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PHystorique- Les Portes du Temps
17 avril 2023

Église Notre-Dame de Champdeniers

Église Notre-Dame de Champdeniers

CHAMPDENIERS, dans les chartes Campdinarium, Campidenarium, Campdener, Chandiner, etc.,

bourg de 1,200 âmes (1889-1892) régulièrement bâti, ancien marquisat, chef-lieu de canton de l'arrondissement de Niort (Deux-Sèvres), à deux myriamètres au nord de cette ville, occupe un petit promontoire formé par l'Egray et l'un de ses plus faibles affluents, sur la ceinture liasienne des terrains anciens de la Gâtine recouverts en ce point par l'argile rouge sidérolithique et reposant sur des schistes cambriens (?), tandis que, vers le sud de la commune qui confine à la Plaine, le lias disparaît à son tour sous l'oolithe.

Heureusement située sur la frontière de deux contrées très différentes par leurs produits, Champdeniers devint de bonne heure un lieu de transit et d'entrepôt.

 

A peine le prédécesseur de l'abbé Angésise avait-il relevé l'abbaye de Saint Maixent qui avait été la proie des flammes à l'époque de l'incendie de 1075, qu'un nouveau désastre plus violent encore que le précédent, vint détruire de fond en comble le monastère et toutes ses dépendances.

Si cet événement inattendu causa un sentiment pénible, il trouva bientôt des cœurs généreux; ainsi de nouvelles libéralités furent faites en faveur de l'établissement.

Foucault, du château de Chabanais, Rainaud, Isembert II, évêque de Poitiers (2 novembre 1047- av. 1087), Jean d'Angoulême, etc., donnèrent à l'abbé et à ses religieux plusieurs biens situés en divers lieux et notamment une église dédiée à saint Martin, avec droits et dîmes en dépendant. Jean d'Angoulême donna, en 1086, une écluse sur la Sèvre.

Si les religieux avaient recouvré une grande partie des propriétés dont ils avaient été dépouillés, si à cause du fatal incendie qu'ils venaient d'essuyer, ils avaient reçu d'utiles secours, pour les aider à relever les lieux dévastés, ils trouvèrent aussi un habitant nommé Châlon qui, gisant gravement blessé à Champdeniers, donna à saint Adjutor Maixent, un verger situé hors la porte de Châlon, ainsi que le fief de Faye.

 

Anno ab incarnatione Domini millesimo LXXX° VI° Cadelo juvenis filius alterius Cadelonis juvenis jacens graviter vulneratus apud Campdinarium dedit sancto adjutori Maxentio viridiarium quod est situm extra portam Cadelonis avi sui, unde ipse solebat reddere censum sancto Maxentio denarios quatuor.

Insuper dedit suam partem alodi de Faia medietatem videlicet totam.

Hoc fuit factum apud Campdinarium audientibus istis : Gofredi avunculi sui, Fulconis consobrini sui, Ademari de Barbaste, Wilelmi presbiteri, Aenor matris ejus, Gauterii Gosleni, Ademari Gosleni qui calumpniam quam in hoc dano habebat ibi finivit, S. Brientii. Post illam infirmitatem veniens ipse Cadelon in capitulum sancti Maxentii quod tunc fiebat in monasterio ante altare sancte Marie, hoc donum fideliter confirmavit testibus Witberto archipresbitero; Ademaro Dauge; Ugone Tirolo; Aimone monachis; Christiano monaco; Stephano monacho; Giraldo priore qui hanc cartam scripsit.

Actum est regnantibus Phylippo rege in Francia, Gofredo duce in Aquitania, Isemberto Pictavis presule.

 

L'acte qui consacre ce legs n'ayant pas été rapporté dans le cartulaire dressé par dom-Fonteneau, nous allons essayer de le traduire :

 « L'an mil quatre-vingt-six de l'incarnation du Seigneur, Châlon le Jeune, fils d'un autre Châlon jeune, gisant grièvement blessé à Champdeniers, a donné à saint Adjutor Maixent un verger situé hors la porte de la maison de Châlon, son grand'père, ce verger tenu vis-à-vis du couvent à un denier de cens.

Il donna en outre à ce même couvent la moitié de l'alleu de Faye.

Cela fut fait à Champdeniers en présence de Geoffroi, son oncle ; Foulques, son cousin; Adémar de Barbaste; Guillaume, prêtre; Aenor, sa mère; Gautier-Goslin; Adémar-Goslin, qui là mit fin  à une contestation qu'il avait touchant ce don. Signé Briant.

« Après cette maladie, Châlon venant lui-même au chapitre de Saint-Maixent qui se tenait alors au monastère, et devant l'autel de sainte Marie, a confirmé fidèlement ce don.

Témoins Witbert, archiprêtre ; Adémar d'Augé; Ugues Tireuil ; Aimon, moine ; Christin, moine; Étienne, moine; Giraud, prieur, qui a écrit cette charte.

 Fait sous les règnes de Philippe, roi en France, de Geoffroi, duc en Aquitaine, Isembert, évêque à Poitiers. »

 

 En 1111, une petite armée angevine opposée aux forces du comte de Poitou y trouve des ressources suffisantes pour tenir garnison.

Dès 1177, la vigne, importée peut-être par les moines de Maillezais, couronne les coteaux d'alentour.

En 1240, le marché est créé et le revenu du Minage suffit à la dotation de quatre chapelles dont l'une à l'aumônerie, fondée elle-même depuis longtemps.

En 1240, Geoffroi, seigneur de Champdeniers, avant de partir pour la croisade, fonda quatre chapellenies, dont une donnée à l'aumônerie de Champdeniers, et les trois autres aux religieux des Châtelliers.

 

Les trois quarts du produit du minage de Champdeniers furent, en conséquence, attribués aux religieux, et l'autre quart à l'aumônerie (1).

26 mars 1338 (1337 v.s.) Main-levée de la saisie mise sur les droits de minage de Champdeniers par le châtelain du seigneur de Parthenay, sur la prétention que ces droits, qui appartenaient à l'abbaye des Châtelliers et à l'aumônerie de Champdeniers, devaient tomber en rachat au profit du seigneur de Parthenay.

A tous ceux qui verront et orront cestes presentes lettres, Adam Dize, chatellain et receveur de noble et puissant homme, monsieur de Partenay, au dit lieu de Partenay, et garde et gouverneur de la jurisdiction du dit noble en Gastine, saluz.

Comme nous heussons mis en la main de monsieur de Partenay le minage de Champdenier o les appartenances et esmoluments d'icelui et deffendu aus religieux, l'abbé et convent des Chastelliers, en la personne de frere Aimeri de Mons, leur procureur et à monsieur Aimeri Casse, aumosner de Champdenier, ausquex religieux et ausmoner le dit minage o ses appartenances appartennent, si comme ils dient qu'il n'y explectessent durant ceste presente année entrée dès le temps de la mort fehu monsieur Aymeri de Champdenier, chevalier, pour ceu que nous disions le dit minage o ses appartenances devoir courre en rachapt de monsieur, ceste presente année, advenu par la mort du ditfehu monsieur Aymeri de Champdenier par raison de l'omage de Champdenier les dits religieux et aumosner disans au contraire le dit minage o ses appartenances non devoir courre on dit rachapt, et qu'il n'étoit memoire que unques mes aucun empeschement leur heust esté mis on dit minage et appartenances par ceste cause, cumbien que le cas du dit rachapt fut plusieurs fois advenus puis sexante ans, sur lesquelles chouzes le dit monsieur de Partenai, à la requeste des dis religieux et ausmosner, nous commanda de bouche a enquerre et savoir boune vérité et leur faire raison sur ce, selon ceu que nous en trouverions soumerement et de plain; pour ce que nous avons trouvé, par enqueste diligemment faite sur ceu a plusieurs gens dignes de fay, que le dit rachat estoit plusieurs fois advenus à monsieur et à ses predecesseurs; c'est à scavoir, une fois par la mort fehu monsieur Guillaume de Champdenier, chevalier, et une autre fois par la mort fehu Geoffroi de Champdenier, vallet, et une autre fois par le transport, que firent les filles dudit feu Geoffroi, de la terre de Champdenier, on dit monsieur Aymeri, de Champdenier, leur oncle, sans ce que le dit minage et appartenances courust on dit rachapt, ne que pour cause du dit rachapt aucun empeschement leur y fut mis, et ne pehumes unques trouver que, par cause du dit rachat, le dit minage o ses droits et appartenances heust unques esté empeschés aux dits religieux et aumosner, ne pris ne levé en aucun temps, avons par vertu du dit commandement oustée la main de monsieur, mise sur le dit minage et appartenances, par la cause dessusdite, et commandé ausdits religieux, en la personne dudit procureur et audit aumosner, explet de tout leur droit, par la manière accoustumée.

Donné sous nostre sceau, en tesmoign de verité, le mercredi emprès l'annunciation Nostre Dame, l'an de grace M.CCC.XXXVII.

L'original de cette pièce est dans les archives de l'abbaye des Châtelliers.

 

 

En 1329, le marché a déjà lieu le samedi ; il y a même un voyer dont l'office est tenu en fief en 1397.

1365–12 JUIN. Acte donné par noble homme mons. Jehan de Vivonne, chevalier, et Louis de Vivonne, son fils, par lequel ces seigneurs s'engagent à ne donner aucune atteinte, ni mettre aucun obstacle au droit de minage qui appartient à l'abbaye des Châtelliers, dans le lieu de Champdenier, par don fait à cette abbaye, en 1240, par le seigneur de Champdenier.

Les seigneurs de Vivonne font cette promesse ci « honorable pere en Dieu Mons. Seguin (2), abbé dumoster des Chastelliers, le 12 juyn l'an de grâce mil CCC et sixante et cint. »

(Original. Abbaye des Châtelliers.)

 

Avant 1400, un pont de pierre vers lequel convergeaient les chemins de Niort et de Saint-Maixent — le seul qu'il y eût encore en 1829 — a été construit sur l'Egray avec les revenus du fief de la Voyrie (3), consacrés à l'entretien et à la police des chemins et des rues.

En 1494, la halle porte comme à Niort le nom significatif de grande cohue, en rapport avec la foule qui s'y presse.

Elle offre des étaux pour la boucherie, la poissonnerie, la mercerie, la draperie et la joquoyrerie, désignation sous laquelle semblent se confondre toutes les branches de l'art du tanneur, fort anciennement pratiqué si, comme le veut la tradition, des peaux roulées (?) ont été figurées sur les chapiteaux des colonnes engagées les plus voisines de la porte d'entrée de l'église pour rappeler la part prise à sa construction par la corporation des tanneurs, vers 1092.

Au XVe siècle, Champdeniers devient un centre d'approvisionnement, une véritable petite ville ; on y compte trente bouchers.

Un poids-le-roi est établi près des halles; la cohue ne peut tout loger : il y a en outre des petits bancs, une petite boucherie et une poulaillerie dans les basses rues (4).

Les grands murs de la verrerie des L'Apostolle, d'où sortiront en 1509 les vitraux de la Sainte-Chapelle de Thouars (5), s'élèvent déjà à la sortie du bourg au nord du chemin qui conduit au pont des deux arceaux (1494).

 Dans le cimetière un curieux mausolée a été consacré à la mémoire d'un disciple de saint Éloi, orfèvre sans nul doute (6).

On trouve au siècle suivant une fonderie de cloches (1511) (7), quoique jusqu'à nos jours les fondeurs n'aient guère eu de résidence fixe.

En 1562, Nychollas Bourgnon, armurier à Champdeniers, vend à Jean de Bourdeille, seigneur d'Ardelay en Bas-Poitou, cinquante hacquebuttes.

Les tisseurs de draps disparaissent avec le XVIIe siècle.

 La rue de la Poterie a pris son nom des potiers d'étain encore nombreux au XVIIIe. La boterie rappelait une autre industrie, celle des sabots. Jusqu'à la Révolution, les divers ouvriers qui travaillent les peaux (pelletiers, corroyeurs, tanneurs, blanconniers, arçonniers, selliers, etc.) sont mentionnés dans les actes des notaires.

En 1774, les deux moulins à écorces ne suffisent pas à l'entretien de leurs ateliers. Alors, nous dit M. de Rémigioux, beaucoup de villes du Poitou ne valaient pas Champdeniers abondamment pourvue de tous les artisans nécessaires. Les serruriers notamment excellaient dans leur art et fabriquaient des fusils, pistolets et pendules (8). En l'an IX, la chapellerie occupait encore plusieurs ouvriers.

Le rôle d'industrie montre qu'en 1744 la taxe des artisans atteignait le dixième de la taille. La capitainerie des traites foraines, qui subsista jusqu'en 1790, fournit une autre preuve de la prospérité du commerce. Il faut encore signaler la présence momentanée d'un subdélégué à Champdeniers en 1738.

Il y avait, pour les entrées et l'octroi, un bureau des aides auquel était réunie la perception des droits réservés. Le bureau de contrôle des actes, dont la circonscription était fort étendue, existait dès 1644; le contrôleur était chargé de la marque des cuirs. On créa en 1781 un bureau de visite et de marque des toiles et toileries.

En 1855, les tanneries comptaient trente-quatre fosses produisant chaque année pour 100,000 francs de cuirs. L'une de ces usines possède depuis quelques années une machine à vapeur.

On a vu aussi s'élever une fabrique de brides de sabots. Les fours à chaux acquièrent une importance de plus en plus grande. La culture maraîchère fournit toujours des plants très recherchés en Gâtine, dont les terres froides s'accommodent mal des produits de Niort.

Les foires de Champdeniers ont une antique renommée. L'État de l'Election de Niort en 1716 les dit cogneues de tout le royaume; aujourd'hui encore les foires à mules, de tout temps suivies par les Espagnols, passent pour les meilleures du Poitou. Il y a actuellement douze foires; sept seulement sont antérieures à la Révolution, on les retrouve dès le commencement du XVIIIe siècle.

L'Étai de l'Election de Niort en 1744 en signale cinq comme anciennes; cependant quatre seulement sont indiquées dans un almanach de 1660 (15 janvier, 28 mai, 22 août, et samedi après la Nativité de N. D.).

Encore la foire de mai y est-elle donnée comme nouvelle. Il n'y aurait donc en réalité que trois foires anciennes ; leur création doit dater de 149l, peut-être même de 1300.

Les grandes foires duraient trois jours; quarante auberges, dont plusieurs contenaient jusqu'à quarante lits, suffisaient à peine à loger bêtes et gens.

Elles profitèrent beaucoup au milieu du dernier siècle du délaissement des foires de Niort par suite des tracasseries des agents des fermes. On crut longtemps que l'amélioration des voies de communication leur serait avantageuse.

De nos jours la création du réseau vicinal a eu un tout autre résultat. Les marchands se rendent directement sur le lieu de l'élevage et les fermiers ont tout avantage à vendre sans déplacement.

Longtemps avant que le chemin de fer fût venu nous apporter le triste bénéfice de son lointain voisinage (9), les marchands ne couchaient pas à Champdeniers et n'y séjournaient même plus que quelques heures.

C'en est fait de nos foires de trois jours; plusieurs de nos grandes auberges ont déjà disparu. Enfin une consommation moindre de fourrages a amené une diminution sensible dans la valeur des prés.

La huitième foire en date, fixée au 19 décembre en 1802, a remplacé le marché-foire de la Sainte-Luce que l'on retrouve dès le XVe siècle.

C'était alors un l'of-bœuf. On appelait ainsi un marché où le bœuf le plus gras était « couronné » . Cet antique concours paraît avoir pris fin au milieu des troubles du XVIe siècle, comme tant d'autres institutions utiles léguées par le moyen âge.

A la Révolution, la paroisse dépendait de l'archiprêtré de Saint-Maixent, de l'élection de Niort et de la subdélégation de Saint-Maixent; la châtellenie relevait de Parthenay.

En 1790, Champdeniers devint le chef-lieu d'un canton du district de Saint-Maixent. En l'an VIII, le canton passa à l'arrondissement de Niort.

Le canton de Champdeniers confine au nord à l'arrondissement de Parthenay, par les cantons de Mazières-en-Gâtine et de Secondigny ; tous les autres cantons qui l'entourent dépendent de l'arrondissement de Niort : ce sont, en allant de l'est à l'ouest, ceux de Saint-Maixent (1er canton), Niort (1er canton) et Coulonges-sur-l'Autise.

De 1790 à l'an VIII, il se composa des neuf communes de Champdeniers, Champeaux, la Chapelle-Bâton, Cours, Germond, Saint-Denis, Sainte-Ouenne, Surin et Xaintray. Il gagna en l'an VIII Pamplie, Saint-Projet, Rouvre et Saint-Christophe-sur-Roc.

Saint-Projet a été réunie à la Chapelle-Bâton en 1831, de sorte qu'actuellement le canton n'a plus que douze communes. Il est peu étendu, sa contenance restant à 12,655 hectares. Sa population n'est que de 8,175 habitants, ainsi répartis : Champdeniers, 1,380 individus; Champeaux, 317; la Chapelle-Bâton, 725; Cours, 663; Germond, 776; Pamplie, 664; Rouvre, 324; Saint-Christophe, 852; Saint-Denis, 283; Sainte-Ouenne, 692; Surin, 985; Xaintray, 514.

Le territoire, entièrement compris dans le bassin de la Sèvre-Niortaise, s'incline dans son ensemble vers le sud-ouest; l'altitude maximum dépasse 200 mètres.

Il est arrosé par le gueur de Cherveux, l'Egray et quelques rameaux de l'Autise. Aucun de ces petits cours d'eau n'est pérenne ; en hiver, ce sont parfois de véritables torrents. Ils ont creusé de profondes dépressions, peu en rapport avec le volume actuel de leurs eaux, sur la limite des terrains anciens de la Gâtine.

Ces vallées, sans offrir les perspectives alpestres de la forêt de Vouvent, ne manquent souvent ni de charme, ni d'ampleur.

Les rochers de Roche-Follet (Voir Planche 1), de la Chaise, de Roussillon, de Puychenin et de la Terrassonnière peuvent être cités à côté de ceux de Chambrille (10), du Puy-d'Enfer (11), de Roccervelle (12), du pont de Gâtine (13) et de tant d'autres paysages trop peu connus qui jalonnent agréablement le nord du bassin de la Sèvre.

Le canton de Champdeniers, comme les cantons voisins de Saint-Maixent et de Coulonges, résulte d'un groupement fort artificiel de communes de Plaine et de Gâtine.

 On sait qu'une constitution fort différente du sol avait créé cette division rationnelle, aussi peu respectée dans le passé que dans le présent.

Dès l'époque fort reculée où les paroisses se formèrent, elles réunirent souvent des terrains mixtes. Il en fut ainsi pour Champdeniers, Saint- Denis, la Chapelle-Bâton, Surin et même Xaintray. Champeaux, Cours et Pamplie appartiennent uniquement à la Gâtine ; Germond, Rouvre, Sainte-Ouenne et Saint-Christophe-sur-Roc, à la Plaine.

Les archiprêtrés n'avaient pas davantage tenu compte des limites que la nature avait imposées aux deux contrées et même aux races d'habitants.

Champdeniers, Champeaux, Cours, Germond, la Chapelle-Bâton, Rouvre, Saint-Christophe, Saint-Denis et Saint-Projet étaient allées à l'archiprêtré de Saint-Maixent; Pamplie, Sainte-Ouenne, Surin et Xaintray, à l'archiprêtré d'Ardin.

 Plus tard, enfin, la vaste baronnie des seigneurs de Parthenay déborda par- delà la Sèvre au-dessous de Salbart, sans absorber cependant toutes les paroisses qui forment aujourd'hui notre canton.

Jusqu'à l'arrêt du Conseil du 26 avril 1670, qui assigna le Thouet et l'Autise comme frontières du haut et du bas Poitou, nos communes furent assez indifféremment comprises dans l'une ou l'autre de ces divisions de la province.

On croit qu'il n'y eut tout d'abord en matière d'impôt que deux sièges, Poitiers et Niort, correspondant à deux des baillies créées par Alphonse.

Plus tard on trouve quatre sièges, et les paroisses du futur canton continuent à relever de Niort, centre de 340 collectes. Ce vaste arrondissement financier, antérieur à 1434, commença à se disloquer sous François Ier.

 L'édit du 7 décembre 1542 remplaça les recettes générales par les généralités, et la généralité de Poitiers forma neuf sièges d'élections.

Vers cette époque, l'élection de Niort perdit pour toujours Saint-Christophe, la Chapelle-Bâton, Saint-Projet et Sainte-Ouenne attribuées à l'élection de Saint-Maixent.

L'élection de Parthenay, établie vers 1562 et supprimée en 1583, comprit Champdeniers, Champeau, Pampellie, Cintray et Cours, qui revinrent ensuite à l'élection de Niort, dont ils continuèrent à faire partie avec Germond, Rouvre, Saint-Denis et Surin.

En 1789, Champdeniers, Champeaux, Cours, Germond, la Chapelle-Bâton, Saint-Christophe, Pamplie, Saint- Denis et Saint-Projet relevaient de la subdélégation de Saint-Maixent ; Rouvre, Sainte-Ouenne, Surin et Xaintray, de celle de Niort.

Hors du chef-lieu, on ne rencontre aucune industrie, si ce n'est la production de la chaux, limitée aux communes de Cours, Champdeniers, Saint-Denis et Champeaux, dont les fours sont très actifs.

Grâce à la chaux, la Gâtine, qui ne donnait autrefois que du seigle, de l'avoine et du sarrasin, peut rivaliser aujourd'hui avec les meilleures terres de la Plaine dans leurs cultures variées. Dans ces derniers temps, le chemin de fer vient en outre de lui assurer le transport à prix réduits des engrais et des amendements agricoles livrés par l'industrie, aussi les produits des deux contrées tendent-ils de plus en plus à se confondre ; l'élevage est le même. Cependant la mule, comme par le passé, ne naît qu'en Gâtine, d'où elle passe bientôt aux fermiers de la Plaine, qui plus tard la livrent au commerce.

L'exploitation forestière ne s'exerce qu'au seul bois d'Arpentéreaux d'une contenance d'un peu plus de 300 hectares. Les beaux arbres qui s'élevaient autrefois sur toutes les clôtures de la Gâtine et donnaient au pays l'aspect d'une immense forêt, disparaissent chaque jour; n'étaient les pentes des vallées où la verdure persiste encore et quelques petits bois épars, son aspect glabre et désolé rappellerait déjà sur bien des points celui de la Plaine.

Le canton de Champdeniers, situé à peu près à égale distance du chemin des Chaussées et de la Bissêtre, n'est traversé par aucune voie romaine.

Le chemin Chevaleret borne au sud la commune de Rouvre et traverse une partie de la commune de Sainte- Ouenne.

C'est l'ancien chemin des Saulniers encore parcouru, il y a cinquante ans, par les marchands de chevaux qui suivaient les foires de Saint-Maixent et de Fontenay.

Le chemin Charbonnier, dont le nom indique suffisamment la destination et par lequel la Gâtine était en communication avec Fors et la Saintonge, sépare l'ancienne commune de Saint-Projet de celle d'Augé.

A l'ouest, le chemin de Xaintray, aussi dirigé du nord au sud, traverse les communes de Xaintray et de Surin en tendant vers les gués de la Sèvre.

Plusieurs chemins, non moins anciens, mais sans destination spéciale, descendaient de Parthenay sur Niort par Champeaux, Champdeniers et le château des Mothes de Germond.

La carte de Cassini indique deux chemins de Niort à Parthenay: l'un par Champeaux et Mazières, l'autre par Champdeniers, Saint-Antoine de la Lande et Saint-Pardoux, bien qu'ils ne fussent pas plus viables que le chemin de Champdeniers à Saint-Maixent dont elle donne aussi le tracé.

Actuellement le canton est desservi par l'ancienne route stratégique d'Angers à Niort, qui de chute en chute est tombé au rang de chemin de grande communication (n° 40). Cette voie met Champdeniers en communication avec Niort et Bressuire. On va encore de Champdeniers à Niort par Sainte-Ouenne et Saint-Maxire, en empruntant le chemin de grande communication n° 12.

Deux chemins vont de Champdeniers à Parthenay:

1° Le chemin de grande communication n° 23, qui se réunit à Mazières au chemin de grande communication n° 2, de Niort à Parthenay par Champeaux;

2° Le chemin d'intérêt commun n° 34 par la Lande, la Boissière et le Tallud.

Le chemin de grande communication n° 6, de Saint-Maixent à Fontenay, passe à Champdeniers et traverse tout le canton de l'est à l'ouest.

Le canton est relié à Melle par le chemin de grande communication n° 7, de Champdeniers à Melle.

Il nous reste à mentionner plusieurs chemins d'intérêt commun :

N° 28, de Champdeniers à l'Absie;

N° 22, de Cherveux à Verruyes;

N° 29, de Saint-Pompain à Cherveux par Rouvre ;

N° 68, de Saint-Laurs à Menigoute.

 

Ce dernier chemin, qui devait ouvrir un débouché de Xaintray sur Saint-Laurs à travers les pittoresques vallées du Plet, de Roccervelle et de la montagne d'Ardin, descend tout d'abord vers le sud en empruntant le chemin de Fenioux à Ardin, puis il se confond à partir d'Ardin avec le chemin de grande communication n° 6 (de Saint-Maixent à Fontenay) dont il ne se détache qu'au- delà de Saint-Denis.

Il fut proposé en 1857 par l'ingénieur C.-A. Hoslin « pour abréger de plus de deux lieues la distance de Champ- deniers à la mine de Saint-Laurs », ce à quoi on ne songea guère l'année suivante lorsque par suite du classement le prétendu chemin de Champdeniers à Saint-Laurs devint le chemin de Saint-Laurs à Menigoute.

Le chemin de Niort à Montreuil-Bellay, ou plus exactement de Paris à Bordeaux, n'a sur le territoire du canton que la seule station dite de Champdeniers par euphémisme, située dans la commune de Saint-Christophe- sur-Roc et qu'on ne peut atteindre de Champdeniers qu'en traversant dans toute sa longueur la commune de Saint-Denis.

 

HISTOIRE

 

La pierre polie est représentée à Champdeniers par deux fragments de haches trouvés aux tanneries.

 Les premiers habitants s'étaient sans doute fixés sur les bords de la grande fontaine, à proximité de la vaste prairie des rivières, qui semblait appeler leurs troupeaux; peut-être le lieu-dit voisin de la Roche-Mariée évoque- t-il le souvenir d'un monument mégalithique disparu ? Dans notre contrée encore, c'est par les vallées que se sont propagées les races autochtones.

A Germond, M. Arnault, instituteur communal, a recueilli sur les coteaux de l'Egray d'innombrables échantillons de l'époque chéléenne et des spécimens plus rares de l'industrie moustérienne, derniers vestiges d'une population relativement considérable qui, plus tard, au temps de la conquête romaine, avait son lue, son oppidum et ses fontaines sacrées.

Lorsque le bronze succéda à la pierre polie, la colonisation s'étendait jusqu'à Champeaux, où M. Moncassin, ex-agent-voyer, a rencontré des haches de formes variées.

A l'époque gallo-romaine, les habitants, toujours plus nombreux près des cours d'eau, commencent à se répandre hors des vallées. A peine pouvons-nous cependant signaler sur le plateau du bourg quelques petits bronzes du IIIe siècle, dans l'ancien enclos du Prieuré.

Rien ne prouve que notre vieux cimetière du Paradis remonte aux Mérovingiens. M. Lecointre-Dupont avait attribué à l'ère carlovingienne un denier inédit de saint Martin de Tours portant au revers un monogramme formé des quatre lettres C. A. F. R., rencontré dans le pré de Villeneuve, à l'ouest de Champdeniers.

 

Le prieuré Notre-Dame de Champdeniers apparaît dans les textes en 1086; à cette époque le château semble déjà bâti.

Elle est vraisemblablement fondée par le seigneur de Champdeniers, près de l'ancien château.

En 1092, le premier seigneur connu, nommé Geoffroy, signe la charte de fondation de Parthenay-le-Vieux. ==> 1092 - Histoire et légendes de la Fondation de l’église de Parthenay le Vieux (Mélusine et les seigneurs de Parthenay)

C'est évidemment à lui qu'il faut attribuer la construction de l'église de Champdeniers, contemporaine de celle de Parthenay-le-Vieux.

Les vastes dimensions de notre église et le rang élevé que tenait alors le seigneur de Champdeniers parmi les vassaux des maîtres de la Gâtine doivent porter à croire qu'elle remplaça un autre édifice plus ancien, ne fût-ce qu'une modeste chapelle en bois.

Peu après son achèvement, l'église fut donnée à Maillezais, avec les terres qui formèrent le Prieuré.

On ne sait où s'établirent les premiers moines envoyés par la puissante abbaye. Ils paraissent avoir conservé la direction spirituelle de la paroisse jusqu'à la fin du XIIIe siècle.

En 1111, le bourg déjà fortifié a acquis une véritable importance stratégique, par suite de la destruction du château des Mothes de Germond, qui, pendant tout un siècle, avait tenu en échec les armées des comtes de Poitou. ==> Découverte du Germundum castrum des Mottes de Germond. (commune de Champdeniers Deux Sèvres)

La création de l'enceinte de Champdeniers, englobant dans son périmètre une foule de petits fiefs indépendants du seigneur, paraît un fait de guerre, et l'œuvre des Larchevêque toujours en lutte contre leur suzerain.

 Il semblerait même que les barons de Parthenay eussent, pour lui en confier la garde, transplanté du fond de la Gâtine sur la frontière la plus menacée, une famille alliée dont ils étaient sûrs.

Les murs de Champdeniers furent détruits au commencement du XIIIe siècle par Guillaume V Larchevêque, à la suite d'une révolte du seigneur.

La terrasse du Prieuré, avec sa demi-tour engagée, en est aujourd'hui le seul vestige; les murs étaient encore apparents sur plusieurs points à la fin du XVe siècle (14), notamment à l'ouest.

Le château, qui sans doute n'avait pas été beaucoup plus ménagé, ne revit plus ses anciens maîtres, remis vers 1238 en possession de leur terre, mais non de la totalité de leurs droits, à peine recouvrés au XVIe siècle.

Ce manoir s'élevait au nord de l'église; si l'on en juge d'après l'aspect des lieux, il devient probable qu'à l'origine, l'église et même l'enclos situé au midi, qui devint plus tard le siège du Prieuré, étaient compris dans son périmètre.

Après la guerre, cette enclos était passé aux seigneurs de Pressigny, placés en ce point comme en vedette près du château du vassal jadis insurgé. Il formait alors un petit hébergement appelé la Mollie.

Les moines de Maillezais s'y établirent en 1294, après une cession temporaire devenue bientôt définitive, et en firent le siège de leur Prieuré.

Le four banal aussi enlevé au vaincu fut, en l296, l'objet d'une autre donation à l'abbaye de Maillezais par Ebles de Rochefort.

Guillaume V avait réservé pour lui le péage et le sceau aux contrats ; c'était un émiettement complet de l'ancien domaine. Tout revint cependant peu à peu au seigneur de Champdeniers; l'étendue de sa châtellenie resta seule incertaine.

On connaît les prétentions des barons de Parthenay relativement à la juridiction de tout le territoire situé en dehors des quatre portes de l'enceinte fortifiée que les actes mentionnaient uniquement encore malgré la création de nouvelles barrières à la suite de sa destruction.

Cette interminable contestation, dernier souvenir de la guerre désastreuse du XIIIe siècle, resta pendante jusqu'à la fin de l'ancien régime.

Il serait difficile de comprendre comment les seigneurs de Champdeniers auraient établi leur aumônerie sur le territoire de Germond, si cette paroisse eût été alors étrangère à leur juridiction.

On doit encore à notre première famille féodale la fondation de la Maladrerie, dont la situation reste indécise.

Au XVIIe siècle, les biens attribués à cet établissement charitable étaient presque entièrement usurpés.

 En 1696, Louis XIV réunit ce qui en restait à l'hôpital de Château-Bourdin, chargé en retour de recevoir les malades de Champdeniers et de leur donner des soins au prorata du revenu, condition qui paraît n'avoir jamais été remplie. »

Aymery de Champdeniers, dernier du nom, mourut en 1338, vraisemblablement à Echiré où l'on a retrouvé la plate-tombe gravée de Geoffroy, son frère aîné, seigneur de Champdeniers et d'Echiré, mort en 130l (15).

 

 Champdeniers passa ensuite aux Chaunay, sans doute par mariage.

Anne de Chaunay épousa en 1448 Jean de Rochechouart et lui apporta Champdeniers, Javarzay et la Mothe de Beauçay en Loudunais, appelée plus tard la Mothe-Chandenier, du nom d'une branche de la famille de Rochechouart, emprunté lui-même à notre bourg (16).

François de Rochechouart, leur fils, seigneur de Champdeniers de 1484 à 1530, obtint, en 1491, du roi Charles VIII, des lettres d'érection de la châtellenie, mentionnées dans les lettres de confirmation accordées par Louis XIV, en juillet 1708, à Louis-Henry Bellenger.

On doit à François de Rochechouart la construction du chevet de l'église.

 

 

En 1514, il chargeait Alexandre Robin, architecte tourangeau, de la réédification du château de Javarzay, sa résidence favorite. ==>Le château de Javarzay reconstruit en 1514 par des membres de la maison de Rochechouart branche de Chandeniers de la Mothe

On voit encore à la Mothe-Chandenier, dans la chapelle du château, une belle statue de la Vierge en marbre blanc, de grandeur naturelle, dont le socle porte une inscription rappelant qu'elle lui fut donnée par les Génois dont il avait été le gouverneur de 1508 à 1512.==> Jeanne de Bauçay, Chapelles de Sainte-Anne et Saint-Jean de Bauçay – Légende de sainte Néomaye du Poitou

 

Il en avait reçu quatre statues; l'une d'elles représentait Fabricius.

On la vit longtemps au château de Javarzay; elle plut à Henri IV, qui l'obtint pour Fontainebleau.

 Il est fort probable que François de Rochechouart fut le protecteur des L'Apostolle.

 

30 septembre 1531 Arrêt des Grands-Jours de Poitiers, condamnant à mort Jean Daigres, de Champdeniers.

Les registres criminels des Grands-Jours royaux tenus à Poitiers pendant le XVIe siècle contiennent une grande quantité de documents intéressants sur le Poitou.

Parmi les causes jugées à la session de 1531, nous en choisissons une pouvant peindre les mœurs du temps et la sévérité de la haute cour de justice dont nous venons de parler.

C'est le procès intenté à Jean Daigres le jeune, de Champdeniers, accusé d'avoir fabriqué de la fausse monnaie et d'avoir volé les vases sacrés de l'église de sa ville, de complicité avec Jean Daigres l'aîné, son frère, et un nommé Mathurin Aguillon.

Le coupable s'était sauvé à Thouars, au moment de l'arrestation de ces deux derniers, et le lieutenant du sénéchal de Poitou occupant le siége de Niort avait prononcé contre lui une sentence portant que, après avoir subi l'amputation de la main droite, il serait jeté dans l'huile bouillante et pendu ensuite au gibet de Niort ; la main coupée devait être pendue à une potence, sur le placistre de Champdeniers.

Bientôt découvert dans la ville où il se cachait, il fut conduit à la prison de la conciergerie de Poitiers, et la cour des Grands-Jours s'occupa de l'appel interjeté par lui.

Daigres l'aîné, mis onze fois à la question, avait rendu le dernier soupir, après avoir fait des aveux. Aguillon n'avait pas tardé non plus à succomber. Soumis à son tour à la torture, le malheureux Daigres jeune fut obligé aussi lui de faire des révélations.

Jean de la Rogeraye, greffier criminel de la cour, recueillit ses déclarations dans la prison et jusque sur l'échelle dressée contre la potence.

Daigres reconnut avoir gravé les coins qui avaient servi à frapper cinquante faux douzains dans l'atelier de son frère (17), à Champdeniers.

 Ces pièces, fabriquées avec du cuivre, avaient été blanchies au moyen d'un mélange de vif-argent, de terre et de quelques drogues fournies par Aguillon.

Jean Portant, boucher à Champdeniers, avait été chargé de les mettre en circulation.

Daigres aîné et Aguillon avaient eux-mêmes distribué quelques faux douzains à un nommé Pierre Delacroix, qui les avait dénoncés. Deux autres individus, Pierre Tanyon et Jean Bourreau, avaient été accusés et mis en prison, mais leur culpabilité ne fut point démontrée.

Daigres protesta avec énergie de son innocence par rapport au sacrilège.

Il soutint que le vol des calices et de la croix de l'église de Champdeniers, qui constituait ce crime, avait été commis pendant qu'il était réfugié à Thouars ; il déclara qu'il avait entendu dire que la femme d'Etienne Girardeau, notaire à Champdeniers, savait que ces objets étaient cachés dans une maison, sous des tas de blé et d'avoine.

Quinze témoins à cheval et deux à pied vinrent de Champdeniers à Niort pour déposer dans cette affaire devant le lieutenant du sénéchal.

Ils chargèrent sans doute le faux-monnayeur, car la cour ne voulut pas lui faire grâce de la vie.

Dispensé de l'huile bouillante et de l'amputation de la main droite, il fut condamné à être pendu et étranglé à une potence, sur la place du Marché-Vieux de Poitiers.

 La sentence fut exécutée le jour même (30 septembre 1531) ; après quelques oraisons par lui dites, le coupable fut lancé dans l'éternité. Mathurin Caquereau, bourreau de Poitiers, toucha vingt-deux sols parisis pour cette exécution.

 

Du samedi dernier jour de septembre 1531.

Veu par le court le procès faict, par le séneschal de Poictou ou son lieutenant à Nyort, à l'encontre de Jehan Daigres le jeune, prisonnyer en la consiergerye du palais à Poictiers, appellant de la sentence contre luy donnée par ledit séneschal ou sondit lieutenant, par laquelle, et pour raison des sacrileiges par luy et ses complices commis et qu'il auroit livré oustilz pour faire faulse monnoye, ainsi que plus à plain est déclairé audit procès, icelluy prisonnier auroit esté condampné à avoir la main destre couppée, à la place du Vieil-Marché, ce faict estre boulleu et extainct en huylle, et son corps porté et pendu au gibet de Nyort, et ladite main pendue à une potence, ou placistre du lieu de Champdenier, ses biens meubles confisquez à qui il appartiendroit, et ses immeubles confisquez au roy, préalablement prins, sur les biens dudit prisonnier et de Jehan Daigres l'aisné, la valleur du trésor desrobbé en l'église dudit lieu de Champdenier, jusques à la somme de unze cens livres et au dessoubz si an estoient souffisans, en laquelle lesdits Daigres avoient esté condampnez envers la fabricque dudist Champdenier ;

Veu aussi l'arrest donné le premier jour d'aoust dernier, l'infor- macion faicte par ledict séneschal ou sondict lieutenant, en ensuivant ledict arrest ; et oy et interrogé par ladite court ledict prisonnier sur sadicte cause d'appel ; et tout considéré ;

Il sera dict que la court a mis et mect ladicte appellacion et ce dont a esté appellé au néant, sans amende; et néantmoins, pour raison desdits cas, a condampné et condampne ledit prisonnyer à estre pendu et estranglé à une potence qui sera mise et affixée au Marché-Vieulx de ceste ville de Poictiers, illec demourer pendu par l'espace de deux heures, et après son corps porté et pendu au gibet de Poictiers, et déclaire ses biens, estans en païs où confiscation a lieu, confisquez à qui il appardiendra, les parties intéressées sur iceulx et sur ses autres biens préallablement restituées.

M. J. RUZE.

 

 

En ensuivant lequel arrest, je, Jehan de la Rogeraye, bachelier ès loix, commis à l'exercice du greffe criinynel de la court des Grans jours, soubz le greffier crimynel d'icelle, me suis ce jourd'hui transporté, environ unze heures du matin, ès prisons de Poictiers, desquelles j'ay faict extraire et amener pardevant moy Jehan Daigres le jeune, auquel j'ay dict, prononcé et donné à entendre le contenu en icelluy arrest, et, ce faict, l'ay enquis s'il a faict et forgé de la monnoye faulse, et consentant, particippant et coulpable du sacrileige commis en l'église de Champdenier.

Et il a dict que desdits crymes il est innocent, et parceque n'a voullu autre chose confesser, je l'ai délaissé avec son confesseur.

Et cedit jour, environ deux heures après midy, me suis de rechef transporté èsdites prisons et l'ay enquis de rechef s'il a faict ou a esté présent que l'on ayt faict de la faulse monnoye.

Et il a dict qu'il a faict et forgé de la faulse monnoye en la maison de son frère, et en feirent, il confessant, sondict frère et feu Mathurin Aguillon, cinquante douzains faulx, sur une enclume, en l'ouvrouer dudict défunct son frère, au bourg de Champdenier ; et estoient iceulx douzains de cuyvre qui fut par eulx blanchys de quelques drogues que ledit Aguillon avoit apportées ; et estoient les dictes drogues faictes de terre mixtionnée avec vif argent et autres choses qu'il ne sçauroit déclairer; et estoit la dite terre ainsi mixtionnée molle comme paste ; et pour allouer les dites pièces, furent baillées à ung boucher lors demeurant audit Champdenier, natif d'Anjou, lequel sçavoit bien qu'ilz estoient faulx.

Et, sur ce enquis, dict que ledit boucher, nommé Jehan Portant, s'en est fouy quand il confessant fut prins.

A esté oultre interrogé s'il a veu faire et forger de la faulse monnoye à ung nommé Lambert Tanyon, à présent prisonnyer ès dictes prisons, ou si icelluy Tanyon a esté présent que l'on en ait faict ou exposé et alloué sciemment.

Et il a dict que non ; bien a oy dire que ledict Tanyon faisoit de la faulse monnoye, mais n'a sceu ou voullu dire, nommer à qui il avoit oy dire; et dict que, ung an a, Pierre Delacroix fut trouvé saisy, en la ville de Nyort, de douze faulx douzains qu'il voulloit allouer; à ceste cause, ledict Delacroix fut prins prisonnyer, et parce que ledict Delacroix dist au juge que le frère dudict confessant et ledict Aguillon luy auroient baillé lesdict douze faulx douzains, sondict frère et Aiguillon furent prins prisonnyers.

De ce adverty, il confessant s'en fouyt à Thouars, où il a esté depuis prins prisonnyer, et, cependant qu'il estoit fugitif audict lieu de Thouars, le sacrileige dont on a voulu charger il confessant fut commis en ladite église de Champdenier, ainsi qu'il a oy dire, autrement ne le scet.

A esté enquis qui a commis ledit sacrileige, et s'il en a riens sceu.

Dict qu'il ne scet qui a commis ledict sacrileige ; bien dict que ung nommé Taupineau, demeurant audict Champdenier, luy a dict que une nommée Guillemecte, femme de Estienne Girardeau, notaire, demeurant audit Champdenier, auroit [dict] qu'elle ne fust frappée ne poussée et qu'elle méneroit la justice ou estoient les calices ; c'est assavoir en ung monceau de blé, et la croix de ladite église estoit en ung monceau d'avoyne ; mais ne luy déclaira en quel lieu ou maison estoient lesdicts seigle et avoyne.

Et autant en a dict ladicte Guillemecte à Jehan Bourreau, Jehan Taupineau, barbiers, demourans audict Champdenier.

Et, lors que ladicte Guillemecte luy dict lesdictes parolles, n'y avoit qu'elle et il confessant qui estoit lors prisonnyer.

Si Jehan Pain, dict Bourreau, à présent prisonnier, a esté présent que l'on ayt faict de la faulse monnoye et s'il en a faict ; et il a dict que non ; et aussy n'a sceu qui en a exposé et alloué; et, sur ce enquis, dict que jamais ne luy bailla aucuns coings pour faire monnoye et ne luy en a veu ; bien à oy dire, ne scet à qui, que ledict Pain avoit eu des faulx coings.

Enquis s'il a oy dire qui a commis ledict sacrileige ; dict que non et n'en a riens entendu, sinon comme dessus a dict ; si à la vérité il, son frère, ledict Aguillon et Pain ont esté à commettre ledict sacrileige; dict que jamais n'y fut.

Et, sur ce que luy ay remonstré qu'il a confessé pardevant le juge avoir esté audit sacrileige et aussi que sondict frère y avoit esté, et qu'il n'est à présumer que sondict frère ne le charge à tort dudict sacrileige, et il a dict que jamais ne fut à commettre ledict sacrileige , et que ce que il et son frère en ont confessé ce a esté par force de question, et qu'il n'est riens plus certain que sondict frère a esté mis en question par unze foys et à diverses foys.

Aussi lui ay remonstré qu'il povoit estre qu'il ne se voulloit charger dudist sacrileige pour crainte que sa femme et ses enfans fussent destruictz pour la restitucion dudict sacrileige ; et il a dict que, sur le dampnement de son âme, il n'avoit commis ledict sacrileige et ne scavoit qui l'avoit commis, et que sesdicts femme et enfans ne l'empescheroient d'en dire la vérité, si la scavoit, et ne vouldroit que son âme en souffrist par faulte d'en dire la vérité.

Et, parcequ'il n'a voulu autre chose confesser, a esté extrait desdictes prisons, mis en une charrecte et mené au Vieulx-Marché.

Et, ainsi qu'il estoit en l'eschelle, luy ay demandé s'il scavoit autre chose dudict sacrileige et où etoient les choses mal prinses desrobbées ; et il a dict que, sur le dampnment de son âme, il n'en scet autre chose ; et de soy-mesmes m'a dict que ce jourd'huy il avoit confessé pardevant moy que ledict Aguillon luy avoit bailllé les coings sur lesquelz furent faictz lesdicts cinquante douzains, mais la vérité estoit au contraire, car luy-mesmes avoit faict et gravé lesdicts coings ; et sur ce que l'ay enquis qui estoient ses compaignons faisans de ladicte faulse monnoye, a dict qu'il n'en avoit autres que ceulx qu'il a nommez cy-deslus.

Et à tant, après quelques oraisons par luy dictes, a esté pendu et estranglé selon ledict arrest.

 

Du jeudi cinq octobre 1531.

La court des Grans jours a ordonné et ordonne à Hervé de Querquefinen, receveur des exploictz et amendes de la court de parlement, bailler et payer à Pierre Conbault, sergent royal en la seneschaussée de Poictou, la somme de dix-sept livres deux solz parisis, taxée par certain commissaire de ladicte court à ce par elle commis, pour quinze tesmoings à cheval et deux tesmoings de pied, et tous demourans à Champdenier, qui seroient allez dudict lieu en la ville de Nyort, à fin d'estre examinez touchant le procès crimynel faict contre Jehan et Jehan Daigres frères et leurs complices, dont ledict Daigres le jeune a esté naguières condampné à mort en ensuivant l'arrest donné le premier jour d'aoust dernier passé ; en quoy faisant iceulx tesmoings auroient vacqué par ung jour ; à la raison de douze solz parisis pour chascun tesmoing de cheval , et neuf sols parisis pour chascun tesmoing de pied ; montant à la somme de douze livres six sols parisis; et pour avoir par ledict Conbault esté adjourner lesdicts tesmoings par ordonnance dudict lieutenant, et iceulx avoir conduictz audict Nyort, et depuis apporté pardevers ladicte court des Grans jours l'examen desdicts tesmoings, la somme de quatre livres seize solz parisis ; le tout montant à ladicte somme de dix-sept livres deux sols parisis.

M. M. FUMET.

 

Archives nationales. Registre criminel des Grands Jours de Poitiers en 1531, x 2 a 82.

 

 

 

Charles IX, au cours de son long voyage à travers la France, coucha à Champdeniers le 20 septembre 1565 ; il y reparut avec sa cour et l'escadron volant, allant au camp de Saint-Jean-d'Angély, le 19 octobre 1569.

 

Le 4 octobre 1569, lendemain de la bataille de Moncontour, Coligny en déroute traversait Champdeniers, se repliant sur Niort.==> 3 Octobre 1569, Troisième guerre de Religion, bataille de Moncontour dans le Poitou. (Panorama 360°)

 Trois jours plus tard, l'armée victorieuse y prenait gîte; elle y trouvait les compagnies, envoyées à Niort par le duc d'Anjou pour sommer la ville de se rendre, repoussées par Moüy et suivies par Maurevel qui venait de blesser Moüy d'une pistolade mortelle.

Les passages de troupes continuent les années suivantes.

 Le 19 mai 1573, six mille Suisses, tirant vers La Rochelle, couchent à Champdeniers.

 En 1574, pendant la semaine de Pâques, on héberge de nouveau l'armée royale qui, cette fois, va assiéger Fontenay et fait un énorme dégât.

Quelques mois plus tard, les bandes de La Noue battent l'estrade autour, de Champdeniers. Condé survient au commencement de 1585 avant d'engager la lutte contre Mercœur; à la fin d'octobre, ses dernières compagnies reparaissent encore dans leur fuite précipitée vers les gués de la Sèvre, après le désastre d'Angers.

Enfin une dernière troupe huguenote, rejoignant Soubise, fait un assez long séjour à Champdeniers en août 1620.

Ecusson d'une cheminée de la maison des L'Apostolle

Écusson d'une cheminée de la maison des L'Apostolle.

 

En ces temps singuliers, les divertissements alternent avec les pilleries des gens de guerre. A la fin de mai 1580, des joueurs de tragédies et d'instruments de musique, au nombre de 5 ou 6, entre lesquels estoient deux jeunes femmes (18), viennent donner des représentations scéniques.

De même que les grandes villes du voisinage, Champdeniers pouvait offrir une vaste salle de jeu de paume aux artistes en voyage; elle était située dans la grande rue en face de la rue de l'Arsenal.

Les moines du Prieuré en avaient même construit une autre pour leur amusement dans le chemin de la Roche-Mariée, en face de leur petit couvent.

Les seigneurs de Champdeniers, ainsi que plusieurs autres membres de la famille de Rochechouart, figurent au nombre des chefs du parti huguenot dans nos contrées.

 Leur influence ne fut point étrangère aux progrès de la Réforme à Champdeniers. Elle y pénétra de bonne heure comme dans toutes les localités du Poitou où les apôtres de la nouvelle religion pouvaient réunir un grand nombre d'auditeurs les jours de foire et de marché.

C'était au centre des affaires, sous les halles ou sur le petit plan ombragé d'ormeaux situé devant l'entrée de la vieille cohue, à l'ouest, qu'ils parlaient au peuple.

Les premières prédications eurent lieu dès 1541 ; en 1593, le prêche se faisait encore sous les halles.

Le protestantisme resta fidèle à ce petit canton qui avait été son berceau. Le temple s'éleva quelques années plus tard au nord du placiste des halles.

De nos jours encore, la rue de Genève, où habita le ministre Chauffepied, évoque le souvenir de la Réforme.

Louis XIII y vint de même deux fois: le 8 octobre 1627, en se rendant au siège de La Rochelle, et le 20 octobre 1628, après la prise de cette ville.

 ==> Les Mousquetaires de Richelieu, Brouage 1627

Jean Babu, auteur des Églogues poitevines, alors curé de Champdeniers, nous a laissé en un petit poème satirique patois : les Déloiremont, etc., le récit de la démolition du temple faite en présence de deux magistrats envoyés par la sénéchaussée de Poitiers, en septembre 1663. Pour aider à la conversion des huguenots, Jacques Aubery, chanoine de la Sainte-Chapelle de Paris, commendataire du prieuré de Champdeniers, fonda, en 1672, une mission bisannuelle, confiée aux jésuites de Poitiers; elle dura jusqu'au bannissement de l'ordre, en 1762.

François de Rochechouart, marquis de Champdeniers, célèbre par ses prodigalités, ses intrigues et ses malheurs, vendit au comte de Broglie, plus tard maréchal de France, sa seigneurie de Champdeniers en Bas-Poitou, le 25 septembre 1668.

Le 14 janvier 1706, le maréchal de Broglie cédait à son tour cette terre à Louis-Henry Bellenger, seigneur de Luc et de la Brachetière.

Les de la Rochebrochard, qui furent nos derniers seigneurs, s'étaient unis aux Bellenger, en 1754.

En l'an II et en l'an III, les armées de la République passent et repassent à Champdeniers où se sont réfugiées les familles patriotes de la Gâtine, refoulées par les royalistes; la misère est générale; l'état civil enregistre un nombre quadruple de décès. Comme au temps des guerres de religion, les calamités publiques n'éloignent pas cependant de toute idée d'amusement. Une salle de spectacle est créée dans une grange et l'on y donne des représentations scéniques.

Le préfet Dupin la vit encore en 1800, on venait d'y jouer la Mort de César, de Voltaire.

Après Waterloo, il y eut une garnison d'infanterie de ligne et de hussards qui s'éloigna lors du licenciement de la Grande Armée, en octobre 1815.

L'année 1832 ramena les mouvements de troupes, mais la commune resta en dehors du pays occupé.

Champdeniers n'avait encore qu'un chemin médiocre tendant vers son chef-lieu d'arrondissement; il dut au soulèvement la création de la route stratégique d'Angers à Niort.

Bientôt après les terrassements du chemin de grande communication de Saint-Maixent à Fontenay furent entrepris du côté de Fontenay; la voie fut commencée vers Saint- Maixent, de l'autre côté du bourg, pendant le cruel hiver de 1847, à l’aide d'une souscription en faveur des ouvriers sans travail. Les autres chemins qui nous desservent n'ont été terminés que sous le second Empire.

M. Charles-Alnédée Chabosseau, mort à Paris le 4 décembre 1843, légua sa collection de tableaux à la ville de Niort, jusque-là dépourvue de toute galerie de peinture. Cet amateur éclairé était né à Champdeniers et habitait rue de Genève la maison qui devint après lui celle de mes parents. Il y avait annexé un vaste appartement à toiture vitrée. Ses tableaux, presque tous achetés à Paris, s'y trouvaient encore à l'époque de son décès.

 

MONUMENTS

Les églises de Champdeniers et de Parthenay-le-Vieux furent construites sur un plan identique et peut-être par le même architecte, vers 1092.

Dès le siècle suivant, il fallut réédifier presque entièrement l'église de Parthenay-le-Vieux par suite du mauvais établissement des murs.

L'église de Champdeniers, plus solidement bâtie, n'échappa à ces remaniements que pour subir, à la fin du XVe siècle, les caprices de la mode nouvelle.

Elle perdit alors toutes ses absides, remplacées par un énorme chevet régnant dans toute la largeur de l'édifice, vers lequel on prolongea les murs terminaux des transepts (Voir Planche 2).

On retrouve heureusement à Parthenay-le-Vieux les absides primitives disposées dans le prolongement des trois nefs; il devient dès lors facile de rétablir la disposition initiale de notre église.

A peu près intacte en dehors de son chevet, l'église de Champdeniers reste l'un des types les plus intéressants de l'architecture romane en Poitou à la fin du XIe siècle; aussi figure-t-elle parmi les monuments historiques du département des Deux-Sèvres les plus anciennement classés.

Le mur de la façade a été l'objet d'une pitoyable restauration; fort heureusement, elle n'a pas atteint la porte et la fenêtre cintrée, dépourvue de tout ornement et sans colonnettes extérieures, qui la surmonte.

La porte est accostée de deux arcatures aveugles; les trois archivoltes, cintrées, retombent sur des pieds-droits montant du sol. On voit en avant de chacun des pieds-droits placés près de la porte une colonne libre, décoration qui fait défaut aux pieds-droits extérieurs.

Cette disposition se retrouve dans la crypte et fournit un argument sérieux en faveur de la contemporanéité de ces deux portions de l'édifice.

Crypte de l'église de Champdeniers

Les chapiteaux offrent la plus grande analogie avec ceux de l'église et de la crypte; trois sont ornés d'animaux fantastiques : le dernier à droite montre des entrelacs.

Les archivoltes présentent sur le pourtour intérieur un gros tore à boudin et sur le plat un autre tore semblable plus petit; un tailloir avec palmettes les circonscrit en dehors. L'archivolte centrale est plus élevée que les archivoltes latérales (Voir Planche 3).

A quelque distance de la fenêtre, deux colonnes engagées dont les bases sont encore visibles se profilaient vers les combles.

Sur les murs des bas-côtés, les contreforts à section carrée, complètement unis, ressortent à peine. Une corniche semble avoir régné .tout autour de l'église au niveau de l'appui des fenêtres.

Ces baies, toujours cintrées et d'un appareil très primitif, ne présentent point de colonnettes et n'ont aucun ornement. Fenêtres et contreforts se rattachent au type qu'offre Parthenay-le-Vieux dans ses parties les plus anciennes.

Un clocher octogonal à un seul étage s'élève sur l'entrecroisement des nefs et des transepts.

Chaque face est percée d'une fenêtre cintrée, flanquée de colonnettes. Aux angles, une colonne monte jusqu'à la corniche de la toiture, que soutiennent des modillons sculptés. La faible épaisseur des murs exigeait une toiture basse et légère; à une époque inconnue, sans doute au XVe siècle, on a dressé sur ces faibles assises une énorme pyramide en bois couverte en ardoises (Voir Planche 2).

 

Nul avant M. Anthyme Saint-Paul n'avait signalé la similitude très grande qu'offrent nos clochers octogonaux du Poitou avec ceux de l'Auvergne. Il en remarqua trois en 1879 et n'hésita pas à reconnaître dans ces clochers perdus au fond de la Gâtine l'influence de l'architecture auvergnate.

Dans ces derniers temps, M. J. Berthelé en a compté huit dans la Vienne, sept dans les Deux-Sèvres et un dans la Vendée, soit en tout seize dans l'ancien Poitou; un dix-septième s'est même rencontré dans la Charente-Inférieure.

Malgré cette remarquable extension de la forme octogonale, il maintient les conclusions de M. A. Saint-Paul (19).

Après avoir démontré que les moines de la Chaise-Dieu en Auvergne reconstruisirent en partie l'église de Parthenay-le-Vieux, et notamment le clocher, de 1120 à 1150, M. Berthelé présente ce clocher comme le type imité dans les autres églises de la Gâtine (20).

Que le clocher de Champdeniers soit ou non une imitation de ceux de l'Auvergne, le fait de sa construction tardive n'en reste pas moins indéniable.

Ses fenêtres ne ressemblent point à celles de l'église et sont d'une facture beaucoup moins barbare. On y voit des colonnettes; leurs archivoltes sont sculptées avec soin, etc. Il est même évident que l'architecte avait prévu tout d'abord un clocher carré dont la base cubique surgit encore au-dessus de la toiture de l'église, tandis que partout ailleurs la base des tours octogonales a ses angles rabattus.

On est tout d'abord frappé, en entrant dans l'église, de la forme insolite de la voûte de la grande nef en plein cintre et renforcée d'arcs-doubleaux.

Ces arcs retombent sur une corniche régnant dans toute la longueur de l'allée, en saillie au niveau des colonnes qui les reçoivent et formant tailloir à leurs chapiteaux (Voir Planche 3).

Des piliers au nombre de douze, suivant la tradition liturgique, divisent les nefs. Les huit premiers se composent de quatre colonnes groupées formant le quatre-feuilles ; les quatre piliers du clocher présentent au contraire tantôt une et tantôt deux divisions prismatiques dans les entre-colonnements.

L'inexpérience du constructeur se traduit dans la largeur inégale des travées, qui varie de 2m65 à 2m85. La largeur de la grande nef est de 5m03; sa hauteur, plus grande que celle des bas- côtés, de 10 mètres.

Les bas-côtés offrent une série de voûtes d'arête sans nervures séparées par des arcs-doubleaux correspondant à ceux de l'allée centrale. Leur largeur est de 3mo8 du côté de l'Épître et de 2 m98 du côté de l'Évangile.

Les transepts en plein cintre et sans arcs-doubleaux, encore intacts à cela près que l'absidiole a été remplacée par une arcade gothique ouverte du côté du chevet et qu'une large fenêtre à meneaux flamboyants a succédé à l'étroite baie romane, n'ont qu'une seule nef d'une largeur de 5m53. La coupole sans nervures du clocher; aujourd'hui dissimulée derrière une voûte ogivale, est élevée sur trompes.

La fenêtre placée dans l'axe de la grande nef au-dessus de la porte est seule décorée intérieurement de colonnettes. Les autres baies romanes éclairant l'église sont dépourvues de tout ornement en dedans comme en dehors.

Châpiteaux

Le profil des chapiteaux dérive grossièrement du corinthien; plusieurs, et notamment ceux des colonnes engagées dans les murs des collatéraux, attendent encore leur décoration. Les corbeilles des piliers de la grande allée ont été fouillées avec soin. Les plus belles montrent des feuilles d'acanthe formant parfois deux courants opposés; ailleurs l'acanthe se combine avec des roues, des palmettes, des têtes grimaçantes ou des entrelacs auxquels l'art du vannier a servi de type.

Les figures d'hommes ou d'animaux, d'un moindre intérêt, ont une facture toute barbare.

On voit apparaître des personnages barbus, à longue robe, symétriquement disposés, des monstres à double corps, d'autres êtres fantastiques affrontés, une grosse tête dévorant les pieds d'un personnage renversé.

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Nulle part l'idée bien nette d'une scène liturgique, d'un symbole ou d'un souvenir, si ce n'est peut-être dans les prétendues peaux roulées des deux chapiteaux voisins de la porte d'entrée (Voir le dessin A ci-dessus).

Un tore à boudin décore la base de chaque chapiteau. Deux tores semblables, l'inférieur faisant ressaut, se voient encore à la base des colonnes des piliers.

Les fondations de l'abside centrale, encore visibles dans la crypte, permettent de déterminer exactement la longueur dans l'œuvre de l'église dans son état primitif; nous l'avons trouvée de 31m65.

L'église actuelle s'est allongée de 2 mètres par suite d'un léger recul du chevet.

La largeur mesurée au niveau des transepts est de 17m40; c'est aussi celle de toute la portion remaniée au XVe siècle.

En avant des transepts, l'ensemble des trois nefs offre une largeur totale de 14 mètres. Comme on le voit, le transept ne ressort que de 1m70 : cette faible saillie est à remarquer.

Trois grandes voûtes ogivales à huit nervures, élevées au-dessus du sanctuaire et en arrière des transepts, relient les murs du XVe siècle aux constructions romanes.

On eut encore, comme nous l'avons dit, la singulière idée d'accrocher une quatrième voûte semblable au-dessous de la coupole romane.

De cette singulière superposition est résultée une sorte de chambre noire où l'on plaça plus tard l'horloge.

Toutes les clefs de voûte reçurent des blasons peints. Ceux qui correspondent à la nef centrale ont seuls été respectés par le badigeon.

Ils sont aux armes du seigneur : enté et endenté d'or et de sable, tel était le blason des Rochechouart-Chandenier au temps où ils n'étaient encore que branche cadette.

Ce mince détail héraldique nous montre que François de Rochechouart n'était pas encore chef de nom et d'armes lorsque le chevet fut construit et le date, dès lors, de la fin du XVe siècle.

La crypte située sous l'ancienne abside centrale, dont elle reproduit la forme et les dimensions, a conservé ses quatre colonnes monolithes de hauteur inégale, que le salpêtre semble menacer d'une ruine prochaine.

Les voûtes d'arête sans nervures des trois nefs, séparées par des arcs-doubleaux, rappellent les voûtes semblables des bas- côtés de l'église supérieure. La hauteur de la nef centrale est de 3m28, celle des bas- côtés presque égale (Voir Planche 4).

Le mur du couchant est formé par trois arcatures retombant sur les tailloirs de quatre pieds-droits montant du sol. Les deux pieds-droits de l'allée centrale offrent seuls des colonnes engagées.

Nous avons signalé une disposition analogue sur les pieds-droits de la porte de l'église supérieure. Il est probable qu'on pénétrait primitivement dans la crypte par un escalier ouvert dans l'axe de l'allée centrale de l'église. L'entrée actuelle est pratiquée dans l'arcature qui correspond au collatéral de droite de la crypte.

Au levant, le mur demi-circulaire a disparu avec les voûtes rayonnantes et c'est aujourd'hui la base rectiligne du chevet qui clôt la crypte.

Le mur du XVe siècle est percé d'une étroite fenêtre et relié aux travées romanes par une voûte unique fort mal appareillée.

Les fondations du mur primitif, heureusement encore apparentes au niveau du sol, permettent de retrouver la longueur initiale de la nef centrale de la crypte; elle était de 4m85 dans l'œuvre; le chevet ressortant de 2 mètres, la crypte a, dans son état actuel, près de 7 mètres de profondeur.

En somme, il ne reste plus que deux des anciennes travées; au niveau de la première en entrant, la largeur totale est de 4m94; au niveau de la seconde, de 4m40. La nef centrale a 1m32, le bas- côté de l'Épître 1m52 et 1m30, celui de l'Évangile 1mi57 et 1m30.

On ne sait rien des corps saints que la crypte a dû contenir.

M. de Remigioux cite, parmi les reliques de l'église perdues au XVIe siècle, celles de sainte Catherine, de sainte Néomaie, de sainte Marguerite et de sainte Lienne, des cheveux de Notre-Dame et un fragment du Saint-Sépulcre.

Sainte Néomaye, que les Rochechouart rattachaient à leur famille, avait un autel dans l'église.

 

Un gisant placé dans le chœur de l'église, décapité pendant les troubles de la religion, disparut en 1793. Il recouvrait sans doute la sépulture d'un seigneur de notre première famille féodale. C'était un guerrier couché ayant un lion à ses pieds. Il n'y avait plus depuis longtemps, dit encore M. de Remigioux, d'inscription d'aucune sorte.

L'épitaphe blasonnée latine de Geoffroy Bernard, seigneur de Préchapon, mort en 1535, orne toujours le pilier sud-ouest du clocher; elle nous a paru trop connue pour la reproduire de nouveau.

On voyait encore dans l'église, avant la Révolution, les épitaphes de Michel de Tusseau, seigneur de Bore et de Légné, de Marie Bertault, sa veuve, morte après 1637, de François Bertault, son beau-père, chirurgien et sieur d'Épannes, mort le 23 février 1600 au château de Champdeniers où il faisait sa demeure, de François Boujeu, sieur de l'Humeau, procureur fiscal, mort le 13 septembre 1649, après avoir fondé la chapelle de Saint-Jacques au retour d'un pèlerinage à Compostelle, etc., etc.

Un Christ en croix et une Vierge du XVIIe siècle, en bois, passent pour avoir une certaine valeur artistique. Plusieurs peintures ont fini de pourrir depuis le Concordat. L'église possède encore un panneau de Sébastien ou de Franz Francken — morts tous les deux de 1636 à 1642 — représentant un Crucifiement, qui n'est pas sans intérêt.

Les trois retables ont été dessinés par Bernard d'Agescy. On voit au-dessus du maître-autel un assez bon tableau, malheureusement retouché, acheté à Paris en 1812. C'est une Assomption de la Vierge à laquelle l'église est dédiée.

 

 

Armoiries de Champdeniers-Saint-Denis

 

Armoiries de Champdeniers-Saint-Denis

Tranché au I de gueules à deux escharnoirs d'argent ; au II d'hermine ; à la bande ondée d'argent brochante sur le tout

 

L’hermine reprend les armes aux sceaux aux contrats de la commune de Champdeniers durant le Moyen-Âge, qui proviennent des armoiries d’Arthur de Richemont. Le rouge, couleur de la brisure de Richemont, évoque la terre. La bande ondée d’azur rappelle l’Egray et sa pureté.

 

 

 

Paysages et monuments du Poitou  photographiés par Jules Robuchon.... Tome VI, [Deux-Sèvres] : Niort et le château Salbart par MM. Jos. Berthelé et Em. Espérandieu. Champdeniers et Mazières-en-Gatine  par MM Léo Desaivre et B. Ledain. Saint-Maixent ; La Villedieu-de Comblé et Chercheux par M. Alfred Richard. Ménigoute et les Chatelliers par Mgr X. Barbier de Montault

Documents inédits sur le département des Deux-Sèvres (un par canton)  publiés et annotés par H. Imbert,... et P. Marchegay

Essai historique sur l'abbaye de Saint-Maixent et sur ses abbés depuis l'année 459 jusqu'en 1791  par H. Ravan

 

 

 

 


 

(1) Cartulaire, n° LXVII.  

(2) Cet abbé Seguin a été inconnu aux nouveaux éditeurs du Gallia Christiana il était abbé dès 1353.

(3) Situé à l'est du bourg, au pied de la falaise.

(4) Papier censaire de 1494, obligeamment communiqué par M. Louis de la Rochebrochard.

(5) Poitou et Vendée. Pierre de L'Apostolle, peintre-verrier à Champdeniers.

(6) Tombeau en forme de coffre à deux bâtières faiblement inclinées, portant à l'un des bouts une arcature trilobée surmontée d'une aiguille à crossettes dont la croix terminale a été l'objet d'une déplorable restauration. Les bords du couvercle sont ornés de rinceaux au milieu desquels un fer à cheval et lm marteau de maréchal figurent comme attributs du défunt. Aucune tradition ne se rapporte à ce gracieux édicule, objet de quelques dévotions dans ma jeunesse.

(7) Revue d'Aunis, de la Saintonge et du Poitou, 1867, 1er semestre, p. 96 (B. Fillon). Inscription de la cloche de la chapelle Saint- Louis au château de Fontenay-le-Comte. Le fondeur se nommait IASPAR DESFRANS.

(8) Notice sur Champdeniers. Affiches du Poitou, 1774, nos 23-25, 30-33.

(9) La ligne de Niort à Montreuil-Bellay a été ouverte le 23 octobre 1882.

(10) Près de la Mothe-Saint-Héraye.

(11) Près de Saint-Maixent.

(12) Près de Béceleut.

(13) Sur l'Autise. Route de Coulonges à Secondigny.

(14) Papier censaire de 1494.

(15) Reproduite à l'article NIORT, page 20 (Musée lapidaire).

(16) La Mothe fut la résidence favorite des derniers Rochechouart-Chandenier, notamment de Jean-Louis de Rochechouart, l'un des adversaires acharnés d'Urbain Grandier (1590-1635) et de son fils François, qui l'embellit à grands frais.

(17) Ils étaient sans doute orfèvres.

(18) Journal des Leriche.

(19) Jos. Berthelé, Recherches pour servir à l'Histoire des Arts en Poitou.

(20) Églises du Tallud, Secondigny, Allonne, Fenioux, Champdeniers et Germond.

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