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PHystorique- Les Portes du Temps
24 septembre 2019

1092 - Histoire et légendes de la Fondation de l’église de Parthenay le Vieux (Mélusine et les seigneurs de Parthenay)

1092 Histoire et légendes de la Fondation de l’église de Parthenay le Vieux (Mélusine et les seigneurs de Parthenay vassaux de Guillaume le duc d'Aquitaine)

Parthenay était la capitale de la Gâtine au Moyen-âge. Ville forte entre toutes les villes de l'Ouest, Parthenay avait une muraille continue percée de quatre portes et défendue par vingt tours. Au centre de la ville se dressait une citadelle du douzième siècle, réputée imprenable, au dire de Juvénal des Ursins.

Les paroisses de la Gâtine.

— La Gâtine avait plus de soixante paroisses réparties sur un territoire large de quinze lieues, long de dix lieues, comprenant tout l'arrondissement de Parthenay, une partie de celui de Bressuire, une partie de celui de Niort et des villes de la Saintonge.

Des domaines des sires de Parthenay dépendaient quatre baronnies ou châtellenies, à savoir Parthenay, Secondigny et Béceleuf, relevant du comté de Poitiers, et Coudray-Salbart, relevant de Saint-Maixent.  

La baronnie de Parthenay, la plus vaste et la plus importante comprenait parmi les fiefs qui en relevaient à hommage lige les châtellenies de Champdeniers, d'Hérisson, de Villiers-en-Gâtine et de Châteauneuf, près de Largeasse ; les seigneuries de Gourgé, Larochefaton, La Chapelle-Bertrand, Aubigny, Saint-Marc-la-Lande, Ardin, Germon, Le Fonteniou de Vernou, Tennessus, La Bretonnière, Laigné, Paré, Laubertière, Le Plessis-Viette, Le Plessis-d'Alonne, Sunay-en-Châtillon, Saint-Pardoux, Sauray, Mauvergne, La Croslay, La Meilleraye et, en dehors de la Gâtine, Vouvent, Mervent, Taillebourg, Châtelaillon, Moncontour.

 Deux voies Voies romaines conduisaient à Parthenay ; la première, allant de Poitiers (Limonum) à Nantes (Portus Nannetum), traversait le lieu appelé la Sigourie, où des historiens ont placé la célèbre Segora ; la seconde, moins importante, était une voie intermédiaire entre la première et la voie qui conduisait de Poitiers à Saintes ; elle partait de Rom, traversait la Gâtine et se dirigeait vers l'Océan. Divers tronçons de cette voie sont restés vers Exoudun et l'Absie ; on donne au principal d'entre eux le nom de Chemin des Chaussées. (Gaule - Cartes Voies Romaines)

Eglise Maint-Jean. — La première mention qui soit faite de Parthenay se trouve dans une charte de donation de Pépin II, roi d'Aquitaine, en faveur de l'abbaye de Saint-Maixent, en 848. Parthenay-le-Vieux (moins ancien malgré son titre) fût fondé en 1092 par les seigneurs de Parthenay, Gelduin et Ebbon.

Le duc d'Aquitaine était suzerain des comtes de Parthenay, desquels dépendaient les viguiers de Thénezay, d'Ardin, de Mervent.

Mais, dès 1091, les comtes de Parthenay se sont débarrassés de la tutelle des ducs d'Aquitaine ; ils sont les favoris des papes dont l'un, Jean XIX, met, en 1031, sous leur protection, l'abbaye de Saint-Jean d'Angély.

La Gâtine, au onzième siècle, est défrichée ; elle prospère rapidement, se couvre de bourgades nouvelles, devient célèbre par son industrie naissante des gros draps.

Les comtes de Parthenay ne s'occupent pas seulement des intérêts matériels du pays ; ils encouragent la construction d'églises nouvelles autour desquelles les populations, encouragées par des exemptions d'impôts et des privilèges, viennent se grouper.

Les bourgs de Secondigny et de la Ferrière sont fondés à cette époque.

 

La conquête de l'Angleterre.

— Guillaume Ier, le Conquérant, ayant promis « une forte somme et le pillage de l'Angleterre à tout homme robuste qui voudrait le servir de l'épée, de la lance ou de l'arbalète, » Simon, vidame de Parthenay, s'allie à Aimery III, vicomte de Thouars, qui a quatre mille hommes, constitue avec lui un petit corps d'armée et combat vaillamment Hastings. Il revint fort riche, après la conquête, mais mourut bientôt. (14 octobre 1066 - Les Chevaliers du Poitou à la conquête de l’Angleterre avec Guillaume le Conquérant.)

 Un de ses successeurs, Ebbon, prit part à la première croisade et rapporta un morceau de la vraie croix qui fit donner le nom de Sainte-Croix à l'église. (Croisade de Guillaume IX le troubadour, grand-père d’Aliénor d’Aquitaine et premier poète connu en langue occitane.)

 

GELDUIN ET EBBON (1086-1094).

Par la mort de l'archevêque de Bordeaux arrivée en 1086, Gelduin se trouvait, en vertu du droit de viage, seul maître légitime de la seigneurie de Parthenay. Mais Ebbon son frère, homme ambitieux et violent, ne consentit point à le laisser jouir en paix de ses droits. C'est probablement pour prévenir les embarras que ce caractère indocile pouvait lui susciter, qu'il se l'adjoignit dans la jouissance commune de leurs domaines.

Dès l'année 1090, en effet, les deux frères prennent conjointement le titre de seigneurs de Parthenay dans le jugement prononcé par Amé, légat du Saint-Siège, dans une assemblée réunie à Poitiers, jugement qui confirme le don du prieuré de Saint-Nicolas, fait à l'abbaye de Montierneuf par feu Guillaume le duc d'Aquitaine (1).

En 1091, ils confirment également tous les deux, en compagnie de leurs épouses Pétronille et Phanie, diverses donations d'églises et de terres situées près de Verruie. La plus importante des œuvres communes de Gelduin et d'Ebbon, est sans contredit la fondation de Parthenay-le-Vieux.

 Il existait alors en Auvergne un monastère florissant connu sous le nom de la Chaise-Dieu. Il devait son origine à saint Robert, mort depuis plusieurs années. La réputation du fondateur s'était répandue au loin, et les donations affluaient de toutes parts.

 Entraînés par ce mouvement de pieuses libéralités, par les vertus et les talents de Séguin, abbé du monastère, poussés enfin par le désir d'expier leurs péchés et autres considérations religieuses développées dans un long préambule, les seigneurs de Parthenay, de concert avec un de leurs chevaliers, Geoffroy de Champdeniers, donnèrent à l'abbaye de la Chaise-Dieu, l'église de Saint Pierre de Parthenay-le-Vieux.

Ils lui concédèrent aussi un terrain situé devant l'église, d'une grandeur suffisante pour construire un bourg. Aucune redevance ne devait y être perçue au profit des seigneurs.

Ils promirent à toute personne étrangère à la baronnie, qui viendrait habiter la nouvelle bourgade, la jouissance de privilèges analogues à ceux accordés naguère aux habitants de Saint-Paul. Ainsi les futurs habitants de Parthenay-le-Vieux furent affranchis de toutes taxes, excepté du droit de vente ordinaire, lorsqu'ils viendraient vendre leurs denrées au marché de la ville. Ils furent aussi déclarés exclusivement justiciables de la juridiction du prieur dont les limites devaient demeurer infranchissables pour les officiers seigneuriaux.

Gelduin et Ebbon instituèrent dans la nouvelle bourgade une foire annuelle fixée au jour de la fête de Saint-Pierre-ès-Liens (30 août), franche de tout péage ou redevances quelconques. Afin de pourvoir à l'établissement du prieuré, ils donnèrent aux moines une terre appelée les Bruyères, un four à Parthenay, la dîme des clos de vignes seigneuriales, la pêche dans le Thoué, et le droit de construire un moulin sur la Viète. Plusieurs vassaux de la baronnie, sur l'invitation de leurs suzerains, apportèrent chacun leur offrande. Hugues donne une borderie, Gervais un pré, Rutaud et Géraud le sénéchal, la dîme de leurs vignes, Bernard Malnurlus, un four, Savari, fils de Terternerius, une masure de terre, Thibaud dit l'Isare, Géraud, frère d'Arnould, Geoffroi de Champdeniers, diverses terres.

 Cette charte qui donna naissance au bourg et au prieuré de Parthenay-le-Vieux, fut signée dans le lieu même, le jour de la fête de Saint-Pierre, au mois d'août 1092. Cette solennité avait attiré beaucoup de monde. Guillaume, comte de Poitou, s'y était rendu. Il apposa son sceau à l'acte de fondation, à côté de ceux des membres de la famille seigneuriale de Parthenay, Gelduin, Ebbon, leurs neveux Guillaume et Simon fils de Simon et Odon fils de Gelduin.

Parmi les témoins, on remarque Géraud du Bois, Simon, archiprêtre de Parthenay; Savari, fils de Jean, Hervé de Magaldo, Geoffroi, chapelain, et Pierre, moine prieur de Parthenay-le-Vieux (2).

Les seigneurs Gelduin et Ebbon ne trouvant pas suffisantes les donations faites au nouvel établissement, demandèrent à l'un de leurs vassaux, Guy de Vaucouleurs, possesseur de Fenioux, la concession de l'église de ce lieu aux moines de Parthenay-le-Vieux.

Guy de Vaucouleurs, qui l'avait déjà donnée à l'abbaye de Saint-Florent de Saumur, avec l'assentiment de Gelduin, répondit qu'il ne pouvait disposer d'une chose qui ne lui appartenait plus.

Mais Ebbon, avec sa violence ordinaire, le menaça de le dépouiller de son fief, s'il persistait dans son refus. Guy effrayé, céda l'église, au détriment de l'abbaye de Saint-Florent qui considéra, non sans raison peut-être, ses droits comme injustement violés.

Cependant, le premier contrat n'était peut-être pas régulier, car depuis la seconde donation, faite en 1092, l'église de Fenioux demeura en la possession du prieuré de Parthenay-le- Vieux (3).

Depuis cette époque, le prieur de Parthenay-le-Vieux, à titre de prieur de Fenioux, exerça toujours les droits de justice et juridiction dans cette paroisse, ainsi que dans la paroisse voisine d Ardin (4).

L'église actuelle de Parthenay-le-Vieux est-elle l'œuvre des moines de la Chaise-Dieu, ou bien avait-elle été construite par les seigneurs, antérieurement à leur donation de 1092 ?

1092 Histoire et légendes de la Fondation de l’église de Parthenay le Vieux Mélusine et les seigneurs de Parthenay (5)

Peu de temps après la fondation de Parthenay-le-Vieux, en 1092, la haine dont Ebbon était animé contre Gelduin, éclata dans toute sa violence. Une guerre fratricide sur laquelle les chroniques n'ont laissé que de minces détails, déchira la Gâtine.

1092 Histoire et légendes de la Fondation de l’église de Parthenay le Vieux Mélusine et les seigneurs de Parthenay (3)

 Gelduin, qui en sa qualité d'aîné avait droit à l'autorité exclusive dans la baronnie, implora le secours de Guillaume, comte de Poitou, contre la rébellion de son frère. Le suzerain trouvait dans ces discordes une excellente occasion d'affermir son autorité sur des vassaux presque indépendants, jadis ennemis de sa famille. Il s'empressa de secourir Gelduin. Tous deux ayant réuni leurs forces, ils reconstruisirent le château de Germont en 1093. Ebbon fut vaincu.

1092 Histoire et légendes de la Fondation de l’église de Parthenay le Vieux Mélusine et les seigneurs de Parthenay (1)

Mais Guillaume IX le Troubadour, le comte de Poitou s'étant éloigné pour la célébration de son mariage avec Philippa de Toulouse la fille du comte de Toulouse, il reprit l'offensive et détruisit le château de Germont en 1094, probablement après s'en être emparé de vive force. Il y a tout lieu de croire que Gelduin qui disparaît à ce moment de la scène de l'histoire, trouva la mort dans le combat. Le théâtre de cette guerre semble avoir été circonscrit autour de Germont, sur les limites méridionales de la Gâtine (5). (Ducs d' Aquitaine et Comtes de Poitou et plus)

Gelduin avait épousé Pétronille qui paraît avoir appartenu à la maison de Taunay (6). Il en eut deux fils, Odon ou Eudes et Raoul dont on connaît seulement l'existence vers 1092, mais qui sont restés dans la plus grande obscurité (7).

 L'église de Parthenay-le-Vieux est un des produits de l'architecture romane les plus remarquables et les plus admirés. Son ornementation sculpturale est assez sobre, mais il y a dans son plan général une conception à la fois simple et magistrale, une entente excellente des proportions, dans ses lignes une pureté élégante qui dénotent la main d'un habile architecte. Trois nefs terminées par trois absides, deux transepts sur l'intersection desquels s'élève un clocher octogone, telle est sa disposition générale. Les nefs sont divisées en cinq travées par des piliers sveltes formés de quatre colonnes engagées qui s'élancent à une assez grande hauteur (15 mètres) pour supporter des voûtes légèrement ogivées, maintenues par des arcs doubleaux également en ogive naissante. Les voûtes des nefs latérales sont en quart de cercle et contre-boutent celles de la grande nef. Des feuillages très-simples ornent les chapiteaux des colonnes de la nef. Ceux des gros piliers du chœur qui supportent la coupole sont plus soignés.

La corbeille de l'un d'eux est ornée de Mélusines. (C’est Mélusine qui aurait bâti cette église selon la légende, surprise par le jour à la fin de la troisième nuit des travaux, elle laisse le travail inachevé. L'empreinte de son cheval reste sur la dernière pierre qu'elle voulait fendre. Elle est représentée sur les voussures du portail central assises dans des baquets en prenant son bain, moment où elle se transformait en femme dragon.) La légendaire fée Mélusine poème Couldrette - La maison DE PARTHENAY, branche cadette des Lusignan. Gisants Eglise Ste-Croix

 

Une coupole sur trompes recouvre l'intersection des transepts; au-dessus s'élève un clocher octogone d'un seul étage, assis sur une base carrée.La raideur des angles de l'octogone est amortie par une colonne appliquée sur chacun d'eux. Une fenêtre cintrée s'ouvre sur chacune de ses faces. Cette partie de l'édifice, vue du levant, est d'une grande élégance, aussi bien que les absides que l'on aperçoit au premier plan. Les absides sont voûtées en cul-de-four. Celle du centre, assez profonde, est éclairée par trois fenêtres dont les cintres sont entourés d'un cordon sculpté en têtes de diamant qui, à la hauteur des chapiteaux, court sur tout le pourtour de cette partie du monument.

La façade est divisée en trois parties par deux colonnes engagées montant presque jusqu'au sommet. Au centre s'ouvre la grande porte en plein cintre, décorée de deux archivoltes. Sur la première sont sculptés de petits quadrupèdes affrontés deux à deux ; sur la seconde des personnages assis. Les chapiteaux des colonnes qui supportent les archivoltes représentent des animaux fantastiques.

Les entre-colonnements et les pieds-droits de la porte sont ornés d'étoiles. Deux arcades composées également de deux archivoltes accompagnent la porte à droite et à gauche. Sur celle de gauche, la première archivolte représente une série de femmes plongées dans des espèces de baignoires ; la seconde, des animaux ailés. Les chapiteaux des colonnettes sont historiés.

Le style de ce bel édifice, qui appartient au roman de transition le plus pur, ne permet guère de le faire remonter plus haut. On pourrait même n'en fixer la date qu'au commencement du XIIe siècle. Ce seraient alors les moines qui l'auraient élevé à la place de l'église dont Gelduin et Ebbon les avaient gratifiés et qui devait être très-ancienne.

En effet, les innombrables donations d'églises faites à cette époque aux monastères ont été presque partout le signal de leur reconstruction. Si l'on en croyait une tradition qui ne repose sur aucune base sérieuse, Saint Pierre de Parthenay-le-Vieux aurait été fondé par un seigneur de Parthenay, en expiation du meurtre involontaire d'un enfant qu'il aurait écrasé sous les pieds de son cheval, un jour qu'il partait pour la chasse. Cette tradition est née d'une interprétation erronée du cavalier sculpté sur l'un des tympans de la façade de l'église.

On prétendait y voir la représentation du seigneur. Mais on est fixé aujourd'hui sur la signification de ces cavaliers prodigués par les sculpteurs sur les façades des églises romanes du Poitou, à Notre-Dame de la Coudre de Parthenay, à Melle, à Aunay, à Civray, à Airvault.

C'est le symbole immobilisé partout du Christ triomphant sous le costume et dans l'attitude du seigneur féodal, la plus grande puissance de l'époque. Le petit personnage grimaçant, foulé aux pieds par le cavalier, est la figure de l'erreur et de l'idolâtrie, vaincues et impuissantes. On admet généralement que le cavalier victorieux foulant au pied un petit personnage renversé représente Constantin Ier (Flavius Valerius Aurelius Constantinus en latin) sur un cheval et d'un grand rapace (Vénerie) libérateur du Christianisme et vainqueur du paganisme  (en Espagne, on y voit la représentation de saint Jacques vainqueur de l'Islam et libérateur lui aussi de l'Église chrétienne.)

1092 Histoire et légendes de la Fondation de l’église de Parthenay le Vieux Mélusine et les seigneurs de Parthenay (2)

Sur l'arcade de droite, les deux archivoltes sont ornées de feuilles. Le tympan possède aussi une sculpture en haut relief, moins bien conservée que le cavalier.

Elle représente un homme à cheval sur un lion qu'il cherche à dompter avec les plus grands efforts. C'est peut-être l'image du chrétien s'efforçant de réprimer ses passions. Un grand cordon orné de têtes de chats règne sur toute la largeur de la façade, au-dessus des arcades. Il est soutenu par des modillons historiés et par les chapiteaux des colonnes. La partie supérieure de la façade est percée de trois fenêtres; celle du centre est la plus grande; celle de droite a disparu par suite de l'addition d'un gros contre-fort construit après coup, à une époque déjà ancienne, pour consolider l'édifice.

Le sommet du pignon a été modifié au XVe ou au XVIe siècle. L'aspect extérieur de l'église de Parthenay-le-Vieux qui n'a subi, pour ainsi dire, aucune modification, satisfait l'œil et parle à l'imagination. Sa perspective intérieure est encore plus imposante et empreinte d'un cachet éminemment religieux. Malheureusement elle a beaucoup souffert; deux arcs doubleaux de la grande nef menacent ruine; une lézarde s'est produite dans la partie gauche de la façade ; les voussoirs de l'une des fenêtres sont disjoints ; les fondations du mur latéral du sud sont presque mis à nu par les eaux.

Classée parmi les monuments historiques après un long abandon, elle a été recouverte ; mais les minces subventions accordées jusqu'à ce jour ont à grand'peine entretenu la couverture. Une restauration intelligente, qu'une libéralité récente demeurée trop longtemps sans exécution peut singulièrement faciliter, est devenue tout à fait urgente. Il serait vraiment déplorable que le culte catholique et l'archéologie fussent privés d'un monument si intéressant.

Les moines de la Chaise-Dieu dont il est l'œuvre très-probable, construisirent leurs cloîtres à la suite du transept du nord, après la donation de 1092.

Un des côtés, transformé en maison, subsiste encore avec ses arceaux et ses colonnes de style roman pur, comme l'église. Le cimetière, situé au sud, possédait avant sa suppression un fanal ou lanterne des morts élevée sur huit marches circulaires. Il y avait autrefois une fondation de 300 livres d'huile par an pour entretenir la lampe qui brûlait jour et nuit. Ce respectable monument de la foi de nos pères a été détruit en 1792.

  L'église contenait, paraît-il, les tombeaux de plusieurs seigneurs de Parthenay. Cinq tombeaux en pierre ont été découverts sous le chœur en 1840 ; seraient-ils ceux de Gelduin et d'Ebbon, les donateurs de 1092 ?

Au fond du transept sud existe une arcade funéraire sur laquelle sont sculptées des armoiries portant une étoile et trois coquilles (8).

 Le prieuré de Parthenay-le-Vieux, pendant les deux premiers siècles de son existence, contint probablement une nombreuse légion de moines bénédictins. A la fin du XIVe siècle, il y en avait neuf. Les prieurés de Fenioux et de Brusson dépendaient de son autorité. Une transaction du 28 janvier 1299 lui donna le droit de partage dans les offrandes faites en la chapelle de Brusson.

Le prieur de Parthenay-le-Vieux payait plusieurs redevances à l'abbé de la Chaise-Dieu, dont il relevait, et à la cour de Rome. Il avait à sa nomination les cures de Saint-Saturnin de Chapelle-Bertrand, de Saint-Hilaire d'Azay-sur-Thoué, de Saint-Pierre d'Alonne et du Saint-Sépulcre de Parthenay. Par transaction du 1er janvier 1349, cette dernière église s'obligea à lui payer annuellement 6 setiers de seigle et 6 livres de cire pour le droit qu'il avait de prendre le luminaire et les draps des enterrements.

Le prieuré de Parthenay-le-Vieux tomba en décadence au XVIIe siècle (9).

 

Vers l'an 1092, l'abbaye de Talmont fut gratifiée de nouvelles et importantes libéralités par plusieurs seigneurs de Gâtine.

Aldéarde Roux, de Parthenay, appartenant à une riche famille, lui donna les églises de Saint-Léger de Lamairé et d'Aubigny avec toutes leurs dépendances, en présence de son chevalier Mauguer Rainier, de l'abbé Alexandre et de Gilbert Meschin. Jean, fils de Rainier Favre donna la dime de toutes ses vignes dans la paroisse de Lamairé. Maingaud et Emma son épouse, donnèrent trois minées de terre, la dîme de leurs vignes de Rerchai et en général de toutes leurs vignes de Lamairé. Ils confirmèrent en même temps, en leur qualité de seigneurs, suzerains de Lamairé, les dons d'Aldéarde Roux, en présence de Simon, archiprêtre de Parthenay ; d'Aldéardus, chevalier ; d'Urie, chevalier de Parthenay ; de Simon de Fontenils (ou plutôt du Fonteniou), et de Pierre Romain. Toutes ces donations, suivies de plusieurs autres qui en furent la conséquence, en faisant sortir des mains laïques deux nouvelles églises, donnèrent naissance aux prieurés de Lamairé et d'Aubigny  (10).

Les moines de Talmont reçurent de nouvelles donations pour leur prieuré de la Pératte, fondé, on se le rappelle, par Kadelon, ce petit chevalier de fortune qui ayant abandonné le pays, était devenu baron de Talmont. Foucher et Hugues de Grosse Coigne (de Grossa Cohanna) et leur mère Sofize, de Parthenay, leur donnèrent une masure de terre appelée la Barillière, par acte passé dans la maison d'Alon de la Pératte.

Deux frères, Normandin et Sabar, constituèrent en mourant, en leur faveur, une rente de 6 deniers sur la Bourbellière (Borbel), et une autre rente d'un sou et 6 deniers sur la terre des Potiers (terra figulorum). Maingaud, de Parthenay, étant à l'article de la mort, manda dans cette ville Alexandre, abbé de Talmont, et lui donna la terre dite de Pratulis dans la paroisse de la Pérate. Girard Tholard donna la moitié de ses vignes de la Pératte (11)

Mais les monastères et les prieurés ne demeuraient pas toujours possesseurs paisibles des biens qui leur étaient concédés. Malgré ses pieuses libéralités, la féodalité était parfois peu bienveillante pour le clergé. Ce n'était pas sans un certain regret qu'elle se dépouillait des domaines ecclésiastiques restés trop longtemps entre ses mains, et dont elle conserva d'ailleurs une partie, connue sous le nom de dîmes inféodées.

Lorsque le sentiment religieux s'affaiblissait un moment chez les seigneurs, leur naturel violent, égoïste et rapace reprenait le dessus, et eux ou leurs héritiers cherchaient à reprendre d'une main ce qu'ils avaient accordé de l'autre. Aussi, plusieurs donations engendrèrent beaucoup de contestations et de procès. Nous avons déjà vu les terres de la Pératte disputées au prieuré par les neveux de Kadelon. Plusieurs biens provenant de la donation de ce même seigneur, savoir deux seterées et demie de terre au Verger, sept seterées au lieu -dit ad Plantas, la dîme du lin et du chanvre, et quatre seterées tenues en fief de Renaud de la Pératte, furent encore contestées par Girard Tholard qui s'en empara, malgré les réclamations des moines. Il ne fallut rien moins que la conversion de Girard et son entrée dans la vie religieuse pour le déterminer à restituer au prieuré de la Pératte sa propriété légitime.

Cet acte fut ratifié à Thouars par Geoffroi de Mauléon, suzerain des biens restitués. Un certain Olivier, fils de Bernon, ayant attaqué la donation faite par Maingaud, de Parthenay, l'abbé de Talmont, Alexandre, en défendit la validité. Les parties plaidèrent leur cause devant Ebbon, seigneur de Parthenay. En présence de leurs affirmations contradictoires, on transigea. Olivier garda le tiers de la terre en litige ; le reste demeura au prieuré de la Pératte. Ebbon, devant lequel fut fait cet arrangement, promit à l'abbé de prendre sous sa protection puissante tous les biens du monastère dans la contrée.

Plus tard, vers 1113, un chevalier de Parthenay, nommé Urie, qui s'obstinait à percevoir injustement une partie de la dîme appartenant à l'église de la Pératte, avait été excommunié par l'évêque de Poitiers, à la demande de Guillaume de Chemillé, abbé de Talmont.

C'était alors la seule arme efficace contre les actes de cette nature. En effet, Urie effrayé de la censure terrible qu'il avait encourue, vint trouver l'abbé, qui à son retour de Poitiers avait pris l'hospitalité au prieuré de Saint-Laurent de Parthenay. Là, après bien des débats, il abandonna sans conditions la dîme usurpée, en présence de Girard, prieur de Saint-Laurent et de beaucoup d'autres personnages. Quelques jours après, toute la famille d'Urie se transporta au prieuré de Saint-Paul, où était l'abbé, et ratifia la restitution, non toutefois sans recevoir de la reconnaissance de l'abbé une somme de 340 sous (12).

Une autre contestation éclata vers 1092, à l'occasion de la mesure employée pour les blés de la dîme de l'église de la Pératte, entre le prieur Geoffroy et un certain Thibaud Guérin. L'affaire fut portée à la cour des seigneurs de Parthenay, Gelduin et Ebbon. Thibaud ne voulait point accepter l'ancienne mesure. Le prieur affirmait que c'était la seule juste, parce qu'elle était en usage du temps de Kadelon, auteur de la donation, et il se faisait fort de produire des témoins. La cour de Parthenay ordonna de recourir au jugement de Dieu. Le prieur choisit pour son champion Rainier Favre, chevalier d'Aldéarde Roux. Thibaud choisit Eudes Jodoin. Le jour du combat arrivé, Thibaut recula devant l'épreuve et déclara qu'il ne la tenterait pas. C'était avouer clairement l'injustice de sa prétention.

Il fut donc condamné par la cour. Le prieur prit la lance et le bouclier de Jodoin, champion de son adversaire, et les porta en témoignage de sa victoire dans la maison de son propre champion. Ce jugement fut rendu en présence des seigneurs Gelduin et Ebbon et d'un grand nombre de personnages (13).

Une autre fois, Urie, de Parthenay, dont nous avons parlé, réclama le payement d'une rente de plusieurs boisseaux de blé qu'il prétendait lui être due sur la dîme de la Pératte. Le prieur Rainaud s'y opposait de toutes ses iorces. On alla devant la cour d'Ebbon, seigneur de Parthenay et de tous ses barons. La cour déclara que le prieur devait prouver la fausseté des allégations de son adversaire. Le prieur, certain de son droit, recourut hardiment à un autre jugement de Dieu qui était alors usité. Il fit marquer son champion avec un fer rouge.

Le jour du jugement il n'y avait plus aucune trace de brûlure. Urie était vaincu. Il donna aussitôt 15 sous, suivant la coutume, en punition du peu de fondement de sa demande. Une grande partie des habitants de Parthenay étaient présents à ce jugement (14).

Voilà deux traits bien caractéristiques des mœurs du XIe siècle. La coutume sauvage du duel judiciaire qui d'ailleurs n'était pas constante, avait toutefois un correctif « dans l'esprit de foi naïve et profonde qui, par la croyance à l'intervention divine pour la punition immédiate du parjure, empêchait le plus souvent celui qui savait en être coupable d'affronter le combat dans ces conditions (15). » C'est, en effet, ce qui était arrivé dans le premier jugement de Dieu ordonné par la cour seigneuriale de Parthenay.

La réforme salutaire opérée par le retour des églises et des biens ecclésiastiques entre les mains du clergé régulier, instrument énergique de rénovation employé de préférence par les saints papes et les grands prélats de cette époque, trouva quelquefois de la résistance parmi les membres du clergé séculier, qui, par suite, passèrent en partie sous la dépendance des monastères. Ainsi, un certain Raoul, fils d'un de ces prêtres mariés contre lesquels le grand pontife Grégoire VII déploya une si juste sévérité, héritier de la chapellenie ou cure de la Pérate, ne crut pas devoir se soumettre à l'investiture que devait lui conférer l'abbé de Talmont. Il enfreignait par cette conduite l'ordonnance du saint et énergique Pierre II, évêque de Poitiers.

Mais grâce aux bons conseils de Guillaume Gilbert, archidiacre de Thouars, il finit par écouter la voix du devoir. S'étant présenté devant Guillaume de Chemillé, nouvel abbé de Talmont vers 1113, il s'agenouilla devant lui, en reçut l'investiture.de la cure de la Pératte et lui jura obéissance.

Cet acte de soumission eut lieu à Parthenay en présence de Sicard, archiprêtre, et d'un grand nombre de témoins, dans la maison de l'archidiacre, Guillaume Gilbert.

 En 1135, saint Bernard de Clairvaux provoqua à Parthenay une entrevue avec Guillaume IX, comte de Poitou, duc d'Aquitaine, qui avait embrassé la cause de l'anti-pape Anaclet avec le légat Girard d’Angoulême.

Cette entrevue n'ayant pas réussi au gré de saint Bernard, celui-ci consigna le duc d'Aquitaine et ses adhérents à la porte de l'église, puis, devant le peuple assemblé, il sortit tout à coup de l'église, portant l'hostie sur la patène, et s'adressant à Guillaume :

 « Nous t'avons prié, lui dit-il, de donner la paix à l'Eglise et tu as méprisé nos prières. Voici le fils de la Vierge, le chef de l'Eglise que tu persécutes ; il s'avance vers toi pour te supplier à son tour. Devant toi est ton juge au nom duquel tout genou fléchit dans le ciel, sur la terre et dans les enfers ; ton juge entre les mains duquel tombera ton âme. Oseras-tu le repousser comme ses serviteurs ? »

Guillaume tomba la face contre terre, comme frappé d'épilepsie. Saint Bernard alors lui commanda de se relever et de donner le baiser de paix à l'évêque de Poitiers qu'il avait offensé, mais il ne se remit jamais de cette épreuve et mourut bientôt après, en pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle (1137).

Ses successeurs, pendant toute la fin du siècle, firent de riches donations aux abbayes de l'Absie, des Châtelliers, de Saint-Maixent, au prieuré de Parthenay-le-Vieux.

 

GOSCELIN II, seigneur de Parthenay l’archevêque de Bordeaux (1058-1086).  <==.... ....==>  La légendaire fée Mélusine poème Couldrette - La maison DE PARTHENAY, branche cadette des Lusignan. Gisants Eglise Ste-Croix

 

 Sur la Terre de nos ancêtres du Poitou - Aquitania<==.... ....==> Patrimoine, Recherches critiques sur Trois Architectes Poitevin de la fin du XIe siècle.

 


 

  1. Cartul. de Saint Nicolas de Poitiers, dans les Archives historiques du Poitou, I, p 18, 19. « Domini de opido Parthenay videlicet Gelduinus et Ebbos. »
  2. . Chronica monasterii Casæ Dei, S. G. lat. 5552 (Bibl. nat.).— Dom Fonteneau, t. IV, p. 17. — Hist. des Comtes de Poitou, par Besly.
  3. Cartæ Pictavenses sancti Florentii Salmurensis, dans les Archives historiques du Poitou, t. II, p. 83.
  4.  Hommages de la sergenterie de Fenioux et d'Ardin rendus aux prieurs de Parthenay-le-Vieux, par Mathurin et Jean Moteau, de Fenioux, les 19 février 1413 et 22 mai 1423 (Papiers de la famille Caunier).
  5. Chronique de Maillezais ou de Saint-Maixent. « MXCIII. Germundum castrum factum est, causa contentionis Gelduini et Ebbonis fratrum, à Guillelmo comite et eodem Gelduino. MXCIV. Germundum castrum destructum est; et Guillelmus duxit uxorem filiam Willelmi comitis Tolosani.» — Hist. des Comtes de Poitou, par Besly. — Thibaudeau, dans son Histoire du Poitou (t. I, p. 228), commet une erreur quand il prétend que le duc d'Aquitaine rebâtit Germont pour contenir Gelduin. C'est au contraire de concert avec lui  pour contenir Ebbon, qu'il releva ce château
  6. Dom Fonteneau, t. XV, p. 439.
  7. Idem. t. IV, p. 17. Arch. hist. du Poitou, t. II, p. 83.
  8. Statistique monumentale de Parthenay, par Briquet, dans les Mém. de la Soc. de stat. des Deux-Sèvres, t. IV, 1840. — Monuments du Poitou, par Ch. Arnault et Baugier. Dom Fonteneau, t. LXXIII. Le cénotaphe des seigneurs de Parthenay existait encore au XVIIe siècle. M. de Caumont a publié une gravure de ce qui subsistait de la lanterne des morts de Parthenay-le-Vieux.
  9. Dom Fonteneau, t. LV et LXXIII.
  10. Cartulaire de Talmont, par M. de La Boutetière, dans les Mém. de la Soc. des Ant. de l'Ouest, t. XXXVI, p. 163 et suiv.
  11. Idem, p. 171, 172, 173, 176.
  12. Cartulaire de Talmont, p. 171, 173, 174, etc. Plus tard, vers 1140, un certain Payen, dit Morelluns, s'étant emparé du tiers de la dîme du bourg de la Pératte qu'il prétendait lui appartenir, fut excommunié. C'est alors seulement qu'il la restitua publiquement dans l'église, en présence du prieur Aimeri Moreau et du peuple réuni. (Idem, p. 290, 291.) 
  13. Idem, p. 175.
  14. Idem, 172.
  15. Introduction au Cartulaire de Talmont par M. de La Boutetière, p. 49.

 

 

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