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PHystorique- Les Portes du Temps
11 janvier 2023

1187 Le Chastelain de Coucy et Le tournoi de La Fère- Joutes de Geoffroy de Lusignan et le sire de Chauvigny

1187 Le Chastelain de Coucy et Le tournoi de La Fère- Joutes de Geoffroy de Lusignan et le sire de Chauvigny

Les annales du comté de Flandre, de l'Artois et des pays de Picardie ont consacré le souvenir d'un grand nombre de tournois. Celui qui eut lieu à Anchin est célèbre ;  il remonte à 1096, date de la première croisade,  et les historiens rapportent qu'après le tournoi, les chevaliers réunis à Anchin firent serment d'aller dans la Terre - Sainte, pour arracher le Saint - Sépulcre aux profanations des Infidèles (1).

Vers l'année 1187, on vit de nombreux hérauts d'armes parcourir le Vermandois, le Hainaut, la Flandre et le Cambrésis pour annoncer qu'un grand tournoi aurait lieu entre La Fère et Vendeuil, gros bourgs de la Tiérache.

Le blason fascé de vair et de gueules qui s'étalait sur la cotte d'armes des hérauts indiquait que Raoul 1er, sire de Coucy, ferait les honneurs du tournoi.

Ses envoyés visitèrent les manoirs les plus reculés ; à leur approche tous les ponts-levis s'abaissaient ; chacun les accueillait avec joie ; et chevaliers, damoiselles, pages ou écuyers se promirent de ne point manquer à la fête.

Au jour venu, on vit arriver le comte Baudouin de Flandre, le duc de Limbourg, les comtes de Soissons et de Namur, les sires d'Oudenarde, de Gavre, de Braîne, de Ghistelles, et un grand nombre de barons et de chevaliers.

Des écuyers, des pages, des hommes d'armes les suivaient ; les uns conduisant les chevaux, d'autres formant l'escorte des dames qui cheminaient sur leurs haquenées ; beaucoup d'entre elles tenaient au poing un faucon ou un épervier, dressé par les valets de vénerie et que retenait une petite chaîne d'or ou d'argent. Car la chasse souvent précédait le tournoi, et le cornet d'ivoire résonnait avant que la trompette des hérauts n'appelât les chevaliers dans la lice.

Un repas donné par le comte de Namur accueillit à Vendeuil toute cette noble compagnie. Les châtelaines, parées de leurs plus beaux atours, s'assirent auprès des chevaliers ; l'une d'elles se fesait remarquer par ses grâces et sa beauté ; c'était Gabrielle de Levergies plus connue dans l'histoire sous le nom de dame de Fayel.

 Le soir, il y eut des danses et des jeux ; et l'une des châtelaines chanta ce naïf refrain : 

Toute vostre gent

Sont li plus joli du tournoiement ;

S'aime loïaument

Toule vostre gent;

Et pour cele di qu'il ont maintien gen

Toute vostre gent. (2)

Lorsque le jour parut, les hérauts d'armes annoncèrent qu'on allait se rendre à l'église ; la messe dite, les dames prirent place sur les gradins, et le tournoi commença.

Le comte de Limbourg et Gauthier de Sorel, chevalier du Santerre, ouvrirent les joutes. Chacun admirait l'armure étincelante du comte et le riche harnachement de son cheval ; Gauthier se faisait remarquer par sa bonne mine et par sa dextérité ; ses armes étaient de gueules à deux léopards d'argent. Les champions rompirent plusieurs lances aux applaudissements de toute l'assemblée.

Lorsqu'ils eurent quitté la lice, on entendit les hérauts crier : ce Saint Georges ! voici le bon Enguerrand de Coucy dont le bras est si redoutable ! » Père du châtelain de Coucy qu'aimait la dame de Fayel et renommé au loin par sa vaillance, Enguerrand avait voulu se mesurer avec l'impétueux comte de Namur.

A peine entrés en lice, leurs lances volèrent en éclats. Il fallut leur fournir de nouvelles armes et ils ne cessèrent de combattre qu'après avoir été tous deux désarçonnés. On remarqua dans les joutes qui suivirent Jean de Nesle-Falvy, frère de Raoul de Soissons ; Lambert de Longueval ayant l'écu bandé de vair et de gueules ; le châtelain Renaud de Coucy ; Jean de Hangest, chevalier du Santerre, portant l'écu d'argent, à la croix de gueules, chargée de cinq coquilles d'or.

La nuit mit fin aux joutes et l'on régla qu'elles recommenceraient le lendemain.

 Chevaliers, dames et damoiselles, écuyers, pages et varlets se dispersèrent aussitôt ; les uns se rendirent dans les manoirs voisins ; d'autres allèrent prendre gîte à Vendeuil ou bien à La Fère.

Le lendemain, après la messe, on fit de nouvelles joutes.

 Dès le matin les hérauts d'armes avaient parcouru les environs en criant: «  Or sus! chevaliers, il fait jour! »

 Les dames qui garnissaient les gradins de la lice portaient des habits de drap de soie et de satin ; leur beauté, leurs grâces et leurs riches ajustements avaient un tel charme qu'on croyait être dans un vrai paradis (3).

Le sire de Rumigny en Tiérache ouvrit la joute avec Geoffroy I de Lusignan, seigneur de Vouvant ; le comte de Soissons eut pour adversaire le célèbre Simon de Montfort dont l'écu de guerre était de gueules, au lion d'argent, la queue nouée, fourchée et passée en sautoir.

Gaulard de Moy et le sire de Fayel, tous deux du Vermandois, le châtelain de Coucy et le sire de Chauvigny, neveu du comte de Flandre se signalèrent dans cette journée.

Le soir, dames et chevaliers prirent place aux tables dressées sous de riches tentes par les soins du sire de Coucy.

 

Les manuscrits de la Bibliothèque Royale donnent de curieux détails sur ce repas.

 Les tentes étaient placées dans une prairie émaillée de fleurs entre Vendeuil et La Fère. Les Vermandoisiens parurent vêtus de samis vert, sorte d'étoffe précieuse brochée de fils d'or ; ce samis était semé d'aigles dorés.

Les Flamands et Brabançons portaient des habits d'or semés de lionceaux noirs ; les chevaliers venus du Berry choisirent le samis rouge parsemé de léopards d'or. Beaucoup d'entre eux arrivèrent deux par deux, répétant de charmants refrains au son de la citole ou d'autres instruments.

Le repas fut splendide. On y pouvait remarquer le potage à la hure de sanglier, les oiseaux rôtis à l'eau de rose, les gauffres,  les avelines, l'anis, le gingembre confit et la bergerasse, sorte de liqueur composée d'hydromel et d'essences aromatiques. On faisait alors de grands pâtés remplis de petits oiseaux en vie, et lorsqu'on les ouvrait les captifs prenaient bien vite leur essor ; mais les dames se plaisant à lâcher aussitôt leurs faucons ou leurs éperviers, l'esclavage recommençait pour les pauvres oiseaux :

Pastés de vifs oiselès;

Et quand il ces pastés brisoient

Li oiselès partout voloient;

Adonc veissiez-vous faucons

Et austoirs (4) et esmerillons

El moult grand planté de mouskès (5)

Voler après les oiselès (6).

Après le repas, les hérauts d'armes annoncèrent que les prix du tournoi allaient être adjugés.

Le sire de Chauvigny fut proclamé le meilleur jouteur, et le châtelain de Coucy eut le prix des chevaliers du Vermandois.

 Le prix du sire de Chauvigny était un faucon bien dressé, et comme ce chevalier, gravement blessé dans les joutes, n'avait pu assister au repas, on régla que la comtesse de Soissons et les dames qui voudraient se joindre à elle iraient trouver le vainqueur du tournoi.

La comtesse, remarquable par sa rare beauté et par ses nobles manières, se fit conduire à l'hôtel du chevalier ; beaucoup de dames l'accompagnèrent ; hérauts d'armes, trompettes, écuyers, pages, trouvères, pèlerins et joueurs d'instruments escortaient cette charmante compagnie.

Les amis du sire de Chauvigny avaient précédé les dames; ils aidèrent le chevalier à s'habiller et le placèrent sur son lit. Puis arriva la comtesse et sa suite ; leur marche était éclairée par un grand nombre de cierges et par des torches en bois résineux. Comment dépeindre la joie extrême et le trouble du chevalier lorsqu'il vit la belle comtesse de Soissons s'agenouiller près de son lit et lui présenter le faucon, accompagnant cette offrande des plus gracieuses paroles.

Le sire de Chauvigny remercia la comtesse avec beaucoup d'émotion ; puis les pages et les varlets distribuèrent du vin et des dragées aux dames et à tous ceux qui se trouvèrent présents.

 

LES AVENTURES ROMANESQUES D'ANDRE Ier DE CHAUVIGNY AUX CROISADES (1191-1192)  REPRÉSENTÉES PAR UNE TAPISSERIE DU XVe SIÈCLE Par G. VALLOIS

Il était une fois un vaillant paladin, dont les vieilles chroniques du Berry ont idéalisé la mémoire. Ses hauts faits furent si bien exaltés par la renommée, qu'on en pourrait faire un conte; quelques épisodes de sa vie aventureuse suffiront d'ailleurs pour mettre en relief son caractère chevaleresque.

André de Chauvigny était originaire du Poitou. Le château de sa famille s'élevait sur les bords de la Vienne (7) et montre encore aujourd'hui des ruines imposantes, au milieu desquelles se dresse un gros donjon carré, flanqué de tourelles.

Les Chauvigny, malgré leur naturalisation en Berry, ont conservé de génération en génération un droit féodal sur la terre et seigneurie de ce nom, tenue depuis le XIe siècle par l'Évêque de Poitiers, ce qui ne laisse aucun doute sur la situation primitive du berceau de cette famille (8).

André, l'un des plus fidèles chevaliers de Richard Cœur-de-Lion, devint seigneur de Châteauroux, en 1189, par son mariage avec Denise de Déols.

Déjà renommé pour sa valeur, il fut par la suite l'un de ces preux légendaires qui servirent de type aux héros de romans. Comme Roland ou Lancelot du lac, il tranchait une montagne d'un coup d'épée, ou mettait à lui seul en déroute une armée d'ennemis.

II aurait eu même l'insigne honneur, dans un tournoi tenu à Cambrai, de faire mordre la poussière au fameux sultan Saladin, si Hue de Tabarie, zélé serviteur du sarrasin, n'était venu au secours de son maître en blessant Chauvigny au talon (9).

Au milieu de la noblesse qui se pressait à cette assemblée, on distinguait particulièrement Baudoin, comte de Flandre; Hue de Florine; Gaucher de Châtillon et le comte de Montfort.

 Le vaillant sire de Chauvigny justifia son surnom de preux des preux, en pardonnant généreusement à Hue de Tabarie son malencontreux coup d'épée, bien qu'il dut se ressentir toute la vie de cette blessure, qui lui valut plus tard d'être appelé : le clop de Chauvigny.

Les chroniques du Berry renferment des erreurs si manifestes au sujet de ce tournoi, qu'il est impossible d'ajouter foi à leurs récits en pleine assurance. N'est-ce pas, en effet, par un pur caprice d'imagination qu'on prête au sultan Saladin la fantaisie de venir jouter en Flandre contre les plus fameux chevaliers de la chrétienté ? Comment admettre l'intervention déloyale de Hue de Tabarie, au mépris des règles les plus élémentaires de la chevalerie ?

 Et cependant, ce prétendu combat, s'il n'a pas eu lieu à Cambrai, n'est peut-être pas tout à fait imaginaire, car les chansons du moyen-âge se sont singulièrement travesties en passant de bouche en bouche, à travers les siècles.

Les fables dont elles se sont fait l'écho ne sont sans doute que le récit exagéré de faits primitivement vrais, mais accommodés au goût de la curiosité publique, qui se passionnait pour les extravagances.

Les anachronismes, les erreurs, la confusion de personnages les uns avec les autres sont des incidents qui fourmillent dans l'œuvre des trouvères, et peut-être expliquerait-on de la façon la plus simple la rencontre qui valut une cruelle blessure à André de Chauvigny, en se reportant au récit du tournoi donné par Raoul Ier sire de Coucy, à la fin du XIIe siècle (10)

Le champ clos fut établi entre la Fère et Vendeuil, distants l'un et l'autre d'environ quatre lieues du château de Coucy, et au nombre des assistants, on vit figurer, comme au prétendu tournoi de Cambrai, Baudoin, comte de Flandre; Huon de Florines, sire de Rumigny Gaultier de Châtillon et Simon de Montfort.

Ce pas d'armes dura deux jours. Renaud, châtelain de Coucy, se couvrit de gloire pendant la première journée, en luttant successivement avec le comte de Blois et Gaultier de Châtillon.

Le lendemain, il jouta avec Drius de Chauvigny, qui portait noblement un écu d'argent, à une fasce fuselée de gueules, brisé d'un lambel d'azur.

Drius n'est que l'équivalent d'André, et dans ce personnage on ne peut reconnaître qu'André Ier de Chauvigny, dont les armoiries, quelques peu dénaturées par la ballade, étaient d'argent, à cinq fusées et deux demies de gueules, au lambel de sable à six pendants (11).

Les deux champions s'avancèrent fièrement l'un contre l'autre, et dès le premier choc, Coucy reçut un coup terrible qui souleva l'enthousiasme de l'assemblée. A la reprise, Renaud faillit être désarçonné et ses armes brisées roulèrent à terre; mais il combattait sous les yeux de la dame de ses pensées, et bien loin d'accepter l'humiliation d'une défaite, il s'apprêta à continuer la lutte, au grand étonnement des spectateurs.

 Le brave seigneur de Chauvigny s'élança de nouveau contre son adversaire; tous deux, avec la rapidité de l'oiseau qui fond sur sa proie, s'entrechoquèrent si rudement que leurs chevaux furent forcés de reculer.

 Les champions tomberont étourdis l'un près de l'autre, en perdant connaissance.

A l'envi on s'empressa autour d'eux, et ce ne fût aussitôt qu'un concert général de lamentations. La plupart des dames pleurèrent, dit la légende, et l'on peut facilement le penser, si l'on se souvient que la chevalerie se distinguait par un extrême vernis de politesse et le raffinement de la galanterie.

Cependant les deux combattants revinrent à la vie, et le châtelain de Coucy put même prendre part au festin dès le soir même, en portant son bras en écharpe.

Quant à Chauvigny, fortement blessé à la jambe, il fut contraint de garder son lit de douleur, près duquel la comtesse de Soissons, suivie de toutes les dames et damoiselles, vint lui apporter, en grand étalage, un faucon d'honneur.

Le prix des chevaliers étrangers lui fut remis au milieu des propos les plus flatteurs, et l'une des assistantes, n'hésita pas à lui faire entendre que sa haute réputation, confirmée par sa vaillance, lui avaient conquis tous les coeurs.

Chauvigny, toujours preux et courtois, montra particulièrement sa grandeur d'âme envers son adversaire, en offrant un excellent destrier au châtelain de Coucy, dont le cheval n'avait pu résister aux rudes épreuves de la joute.

Bientôt même on prit rendez-vous pour un prochain tournoi, que l'on fixa à la quinzaine suivante, afin de donner le temps aux blessés de se rétablir mais Chauvigny sans doute ne se trouva pas si promptement remis de sa blessure, car il ne parut point à cette nouvelle fête.

Sur ces entrefaites, la chrétienté se préparait à la troisième croisade.

André de Chauvigny, à la suite de son suzerain Richard Cœur-de-Lion, prit part à cette expédition, au cours de laquelle d'ailleurs il a dû rencontrer plus d'une fois le châtelain de Coucy.

L'un et l'autre, au dire des chansons du moyen-âge, eurent maintes fois l'occasion de montrer aux infidèles la vigueur de leurs bras; Coucy se distingua particulièrement à la bataille d'Assur ; Chauvigny, dans une autre circonstance, escalada le sommet d'une montagne envahie par les soldats de Saladin, et, après s'être recommandé à la sainte Trinité, et à la glorieuse Vierge Marie, il commença à descendre en frappant de tous côtés d'estoc et de taille avec tant de vigueur et d'à-propos, qu'il mit en déroute l'armée des Sarrasins. « Chevaliers pleuvent » s'écriaient les fuyards et c'est de là que Chauvigny aurait adopté cette exclamation comme cri de guerre.

Une autre fois, luttant en combat particulier avec Bruyant, roi grec, Chauvigny infligea au mécréant un tel coup d'épée qu'il le trancha du haut en bas par le milieu du corps plus tard, joutant avec Saladin en personne, il enleva le sultan au bout de sa lance, à huit pieds dans les airs, et le jeta par terre.

Le terrible chevalier, doué d'autant de bon sens que de courage, aurait encore eu la bonne fortune, dit la chronique de Déols, de sortir le roi de France du plus mauvais pas. Saladin, feignant de vouloir se convertir à la foi chrétienne, aurait invité Philippe-Auguste à le venir voir en frère et sans armes. Ce fût à qui, des seigneurs francs, pourrait être témoin d'un spectacle aussi rare. Chauvigny seul, flairant un piège, refusa de participer à cette pieuse entreprise au contraire il eut la précaution de se mettre à la tête de quinze mille hommes, à l'aide desquels il ramena sains et saufs tous les chevaliers de la chrétienté, que les Sarrasins avaient résolu d'enlever.

Le châtelain de Coucy rendit un service analogue à Richard Cœur-de-Lion, en mettant en fuite les infidèles qui cernaient la résidence royale. Malheureusement il fut frappé, dans la mêlée, par une flèche empoisonnée (12) et il mourut des suites de cette blessure.

On connaît le roman de cet infortuné : un écuyer dévoué rapporta en Picardie son cœur que le sire de Fayel servit à manger à son infidèle épouse. Celle-ci, épouvantée de ce funèbre repas, fit le serment

D'autre morcel ne metre

De seure si gentil viande

et se laissa mourir de faim.

Dans une nouvelle bataille, Chauvigny faisait si grand carnage autour de lui, qu'à sa valeur Saladin le reconnut quatre mille hommes furent aussitôt commandés pour l'écraser au fond d'une vallée. Il succomba sous le nombre, mais plus heureux que le châtelain de Coucy, il fut seulement fait prisonnier.

La chrétienté perdait ainsi le plus terrible de ses défenseurs, et en attendant qu'il fut statué sur son sort, on le conduisit dans l'imprenable ville de Damas, pour être plongé dans une sombre prison remplie de serpents.

Gloriande, reine de Damas et nièce de Saladin, n'entendit pas sans émotion vanter les prouesses d'un prisonnier de si haute importance, et ce qu'elle en apprit lui donna le désir de connaître l'auteur d'exploits aussi extraordinaires. Une femme jeune et belle vient toujours à bout de ses desseins, surtout quand elle est reine, et bientôt un geôlier, acheté à prix d'or, consentit à ne pas voir Gloriande se glisser dans l'ombre de la prison serpentine, où elle put tout à loisir satisfaire sa curiosité. Chauvigny, de son côté, sut montrer à cette visiteuse inattendue, qu'en toutes circonstances, un vrai chevalier

Est moult courtois et preux.

Gais et jolis et amoureux.

Tiré des profondeurs de son cachot, il fut secrètement installé dans l'appartement privé de ta reine, où, n'oubliant pas qu'il s'était croisé pour hâter la conversion des infidèles, il ne manqua pas d'obtenir de Gloriande la promesse de se faire chrétienne pour l'amour de lui.

Cependant Philippe-Auguste, ne pouvant se consoler de la perte du sire de Chauvigny, vint avec toute son armée mettre le siège devant Damas.

 C'est la légende qui le raconte, du moins, an risque de faire mentir l'histoire, et il faut bien se garder de le contredire, sous peine de faire évanouir cette étonnante aventure. Le roi fit connaître à Saladin qu'il eut à lui renvoyer Chauvigny. « Mais il est mort au fond de la prison serpentine, » répondit le sultan.

« Alors, répliqua Philippe-Auguste, nous prendrons Damas pour venger le meurtre de ce preux chevalier. »

La ville était une place extrêmement forte, et aucun assaut ne put réussir à l'entamer. Saladin, lassé d'attaques qui menaçaient de se prolonger, commanda une sortie de quarante mille hommes, pour déloger les chrétiens de leurs positions.

«  Certes, dit alors Chauvigny, la bataille sera belle, et méritera d'être vue.» Il sollicita si bien la reine, pour obtenir un déguisement, qu'on l'habilla en femme, et, désormais, sans crainte d'être reconnu, il alla se poster sur les créneaux. Du haut de son observatoire, il eut la douleur de voir plier les chrétiens sous le choc des infidèles.

« Quoi, s'écria-t-il, puis-je rester indifférent à ce spectacle et abandonner mon roi dans une telle extrémité.» Et suppliant de nouveau Gloriande, qui ne savait rien lui refuser, on lui donna des armes, et à la faveur d'une porte dérobée, il fut bientôt rendu au plus fort de la mêlée.

A l'arrivée du héros, tout change de face; les Sarrasins sont fauchés par son bras terrible, et malgré les efforts de Barbeladas, de Corsable et de plusieurs fameux capitaines, les autres prennent la fuite et gagnent la porte de Damas qui se trouve trop étroite pour les laisser passer tous à la fois. Dans cette tumultueuse retraite, il n'est pas jusques à Saladin lui-même qui ne fut renversé par ce bouillant chevalier, revêtu d'une armure inconnue. « C'est Chauvigny, s'écrie le sultan, lui seul est capable de cette irrésistible vigueur. » Et soupçonnant qu'on l'avait trompé sur le sort de son prisonnier, il dépêcha un de ses espions dans le camp français, pour apprendre ce qui avait pu se passer.

Le Sarrasin réussit à pénétrer mystérieusement jusqu'à la tente de Philippe-Auguste, pendant qu'André de Chauvigny racontait à ses compagnons d'armes que les prévenances d'une aimable reine lui avaient valu la plus douce des prisons. Saladin, à cette nouvelle, ne sut pas contenir sa colère, et jura que sa nièce serait brûlée vive; mais Barbeladas, frère de Gloriande, se hâta d'aller prévenir celle-ci, tout en la blâmant d'avoir rendu la liberté à Chauvigny, dont l'intervention dans la bataille avait été fatale aux fils de Mahomet.

La reine confessa, au milieu des larmes, l'amour qu'avait su lui inspirer le preux chevalier, «  Hélas ajouta-t-elle, je suis perdue si vous ne venez à mon secours; mais je compte sur vous, mon frère, car il n'est point d'amy qui manque au besoin. J'espère donc que vous tiendrez tête à mes accusateurs, en les mettant au défi de soutenir si je suis coupable. Quant aux suites de cette aventure, fiez-vous à moi; Chauvigny, pour lequel je me suis mine dans ce mauvais pas, saura bien nous tirer d'un pareil embarras. »

Barheladas se montra bon frère il promit tout ce qu'on lui demandait, au moment où Saladin faisait enjoindre à sa nièce de comparaître devant lui. « Gloriande, dit le sultan, tu t'es mal gouvernée. Je t'avais donné pour époux le plus noble de mes sujets, et tu as trahi ta foi au profit d'un chien de chrétien, sans le secours duquel c'en était fait de toute la chevalerie. »

 « Quoi, répondit la reine, est-ce à moi qu'on adresse de semblables reproches? »

Aussitôt Barbeladas prit la parole à son tour. «  Sire, dit-il, l'ardeur avec laquelle j'ai embrassé et soutenu votre cause me donne bien le droit de prendre devant vous la défense de ma sœur. Or, voici mon gage; s'il se trouve ici quelqu'un qui veuille relever le gant que je jette au milieu de l'assemblée, qu'il l'ose, et je le combattrai corps à corps. »

Le roi des Mauriens releva fièrement le gage, en mettant le sien à la place, et renouvela publiquement contre Gloriande une accusation dont le prieur du couvent de Saint-Gildas, narrateur de cette histoire, n'a pas déguisé la crudité. Saladin, surpris de la tournure inattendue qu'avait prise cet incident, blâma son neveu de son imprudente vivacité; mais il ne put faire autrement que de laisser le litige au jugement des armes, tout en annonçant sa résolution de vouer la coupable aux flammes, si le combat était fatal à Barbeladas.

A peine rentrée dans ses appartements, Gloriande chargea un espion de porter à Chauvigny une lettre dans laquelle elle suppliait celui-ci, en présence du danger qui la menaçait, de profiter des ténèbres de la nuit pour venir à Damas et entrer en lice à la place de son frère.

Jamais on ne vit brave chevalier rester sourd à un appel semblable, et Chauvigny, après avoir chargé ses gens d'aviser le roi de son absence, suivit l'émissaire de la sultane, et entra dans la ville par une fausse porte.

Dès le lendemain matin, prenant les armes de Barbeladas, qui eut la précaution d'aller se musser en ung cellier, il se présenta à l'entrée du champ clos, où Gloriande se trouvait déjà, près du bûcher dans lequel on devait la précipiter, s'il arrivait mal à son champion.

 Quinze mille curieux, et Saladin lui-même, entouré de sa cour, étaient venus jouir de ce spectacle. Le faux Barbeladas arriva le premier, et, bientôt après lui, le roi des Mauriens; aussitôt tous deux se prirent rudement à batailler. Le combat fut long, et malgré quelques désavantages pour le Sarrasin, l'issue en resta jusqu'à la fin incertaine.

 Quand Chauvigny, sur le déclin du jour, vit que la lutte menaçait de s'éterniser, il frappa le payen du côté droit, en lui tranchant le bras, et d'un second coup, il lui fendit la tête jusqu'aux oreilles.

La bataille était finie, à la plus grande gloire de Gloriande, que le vainqueur reconduisit galamment par la main mais là n'était pas terminée la comédie. Barbeladas sortit de sa cave, en cédant la place à Chauvigny, qui se cacha à son tour; puis feignant d'être fatigué des suites de ce long combat, le musulman se mit au lit, où il reçut le plus gravement du monde Saladin et le sultan de Damas lui-même, qui vinrent le féliciter d'avoir si heureusement pris la défense de l'innocence.

Gloriande profita des ténèbres de la nuit pour faire sortir Chauvigny par la fausse porte de la ville. C'est ainsi que se dénoua cette singulière aventure, qui, mieux que toute autre, consolida la réputation du vaillant chevalier.

La croisade alors touchait à son terme, et André de Chauvigny, qui resta jusques au bout le fidèle compagnon du roi Richard (13), s'y couvrit de tant de gloire, qu'en signe de ses hauts faits, il portait un heaume sommé d'une couronne d'or (14). On ne saurait s'empêcher de remarquer que diverses prouesses du châtelain de Coucy ont une grande analogie avec celles du sire de Chauvigny : tous deux sauvent la vie de leur roi dans des circonstances à peu près identiques; tous deux gagnent des batailles désespérées et même par une inadvertance singulière, le seigneur de Châteauroux, vassal et ami du roi d'Angleterre, est représenté, par les chroniques du Berry, comme attaché à la suite de Philippe-Auguste, tandis que Coucy, selon le poème de la Dame de Fayel, aurait suivi au- delà des mers la fortune de Richard Cœur-de-Lion.

Qui sait si les deux légendes n'auraient pas entre elles une certaine communauté d'origine?

Il ne faut pas perdre de vue que les chansons de trouvères, comme les romans historiques de nos jours, se piquaient moins d'exactitude que de l'ambition d'éveiller la curiosité.

Voulait-on célébrer les hauts faits d'un chevalier ? On exagérait ses exploits, et même on accumulait sur sa tête des actions d'éclat imaginaires. Le fond du récit était véritable peut-être, mais on brodait les détails au moyen d'emprunts prélevés sur d'autres chansons.

Les accessoires étaient généralement sacrifiés, pour mettre en relief le caractère d'un héros; aussi n'est-il pas surabondant de faire ressortir que, si dans un poème destiné à célébrer le châtelain de Coucy, on a fait une place exceptionnellement honorable au sire de Chauvigny, c'est assurément parce que ce preux a joui, de son temps, d'une renommée considérable.

Les chroniques berrichonnes ne sauraient donc être accusées d'avoir imaginé ces flatteries. Le frère de la Gogue et le R. P. Péan se trouvent ainsi justifiés par des écrits collatéraux; non pas assurément dans leurs exagérations justement relevées par tous les historiens (15), du moins dans les traits principaux de leurs récits.

N'est- il pas évident d'ailleurs que les exploits extraordinaires d'André de Chauvigny étaient connus au XVe siècle depuis de longues années, puisque le frère de la Gogue avoue qu'il a puisé les éléments de sa chronique dans un vieux poème (16), aujourd'hui perdu, dont il n'a extrait que ce qui lui semblait véritable. On peut juger, parce ce qui précède, de ce que son incrédulité a passé sous silence.

Au surplus ces fables chevaleresques ont été si bien accréditées, qu'elles ne furent pas seulement chantées par les trouvères, mais encore ont pris un autre corps, qui leur donne un plus grand cachet d'authenticité. Elles furent en partie figurées par une tapisserie de famille, qui ne peut avoir eu pour objet que d'ajouter un nouveau lustre au renom du chef de la seconde branche de la maison de Châteauroux.

Toutefois, cette tapisserie elle-même, par les variantes qu'elle représente, démontre qu'on peut n'ajouter qu'une foi limitée à l'exactitude des chansons du moyen-âge, et qu'en se transmettant de bouche en bouche, l'épopée héroïque d'André de Chauvigny a dû subir des modifications.

La tapisserie dont nous voulons parler, s'est conservée depuis un temps immémorial à Issoudun, dans la maison de M. Chaumerau, située sur les dépendances de l'ancien château de cette ville.

Peut-être a-t-elle décoré quelque salle du vieux castel, en souvenir de Guillaume de Chauvigny, qui devint momentanément seigneur d'Issoudun, par son mariage avec Mahault.

Ce fragment de tenture est aujourd'hui à Bourges, et appartient à M. Chaumerau fils, ancien pharmacien.

Le tableau représente une vue fantaisiste de la ville de Damas, à laquelle la couleur locale fait absolument défaut. Au lieu de coupoles et de minarets surmontés du croissant, la cité musulmane est dominée par une forêt de clochers et de tourelles, des croix, des girouettes ou des drapeaux multicolores, des toitures en tuiles ou en ardoises. Sur la droite du spectateur, et par une fiction quasi-théâtrale, la muraille ouverte laisse voir la scène qui se déroule à l'intérieur de l'une des salles du palais.

Gloriande, reine de Damas, est au lit. En elle, rien de sarrasin; sa carnation et ses yeux bleus semblent indiquer qu'elle dut être enlevée aux rivages de l'Europe par quelque pirate barbaresque chargé de peupler de belles esclaves les harems du Grand Seigneur.

Suivant l'usage adopté au XVe siècle pour représenter les païens et les juifs, elle est coiffée d'un turban que surmonte une couronne fleurdelisée, insigne de son rang suprême.

Au milieu de la salle est une baignoire, dans laquelle on plonge deux jeunes enfants nus. L'un, rose et aux yeux bleus, comme sa mère, est sans doute le fruit des coupables amours de Gloriande et de Chauvigny que la chronique appelle Polis de Damas; l'autre, qui porte sur la poitrine les indices évidents du sexe féminin, ne saurait renier sa filiation avec le noir sultan, son père.

L'un et l'autre semblent du même âge, par allusion sans doute à l'intimité simultanée de Gloriande avec Chauvigny et son propre époux. Des suivantes à turbans, dames de qualité peut-être, prennent soin de la reine et des jumeaux; une servante, coiffée d'un bonnet de lingerie, apporte l'eau nécessaire aux ablutions.

Gloriande, pensive et la tête apposée dans la main gauche, songe au terrible sort qui lui est réservé. Elle a entendu les menaces de Saladin, et les flammes qui l'attendent lui inspirent une légitime épouvante. Mais le sire de Chauvigny n'est pas loin, et c'est en lui qu'elle espère. Déjà elle a mandé son espion; ce fidèle émissaire est près d'elle, attendant humblement ses ordres. De la main droite, elle lui remet une lettre destinée au brave chevalier, et si les injures du temps n'avaient pas altéré ses fraîches couleurs, on pourrait peut-être deviner à ses regards son impatience de voir arriver promptement son futur libérateur.

Cette scène est séparée de la suivante par une porte gothique, flanquée de deux tours rondes, qui donne accès dans la ville. Au- delà de la porte, l'armée des croisés se livre an siège de Damas. Un navire, dont les bordages et la hune sont crénelés, et qui fait voile vers l'extrême gauche, indique clairement que l'événement se passe outre mer; en face des murailles, on a disposé, pour lancer des boulets de fer, une bombarde soutenue, en guise d'affût, par une traverse de bois destinée à rehausser à volonté le champ de tir.

André de Chauvigny se distingue facilement au milieu de la foule. Son armure d'acier est recouverte d'une tunique blanche, fuselée de gueules, au lambel de sable ; de la main gauche il tient sa hache redoutable, et son casque, comme le raconte la légende, est surmonté d'une couronne d'or fleuronnée. Il reçoit de la main droite la lettre de la reine Gloriande, que lui remet le fidèle émissaire, vêtu, ainsi que dans le compartiment précédent, d'oripaux de toutes couleurs qui semblent en faire un fou de cour.

 Près du chevalier, se tient son grand arbalétrier, et devant lui, son porte-bannière fait luire aux yeux des infidèles une enseigne bien connue de Saladin, qui l'avait vue flambir (17) dans maints combats; elle est aux armes des Chauvigny d'argent, à cinq fusées et deux demies de gueules, au lambel de sable de six pendants.

Il s'y trouve même une bordure de fantaisie, componnee d'argent et de gueules ou d'argent et d'azur. Sur le haut des murailles on voit étinceler les casques et les lances de l'armée musulmane, et les montagnes qu'on aperçoit dans le lointain sont couronnées de châteaux fortifiés.

Tout en bas de la tapisserie, une colline sépare les deux scènes précédentes d'un troisième épisode. Chauvigny, tournant le dos à la ville de Damas, a quitté l'équipement militaire pour rentrer dans sa patrie les mains jointes, et dans l'attitude de la prière, il vogue sur les flots de la mer, dans un esquif qui porte sur le flanc un écu à ses armes. Devant et autour de lui, on distingue les têtes de ses compagnons.

A l'exemple d'Eudes l'Ancien, seigneur de Châteauroux, qui, au retour de son expédition en Terre Sainte, se rendait à son église de Saint-Gildas, pour adresser ses grâces à Dieu, à la Vierge Marie et aux Saints (18), il se dirige vers une chapelle ensevelie dans le feuillage, dont le pignon est fuselé de gueules, au lambel de sable. Au seuil du saint lieu, il est attendu par un Père de Saint-François, bien que la maison de cet ordre n'ait pris naissance à Châteauroux qu'en 1213 (19), c'est-à-dire plusieurs années après la fin de la troisième croisade.

Il faut sans doute voir, dans cet anachronisme, une allusion à la part prise par André de Chauvigny, à la fondation du couvent des Franciscains.

La tapisserie est malheureusement incomplète, et ce n'est plus qu'un lambeau de tenture; la bordure a disparu, en même temps sans doute que certaines parties essentielles et irréparablement perdues. Peut-être qu'au -delà de la seconde porte de Damas, placée à l'extrême gauche, on voyait se dérouler la lutte du sire de Chauvigny avec le roi des Mauriens, en présence de Gloriande et de toute la cour de Saladin? On ne saurait faire à ce sujet que des conjectures.

L'explication des scènes représentées par ce fragment de tapisserie serait impossible à trouver si la fabuleuse chronique de la Gogue n'en venait donner la clef, car la vue des murailles gothiques de Damas serait particulièrement de nature à défier la perspicacité de celui qui tenterait de restituer ces épisodes romantiques au moyen de l'archéologie.

Mais l'auteur de cette composition compliquée, en prévision de cet inconvénient, avait eu vraisemblablement le soin d'accompagner son tableau d'une légende explicative. On le suppose, du moins, sans pouvoir l'affirmer, parce qu'il ne reste de cette inscription qu'un très-petit morceau séparé et dont l'emplacement est même impossible à déterminer. Se trouvait-il placé à la partie supérieure, car le fond en est bleu comme celui du ciel, ou bien faisait-il partie d'une autre pièce de tapisserie ?  C'est ce qu'on ne saurait dire.

Quoi qu'il en soit, sur ce fragment, on lit en lettres gothiques :

canvas

Cette légende est trop incomplète pour qu'il soit possible de préciser si ce fut un de nos héros qui demoura en état de veuvage.

La tapisserie, telle qu'elle existe aujourd'hui, présente une hauteur de 2 m. 55 cent. et une largeur de 3 m. 70 cent. L'aspect en est froid et manque de relief, autant qu'on en peut juger par le lieu mal commode où elle se trouve, c'est-à-dire un corridor d'un mètre de large, qui ne reçoit le jour de biais que par sa porte d'entrée.

Pour bien juger de cette oeuvre dans son ensemble, et en reproduire un fac-simile fidèle, il eût fallu la transporter dans une salle vaste et éclairée. Mais un millier de pointes fixent dans la muraille cette tapisserie déjà criblée de déchirures; essayer de l'enlever eût été compromettre l'existence même de ses lambeaux. Ce n'est donc qu'à force d'artifices et de patience qu'il a été possible d'en calquer les parties essentielles pour les réunir ensuite sur une petite échelle.

Avons-nous sous les yeux l'ouvrage d'une fabrique de Flandre, l'un de ces Arrazi si célèbre au moyen-âge, ou bien un produit des manufactures d'Aubusson, de Felletin ou de Poitiers?

Les hésitations sont permises sur un sujet qui laisse les plus fins connaisseurs en défaut, si l'on songe que de savants antiquaires sont en complet désaccord, pour déterminer si certaines tapisseries du Musée de Cluny et du Vatican ont été fabriquées, d'après les cartons de Raphaël, dans une ville plutôt que dans une autre (20). Contentons-nous de dire que la chaîne est ici formée par une lice de chanvre; la trame est entièrement en laine; le point est fin, et la composition vraiment remarquable par la netteté et la franchise du dessin.

Chacun des personnages, d'un mètre au plus de hauteur, est bien proportionné et dans une pose naturelle. Les couleurs diverses, comme dans les vitraux du moyen-âge, sont serties d'une ligne sombre d'un aspect un peu dur, et ces couleurs elles-mêmes sont en petit nombre.

Si on y ajoute le noir et le brun, elles ne diffèrent pas sensiblement du prisme solaire, savoir rouge, jaune, vert, bleu clair, bleu foncé, violet. Les ombres sont indiquées par des hachures verticales, car alors les tapissiers n'avaient pas à leur disposition cette gamme de nuances intermédiaires conquise de nos jours par la chimie. Quant aux figures et parties nues, elles sont à teintes plates et maintenant bien décolorées; mais il est possible, suivant un usage qui fut consacré plus tard par les règlements du XVIe siècle, que le modelé en ait été accentué à l'origine par certaines peintures.

Ce qui laisse le plus à désirer, ce sont les parties qui devraient marquer des ondulations. Les cheveux et les barbes sont d'une rigidité barbare, et dans l'impossibilité de figurer les flots de la mer, on les a remplacés par des hachures verticales disposées en damier, et alternativement bleues, blanches ou noires. Les nuages ont aussi une apparence de convention, et sont formés de hachures bleues, entremêlées de deux demi-cercles et de trois rectangles de largeur variable. On ne s'explique guère la présence de ces derniers signes dans le firmament, à moins pourtant que ce ne soit une marque de fabrique.

Les costumes, les chaussures à la poulaine, les armes et armures et jusques à l'artillerie des croisés, accusent le cachet du XVe siècle ; c'est-à-dire que la tapisserie aurait été fabriquée au temps de Guy Il de Chauvigny, qui mourut en 1422, ou de Guy III, décédé en 1482.

Vers la même époque, le frère de la Gogue écrivait sa curieuse chronique de Déols, et peut-être ce prieur de Saint-Gildas a-t-il été lui-même l'auteur de la relation historique d'après laquelle fut composée l'apothéose chevaleresque du preux des preux, en l'honneur d'une famille dont les descendants occupaient encore avec éclat la vaste seigneurie de Châteauroux.

Nous dirons, en terminant, que la tapisserie du sire de Chauvigny se recommande moins par sa valeur vénale que par son caractère de curiosité locale. Nulle restauration ne pourrait en effet restituer sa bordure entièrement perdue, et faire revivre la trace effacée de sa marque de fabrique ou de son lieu d'origine.

 Mais elle représente un épisode intéressant pour l'histoire de notre province, et mérite à ce titre d'être conservée au milieu de nous. Exprimons donc le vœu de la voir entrer un jour dans quelque musée du Berry, pour qu'elle puisse rappeler à nos concitoyens le nom et les exploits, bien oubliés maintenant, de l'un de ces preux qui furent jadis l'honneur de la chevalerie.

 

 

NOTIONS HISTORIQUES SUR LES PRINCIPAUX TOURNOIS, JOUTES OU PASSES D'ARMES, DONT LE SOUVENIR EST CONSACRÉ PAR LES HISTORIENS, LES CHRONIQUES ET LES MANUSCRITS DU COMTÉ DE FLANDRE, DES PAYS D'ARTOIS ET DE PICARDIE.

1095, d'autres disent 1096. Tournoi dans la ville de Tournay. Henri, comte de Louvain, y perdit la vie. Il était gendre du comte de Flandre, Roberl-le-Frison.

1096.

Tournoi d'Anchin. Trois ceuts chevaliers venus de l'Ostrevant, du Hainaut, du Cambrésis et du pays d'Artois se réunissent dans l'abbaye d'Anchin fondée pendant le XIe siècle dans une île de la Scarpe. Après le tournoi, ces chevaliers font serment de prendre la croix pour la délivrance du Saint-Sépulcre.

Vers 1187.

Tournoi entre La Fère et Vendeuil en Tiérache. Baudouin de Flandre, le duc de Limhourg, les comtes de Soissons, de Namur et le célèbre Simon de Montfort vinrent assister à ce tournoi.

Entre 1187 et 1188. Peu de temps après le tournoi de La Fère, un grand nombre de chevaliers se réunirent entre Fouilloy et Corbie, en Amiénois. Il y eut de nombreuses joutes. Les manuscrits de la Bibliothèque Royale disent que les combattants du Hainaut, de Corbie, de Brabant et de Flandre eurent l'avantage sur ceux du Vermandois, de la Champagne et des autres pays de France. Cependant le prix des joutes fut donné à Renaud, châtelain de Coucy, l'un des chevaliers vermandoisiens.

1223.

Tournoi de Corbie en Amiénois. Du Cange, Moréri et Du Tillel nous apprennent que Philippe de Boulogne, fils du roi Philippe-Auguste, et Florent, comte de Hainaut, perdirent la vie dans ce tournoi.

1360.

Le roi Jean, après sa délivrance, vint à Saint-Omer. Le maïeur Guillaume Sanders lui présenta les clefs de la ville, et il fut harangué par Guilbert de Sainte-Aldegonde. Un tournoi donna beaucoup d'éclat à la réception faite à ce prince. Jean d'Artois, fils du comte de Saint-Pol, et Waulier d'Halluin s'y firent remarquer.

1385.

Grand tournoi à Cambrai à l'occasion du mariage de Guillaume de Hainaut avec Marguerite de Bourgogne, et de Jean de Bourgogne avec Marguerite de Hainaut. Charles VI assista aux fêtes qui eurent lieu ; le roi, les princes et les princesses furent servis à table par les seigneurs de la cour montés sur de hauts destriers. « Après ce noble et haut dîner fait, grand foison de seigneurs et de chevaliers se trouvèrent armés et appareillés pour la joute, et joutèrent sur le  Marché; et y avoit quarante chevaliers dedans. Et jouta le jeune roi Charles de France à un chevalier de Hainaut qui s'appeloit Jean, sire d'Oustiernes, de lez  Beaumont en Hainaut ; et jouta le chevalier au plaisir des seigneurs et des dames  très-bien ; et ot pour le prix un fermail d'or à pierres précieuses que madame de Bourgogne prit en sa poitrine et lui présentèrent l'amiral de France et messire Guy de la Trémoille. » ( Chroniques de FROISSART. )

1385.

Joutes de Saint-Inglevert dans le Haut-Boulonnais. Un chevalier anglais, le sire de Courtenay, ayant tenu des propos offensants pour la noblesse de France, le seigneur de Clary, gentilhomme français, lui en demanda raison. On choisit la plaine de Saint-Inglevert pour vider le différend. Seconds du seigneur de Clary : Jean de Longvilliers, gouverneur de Boulogne, et le sire de Montcavrel; seconds de Pierre de Courtenay : le capitaine de Calais et plusieurs gentilshommes anglais. Froissart parle de ce pas d'armes avec détail.

1389.

Nouvelles joules à Saint-Inglevert; le célèbre Boucicaut, Regnault de Roye et le sire de Sempy sont les principaux tenants. Elles ont été publiées par leurs soins en Angleterre, en Allemagne et jusqu'en Portugal. Le roi Charles VI assista à ces joutes sous un déguisement. ( Voir les chroniques de Froissart. )

1414.

Pendant que Charles VI assiégeait Arras, il y eut plusieurs passes d'armes. Le comte d'Eu et le sire de Montagu, capitaine de la cité, combattirent à la hache, à la dague et à l'épée. Le comte d'Eu proclamé vainqueur reçut du sire de Montagu un diamant de cent écus, pour le donner à sa dame.

1414.

Dans la même année, des chevaliers français et bourguignons combattirent en plein champ dans le voisinage du château de Lens en Artois. On remarquait parmi eux le bâtard de Bourbon, « un bel chevalier nommé Cotte-Brune, qui depuis feut maréchal de Bourgongne, et en sa compagnie trois nobles hommes natifs du royaume de Portugal. Après les armes faictes, le bastard de Bourbon et Cotte-Brune s'entredonnèrent dons de chevaux et d'aucuns gracieux habillemens de guerre. » (Mémoires de SAINT-REMY. )

1421.

Joutes dans le voisinage de Pont-Rémy en Ponthieu, entre six gentilshommes bourguignons et six gentilshommes de France. Elles eurent lieu pour l'honneur des dames. On y remarqua le bâtard de Roubaix, Lyonnel de Bournonville et Guillaume d'Aubigny.

1423.

Tournoi à Arras sur la Grand-Place, en présence du duc de Bourgogne, Philippe-le-Bon. Polhon de Xaintrailles, Lyonnel de Vandonne, le bâtard de Robecq et Rifflard de Champrémy combattirent en champ clos. Monstrelet nous apprend que Rifflard de Champrémy fut enferré tout parmy son harnois, mais néantmeins sans être percé au vif. ( roir le texte et les notes qui ont précédé, page, 57. )

1428.

Joutes à Arras. Simon de Lalamg, Florimond de Brimeu, Jean de Créquy de Lille et Hector Sacquespée sont proclamés vainqueurs. (Voir le texte de la page 57.)

1429.

Tournoi à Bruges pour le mariage de madame Isabelle de Portugal avec le duc Philippe-le-Bon. Chevaliers vainqueurs : le comte de Bosquenehem; le sire de Créquy ; Andrieu de Toulongeon ; Le seigneur de Croy ; messire Jean Vasques, chevalier portugais; le seigneur de Bussy. Les prix du tournoi furent des rubis, des chaînes d'or et des diamants.

1429.

Des chevaliers français et bourguignons s'étant trouvés à Senlis réglèrent qu'une emprise aurait lieu entre eux, à cheval, avec le fust, le fer et les lances. Ils se rendirent à Arras et combattirent en présence de Philippe-le-Bon. Les tenants de Bourgogne furent le seigneur de Charny, messire Simon de Lalaing, messire Nicolle de Menton et Jehan de Baudrey. Chevaliers de France : Théaude de Walpergne, messire Philibert de Bresy, Guillaume de Betz, Pothon de Xaintrailles.

1429.

 D'autres joutes eurent lieu à Arras-peu de temps après. L'Estendart dé Milly, Philibert de Bresy et un gentilhomme de Savoie s'y firent remarquer. Les deux premiers furent blessés au visage.

1431.

Champ d'armes tenu à Arras en présence de Philippe-le-Bon et de la cour de Bourgogne, par Maillotin de Bours et Hector de Flavy. (Voir le texte page 57.)  

1435.

Grand tournoi à Arras. Joule du sire de Charny contre Jean de Merlo, gentilhomme espagnol. Ecuyers portant les armes de Charny : le comte de Saint-Pol, le comte de Suffolk, le comte de Ligny, le sire d'Arguel, fils du prince d'Orange. Tenants de Jean de Merlo : le sire de Saveuse et Jacques de Lor. Le sire de Charny portait à la main une bannière de dévotion représentant la Sainte-Vierge et Saint-Georges. ( Voir le texte de la page 59. )

1439.

Joutes à Saint-Omer à l'occasion des fiançailles du comte de Charollais et de Catherine de France. Golry Guichard, chambellan de Castille, et le bâtard de Saint-Pol, seigneur de Hautbourdin, combattirent en champ clos à pied et à cheval.

1440.

Joutes à Saint-Omer sur la place du Marché et le soir dans la grand-salle de Saint-Berlin, en présence de Philippe-le-Bon, de Charles d'Orléans, de Dunois et de mademoiselle de Qèves.

1445.

Joutes à Gand sur le marché de la Viêserie en présence du duc Philippe-le-Bon. Jacques de Lalaing et Jean de Boniface, chevalier castillan, s'y firent remarquer. Le pavillon de ce dernier, en soie de couleur blanche et verte, était surmonté du blason de ses armes portant pour timbre une femme tenant un dard à la main et pour devise : Qui a belle daim, garde la bien !

1446.

Tournoi à Arras sur le Grand-Marché, près l'Hôtellerie de la Clef. Messire Philippe, seigneur de Ternant, conseiller-chambellan de Philippe-le-Bon, et Galiot de Ballasin, chevalier de Castille, chambellan du duc de Milan, combattent en champ clos. « Et fut le pavillon du seigneur de Ternant de drap de damas noir et bleu, et sur le capital ses armés et son timbre brodé moult richement; et à Tenlour des goulières estoit escrit en grosses lettres d'or, en bordure, un souhait tel : Je souhaite qu'avoir puisse de mes désirs assouvissante, et jamais autre bien n'eusse. » ( OLIVIER DE LA MARCHE.)

1447 d'autres disent 1449.

Pas d'armes de la Croix Pèlerine entre Calais et Saint-Omer. Il avait été annoncé en France -par le roi d'armes d'Artois ; en Angleterre par le héraut Toison d’Or;.en Allemagne par Namur; en Portugal par Château-Belin. Le sire de Hautbourdin fit armes avec le bâtard de Foix; son cheval était couvert de broderies , de perles et de diamants. Une chaîne d'or tenait lieu de rênes.

1447.

Cette année-là le sire Jacques de Lalaing et un chevalier anglais nommé Thomas combattirent en champ clos à Bruges, sur la place du Vieux-Marché, « II n'est pas à oublier, dit Olivier de la Marche, que sur le pavillon qui fut tendu par ledict messire Jacques de Lalain avoit un cerf couché de bordure. Celuy cerf portoil seize cors : et à chacun-cors avoit une bannière dont estoit issu ledict Lalain et dont les deux premières furent du père qui estoit chef et seigneur de  -Lalain et l'autre de Créqui du costé de la mère ; ainsi monstra ledict messire Jacques trente-deux bannières, dont il estoit issu directement de père et de mère sans entremesler aucune aliance d'autre nature. »

. 1447.

Peu de jours après, le bâtard de Saint-Pol, seigneur de Hautbourdin, et messire Bernard de Béarn, bâtard de Foix, joutèrent à Bruges. Le bâtard de Saint-Pol parut accompagné du seigneur de Ravestain, du sire de Créquy et du seigneur de Ternant, chevaliers de la Toison-d'Or. Le cheval du seigneur de Ravestain portait une housse parsemée de brodures et de coquilles, emblèmes du seigneur de Hautbourdin. Le cheval du sire de Créquy était aux armes de Lancelot du Lac, avec la bande de Benouhic ; celui du seigneur de Ternant avait les armes de Palamèdes.

1453.

Un grand banquet suivi d'un tournoi réunit à Lille en 1453 la cour de Bourgogne et un grand nombre de chevaliers. « Et fut le cry tel que monsieur Adolph de Clèves faisoit sçavoir à tous princes, chevaliers et nobles que l'on le trouveroit en ladite vile, armé de harnois de jouste en selle de guerre, pour jouster à la toile, de lances de mesures, et de courtois roquets ( bâtons ) à rencontre de tous ceux qui venir y voudroyent; et celuy qui pour ce jour ferait le mieux gagnerait un riche ciguë d'or enchaîné d'une chaîne d'or et au bout de cette chaîne un riche rubis que les dames présenteraient à celuy qui l'aurait desservy. » ( OLIVIER DE LA MARCHE. )

1453.

Fête de la Licorne donnée à Cambrai par Louis de Luxembourg, comte de Saint-Pol. Quarante-deux chevaliers coururent à la fois des lances, dit Mathieu de Coussy; « ce qui estant fait, on tournoya des espèes. »

 Le soir, un grand banquet réunit les chevaliers dans le palais épiscopal ; « vins bons et exquis de plusieurs manières y furent servis ; quant à l'hypocras, il fut quasi mis à l'abandon comme s'il n'eust rien couslé ; et pour entremests, y fut faicte au plus près l'histoire de Merlusine et ses enfans en grands personnages. »

1454.

Grand tournoi à Lille à l'occasion du mariage du comte de Charollais avec Isabelle de Bourbon. « Joustèrent le comte de Charollais, Adolf de Clèves et Anthoine, bâtard de Bourgogne, très richement housses et parés ; et pour ce jour gagna le prix du mieux joustant un jeune écuyer nommé Guyot d'Ouzy. » ( Chronique de MATHIEU DE COUSSY. )

1455.

Grandes joutes à Bruges pour le mariage du duc de Clèves et de madame Isabelle, fille du comte d'Es'tampes.

1458.

Joutes à Lille à l'occasion de la venue de la comtesse de Nevers. « Messire Philippe de Lalaing, chevallier, feit unerjousle de sept courses de lances contre touts venants. Et le samedy ensuivant, Adolf de Clefves jousta contre touts venants; et le dimanche ensuivant, Charles, fils de Philippe, duc de Bourgoingne,  Anthoine, bastard de Bourgoingne, son frère, eulx vingt, tournoyèrent contre aultres vingt, lesquels éstoient : messire Philippes de Saint-Pol, Philippes de Bourbon, le bastard de Brabant, ledit Adolf de Clèves et plusieurs aultres grands seigneurs. » (Mémoires de J. Du CLERCQ. )

1460.

Joutes dans la ville d'Amiens. Charles, comte de Charollais, Adolphe de Clèves, le bâtard de Bourgogne et les gentilshommes de l'hôtel du comte d'Estampes y prirent part.

1460.

« Joustes par aûlcuns bourgeois gentilshommes de la ville de Saint-Omer. » ( Mémoires de J. Du CLERCQ. )

1461.

Fête de la Toison-d'Or à Saint-Omer. Joutes et passes d'armes auxquelles le comte de Charollais et le bâtard de Bourgogne prirent part.

1463.

Tournoi à Bruges à l'occasion des noces du fils du duc de Gueldres avec Catherine de Bourbon. On remarqua parmi les jouteurs le bâtard de Bourgogne et Jean de Croy, seigneur de Renty.

1468.

Joutes de VArbre d'or, à Bruges, à l'occasion du mariage de Charles-le-Téméraire avec Marguerite d'Yorck. Le principal tenant de ces joutes fut le bâtard de Bourgogne, Adolphe de Clèves. On y vit le roi d'armes de la Jarretière, celui de la Toison-d'Or, les hérauts Bretagne, Bourgogne et Constantin.

1492.

Tournoi sous les murs du château d'Aire en Artois. Il fut annoncé par les hérauts d'armes au nom du chevalier Bayard. (Voir le texte qui a précédé, p. 52.)

1493.

 Pas d'armes de Sandricourt. Les chevaliers combattirent à la Barrière Périlleuse, dans le Carrefour Ténébreux, au Champ de l'Épine et dans la Forêt Desvoyaile. ( Voir le texte à la page 53. )

1513.

Joules à Tournay après la prise de cette ville par les troupes d'Henri VIII et de l'empereur Maximilien, et pour célébrer la venue du roi d'Angleterre.

Larchiduc et les dames entrèrent en Tournay

Le roy Henry en armes sy monstra fricque et gay

Se feist dedans la ville joustes et beaux tournois

Puis après vint à Lille mectre jus son harnois.

( Manuscrit de NICAISE LADAM , roi d'armes. )

 

1520.

Joutes du camp du Drap-d'Or, entre Guînes et Ardres. « François Ier et Henri  VIII y coururent des lances, dit Mézeray, au ravissement universel des spectateurs. »

 

 

Mémoires de la Société des antiquaires du Centre (1881)

Noblesse et chevalerie du comté de Flandre, d'Artois et de Picardie / publié par P. Roger...

 

 

 

 


 

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Lancelot-Graal avec interpolation du Perlesvaus Joseph d 'Arimathie recueillant le sang du Christ Le manuscrit constituant le dernier volet de cette compilation arthurienne est consacré à la quête du Graal. La peinture du f. 5 retrace le moment solennel où, en la fête de la Pentecôte, alors que tous les chevaliers d'Arthur rassemblés au château de Camaalot s'apprêtent à prendre leur repas, apparaît la coupe merveilleuse.

 

La troisième croisade (1189-1192) - la croisade des rois Philippe-Auguste et Richard Coeur de Lion - PHystorique- Les Portes du Temps

On l'appela la croisade des rois qui débuta en 1189 et s'acheva en 1192, les plus illustres souverains occidentaux, roi de France, d'Angleterre et l'empereur d'Allemagne,rencontrèrent Saladin le plus important personnage du monde musulman très respecté des chrétiens.

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LA TOUR DE BROUE 1115-1789 ; En 1372, le château est assiégé par Bertrand Du Guesclin

Si vous avez à parcourir la triste et monotone campagne qui s'étend de Rochefort à Marennes, vous verrez se dresser au loin, dans les brumes de l'horizon, la haute silhouette de la tour de Broue ; arrêtez-vous un instant devant ces ruines rien de plus pittoresque que cette immense muraille tapissée d'un lierre gigantesque, et que semble grandir encore le sol uniforme et plat entourant l'éminence sur laquelle elle s'élève.

 

COMPIEGNE, TOURNOI de Chevalerie de 1238 données par le Roi Saint Louis et reconstitué à l'occasion des fêtes de Jeanne d'Arc

La Ville de Compiègne, désireuse de perpétuer le souvenir de Jeanne d'Arc, a décidé de donner en son honneur une grande fête de chevalerie le Dimanche 28 Mai et le Lundi 5 Juin 1911 ; fidèles à la mémoire de l'héroïne qui s'est sacrifiée pour eux, les habitants de Compiègne



Tournoi de chevalerie l'Emprise du château de Joyeuse-Garde, organisé par le Roi René en avril 1446 à Launay 

Il est des lieux où se trouvent concentrés les charmes d'une région auxquels s'ajoute le prestige de souvenirs évoqués par les légendes littéraires ou confirmés par la plus authentique histoire, et c'est bien dans ces jardins que l'étranger veut connaître la France avec ses bonnes façons et sa douceur de vivre.

 

5 février 1446. Louis de Bueil, écuyer, seigneur de Marmande, est tué dans une joute à Tours par Jean Châlons, écuyer anglais.

Cette joute a lieu à Tours, devant le roi Charles VII, la reine, les ambassadeurs d'Angleterre, de René duc d'Anjou, Roi de Sicile, le du duc d'Orléans, Louis, père de Charles, le prince-poète, auteur, entre autres, de Louis XII, avec le concours de Marie de Clèves, et protecteur de François Villon et une foule de princes et seigneurs, parmi lesquels Jean V, sire de Bueil, Antoine de Chabannes, comte de Dammartin, et Pierre de Brézé, sire de La Varenne.



Camp du Drap d'Or juin 1520, rencontre entre François Ier et Henri VIII d'Angleterre (Reconstitution Historique)

Au mois de juin 1520, François Ier et Henri VIII d'Angleterre se sont retrouvés dans la campagne, tout près de la ville de Calais. Leur rencontre fut le premier Sommet européen de l'histoire. Les deux monarques ont tenté de s'impressionner mutuellement et la fête fût, paraît-il, somptueuse.



Une Ecole de Joute Médiévale, comme les Chevaliers du moyen-âge !

(Compiègne, 23 mai 1909 le tournoi de chevalerie) Akaz Aett - Reportage sur la joute équestre Fondée le 03 avril 2017 par : Pascal Prévost Passionné d'histoire médiévale et d'équitation , c'est naturellement que je fus attiré par la joute équestre moderne Ayant de nombreuses années de pratique en France et en Europe .



La quintaine, joute du sarrasin

La quintaine, appelée aussi joute du sarrasin, est un terme employé au Moyen Âge pour désigner un jeu d'adresse consistant pour un chevalier à percuter avec sa lance tendue un trophée de cinq armes ou le bouclier d'un mannequin surmontant un mât fixe ou rotatif. Ce sport médiéval est principalement destiné à entraîner les chevaliers.



Unique en France depuis des Siècles : Tournois de joutes à lances réelles au Château du Plessis Bourré -

L'ordre de Saint-Michel - Ordre de Chevalerie L'ordre de Saint-Michel fut fondé par le roi Louis XI, le Ier août 1468. Il eut sous ce monarque un caractère presque exclusivement religieux : c'était l'ordre de l'Archange Saint-Michel, le grand victorieux.



(1). Voir pour le tournoi d'Anchin : l’Histoire de Cambrai et du Cambrésis, par LE CARVENTIER ; les actes diplomatiques d'AURERT LE MIRE ; le Traité des tournois, joustes et carrousels par le père MÉNESTRIER; les Petites histoires des pays de Flandre et d'Artois par M. DUTILHOEUL; les Archives historiques et ecclésiastiques de la Picardie et de l'Artois, publiées à Amiens en 1842, 1er volume, p. 265 ; voir surtout l'excellent travail de M. Arthur DINAUX, inséré dans les Archives historiques et littéraires du nord de la France, décembre 1812.

(2). Manuscrits de la Bibliothèque Royale.

(3) Manuscrits de la Bibliothèque Royale.

(4). Autours.

(5).  Grande quantité d'émouchets, oiseaux de proie ressemblant à l'épervier mais de moindre grosseur.

(6) Manuscrits de la Bibliothèque Royale.

(7) De Raynal, Hist. de Berry, t. II, p. 89.

(8). Ch. Tranchant, Chauvigny de Poitou, p. 2.

(9) La Gogue, Hist. des princes de Déols. Chron, P. Péan. Esquisses biog. de l'Indre, par Grillon des Chapelles, t. III, p. 347 et s.

(10). Crapelet, Hist. du Châtel de Coucy et de la dame de Fayel. Gomard, Hist. de la dame de Fayel; Études Saint -Quentinoises, t. II, p. 209 et s.

(11). De Raynal, Hist. du Berry, t. Il, p. 90. La Thaumassière, Hist. de Berry, 1. VII, ch. XXXI.

(12). Michaud, Hist. des Croisades, t. II, p. 438.

(13) De Raynal, Hist. du Berry, t. II, p. 93,

(14) La Gogue, p. 388.

(15). La Thaumassière, Hist. de Berr., 1 VIL ch. XIX. – Grillon des Chapelles, Esq Biog., t. III, p. 455 et s. Fauconneau-Dufresne, Hist, de Deols. – Veillat, Denise de Déols.

(16).  La Gogue, p. 388.

(17). La Gogue, p. 351.

(18). La Gogue, p. 335. P. Péan, p. 429. La Thaumassière, Hist. de Berry, 1. VII, ch. XIII.

(19). Grilon des Chapelles. Esq. Riog., t. III, p. 402.

(20). M. l'abbé Van Drivai M. l'abbé Proyart, Mémoires de l’Académie d'Arras, t. XXXV, p. 121, 145, 177 t. XXXVI, 2e partie, p. 59.

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