1232 Le seigneur de Vouvant, Geoffroy la Grand'Dent et Guillaume de Valence incendie l’abbaye de Maillezais
Dans la légende de Mélusine, les enfants de la fée et du comte Raimondin sont affligés d'une marque monstrueuse : le plus horrible est le sixième fils, surnommé Geoffroy à la Grand'Dent, à cause « d'une dent qui lui yssoit de la bouche plus d'un pousse », pour reprendre l'expression de Jean d'Arras .
Dans le roman un peu postérieur de Coudrette, composé après 1401, ce Geoffroy vient de triompher du géant Guédon à Guérande lorsqu'il reçoit un message de son père lui annonçant qu'un de ses frères, Fromont, vient de se faire moine à l'abbaye de Maillezais. Il en éprouva aussitôt ... si très grand despit qu'a Maillerés (Maillezais) vint sans respit Et ardit par grand desverie Moynes, abbé et abbaye .
Il ne fallut pas longtemps à Geoffroy pour se repentir de son forfait et craindre pour son salut. Il fait alors reconstruire l'abbaye et va se confesser à Rome.
La Dévastation de Maillezais a fait l'objet du discours du président de la Société des Antiquaires de l'Ouest prononcé lors de la séance publique du mois de janvier 1998.
Depuis cette date, l’exposé a été mis à jour et modifié, notamment la dernière partie. L'auteur a cru bon de fournir ici au lecteur l'édition et la traduction du texte.
L'imagination du romancier s'est sans doute inspirée ici non de légendes anciennes et souvent lointaines comme dans le reste du récit de la Mélusine, mais d'un épisode de l'histoire régionale, la lutte menée contre l'abbaye de Maillezais par un membre de la grande famille des Lusignan, Geoffroy II, seigneur de Mervent, de Vouvant et de Moncontour.
Lui aussi s'en prit à Maillezais dans les années 1225- 1232, il en chassa l'abbé et les moines et fit tellement de dégâts qu'excommunié par le pape, il dut se rendre à Rome en 1232 pour solliciter son absolution et passer un accord amiable avec l'abbaye de Maillezais.
Mais ce n'est que dans la légende qu'il est surnommé à la Grand'Dent : ...ecclesia Malleacensis diu iniquorum malleis malleata fuerat 5 , l'église de Maillezais (a été) longtemps martelée par les marteaux des méchants, écrit le moine de Maillezais qui a rapporté ces événements dans un récit qui n'est pas sans intérêt.
Le texte
Ce récit est contenu dans un manuscrit de la Bibliothèque nationale de France, le manuscrit latin 4892, qui provient de l'abbaye même de Maillezais. C'est un gros in folio, relié en maroquin rouge aux armes royales.
La page de garde contient une table des matières ajoutée d'une main du XVI e siècle qui permet de connaître le contenu du manuscrit qui est de caractère essentiellement historique et géographique : on y trouve notamment, sous le titre Julius Flori, une chronique universelle écrite au IX e siècle par Fréculphe de Lisieux, suivie de passages empruntés à divers historiens, puis d'un texte intéressant l'histoire du Poitou, qu'on appelait encore au XIX e siècle la Chronique de Maillezais, mais qui a été rendue depuis à son vrai lieu de production, l'abbaye de Saint-Maixent, le Liber de itinere Jherusalem de Pierre Tudebode et d'autres œuvres géographiques 10 , un récit de fondation de l'abbaye de Maillezais composé par le moine Pierre dans les années 1060-1170.
Le manuscrit appartenait à l'abbaye de Maillezais, comme le montre au verso du premier feuillet une copie de la fin du XII e siècle du catalogue (d'ailleurs relativement riche) de la bibliothèque de Saint-Pierre de Maillezais — Isti sunt libri Sancti Pétri Malleacensis — et les nombreux textes concernant l'histoire de cette abbaye qui sont copiés sur les pages de garde et sur des blancs du manuscrit, par exemple au fol. c v o -d v° la transcription d'une confirmation par le pape Grégoire IX (24 juillet 1232) de l'accord intervenu entre l'abbaye de Maillezais et Geoffroy de Lusignan 13 ou le récit (fol. b r°-v°) d'une attaque de l'abbaye en 1236 par des « croisés » qui avaient d'abord essayé de s'en prendre aux juifs de Niort etc.
L'abbaye de Maillezais, devenue siège d’un évêché le 13 août 1317, eut beaucoup à souffrir des guerres de religion et le fameux chef protestant Agrippa d'Aubigné en devint gouverneur.
C'est alors, semble-t’il, que la bibliothèque fut détruite et dispersée.
Mais on va retrouver notre manuscrit en possession d'un avocat au présidial de Fontenay- le-Comte, non loin de Maillezais, qui se trouve être le premier grand érudit poitevin, Jean Besly.
Il passa ensuite dans les mains de deux autres érudits les frères Dupuy qui le prêtèrent au Père Philippe Labbe : ce dernier publia — à vrai dire de manière assez incorrecte et incomplète — à la fois le récit de fondation du moine Pierre et celui de la Dévastation.
Le manuscrit entra ensuite dans la bibliothèque de Mazarin avant de trouver un dernier et sûr refuge à la Bibliothèque royale devenue par la suite Bibliothèque nationale 1 8.
Le lecteur trouvera en pièces justificatives une nouvelle édition de la Dévastation de Maillezais destinée à remplacer l'édition du Père Labbe et une traduction en français du texte latin.
Le récit de la dévastation de Maillezais par Geoffroy II de Lusignan est assez court : il occupe les fol. 207-210 v° du ms. lat. 4892. Il ne comporte pas de titre et celui sous lequel il est connu par les historiens — Devastatio monasterii Malleacensis facta per Gauffridum de Lezigniaco (Dévastation de Maillezais par Geoffroy de Lusignan) — a été repris de la table des matières qui figure sur la page de garde du manuscrit. Le texte est écrit sur deux colonnes, d'une plume assez fine.
Chose curieuse pour un document postérieur à 1225-1233, l'écriture n'est pas celle de la première moitié du XIII e siècle mais semble plutôt remonter aux années 1160-1180.
De nombreuses annotations marginales d'une main moderne seront signalées dans les notes de l'édition. L'auteur est inconnu. Il est certain qu'il s'agit d'un moine de Maillezais car il compatit douloureusement aux malheurs de son abbaye, sa « très douce mère et nourrice ».
Il s'agit probablement d'un moine âgé qui craint la fragilité de la jeunesse -0 . La Devastatio pourrait avoir été composée par le bibliothécaire Carmarius ) de l'abbaye nommé Raoul, qui s'est vu confier quelques missions délicates.
En juin 1236 par exemple, l'abbé de Maillezais l'a chargé de négocier avec des « croisés » qui, après avoir essayé vainement de s'en prendre aux juifs de Niort, veulent aller attaquer l'abbaye de Maillezais.
La culture dont il fait preuve dans la Devastatio pourrait plaider en faveur de cette attribution. On sait par le dos de la couverture du ms. lat. 4892 que la bibliothèque de Maillezais était fort bien pourvue et l'auteur du texte a pu y trouver quelques-unes des références qui se trouvent dans son récit.
Il a accès aux archives du monastère et fait référence à divers documents, notamment l'accord intervenu en juillet 1232 avec Geoffroy de Lusignan.
La date où la Devastatio a été écrite n'est pas mentionnée. Mais il y a dans le texte deux éléments qui permettent de fixer un terminus a quo.
Le récit est postérieur à l'accord amiable entre l'abbaye et le seigneur de Vouvant contenue dans une confirmation du pape Grégoire IX du 24 juillet 1232 auquel notre texte fait une brève allusion.
D'autre part la mention dans le document de l'évêque de Poitiers, Philippe de bonne mémoire, indique qu'il a été rédigé après la mort de ce prélat, Philippe Bailleos, vers 1234.
Notons enfin que le texte est illustré d'un dessin au trait qui occupe la partie supérieure du folio 208 v°. Ce dessin pose beaucoup de problèmes d'interprétation et on voit mal le lien qui peut le rattacher à la Dévastation.
Cette dernière prend la forme d'un récit plus éloquent que précis et parfois assez larmoyant. Il comporte cependant une sorte d'introduction qui contient de précieuses notations chronologiques ; celles-ci vont nous donner l'occasion de présenter les circonstances historiques, avant d'étudier le récit lui-même et l'illustration.
1232 Chronique de Maillezais - Narration par l'auteur du même lieu, le Moine Anonyme
Anno Incarnationis Dominicae mittesimo ducentesimo vigesimo quinto, fedi Apostolicae praedidente Papa Honorio: ac illustri Rege Ludovico inclytae recordationis Philippi Regis filio, regni Francorum tunc temporis gubernacula obtinente: Henrico etenim viro religiosissimo et fummae Trinitatis cultore devotissimo in Anglia regni Monarchiam gubernante, necnonWillelmo Pictaviensis sedis Pontifice ac Sanctonicae Ecclesiae Helia viro venerabili praesidente, nobilissimoque Comite Marchione Hugone de Leziniaco Hugonis Bruni filio: verum etia quod non est reticendum, venerabili Patre ac mirae prudentiae viro nobili Willelmo Forti huius Monasterij Abbate, atque ut ita loquar, nobilissimo defenfore, Ecclesia Mailleacensis gravem passa est ruinam atque multiplex detrimentum.
L'an du dimanche de l'Incarnation, le deuxième cent vingt-cinquième, le pape Honorius (III), présidant à la foi apostolique : et à l'illustre roi Louis (VIII), fils de l'illustre mémoire de Philippe le roi (Auguste), alors titulaire du gouvernement de la royaume de France et à Henry (III), en effet, un homme très religieux et un adorateur très dévot de la Trinité suprême en Angleterre gouvernant la monarchie du royaume, ainsi qu'à Guillaume de Poitiers, pontife du siège et Hélie de l'Église Saintes à le vénérable homme président, et le très noble Comte seigneur Hugues X de Lusignan, fils d'Hugues le Brun (IX): la vérité et ce qu'il ne faut pas cacher, au vénérable Père et homme d'une merveilleuse prudence, le noble Guillaume le Fort, Abbé de ce Monastère, et pour ainsi dire, le plus noble défenseur, l'église de Maillezais a subi un lourd c'est une ruine et une perte multiple.
Horum ergo dictorum temporibus et eo multo amplius dicta nostra mater Malleacensis Ecclesia diu miquorum malleis fuerat malleata ac cuiuf dam nobilis Gaufredi de Leziniaco patre Gaufredo de Lezignem et Willelmi de Valentia manu potenti et violenta fuerat aggravata: quod etiam quandocumque divertissent ad Ecclesiam memoratam praedictus et fui cum canibus, equitibus, mulis, avibus, fatellitibus, acseruientibus universis quoscum que de quacumque parte adduceret,vel etiam fine ipso omnes ipsius domestici ac quicumque de familia ejus quoquo nomine censebantur in procuratione continua a praedicta Ecclesia providere atque fibi debere necessaria ministrari dicebat ex consuetudine diuturna , sicut in compositione facta inter Gaufredum filium dicti nobilis et Ecclesiam melius ac plenius est expresium.
Pendant ces temps, et plus encore, notre Église mère de Maillezais avait été longtemps martelée avec des marteaux plus petits, et avait été accablée par la main puissante et violente du noble Geoffroy I de Lusignan, le père de Geoffroy II de Lusignan et de Guillaume de Valence avec des chiens, des chevaux, des mulets, des volailles, des troupeaux et tout ce qu'il apportait avec lui de n'importe quelle partie ; ou même à la fin de la journée, toute sa maisonnée et n'importe lequel de sa famille, quel que soit son nom, était considéré comme d'être en permanence pourvus par ladite Église, et qu'ils soient pourvus des services nécessaires, selon la coutume, la durée, telle que dans la composition faite entre Geoffroy le fils dudit noble et l'Église est mieux et plus pleinement exprimée.
Mortuo igitur faepesato nobili seniore Gaufredo successit in hereditate paterna filius fuus Gaufredus de Lezigne junior faepe fatus, et que madmodum pater fuus rerum Ecclesia inselicissimus extiterat devastator, ita et filius in malis patris sequens vestigia fubstantiae ac rerum Ecclesiæ miquissimus extitit persequutor.
Après la mort du noble aîné Geoffroy, son fils Geoffroy II de Lesignan, le cadet, a succédé à son héritage paternel, et de même que le père avait été le destructeur le plus impitoyable des choses de l'Église, de même aussi le fils dans les maux du père, suivant les traces du fugitif et du plus méchant persécuteur des choses de l'Église.
Multis igitur annoru curriculis dicta Ecclesia attrita fuerat atque iam corruerat ante faciem persequentis, cum inspirante bonorum omniu conditore, Willelmus Fortis superius memoratus tunc temporis Prior de Xanctonio ab omnibus Fratribus inspiratione diviria electus est prædictæ EccleiÎæ in Abbatem.
Par conséquent, ladite Église avait été usée par de nombreux cours célèbres, et était déjà tombée devant le visage du persécuteur, avec l'inspiration de tous les fondateurs du bien, Guillaume le Fort, mentionné ci-dessus à cette époque, le Prieur de Saintes a été élu par tous les Frères pour être Abbé de ladite Église.
Electione autem ipsius ab Episcopo Diocesano, ut decuit confirmata, administrationi Ecclesiæ curam exhibuit vigilantem, multa pro libertate Ecclesiæ confovenda pericula sustinens et adverfa,murum se defensionis contra inimicos opponens : nulla aspera ac dura perpeti formidavit, ut statum Monasterii, cujus regimen acceperat,ereptum de manibus iniquorum fecundum privilegia fundatorum, qui ipsum liberaliter ac fine aliquo subjectonis vel exactionis retinaculo fundaverant posset, ut dictum est, in melius reformare, illud Evangelicum non ignorans: Beati qui persecutione propter iustitiam patiuntur.
Et avec son élection confirmée par l'évêque diocésain, comme cela a été dûment confirmé, il a montré un soin vigilant à l'administration de l'Église, endurant et conjurant de nombreux dangers pour la liberté de l'Église, se dressant un mur de défense contre les ennemis : il ne craignait aucune persévérance dure et dure, car l'état du monastère, dont il avait accepté le gouvernement, était arraché des mains des injustes qui avaient fondé les privilèges fructueux, qui l'avaient fondé libéralement et avec la fin de quelque filet de sujétion ou l'extorsion, pourrait, comme on l'a dit, la réformer pour le mieux, n'étant pas ignorant de l'Evangile : Bienheureux ceux qui subissent la persécution pour la justice.
Usus utique prudentium virorum consilio illa Salomonis sequens fententia, ubi dicitur, omnia sac cum consilio et post factum non poteris poenitere.
Bien sûr, l'utilisation des sages dans le conseil de Salomon, suivant le conseil de Salomon, où il est dit : « Vous ne pourrez pas vous repentir de tout avec un plan et après que cela a été fait.
Prudentia, igitur ac robusto consilio confirmatus contra persequutorem Malleacensis Ecclesiae ac inuasore domus Dei Gaufredum de Leziniaco iustítiæ froena laxans ipsum fecit diligenter moneri, et ipse personaliter monuit, ut ab infestatione Malleacensis Ecclesiae et molestatione indebita qua opsam diu molestaverat, manum retraheret violentam.
C'est pourquoi, fort de prudence et de fermes conseils contre le persécuteur de l'Église de Malleac et l'envahisseur de la maison de Dieu, Geoffroy de Lusignan, desserrant les rênes de la justice, il le fit soigneusement avertir, et lui-même l'avertit de se retirer sa main violente de l'infestation de l'église de Maillezais et le harcèlement indu avec lequel il avait longtemps harcelé le peuple.
Dictus autem nobilis quasi pro nihilo reputans monitionem Abbatis superius nominati faevijt crudelius in rebus et membris Monasterij et homines eorum gravibus affetit dispendiis et injuriis provocavit.
Mais ledit noble, considérant comme vain l'avertissement de l'abbé sus-nommé, a provoqué plus cruellement dans les affaires et les membres du monastère et leurs hommes, à grands frais et préjudices.
Quod dolens graviter Abbas superius memoratus coram Honorio fedis Apostolice fummo Pontifice querimoniam detulit ad Romanam curiam personaliter accedendo.
Personaliter icaque constitutus coram fummo Pontifice, Omnem exactionis atque subjedionis totiusque rei gestae ordinem , pro qua venerate, enarravit, et qualiter dicta Ecclesia fundata fuerat et a quo patrono praetendens manu propria privilegium fundatoris , in quo privilegio inter caetera habe batur,quod predictum Monasterium pertine bat ad Romanam curia, nullo alio mediante.
Ayant été nommé en personne devant le fummo pontife, il raconta tout l'ordre d'exécution et d'assujettissement et tout l'événement pour lequel vous avez adoré, et comment ladite église avait été fondée, et par quel patron revendiquant de sa propre main le privilège de la fondateur, dont le privilège parmi les autres, détiennent le bâton, qui appartient au monastère précité en appelle à la cour romaine, sans aucun autre intermédiaire.
Qui fummus Pontifex talia ut audivit continuo Abbati, qui tunc præerat Monasterio S. Joannis Angeliacensis, Priori eiusdem loci dedit in mandatis et venerabili Aimerico cognomento Tabater, qui tunc Alnisiensis Archidiaconus habebatur quod ipsum compellerent ad hoc, justitia mediante.
L'ancien Pontife, ayant entendu de telles choses, donna immédiatement l'Abbé, qui présidait alors le Monastère de Saint-Jean d'Angély, au Prieur du même lieu dans les ordres et au vénérable Améri surnommé Tabater, qui était alors tenu d’être l'archidiacre d'Aunis, parce qu'ils l'ont contraint à le faire, au moyen de la justice.
Receptis ergp litteris commissoriis judices memorati in omnibus juris ordine observato predictum nobilem potestate fibi tradita compellere studuerunt, ut de damnis et illatis injuriis Ecclesiae Malleacensis Monachis ejusdem Ecclesiae ac hominibus eorundem satisfaceret competenter, et ab indebita molestatione dictae Ecclesie et hominum qua ipsos diu molestverat, resiliret, ac de cætero talia praesumere non auderet.
Ayant reçu les lettres de commissaire, lesdits juges, observant tout l'ordre légal, se sont efforcés de contraindre la susdite noble autorité qui leur était confiée, de contraindre avec compétence les dommages et préjudices infligés à l'église de Maillezais aux moines de la même église et de les gens de celle-ci, et de se retirer du harcèlement indu de ladite Église et du peuple par qui ils avaient été harcelés depuis longtemps , et du reste il n'oserait pas présumer de telles choses.
Dictus autem Nobilis prohibitionem siue monitionem summi Pontificis et suorum iudicum vilipendens damna intulit predicto Monasterio rebus et hominibus didisque Monachis plurima ac etiam graviora.
Et ledit Noble, méprisant l'interdiction ou l'avertissement du Souverain Pontife et de ses juges, fit porter à ladite Convention les dommages les plus nombreux et même les plus graves aux choses et aux personnes, et instruisit les moines.
Nam Abbatiam postea per vim intravit pluries et immunitatem Eccleisæ vioians bona et substantiam Monachorum tam in capite quam in membris, Dei timore posiposizo, usque ad enormeni laesionem sicut in relatione facta ad Dominum Papam a dictis judicibus de prae dicto negotio melius ac plenius est expensum.
Car ensuite il entra plusieurs fois de force dans l'Abbaye, et violant l'immunité de l'Église, les biens et la substance des Moines, tant dans la tête que dans les membres, je les mis de côté dans la crainte de Dieu, jusqu'à l'énorme injure, comme dans la relation faite au lord pape par lesdits juges dans l'affaire précitée, a été mieux et plus pleinement dépensée.
Talia enim contingentibus Ecclesi Malleacensi duriora et eò amplius graviora pressuris undique venientibus ac angustiis crescentibus contigit simile quod legitur in Canticis Canticorum: Sponsa Christi Malleacenfis Ecclesia sponsum Christum id est refugium singulare quaerens in nocte, id est in diebus adversitatis per vicos et plateas, invenerunt eam custodes civitatis, percusserunt et vulneraverunt eam, et ad ultimum eius pallium detulerunt.
Car de telles choses sont arrivées aux contingents de l'Église de Maillezais, avec des pressions plus sévères et encore plus sévères venant de toutes parts et des détresses croissantes, semblables à ce qui est lu dans le Cantique des Cantiques : les gardes de la ville, la frappèrent et la blessèrent, et emporta son dernier vêtement.
Custodibus etenim supervenientibus, id est mortis doloribus, tulerunt pallium sponse Christi Malleacenfi Ecclesia scilicet dominum Willelmum Fortem Abbatem Monasterii antedicti.
En effet, lorsque les gardiens sont arrivés, c'est-à-dire dans les affres de la mort, ils ont pris le manteau de l'époux de l'église Christ Maillezais, c'est-à-dire seigneur Guillaume le Fort, abbé dudit monastère.
Qui vere pallium era tac tegumentum ipsius, quia in quantum poterat, quamdiu vixerat, illud protexerat ab incursibus iniquorum.
Qui était vraiment un manteau était sa couverture, car autant qu'il le pouvait, aussi longtemps qu'il vivait, il le protégeait des attaques des injustes.
Tanto igitur Malleacensis Ecclesia Pastoris solatio destituta filij Ecclesia dolentes de morte PatriS ultra modum et merito quia illis superaverant angustiae undique scilicet et matris Ecclesia persecutione continua et de pio Patris obiturepentino.
L'Église de Maillezais était donc si dépourvue du réconfort du Pasteur des filles de l'Église, qui pleuraient outre mesure et à juste titre la mort de leur Père, parce qu'elles avaient été accablées par la détresse de toutes parts, c'est-à-dire dire, l'Église de la Mère a continué à être persécutée, et à cause de la mort du pieux Père.
Convenerunt itaque moeretes et dolentes filij uniuersi, ut corpus tanti patroni sepulturae honorifice traderetur et de substituendo Pastore tractatus inter ipsos communiter haberetur.
Les fils en deuil et en deuil de toute l'assemblée s'assemblèrent donc, afin que le corps d'un si grand patron puisse recevoir une sépulture honorable, et que le traité de remplacement du berger puisse être conclu entre eux en commun.
Multi enini vicini et probi homines ad tumulandum dictum Patrem convenerant.
Plusieurs de ses voisins et honnêtes gens s'étaient réunis pour enterrer ledit Père.
Arnaudus scilicet tunc temporis Abbas Sancti Leodegarii, et quidam vir religiosissimus Prior Claustralis de Thalemundo , et plures alii Presbyteri Laici et Clerici seculares, ut filiostanto orbatos Pastore consolaretur, et, ut dictum est, corpus exanime traderetur honorificentissimae sepulturae.
Arnaud, bien sûr, était à cette époque l'abbé de L'abbaye de Saint-Liguaire, et un certain homme très religieux, le prieur cloîtré de Talemond, et plusieurs autres prêtres laïcs et ecclésiastiques séculiers, afin que les enfants endeuillés soient réconfortés par le berger, et, comme on l'a dit, le corps sans vie pourrait recevoir la sépulture la plus honorable.
Congregatis igitur universis et domesticis et extraneis intra muros Malliacensis Ecclesia; contigit illud simile quod legitur filiis Israel in Ierufalem priscis temporibus evenisse.
Tous donc réunis, domestiques et étrangers, dans les murs de l'église de Mailleais ; Il est arrivé que quelque chose comme cela est arrivé aux enfants d'Israël dans les temps anciens.
Convenerant enim ex tota ludaea magni et parui, pauperes ac potentes, omnisque populus utriusque fexus a maximo usque ad minimum quasi vir unus in civitate praefata fuerant congregati, cum Romani Imperatores Titus, scilicet et Vespasianus, cum exercitu infinito Vallauerunt undique civitatem atque obsederunt in ea populum memoratum, multifque illum injuriis et angustijs, sicut legitur, afflixerunt.
Car ils s'étaient réunis de tout le pays de Lydie, les grands et les petits, les pauvres et les puissants, et tout le peuple des deux tribus, du plus grand au plus petit, comme s'ils avaient été rassemblés comme un seul homme dans ladite ville,lorsque les empereurs romains Titus, c'est-à-dire et Vespasien, avec une armée infinie, assiégèrent la ville de tous côtés, et assiégèrent les personnes qui y sont mentionnées, et les affligèrent de nombreuses blessures et difficultés, comme nous le lisons.
Similiter etiam contigit in hac parte.
La même chose s'est produite dans cette partie.
Etenim congregato universo coetu filiorum Malleacensis Ecclesie Gaufredus de Lezignem iustiti persequutor ac domus Dei iniquissimus devastator ac inuasor, infinito exercitu congregato pervenit usque ad Monasterium memoratum, adduxitque secum innumeram multitudinem gentium cum armis Militum scilicet et servientium, et quod grave fuit infinitam multitudinem rusticorum.
En effet, ayant réuni tout le groupe des enfants de l'Église de Maillezais, Geoffroy de Lusignan, le juste persécuteur et le plus injuste dévastateur et destructeur de la maison de Dieu, rassembla une armée infinie et arriva jusqu'au dit Monastère , et amena avec lui une multitude innombrable de nations armées, c'est-à-dire des soldats et des serviteurs, et ce qui pesait, c'était une multitude infinie de paysans.
Obsesso igitur ac vallato undique Monasterio faepesato minister Satanæ ante dictus daemoniaco afflatus spiritu atque in bonis Ecclefie ultra quam exprimere valeamus, serociter debacchando, Monachos obsessos in Monasterio attrivitin contumeliam Domini ac totius cleri opprobrium, famae et inedia diuturna.
Le ministre de Satan, assiégé et assiégé de toutes parts du Monastère, inspiré par ledit esprit démoniaque, et en bon Ecclésiaste au-delà de ce que nous pouvons exprimer, dévotement débauché, les Moines assiégés dans le Monastère ont subi l'opprobre du Seigneur et l'opprobre de tout le clergé, la renommée et la faim de longue date.
Interea toto Ecclesiae saepcsatie convent in unum congregato, tractatus communis coepit haberi, quis inter ipsos ad regimen fuae matris Ecclesiae idonior haberetur.
Dans l'intervalle, toute l'assemblée de l'église s'est réunie et une discussion commune a commencé à avoir lieu pour savoir qui d'entre eux devrait être considéré comme le plus approprié pour le gouvernement de l'église mère.
His itaque contingentibus atque diversis diversa fentientibus, non poterant in unam personam communiter consentire.
Par conséquent, ces contingents et divers s'imaginaient des choses diverses, ils ne pouvaient pas s'entendre en commun en une seule personne.
Sed quid moror? Tandem inspirante bonorum omnium conditore, omnes in Capitulo congregati inspiratione divina Rainaldu Venerabilem Priorem time temporis de Hermenaldo una voce unanimiter elegerunt.
Mais pourquoi j'attends ? Enfin, inspirés par le fondateur de toutes bonnes choses, tous réunis au Chapitre par inspiration divine ont choisi Rainaud Vénérable Prieur du temps d'Hermenaud d'une seule voix.
Jean d'Arras décrit l'incendie de l'abbaye de Maillezais dans son Roman de Mélusine.
Pon (G.), « La dévastation de l'abbaye de Maillezais (v. 1225-1232) par Geoffroy II de Lusignan, dit Geoffroy à la Grand'Dent », Bulletin de la Société des antiquaires de l'Ouest, Poitiers, juillet 2001 [édition critique du récit de l'attaque, la Devastatio, BNF, ms. lat. 4892, fol. 207r° à 210r°], p. 23- 311.
La chronique de Maillezais du MONASTERE DE ST-MAIXENT, EN POITOU. <==
Légendes Poitevine ; Geoffroy à la Grande Dent, son frère Fromont Maillezais - Mélusine et Raimondin de Forez, sire de Lusignan <==.... ....==> 1232 Geoffroy à la Grand Dent excommunié, après avoir fait un pèlerinage pénitentiel à Rome est absous par le pape Grégoire IX