneur le comte, ou par son ordre, vingt-six livres en argent courant, selon les termes notés ci-dessous, savoir, quarante livres à l'Ascension du Seigneur, quarante livres à la fête de la Toussaint, et quarante livres à la Purification suivante de la bienheureuse Marie pour la garde dudit château

 



Quod ut ratum et stabile permaneat, presentibus litteris sigilla nostra duxi-


Afin qu'elle demeure juste et stable, j'ai apposé nos cachets sur la présente lettre.



 

1249 Avril-  Lettre du règlement entre Jeanne, dame de Roche-sur-Yon et de Machecoul, avec Alphonse, comte de Poitiers.

Original scellé



Litterae compositionis initoe inter Johannam dominam Rochoe-super-Yonam et Alfonsum, comitem Pictavensem.
Universis presentes litteras inspecturis, Johanna domina Lucionii et Roche-super-Yonam, uxor nobilis viri Mauricii de Bella-villa, salutem in Domino.


À tous ceux qui sont présents pour examiner la lettre, Jeanne, dame de Luçon et Roche-super-Yon, épouse du noble Maurice de Belle-ville, salutations dans le Seigneur.



Universitati vestre, tenore presentium, notum facimus quod, cum inter nos et dictum Mauricium de Bella-villa, virum nostrum, ex una parte, et nobilem virum Alfonsum, comitem Pictavensem, ex altera, suborta fuisset materia questionis super castro de Talniaco super Vulturnum, et super magnis feodis de Alnisio, et super villa que vocatur Dampere,  Xanctonensis dyocesis, et super omnibus pertinenciis dictorum castri, féodorum et ville, que petebamus ab ipso comite, asserentes ea ad nos jure hereditario pertinere, prefato comite hoc negante et proponente ea ad se de jure pertinere pluribus rationibus.

Nous faisons savoir à votre université, par la teneur du présent, que lorsqu'entre nous et ledit Maurice de Belle-ville, notre mari, d'une part, et un noble homme
Alphonse, comte de Poitiers, d'autre part, avait soulevé le sujet de la question sur le château de Taunay sur Boutonne, et sur les grands fiefs d'Aunis, et sur la ville appelée Dampierre, du diocèse de Saintes, et sur toutes les dépendances desdits château, fiefs et ville, que nous avons demandées au comte lui-même, affirmant qu'elles nous appartiennent par droit d'héritage, ledit comte le niant, et proposant qu'ils lui appartiennent de droit pour plusieurs raisons.

 Tandem, mediante bonorum virorum consilio, inter nos et dictum dominum Comitem talis compositio intervenit, videlicet quod nos quittavimus, remitimus et concedimus Comiti sepefato et ejus heredibus quicquid juris habemus vel habere hactenus potuimus in predictis castro feodis et villa, et in omnibus pertinentiis eorumdem, cum omni honore, districtu, jurisditione, feodis, balliis, chesamentis et cum omnibus juribus et rebus aliis quibuscumque, quocumque modo pertineant ad supradicta castrum, villam et feoda et quocumque nomine censeantur.

Enfin, par le conseil de bons hommes, un tel règlement a été conclu entre nous et ledit seigneur comte, c'est-à-dire que nous avons quitté, remis et concédé au feu comte et à ses héritiers tout droit que nous avons ou pourrions avoir. avait jusqu'alors dans lesdites redevances de château et de ville, et dans toutes les dépendances de celle-ci, avec tout honneur, district, juridiction, redevances, bailies, chesaments, et avec tous droits et autres choses quelconques, de quelque manière qu'ils appartiennent au château, ville et redevances ci-dessus mentionnés, et par quelque nom qu'ils puissent être considérés.

Promittentes quod, super predictis, vel aliquo predictorum, de cetero nichil petemus, nec reclamabimus per nos, nec per heredes nostros, nec per quoscumque alios, et quod, nullo tempore, eidem Comiti, vel ejus heredibus, super predictis, vel aliquo predictorum, questionem aliquam movebimus, nec sibi, vel ejus heredibus, controversiam aliquam faciemus.

Promettant que, sur le susdit, ou sur aucun des susdits, nous ne demanderons rien du reste, ni ne nous plaindrons par nous-mêmes, ni par nos héritiers, ni par aucun autre, et qu'à aucun moment, le même Comte, ou ses héritiers, sur les susdits, ou sur l'un quelconque des susdits, Nous ne soulèverons aucune question, ni ne ferons aucune controverse pour lui ou ses héritiers.

 Prefatus vero Comes, pro bono pacis, reddidit nobis Rocham-super-Yonam et castrum, quod vocatur le Luc et villam que vocatur le Peire, Pictavensis dyocesis, cum omnibus eorum pertinentiis, habenda perpetuo et pacifice possidenda, a nobis et heredibus nostris a corpore nostro exeuntibus, et a predicto Mauricio, marito nostro, vel ab alio viro nostro legitimo, si predictum Mauricium virum nostrum mori contigerit, ex legitimo matrimonio procreatis.

Mais ledit comte, pour le bien de la paix, nous a restitué Roche-sur-Yon et le château dit le Lucs-sur-Boulogne et la ville dite le Peiré, dans le diocèse de Poitiers, avec toutes leurs dépendances, pour être tenus en perpétuel et paisible possession, par nous et nos héritiers en corps et par le susdit Maurice, notre mari, ou par un autre mari légitime à nous, si le susdit Maurice notre mari venait à mourir, engendré par mariage légitime.

Quod si forte, sine herede a nostro corpore exeunte et ex legitimo matrimonio procreato, nos mori contigerit, dicta Rocha-super-Yonam et dictum castrum quod vocatur le Luc et dicta villa que vocatur le Peire, cum omnibus juribus et eorum pertinentiis, ad dictum Comitem et ad heredes suos, revertentur.
Mais si par hasard, sans héritier sorti de notre corps et issu d'un mariage légitime, nous mourrons, ladite Roche-sur-Yon et ledit château dit le Luc et ladite ville dite le Peire, avec tous leurs droits et dépendances, reviendront audit Comte et à ses héritiers

Renunciantes, in omnibus supradictis, cuilibet privilegio, omni juri ecclesiastico et seculari, omni consuetudini et statuto que nos possent quoquomodo juvare ad infringendam predictam compositionem, vel aliquid contentum in ipsa.
Renoncant, en tout ce qui précède, à tout privilège, à tout droit ecclésiastique et séculier, à toute coutume et loi qui pourrait de quelque manière que ce soit nous aider à enfreindre ce qui précède composition ou quelque chose qu'elle contient.

 Juravimus insuper ad sancta Dei Evangelia, corporaliter prestito juramento, predictam compositionem firmiter attendere et servare, et quod contra ipsam compositionem, vel aliquam ejus partem, per nos, vel per heredes nostros, vel per quoscumque alios, nullo tempore veniemus, et nullo tempore aliquid contra faciemus.
De plus, nous avons juré aux saints évangiles de Dieu, par un serment pris corporellement, de nous occuper fermement et de garder la colonie susmentionnée, et qu'à aucun moment nous ne viendrons, et à aucun moment ne ferons quoi que ce soit, contre la colonie elle-même, ou partie de celui-ci, par nous, ou par nos héritiers, ou par n'importe qui d'autre. Nous ferons le contraire.


Hanc autem compositionem fecimus et firmavimus cum voluntate et assensu predicti mariti nostri Mauricii de Bella-villa, qui sigillum suum, una cum sigillo nostro, presentibus litteris apposuit in testimonium veritatis.
Nous avons pris et confirmé cet arrangement avec la volonté et le consentement de notre époux Maurice de Belle-ville, qui a apposé son sceau, ainsi que notre sceau, sur la présente lettre en témoignage de la vérité.


- Actum anno Domini millesimo ducentesimo quadragesimo nono, mense aprilis.

- Fait l'an du Seigneur mil deux cent quarante-neuvième, au mois d'avril.




Traces de deux sceaux pendants sur cordelettes de soie cramoisie. - Le premier était celui de Jeanne, dame de Luçon et de la Roche-sur-Yon, décrit dans l'Inventaire sous le n°1393 ; le second était le sceau de Maurice de Belleville, son mari. (Inventaire, n°1390.)

 

Sceau Jeanne de BellevilleSans titre



Écu à l'orle de 5 merlettes, l'une cachée par un franc-canton chargé d'une quinte-feuille (Thouars) ; suspendu au haut du sceau à un crochet par la guiche.
Légende théorique
+ SIGILLVM : IOHE : DNE : DE LVCVM :
Légende transcrite
S(igillum) Joh(ann)e, d(omi)ne de Lucum
Jeanne Dame de Luçon


1258 Olivier de Machecoul doit renoncer à la ville, obligé de la restituer à Jeanne de Thouars (1217-1258), qui en avait été précédemment dépossédée, et à son second mari, Maurice II de Belleville (1215-1297).

 

Jeanne de Thouars meurt la même année sans héritier.

 Machecoul est alors réclamée par Eustachie de Retz (1228-1265), dite « Aliette », dame de Retz, dont les ancêtres possédaient la ville.

 

Eustachie de Retz obtient donc que Machecoul, la ville la plus importante de sa seigneurie de Retz, et qui en était séparée depuis un siècle, soit à nouveau pleinement réintégrée au pays de Retz.

 Dès lors, les seigneurs de Retz redeviennent seigneurs de Machecoul.



 Les Sires de Retz et le château de Machecoul <==

 

 

Fondation de Abbaye Notre-Dame des Fontenelles

 

Au nombre de ces fondations, et comme la plus célèbre, il faut compter l'abbaye de Fontenelle ( de Fontenellis).

Non loin de la Roche était une vaste forêt de son nom que j'ai déjà signalée. C'est au milieu de cette solitude, dont les mystérieuses profondeurs auront probablement surexcité l'imagination du peuple, qu'avec le consentement de Béatrix, dame de Machecoul, Luçon et de la Roche-sur-Yon, propriétaire du grand fief d'Aunis, Dompierre et Tonnay-Boutonne, fonda, en 1210, avec Guillaume de Mauléon, seigneur de Talmont, son premier mari, une abbaye dans la forêt de la Roche-sur-Yon.

 « Inde est ad communem omnium notitiam tam praesentium quam futurorum volumus pervenire, nos intuitu Dei, et pro salute animae nostrae et antecessorum nostrorum et successorum quamdam abbatiam fondavisse de ordine de Cancellata in silva Rocha (A1) ».

Cette abbaye prit le nom de Notre-Dame-des-Fontenelles, de Fontenellis (A2), ainsi nommée de plusieurs sources qui surgissaient aux abords du monastère.

 D'après Jonyneau-Desloges, il y avait, aux Fontenelles, une source d'eaux minérales ferrugineuses qui, en 1784, étaient légèrement hépatiques (A3).

 

 Les fondateurs y appelèrent des chanoines réguliers de la Chancelade, autre monastère d'augustins créé un siècle auparavant en Périgord, et que l'évêque Guillaume d’Auberoche venait d'ériger en abbaye (8).

Ils leur donnèrent le droit de minage sur la seigneurie, un bois et des terres dans la forêt, toutes leurs redevances sur les marchés de la Roche, un terrain vague à Payré (9), proche l'église St-Michel, et d'autres produits annuels de moindre valeur; enfin ils ajoutèrent le cens sur les boucheries de Payré (10); pour tout quoi les chanoines devaient entretenir à perpétuité dans l'église abbatiale une lampe qui y brulât nuit et jour, et allumer deux cierges de plus pendant toutes les messes (11).

Un autre don de quelques héritages dans la terre de Talmont et ailleurs fut encore fait par le même en 1212 (12); et en 1215 Savary de Mauléon, neveu de Guillaume, en donna confirmation après la mort de son oncle, dont il avait hérité.

Enfin, l'année suivante, 1216, Brienne de Montaigu voulant s'assurer après sa mort un anniversaire de prières dans la communauté, l’y fonda à perpétuité par une concession de terres et rentes diverses, plus un setier de froment et un de farine, à prendre sur un moulin que l'Yon faisait tourner au bas du château de la Roche sur Yon, et que D. Fonteneau appelle dans une note le moulin de Beçons (13).

 

 

 

 

 

L'abbaye pendant les Guerres de Religion

Vers 1490 il tomba en commande; les hérétiques le brûlèrent en 1562, détruisirent l'église et massacrèrent les moines (14).

Après cette catastrophe, il n'y resta plus que l'ombre de son ancienne splendeur. Il languit dans une existence précaire qui amena bientôt l'oubli de la règle, et le relâchement qui en est l'infaillible conséquence. Les fondations étaient négligées, et, quoiqu'on en trouvât un motif trop valable dans l'extinction des renies et des biens-fonds devenus la proie des spoliateurs du XVIe siècle, il paraît que certaines obligations auraient pu encore se remplir, puisque l'abbé fut condamné en 1612 à pourvoir à l'entretien de la lampe et de la cire pour le grand autel.

 Ce triste dénûment durait encore en 1615, lorsque le prieur clausiral Jean Rousseau, de concert avec ses religieux, obtint que la réforme y serait introduite. L'arrêt qui fit droit à leur requête est du 24 juillet 1614.

Le 13 octobre suivant, Jacques de Flavigny et Antonin Frollaud, l’un chanoine et grand vicaire, l'autre curé de Luçon, s'y rendirent, assistés de plusieurs supérieurs des monastères du voisinage. Ils confirmèrent le prieur dans sa charge, remirent en vigueur la règle de Saint-Augustin, firent procéder devant eux à l'élection aux emplois, et réglèrent les comptes. La régularité fut ainsi ramenée dans cette maison. Dès lors les religieux reprirent l'usage de chanter matines à 4 heures du matin depuis Pâques jusqu'à l'Exaltation de la sainte Croix (14 septembre), et à cinq heures le reste de l'année. On devait tenir chapitre tous les vendredis après matine, coucher dans un dortoir commun; il ne fallait jamais manger hors de la communauté, ni omettre la lecture publique pendant les repas (15).

L'abbaye de Fontenelle se maintint dans sa nouvelle serveur jusqu'à la fin du dernier siècle. Son revenu n'était alors que de 2,500 à 3,000 liv. (16). Comme tant d'autres, elle succomba sous les efforts de nos grands orages politiques. On ne retrouve maintenant que ses ruines, qui attirent parfois le voyageur dans les agrestes environs de Venansault; au milieu des débris des cloîtres est une fontaine d'eau minérale ferrugineuse.

 

 

Le droit d'usage dans ses bois (Coutume)

 En 1229, il figure encore reconnaissant à l'abbaye de la Chaise, près Saumur, le droit d'usage dans ses bois (19).

Dom Estiennot nous a conservé une charte dont il dit avoir vu l'original (20), par laquelle Brienne de Montaigu et Agnès, sa femme, donnaient, en 1218, aux religieux de St-Lienne, vingt sous de rente en pure aumône, pour l'entretien d'une lampe à faire brûler sans interruption devant le corps du saint.

Ce Brienne portait de gueules au lion rampant d'hermine. Il y avait donc dès lors entre le prieuré et la famille de Montaigu des relations d'amitié qui devaient bientôt se fortifier par une alliance entre cette famille et celle des seigneurs de la Roche.

 

Aimery de Thouars ajouta, cette même année, à ses précédentes générosités, une donation de bois de chauffage dans sa forêt, une rente de 60 sous qu'il percevait dans la terre de Château-Fromage (21), et quelques autres droits en faveur du prieuré.

En reconnaissance, les religieux accordèrent un des leurs pour aumônier à la famille (22) Il n'est de si bons voisins qui puissent rester toujours d'accord.

Le monastère des Fontenelles et celui de la Roche étaient trop rapprochés l'un de l'autre pour que les intérêts communs ne se trouvassent pas confondus parfois, et ne vinssent troubler quelque peu la paix de ces pieuses solitudes.

Une contestation s'étant élevée, dont on ne voit pas clairement le sujet, quoiqu'il paraisse suffisamment qu'il s'agissait de possessions territoriales, on se débattit longtemps de part et d'autres, et il fallut que des commissaires fussent délégués par le pape Honorius III pour vider le procès en dernier ressort.

Ils y parvinrent, grâce au bon vouloir de Maurice et de Béatrice, qui, « pour rétablir la paix et bonne union, et en vue de Dieu, » donnèrent au couvent de Marmoutiers et à sa maison de la Roche-sur-Yon tous les droits sur les eyrauds y attenant au Peu-de-Gay (23), à Avrillé (Avrillosa, Avrilose), et ailleurs; moyennant quoi l'abbaye de St-Martin abandonna à celle des Fontenelles toutes ses appartenances qu'elle avait eues sur elle et sur la paroisse de St-André d'Ornay.

 De leur côté, les religieux augustins donnèrent cinquante sous de rente annuelle sur le moulin et l'étang de Biote, payables par moitié à Pâques et à Noël; faute duquel payement le prieur de la Roche pourrait faire saisir l'étang et le moulin.

Cet acte se passa au mois de juin 1225. Nous ne voyons pas que la paix ait été troublée dans la suite entre les deux maisons (24).

 

 

Lanterne des morts

On conserve dans les archives du département de la Vendée une charte de 1228, qui renouvelle et continue l'obligation de la lampe à entretenir devant les saintes reliques du prieuré, moyennant une rente de 20 sous, faite par Hervé de Volure (25) sur des biens qu'il avait à Challans et autres lieux.

En 1239, Guiberte, femme de Maurice, sire de Belleville, donna, du consentement de son mari, à l'abbaye de Fontenelle, la terre de la Maleterre (Maletariam) et toutes ses dépendances, situées dans la paroisse de St-Flaive, entre le ruisseau de ce nom et le bois de Gemelo, appartenant au seigneur de la Roche.

Un certain Gérard Chevrairs et sa femme firent aussi, l'année suivante, abandon de ce qui pouvait leur revenir sur cet enclave, et les moines s'obligèrent à prier pour les nouveaux bienfaiteurs et leurs parents (26).

 

 

 

Origine du Bourg-sous-la-Roche-sur-Yon <==.... ....==>

==> Abbaye des Fontenelles - Béatrice de Machecoul, dame de La Roche-sur-Yon et la légende de l'ogresse du manoir de Talmont.

 

 


 

(1) Du Tems, Clergé de France, t. II, p. 531.
(2) D. Beaunier , Bénéfices oyaux, t. I, p. 193.
(3) Cartular. , passim.

(4)  Testes sunt Vuillelmus prior de Rocha, et Peregrinus socius ejus; Rogerius prior ejusdem loci, etc. » Ce texte ferait supposer que Pellerin ( Peregrinus), aurait pu être sous-prieur, socius ; mais quel est ce Rogier qui signe prieur du même lieu ?

(5) Cartular., appendix , n° 1.

(6) Description du département de Vendée , in-40 , 1818, p. 293.

(7) Cartular., appendix, no III.

(A1) Voir charte de Fondation de l’abbaye des Fontenelles, 1210, Gal. Ch., p.119, Instrumenta id. Gallia ch., v2, c. 1434. V. Thibeaudeau, tome 2, p.286.

(A2) Noms anciens d’après les chartes- Fontenellae – Fontenalliae- Pouillé de Luçon, d’Aillery, p.132.

(A3) V. l’abbé Aubert, p 64.

(8) Du Tems, t. 11, p. 585 et 609.

(9) Unum airaudum apud Pereium , juxta ecclesiam Sti Michaelis. L'eiraud, qu’on a nommé dans quelques coutumes de France eiral, est défini par Ducange : ager qui nec colitur nec aratur ; et il cite pour exemple de l'emploi de ce mot la charte que je traduis ici.

(10) Census carnificium de Pereïo. C'était le droit perçu sur l'abatage ou la vente des animaux de boucherie. Ce lieu de Perečo est aujourd'hui le Poiré, chef-lieu de canton à 8 ou 10 kilom. de la ville. Une charte de 1092 le nomme Petrætum.

(11) Gallia Christiana, t. II col. 1432.-V. etiam Instrumenta, ad calcem, col. 420.

(12) D. Fonteneau, t. VIII, p. 413.

(13) Dom Fonteneau, t. VIII , p. 419, 420.

(14) L'abbé était alors Jean de Bar ( et non pas de Barre, comme l'écrit Thibaudeau), gentilhomme courageux qui se trouva sept ans après en bon équipage à la défense de Poitiers, et s'y battit contre Coligny. (V. le Siege de Poitiers, par Liberge.)

(15) D. Font., VIII, 489.
(16) Hesselin , Dict. de la France, vo Fontenellos. - Du Tems, loc. cit.

(19) P. Anselme , loco cil.
(20) Antiquitates Benedictinæ , ive parts, fo 165. – Cartular., appendix, no 5.

(21) Castrum Casei et Castrum Fromage. Ce fut après 1791 une commune réunie depuis à celle du Bourg-sous-Bourbon.

(22) Cartular., no XXVI.

(23) Poi-de-Jai dans la charte de Béatrice, et à Peu-de-Gay dans celle de son mari.

(24) Cartular., nos XXVIII, XXIX , xxx et XXXI.

(25) M. de Ste-Hermine , ubi suprà , dit de Veluire. La charte porte réellement de Volure. On a dit depuis, et on dit encore de Volvire. - V. Cartular., append.no VI.

(26) Le Dictionnaire des familles du Poitou date cet acte de 1230. L'assentiment donné en 1240 par Gérard se serait donc fait attendre dix ans, ce qui n'est pas probable. C'est donc bien 1239 qu'il faut lire, comme D. Fonteneau l'a écrit i Mss. t. xiv, p. 279 et 281.) Je crois aussi que le Maurice de Belleville qu'avait épousé Guiberte est le même qui va se remarier avec Jeanne de Thouars, et dont le Dictionnaire fait un personnage différent.

 

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