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PHystorique- Les Portes du Temps
18 septembre 2019

Patrimoine, Recherches critiques sur Trois Architectes Poitevin de la fin du XIe siècle.

Patrimoine, Recherches critiques sur Trois Architectes Poitevin de la fin du XIe siècle

 Dans une note de sa magistrale étude sur Viollet-le-Duc et son système archéologique, publiée en 1880 et 1881 par le Bulletin monumental, M. Anthyme Saint-Paul a donné la liste des architectes français des XIe et XIIe siècles, dont les noms sont connus (1). M. Anthyme Saint-Paul a résumé là ce que l'on sait généralement, ce qui fait partie de la science courante.

A partir du XIe siècle, la population en Europe augmente et les pays s’enrichissent : c’est le temps des bâtisseurs. Les identités régionales deviennent de plus en plus importantes et le pouvoir royal se renforce.

Patrimoine, Recherches critiques sur Trois Architectes Poitevin de la fin du XIe siècle

Une Eglise de plus en plus puissante. Les différences de chaque région se rejoignent dans une même croyance : l’Eglise.  Elle est servie par des grands ordres monastiques qui ont un rôle essentiel dans la société du Moyen Age. Ils pratiquent la charité et les oins, possèdent des bibliothèques et lieux d’enseignements et sont très riche. La beauté occupe également une place importante dans les églises : elle évoque ainsi celle que les anges célèbrent dans le ciel.

Ce contexte de prospérité et de changement amène de profondes modifications dans la société : premières croisades, transformation des villes, développement des cultures agricoles, pouvoir féodal amplifié, etc…

La création de nouveaux villages dans les zones défrichées exige la fondation de nouvelles églises : Marennes, Pont de l’Abbé d’Arnoult, Corme Royale, Saint Gemme, les Essarts… Plus de 600 fondations couvrent la Saintonge « d’un blanc manteau d’églises ».

En raison des dons importants de chaque paroissien, l’Eglise est la principale bénéficiaire de ce développement et en particuliers les grands monastères : en Saintonge, l’Abbaye aux Dames de Saintes et celle de Saint-Jean d’Angely ainsi qu’ailleurs, celle de la Chaise Dieu de Cluny…..

Les architectes de cette période, dont les noms sont devenus familiers à ceux qui s'occupent de notre histoire monumentale, sont, au nombre de vingt ou environ.

Le Poitou n'est pas représenté sur cette liste.

Patrimoine, Recherches critiques sur Trois Architectes Poitevin de la fin du XIe siècle

En revanche, la Saintonge fournit deux noms : 1° Géraud Audebert de Saint-Jean d'Angely, dont la signature existe sur l'un des bas -reliefs du portail de Foussais, en Vendée (2), et auquel on a aussi attribué l'église d'Esnandes, dans la Charente-Inférieure (3) ; — 2° Constantin de Jarnac, qui a signé le tombeau de l'évêque Jean d'Asside, à Saint-Étienne de Périgueux (4).

==> Golfe de la Sèvre des Pictons, Les seigneurs d’Esnandes - son église Saint-Martin fortifiée

Géraud Audebert et Constantin de Jarnac ne sont pas les seuls noms d'architectes ou de sculpteurs romans dont la Saintonge puisse s'honorer.

Au Congrès archéologique de Poitiers, en 1884, dans son travail sur les églises de Saintes antérieures à l’an 1000, M. G. Musset a remis en lumière l'artiste Bérenger, qui travailla à Notre-Dame de Saintes (5). A côté de Bérenger, il ne faut pas oublier Benoit, 1 l’ «habile » constructeur de Saint-Eutrope de Saintes, dont le nom a été révélé par un Poitevin, M. le comte A. de Chasteignier, au Congrès archéologique de Saintes en 1844 (6); — Isembert, écolâtre de Saintes, constructeur des ponts de Saintes et Saint-Sauveur de La Rochelle et du grand pont de Londres , étudié par M. Lecointre-Dupont (7) et par feu M. Jules de Clairvaux (8); — Pierre Mogon, qu'il vaudrait peut-être mieux appeler Pierre de Mougon, religieux bénédictin de l'île d'Aix, qui bâtit l'église de Saint-Barthélemy de La Rochelle vers 1152 (9).

Voilà déjà six noms, au lieu de deux, pour le pays saintongeais.

Patrimoine, Recherches critiques sur Trois Architectes Poitevin de la fin du XIe siècle

Il ne serait pas difficile de montrer que le Poitou fournit, lui aussi, pour l'époque romane, des noms de constructeurs qu'il convient de ne pas négliger.

Sans remonter au Xe siècle, qui vit l'architecte anglais (?) Gautier Goorland construire l'église Saint-Hilaire-le-Grand (10), Poitiers nous offre, à la fin du XIe siècle, un artiste dont l'œuvre subsiste encore en partie: l'architecte de Montierneuf, le moine Ponce, domini Poncii monachi ejusdem monasterii constructoris, dont le nom a été retrouvé par M. Ch. de Ghergé, dans une charte conservée par Dom Fonteneau (11).

Dans cette autre portion du Poitou, qui forme aujourd'hui le département des Deux-Sèvres, nous trouvons également, à la fin du XIe siècle, un homme qui fut un énergique réorganisateur au point de vue religieux et qui mérite véritablement de prendre place dans notre histoire artistique : l'abbé Pierre de Saine-Fontaine, qui reconstruisit l'église d'Airvault de 1095 à 1100 (12) , et sur le tombeau duquel est sculptée une petite église. (13).

Ce détail typique, dont l'analogue se retrouve sur la pierre tombale du constructeur si justement célèbre de Saint-Nicaise de Reims, Hugues Libergier (14). et sans doute aussi sur divers autres tombeaux de «maîtres maçons », suffirait à caractériser Pierre de Saine-Fontaine comme architecte, alors même que les textes historiques ne seraient pas là pour nous renseigner sur son œuvre et que le monument ne conserverait pas les réminiscences de l'ancien moine de Lesterps (15).

A l'époque où Pierre de Saine-Fontaine travaillait à Airvault, un moine du nom de Raoul commençait la reconstruction de l'abbatiale de Saint-Jouin-les-Marnes.

Quelques années auparavant, deux architectes, dont le nom nous est parvenu, Jean et Ingelbert, construisaient, le premier, l'église de Saint-Jean-Baptiste, le second, le château de La Chaize-le-Vicomte, en Vendée.

Si nous remontons encore un peu plus haut, nous voyons le prieuré de Bellenoue, également en Vendée, s'élever sous la direction d'un moine fort habile, valde industrium, du nom de Savari (16).

Et ce ne sont pas les seuls artistes dont nous trouvions la trace dans nos églises romanes poitevines. A Saint-Hilaire de Poitiers, vgo monedarius (17), à Saint-Pierre de Chauvigny, Gofridus (18), à Saint-Pompain, Giglelmus (19) , ont signé des œuvres qui nous sont parvenues (20). J'ajouterai à cette liste Petrus Janitor, retrouvé récemment par M. Léon Palustre, à Châtillon-sur-Indre (21), car il s'agit d'une église appartenant à l'école d'architecture si caractérisée qui régna aux XIe et XIIe siècles, dans le Poitou et la Saintonge (22).

Les renseignements qui nous sont parvenus sur ces divers artistes se réduisent en général à fort peu de chose. Il en est trois cependant sur lesquels il nous a été possible de retrouver quelques menus détails : Raoul, de Saint-Jouin-les-Marnes, Jean et Ingelbert, de La Chaize-le-Vicomte.

C'est de ces trois personnages que nous allons nous occuper.

Nous commençons par le moins connu : Ingelbert.

Ingelbert, architecte du château de la Chaize-le-Vicomte. L'honneur d'avoir révélé le nom d'Ingelbert revient à Paul Marchegay.

Le Compte-rendu du Congrès archéologique tenu à Angers en 1841 contient plusieurs notes communiquées par lui, et donnant des dates de monuments angevins et vendéens. C'est dans l'une de ces notes que fut mis au jour le texte mentionnant la construction du château de La Chaize-le-Vicomte et en indiquant l'auteur : is qui ssepefatum Castrum, ipso vicecomite jubente , Ingel-bertus nomine, œdificaverat (23).

Le document d'où ce passage était extrait ne fut publié in extenso que longtemps plus tard dans les Chroniques des Églises d'Anjou et dans les Cartulaires du Bas-Poitou, deux recueils de grande importance pour l'histoire de la région de l'Ouest, et qui sont au nombre des meilleurs titres de gloire du regretté érudit vendéen (24).

Le nom d'Ingelbert n'a pas été cité souvent, que nous sachions, par les historiens et les archéologues. Les mentions que nous avons rencontrées se réduisent à trois: 1° par M. Marchegay lui-même, dans l'introduction de ses Cartulaires du Bas-Poitou (25) ; 2° par M. Hugues Imbert (un des plus intimes amis de M. Marchegay), dans son Histoire de Thouars (26); 3° par Lance, qui l'avait rencontré en dépouillant le Bulletin monumental et qui en avait enrichi son Dictionnaire des Architectes français (27).

La Ghaize relevait de la vicomté de Thouars. Le vicomte mentionné dans le texte de 1099 n'est autre que le fameux Aimery IV, «le plus remarquable peut-être de tous les vicomtes de Thouars. » Il avait succédé à Geoffroy, son père, vers l'année 1055 et était mort en 1093 (28).

— La construction du château se placerait donc, à première vue, entre les années 1055 et 1093.

Mais une date plus précise, s'appuyant de l'autorité du savant bénédictin dom Fonteneau, a été mise en avant. Elle rapporte la construction à l'année 1080 (29). M. Imberta consigné cette date dans sa Notice sur les vicomtes de Thouars, publiée en 1865 dans les Mémoires de la Société des Antiquaires de l'Ouest (30) et dans son Histoire de Thouars, parue en 1871 dans les Mémoires de la Société de Statistique des Deux-Sèvres (31). Toutefois, dans sa notice de 1865, il avait fait observer que le château «était commencé dès 1069 (32).»

Voyons ce que les documents originaux permettent d'affirmer sur cette date. — Faut-il accepter 1080 ? — Faut-il préférer : de 1069 à 1080 ? — Faut-il écarter totalement 1080, pour s'arrêter définitivement à 1069 ou environ ?

La pièce transcrite dans le Recueil de dom Fonteneau, de l'analyse de laquelle on a induit la date de 1080 (33), a été publiée par M. Marchegay dans son appendice aux Cartulaires du Bas-Poitou, d'après l'original appartenant à M. le duc de la Trémouille (34). Elle n'est pas antérieure à 1104, et ne contient absolument rien qui permette de placer la construction du château en 1080.

Celui qui a daté cette pièce de 1080 s'est trompé d'un quart de siècle dans son attribution, ni plus ni moins.

La date de 1080 a fait son chemin, grâce au renom de dom Fonteneau, qui n'en est peut-être pas coupable. Elle n'a aucun fondement, et il n'y a pas lieu de s'arrêter à discuter le document sur lequel on s'est appuyé pour la mettre en avant, puisque ce document ne la fournit pas.

Cette constatation a pour conséquence d'éliminer tout aussi radicalement l'opinion intermédiaire qui concilie 1069 avec 1080.

Reste la date de 1069.

Patrimoine, Recherches critiques sur Trois Architectes Poitevin de la fin du XIe siècle

En tête des chartes et fragments de chroniques du prieuré de La Chaize, publiés par M. Marchegay dans ses Chroniques des Églises d'Anjou et reproduits dans ses Cartulaires du Bas-Poitou, se trouve un récit se rapportant à l'année 1069 et intitulé : «... du magnifique missel livré à Aimery, vicomte de Thouars, pour l'église de La Chaize, et du serment fait par le dit vicomte de ne jamais donner la susdite église à d'autres moines qu'à ceux de Saint-Florent... de optimo libro missali tradito Aimerico vicecomiti Toarcen-cium pro ecclesia de Casa , et de sacramento facto ab eodem vicecomite se prsedictam ecclesiam nulli un-quam congregationi monachorum nisi sancti Flo-rentii esse daturum (35).

— C'est cette pièce qui a motivé les réserves faites en 1865 par M. Imbert à l'opinion qu'il croyait avoir été soutenue par dom Fonteneau.

Il y est raconté comment Aimery réussit à se faire donner un très beau missel appartenant à l'abbaye de Saint-Florent de Saumur. Le moine qui fut chargé de remettre le livre, ayant déclaré que ce cadeau causait un grand préjudice à l'abbaye, Aimery lui répondit qu'il l'avait demandé pour une église qu'il avait commencé à faire bâtir dans son château de La Ghaize, pro quadam ecclesia quam in territorio suae proprietatis scilicet apud (36) castrum Casse, œdificare cseperat, illam petivisse.

Si ce texte nous donne d'une façon très nette la date de l'église du château, — église dont nous reparlerons à propos de l'architecte Jean, — il n'est guère explicite sur la construction d'Ingelbert. Et c'est un peu gratuitement que M. Imbert en a conclu que le château était eh construction dès 1069. Evidemment M. Imbert a voulu concilier ce texte avec la date de 1080 dont il gratifiait dom Fonteneau.

Les trois monuments qui ont été l'origine du bourg de La Ghaize furent élevés successivement par les vicomtes de Thouars, durant la seconde moitié du XIe siècle.

L'église Saint-Nicolas, que l'on trouve en construction en 1089, ne fut commencée qu'un certain nombre d'années après l'église Saint-Jean-Baptiste. Cette seconde église, nous venons de le voir, était en construction en 1069. Le château avait précédé les églises. Était-il terminé en 1069 ? En tout cas, il avait été commencé avant cette date.

Voici comment M. Marchegay racontait, en 1877, les origines de La Ghaize :

«La Chaise ou plutôt la Case, comme l'indique son «nom latin, était un simple pied-à-terre, construit «depuis peu d'années et servant de demeure au vicomte de Thouars, lorsqu'il venait à la chasse dans «la partie de son vaste fief la plus boisée et la plus giboyeuse. Aimeri remplaça cette casa par un castrum, lorsqu'il eut reconnu l'importance féodale de sa position.

L'adjonction d'une église était le complément indispensable d'un château. Elle concourait à attirer, dans son enceinte et autour de ses murailles, des habitants dont le nombre et la richesse s'augmentaient, grâce aux concessions de privilèges, domaines et revenus .....

Le château de La Chaise venait d'être bâti sous la direction d'un nommé Ingelbert ; le chanoine ou clerc Jean se chargea de la construction de l’église (37). »

Nous croyons, avec M. Marchegay, que le château bâti par Ingelbert est antérieur à l'église bâtie par le clerc Jean, mais il ne doit pas y avoir grand espace de temps entre les deux entreprises.

Dans une pièce de 1115 ou environ, dont nous reparlerons à propos des héritiers du clerc Jean, nous lisons quelques mots qui sont instructifs sur ce point : Aimericus vicecomes, incoans aedificare Castrum Casae, aecclesiam ejusdem loci construendam ..... cuidam Johanni clerico commendavit (38).

Jean fut chargé de la construction de l'église, au moment où l'on commençait la construction du château. Or, Jean n'avait encore que commencé — caeperat — sa part de besogne en 1069. Mais les constructions d'églises étaient généralement plus lentes au moyen âge que les constructions militaires.

Quoi qu'il en soit, il est certain que la fondation de La Ghaize doit se placer dans le troisième plutôt que dans le quatrième, quart du XIe siècle, avant 1070, plutôt que vers 1080. Nous ne croyons pas qu'il soit possible de donner une date plus précise.

Il ne reste plus aujourd'hui du château de La Chaize-le-Vicomte qu' «une portion de mur d'enceinte, servant à enclore un beau parc et une riante habitation (39). » Ces murailles, flanquées de tours rondes, ont perdu la plus grande partie de leur élévation première et n'offrent absolument rien de remarquable. L'appareil en est sans caractère, si tant est même que l'on puisse appeler appareil un aussi grossier assemblage de moellons.

Il y a quelques mois, nous visitions ces débris, en compagnie de l'éditeur des Paysages et monuments du Poitou, qui compte bien ne pas les oublier dans sa publication, et nous nous demandions si nous étions réellement en présence de l'œuvre d'Ingelbert. Nous ne serions pas étonné qu'il y ait eu reconstruction vers la fin du moyen âge.

Les chartes publiées par M. Marchegay fournissent, sur le compte d'Ingelbert, quelques renseignements biographiques qui ne sont pas à négliger. Le titre officiel d'un artiste, fût-il du XIe siècle, le nom de son père, les noms de ses enfants, présentent toujours un certain intérêt.

Dans plusieurs chartes de l'époque du vicomte Aimery IV et de son fils Herbert (1088, 1091, 1093, 1094, 1095), relatives au prieuré de La Ghaize (40), nous trouvons un personnage du nom d'ingelbertus, désigné tantôt Ingelbertus tout simplement (41) , tantôt Ingelbertus prepositus (42), tantôt Ingelbertus filius Sandraldi , ou filius Sandraudi , ou filius Sandralt (43), et figurant toujours parmi les témoins laïcs et en compagnie du dapifer du vicomte. Dans un certain cas, Ingelbert agit pour le vicomte (44).

Y avait-il, à la fin du XIe siècle, plusieurs personnages du nom d'Ingelbert parmi les officiers du vicomte de Thouars ? — Les chartes répondent négativement. Il suffit, en effet, de lire la liste des témoins inscrits dans ces divers documents pour constater les dénominations supplémentaires auxquelles on a eu recours pour éviter la confusion entre les divers personnages portant le même nom.

S'il y avait eu deux Ingelbert à la cour du vicomte de Thouars, nous ne trouverions pas exclusivement Ingelbertus filius Sandraldi ou Ingelbertus prepositus; nous trouverions la fonction de cet autre Ingelbert et le nom de son père. S'il y avait eu deux Ingelbert à la cour du vicomte de Thouars, nous ne trouverions jamais Ingelbertus tout court.

Dans ces conditions, et étant données précisément les fonctions attachées au titre de prévôt, dont était revêtu l’Ingelbertus, témoin dans ces diverses chartes, nous croyons que l'on peut conclure, avec toutes les chances d'être dans le vrai, à l'identité de ce personnage avec le constructeur du château de La Chaize-le-Vicomte et, par suite, que l'on peut avancer, sans crainte d'erreur, que  notre architecte :

1° Vivait encore en 1095 ;

2° Avait eu pour père un nommé Sandraud ;

3° Portait le titre officiel de prévôt du vicomte de Thouars.

Les mêmes documents, qui nous ont fourni ces faits, nous donnent le nom des trois fils d'Ingelbert. Ils s'appelaient Boreau, Brient et Guerry, — Burrellus filius Ingelberti, Brientius filius Ingelberti , Guerricus filius Ingelberti. Tous les trois figurent comme témoins dans les chartes du vicomte de Thouars, dès l'année 1088 (45).

Nous ne savons ce que devint Brient. Guerry fut prévôt de La Ghaize , et pendant assez longtemps. Il apparaît avec ce titre, en 1099, prepositus de Casa (46), et on le lui constate encore en 1115 ou environ, Guerricus prepositus (47). — En 1120, Guerry figure parmi les vavasseurs de La Ghaize, de vavasoribus Casse ..... Guerricus (48).

Quant à Boreau, il est probable que c'est le même qui est appelé, en 1095, Borellus pedagerius (49).

Deux des fils de l'architecte du château de La Chaize auraient donc continué à servir le vicomte de Thouars, l'un comme péager, l'autre comme prévôt de second ordre.

Voilà de bien menus détails, et à propos d'un personnage que beaucoup jugeront certainement peu important. Il nous a cependant paru utile d'extraire ces notules du cartulaire où elles gisaient.

Nous vivons à une époque où tout ce qui touche les artistes des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles est soigneusement recueilli. Nous avons cru que les constructeurs presque ignorés des XIe et XIIe siècles méritaient autant d'égards.

Ingelbert, après tout, ne devait pas être sans quelque talent. Les vicomtes de Thouars étaient assez puissants et assez riches pour s'entourer de gens de valeur. — Dieu me garde de rêver dans Ingelbert un ingénieur de premier ordre, un émule de Robert de Bellême ; mais certainement c'était plus qu'un maçon ordinaire.

Les archéologues lui doivent bien un souvenir.

 Jos. Berthelé.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1886_num_52_1_10653

 

 ==> Architecture : le style Plantagenêt - Recherches pour servir à l'histoire des arts en Poitou par Jos. Berthelé

==> Voyage dans le temps et les origines de la Renaissance Artistique en Poitou

  ==> Sur la Terre de nos ancêtres du Poitou - Aquitania <==

 ==> Abbaye Saint-Jean de Montierneuf de Poitiers fondée au 11e siècle par Guy-Geoffroy-Guillaume comte de Poitou et duc d’Aquitaine

==> L’église Saint-Pierre d’Airvault, une architecture Plantagenêt

 

 

 


 

LA SAINTONGE DANS LE PASSE (Xaintonge avec le pays d'Aulnis, le Brovageais, terre d'Arvert) -
Si la Saintonge doit la spécialisation de la culture aux causes naturelles que nous avons indiquées, c'est-à-dire à la facilité des communications, cette spécialisation doit se vérifier dans le passé. C'est ce que nous allons essayer de rechercher dans ce chapitre. Notre intention n'est pas d'y faire une étude approfondie de l'histoire économique de la Saintonge, dans le passé.....

 

(1) Bulletin monumental, 1881 , p. 367-368. — Tirage à part, 2e édition, p. 25-6-217.

(2) De Longuemar, Notice sur le Portail de l'église Saint -Hilaire de Foussais, apud Mémoires de la Société des Antiquaires de l'Ouest, t. XX, année 1853, p. 85, planche 5 ; — De Longuemar, Épigraphie du Haut-Poitou, apud Mém. de la Soc. des Antiq. de l'Ouest, t. XXVIII, année 1863, p. 214 ; -Compte-rendu du Congrès archéologique de Fontenay-le-Comte, 1864, p. 124 et 162 ; — L. Audiat, Épigraphie Santone et Aunisienne, p. 81-827 ; — Grimouard de Saint-Laurent, Manuel de l'Art chrétien, p. 559-560, avec une eau-forte de M. 0. de Rochebrune ; — Cf. de Caumont, Abécédaire, architecture religieuse, 59 édit., p. 173-174, — etc.

(3) Congrès archéologique de Fontenay, p. 118, note 2.

(4) De Caumont, Abécédaire, architecture religieuse, 5* édit. , p. 375 ; — F. de Verneilh, Architecture byzantine, p. 177 ; -Marion, Notes d'un voyage archéologique dans le sud-ouest de la France, p. 37 ; — Lance, Dictionnaire des architectes français, tome Ier, p. 379.

(5) Mémoires de la Société des Antiquaires de l'Ouest, 2e série, tome VII, année 1884, p. 179-180 ; -Cf. Audiat, Épigraphie Santone, p. 85 ; — l'abbé Laferrière et Georges Musset, l'Art en Saintonge et en Aunis, p. 5.

(6) Bulletin monumental, t. X, p. 495-496 et 499 ; tirage à part du compte-rendu du Congrès, p. 75-76 et 79 ; — L. Audiat, Saint-Eutrope de Saintes et son prieuré, p. 152, note ; — Jos. Berthelé, La Date de l'église de Parthenay-le-Vieux (Deux-Sèvres) et l'influence de l'architecture auvergnate en Poitou et en Saintonge, apud Bulletin de la Société de Statistique des Deux-Sèvres, avril-juin 1884, p. 518-514 ; -Lance, Dict. des architectes fr., t. Ier, p. 61.

1092 Histoire et légendes de la Fondation de l’église de Parthenay le Vieux (Mélusine et les seigneurs de Parthenay)

(7) Cf. la Revue poitevine et saintongeaise, 1886, n° 25, p. 24.

(8) Revue des Sociétés savantes, 5e série, 1. 1, mai 1870, p. 467, — Recueil de la Commission des Arts et Monuments historiques de la Charente-Inférieure, t. V, année 1880, p. 105 à 111. — CF. Bulletin de la Société des Archives de Saintonge, t. III, p. 169.

(9) Le père Arcère, Histoire de la ville de La Rochelle, t. II, p. 496 ; — J.-B.-E. J. (Jourdan), Éphémérides historiques de La Rochelle, p. 41-42 ; — Recueil de la Commission des Arts de la Charente-Inférieure, t. VI, année 1883, p. 409 Lance, Dict. des Architectes fr, t. II, p. 142, v° Mognon. — Le texte latin dit Petrus de Mogono.

(10) De Longuemar, Essai historique sur Saint-Hilaire de Poitiers, apud Mémoires de la Société des Antiquaires de l'Ouest. XXIII, année 1856, p. 29 et 59 : — De Cougny, Excursion archéologique en Poitou, apud Bulletin monumental, 4868, p. 167, 170, 172, 179 ; tirage à part, p. 28, 31, 33, 40, etc. ; — Ed. Aubert, Étude sur l'ancien clocher de l'église Saint-Hilaire de Poitiers, apud Mémoires de la Société nationale des Antiquaires de France, t. XLII, p. 61 et 70 ; tirage à part, p. 17 et 26. — Léon Palustre, apud Mémoires de la Société des Antiquaires de l'Ouest, 2e série, t. III, année 1880, p. 90. — Lance a mentionné cet architecte dans son Dictionnaire, t. Ifr, p. 160, mais 1e il le recule au «  XVe siècle »; 2° il place la dédicace de la basilique de Saint-Hilaire «en 1409 », alors qu'elle eut lieu en 1049 ; 3° sous sa plume, Gautier Coorland devient «Guillaume Corland. » Soit trois erreurs en moins de trois lignes — Le texte qui nous fait connaître Gautier Coorland se trouve dans la chronique de Saint-Maixent, dite de Maillezais. Il est ainsi conçu : «Istud monasterium magna ex parte construxerat regina Anglorum per manus Gauterii Coorlandi. » (Cf. les diverses éditions de cette chronique, notamment celle qui a été donnée en 1869 par Marchegay et Mabille dans leurs Chroniques des églises d'Anjou, p. 397.)

(11) Ch. de Ghergé, Rapport d'ensemble sur les monuments historiques du département de la Vienne, lu au Congrès archéologique de Poitiers, en 1843, apud Bulletin monumental , t. IX, p. 391 ; tirage à part du Compte-rendu du Congrès, p. 31 ; — Ch. de Chergé, Mémoire historique sur l'abbaye de Montierneuf de Poitiers , apud Mémoires de la Société des Antiquaires de l'Ouest , tome XI, année 1844, p. 174 et p. 255, note 63 ; — Ch. de Chergé, Guide du voyageur à Poitiers , éd. de 1851, p. 116 ; — C. de Cougny, Excursion archéologique en Poitou et en Touraine, apud Bulletin monumental, 1868, p, 151 ; tirage à part, p. 12 ; — G. Lecointre Dupont, l' Architecture religieuse en France au XIXe siècle, apud Mém. de la Soc. des Antiquaires de l'Ouest, tome XI, année 4876, p. 8. — Lance, Dict. des Architectes fr., t. II, p. 220, ; — X. Barbier de Montault, Mémoire sur les signes lapidaires des monuments religieux, civils et militaires, apud Mém. de la Soc. des Antiq. de l'Ouest, tome XXV, p. 89 ; — Lenoir, Architecture monastique, tome Ier, p. 37, note 1 ; — Montalembert, L'Art et les Moines, apud Annales archéologiques, mars 1847, et apud Œuvres complètes, tome VI, Mélanges d'art et de littérature, p. 848 ; — L. Palustre, apud Mém. de la Soc. des Antiq. de l'Ouest, année 1880, p. 250 ; — etc.

(12) Jos. Berthelé, Note sur les divers textes fournissant la date de l'église d'Airvault, apud Bulletins de la Société de statisti¬ que des Deux-Sèvres , juillet-septembre 1885, p. 119 à 122.

(13) Cf. Mém. de la Soc. des Antiq. de l'Ouest, année 1880, pl. I.

(14) Cf. dessin, apud Magasin pittoresque, 1840, p. 268.

(15) Nous développerons ces observations dans un mémoire spécial sur la Date de l'église d'Airvault que nous comptons publier prochainement.

(16) Gallia Christiana, tome II, instrumenta, col 411 ; — Cham-pollion-Figeac, Documents palêographiques , p. 258.

(17) De Longuemar, Essai hist. sur l'église Saint-Hilaire, apud Mém. de la Soc. des Antiq. de l'Ouest, t. XXIII, p. 59 et pl. III, flg. 9. -Cf. Léon Palustre, apud Mém. de la Soc. des Antiq. de l'Ouest, 2e série, tome VII, p. 91.

(18) Mérimée, Notes d'un voyage dans l'Ouest, éd. de Bruxelles, 1839, p. 434. Ch. Tranchant, Notice sommaire sur Chauvigny-de-Poitou et ses monuments, 2e édit., p. 91. — Ch. Tranchant, Chauvigny-de-Poitou, ap. Paysages et monuments du Poitou, 3e livraison, p. 11. — Lance, Dict. des architectes français, tome 1er, p. 318.

(19) 0. de Rochebrune, apud Compte-rendu du Congrès archéologique de Fontenay-le-Comte, 1864, p. 128 ; — De Longuemar, Epigraphie du Haut-Poitou, apud Mémoires de la Société des Antiquaires de l'Ouest, tome XXVIII, p. 214.

(20) Dans l'église de Bouresse (Vienne) on lit cette inscription de l'époque romane : Anscharius presbiter refecit ista[m] ecclesia[m], qui a été publiée par de Longuemar dans son Epigraphie du Haut-Poitou, apud Mémoires de la Société des Antiquaires de l'Ouest, tome XXVIII, p. 195. — Anscharius peut-il être considéré comme un architecte ?

(21) Bulletin de la Société archéologique de Touraine, 1884, p. '267 ; — Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France, 1885, p. 121. — Revue poitevine et saintongeaise, 1885, n° 14, p. 53.

(22) Cf. la Carte des Monuments historiques de la France, publiée par la Commission des Monuments historiques.

(23) Bulletin monumental, t. VII, p. 468 ; tirage à part du Compte-rendu du Congrès, p. 100.

(24) Marchegay et Mabille, Chroniques des Églises d'Anjou, p. 336 ;— Marchegay, Cartulaires du Bas-Poitou, p. 4.

(25) Cartulaires du Bas-Poitou, introduction, p. 11.

(26) Histoire de Thouars, apud Mémoires de la Société de Statistique des Deux-Sèvres, 2e série, tome X, année 1870, p. 48.

(27) Dictionnaire des Architectes fr., tome Ier, p. 373.

(28) Hugues Imbert, Histoire de Thouars, loc. cit., p. 45 et 49.

(29) Mss. de Dom Fonteneau à la Bibliothèque de Poitiers, tome XXVI, page 149. Cité par Imbert, apud Mérn. de la Soc. des Antiq. de l'Ouest, t. XXIX, p. 351.

(30) «Le château de La Chaize n'a été construit que vers 1080. » Imbert, ap. Mém. de la Soc. des Antiq. de l'Ouest, tome XXIX, p. 342.

(31) «Château construit en 1080 par un nommé Ingelbert. » Imbert, ap. Mém. de la Soc. de S tat. des Deux-Sèvres, 2e série, t. X, p. 48.

(32) a Aimery fit construire le château de La Chaize, la vicomté (sic) et l'église paroissiale du même lieu. D. Fonteneau (t. XXVI, p. 149) date cette construction de l'année 1080. Nous avons vu plus haut que le château était commencé dès 1069. » (Imbert, ap. Mém. de la Soc. des Antiq. de l'Ouest, t. XXIX, p. 351.

(33) Rédet, Tables des manuscrits de dom Fonteneau conservés à la bibliothèque de Poitiers, apud Mémoires de la Société des Antiquaires de l'Ouest, t. IV, p. 71-72. — Cf. Aillery, Pouillé de l'évêché de Luçon, p. 36.

(34) Cartulaires du Bas-Poitou, p. 346 à 348.

(35) Chroniques des Églises d'Anjou, p. 331-332 ; — Cartulaires du Bas-Poitou, p. 8-9.

(36) Imbert a traduit cet apud par auprès ; nous traduisons par dans "Vérification faite sur place, l'église Saint-Jean-Baptiste de La Chaize-le-Vicomte était dans l'intérieur du château. La fin du document ne permet d'ailleurs que cette interprétation : fabrica monasterii sancti Evangelislœ Johannis quod in prœdicto Castro situm est (Chroniques des Églises d' Anjou, p. 332 ; Cartulaires du Bas-Poitou, p. 9).

 

 

(37) Cartulaires du Bas-Poitou, introduction, p. x-xi.

(38) Carlulaires du Bas-Poitou, p. 25.

(39) Grandmaison, De Tours aux Sables-d'Olonne, p. 153.

(40) La plus ancienne charte du cartulaire du prieuré de La Chaize-le-Vicomte est de 1088.

(41) Marchegay, Cartulaires du Bas-Poitou, p. 13, 20.

(42) Ibid., p. 11, 18.

(43) Ibid., p. 11, 15, 19.

(44) Ibid , p. 11.

(45) Cartulaires du Bas-Poitou, p. 10, note 1 ; p. 15 ; p. 17, note 1.

(46) Carlulaires du Bas-Poitou , p. 23 et 345.

(47) Ibid., p. 26.

(48) Ibid., p. 28.

(49) Ibid. , p. 23 et 345.

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