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PHystorique- Les Portes du Temps
28 décembre 2023

Les manans de la Châtre et le sire de Chauvigny. Il existe dans les archives municipales de La Châtre un monument assez curieux

Il existe dans les archives municipales de La Châtre un monument assez curieux de son histoire, et qui toutefois paraît n’avoir été connu ni de La Thaumassière, ni du bonhomme Chaumeau , ni même du célèbre frère Jean de la Gogue, en son virant prieur de St-Gildas.

C’est une de ces peaux de mouton qui jouent un si grand rôle dans les querelles des communes avec leurs seigneurs.

 L’excellent M. Gomard, secrétaire de la mairie , eut dernièrement la générosité de m’en révéler l’existence, et mon cœur battit de joie en lisant au dos du manuscrit:

De la noise qui s’émeut entre les mamans de la châtellenie de La Châtre et leur benoist seigneur Guy de Chauvigny , avec le traictié , accorde pacification qui s’ensuivirent.

De l’aveu de l’adjoint j’emportai chez moi ce précieux vélin pour le déchiffrer à loisir. Déployé il offre à peu près la superficie d’un numéro de l'Eclaireur. L’écriture, bien que tassée, surchargée d’abréviations, palliée parle souffle du temps , et d’une époque antérieure à l’invention des virgules , est nette et encore facile à lire.

Cette longue pièce étant rédigée tout entière en style de greffe, j’ai cru que le lecteur me saurait gré de la lui présenter sous une forme un peu moins rébarbative; je lui demande aussi grâce en faveur de la petite digression historique qui la précède ; elle m’était indispensable pour compléter les six colonnes d’un feuilleton en caractères aussi microscopiques.

Suivant le chanoine Carcat, auteur d’une histoire manuscrite de La Châtre, Raoul, le vieil Baron de Déols, donna cette ville et son territoire en apanage à Ebbes II son fils cadet , sous la clause expresse qu’ils feraient retour à la branche aînée, à défaut d'hoirs mâles et fumaux.

Ebbes passa la meilleure partie de sa vie à batailler, et l’on voit avec peine que ce fut presque toujours contre les gens d’église. Il mit en pièces sur les bords du Cher l’armée de l’archevêque de Bourges, et fit un affreux carnage des fuyards. Mais, comme enflé de sa victoire, il se préparait à forcer les portes de Châteauneuf, qui tenait encore pour le prélat, Dieu permit qu’il fut tué d’un coup d’arbalète.

Ebbes III (1), son fils, tint une conduite toute différente ; mais il n’en reçut pas une bien meilleure récompense sur la terre ; il s’était croisé avec ses deux fils pour la délivrance des saints lieux.

Cette expédition, commandée par Louis-le-Jeune et Conrad, finit, comme on le sait, d’une manière déplorable. Ebbes et ses deux fils tombèrent aux mains des infidèles. Obligé de payer une triple rançon , le seigneur de La Châtre mit en vente sa châtellenie ; un membre de la maison de Déols s’en rendit acquéreur.

Enfin elle passa dans les mains d’André de Chauvigny, lorsque celui-ci devint l’époux de l’unique héritière des princes du Bas-Berry.

Si l’on en croit Frère Lagogue, cet André de Chauvigny fut bien le plus brave et en même temps le plus-brutal des chevaliers de son époque; il eut la gloire de désarçonner le grand Saladin dans un tournois qui se donna sous les murs de Damas; mais, ajoute mon chroniqueur, l’écuyer de ce prince, voulant venger la gloire de son maître, passa traîtreusement derrière le bon chevalier et lui perça le talon d’un coup d’épée.

Chauvigny, demeuré boiteux, fut depuis lors surnommé le clop. Ce malheur aigrit tout-à-fait son caractère, qui n’était pas déjà très-doux; et certain jour, s’étant figuré que la reine ricanait, en le voyant passer devant elle , il leva tantôt la main, et par- dessus le musel , il la frappa si dru que le sang en decourit en sus.

Cette historiette, dans le goût de Turpin, est formellement démentie par La Thaumassière, et nous ne la donnons au lecteur que sous les plus grandes réserves.

André eut pour fils Guillaume, Guillaume le vénérable auteur de nos liberté», le vrai fondateur de la bourgeoisie de La Châtre. Il florissait au commencement du XIII e siècle. Outre les nombreuses manumissions auxquelles son nom se trouve attaché, ce pays lui doit une multitude de fondations pieuses. Revenant de Palestine et passant par l’Italie, il y fit la découverte de frère Bonencontre, l’un des disciples les plus célèbres de saint François- d’Assises.

Le Berry ne possédait guère alors que des Bénédictins; il manquait entièrement de frères quêteurs. Guillaume décida le bon religieux à le suivre dans sa Baronnie, et bientôt Châteauroux eut la gloire de posséder Tunique couvent de Cordeliers qui fut encore dans la province.

L’abbaye de Déols eut également part à la générosité de Guillaume; il lui octroya de si beaux privilèges que les contemporains lui décernèrent le surnom de Mamelle de-Saint Pierre.

 Saint Gildas lui doit le moulin de Tournesac et la métairie d’Escorchebœuf, et le chapitre (2) de La Châtre la concession du droit qu’il levait sur les bancs et étaux. « Enfin, dit le martyrologe des Cordeliers , il n'est pas un jour de sa vie qui n’ait fatigue la plume des anges. »

Ce fut le 24 décembre de l’année 1216 que ce généreux seigneur eut l’idée d’émanciper les manans de La Châtre.

Je n’ai pu retrouver le texte de la charte octroyée, par Guillaume, mais le manuscrit de Carcat en relate deux dispositions importantes ; l’une relative à l’impôt, l’autre à la contrainte par corps. Par la première, les résidens de la châtellenie se virent affranchis de la taille arbitraire. Calcul fait de ce que bon an mal an elle pouvait produire, le chiffre en fut religieusement maintenu ; mais à l’avenir la répartition dut s’en faire par des commissaires du choix des contribuables.

Cette concession, qui paraît légère, avait cependant une portée très-grande ; elle supposait que la valeur relative de l’argent devait toujours rester la même, tandis que réellement elle allait chaque jour en déclinant. L’abus des détentions était alors poussé fort loin. Les officiers du seigneur emprisonnaient ses gens, non-seulement sur prévention de tout délit emportant amende, mais encore comme un excellent moyen d’activer la rentrée des impôts. Guillaume ne voulut pas faire les choses à demi, il consentit à restreindre les détentions préventives aux cas purement criminels et expressément spécifiés : meurt, furt et rapt. En toute autre occurrence, l’inculpé devait jouir de sa liberté moyennant caution.

 Quamdiü poteris justiciâ exhibere. — Pourvu qu’il pût satisfaire à justice par amende de ses biens.

L’accord ainsi fait, chacune des parties jura sur corps saints de l’observer fidèlement.

 Mon auteur ne dit point le nombre d’écus dont nos pères durent payer l’octroi de cette pancarte ; il n’en faudrait pas toutefois conclure qu’elle leur fut délivrée gratis; l’usage contraire était si général alors, qu’on le regardait comme sacré, et je crois bien que cette journée fut suivie d’un grand vide dans la bourse de nos nouveaux bourgeois.

Plus de deux siècles s’écoulèrent sans que la paix jurée fût sérieusement troublée. Cependant tes récriminations consignées au procès dont nous allons bientôt parler donnent à croire que de part et d’autre se couvaient d’aigres rancunes.

Les seigneurs de Chauvigny, tenus à de grandes dépenses, invoquaient de temps en temps, pour tirer un peu d’argent; de nos bourgeois, des raisons fort bonnes sans doute en elles-mêmes, mais en droit, peu concluantes.

C’était le mariage d’un enfant, la rançon d’un prisonnier, une prise d’ordre et le reste ; lorsque moitié conviction, moitié force, nos pères avaient desserré leur escarcelle, ils cherchaient à se dédommager en trichant sur l’impôt. Enfin, s’exagérant, je crois, un peu leur mal, ils résolurent de plaider contre leur seigneur.

 C’était pour lors Guy III, le plus humain des barons de la chrétienté , et que les historiens ont glorifié du surnom de nobilium, gemma, lu perle des gentilshommes.

Malgré ou peut-être à cause de son humeur pacifique, ce digne seigneur eut une multitude de procès à soutenir; le plus important de tous fut poursuivi contre les religieux de Déols. Ces clercs ingrats refusaient obstinément de l’aller quérir avec chappes, eau bénite et bannière, quand il lui plaisait ouïr la messe en leur église; mais enfin il obtint ce qu’on lui déniait, et de plus un cierge d’honneur pour sa femme.

Ce procès était à peine terminé que la mutinerie de nos pères l’attira dans un autre. A peu d’années en-deçà, Guy avait marié sa fille au seigneur de la Trémoille; or, par une suite du système féodal, les demoiselles de grandes maisons ne pouvant être dotées qu’en argent, denrée alors fort rare même chez les Barons, il était donc naturel que le suzerain s’adressât à ses vassaux pour lui venir en aide, qui plus , qui moins , ce cas en admettait trois autres parfaitement analogues: 1° le voyage d’outre-mer; 2° la collation de chevalerie; 3° la rédemption de captivité : tous les quatre compris sous le nom de loyaulx aides.

 Ce cercle fatal mais étroit était si nettement, si judicieusement tracé, qu’il ne vint jamais dans la pensée d’aucun vilain de vouloir s’en affranchir. Les manans de La Châtre payèrent donc sans trop murmurer la corbeille de ces de Mlle Anne de Chauvigny; mais quand vint le tour de Mlle Antoinette sa sœur cadette, promise au sire Hardouin de Maillé, ils n’y tinrent plus et déclarèrent arrogamment qu’ils ne financeraient pas d’un quart d’écu ; puis ils firent ce qu’on appelait alors une conjuration et se réunirent à l’issue de la grand’messe, autour d’une vieille croix en fer que l’on voyait naguère encore sur la place du marché : là , les esprits s’échauffant, il fut décidé par la plus saine et notable partie des citoyens que l’on plaiderait !

 Mon vélin a conservé les noms de ces généreux bourgeois , et j’éprouve un véritable plaisir à citer ceux de MM. Dorguin, Salé, Bejaud, Delaveau, Demenoix, Maubilanc, Plantelin dont les descendans sont encore la gloire de nôtre cité; mais je dois dire aussi, quoiqu’il m’en coûte, que MM. Pajol, Beaucheron et Laisnel figurèrent parmis les dissident ; au surplus, comme il s’agissait de frapper un coup vigoureux, en considération des frais à venir, furent imposés contre les autres, et même vraisemblablement un peu davantage; la …..de tout ce grabuge ne tarda pas à venir aux oreilles du baron.

Il manda a son baillif de citer devant lui les mutins, et ce magistrat, qui lui était entièrement dévoué, mit, comme on le pense bien , tous les torts de notre côté.  La commune s'attendait à cet échec, elle ne s’en laissa point épouvanter elle appela du  juge seigneurial au Baillif du Roi, qui tenait alors le siège d’Issoudun en la personne de saige et docte Etienne Dorsanne.

Par une complication que ma profonde ignorance de la législation sur les fiefs ne me permet pas d’expliquer, l’affaire se trouva dans le même temps soumise à MM. du Parlement de Paris, et Me Pichon, conseiller en cette cour, fui délégué pour venir besogner sur les lieux.

 C’est ce qui pouvait arriver de pire au bon Chauvigny; Louis XI régnait alors, et l’on sait avec quel plaisir diabolique ce prince s’attachait à miner la fortune de ses grands feudalaires. Ce n’est pas qu’il portât aux vilains un intérêt fort tendre, mais il écoutait volontiers leurs criailleries afin de s’en faire une arme contre les rivaux de sa puissance.

Le haut baron était donc un homme jugé d’avance, et ce ne fut que pour la forme que Me Pichon consentit d’ouïr les dires des parties ; quant à moi, qui ne suis mû que par le sentiment de la justice, j’exposerai avec candeur le fort et le faible de leurs raisons.

 L intimé soutint d’abord que la queste indicte (l’impôt réclamé) sur les manans de La Châtre était juste, humaine et raisonnable, et cela par deux motifs : le premier c’était que ses hommes de la Marche et du Poictou l’avaient toujours payée; le second, qui rentrait un peu dans le premier, c’est que deçà longues années les manans de La Châtre en avaient fait autant, avec cette différence que les premiers s’exécutaient de bonne grâce, tandis que les autres ne finançaient qu’en grondant.

Ces argumens tirés du fait bien plus que du droit n’étaient pas, comme on voit, d’une très-grande force, et je crois apercevoir d’ici Me Raoul Pichon en sourire dans son rabbat.

Quand il en fut au chapitre de la taille, ledit intimé prétendit que chaque année nos bourgeois commettaient des fraudes intolérables , tous se faisant petits et pauvres et laissant toujours quelque arriéré que d’ordinaire ils oubliaient de payer, d’où monseigneur de Chauvigny se trouvait moult endommaigé A cette accusation notre avocat fit, je crois , semblant de ne pas entendre , car je confesse qu’elle est restée ,sans réponse au dossier. Notre cause se trouvait ainsi bien simplifiée. Il nous fut aisé, sur le fait de la queste , de démontrer que les précédens invoqués ne prouvaient absolument rien. L’avocat disait avec beaucoup de sens qu’une libéralité volontaire ne pouvait engendrer d’obligation légale; il ajoutait, mais en termes pleins de respect, que nous avions assez fort à faire pour doter nos propres filles, que l’ordre de chevalerie ne chalait guère à des vilains, et autres choses de ce genre: puis, passant de la defense a l’attaque, il se plaignit amèrement d'une violation toute récente des privilèges de la commune.

Un de nos concitoyens s’étant avise de commettre un faux en écriture, Guy le fit arrêter et détenir dans ses prisons. Ce fait inqualifiable avait révolté toute la cité, et l’on demandait à grands cris la liberté du prisonnier.

 La charte limitait les cas de détention préventive aux meurt, furt et rapt, elle se taisait sur le faux. Il est bien vrai que le faux ressemble beaucoup au vol, qu’il est comme on dirait de la même famille , mais enfin, à proprement parler, ce n’est pas un vol, et cela suffisait dans la cause.

 Les parties ayant épuisé leurs dits et coutredits, et Me Pichon voyant qu’il n’était pas possible de faire rendre un sou de plus à cette affaire, engagea nos plaideurs à s’arranger. Cette ouverture fut agréée des deux parts :

 « Alors monseigneur de Chauvigny, considérant que les manans de La Châtre sont ses hommes et sujets, et voulant iceux traiter en toute douceur et sous l’expérance qu’ils seront bons et obéissans au temps à venir, et oultre par le moyen et intercession de dame madame Marguerite de Chauvigny, comtesse de Panthièvre et Pierregord , et aussi de monsieur Raoul Pichon, conseiller du roi notre sire, mondit seigneur de Chauvigny stipulant pour lui et ses hoirs, affranchit lesdits manans de ladite queste, ès quatre cas ci-dessus déclairés; à savoir : pour le mariage de ses filles et sœurs, de nouvelle chevalerie, de voyage d’outre-mer contre les ennemis de la foy , et quand ledit seigneur ou les siens seraient retenus prisonniers de leurs ennemis. »

Pour l’assiette de taille, les contribuables furent distribués en quatre classes taxées d’après une échelle descendante, depuis 10 sous jusqu’à un sol ; chaque vilain, sans exceptions, dut en outre la veille de Noël apporter une geline (poule) au château.

Si l’on veut se rappeler qu’à l’époque dont nous parlons 26 sous tournois payaient un septier de blé (1 hectolitre et demi), la valeur que doit réveiller dans notre esprit ces 10 sous tournois ne serait que d’environ 11 francs monnaie du jour.

 Ainsi le plus opulent de nos concitoyens pouvait acquitter tout son impôt avec le prix d’un sac de blé ! Mais où, mon Dieu ! nos professeurs d’histoire ont-ils pris que ces pauvres seigneurs féodaux étaient des goulus et des vampires ? une poule trop souvent étique contentait leur sensualité, et la liste civile du plus hupé d’entre eux n’équivalait pas au traitement d’un sous-préfet.

Nos pères venaient d’obtenir de leur digne baron à peu près tout ce qu’ils voulaient; ils sentirent qu’à leur tour ils lui devaient un sacrifice, et comme dans une transaction chaque partie doit mettre du sien, ils laissèrent à Guy son prisonnier.

L’œuvre de Me Pichon ainsi terminée, les plaideurs réconciliés jurèrent de respecter à tout jamais leur traité, renonçant à toutes grâces, dispensations, lettres, mandemens sur ce impétrés ou à impétrer, tant de notre saint père le pape comme du roi notre sire et autre prince ou prélat ayant puissance à relaxation de foy et serment, et généralement à toutes exceptions, allégations cautelles et cavillations quelconques.

Enfin, suivant l’usage invariable en confirmation de privilèges, nos bourgeois baillèrent une certaine quantité d’écus à leur seigneur ; mais celui-ci ne les accepta véritablement que pour la forme et dans la crainte d’établir un mauvais précédent, car il en fit aussitôt la remise à messieurs les chanoines de St-Germain.

L’acte qui renferme ces faits mémorables fut passé le 10 février de l’année 1462, ainsi que l’atteste Pierre Grimauld , qui y apposa un scel de cire verte.

Le roi Pépin.

 

Une bulle d'Innocent II, donnée dans la première année de son pontificat, en 1130, si nous en croyons toutefois le peu croyable auteur de l’Histoire de la Châtre, fait mention du chapitre de cette ville.

 Une bulle d'Eugène III, donnée également dans la première année de son pontificat, en 1145, attribue à l'archevêché de Bourges, entre autres églises, celle de Saint-Germain de la Châtre (3)

 — Une pièce du XVe siècle fait mention do bulles adressées au chapitre par le pape Urbain III (4).

Mais aussi la papauté châtiait bien ceux qu'elle aimait bien; car, à diverses reprises, elle frappa d'excommunication le chapitre de la Châtre (5).

— En 1176, Raoul de Déols, sur le point de partir pour la Terre-Sainte, accorde au chapitre quelques privilèges, en retour desquels il reçoit en pur don mille sols d'Anjou; ce qui fait assez ressortir quelles étaient déjà les richesses du chapitre, et témoigne de sa reconnaissance envers la maison de Déols.

 En 1204, le seigneur de Chauvigny lui permet d'acquérir des fiefs dans le seigneurie de la Châtre.

 Nouveaux privilèges en 1215, 1224 et 1230 (6).

 Le pape Innocent IV les confirme par une bulle donnée à Lyon le 5 des calendes d'août de l'année 1245, troisième de son pontificat, et déclare prendre sous sa protection tous les biens du chapitre (7).

Par diverses lettres de 1313, Guillaume de Chauvigny, dernier du nom, confirme et augmente encore les concessions de ses prédécesseurs.

 « Dans l'une de ces pièces, où il s'intitule Guillys de Chauvigny, chevalers sires de Chastel-Raous, il ratifie comme sires de Chastel-Raous et de la Chastre, les privilèges, libertez, donacions, outroys, immunités et concessions, donez et outroyez jadis de ses progénitours prédécessours au priour et chapitre de la Chastre. Cette lettre est datée de la Motha de Chastel-Raous.

Dans une autre charte de 1316, il prend le nom de Guilhames avec les mêmes qualités, et, en parlant de honorables homes dou priour et dou chapitre, il proteste de laffezcion que il ha a lour yglise de la Chastre et à eux-mêmes (8). »

 — Le 14juin 1456, Guy de Chauvigny donne ou chapitre une rente de soixante écus d'or sur la terre, seigneurie, justice et devance de la Châtre, et, en 1457, il ajoute les grandes dîmes de Montipouret.

— Mais ce n'était pas seulement des largesses des princes qu'il s'enrichissait, à la joie des pauvres; les seigneurs et les bourgeois y contribuaient par des offrandes parfois considérables pour l'époque. Ainsi entre autres exemples, en 1249, Jean Estrabignat et sa femme donnent plusieurs vignes et rentes pour fonder une vicairie en l'église de la Châtre; en 1455,1e seigneur de Blanchefort (9) lègue au chapitre 1,600 écus d'or pour la fondation d'une grand' messe; en 1494, Thierri Papot, bourgeois de la Châtre, lui lègue une rente perpétuelle de cinquante sols tournois ; le 27 avril 1504, Pierre Bergeron lui donne par testament tous ses biens « pour le service des trépassés ; » le 4 septembre 1524, Pierre Bourderon fait don au chapitre de cent livres de rente annuelle et perpétuelle, qu'il a droit de prendre sur Michel Vincent, de Virollant, paroisse de Briante (10).

Le chapitra de la Châtre se soutint pendant près de sept siècles, riche, bienfaisant, aimé, vénéré; puis, comme tant d'autres saintes et philanthropiques institutions, il fut emporté par le torrent révolutionnaire !

 

L'Éclaireur : journal des départemens de l'Indre, du Cher et de la Creuse ["puis" des départemens du Centre : l'Indre, le Cher, la Creuse, l'Allier, le Puy-de-Dôme, la Haute-Vienne]

Vaudouan : chroniques du Bas-Berry / Vte Oscar de Poli ; précédé d'une lettre de sa grandeur Mgr le prince de La Tour-d'Auvergne,...

 

 

 

La mémoire des temps passés - Histoire des châteaux de la cité médiévale de Chauvigny. <==

 

 


 

(1). C’est à cet Ebbes que la tradition attribue la fondation du vieux château de Breuille bout (Bollum Balduini , le bois de Baudoin) dont on voit encore les vestiges sur 1es bords de l'Igneraye, dans la riche et liante vallée qui sépare Verneuil de St-Chartier.

(2). Nul n’est plus que moi sensible aux bienfaits du gouvernement représentatif, je trouve seulement que l’on y paie sa place un peu chère : je possède pour tout héritage un petit pré qui porte encore le nom de pré du Chapitre, et pour l’herbe duquel le percepteur me réclame annuellement la somme de 22 fr. 50 c. ; or, je vois que mes pères en étaient quilles en présentant tous les ans à la St Jean un bouquet de roses aux bons chanoines de La Châtre. Comblée cet impôt était plus poétique et surtout plus léger à porter!

(3). CATHERINOT, les Patronages de Berri.

(4). Pièces justificatives, pièce 5 bis.

(5). Voyez le chap. v.

(6). Inventaire des titres de Châteauroux, t. IV, p. 208. — Archives de l’Indre.

(7) CATHERINOT, Annales ecclésiastiques du Berri. — Pièces justificatives, pièce 5 bis.

(8). Esquisses pittoresques de l'Indre, p. 77

(9). Bernard de Bonneval, seigneur de Blanchefort, fils de Jean et de Catherine de Montvert, marié par contrat du 16 février 1432, à Marguerite de Pierre Buffière.

(10). Inventaire des titres de Châteauroux, t. IV, p. 270 et 271.

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