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PHystorique- Les Portes du Temps
26 novembre 2020

L’abbaye Sainte Croix de Talmond - Les Monastères, les Cures et Paroisses du Talmondais.

Aliénor d'Aquitaine et Richard Coeur de Lion abbaye Sainte Croix de Talmond - Les Monastères, les Cures et Paroisses du Talmondais

On ne saurait faire une étude quelconque sur le Moyen- Age, sans parler en première ligne de la religion et de ceux par les mains desquels elle fut administrée. Dire quelques mots de ce qui se passa dans le Talmondais, c'est rappeler ce qui existait en France et particulièrement dans le Bas-Poitou, soumis tout d'abord à la direction de l'évêque de Poitiers, et plus tard, en 1317, à celle de l'évêque de Luçon (2).

Aux premières époques du christianisme, qui n'apparut guère dans notre contrée qu'au IIIe siècle, les évêques étaient à peu près seuls à distribuer les secours de la religion, et comme ils s'installèrent naturellement dans les villes un peu importantes, les habitants des campagnes furent longtemps tenus éloignés des progrès accomplis par la voix des successeurs des apôtres.

Ces prélats craignirent même, pendant deux ou trois siècles,

de déléguer leurs clercs à travers le pays pour prêcher et faire de nouveaux prosélytes, et ce fut au ve siècle seulement, que ceux qui prirent alors le nom de diacre, archidiacre ou curé, purent distribuer les sacrements, et célébrer les cérémonies du culte. On avait peur que l'isolement de ces vicaires abandonnés à eux-mêmes, au milieu d'une population ignorante et presque barbare, leur fit oublier leur mission et les devoirs sévères et austères qu'ils avaient à remplir. La nécessité des choses l'emporta cependant sur ces craintes si bien fondées, et la réalité fit voir bien vite que la nature humaine se laisse, malgré tout, toujours influencer très vivement, par tout ce qui l'entoure et lui touche de près.

A côté de cette institution et de cette administration directe des évêques, qui .prirent le nom de séculières, s'éleva un autre pouvoir, non moins puissant ni redoutable, même pour le premier, celui des moines réguliers. S'inspirant des textes des évangiles, des fidèles pleins de foi, pieux et recommandables pour la pureté de leurs mœurs, se réunirent à la voix d'hommes de bien, habiles à stimuler leurs idées religieuses, et fondèrent des monastères, afin de vivre en commun et de suivre des règles fixes et régulières, à l'abri de la dissolution qui les environnait.

Sans entrer dans de trop grands détails, qui nous entraîneraient fort loin de notre sujet, nous devons dire toutefois, qu'au XIe siècle, il existait déjà dans les campagnes du Talmondais, beaucoup d'églises fondées par les fidèles, et que celles-ci étaient administrées, par un clergé rien moins qu'irréprochable, entouré d'une société assez dissolue, dans laquelle régnaient en maîtres une incroyable confusion des pouvoirs et la plus profonde anarchie.

Les envahissements continuels de l'esprit laïque et les usurpations du pouvoir temporel sur le spirituel, avaient fait naître, jusque dans le sanctuaire, pendant l'époque qui précéda le régime féodal, des abus et des scandales inouïs.

C'est à ce moment que le clergé régulier, représenté par les moines de l'ordre de st Benoit, vint s'installer dans la contrée et combattre le concubinage des prêtres, la simonie et l'investiture temporelle des bénéfices ecclésiastiques, créés par les fidèles pour l'entretien du culte et des églises.

Les évêques de Poitiers furent les premiers à favoriser cette réforme, et à prêter leur autorité, pour remplacer dans les paroisses, le presbytère par le prieuré, car il leur était bien difficile, à une époque où la bourgeoisie n'existait pas, de trouver des vocations et de l'instruction au milieu des populations de la campagne.

Dans certaines contrées de la France, les moines s'étaient établis beaucoup plus tôt, et tous les historiens de cette époque disent que, déjà au IXe siècle, les prieurés à charge d'âmes, administrés par des moines et annexés aux grandes abbayes, absorbaient la plus grande partie des paroisses rurales. La réforme n'était pas aussi avancée sur cette partie des côtes de « la mer océane ».

Les premiers moines qui apparurent, disions-nous, dans le pays qui nous occupe, furent les Bénédictins, qui, appelés par le sire de Talmond, Guillaume le Chauve, vers 1049, vinrent habiter l'abbaye de Sainte-Croix, que celui-ci avait fait bâtir dans l'entourage de son château (3).

 ==> Vers l'an 1049 Charte Sur la fondation du monastère Sainte Croix de Talmont par le sire de Talmond, Guillaume le Chauve

 

Cependant on doit dire que, dès 1042, Vital, abbé bénédictin, chassé de l’abbaye de Saint-Gildas-de-Ruys, en Bretagne, posséda l'église Sainte-Marie d'Olonne, à la suite d'un don fait par le même seigneur, sur la foi de sa bonne réputation dans les pays environnants.


1040 Charta qua Willelmus, Talemontis castri princeps et dominus, abbatiae S. Crucis quam propre Talemontis castrum construxerat, ecclesias et bona multa truibuit, ac hominibus ejusdem abbatiae consuetudiens concedit

Gall. Christ, edit2, tom II, infr. Col. 4153 ; ex Belly circa ann 1040. Mabill. Annal. Bened. Tom IV, p.452 ; fragm. Ex Belly. Besly, hist. Des Comtes de Poitou, p. 320 ; ex tabul. S. Crucis Talmundi. Circa ann. 1042


Dès sa jeunesse, à Saint-Benoît-sur-Loire, Vitalis était particulièrement estimé puisque le célèbre abbé de ce monastère, Abbon, composa pour lui et son condisciple Gérard deux traités sur le cycle de Pâques, ils ont été publiés par Varin dans le Bulletin du Comité historique des monuments ecclésiastiques de l'histoire de France, tome I, 1849, p. 115-127.

Le sire de Talmont, Guillaume Ier, fit le meilleur accueil au fugitif et le gratifia de l'église d'Olonne par une charte en date du 27 mars 1042

Peu d'années après, Guillaume fondait à Talmont même, une abbaye dont il confia la direction à Vitalis.

 « Ego Willelmus, Talemontis dominus, Vitali abbati qui, abbatia Sancti Gildasii cui praeerat, monachorum suorurn importunitate atque inobedientia ejectus, a me sibi locum aliquem dare in quo Deo juxta propositum deservire posset expostulans accesserat, cujus moralitatis atque sanctitatis fama, non solum apud habitatores vicinarum, verum etiam remotarum provinciarum perlucebat, consilio atque instinctu conjugis, necnon filiorum meorum Wîllelmi atque Pippini atque procerum meorum, ecclesiam Sancte Marie in Holona dedi ab omni consuetudine solutam... Datum est hoc donum VI kal. aprilis, feria H, luna XV, anno ab incar- natione Domini MXLI, epacta XVIII.

Actum est hoc anno ab incarnatione Domini MXLII, régnante Francorum rege Henrico, Pictavorum pontifice Isemberto, duce vero Aquitanorum Guillelmo »

Moi Guillaume, seigneur de Talemont, suis venu à Vitali l'abbé, qui, étant en charge de l'abbaye de Saint Gildas, ayant été expulsé par l'intrusion et la désobéissance des moines, m'a demandé de lui donner un endroit où il pourrait servir Dieu selon à son but, dont la réputation de moralité et de sainteté, non seulement parmi les habitants voisins, la vérité des provinces éloignées était claire, avec les conseils et l'instinct de mon épouse, ainsi que de mes fils Guillaume et Pippin et mes ancêtres, j'ai donné l'église Sainte-Marie à Olonne libérée de toute coutume... Ce don a été donné en 6 cal. Avril, jour H, lune 15, année de l'incarnation du Seigneur 1041, pacta 18

Cela a été fait cette année-là à partir de l'incarnation du Seigneur 1042, sous le règne du roi Henri des Francs, du pape Isemberto de Poitiers et du duc Guillaume d'Aquitaine.



Cartulaire de l'abbaye de Talmont (Poitiers, 1873, in-8°), n° II, p. 5-6, publié d'après une copie moderne. Les indications chronologiques ne concordent pas entre elles. Les chiffres sont pourtant bien ceux qui étaient sur le cartulaire original (folio 5) consulté par Besly pour son Histoire des comtes de Poitou, p. 324.

Probablement même avant cette époque, l'abbaye de Saint- Michel-en-l'Herm avait-elle fondé des prieurés à Saint- Benoit et à Curzon, au sud de la contrée, mais ce ne sont là que des faits isolés, et il est certain qu'il n'existait presque pas de moines réguliers dans le Talmondais avant la fondation de l'abbaye de Sainte-Croix de Talmond.

Château et l'Abbaye Sainte Croix de Talmond Saint Hilaire

Aussi ce fût-il avec une rapidité prodigieuse, que l'on vit s'élever la puissance de ce monastère, resté sans rival pendant de longues années. Son fondateur lui octroya tout d'abord les églises de Saint-Pierre et Saint-Hilaire de Talmond avec toutes leurs dépendances, et ce n'était que justice, car d'après les règles canoniques anciennes, « le don d'une église ou d'une chapelle renferme celui du « bien même de l'église ou de la chapelle, à charge de la « desservir ou faire desservir. »

Celle de Saint-Hilaire était de beaucoup la plus riche des deux, et de fondation un peu plus ancienne, car elle était appelée : « parochie mater ecclesia. » (4)

Guillaume le Jeune, fils du précédent seigneur de Talmond, plaça Vital à la tête de l'abbaye de Sainte-Croix et lui permit d'apporter, comme don de joyeux avènement, l'église d'Olonne.

 

1078, 9 septembre. Jugement qui reconnaît les droits de la Trinité sur les églises d'Olonne, à l'encontre de l'abbaye de Sainte-Croix de Talmont.

C'est la convention des églises d'Olonne, ​​qui eut lieu dans la maison ronde de l'évêque de Poitiers, devant le duc des Aquitains, Guy-Geoffroi, et l'archevêque de Bordeaux, Joscelin, et l'évêque de Poitiers, Isembert , le neuf septembre.

Ebrard, abbé de la Sainte Croix de Thalamont, avait enlevé la moitié des églises d'Olonne, ​​l'abbé Oderic et les moines de la Sainte Trinité de Vendôme.

Car il disait que Guillaume Chauve de Thalamont avait apporté la moitié des églises d'Olonne à son monastère.

Ce qu'il ne pouvait pas faire, car ce n'était pas le sien, car il faisait partie de la dot de la comtesse Agnès.

Et le duc Guy-Geoffroy (Guillaume VIII) (1058-1086) demanda au même abbé Ebrard s'il en avait un témoin ou une charte.

Alors l'abbé répondit qu'il n'en avait ni témoin ni charte ; car il se plaignait que l'abbé Vitalis, son ancêtre, avait apporté avec lui un morceau de papier en Bretagne.

Mais il l'a fait exprès, parce qu'il complotait toujours pour obtenir une trêve concernant un plaidoyer.

Mais peu de temps après s'être levé là-haut, un certain clerc, nommé Tetbaldus, un grammairien, signifia ainsi concernant la disparition de ce papier de l'abbé Vitale en Grande-Bretagne, qu'il était absolument faux.

Car le même Tetbaldus témoigne qu'il avait entendu dire que l'abbé Vital avait avoué qu'il avait ou son monastère n'en ayant pas de charte, ou avait avant le duc Guillaume, frère et ancêtre de ce duc Geoffroy, quand le même duc Guillaume, concernant ce même question, a eu une rencontre avec l'abbé Vital lui-même qu'il a faite dans la salle de Talmont, et il y a été jugé, et il a été affirmé, que l'abbé Vital cherchait une chose incertaine et inappropriée, et n'en avait donc pas le droit.

Mais le susdit Tetbaldus voulut le prouver par serment là, car les barons qui étaient présents étaient juges.

Mais l'abbé Ebrard, supposant qu'il agissait avec ruse, refusa de l'accepter.

Cependant, peu de temps après, l'abbé Ebrard fut vaincu et vaincu par un juste jugement; n'ayant plus aucun motif de répugnance, il rendit la Sainte Trinité de Vendôme aux moines qu'il leur avait injustement enlevé.

L'abbé Ebrard, qui était présent, a donné sa caution à Robert, le moine de la Sainte Trinité, par la présence du prêtre Gosfrey, qui s'appelait Bertald, pour donner sa caution à Robert, le moine de la Sainte Trinité.

Et peu de temps après son retour dans son monastère, il retourna vers les serviteurs de la Sainte Trinité, à savoir Constantin et Ramnulfus, qui s'appelait Gasta Eye

C'est pourquoi les moines de la Sainte Trinité de Vendôme, dont les noms sont écrits ci-dessous, reçurent justement leur justice, qu'ils avaient injustement perdue.

C'est pourquoi cette cause a pris fin au lieu susdit du 2 septembre de l'an de grâce 1078, elle s'est terminée en présence de juges, d'évêques, de poussins, de moines et de barons, dont les noms sont insérés ci-dessous

S. Guy Geoffrey, duc des Aquitains, devant les yeux duquel ce jugement a été rendu

Le fils du même duc Guillaume, et encore un petit garçon.

Archevêque de Bordeaux, Goscelin Isembert, évêque de Poitiers. Doyen Humbert de Samuel, le prédicateur. Archidiacre d'Odo. Ralph, archidiacre. de Gosfrid Bernard. Rainaldi Nivernensis. Le grammairien Tetbaldus, qui a témoigné. de l'abbé Bertran Julien de Nobiliac. de Robert Bourgogne de Sabuliaco. Engelelmi de Mortemaro Les officiers d'Hugo.

Ce sont les noms des moines de la Sainte Trinité. Robert, moine d'Oléron.

Le célèbre moine de Saint Anianus. Arnaldus, moine de Sainte Trinité Puyravault.

Les noms des serviteurs.

Le duc des Aquitains ordonna la rédaction de ce papier.

 

 

DE CALUMNIA ECCLESIARUM DE OLONA SUPERATA.

Istud est placitum de ecclesiis de Olona, quod factum fuit in rotonda domo Pictavensis episcopi, ante ducem Aquitanorum, Guidonem Gosfridum, et archiepiscopum Burdegalensem Joscelinum, et episcopum Pictavensem Isembertum, pridie nonas septembris.

Ebrardus abbas Sanctae Crucis de Thalamonte medietatem ecclesiarum de Olona, Oderico abbati et monachis Sanctae Trinitatis de Vendocino abstulerat.

Guillelmum enim Calvum de Thalamonte ipsam medietatem ecclesiarum de Olona suo monasterio contulisse aiebat.

Quod facere non potuit, non enim erat suum, de dote namque comitissae Agnetis erat.

Interrogavit autem dux Gosfridus eumdem abbatem Ebrardum, utrum testem aut chartam inde haberet.

Deinde abbas idem se inde non habere testem aut chartam respondit ; Vitalem enim abbatem, suum antecessorem, chartam secum asportasse in Britanniam conquerebatur.

Hoc autem ex industria fingebat, quia de placito adhuc inducias querere machinabatur (l).

Mox autem ibi assurgens quidam clericus, nomine Tetbaldus, grammaticus, de ablatione illius chartae ab Vitale abbate in Britanniam, falsissimum esse ita significavit.

Testificatus est enim ibidem idem Tetbaldus se audivisse, Vitalem abbatem confessum fuisse se vel suum monasterium chartam inde nullam habere, vel habuisse ante ducem Guillelmum, fratrem et antecessorem istius ducis Gosfridi, quando idem dux Guillelmus, de ista eadem re, placitum cum ipso abbate Vitale in sala de Thalamonte faciebat, judicatumque ibi et affirmatum fuisse abbatem Vitalem incertam rem et non idoneam quœrere, ideoque rectum non habere.

Hoc vero praedictus Tetbaldus voluit probare ibi per sacramentum, sicut barones qui aderant judicabant.

Abbas autem Ebrardus, callide existimans se agere, respuit illud recipere.

Verumtamen mox ibidem Ebrardus abbas justo judicio victus est, atque superatus ; non habens amplius ullam repugnationis causam, reddidit monachis Sanctae Trinitatis de Vindocino quod eis injuste abstulerat.

Emendavit namque ibi in curia, videntibus personis quse aderant, Ebrardus abbas, dans vadimonium suum Rotberto monacho Sanctae Trinitatis, per manum Gosfredi presbyteri, qui dictus est Bertaldus, redditurus in brevi quicquid de ecclesiis illis usurpare praesumpsit.

Et mox regressus ad monasterium suum, reddidit famulis Sanctae Trinitatis, Constantino scilicet et Ramnulfo, qui dictus est Gasta oculum, quicquid fuit usurpatum, sicut fuerat in plena curia definitum et dijudicatum.

Itaque monachi Sanctae Trinitatis de Vendocino, quorum nomina subtus continentur scripta, suam justitiam, quam injuste amiserant, juste receperunt.

Itaque ista causa in praedicto loco II nonas septembris, anno ab incarnatione Domini MLXXVIII, fuit finita in praesentia judicum, episcoporum, ciericorum, monachorum, et baronum, quorum nomina subtus habentur inserta.

S. Guidonis Gaufredi, ducis Aquitanorum ante cujus conspectum factum fuit istud judicium.

Guillelmi ejusdem ducis filii, et adhuc pueruli.

Archiepiscopi Burdegalensis Goscelini. Isemberti episcopi Pictavensis. Humberti decani. Samuelis prsecentoris. Odonis archidiaconi. Radulfi archidiaconi. Gosfridi Bernardi. Rainaldi Nivernensis. Tetbaldi grammatici, qui testimonium fecit. Abbatis Bertranni. Juliani de Nobiliaco. Rotberti Burgundionis de Sabuliaco. Engelelmi de Mortemaro. Hugonis praepositi.

Haec sunt nomina monachorum S. Trinitatis. Robertus, monachus de Olerone. Clarus, monachus de S. Aniano. Arnaldus, monachus de Podio Rebelli.

Nomina famulorum.

Hanc chartam jussit scribi dux Aquitanorum.

Nous parlerons plus loin des bénéfices énormes qui ont été alloués aux Bénédictins, ainsi qu'à leurs rivaux : il n'est question ici que des paroisses dont la direction leur a été confiée, et nous remarquerons, que Guillaume le Jeune parlait bien de presbiteri mei, et qu'il considérait comme sa propriété personnelle les biens du presbytère d'Olonne.

 Il avait également en propre la chapelle de Saint-Hilaire (5), élevée par son père dans l'enceinte de la forêt d'Orbestier, lorsqu'il en fit don à Sainte-Croix.

Vinrent ensuite s'ajouter aux possessions de l'abbaye, du temps du seigneur Cadelon, les églises de St-Vincent en Jard, Saint-Hilaire de la Forêt, Saint-Nicolas de Grosbreuil, qui étaient dans son domaine, et celle de Sainte- Marie de la Peyrate, bâtie près du Thouet, dans le pays de Thouars, et qu'il tenait du vicomte Aimery.

Il ne fallut pas un long temps aux abbés, pour réunir ainsi, sous leur crosse protectrice et puissante, la plupart des fondations religieuses de la contrée, et à la liste des églises déjà citées, nous ajouterons les paroisses de Saint-Pierre de Lande- vieille (6), Saint-Jean de Beaulieu, Notre-Dame de la Boissière, Notre-Dame de la Chapelle-Girouard (7), Sainte- Marie et Saint-Nicolas de Grosbreuil, Saint-Martin de la Jonchère, Notre-Dame de Landeronde, Sainte-Marie et Saint-Pierre du Luc, Saint-Pierre de Nesmy, Saint-Pierre de Nieul-le-Dolent, Sainte-Marie, Saint-Pierre et Saint- Gilles de Palluau, Saint-Georges de Pointindoux. Saint- Julien des Landes, Sainte-Madeleine et Saint-Pierre de Vairé, St-Pierre de Venansault, Lamayré (8), Saint-Laurent d'Aubigny, Saint-Martin du Bernard, Saint-Sauveur de Chaillé, Saint-Martin de l'Ile-d'Olonne, Sainte-Marie de Longeville, Saint-Eutrope de Poiroux, Saint-Pierre d'Avrillé, Saint-Nicolas de la Chaume, Saint-Généreux de Girouard, Sainte-Radégonde de Jard.

Les Bénédictins ne conservèrent pas jusqu'à la Réforme, toutes les églises que nous avons énumérées, mais elles leur furent toutes données, dans le cours du XIe et les premières années du XIIe siècle.

Dans presque toutes ces localités furent installés deux ou trois moines, quelquefois davantage, ayant le droit de percevoir des aumônes, et de lever les dimes payées par les vassaux. Ces religieux envoyés ainsi par l'abbé, avaient toujours au moins parmi eux un prêtre pour célébrer le service divin ; le presbytère, habité auparavant par un seul pasteur séculier, devenait prieuré, et tout cela avec l'autorisation de l'évêque, très heureux de pouvoir assurer aux paroisses de dignes recteurs. Car, il est bon de dire pour être impartial, qu'il y a lieu de ne pas confondre les premiers moines de Talmond, dont nous parlons ici, avec leurs descendants dégénérés, qui attirèrent plus tard sur leur tête une réforme semblable à celle que l'on était en train de faire subir au clergé séculier ; en ce temps d 'ignorance très grande, de violence inouïe, de superstition ridicule, ils ont rendu, avec leurs frères répandus dans tout le pays, un service signalé à la religion et à la société.

Ces diverses paroisses avaient eu presque toutes la même origine. Il arrivait fréquemment, en effet, qu'un seul propriétaire possédait une grande étendue de terre, appelée Villa, aussi spacieuse que beaucoup de nos communes ; dans ce domaine, il élevait le plus souvent un oratoire, pour les besoins religieux des serviteurs, des paysans et du seigneur lui-même, alors tenu d’affecter un terrain et des revenus suffisants pour l’entretien d'un prêtre pris, d'ordinaire, parmi les hommes de son domaine.

 Ce sont ces oratoires ruraux, qui ont donné naissance aux trois quarts de nos cures de villages. « De même que le village moderne est dérivé le plus souvent d'un ancien domaine, de même l'église paroissiale est dérivée très souvent de la chapelle privée du grand  propriétaire (9). »

Cette allocation constitue, pour chaque cure, une dotation foncière, exempte de charges, appelée Mansus (10) : de là le nom de mense paroissiale.

Pour accroitre leur puissance, les moines de Talmond ne craignirent pas, dans bien des cas, d'aller au- devant des donations et d'acquérir certaines paroisses à prix d'argent, pour les enlever ainsi aux laïques usurpateurs. Il n'est donc pas étonnant de voir, qu'après un temps relativement restreint, l'abbé de Sainte-Croix était devenu aussi puissant que son seigneur, qu'il avait su contenir à peu près dans ses attributions, et reléguer derrière les tours de son château, ou envoyer conquérir les lieux saints en Palestine.

Dans la suite, si les monastères ne purent toujours placer des religieux à la tête de la paroisse, ils ne négligèrent pas pour cela de remplir les engagements qu'ils avaient contractés, et de fournir des ministres à la religion. Ils prirent dans les localités soumises à leur influence les enfants les plus intelligents, spécialement les orphelins, ou d'autres qui leur étaient confiés par leur famille, et ils les élevèrent selon les usages ecclésiastiques, pour les présenter à la consécration de l'évêque, qui n'y faisait pas faute, lorsqu'il les trouvait dignes de remplir leurs fonctions. Ces prêtres, formés par les moines, administraient alors les paroisses sous la direction des religieux, tout en restant soumis à leur chef hiérarchique unique, qui était l'évêque. Il en fut ainsi, tant que l'observance régulière se maintint dans les monastères, et que le relâchement n’eût point fait déchoir les moines des hauteurs de la perfection convenable à leur état.

Mais, nous n'avons parlé jusqu'ici que de Sainte-Croix de Talmond, parce que ce fut cette abbaye qui eut les plus riches dépendances dans la petite région qui nous occupe : cependant Saint-Michel-en-l'Herm, sa puissante rivale, avait déjà depuis longtemps mis la main sur les rives du Lay, où elle avait fondé les prieurés de Saint- Benoît, Curzon, Lairoux, et, plus récemment, sur la partie septentrionale du Brandois, ceux de la Chaize-Giraud et Landevieille. Marmoutiers de Tours, Saint-Cyprien de Poitiers, Nieul-sur-l'Autise, Luçon, Maillezais possédaient aussi quelques paroisses dans le pays relevant de la seigneurie de Talmond ; mais ces succursales étaient en petit nombre, et l'on peut dire, sans crainte, que la grande majorité des églises de la contrée appartenait aux Bénédictins de Sainte-Croix.

Cela ne veut pas dire, qu'aux XIe et XIIe siècles, il ne se soit fondé dans le Talmondais d'autre abbaye que celle de Talmond. Quoique la fièvre religieuse du Xe siècle se fût un peu calmée, les fondations pieuses se multiplièrent encore d'une façon incroyable pendant les premiers siècles du Moyen-Age.

En effet, quelques années après la consécration de l'abbaye de Talmond, vers 1050, fut créé, par Guillaume le Jeune, le prieuré de Fontaines, dans l'église qui, dédiée alors à la Trinité, adopta dès lors le vocable de saint Jean, patron du prieuré. Le prieur n'a auprès de lui que trois ou quatre compagnons, et il dépend de Marmoutiers, près de Tours : il n'a sous sa dépendance que l'église de Saint-Jean, mais il sait se remuer en conséquence, et sa modeste maison voit bien vite s'accroître ses jolis revenus.

Non loin de là vint se construire Abbaye Notre Dame du Lieu-Dieu de Jard-sur-Mer , car nous sommes loin de considérer celle qui fut érigée par Richard Cœur-de-Lion, comme la première installation des Prémontrés dans cette contrée.

Nous savons, en effet, que ceux-ci s'établirent tout d’abord dans la forêt de la Roche-sur-Yon, près de la Genétouze, et que là ils commencèrent à élever des constructions et une chapelle sur la terre de la Comtesse, qu'ils appelèrent le Lieu-Dieu (11).

Probablement mécontents de l'aridité de ce pays couvert de landes et de genets, ils demandèrent au comte de Poitou un autre domaine, sur lequel ils puissent fonder une nouvelle colonie.

Ce fut donc là que vint les trouver la charte rédigée par Richard, datée de Talmond, le 4e jour de novembre, la 8e année de son règne, c'est-à-dire en 1197 (12).

 

Puis encore, en 1107, la fondation dans la forêt d'Orbestier de l'abbaye de Saint-Jean, au profit des Bénédictins, par Guillaume, duc d'Aquitaine; en 1110, celle de l'abbaye de Bois-Groland, près Poiroux, sous Aimeri du Bouil, seigneur de cette baronnie, par vénérable homme Meschin, abbé de Moreilles.

 

 Quand toutes ces maisons religieuses prirent naissance, elles trouvèrent Sainte-Croix de Talmond déjà maîtresse de la contrée, et à la tête de la plupart des bénéfices.

Leurs abbés en furent donc réduits à exercer une influence beaucoup plus restreinte sur les populations des campagnes, qui ne tardèrent pas à les regarder d'un œil beaucoup moins bienveillant et à ne les connaître que par suite des droits qu'ils percevaient sur leurs revenus; leur rôle fut, par suite, excessivement limité.

L'union des paroisses au monastère ne souleva pas de grosses difficultés, tant que les moines restèrent soumis à la juridiction épiscopale, et tant que l'évêque put présider à l'élection des abbés et la casser même, si elle n'était pas faite régulièrement ; car les monastères dépendaient alors des évêques, comme aujourd'hui les séminaires.

Mais aux XIIIe et XIVe siècles, les religieux relâchés de cette époque, peu soucieux d'exercer les fonctions pastorales qu'ils trouvaient trop pénibles, les abandonnèrent peu à peu aux clercs séculiers ; ils partagèrent avec ceux-ci les revenus de la paroisse et gardèrent, pour eux, la plus grosse part qu'ils purent retrancher du traitement du clerc desservant, alors réduit à la portion congrue. « Autant, dit  la chronique du Langon, que le prieur n'était tenu à l'administration d'aucun sacrement, fut baillé les biens à un prêtre, pour iceux desservir et avoir cure et administration des sacrements et prédications, et furent appelés les dits biens, la cure, à qui depuis il a été baillé d'autres biens, ainsi qu'elle est. »

Les moines donc abandonnent peu à peu le prieuré ou la maison paroissiale, tout en conservant le droit de nomination du clerc ; si, parfois, ils continuent à y résider, c'est pour y mener une vie oisive et plus libre qu'elle ne serait au monastère.

 Les évêques, auparavant si favorables à l'union des paroisses aux monastères, voient désormais avec une certaine défaveur cet ordre de choses, qui leur soustrait le droit de nommer des pasteurs, et enlève aux paroisses elles-mêmes la meilleure partie des revenus. Les prêtres, de leur côté, ressentent peu à peu de l'éloignement pour les moines qui leur retirent le profit de leurs charges, et supportent avec peine, le patronage de ces abbés qui leur paraît un embarras, sans aucune compensation.

Cette lutte fut peut-être un peu moins ardente dans le Talmondais que dans beaucoup d'autres parties de la France, car l'abbaye de Sainte-Croix fut tellement éprouvée par les guerres religieuses du XVIIe siècle, que les curés purent plus facilement se séparer d'elle, et conquérir une indépendance relative.

On les vit cependant s’allier à leurs voisins, aux approches de la Révolution, et s’unir à eux pour renverser les institutions religieuses que leur avait léguées le Moyen-Age. Longtemps muets, par respect pour la discipline, lorsqu’ils se décidèrent à faite entendre leurs plaintes, ce fut pour en faire retentir les échos de la chrétienté.

 

 

 

Voyage dans le Temps des Chevaliers du Poitou ; DESCRIPTION DE LA VILLE DE TALMONT SES CHATEAUX <==.... ....==> L'ABBAYE DE SAINTE-CROIX DE TALMOND SAINT HILAIRE - DESCRIPTION

 Les premiers seigneurs de Talmont Saint Hilaire <==

==> Tours 1186, 1er décembre- Confirmation de l'accord au sujet des dîmes d'Olonne entre les religieux de Talmond et de Vendôme.

 


 

1222 Litige entre l'abbaye Saint-Jean d'Orbestier et l'abbaye de Lieu-Dieu-en-Jard d'un don de Richard Cœur de Lion sur le droit
1222 Litige entre l'abbaye Saint-Jean d'Orbestier et l'abbaye de Lieu-Dieu-en-Jard d'un don de Richard Cœur de Lion sur le droit des poissons, coutume du Poitou.

 

(Photos Cie Capalle Talmont)

(1) Cet article n'est que le premier chapitre d'une étude complète qui sera publiée sur l'abbaye de Talmond et le Talmondais.

(2) L'évêché de Luçon ne fut créé par la bulle Salvator Noster du 13 août 1317 de Jean XXII, au profit de l'abbé de Luçon, Pierre de Véré.

(3) Cartulaire de Talmond, ch. 1.

(4) Cartulaire de Talmond, ch. m.

(5) Saint-Hilaire-du-Château-d'Olonne.

(6) Cartulaire de Talmond, ch. XXIII. La moitié des bénéfices de cette église avait été donnée à l'abbaye par Geoffroy de Poitiers; elle devint bientôt la propriété de Saint-Michel-en-l'Herm.

(7) Aujourd'hui la Chapelle-Achard.

(8) Les églises de Lamayré et d'Aubigny, dont il est question ici, se trouvaient dans le vicomté de Thouars, aujourd'hui cantons de Saint-Loup et de Thenezay.

(9) Fustel de Coulanges. Histoire des institutions politiques de l'ancienne France.

(10) Mansus, étendue de terrain suffisante pour fournir au travail d'une paire de bœufs et nourrir une famille.

(11) Cette propriété a toujours conservé le nom de Lieu Dieu. La charte de fondation, datée de Luçon, est du 5 mai 1189.

(12) Charte de Richard dans le Trésor des Chartes, p. 409.

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