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PHystorique- Les Portes du Temps
29 décembre 2023

La chirurgie d'armée dans les chroniques de Jehan Froissart - Les blessures de guerre

La chirurgie d'armée dans les chroniques de Jehan Froissart - Les blessures de guerre (5)

« Afin que honorables emprises et nobles aventures et fait d'armes lesquelles sont avenues par les guerres de France et d'Angleterre, soient notablement registrées et mises en mémoire perpétuelle, par quoi les preux aient exemple d'eux encourager en bienfaisant, je veux traiter et recorder histoire et matière de grand' louange. »

Ainsi débute le prologue des chroniques de sire Jehan Froissart, et de cette première phrase on doit conclure que la médecine militaire peut faire tous les frais d'une étude médicale sur cet historien.

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Les blessures de guerre.

A l'époque dont sire Jehan écrit l'histoire, les armes piquantes ou d'estoc sont: la lance, appelée aussi glaive, attribut exclusif des chevaliers (gens d'armes) ; l'épée de guerre, avec laquelle ils frappaient aussi de taille; l'épieu et le javelot que manient les gens de pied. On frappe de taille avec l'épée et la hache, on assomme avec le maillet de fer ou la plombée (fléau d'arme).

La chirurgie d'armée dans les chroniques de Jehan Froissart - Les blessures de guerre (1)

Les projectiles sont les traits, flèches, sagettes, carreaux et viretons lancés par les arcs, arbalètes et machines de guerre ; on jette des pierres avec la main du haut des remparts assiégés et on les lance avec les machines dans l'attaque des places. Les Espagnols, dignes émules des frondeurs Baléares, manient la fronde avec une remarquable habileté. Telles sont les armes offensives.

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Voici maintenant les armes défensives. Les gens de pied sont coiffés de la salade, ils recouvrent leurs membres de brassards et de jambières de fer, ils s'abritent derrière un bouclier (pavois).

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Les chevaliers sont cuirassés de pied en cap et armés du bouclier (targe) ; pour les tournois ils portent le heaume, casque de grande tenue, et, les jours de bataille, ils sont coiffés du bassinet.  

La chirurgie d'armée dans les chroniques de Jehan Froissart - Les blessures de guerre (3)

On a dit qu'avant l'emploi des armes à feu les batailles étaient plus meurtrières que de nos jours; le fait paraît exact et l'explication en est bien simple: la balle et l'éclat d'obus se perdent souvent dans le vide, mais quand deux hommes s'abordent corps à corps, la lutte ne peut se terminer que par la mort, la blessure ou la capture de l'un d'eux. « Et moult y eu eut morts et blessés » : cette phrase revient à chaque instant sous la plume de Froissart.

A Cassel, « oncques des seize mille flamands qui morts y demeurèrent n'en recula un seul, que tous ne fussent morts et tués en trois monceaux l'un sur l'autre ».

Le tournois, image de la bataille ne se terminait pas toujours sans mort ou blessure de quelque champion: « Si se consuivirent (atteignirent) de plein coup èstarge si roide que les fers s'y attachèrent. Ce les sauva de cheoir et de navrure, que les lances rompirent en plusieurs tronçons.»

 Le même jour, à Saint-Inghelberth, « le chevalier anglais desheauma Messire Boucicaut. si dur que le sang lui vola hors du nez en desheaumant ».

Au tournois de Vannes, le sire de Vertaing « férit par telle manière le sire de Puisance (Pouzauge) que il transperça les mailles et la poitrine d’acier et tout ce qui était dessous, et trait sang de sa chair, et fut merveille que il ne le navra plus avant ».

 Au même tournois, Jean de Chastel-Morant fut moins heureux : son adversaire le frappa « bas ens ès cuisses et lui perça du glaive les peaux tout outre et les cuisseaulx et lui bouta le fer tout parmi la cuisse, tant que il apparaît outre d'autre part bien une poignée. Jean de Chastel-Morant pour le coup chancela, mais point ne chey ».

 On le ramena en litière au château de Josselin d'où il était parti « et fut de ce coup et de la navrure en grand péril de mort ».

Messire Regnault de Poge, joutant contre un chevalier anglais, « perça la targe au chevalier au senestre lez, et le bras, tout outre, et en passant le glaive rompit et en alla la greigneure (majeure) partie en terre, et le moindre tronçon demeura en la targe et le fer au bras.

L’Anglais fut secouru par ses compagnons « et fut le tronçon atout le fer tiré hors et le bras étanché et lié ».

Après sa joute contre l'Anglais, Regnault de Poge, provoqué par un chevalier allemand, Herre Hans, « le consuivit et férit de telle manière que il le vola tout nettement des arçons et le porta si dur à terre que on cuidait que il fut mort. Here Hans fut relevé deses gens a grand'peine et ramené entre eux ».

Avait-il donc prévu ce qui l'attendait, l'écuyer français Jean Bourcinel, qui se confessa et communia avant de jouter contre l'écuyer anglais Nicolas Cliffort. « Tout du premier coup Nicolas Cliffort consuivit de son glaive Jean Bourcinel en la poitrine d'acier amont. Le fer du glaive coula outre à l'autre lez et ne le prit point à la plate d'acier, mais esclissa (glissa) amont en coulant et passa tout outre le camail qui était de bonnes mailles, et lui entra au col et lui coupa la veine orgonal, et lui passa tout outre à l'autre lez ; et rompit la hanste (bois de lance) de ez le fer ; et demeura le fer et le tronçon ès au hatere le (cou) de l'écuyer qui était de ce coup navré à mort, ce vous pouvez bien croire.

L'écuyer français, qui se sentait féru à mort, s'en alia jusques à sa chaière (chaise) et là s'assit.

Les seigneurs de son côté qui avaient vu le coup et qui lui voyaient le tronçon porter au haterel vinrent celle part : on lui ôta tantôt le bassinet et lui ôta ton le tronçon et le fer; si très tôt comme il l'eut hors du col il tourna d'autre part sans rien dire en chéy là et mourut ; ni oncques l'écuyer anglais qui venait là le cours pour lui aider, car il savoit paroles pour étancher n'y put venir à temps que il ne le trouvât mort. »

Il y a dans cette observation un passage curieux, c'est le diagnostic anatomique de la blessure : la veine orgonale (tronc brachio-céphalique, veineux ou artériel) est ouverte, l'extraction du corps étranger est suivie soit d'une hémorragie foudroyante, soit de l'introduction de l'air dans les veines , et le blessé meurt sur-le-champ.

Ainsi, même dans les tournois, les armures de fer n'empêchaient pas toujours les horions de se transformer en blessures graves et même mortelles.

C'est bien pis, naturellement, à la guerre.

Au combat de Thun-l'Évêque, Guillaume Marchant atteignit Messire Gilles de Mauny si roidement qu'il lui perça la targe de son glaive et toutes ses armures, et lui mit le glaive de lez le cœur, et lui fit passer le glaive de l'autre côté, et l'abattit jus de son cheval navré à mort » ; dans une embuscade en Picardie, Galehaut de Ribeumont reçut de Regnault de Boullant un coup d'épée de guerre en pleine poitrine « par telle manière qu'il lui perça tout outre ses plattes et le fit saigner outre à l'autre lez ».

A la bataille de Vittoria, Guillaume de Felleton « consuit un Castellain de son glaive si roidement qu'il lui perça toutes ses armures et lui passa la lance parmi le corps et l'abattit tout mort entre eux ».

Voici maintenant un coup plus original : dans un engagement entre Français et Anglais au pont de Lussac, « un Breton prit son glaive et vint asséner à un écuyer anglais qui s'appelait Smickins Dodale ; et lui arrêta son glaive en la poitrine et tant le bouta et tira que ledit écuyer il mit jus dessus son cheval à terre ».

Au siège de la Linde, le captal de Buch frappa de son épée Thomas de Felleton « et le bouta si roidement qu'il lui embarra au corps et le fit saillir plus d'un pied à l'autre lez, et l'abattît, en la place tout mort ».

Un matin, près d'Ouchy-lez-Soissons, cent vingts lances françaises vinrent escarmoucher aux avant-postes de l'armée du duc de Lancastre ; un chevalier anglais, qui descendait de garde « et étoit ja désarmé à moitié » saute à cheval vêtu d'une seule cotte de fer sans plattes et, la targe au cou, vient à l'escarmouche, mais un chevalier de France « lui fiert de son glaive si rudement que les armures que il avait, ce n'était mie grandement, ne lui valurent oncques rien ; mais il fit passer son glaive tout outre le corps et l'abatit là à terre navré à mort » .

 Entre Valognes et Cherbourg, un chevalier anglais frappa Lancelot de Lorris qui demandait une joute pour l'amour de sa dame « par telle manière qu'il perça la targe et toutes les armures et lui passa tout oultre le corps et fut navré à mort ».

Pierre de Courtenay, chevalier d'Angleterre, ayant mal parlé des chevaliers de France, le sire de Clary le provoqua. « Le sire de Clary férit et atteignit le chevalier d'Angleterre de plein coup et lui perça tout outre la targe et parmi l'épaule, tant que Je fer passa outre bien une poignée, et l'abattit jus du cheval de ce coup. »

A la bataille d'Otterbourn, en Ecosse, le comte James de Douglas « fut rencontré de trois lances attachées et arrêtées en venant tout d 'un coup sur lui, l'une en l'épaule, l'autre en la poitrine sur le descendant au vide, et l'autre en la cuisse. Oncques il ne se pouvoit détacher ni ôter de ces coups que il ne fut porté à terre, et de toutes les lances navré moult vilainement. Depuis que il fut atterré, point il ne se releva. Un sien chevalier, lequel avait cinq plaies, que de lances, que d'autres armures gisoit de lez le comte ».

Dans le combat à pied, les blessures de la moitié inférieure du corps paraissent aussi nombreuses que celles de la moitié supérieure.

Nous avons vu qu'au tournois de Vannes Jean de Chastel-Morant reçut un coup d'épée à la cuisse; c'était là, il est vrai, « un coup de meschief ».

A la bataille de Poitiers, le sire de Bercler, ayant laissé tomber son épée, sauta à terre pour la ramasser, mais son adversaire « jeta, par avis, si roidement son épée au dit chevalier qui étoit à terre, et l'atteignit dedans les cuissiens si durement que l'épée qui étoit roide et bien acérée et envoyée de fort bras et de grand volonté, entra ès cuissiens et s'encousit tout parmi les cuisses jusques aux hanches. De ce coup chéy le chevalier qui fut durement navré et qui aider ne se pouvait).

De jour ou fut blessé d'un coup de lance Simekins Dodale, écuyer de Jean Chandos, ce dernier qui combattait à pied, fut atteint de plaie pénétrante du crâne, mais, par le fait de circonstances particulières qu'il est bon de rappeler ici : «Messire Jean Chandos était vêtu dessus ses armures d'un grand vêtement qui lui battait jusque à terre. Or faisait à ce matin un petit reslet; si étoit la voie mouillée; si que, en passant, il s'entortilla en son parement qui étoit sur le plus long, tant que un petit il trébucha. Et veci un coup qui vint sur lui; et fut le coup d'un glaive qui le prit en chair et s'arrêta dessous l'œil, entre le nez et le front; et ne vit point Messire Jean Chandos le coup venir sur lui de ce lez-la, car il avoit l'œil éteint ; et avoit bien cinq ans qu'il l'avoit perdu ès landes de Bordeaux en chassant un cerf. Avec tout ce meschef, Messire Jean Chandos ne porte oncques point de visière. Si que en trébuchant, il s'appuya sur le coup qui était lancé de bras roide; si lui entra le fer là-dedans qui s'encousit, s'enfonça jusques au cervel ; et puis retira cil' son glaive. Messire Jean Chandos, pour la douleur qu'il sentit, ne se put tenir en estant; mais chéy à terre et tourna deux tours moult douloureusement, ainsi que cil qui étoit féru à mort; car oncques depuis le coup ne parla »

Quelques instants après, l'écuyer françois, Jacques de Saint Martin qui l'avait blessé, reçut un coup d'épée qui « le traperça tout outre parmi les deux cuisses. Pour ce, ne laissa mie encore cil Jacques de Saint-Martin de combattre »

Au combat de Nogent-sur-Seine, Brokars de Fenestrange « prit son glaive entre ses deux poings et le lança par dessus les têtes de tous les autres qui étaient entre lui et Messire Eustache, et l'avisa si bien en lançant que le glaive vint cheoir droitement en la visière du bassinet du dit Messire Eustache, et si roidement y descendit que le fer qui étoit dur et trempé et acéré rompit trois dents en la bouche du dit chevalier »; dans un engagement contre les Anglais, non loin de Saint-Omer, le sire de Beaujeu franchissait è pied un fossé, mais le pied lui glissa « tant que il s'abusca petit et qu'il se découvrit par dessous : là fut un homme d'armes anglois appareillé (prêt) qui lui jeta son glaive en lançant, et le consuivit dessous et lui embarra (enfonça) là dedans. Si lui donna le coup de la mort. Le sire de Beaujeu, de la grande angoisse qu'il eut, se tourna deux tours et puis s'arrêta sur son côté ». Au même combat Baudoin de Cuvilliers perdit un œil. Bernard Courant ayant blessé dangereusement à l'épaule le sire de Langurant, lui arracha son casque et lui perça le crâne d'un coup de dague.

Les coups de taille n'étaient pas moins redoutables que les coups de pointe.

A Rosebecque « entendoient gens d'armes à abattre Flamands à pouvoir ; et avoient les aucuns haches bien acérées dont ils rompoient bassinets et décerveloient têtes ».

A Auray, Olivier de Clisson « du coup d'une hache fut féru en travers, qui lui abattit la visière de son bassinet, et lui entra la pointe de la hache en l'œil, et l'eut depuis crevé : mais pour ce ne demeura mie qu'il ne fut encore très bon chevalier ».

 Un chevalier anglois avait parié de venir heurter de sa lance aux barrières de Paris ; il y vint, mais « à son retour cil chevalier eut un dur encontre (rencontre) car il trouva un boucher sur le pavement, un fort loudier (paysan) qui bien l'avait vu passer, qui tenait une hache tranchante à longue poignée et pesant durement. Ainsi que le chevalier s'en ralloit tout le pas, et que de ce ne se donnait de garde, cil vaillant lourd ier lui vient sur le côté et lui desclique (décharge) un coup entre le col et les épaules si très durement qu'il le renverse tout en deux sur le col de son cheval ; et puis recueuvre (renouvelle ses forces) et le fiert au chef fort et lui embat sa hache tout là dedans ».

Une commotion cérébrale pouvait résulter d'un coup de l'épée à deux tranchants déchargé sur le casque.

A la bataille de Poitiers, Oudart de Renty « ne faillit pas à asséner le chevalier anglois. mais le férit tellement de son épée en passant sur son bassinet, qu'il l'étonna tout et l'abattit jus à terre de son cheval, et se tint là tout coy un espace sans relever. »

Les épées de Bordeaux étaient renommées pour leur trempe et pour leur tranchant.

Au siège de Bergerac « fut Eliot de Calay, consuivid'un coup de glaive au haterel d'un large fer de Bordeaux aussi tranchant et affilé que nul rasoir pourrait être. Cil fer lui trancha le haterel et lui passa outre et lui coupa toutes les veines : duquel coup il fut porté à terre, et là tantôt il mourut ».

Pendant l'insurrection de Watt Pyler, Robert Salles, pour se faire jour au milieu des vilains « trait une longue et belle épée de Bordeaux. Aucuns l'approchoient, mais de chacun coup qu'il jetait sur eux il coupoit ou pied, ou tête, ou bras, ou jambe ».

A la bataille de Comines « vécy Piètre du Bois tout devant et ces Flamands venir, qui furent recueillis (accueillis) de ces longs glaives aux fers tranchants affilés de Bordeaux, dont ils se véoient empalés, que les mailles de leurs cottes ne leur duraient néant plus que toile doublée en trois doubles ; mais les passaient tout outre et les enfiloient parmi ventres, parmi poitrines et parmi têtes. Et quand les Flamands sentirent ces fers de Bordeaux dont ils se veoient empalés, ils reculoient. Là fut Piètre du Bois oncques des premiers navré et empalé d'un fer de glaive tout outre, l'épaule et blessé au chef ».

A Rosebecque « gens d'armes commencèrent à pousser les Flamands de leurs roides lances à longs fers et durs de Bordaux qui leur passaient ès cottes de maille tout outre et les prenaient en chair ». Les armes contondantes ne firent pas moins belle besogne « et avoient les uns plombées dont ils donnaient si grands horions qu'ils les abattaient à terre. Là étoit le cliquetis sur ces bassinets si grand et si haut d'épées, de haches, de plombées et de maillets de fer que l'on y oyoit goutte pour la noise (bruit). Et ouïs dire que si hauliniers de Paris et de Bruxelles fussent eusemble, leur métier faisant, ils n'eussent pas mené ni fait greigneure noise comme les combattants et férans sur ces bassinets- faisaient. ».

 Au combat de Ribeumont « le sire de Chin tenait une plombée dont il effondroit durement les bassinets qu'il atteignait ; mais il fut tellement féru sur son bassinet qu'il chancela ; et fût chu s'il n'eût été soutenu par un écuyer lequel étonnement le gréva puis grandement tant qu'il vesquit. »

Le rôle des projectiles, armes plébéiennes, était pour le moins aussi important que celui de la lance et de l'épée, attribut exclusif de la chevalerie ; Froissart en parle à chaque instant.

Les armures de fer n'étaient pas à l'épreuve des traits que lançaient les archers et les machines.

Au siège de St-Valéry, le sire de Baucion s'étant trop approché des murailles « fut trait d'aventure d'un quarrel despringalle qui lui passa parmi le corps ; et fut là mort. »

A l'attaque de Pontevrède « le baillif de la ville fut féru d'une sagette qui lui perça le bassinet et la tête aussi. »

A l'assaut de Ribedave « fut Thierry de Sommain, à la barrière, trait d'un vireton tout parmi le bras.

Sous les murs de la Rochelle,« Messire Pierre Taillepié fut féru d'un glaive tout outre la cuisse, et d'une flèche parmi le bassinet, jusque dans la tête ».

Au passage de la Lys, à Menin Jean de Jumont « fut navré du trait moult durement au chef et au corps ; dont il fut plus de six semaines qu'il ne se put armer ».

Décidément il n'y a rien de nouveau sous le soleil : au moment où les forces combinées des Hainnuyers, Hollandais et Zélandais opéraient leur débarquement sur le littoral de la Frise, une femme, sortie des rangs des Frisons, montra à l'armée ennemie ce qu'une des héroïnes de M. Zola montre à une troupe d'infanterie française rangée en bataille. « Tantôt celle femme là venue, elle se tourna et leva ses draps, c'est à savoir sa robe et sa chemise, et montra son derrière aux Hainnuyers, Hollandais et Zélandais et à toute la compagnie qui voir le voulut, en criant : . « Prenez là votre bien venue. » Tantôt que ceux des nefs et des vaisseaux perçurent la mauvaiseté de celle femme, ils tirèrent après flèches et viretons. Si fut tout prestement en ferrie par les fesses et par les jambes, et se mirent à course après celle malheureuse femme, les épées toutes nues en leurs mains ; si fut tantôt prise et atteinte èt finalement toute dépécée en cent mille pièces et plus ». La Mouquette de Germinal s'en était tirée à meilleur compte.

En rasé campagne, mais principalement dans les sièges, on se servait encore de projectiles très meurtriers, pierres jetées à la main ou lancées par les machines de guerre.

Elles étaient d'un usage courant au XIVe siècle avec « le feu ardent » et Froissart parle souvent du mal qu'elles faisaient.

A l'assaut d'Aubenton « fut atteint du jet d'une grosse pierre et vilaine un bon écuyer de Hainault qui se tenoit tout devant pour son corps avancer, Beaudoin de Beaufort, et reçut un si dur horion sur sa targe, que on lui écartela et fendit en deux moitiés, et eut le bras rompu dont il la portoit ».

 Le comte de Hainaut et le sir de Beaumont, à l'assaut de Saint-Amand « furent tous deux si dur rencontrés de deux pierres jetées d'amont qu'ils en eurent leurs bassinets effondrés et les têtes toutes étonnées ».

Le sir de Mussidan s'étant trop approché des remparts à l'assaut de Cernay en Dormois « fut atteint du jet d'une pierre sur son bassinet par lequel coup le dit bassinet fut effondré et la tête effondrée et là fut abattu le dit chevalier et mis à grand meschef, car il mourut entre ses gens, sans porter plus avant ».

A la bataille de Navarette, les Espagnols avaient frondes dont ils jetaient pierres et effondraient heaumes et bassinets; de quoi ils méshaignèrent maint homme ».

 A Rosebecque, l'ordonnance des Flamands en masses compactes fut cause d'un étrange accident. « Ils étaient si fort entrelacés ensemble que on les pouvoit ouvrir ni dérompre. Là les mirent ces gens d'armes en tel détroit qu'ils ne pouvoient aider ni ravoir leurs bras ni leurs plançons (épieux) pour férir, nieux défendre. Là perdoient plusieurs force et haleine, etchéoient l'un surl'autre, et éteignoient et mouroient sans coup férir. Et de si grand'bataille et de si grand'foison de gens morts comme il y ot là, on ne vit oncques si peu de sang issir qu'il en issit ; et c'étoit au moyen de ce qu'ils étaient beaucoup d'éteints et étouffés dans le presse car iceux ne jetoient point de sang ».

 

 

==> Cy commence li livre nommé l'Ordre de chevalerie

==> Unique en France depuis des Siècles : Tournois de joutes à lances réelles au Château du Plessis Bourré

==> Château du Plessis Bourré, campement du Tournoi de l'Ordre Saint Michel (Visite Virtuelle)

==> Casques divers avant l’apparition du heaume.

==> La lance, arme d'hast des cavaliers (chevalier-lancier)

==>Le musée des Armes du château de Pierrefonds, la collection d'armures de Napoléon III par Eugène-Emmanuel Viollet le Duc.

==> 1187 Le Chastelain de Coucy et Le tournoi de La Fère- Joutes de Geoffroy de Lusignan et le sire de Chauvigny

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