Une falsification de document au commencement du XIIe siècle
Les démélés de LAMBERT abbé de la Couronne avec PETRONILLE, abbesse de Fontevraud
Au sujet d’AGUDELLE
1115-1129
Lambert, chapelain de Saint-Jean de la Palud, fondateur de l’abbaye de La Couronne (1118), apparait comme une des figures les plus attachantes de l’Angoumois au XIIe siècle, « Homme sage et discret, d’une souveraine éloquence, d’une profonde religion, il fut, pour toute la province métropolitaine de Bordeaux, un modèle de piété, de justice, de générosité, de chasteté, de charité », et mourut en odeur de sainteté, vénéré de tous (a).
Comment Lambert fut-il appelé à fonder l’abbaye de La Couronne ?
J. DE LA MARTINIÈRE
Les documents diplomatiques nous renseigneront, sur ce point, d'une façon plus complète que les chroniques. On trouve, aux archives de Maine-et-Loire et de la Charente, cinq chartes qui se rapportent à la fondation par Lambert, dès l'année 1115, du prieuré d'Agudelle (1) près de Jonzac (2). Elles mettent en scène, en· même temps que Lambert, Robert d' Arbrissel, l'illustre fondateur de Fontevraud, et la première abbesse de ce monastère, Pétronille.
I
ROBERT D'ARBRISSEL ET FONTEVRAUD
Robert d' Arbrissel, né dans le pays de Rennes, vers 1060, fit ses études à Paris, avant de devenir archiprêtre de Rennes. A la mort de son évêque, Sylvestre de La Guerche (1096), il se retira à Angers, puis dans la forêt de Craon, pour vivre en ermite.
En 1096 le pape Urbain II le fit parler en sa présence, à la dédicace de Saint-Nicolas d'Angers. Impressionné par son éloquence entrainante, Urbain lui enjoignit de se livrer à la prédication: Il s'en alla donc, « par les chemins et les carrefours », semer la parole de Dieu, et opéra d'innombrables conversions.
Cependant plusieurs disciples de l'un et l'autre sexe se joignirent à lui, « car il n'osait repousser quiconque répondait à l'appel de Dieu » (3)
Leur nombre augmentant toujours davantage, Robert fit choix d'un lieu sauvage, sur les confins des diocèses d'Angers et de Poitiers, Fontevraud, où il éleva un monastère. Hommes et femmes menaient, dans des établissements voisins, la vie conventuelle, suivant la règle de saint Benoît ; mais les hommes, aussi bien que les femmes, demeuraient soumis à l'autorité de l'abbesse.
La première abbesse de Fontevraud, Pétronille, fut élue du vivant de Robert, le 28 octobre 1115.
Robert érigea d'autres monastères, ses disciples en fondèrent eux-mêmes· de leur vivant. La plupart furent rattachés à la juridiction de l'abbesse de Fontevraud, Robert, et plus encore, peut-être, Pétronille, veillaient, avec un soin jaloux, aux prérogatives de cette juridiction. Si des donations étaient faites en faveur d'un· disciple de Robert, si un oratoire ou un prieuré étaient construits pour son usage, Pétronille les réclamait comme appartenant à Fontevraud (4).
Les procès engagés par elle, à ce sujet, sont nombreux .: nous citerons seulement celui relatif à l'abbaye de Châtres (5), près de Cognac.
Pétronille affirmait que le monastère de Châtres avait été fondé par un certain Roger, profès de son église de Fontevraud, et elle se plaignait que les frères de ce monastère l'eussent soustrait injustement à son autorité ; elle y prétendait en droit disant qu'il devait rentrer en sa propriété.
Les frères de Châtres, cependant, disaient que le lieu où était située leur église n'était pas celui où le frère Roger avait fait sa résidence; ils ajoutaient que Roger ne se reconnaissait ni frère, ni profès de l'église de Fontevraud ; en conséquence ils niaient que Châtres relevât de Fontevraud.
La question ne fut pas nettement résolue, mais les parties acceptèrent un compromis, le 23 février 1148, au chapitre de Fontevraud (6).
Les fondations Fontevristes furent surtout nombreuses en Aquitaine. M. Alfred Richard, dans son. Histoire des Comtes du Poitou (7), en a donné l'explication suivante :
« On se demande si Guillaume le Jeune, duc d'Aquitaine, avec les sentiments de curiosité raffinée qui étaient l'essence de sa nature, ne prenait pas un réel intérêt à suivre les développements de l'œuvre de Robert d' Arbrissel, dans laquelle la femme, à l'égard de qui il professait des sentiments moins purs et surtout moins élevés que ne le prêchait le réformateur, jouait le principal rôle. Cet appui secret semble se dégager du développement que l'on voit prendre à l'œuvre de Robert d' Arbrissel dans le pays d'Aquitaine, et de son peu d'extension hors de cette région.
Dans celle-ci, deux prélats, en particulier, la secondèrent de tout leur pouvoir : l'un était le chef du diocèse, l'évêque de Poitiers, Pierre II, qui couvrait de son autorité épiscopale les entreprises les plus osées du réformateur, et qui se rendit spécialement à Rome pour obtenir du pape l'approbation des règles qu'il avait établies dans son institut ; l'autre était Léger, l'archevêque de Bourges, à qui Robert disait, dans un de ses élans de reconnaissance : « Père très chéri, tu es à la fois mon archevêque, mon primat et mon patriarche. Je t'ai aimé par dessus toutes choses et j'ai toujours été à ton égard d'une soumission absolue » .
Non moins peut-être que Pierre de Poitiers et Léger de Bourges, Gérard, évêque d'Angoulême depuis 1101 et légat ·du Saint-Siège depuis 1107, doit être considéré comme un protecteur et un ami de Robert d'Arbrissel.
A peine était-il nommé légat par Pascal II qu'il recevait Robert à Angoulême. Celui-ci venait demander son appui pour obtenir les ressources nécessaires à l'achèvement des bâtiments de Fontevraud. Gérard lui remit une lettre à l'adresse des prélats de sa légation. Il les « priait de recevoir avec bienveillance les envoyés des religieuses de Fontevraud, et d'enjoindre, par lettres en bonne forme, aux pasteurs des paroisses soumises à leur juridiction, qu'ils recommandassent avec instance à leurs paroissiens de contribuer, par leurs offrandes, à achever les constructions du saint et vénérable monastère de Fontevraud, et à nourrir les religieuses qui y servaient Dieu continuellement ».
En 1114 Gérard présidait à la conclusion d'un compromis entre les moines de Sully et Robert d' Arbrissel, compromis tout à l'avantage de celui-ci. Quelques mois plus tard il se rendait à Fontevraud.
En 1115 il confirmait l'accord qui donnait Tusson à Fontevraud. La même année Robert venait à Angoulême pour ·demander l'approbation du légat pour l'élection de Pétronille comme abbesse de Fontevraud. Gérard la lui accordait et « envoyait à ses frais un exprès à Rome pour faire confirmer l'élection par le pape ».
Quelques jours plus tard Gérard se trouvait encore à Fontevraud et y confirmait les dons faits par un certain Girard de la Corne. Enfin il prenait encore une fois en mains les intérêts de
· Fontevraud dans une affaire particulièrement importante pour cet ordre, au concile de Châteauroux, en 1116 (8).
Il était nécessaire de rappeler les faits qui précèdent pour établir le sens et- la ·portée des pièces que nous allons étudier.
II
LA NOTICE DE FONTEVRAUD
Dans le fonds de Fontevraud, aux archives de Maine-et Loire (9), est conservée une notice qui résume les principaux droits du monastère angevin sur Agudelle.
Elle relate tout d'abord le don, par Renoul Barbot et sa femme « Imperia », de ce qu'ils possédaient dans la forêt d'Agudelle, à Notre-Dame, à Robert d'Arbrissel, et aux religieuses de Fontevraud. Puis elle mentionne, sans toutefois les spécifier, les dons faits aux religieuses dans la même forêt par d'autres « barons » : Renoul Donat, Ogier Savary, Hier Renoul, Itier Morel, Rigaud de Barbezieux, Raymond Chillac ; et nomme douze témoins prêts à répondre de l'authenticité de ces donations.
On pourrait dès lors croire que la forêt d'Agudelle devint la propriété de Fontevraud. Telle n'est pas la thèse d'une autre notice que nous allons étudier.
III
LA NOTICE DE LA COURONNE
Elle fait partie du fonds de l'abbaye de La Couronne aux archives de la Charente, et contient le récit, mis dans la bouche de Lambert, de la fondation du prieuré d'Agudelle, des négociations qui précédèrent le don de ce lieu à Lambert par l'abbesse de Fontevraud, des circonstances de cette donation (10).
En voici le résumé :
Les donations des fidèles ayant été extrêmement nombreuses, Lambert déclare ne pas pouvoir les énumérer, même en se bornant à donner leurs dates. Mais il ne permet pas le doute sur la valeur des chartes qui les relatent, car elles portent toutes les marques voulues d'authenticité.
D'ailleurs le nombre des témoins était aussi trop grand pour permettre de les désigner tous. Lambert en nomme seulement douze qui avaient assisté à presque toutes les donations.
Celles-ci furent faites en majeure partie à Dieu, à Lambert et à ses frères; en partie à Robert d'Arbrissel et à Lambert.
Lambert, avec l'autorisation de l'évêque de Saintes, éleva une chapelle dans la forêt, y célébra les saints mystères, puis, sur les conseils de ses frères, se rendit à Fontevraud. Entre temps il avait écrit à Robert d' Arbrissel, lui demandant d'abandonner tout ce qui avait été donné, dans la forêt d'Agudelle, à lui Lambert, sous le nom dudit Robert.
Une fois en présence de l'abbesse Pétronille, Lambert lui « offrit, pour l'usage de ses religieuses, tout ce qui avait été donné, dans la forêt d'Agudelle, à Robert et à lui ».
Après des atermoiements et quelques difficultés, Pétronille, en présence de Robert d'Arbrissel, refusa ces offres, puis « concéda et donna à Lambert tout ce qui avait été donné dans la forêt sous le nom de Robert ».
La donation n'était que verbale. Lambert, une fois revenu en sa demeure, rédigea la donation écrite et l'adressa à Fontevraud.
Le 2 juillet 1116, en plein chapitre, Pétronille exposa « comment la majeure partie de la forêt avait été donnée à Lambert, et une petite partie à Robert », et, à nouveau, « elle concéda et donna à Lambert et à ses frères, à perpétuité, tout ce qui avait été donné dans la forêt sous le nom de Robert ».
Le convent des religieuses confirma ce don, et la charte rédigée et envoyée par Lambert reçut les seings de l'abbesse, de la prieure et de la sous-prieure. Il fut convenu, en outre, qu'Agudelle remettrait, chaque année, à Fontevraud, une livre d'encens à titre de redevance.
En dernière analyse, la notice peut se résumer ainsi : des donations ont été faites à Lambert, d'autres ont été faites à Robert, mais celles-ci doivent être considérées comme faites à Lambert sous le nom de Robert.
On sent combien habile et de quelle portée apparaît cette formule : sous le nom de Robert, répétée à cinq reprises dans la notice. C'est sur elle qu'est fondé tout le récit de Lambert ou, plus justement, comme nous le verrons tout à l'heure, toute sa thèse.
IV
L'AUTORITÉ DE LA NOTICE DE LA COURONNE
Quelle est la valeur du témoignage de l'acte que nous · venons de résumer ?
M. Pierre Colrnant a fait l'étude diplomatique des Actes de l'abbaye de Marmoutier jusque vers le milieu du xtt: siècle dans une thèse de l'École des Chartes (11) qui fut particulièrement remarquée à la soutenance de 1907. Nous ferons de nombreux emprunts à ses positions. Elles expliquent les actes dont nous avons à nous occuper; et, d'autre part, ces actes viendraient, s'il en était besoin, à l'appui des positions.
Il y avait, au commencement du XIIe siècle, deux formes d'actes privés, la charte et la notice. « Au début du XIe siècle, au double point de vue de la forme et de la valeur juridique, la carta est caractérisée par les seings de l'auteur et des témoins, la firmatio (12). » Nous ne trouvons pas ces seings au bas de l'acte en cause qui est écrit tout entier de la même main, ne possède aucun signe de validation, et doit être classé dans la catégorie des notices informes qui « apparaissent à Marmoutiers vers 1032 (13) » « La notice informe est surtout un aide-mémoire, soit pour les moines, soit pour leurs adversaires, mais qui a joui, en fait, d'une certaine valeur en justice (14). »
La notice informe d'Agudelle utilise des chartes; en premier lieu les chartes de donation des fidèles à Lambert et à Robert, de 1115 et 1116; puis une charte d'accord entre Lambert et Pétronille au sujet d'Agudelle, du 2 juillet 1116.
Elle nous donne des chartes de donation des fidèles une description diplomatique qui mérite d'être signalée. Leurs dates comportaient l'année de l'Incarnation, le jour des kalendes, la mention du règne de Louis, du règne de Guillaume, duc d'Aquitaine, de l'épiscopat de Renaud, évêque de Saintes, enfin l'épacte.
Les seings, les croix et les souscriptions des donateurs constituaient la preuve de leur authenticité. Tantôt les donateurs, hommes et femmes, avaient souscrit de leurs mains propres ; tantôt ils avaient ordonné qu'on souscrivît en leur nom ; les scripteurs des noms des donateurs varient avec les dates des donations.
Ces indications diplomatiques sont complétées et en quelque sorte expliquées par ce que dit la notice à propos de la charte d'accord entre Lambert et Pétronille.
La donation de Pétronille fut d'abord verbale, « quia decebat ut primum dona fièrent et postea scriberentur ».
Lambert, une fois cette donation verbale obtenue, revint en sa demeure et fit rédiger la charte. La charte fut ensuite portée à Fontevraud, corroborée dans le chapitre de ce monastère, achevée enfin par l'adjonction des noms des témoins et de la date, confirmée par les seings de l'abbesse Pétronille, de sa prieure Augarde, de sa sous-prieure. Ce sont là les «phases normales de la documentation » (15) d'une caria et de sa confirmation.
Il n'est peut-être pas impossible de déterminer approximativement, non pas tout ce qui, dans la notice, provient de la charte d'accord entre Pétronille et Lambert, mais les parties de la notice qui ne doivent rien à cette charte. Jusqu'à : « Donum vero quod factum est in capitulo Fontis Ebraudi hujus modi est », la notice, vraisemblablement, n'utilise la charte que de façon très secondaire, si elle l'utilise. La dernière partie de la notice ne provient pas non plus tout entière de la charte. Nous en trouvons la preuve dans cette phrase : « Nos autem, inter cruces et nomina ipsorum qui dederunt veritatem cartulae, ita intexuimus ».
Ainsi, une fois la charte rédigée et souscrite, Lambert a ajouté de sa main, entre le texte et les souscriptions, diverses observations qui ont été reproduites ensuite dans la notice. Il nous semble que ces additions doivent commencer après : « uicquid in illa silva sub nomine domni Rotberti datum fuerat, concessit et dédit ». Évidemment la date, bien que venant plus loin, faisait partie de la charte.
En résumé, la notice que nous étudions contient trois parties. La première partie expose sous quelle forme furent faites les donations d'Agudelle, et dit comment elles furent toutes attribuées à Lambert; elle utilise et décrit les chartes de donation des fidèles à Lambert et à Robert.
La seconde partie résume les négociations avec Fontevraud et fait connaitre leurs conclusions ; elle utilise la charte d'accord entre Pétronille et Lambert.
La troisième partie comprend des additions postérieures aux souscriptions de cette charte d'accord ; certaines de ces additions, sinon toutes, avaient été primitivement apposées au bas de la charte elle-même.
Le rédacteur de la notice utilise donc des chartes, mais il les utilise comme bon lui semble. Autrement dit, l'autorité et la véracité de la notice valent ce que valent l'autorité et la véracité de son rédacteur.
Il est difficile de nier que celui-ci ne soit pas Lambert lui-même. Les caractères paléographiques du document annoncent bien le commencement du XIIe siècle. La notice n'a pu être rédigée postérieurement à l'accord dont nous parlerons plus loin, qui régla définitivement le sort d'Agudelle, en 1129, et date, par conséquent, du vivant de Lambert.
Elle favorise trop les intérêts de La Couronne pour ne pas provenir de cette abbaye, dans les archives de laquelle, d'ailleurs, elle se trouve encore. Dès lors personne autre que Lambert n'a pu ordonner la rédaction d'un acte débutant ainsi : « In nomine Patrie, et Filii, e.t Sptrttus Sancti, ego Lambertus, indignus sacerdos ecclesie Sancti Johannis de Paludibus, certitudinem veritatis volo relinquerc omnibus nos tris successoribus ».
Lambert est donc l'auteur de la notice. Mais, d'un bout à l'autre de ce récit, il ne nous dit que ce qu'il veut nous dire, et comme il veut nous le dire. Ses assertions correspondent elles à la réalité; ou bien, sans aller directement à l'encontre de la vérité, ne sont-elles pas tendancieuses ? C'est ce qu'un nouvel acte va nous apprendre.
V
LA CHARTE DE PIERRE, ÉVEQUE DE SAINTES
1122·1127 .
Pierre de Confolens, évêque de Saintes (16), dans la Juridiction de qui se trouvait Agudelle, adressa à Lambert; entre 1122 et 1127, une charte (17) dont le texte se divise en deux parties bien distinctes.
Par la première il confirme à Lambert la possession d'Agudelle ; la seconde est aussi une confirmation en faveur du même, celle de l'église de Salignac (18).
Salignac était ·la paroisse dont dépendait la forêt d'Agudelle. Elle avait été « donnée » à Lambert par Renaud, évêque de Saintes (19), en présence, entre autres, de Robert le Mâle, du chanoine Béraud, du chancelier Guillaume et de Guillaume Foucher.
Elle avait été, plus tard, « concédée » au même par les chanoines de Saintes, à Angoulême, « dans la main de Girard, légat du Saint-Siège »; L'évêque Pierre la concéda et la donna à nouveau, séant au chapitre de l'église de Saintes, en présence de ses archidiacres et d'autres chanoines. La charte confirme ce don.
La partie de la charte qui concerne Agudelle rappelle comment Lambert fonda le « lieu d'Agudelle », dans la forêt portant ce nom.
Pierre de Confolens confirme la propriété de Lambert sur ce lieu, sur la forêt et sur les terres en dépendant que Lambert a reçus en donation des fidèles. L'évêque confirme ensuite la donation par l'abbesse Pétronille à Lambert de tout ce qui avait été donné à celui-ci dans la forêt d Agudelle, « sous le nom de Robert ».
Il n'y a pas de raison de douter de l'authenticité de la charte. La souscription de l'évêque semble bien avoir été tout entière écrite de sa main ; celles de l'archidiacre, du chapelain, du chancelier· et de l'archiprêtre qui l'accompagnent sont peut-être aussi écrites de la main de chacun d'eux ; en tout cas il n'y a pas lieu de suspecter l'authenticité de leurs seings ; enfin la charte portait autrefois le sceau épiscopal. .
Par ailleurs la partie du texte relative à Agudelle reproduit une partie des termes de la notice.
On était en droit, en présence de la notice seule, de supposer que son rédacteur avait pu modifier ou interpréter, de façon tendancieuse, le texte de la charte d'accord avec Fontevraud.
La charte de Pierre de Confolens, de par son authenticité, de par son texte, semble tout d'abord être une confirmation de la notice ; en réalité, et bien au contraire, elle justifie pleinement tous les soupçons sur sa véracité.
La thèse de sa notice est entièrement fondée, nous l'avons déjà dit, sur cette formule : « sub nomine domni Rotberti ». Or la charte de l'évêque de Saintes est bien authentique, mais on y a gratté quelques mots et, à la place des mots grattés, on a ajouté, après coup, précisément les mots essentiels de la donation de Fontevraud, telle que la rapporte la notice : « sub nomine domni Rotberti ».
Ce grattage, cette falsification de textes nous permettent de conclure, tout d'abord, avec une grande certitude, à l'authenticité de la charte de confirmation. Si elle avait été falsifiée, ç'aurait été dans· un dessein déterminé, et des modifications de texte postérieures ne s'expliqueraient pas.
Certains seront peut-être tentés de se demander si le changement de quelques mots a bien réellement une portée tendancieuse, s'il n'a pas été fait, très simplement, pour plus de clarté et de précision. Nous croyons être certains du contraire et allons donner les raisons de cette certitude.
Les mots supprimés étaient au commencement d'une ligne. « Sub nomine domni Rotberti » les remplacent, et de telle sorte que « sub » empiète sur la marge. Le grattage a été pratiqué profondément et il est impossible de lire les termes primitifs de la charte. On pouvait être exposé à des bavures en écrivant sur le parchemin aminci : on écrivit avec précaution légèrement au-dessous de la partie la plus profondément grattée. Dans « sub nomine domni Rotberti » les mots et les lettres de chaque mot sont très nettement plus rapprochés les uns des autres que partout ailleurs dans la charte. Le contraste entre l'encre du membre de phrase en question et l'encre antérieurement employée est aussi très grand, mais s'est accentué et peutêtre formé avec le temps.
De ces constatations matérielles nous déduirons, pour l'instant, deux conclusions.
Le grattage fut exécuté assez postérieurement à la rédaction de la charte pour n'être pas la réparation d'un oubli ou d'une erreur du scribe rédacteur, réparation faite aussitôt la rédaction terminée. Cette conclusion apparaîtrait encore plus évidente si les lettres des quatre mots avaient été imitées, autrement dit, n'étaient pas de la main du scribe qui a écrit le reste de la charte. La chose est possible, mais nous n'osons en affirmer la certitude.
Notre seconde conclusion est que « sub nomine domni Rotberti » remplace un autre membre de phrase de moindre étendue.
Que cette modification de texte ait été opérée dans un but intéressé, on n'en peut guère douter quand on connait les démêlés de Lambert avec Pétronille au sujet de la possession d'Agudelle, démêlés contemporains ou de peu postérieurs à la confirmation de Pierre de Confolens.
Avant de les exposer, nous allons essayer de reconstituer la signification du membre de phrase supprimé dans le texte primitif, en recherchant quelle était la nature de la donation faite par Pétronille à Lambert le 2 juillet 1116.
VI
LA DONATION DU 2 JUILLET 1116
Nous avons déjà dit pourquoi le doute sur l'existence de cette donation n'était pas permis (20), Lambert ne pouvait, évidemment, l'inventer de toutes pièces, entrer clans le détail des circonstances qui la précédèrent et la suivirent, citer à son propos divers témoins, donner sa date précise, si elle n'avait été réellement accordée. D'autre part la confirmation authentique de Pierre de Confolens, falsifiée précisément dans la partie où elle cite la donation, serait une nouvelle garantie de son existence, s'il en était besoin.
Si nous connaissions le texte de la donation, nous connaîtrions par là même, avec certitude, l'objet propre du litige pendant entre les deux parties ; nous saurions en quoi consistaient leurs revendications auxquelles mit fin l'accord de 1129. A défaut du texte lui-même, nous pouvons en reconstituer le sens général, tel, du moins, qu'il était présenté par la confirmation de Pierre de Confolens.
Il apparaît quand un lit ce membre de phrase de la confirmation : « Et sicuti abbatissa et sanctimoniales femine Fontis Ebraudi quicquid ... in supradicta silva vobis datum fuerat, in majori oapitulo Fontis Ebraudi dederunt... » Sans doute, nous ne connaissons pas quelques termes de la phrase, ceux qui ont été postérieurement rein placés par : « sub nomine domnni Rotberti ». Mais, très évidemment, quels que fussent ces termes, la donation consistait essentiellement dans l'abandon fait par Pétronille, en faveur de Lambert, des biens donnés à Lambert dans la forêt d' Agudelle. II s'agit seulement de savoir quelle précision les termes supprimés ajoutaient à la donation.
A cet effet, analysons la phrase concernant Agudelle dans la confirmation de Pierre de Confolens.
L'évêque de Saintes confirme tout d'abord à Lambert le lieu d'Agudelle, fondé par Lambert, toute la forêt, les terres en dépendant. C'est là une proposition générale : les deux membres de phrase qui suivent, séparés de cette proposition par la conjonction « ut», ont seulement pour but de l'expliquer, de la préciser, par l'indication de l'origine de propriété des biens confirmés.
Le premier membre de phrase s'applique à l'ensemble des biens mentionnés dans la proposition principale : le lieu d'Agudelle, la forêt, les terres en dépendant qui ont été acquises par donation des fidèles.
Le second membre de phrase vise la donation de Pétronille qui consiste essentiellement, nous le répétons, dans' l'abandon, en faveur de Lambert, des biens donnés à Lambert dans la forêt d'Agudelle: « Quicquid in supradicta silva vobis datum fuerat vobis dederunt abbatissa et sanctimoniales femine ».
En somme Pierre de Confolens confirme à Lambert le lieu d'Agudelle, mais ce lieu, Lambert l'avait reçu en don de l'abbesse et des religieuses de Fontevraud ; l'évêque le concède donc à Lambert tel que Lambert la reçu de Fontevraud.
Il ne lui fait pas deux concessions différentes ; il ne lui fait qu'une seule et même concession répétée sous deux formes différentes, dans deux membres de phrase.
Les termes supprimés et remplacés par « sub nomine domni Rotberti » ne pouvaient donc avoir qu'un sens d'ordre général, et nous croyons qu'ils devaient être « donatione fidelium » ou « liberate fidellum ».
En effet le nombre de phrase relatif à la donation de Fontevraud est construit de façon identique à celui relatif aux donations des fidèles. Celui-ci ce lisant : « ut sicuti ab initio sµpradictum locum.. .. donatione fidelium adquisistis », il nous paraît très plausible de reconstituer ainsi l'autre : « et sicutt abbatissa et sanctimoniales femine Fontis Ebraudi quicquid liberalitate fidelium in supradicta silva vobis datum fuerat ».
Cette reconstitution apparaît d'autant plus certaine qu'avec elle nous allons comprendre tout ce que nos textes ont eu jusqu'ici d'obscur et de contradictoire ; nous saisirons les véritables motifs des falsifications de Lambert.
VII
L'ACCORD AVEC FONTEVRAUD, 1129.
Le trésor de La Couronne contient une charte portant la souscription autographe de Jean, évêque, de Séez (21)
Les archives de Maine-et-Loire conservent la copie d'une autre charte souscrite par Pétronille, abbesse de Fontevraud, sa prieure Augarde, et la religieuse Julienne (22). Elles relatent l'accord conclu à Fontevraud, en 1129, entre Lambert, abbé de La Couronne, et Pétronille, mettant fin aux difficultés pendantes entre eux au sujet d'Agudelle.
Pour faire aboutir cet accord, avec l'évêque de Séez, étaient intervenus ceux de Poitiers (23) et de Saintes (24).
Émanées de deux personnages différents les chartes ne pouvaient être, par suite, calquées l'une sur l'autre. Mais il n'est pas sans intérêt de constater comment tous les passages importants ne varient guère, d'une charte à l'autre, que par leurs formes grammaticales, les termes restant les mêmes.
La seule constatation des difficultés de Lambert avec Fontevraud suffit pour confirmer notre opinion sur le but tendancieux de la notice, et sur les motifs intéressés du grattage de la charte de confirmation; car ces actes sont antérieurs à l'accord de 1129.
Lambert déclare qu'il a entre· mains les chartes de donation d'Agudelle; il déclare qu'il a la charte par laquelle Pétronille, le 2 juillet 1116, lui abandonne les donations à lui faites « sous le nom de Robert ». Ces actes existent bien réellement, sans quoi leur description, dans la notice, ne saurait être aussi précise, et Pierre, évêque de Saintes, ne les eût pas confirmés comme il l'a fait. Si ces actes existent, il suffirait à Lambert de les produire. Pétronille ne saurait renier sa signature donnée si peu d'années auparavant.
Cependant Lambert ne les produit pas; à leur place, il produit une notice qui les résume et qui n'a d'autorité que celle conférée par son propre nom ; il produit, en outre, pour confirmer la notice, une charte originale, mais transformée par l'adjonction, après grattage, des mots qui constituent la thèse de sa notice.
Pétronille méconnaît cette thèse, proteste contre elle; c'est donc qu'elle est tendancieuse, que la transformation du texte de la confirmation épiscopale est, précisément, une falsification de texte; que l'accord primitif de Lambert avec Fontevraud n'est pas tel qu'il le prétend. ·
Voyons d'ailleurs les termes de l'accord définitif de 1129.
En 1116, d'après la notice, Pétronille aurait reconnu que «la plus grande partie de la forêt » avait été donnée à Lambert directement, une petite partie à Lambert, « sous le nom de Robert » ; en 1129 elle reconnaît qu'une « certaine partie » avait été donnée à Lambert, et une « certaine partie » à Robert. En 1116, d'après la notice, elle aurait concédé à Lambert tout ce qui avait été donné à Lambert, sous le nom de Robert; en 1129 elle lui concède tous les droits de Fontevraud sur le lieu d'Agudelle. Bien plus, en 1129 elle reconnaît que ni elle, ni ses religieuses n'ont travaillé dans la forêt, n'ont été investies de cette forêt; mais elle affirme, d'autre part, que, si Lambert et ses frères ont fondé Agudelle, c'est grâce à une concession initiale d'elle, Pétronille, et de ses religieuses.
Ainsi nous apparaît enfin, avec netteté, une partie du désaccord qui séparait Lambert et Pétronille.
La charte de 1129 nous le montre tout d'abord, si l'on peut dire, comme un désaccord de principe. « J'avais la disposition de toutes les donations d'Agudelle, disait Lambert, parce que les unes m'avaient été faîtes directement, les autres sous le nom de Robert », « Sans doute, affirmait Pétronille, des donations ont été faites au nom de Lambert, d'autres au nom de Robert; mais toutes ces donations, j'en disposais comme abbesse de Fontevraud. Je ne conteste pas que vous les ayez mises en valeur, mais, si vous en avez joui, c'est en vertu d'une concession initiale que j'ai bien voulu vous faire »,
Ce qu'on doit traduire, pour Lambert: « C'est en mon nom propre que j'ai reçu les donations, c'est en mon nom propre que]' entends en disposer»; pour Pétronille : « C'est comme disciple de Robert d'Arbrissel que vous avez reçu les donations ; vous ne pouvez en disposer librement, sans mon consentement à moi, supérieure de l'ordre de Fontevraud. »
On peut s'étonner que cette contradiction ait pu se produire, on ne peut nier qu'elle se soit produite.
Nous avons déjà indiqué le résultat de la transaction : elle repoussait la thèse de Lambert et, tout en la repoussant, elle accordait à Lambert ce qu'il demandait comme conclusion de cette thèse. Les dires de Lambert étaient déclarés inexacts, ceux de Pétronille admis : Lambert était considéré comme n'ayant eu la propriété initiale d'aucune des donations d'Agudelle. Seulement Pétronille, si elle obtenait cette satisfaction de principe, perdait tous les avantages qu'elle aurait dit en retirer. Elle abandonnait, en effet, tous ses droits en faveur de Lambert, sans compensation apparente.
Malheureusement, seule la transaction finale nous permet de connaitre les motifs des démêlés entre Lambert et Pétronille; elle ne peut entrer, bien entendu, dans le détail de ces démêlés.
Pour être renseigné sur ce détail, il faudrait pouvoir exposer, en face de la thèse de Lambert, celle que soutint Pétronille avant la conclusion de l'accord. On petit seulement la soupçonner.
Du moins, dès l'instant, nous sommes en· mesure d'affirmer les origines Fontevristes de Lambert, de reconstituer les circonstances de la fondation d'Agudelle, et il nous est permis de considérer Lambert comme l'auteur ou l'inspirateur des falsifications de texte tendant à supprimer le souvenir de ces origines et des conditions vraies de la donation que lui avait faite Fontevraud.
VIII
LA CONVERSION DE LAMBERT PAR ROBERT D’ARBRISSEL.
Lambert doit être compté au nombre des disciples de Robert d'Arbrissel,
S'il n'avait pas été son disciple, il ne l'aurait pas appelé « mon père bien-aimè (25) » ; s'il n'avait pas été son disciple, il ne se serait pas fait donner à nouveau, par Fontevraud, les donations qu'il avait lui-même reçues des fidèles ; s'il n'avait pas été son disciple, on ne saurait expliquer la concession que lui fit Fontevraud des biens dont il avait pris possession immédiatement après leur donation.
Il convient dès lors de se demander à quelle époque remonte la conversion de Lambert, et pourquoi il se sépara de Robert aussitôt après la fondation d'Agudelle.
Nous avons en dehors des chartes déjà citées, deux chroniques locales qui nous renseignent sur Lambert : les Gesta Pontificum et Comitum Enqolismensium, et la Descriptio successionum sive gestorum ecclesiae de Corona éditée sous le titre de Chronique latine de l'abbaye de La Couronne (26)
Celle-ci n'est pas antérieure, dans sa première partie, au 27 novembre 1201.
L'auteur des Gesta écrivait son récit bien antérieurement, peu après 1159; il avait donc connu Lambert qui mourut très âgé, en 1149.
Voici ce que disent les Gesta au sujet de Lambert jusqu'au jour où il devint abbé de la Couronne (27) :
Lambertus, natione Engolismensis, vico Palude, patre Fulcherio, matre Leggardi natus ... Qui ab Ademaro episcopo sacerdos ordinatus, ecclesiae Sancti Johannis de Palude capellanus fuerat, qui in ea congregavit conventum fratrum religiose ibi viventium. Processu vero temporum ecclesiam de Corona a primo lapide aedificavit. In qua, prometus in abbatem, de ecelesia Sancti Johannis de Palude conventum religiosum transtulit in Corona ..
Voici maintenant, en ce qui touche le même sujet, les dires de la Chronique latine de La Couronne, postérieure, nous le répétons, d'environ 50 ans à la précédente (28) :
1... Cum tempus faciendi Domino advenisset, et locum de Corona, qui tunc hominum inhabitatione earebat, servorum suorum frequentia decorare decrevisset, erat in pago Engolismensi, qui ab adjacenli palude nomen accepit, juvenis quidam ingenuus et clericus, nomine Lambertus, unde etiam et progenitores ipsius exstitisse noscuntur.
Ipse quidam strenuus ac juvenili probitate praecellens, sed sicut in talibus fieri solet, levitati ac venationi magis quam ecclesiasticis officiis rebusve divinis intendens ...
Cum itaque bis et hujus modi juvenilibus studiis ageretur, ille qui respicit terram et facit eam tremere respexit cor et animam ejus, ac visitavit eam oriens ex alto, ut de salsugine secularis conversationis fructifera fieret per gratiam spiritalia exercitationis.
Imitatus proinde beatissimi patris nostri Augustini votum, cujus imitaturus erat et actum et habitum, sicut de illo legitur, quod proficiendi in religione eidem amoris ardor innatus est; ita iste, sanctae religionis amore concepto, euro jam ad gradum presbyterii pervenisset, atque a domno Ademaro, Engolismense episcopo, in ecclesia Sancti Johanuis de Paludibus capellanus constitutus fuisset, in eadem ecclesia habitum sanctae religionis accepit, et conventum fratrum religiose secum viventium congregavit, ac secum aliquos Domino pariter servientes adjunxit.
IV. Anno igitur ab Incarnattons Domint millesimo centesimo vicesimo secundo,….. in dominica qui intitulatur In Passione Domini, in festo Beati Gregorii quod est quarta idus martii, ordinata solemniter ac devote processione in ecclesia Sancti Johannis, .. egressi sunt [fratres] de saepedicta ecclesia in qua eos primo congregaverat in unum Christi amor, et…. locum de Corona ad promerendum vitae aeternam coronam novi habitatores ingressi sunt.
Ibique domnus Girardus, Engolisrnensis episcopus et Sanctae Romanae Ecclesiae legatus ... eos in ecclesia sanctae Dei Genitricis excepit ... Venerabilem vero Lambertum, qui prius a fratribus canonice fuerat electus, primo sub professione regularis habitus benedixit, ac deinde ipsi consecrationem cum nomine et officio abbatis imposuit ... Quoniam autem, ut praelibavimus, ingressum istum dominica in Passione, Deo donante, contigit evenisse, domnus Lambertus, in sequenti Domini Resurrectione, caeteris fratribus canonici habitus benedictionem induxit ... Quantum autem ex scriptis antiquis computare potuimus, ante ingressum Coronae, apud ecclesiam Sancti Johannis per XX annos, vel eo amplius, in Del servitio permanserunt. -
On pourrait croire, à lire les éditions qui en ont été faites, que le chroniqueur a complété, un peu plus loin, ce qu'il avait déjà dit, en reproduisant mot pour mot le texte des Geste depuis « Lambertus natione Engolismensis », jusqu'à « maximae religionis », En réalité tout ce passage a été ajouté, après coup, à la rédaction primitive de la chronique : dans le manuscrit (29) t il a été écrit, en marge de cette rédaction, par une autre main, d'une écriture différente et, croyons-nous, à une époque sensiblement postérieure. On ne Peut donc l'attribuer à l'auteur de la chronique.
Ainsi, en ce qui concerne les parents de Lambert, sa naissance à La Palud, son ordination par Adémar, sa nomination comme chapelain de La Couronne, le chroniqueur du XIIIe siècle ne fit que copier celui du XIe.
Dès lors il est permis de ne pas tenir compte du calcul d'après lequel Lambert aurait mené la vie conventuelle, avec ses compagnons, pendant vingt ans ou davantage, à La Palud, avant d'entrer à La Couronne. Aussi bien ce calcul est-il présenté bien dubitativement : « Quantum autem ex scriptis antiquis computare potuimus »; et il est facile de se rendre compte comment le moine de La Couronne l'a établi.
Adémar, évêque d'Angoulême, est mort en 1101 (30). Lambert, ordonné par lui, prit possession de La Couronne en 1122.
Le chroniqueur de La Couronne fait remonter à la même date la prêtrise et la conversion de Lambert, et en conclut qu'il mena la vie conventuelle à La Palud-pendant vingt ans au moins.
C'est là une interprétation abusive des Geste. Les Gesta disent seulement que Lambert fut ordonné prêtre par Adémar, c'est-à-dire en 1101 au plus tard, qu'il fut chapelain de La Palud, qu'il réunit dans l'église de ce lieu un couvent de chanoines, qu'ensuite il transporta ce convent à La Couronne. Mais ils ne nous disent pas à quel moment se fit la conversion de Lambert, c'est-à-dire, au sens ancien du mot, à quel moment il résolut de mener la vie régulière.
Le chanoine chroniqueur paraît avoir des informations beaucoup plus sûres quand il nous donne les détails de l'entrée solennelle de Lambert et de ses compagnons à La Couronne, le dimanche de la Passion, 12 mars 1122; quand il nous montre Girard recevant, ce même jour, la profession religieuse de Lambert, et l'instituant abbé du nouveau monastère; quand il rapporte comment le nouvel abbé, huit jours plus tard, donnait l'habit de chanoine à ses compagnons.
Si Lambert fit profession le 12 mars 1122, si ses compagnons reçurent seulement ensuite l'habit canonial, on peut légitimement en conclure que Lambert n'avait pas institué le convent à La Palud beaucoup avant 1122.
Dès lors nous sommes amenés à supposer que la conversion de Lambert, c'est-à-dire la décision prise par lui, à l'instigation de Robert d' Arbrissel, de suivre la vie religieuse, ne doit pas être antérieure, ou de très peu, aux premières donations des fidèles de la forêt d'Agudelle, c'est-à-dire à 1115.
Cette hypothèse se transforme en une quasi certitude en présence de ce renseignement donné par le chroniqueur de La Couronne sur Fouchier Arrade qui gouverna l'abbaye pendant l'épiscopat de Lambert (31) : « Lambertus regimen ecclesiae de Corona dedit uni de fratribus, nomine Fulcherio Arradi, qui, ab initio conversionis, in religione ac devotione ipse individu us comes existerat. »
Or la famille des Arrade était des environs de Jonzac, tout proche d'Agudelle. Un autre des premiers compagnons de Lambert, Guillaume Fouchier, était, lui aussi, originaire des environs d' Agudelle (32).
Si Fouchier Arrade, le premier compagnon de Lambert, appartenait à une famille de la région d'Agudelle ; si Guillaume Fouchier, le premier connu des compagnons de Lambert après Fouchier Arrade, était lui aussi originaire de la même région, on doit admettre, jusqu'à preuve du contraire, que Lambert n'eut pas de compagnons avant la fondation d'Agudelle, que, par conséquent, sa conversion remonte à la même époque, c'est-à-dire vers 1115.
Comment ne pas rappeler ici qu'en cette même année 1115 Robert d' Arbrissel séjourna à Angoulême (33).
En résumé, Lambert fut ordonné prêtre au plus tard en 1101; il devint chapelain de La Palud à une date inconnue, peut-être immédiatement après sa prêtrise. Lambert fut ensuite converti par Robert d' Arbrissel, très probablement en 1115, en tout cas peu avant.
Pourquoi· Lambert se sépara-t-il de son « père bien ... aimé »? Nous entrons ici dans le domaine de l'hypothèse mais d'une hypothèse que bien des considérations rendent très vraisemblable.
Lambert était un simple chapelain, Fontevraud un ordre puissant. Cependant Lambert ne craignit pas d'abandonner Fontevraud ; il put, malgré cet abandon, conserver la donation d'Agudelle. Bien plus, ayant posé les fondements d'un monastère (1118), ce monastère ne mit pas plus de quatre ans à s'élever (34).
Dans tout cela on doit, selon nous, reconnaître l'intervention active de Girard, évêque d'Angoulême (1101) et légat du Saint-Siège (1107).
On ne saurait trop insister sur l'importance du rôle joué par ce prélat. Une vaste intelligence, le don de commandement, l'art des intrigues, une éloquence persuasive, une activité hors de pair, il mit tout cela, sans grande conscience, peut-être, au service d'ambitions très hautes, et réalisa vraiment de grandes choses avant de sombrer, par orgueil, dans le schisme d' Anaclet (35).
Quand Lambert, converti par Robert d' Arbrissel, voulut fonder un prieuré, il lui fallut susciter des dons, recruter des disciples, poursuivre des négociations délicates. Ses initiatives furent couronnées d'un plein succès, grâce à son caractère, à son talent, à son activité.
Girard découvrit alors la valeur du chapelain de La Palud. Recherchant avec passion tout ce qui pouvait ajouter à l'éclat de sa ville épiscopale, il pensa que Lambert était susceptible d'y contribuer.
C'était l'époque où partout surgissaient des fondateurs de familles monastiques nouvelles.. Girard décida sans doute Lambert à jouer en quelque sorte ce rôle. Son intervention permet seule d'expliquer comment Lambert put garder les donations d'Agudelle. Sans aucun doute Girard contribua, pour la plus large part, à grouper de nombreux disciples autour de lui; à ériger, tout près d'Angoulême, avec une rapidité surprenante, et d'après des plans importants,· le monastère de La Couronne.
Ainsi le désir du légat Girard de faire toujours plus grande l'importance et la notoriété de sa ville épiscopale expliquerait comment Lambert se détacha de l'ordre de Fontevraud et, au lieu de gouverner le prieuré Fontevriste d’Agudelle en Saintonge, fonda un monastère aux portes d'Angoulême.
Il y a là une hypothèse; mais c'est la seule, nous semble-t-il, qui satisfasse à toutes les questions' soulevées par les actes que nous venons d'étudier, et à, ce que nous savons de l'histoire de l'Angoumois au commencement du XIIe siècle; on peut même dire qu'elle y satisfait parfaitement.
Combien de temps avant de poser les premières pierres de La Couronne (1118) Lambert s'est-il séparé de Fontevraud?
A défaut de certitude nous pouvons présenter à nouveau une hypothèse très probable.
L'accord de 1116 n'est pas un mythe. Il fut le premier essai de règlement de l'affaire d'Agudelle. La question est de savoir si cette affaire pouvait donner lieu à un accord' à un règlement constaté par charte, au cas où Lambert n'aurait pas encore désiré rompre avec Fontevraud.
On ne conçoit guère de fait que Lambert, décidé à se soumettre à Pétronille, à la reconnaitre comme sa supérieure, à quelque titre que ce fût, ait eu besoin d'une charte pour régler les conditions de ce supériorat. L'existence indubitable de la charte du 2 juillet 1116 permet donc de croire que, dès cette époque, Lambert désirait ne plus reconnaître Pétronille pour sa supérieure, diriger ses frères en ·toute indépendance.
IX
LES ORIGINES FONTEVRISTES DE LAMBERT ET LA FONDATION D'AGUDELLE.
Nous avons étudié successivement la notice de Fontevraud, la notice de. Lambert, la donation de Pétronille, abbesse de Fontevraud (2 juillet 1116), la confirmation de Pierre, évêque de Saintes (1122-1125), la transaction entre Lambert et Pétronille (1129). Chacun de ces actes pris à part a une signification spéciale. Dans leur ensemble, quand on les rapproche, quand on les compare, les faits qu'ils mentionnent, les termes qu'ils emploient revêtent une toute autre valeur. Derrière ce qu'ils disent d'officiel et de convenu, derrière leur façade, nous découvrons quelques parcelles de vérité et nous en pressentons d'autres. Ces parchemins jaunis nous présentent de curieuses scènes de la vie monastique dans le premier quart du XIIe siècle.
Nous ne distinguerons pas, point par point, dans le récit qui va suivre, ce qu'il contient de certain, de probable ou seulement de vraisemblable, nous étant déjà efforcé de l'établir par lei; discussions qui précèdent (36).
Lambert; originaire de La Palud, ordonné prêtre au plus tard en 1101 par l'évêque d'Angoulême Adémar, devenu chapelain de Saint-Jean de La Palud, fut converti en 1115 ou peu avant par Robert d'Arbrissel.
Voulant suivre les exemples de son maître il chercha un lieu désert pour mener la vie érémitique. La forêt d'Agudelle, près de Jonzac, lui parut propre à fonder un prieuré.
Les seigneurs des environs, les La Roche, seigneurs de Jonzac, les Montendre, les Mirambeau, les Barbezieux, les Testaud, les Arrade, les Fouchier, les Morel s'empressèrent de lui faire ou de lui attirer des offrandes, de lui servir de témoins.
Renaud, évêque de Saintes, lui donna l'église de Salignac dont dépendait la forêt d'Agudelle.
Ce n'était pas le chapelain d'une petite paroisse des environs d'Angoulême qu'assistaient tout d'abord cet évêque et ces seigneurs, mais le représentant du réformateur plein de fougue et d'autorité qu'ils avaient pu voir en Saintonge au cours de ses voyages de prédications; qu'ils avaient pu rencontrer à la cour d'Aquitaine objet de respect et d'admiration ; dont leur duc se montrait le protecteur.
Celui-ci n'avait-il pas, peu d'années auparavant, fondé un monastère, « fait unique dans son existence » déjà longue, pour un converti de Robert, à Orbestier (37).
Les donateurs affluèrent donc à Agudelle durant les années 1115 et 1116.
Ils donnaient au disciple du grand orateur populaire, de l'ascète vénéré. Plusieurs même, pour mieux marquer le motif qui les animait, donnaient à Robert lui-même et aux religieuses de Fontevraud.
Ainsi les chartes de donation portaient soit le nom de Lambert, soit le nom de Robert. Mais si elles portaient le nom de Robert, ce n'était pas que Robert fût présent, ou du moins qu'il comptât mettre lui-même les donations en valeur; c'était parce que Lambert était le converti de Robert, parce qu'il agissait sous son patronage et en s'aidant de sa paternelle direction.
En réalité ce fut Lambert qui construisit une chapelle à Agudelle, qui prépara et sans doute commença le défrichement de la forêt, en un mot qui reçut toutes les donations sous quelque forme qu'elles fussent rédigées, et qui fonda le prieuré d'Agudelle.
Quelques frères se groupèrent autour de Lambert, et tout d'abord deux membres de familles anciennes et puissantes du pays, Fouchier Arrade et Guillaume Fouchier. Une chapelle s'éleva dans la forêt avec l'autorisation de l'évêque de Saintes; la messe y fut célébrée. C'était la marque de la prise de possession définitive des donations.
Cependant l'ordre de Fontevraud venait d'être mis tout entier: par son fondateur, sous la direction d'une femme, Pétronille de Chemillé.
Lambert écrivit à « son très cher père » Robert et prit le chemin· de Fontevraud avec Guillaume Fouchier et Geoffroy de Lignières. Dès lors, peut-être sur la demande du légat Girard II, évêque d'Angoulême, en tout cas encouragé et appuyé par lui, Lambert pensait à rompre les liens qui pouvaient le rattacher à Fontevraud, à fonder un monastère tout près d'Angoulême;
Qu'allait donc devenir Agudelle donné conjointement à Robert d'Arbrissel et à Lambert ? ·
Nous ne pouvons connaitre la marche des négociations de Lambert à Fontevraud. Il voulait, évidemment, tenter de conserver Agudelle. Pour Pétronille la situation était fort délicate. Il lui fallait, avant tout, ne pas mécontenter le légat, à la bienveillance et à l'autorité de qui elle pouvait avoir constamment besoin de recourir. Contrainte sans doute en quelque sorte par la nécessité, elle se décida à consentir une donation à Lambert, mais dans les termes les plus généraux, en présence de Robert d'Arbrissel lui, même et de la prieure Augarde.
Cette donation était verbale. Lambert revint en sa demeure, rédigea une charte relatant les circonstances et l'objet de la donation, et chargea· le frère Fouchier Arrade et Fouchier de Bécheresse de la porter à Fontevraud.
Pétronille, le jour de la fête des saints martyrs Procès et Martinien, 2 juillet 1116, réunit le chapitre plénier du monastère pour recevoir ces messagers. Elle lui exposa l'affaire et lut fit connaitre la donation. Puis, pour confirmer celle-ci, tout le couvent des religieuses se leva, à la demande de l'abbesse, et prononça Amen.
Ensuite Pétronille traça de sa main une croix sur la charte de donation, et après elle la prieure Augarde, puis la sous-prieure. La donation était cette fois parfaite.
La possession d'Agudelle procurait trop d'avantages à Lambert pour qu'il négligeât tout ce qui était susceptible d'asseoir et de fortifier son autorité sur œ lieu. Les chanoines de Saintes, dont la mense n'était pas encore distincte de celle de l'évêque, renouvelèrent et confirmèrent solennellement, à Angoulême, entre les mains du légat Girard, le don fait par leur évêque, Renaud, de la paroisse de Salignac.
Au bout de quelques années, entre 1122 et 1125, Lambert s'adressa au successeur de Renaud, Pierre de Confolens. Il lui demanda confirmation du don de l'église de Salignac ; il lui demanda plus encore, de lui confirmer, sous forme de don et de concession, toutes ses possessions d'Agudelle, telles qu'il les avait fondées et reçues de Fontevraud. Pierre de Confolens répondit favorablement à cette demande et souscrivit la charte qui en faisait foi conjointement avec Amauvin, son archidiacre, Béraud, son chapelain, Guillaume, son chancelier, Airaud, son archiprêtre. Selon toutes probabilités Lambert voulait se garantir par cet acte contre des revendications qu'il prévoyait prochaines.
De fait, les dissentiments entre Lambert et Pétronille qui déjà, peut-être, existaient, se firent très vite plus aigus, l'abbesse de Fontevraud ayant jugé le moment favorable pour revendiquer ses droits.
Lambert considérait qu'il était devenu, par la donation de 1116, propriétaire de toutes les oblations des fidèles à Agudelle; il estimait, en outre, se trouver, grâce à elle, indépendant de Fontevraud . C'est en ce sens qu'il fit rédiger la confirmation de l'évêque de Saintes. Celle-ci revêtait une importance de tout premier ordre pour sa thèse. Il semble certain, en effet, qu'il n'y avait, au moment des démêlés de Fontevraud et de La Couronne, qu'un seul exemplaire de la charte de 1116, celui possédé par La Couronne. Lambert pouvait donc se dispenser de produire cette charte dont les termes risquaient de tourner à son désavantage. Il était en droit de penser qu'il lui suffirait de s'appuyer sur la confirmation de l'évêque de Saintes qui paraissait mettre sa possession à l'abri de toute discussion. Il affirma donc que le prieuré d' Agudelle lui appartenait parce qu'il l'avait fondé, parce que les moniales de Fontevraud le lui avaient donné, et s'offrit à le prouver.
Cependant Pétronille, de son côté, s'offrait à prouver que les offrandes des fidèles d'Agudelle n'avaient pas été faites seulement en faveur de Lambert, mais aussi en faveur de Robert d' Arbrissel et des religieuses de Fontevraud.
Une notice fut rédigée dans ce sens à Fontevraud : elle résumait un acte de donation à Robert d' Arbrissel, en signalait d'autres, énumérait des témoins. Pétronille rappelait que, si Lambert avait reçu des offrandes en son nom, c'était comme disciple de Robert d'Arbrissel. Pétronille partait de ce fait pour caractériser la nature de la donation de Fontevraud à Lambert.
Lambert, disait-elle, fut un disciple de Robert d' Arbrissel. Puisque des donations ont été faites à Agudelle. au nom de Robert d' Arbrissel et des religieuses de Fontevraud sans que jamais ni Robert ni les religieuses de Fontevraud ne soient intervenus personnellement, c'est que les donations faites à Lambert s'adressaient au disciple de Robert d' Arbrissel.
D'ailleurs la cession par Fontevraud à Lambert des donations faites au nom de celui-ci implique, pour Fontevraud, le droit de disposer de ces donations; elle n'implique pas l'abandon complet des droits de Fontevraud sur ces donations. Lambert n'est à Agudelle que le représentant de Fontevraud. Le prieuré d' Agudelle, constitué en partie par les donations faites à Lambert, comme disciple de Robert d'Arbrissel, en partie par les donations faites à Robert d'Arbrissel, est une filiale de Fontevraud, doit suivre les règles de tout prieuré Fontevriste.
Avec une telle argumentation la confirmation de l'évêque de Saintes ne pouvait plus être d'aucune utilité à la cause de Lambert. Celui-ci portait alors le titre d'abbé. Dans la paroisse de La Palud qu'il avait dirigée comme chapelain, en un lieu appelé La Couronnelle et qu'on nomma alors La Couronne, s'était construit un important monastère.
Lui et ses frères en avaient pris solennellement possession le 12 mars 1122 (38). Depuis lors la prospérité du monastère de La Couronne s'était rapidement accrue.
Au moment où les plaintes de Pétronille, devenant très vives, l'obligèrent de recourir à l'arbitrage, Lambert, toujours assuré de l'appui du légat Girard, jouissait donc en outre, par luimême, d'une grande influence. Il se décida à un coup de force.
Il affirma qu'il avait pleinement et librement disposé des donations qui avaient été faites à son nom aussitôt ces donations faites; il affirma que les donations faites au nom de Robert d'Arbrissel étaient en très petit nombre par rapport aux donations faites en son nom; il affirma qu'il avait, dès l'origine, disposé des donations faites au nom de Robert dans les mêmes conditions que de celles faites à son nom, et cela, grâce au consentement de Robert lui-même, grâce à la concession que lui en avaient aussitôt faite l'abbesse Pétronille, sa prieure et sa sous-prieure; il affirma enfin que cette concession, l'abbesse de Fontevraud et les religieuses l'avaient solennellement confirmée en octroyant la charte du 2 juillet 1116.
Pour appuyer de telles affirmations Lambert ne pouvait se servir de la charte de 1116. Celle-ci avait été vraisemblablement expédiée, nous l'avons déjà dit, à un seul exemplaire. Aussi Lambert; ou bien ne la produisit pas, ou bien en produisit le texte falsifié.
S'il ne falsifia pas le texte même de la charte de 1116, il falsifia le texte de la confirmation de Pierre de Confolens.
Le texte primitif disait : « L'abbesse et les religieuses de Fontevraud ont donné à Lambert tout ce que les fidèles lui avaient offert dans la forêt d'Agudelle ; à notre tour et après elles, nous le lui concédons.
Le texte falsifié par un grattage et par la substitution aux mots grattés de mots nouveaux, signifiait : « Lambert a fondé Agudelle grâce aux dons des fidèles, nous lui confirmons la possession de ce lieu. L'abbesse et les religieuses de Fontevraud ont confirmé à Lambert tout ce que les fidèles lui avaient déjà donné sous le nom de Robert; nous approuvons et appuyons cette confirmation. »
Les falsifications de textes sont courantes au moyen- âge; elles ne représentaient pas, pour les hommes de ce temps, le caractère de gravité que nous leur reconnaissons aujourd'hui. Elles apparaissaient même à beaucoup comme très admissibles, lorsqu'elles venaient à l'appui d'un droit justement revendiqué.
Quand Lambert transforma, par la substitution de quelques mots à d'autres préalablement grattés, le sens de la charte de confirmation de l'évêque de Saintes, ne croyait-il pas à la justice de sa cause? Sans doute il est impossible de l'affirmer, mais il est impossible aussi d'affirmer le contraire.
La clef du problème repose dans l'Interprétation de la donation de 1116 concédée de mauvaise grâce par Pétronille. Lambert a-t-il volontairement faussé le sens de la donation à son profit? Tout au contraire, Pétronille voulut-elle profiter d'un certain vague dans les ternies de cette donation pour reprendre en partie ce qu'elle avait d'abord concédé ? Ou bien Lambert et Pétronille étaient-ils tous deux de bonne foi dans leur 'interprétation différente du même acte ? On ne le saura sans doute jamais.
Émus de la discorde de deux personnages vénérables, Guillaume, évêque de Poitiers, Jean, évêque de Séez, Guillaume, évêque de Saintes, Intervinrent.
Pétronille eut particulièrement égard aux conseils de l'évêque de Poitiers qui déjà, à plusieurs reprises, venait d'intervenir en faveur de son ordre; l'évêque de Séez servit d'intermédiaire à Lambert. Soucieux de la paix et de la tranquillité dans les lieux saints, ils travaillèrent à faire aboutir une transaction qui ramenât la concorde.
L'an de l'Incarnation 1129, Pétronille réunit son chapitre plénier. Les évêques de Poitiers, de Séez, de Saintes, Lambert y assistaient avec de nombreux clercs. Solennellement, Pétronille affirma que tout ce que Lambert possédait à Agudelle, il le devait à la libéralité de Fontevraud. Ensuite, prenant le livre de la règle de son ordre, dont on se servait pour la lire au chapitre, elle le mit entre les mains de chacun des évêques, puis entre les mains de Lambert, voulant signifier ainsi qu'elle donnait et concédait tous les droits de Fontevraud sur Agudelle à Dieu, à l'église de Notre-Dame de La Couronne, et aux frères de cette église. Elle réservait seulement un marc d'argent de redevance annuelle.
Pétronille paraissait, en fin de compte, avoir le beau rôle. Plus ou moins explicitement, elle faisait reconnaître ses droits, les abandonnait ensuite. Lambert, lui, atteignait son but; il gardait Agudelle en toute indépendance de Fontevraud.
. Une bulle confirmative des possessions de La Couronne, donnée par Innocent II le 18 mars 1142 (39), mentionne le prieuré d'Agudelle. Une autre bulle du pape Lucius II, en 1144, avait spécialement pour but d'approuver et d'affirmer la convention de 1129 (40).
Cependant Mathilde, fille de Foulques, comte d'Anjou, l'année même où elle prit la succession de Pétronille comme abbesse de Fontevraud, en 1150, ne craignit pas d'émettre à nouveau des prétentions sur Agudelle.
Junius, abbé de La Couronne, n'eut pas besoin, cette fois, de recourir à des moyens· frauduleux.
En présence de l'archevêque de Bordeaux, des évêques de Poitiers, d'Angoulême et de Périgueux, les parties convinrent de se conformer à la décision de l'accord conclu en 1129·. Il fut décidé, en outre, que l'archevêque de, Bordeaux interviendrait désormais seul pour mettre fin aux différends de La Couronne et de Fontevraud au sujet d' Agudelle, s'il s'en produisait de nouveaux (41).
Depuis lors, la tranquillité des abbés de La Couronne ne fut plus troublée par les entreprises des abbesses angevines.
J .· DE LA MARTINIÈRE, Archiviste du Morbihan.
PIECES JUSTIFICATIVES
I
1115-1129.
Notice relatant les donations faites par divers, dans la fôret d’Agudelle, à Robert d’Arbrissel et aux religieuses de Fontevraud.
Original parchemin. Archives de Maine·et-Loire, H, fonds de l'abbaye de Fontevraud, liasse d’Agudelle.
·
Publié par: Paul de Fleury, chartes saintongeaises de l'abbaye de La Couronne, 1116-1475, dans les Archives historiques de la Saintonge et de l’Aunis, t. VII, p.27
Notum sit omnibus hominibus, tam presentibus quam futuris, quod Rannulfus Barbotis et uxor ejus, nomine Emperia, pro anime sue et parentum suorum salute, dederunt Deo et Beate Marie domnoque Rotberto de Arbrissello et sanctimonialibus ecclesie Fontis Evraldi, quicquid habebant in nemore quod dicitur Agudela, testibus Goframno de Pirciaco et eodem Rannulfo Barbotini ; necnon ceteri barones, quicquid in eodem nemore habebant, similiter sanctimonialibus predictis dederunt : Benedictus David, Rairnundus Guillelmi, Giraudus Mozardus, Aimericus de Bilzac, Ramuulfus Tanat, Rotbertus Siguini, Ranulfo Barbotini, et Benedicto, David testibus. Hujus eciam donacionis donatores fuerunt : Rennullus Donati, Ogerius Savarici, Iterius Rennulfi, Iterius Morelli, Rigaudus de Berbezil, Renmundus Chaillach, sub horum testimonio : Gonfranni de Pirciaco, Rennulfi de Milliaco, Petrus de Grageria, Rigaudus de Cereis, frater ejus.
II
1116-1129.
Notice de Lambert, chapelain de Saint-Jean de La Palud, relatant la fondation du prieuré dAgudelle et la donation que lui fit Pétronille, abbesse de Fontevraud, de ce prieuré.
Original parchemin.· Archives de la Charente, fonds de l’abbaye de La Couronne, prieuré d’Agudelle.
Publié par : J.F. Eusèbe Cartaigne, Chronique latine de l’abbaye de La Couronne, Parid, Aubry, 1864, p. 111-114 ; Paul de Fleury, Chartes saintongeaises de l’abbaye de La Couronne, l.c., p. 28-31.
In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti. Ego Lambertus, indignus sacerdos ecclesie Sancti Johannis de Paludibus, certitudinem veritatis volo relinquere omnibus nostris successoribus et ceteris fidelibus de loco et de terris et de edificiis et de silva que apellatur Agudella, ut si aliquando, quod absit, aliqua questio inde orta fuerit, ad perpetuum memoriale veritatis, videlicet ad cartulam istam, recurratur. Hoc autem in primis certum facimus cunctis quod in dono quod fecerunt fideles de silva ista, annum ab Incarnatione Domini et indictionem et kalendam simpliciter notare non possumus, quia, nimia multitudine donantium, alia dona sunt facta anno ab Incaruatlone Domini millesimo centesimo quintodecimo, indictione octava, alia millesimo centesimo sextodecimo, indictione nona, regnante Lodovico rege Francorurn, et Guilelmo, duce Aquitanorum, et existente Rainaldo, episcopo Sanctonensium, epacta quarta. De signis vero et de crucibus, et de subscriptione donantium et de diversa materia scribentium, neminem dubitare permittimus, quia alii tam viri quam mulieres propriis manibus subscripserunt, alii ut pro eis subscriberetur perceperunt, et secundum diversa tempora donantium diversi fuere scriptores nominum ipsorum. De testibus quoque, qui dona viderunt, quia eximia multltudine omnes numerare non possumus, paucos qui pene omnia dona viderunt numeramus, hos videlicet, Guilelmum Fulcherii, sacerdotem, et Fulcherium Arradi, et Rotbertum de Maislas, et complures clericos et milites, Ricardum de Monte Andronis, Poncionem de Mirembello, Ramnullum Barboti, Guilelmuw Aimeric, Guilelmum de la Rocha, Arnaldurn Testaudi, Guilelmum Arradi, Aldoinum de Berbezillo, Iterium Maurel, ceteros ex nimietate vitamus. Dona quoque que fecerunt fideles, ex maxima parte fecerunt Deo, et nobis, et fratribus nostris, ex quadam parte vero domino Rotberto et nobis ; illi autem qui sub nomine domini Rotberti nobis dederunt, postea manifeste et aperte nobis dederunt. Nos enim, sicuti dilectissimo patri nostro ei per litteras nostras mandaveramus, ut si sub nomine lpslus aliquis locus daretur, ipse concederet, et in hoc nostre peticioni assensum preberet, ipse vero, sicuti nobis testes fuerunt Petronilla electa abbatissa Fontis Evraudi, et Augardis priorissa ej usdem loci, assensum nobis prebuit, et juxta voluntatem nostram concessit. Que Petronilla ab ipso domino Rotberto et a generali conventu electa abbatissa, postea in generali et majori capitulo Fontis Evraudi veniens, saniori consilio fratrum, et communi voluntate sancti monalium, quicquid sub nomine domni Rotberti nobis datum fuerat nobis et fratribus nostris in perpetuum concessit et dedit, et ut donum firmius maneret, propria manu sua subscripsit. Donum vero quod factum est in capitulo Fontis Evraudi hujusmodi est. Postquam, Domino adjuvante, consilio et voluntate Sanctonensis episcopi, in illa silva capellam fecimus, et misterium sacri corporis et sanguinis Jhesu Christi ibi celebravimus, consilio fratrum nostrorum Fontem Evraudi perreximus, et ibi, presentibus fratribus videlicet Rainerio sacerdote, eo tempore archipresbytero, et Andrea, et Hylario, et Guilelmo Fulcherio qui nobiscum erat, sacerdotibus, et Gaulrido de Linerias, quicquid in illa silva domno Rotberto et nobis datum fuerat Petronille, electe abbatisse, ad opus sanctimonallum totum obtulimus, ut locum ilium susciperent et haberent. Ipsa vero se inde consillum accipere respondit. Que post tercium diem responsum inde nobis faciens, quia karitative eis locum obtuleramus, ipsum nobis rursus karitative obtulit, et quod ipsa et sanctimoniales femine locum illum nullatenus susciperent vel haberent, omnino et pluribus responsionibus affirmavit. Cartulam quoque illam, quam jam de dono silve ????? ibi habebamus, et quod illam susciperent et retinerent eis presentavimus, quod similiter ipsa abbatissa se facere denegavit, sed quicquid in illa silva, sub nomine domni Rotberti datum fuerat nobis concessit et dédit. Postquam autem a partibus illis discessimus, et ad partes nostras venimus, sicuti ipsa abbatissa nobis preceperat, misimus Fontem Evraudi fratrem nostrum Fulcherium Arradi et Fulcherium de Beserecia euro cartula ista. Ipsa vero abbatissa, in generali et majori capitulo, Fulcherium Arradi cum cartula ista introduxit, et quemadmodum maxima pars silve nobis data fuerat, parva vero domno Rotberto, et quemadmodum, se audiente, ipse concesserat, sanctimonialibus indicavit ; et quecumque in illa sil va sub nomine domni Rotberti data fuerant nobis et fratribus nostris in perpetuum ibi concessit et dedit, et ad confirmacionem hujus doni totum Conventum sanctimonalium assurgere et amen respondere fecit; ipsa quoque propria manu signum Sancte Crucis in cartula ista fecit, similiter et priorissa et subpriorissa. Ad majorem vero hujus doni confirmationem, ut semper posset manere, unam libram incensi que per singulos annos monasterio Fontis Evrandi redderelur censum ibi posuit, salva tamen omnino ex omni parte in perpetuum nobis et fratribus nostris in tegritate et libertate tocius loci, excepta libra incensi. Nos autem, inter eruces et nomina ipsorum qui dederunt veritatem cartule ila intexuimus quia decebat ut primum dona fierent et postea scriberentur, Hoc vero generale donum factum est in capitulo Fontis Evraudi, anno ab Incarnacione Domini millesimo centesimo sextodecimo, indictione nona, sexto nonas julii, in festivitate sanctorum martirum Processi et Martiniani, epacta quarta, in Romana sede existente papa Paschali, régnante Lodovico rege Francorum, et Guilelmo, duce Aquitanorum.
III
1122-1127.
Confirmation par Pierre de Confolens, évêque de Saintes, en faveur de l’abbaye de La Couronne, des donations de la forêt d’Agudelle et de l’église Saint-Pierre de Solignac.
Original parchemin. jadis scellé sur double queue de parchemin. Archives de la Charente, fonds de l'abbaye de La Couronne, prieuré d'Agudelle.
Publié par: Paul de Fleury, Chartes saintongeaises de l'abbaye de La Couronne, l. c., p. 31-32.
Petrus, Dei gracia Xantonensis episcopus, venerabilibus fratribus Lamberto et ceteris in ecelesia Beate Marie de Corona omnipotenti Domino servientibus, salutem. Quamdiu episcopali auctoritate fungimur, et curam sancte Ecclesie licet indignus gerimus, justis votis assensum prebere et rationabilibus peticionibus (42) adquiescere, atque defensioni religiosorum locorum, quantum possumus, Domino Deo auctore, providere debemus. Locum itaque in foreste que Agudella dicitur situm, quem tu et fratres tui, dilecte in Xhristo fili Lamberte, ab initio edificastis, cum tota silva et terris ad se pertinentibus, tibi et fratribus tuis in ecclesia Beate Marie de Corona Xhristo famulantibus, in perpetuo concedimus et damus, ut, sicuti ab initio supradictum locum et silvam et terras et cetera ad se pertinentia, donatione fidelium adquisistis, ita vobis et successoribus vestris in perpetuum quieta et illibata permaneant, salva canonica reverentia Xantonensis episcopi, et sicuti abbatissa et sanctimoniales femine Fontis Ebraudi quicquid SUB NOMINE DOMNI ROTBERTI (43) in supradicta silva vobis datum fuerat, in generali et majori capitule Fontis Ebraudi dederunt, et censum ibi posuerunt, et abbatissa et priorisse, suis propriis manibus subscripserunt, et ad confirmationem hujus doni cuncte cetere surgentes amen responderunt, ita vobis in perpetuum concedimus, ut quiete et pacifice vos et successores vestri habeatis et possideatis. Ecclesiam vero Sancti Petri de Salinac, in cujus parochia supradicta silva dicitur esse sita, quam bone memorie predeeessor noster Reinaudus, Xantonensis episcopus, jam vobis dederat, presentibus testibus Guillelmo de Concampo, Rotberto de Maislans, Beraudo canonico nostro, Guillelmo cancellario, Guillelmo Fulcherii, et quam canonici Xantonensis ecclesie postea in manu Girardi, Sancte Romane Sedis legati, vobis Engolisme concesserant, et nos in generali capitulo Xantonensis ecclesie, presentibus archidiaconis nostris Amalvino et Joscelmo, et ceteris canonicis vobis concessimus et dedimus, ita in perpetuurn habeatis et possideatis eum omnibus ad se pertinentibus, concedimus et confirmamus, salve jure canonico Sanctonensis episcopi. Ad confirmationem vero hujus dont propria manu nostra subscripsimus, et sigillo nostro muniri fecimus.
Ego Petrus Sanctonensis ecclesie episcopus propria manu subscripsi ss. (44)
S. (45) Amalvini archidiaconi ss.
S. Beraudi capellani ss.
S. Guillelmi cancellarii ss.
S. Airaudi -archipresbyteri ss.
IV
1129.
Charte de Jean, évêque de Séez, rapportant la convention par laquelle Pétronille, abbesse de Fontevraud, cède à Lambert et à l’abbaye de La Couronne tous les droits de Fontevraud sur le lieu d’Agudelle
Original parchemin, jadis scellé sur double queue. Archives de la Charente, fonds de l'abbaye de La Couronne, prieuré d'Agudelle.
Publié par : Paul de Fleury, Chartes saintongeaise de l’abbaye de La Couronne, l.c.p. 32-34.
Ego Johannes, Dei gracia Sagiensis episcopus, notam facio presentibus et futuris concordiam que nostra sollicitudine et nostro consillo facta est inter Lambertum, abbatem Beate Marie de Corona el inter Petronillam, abbatissam, et sanctimoniales Fontis Ebraudi, in generali capitule Fontis Ebraudi. Convenientes itaque in supradicto capitulo, ego Johannes, episcopus Sagiensis, et Guilelmus, episcopus Sanctonensis, et Guilelmus, episcopus Pictavensis, et plures clerici nostri, et circumstante generali conventu sanctimonialium, Petronilla, abbatissa Fontis Ebraudi exposuit, audientibus cunctis, de loco qui dicitur Agudella, unde querela orta fuerat, et unde concordia fleri debebat, quemadmodum quedam pars illius loci data fuerat Lamberto; supradicto abbati, et fratribus ejus, quedam vero domno Robberto ; et exposuit quod ipsa et sanctimoniales: nichil in supradicto loco laboraverant, numquam investite fuerant, sed supradictus abbas Lambertus et fratres sui, ab inicio, concessione sua et sanctimonalium, eundem locum edificaverant et habuerant ; et accipiens regulam, in qua legitur in capitulo, in manu nostri, et in manu Guilelmi, Sanctonensis episcopi, et Guilelmi, Pictavensis episcopi, et in manu Lamberti abbatis, cum eodem libro totum dédit et concessit quicquid erat juris ecclesie Fontis Ebraudi, et quicquid erat sui juris et sanctimonalium in loce qui dicitur Agudelle, totum inquam dedit Deo et ecclesie Beate Marie de Corona et fratribus in ea Domino servientibus, ut eeclesia Beate Marie de Corona et fratres ibidem Domino servientes locum Agudelle libere et absolute in perpetuum habeant et possideant. Retinuit tamen ibi abbatissa Fontis Ebraudi, concessione Lamberti abbatis, et concessione captiuli Beate Marie de Corona, ut ecclesia Beate Marie de Agudella censualiter per singulos annos reddat unam marcam argenti ecclesie Fontis Ebraudi in Assumptione Beate Marie, marcam dico ego et legalis argenti et recti ponderis. Pro hac itaque supradicta concordia laboravimus, pro pace et quiete sanctorum locorum solliciti fuimus, hanc concordiam inter utramque ecclesiam ita disposuimus, et ut nulli harum ecclesiarum ulterius liccat hanc concordiam deserare, violare, vel perturbare, hanc auctoritate Dei et nostra concedimus et confirmamus. Et ut hec concordia in presentia nostra et in manu nostra et supradictorum episcoporum facta certior habeatur et firmior, in cartula ista propria manu nostra subscripsimus, et sigillo nostro munivimus. Factum est autem donum istud in gcnerali capitule Fontis Ebraudi, anno Incarnationis Dominice M° C° XX° VIIIII°, presidente in Romana sede Honorio papa secundo, et regnante rege Francorum Lodovico. Interfuerunt huic concordie archidiacones nostri, et plures clerioi et laici,
Ego Johannes Sagiensis episcopus propria manu subscripsi, +.
V
1129.
Charte de Pétronille, abbesse de Fontevraud, relatant la convention conclue entre elle et Lambert au sujet du lieu d’Agudelle.
- Copie dans le Catalogue ou inventaire des chartes du grand cartulaire de Fontevraud, XVII° siècle, aux Archives de Maine-et-Loire, d’après le n° 143 du Cartulaire.
B. Publi » en partie par Jean de la Mainferme, Clypeus nascentis Fontebraldensis ordinis….novas editio ; Paris, 1684-1692, t. II, p. 32-33.
Ego Petronilla, abbatissa Beatae Mariae Fontis Ebraldi, notum fieri volo praesentibus et futuris concordiam quam fecimus de loco qui dicitur Agudella cum Lamberto, abbate Beatae Mariae de Corona. Consilio igitur venerabilis patris nostri Willelmi Pictavensis episecpi, et Willelmi Xanctonensis episcopi, et (a) Jobannis Sagiensis episcopi, (b) et consilio religiosarum personarum et sororum nostrarum sanctimonalium, convenientes in generali capitulo Beate Marie fontis Ebraldi, presentibus supradictis episcopis et plurimis religiosis personis, et circumstante generali conventu sanctmonialium, solemne donum fecimus Deo et ecclesiae Beatae Mariae de Corona et Lamberto abbati, et fratribus ibidem omnipotenti Deo (c) servientibus, de loco qui dlcitur Agudelle (d), Ego itaque Petronilla supradicta abbatissa, audientibus cunctis, exposui quemadmodum quaedam pars Agudellae (e) data fuerat supradicto Lamberto et fratribus ejus, quaedam vero pars domino et patri nostro Roberto (f), et quemadmodum ipse Lambertus et fratres sui nostra concessione ab initio locum Agudellae aedificaverant, coluerant et habuerant. Quare (Ms. = quod) accipiens ego Petronilla regulam in qua legilur in capitulo, in manu supradictorum episcoporum et in manu Lamberti abbatis, cum eodern libro, totum dedimus et concessimus quidquid erat nostri juris et ecclesiae Fontis Ebraldi supradiotae ecelesiae B(eatae) M(ariae) de Corona, ut fratres ibidem Domino servientes libere et absolute in perpetuum habeant et possideant, et ad confirmationem nostri doni generalis conventus (g) amen respondit (h). Retinuimus tamen ibi, concessione Lamberti abbatis, et concessione capituli Beatae Mariae de Corona, unam marcam argenti ut ecclesia B(eatae) Mariae de Agudelle censualiter per singulos annos reddat unam marcam argenti ecclesiae Fontis Ebraldi in Assumptione B(eatae) Mariae (i), marcam dico ego et legalis argenti et recti ponderis. Nos, ad conflirmationem hujus doni, in cartula ista, propria manu nostra subscripsimus, et sigillo nostro munivimus. Factum est donum istud in generali capitulo Fontis Ebraldi, anno Incarnationis Dominicae MCXXVIIII, prresidente in Romana Sede Honorio papa secundo, et regnante rege Francorurn Ludovico.
Ego Petronilla, abbatissa Fontis Ebraudi, propria manu subsripsi.
Ego Audegardis, priorissa Fontis Ebraudi, (subscripsi).
Ego Juliana subscripsi (j),
Interfuerunt autem huic dono supradicti (k) episcopi, et Gaufridus de Laureolo, et Rogo de Deserto, Bernardus (l) de Mota, et Boernundus precentor Xantonensis, et Jeannes canonicus Xantonensis, et decanus S. Petri Pict(avensis), et archidiaconus et cantor Sagiensis, et multi clerici (m) et plures laici.
a) Consillo, ajouté par B; - b ) Depuis et concillo jusqu'à conventu sanctimonalium inclus, omis par B. c) Domino, B; - d) Agudula, R. - Depuis Ego ltaque jusqu'à quemadmodum inclus, omis par B; - e) Agudellae, omis par B; - g) Depuis et quemadmodum jusqu'à et possideant inclus, omis par B ;- g) Conventus sanctimonalium, B; - h) Respondit amen,B; - i) Unam maream argenti per singulos annos ecclesiae Fontis Ebraudi in Assumptione Beatae Mariae reddendam, B. - Depuis marcam dico jusqu’à munivimus inclus, omis par B ;- j) Etc., B; - k) Hugo, B; - l) Bernardus de Mota, omis par B; - m) Cum supradictis episcopis, B.
VI
1144, après le 9 mars.
Bulle du pape Lucius II approuvant et confirmant la convention de 1129.
Original parchemin. Archives de la Charente, fonds de l’abbaye de La Couronne, prieuré d’Agudelle.
Publié en partie par : Paul de Fleury, Chartes saintongeaises de l’abbaye de La Couronne, l.c. p. 34-35.
Lucius, episcopus, servus servorurn Dei, dilectis filiis Helie, abbati ecclesie Sancte Marie de Corona, ejusque fratribus tam preseutibus quam futuris regularem vitam professis, in perpetuum. Que a fratribus nostris rationabiliter fiunt auctoritatis nostre assensu nos convenir roborare. Cujus rei gratia, ad exemplar predecessoris nostri bone memorie pape lnnocentii, concordiam inter ecclesiam Fontis Ebraudi et prefatam ecclesiam Beate Marie de Corona a venerabilibus fratribus nostris Willelmo Pictaviensi, Willelmo Xantonensi, Johanne Sagiensi episcopis, et Gaufrido nunc Burdegalensi archipiscopo, de loco Agudelle rationabiliter (deux ou trois mots supprimés par une déchirure) scriptis pariter etsigillis firmatam, ratam habemus, et incouvulsam futuris temporibus observari decernimus, ut (deux ou trois mots supprimés) predicte ecclesie Fontis Ebraudi unam marcam argenti annuatim, et non amplius persolvat, sed ipsum locum, cum omnibus pertinentiis suis, quiete et libere deinceps vestra ecclesia habeat et possideat. Nulli ergo hominum liceat prefatam ecclesiam super his aut aliis tenere, perturbare, aut aliquas vobis exinde contrarietates inferre ; si quis autem, ausu temerario, ad attemptare presumpserit, indignationem Omnipotentis Dei et beatorum Petri et Pauli apostolorum ejus incurrat, et excommunicationi subjaceat; conservantes autem hec eorumdem apostolorum benedictionem et gratiam consequantur. Amen, amen, amen.
Rota avec la devise: Ostende nobis, Domine, misericordiam tuam.
Ego Lucius, Catholice Ecclesie episcopus, subscripsi.
Monogramme du Bene Valète. -
+ Ego G(re)g(orius), presbyter cardinalis tituli Calixti, ss (46)
+ Ego Goizo, presbyter cardinalis tituli Sancte Cecilie, ss.
+ Ego Thomas, presbyter cardinalis tituli Vesline, ss.
+ Manfredus, presbyter cardinalis tituli Sancte Sabine, ss.
+ Ego Corradus, Sabinensis eplscopus, ss.
+ Ego Theodwinus, Sancte Rufine episcopus, ss.
+ Ego Albericus, Ostiensis episcopus, ss.
+ Ego Stephanus, Prenestinensis episcopus, ss.
+ Ego Imarus, Tusculanensis episcopus, ss.
+ Ego Petrus, Albanensis episcopus, subscripsi.
+ Ego Gregorius. diacouus cardinalis Sanctorum Sergii et Bachi, ss.
+ Ego Otto, diaconus cardinalis Sancti Georgii ad Velum aureum, ss.
+ Ego Gido, diaconus cardinalis. ss. Sanctorum Cosme et Damiani.
+ Ego Gerardus, diaconus cardinalis Sancte Marie in Domnica, ss.
+ Ego Guido, in Rom(ane] ecclesia altaris minister iudignus, ss.
+ Ego Gregorius, diaconus cardinalis Sancti Angeli, ss.
+ Ego Johannes, diaconus cardinalis Sancti Adriani, ss.
Datum Laterani, per manum Baronis, capellani, ..... indictione VII, Incarnationis Dominice anno M°C°XL°IIII°pontificatus domni Lucii pape anuo l°.
VII
1150, 26 aout.
Charte de Junius, abbé de La Couronne, relatant l’accord intervenu entre Mathilde, abbesse de Fontevraud, et lui, au sujet d' Agudelle, par lequel tous deux s'engagent à suivre les clauses de la convention de 1129 et à s'en rapporter à la décision de l'archevêque de Bordeaux au cas ou un nouveau différend viendrait à se produire.
Original parchemin. Archives de Maine-et-Loire, fonds de Fontevraud, liasse d' Agudelle.
Ego.Junius, inutilis et indignus minister ecclesie Beate Marie de Corona. omnibus tam presentibus quam futur is. Omnis actio eo magis rata haberi solet, ex antiqua sanctorum Patrum institutione, si scripti ratione roborata fuerit et legitimarum suffulta testimonio personarum. Proinde notum fieri volumus quia concordiam que olim facta fuerat inter ecclesiam nostram et. ecclesiam Fontis Ebraudi, de loco qui dicitur Agudella, per manum atque consilium venerabilium patrum Willelmi Pictavensie, Guillelmi Xantonensis, Johannis Sagiensis episcoporum, aliorumque plurium religiosorum virorum, facta inquam et utriusque ecclesie sigillo confirmata, nos quoque, cum postea questio exinde suborta fuisset, in manu et presentia domini et patris nostri Gaufridi. Burdegalensis archiepiscopi, et sub testimonio dominorum Guisleberti Pictavensis, Hugonis Engolismensis, Raimundi Petragoricensis venerabilium episcoporum, sopita adinvicem ormni querela, eaudem concordiam, communicato fratrum nostrorum generali consilio, concessimus, et ad memoriam et ad munimentum rei, presentem inde cartulam fieri et sigillo nostro roborari fecimus, ita tamen ut, singulis annis, in Assumptione beate Marie, pro eodem loco de Agudella dato et concesso ecclesie nostre ab ecclesia Fontis Ebraudi, idem ipse locus de Agudella censualiter reddat ecclesie Fontis Ebraudi unam marcham meri argenti ad justum pondus, sicut jam olim,
concessum et scripto confirmatum esse dinoscitur. Ut igitur nulla in posterurn debeat hec concordia temeritate turbari, nulla perversitale infringi, eandem concordiam, de communi consilio ecclesie sue, domna Matildis, abbatissa Fontis Ebraudi, concessit et sigillo suo confirmavit ; sed et predictus dominus archiepiscopus et tres episcopi qui aflueruut, sicut dictum est, precibus nostris et ejusdem abbatisse inclinati , ad majorem certitudinem scriptis et sigillis suis eandem concordiam nichilominus coufirmaverunt. Convenimus autem ad inviocem ut, si forte questio super hoc futuris temporibus oriretur, ad nullum nisi ad predictum archiepiscopum vel successorem suum qui pro tempore fuerit, propter hoc hinc vel inde recurreretur, et quod ab eodem archiepiscopo exinde statutum foret, ab utraque parte, sine omni reclamatione, observaretur ; si vero vol nostram vel alteram partem, pro contradictione adverse partis, de necessitate majorem audientiam ob id adire oporteret , nichilominus complaciturn fuit ut rationabiles expense sibi ex integro ab adverse parte persolverentur. Factum est autem hoc apud Fontem Ebraudi, VII° kalendas septembris, presentibus jamdictis archiepiscopo et episcopis, Bernerie Nucariensi, Petro Sancti Amancii abbatibus, Petro Pictavensi, Helia Lemovicensi archidiaconis, Reinaldo priore Sancte Radegundis, multisqne aliis tam clericis quam laicis, anno ab Incarnatione Domini M° C° L°, indictione XIII (a), epacta XX(a), Romano poutlûce domino Eugenio IIIe, Lodovico rege Francorum et duce Aquitanorum.
VIII
1150, 26 aout.
Confirmation par les évêques de Poitiers, d’Angoulême et de Périgueux en présnece de l’archevêque de Bordeaux, de l’accord conclu entre Mathilde, abbesse de Fontevraud, et Junius, abbé de La Couronne.
Copie du XIVe siècle dans le Cartulaire de Fontevraud à la Bibliothèque nationale, nouvelle acquisitions latines, 1414, fol. Ancien VIIxx XXI V° , fol nouveau 22v°, charte n° 364.
Rubrique : « De Corona. Confirmacio episcoporum ».
G(uislebertus) Pictavensis, Hu(go) Engolismensis, R(aimundus) Petragoricensis, per Dei gratiam episcopi, universis Ecclesie Dei fidelibus tam presentibus quam per sucoedentia tempera postiuturis in perpetuum. Quociens postulatur quod racioni consentaneum et eciam ad pacem ecelesiarum pertinere dinoscitur , ad concedendum moram facere non opportet, nec justa desideria que magis foveoda sunt, differi videantur. Eapropter. noverit universitas vestra dilectam nobis in Christo Matildim, abbatissam Fontis Ebraudi, necnon et dilectum in Domino fratrem nostrum Julium, abbatem de Corona, communi consilio et assensu capituli utriusque ecclesie sue, sopita invicem omni querela que de novo inter se suborta fuerat super loco de Agudella, concessisse in manu et in presencia nostra, et sigillis scriptis vicissim confirmasse, ut concordia quam olim factam fuisse inter utramque ecclesiam super eodem loco de Agudella, testimonio multorum, et ex scriptis earumdem ecclesiarum novimus, consilio venerabilium episcoporum bone memorie Willelmi Pictavensis, Willelmi Xanctonensis, Johannis Sagiensis, aliorumque plurium religiosorum virorum qui interfuerunt, inconcussa et illibata futuris semper temporibus diligenter observetur, ita videlicet ut ecclesia de Corona eundem locum de Agudella dono et eoncessione ecclesie Fontis Ebraudi habeat et possideat libere et quiete quantum ad ecclesiam Fontis Ebraudi spectat, sub pensione unius marce argenti ad justum pondus censualiter, per singulos annos in Assumpcione Beate Marie persolvende a sepedicto loco de Agudella ecclesie Fontis Ebraudi. Nos quoque, partibus utriusque partis inclinati, eamdem concordiam confirmantes, per presentem paginam sigillorum nostrorum robore comrnunitam, ut in sua semper stabililate permaneat, nec aliorum temeritate frangatur, memorie commendandam hoc decrevimus. Non autem pretermittendum duximus quod utrique parti complacitum fuit ut, si forte super hoc ampli us discordarent, ad nullum nisi ad dominum Burdegalensem archiepiscopum hinc vel inde recursum haberent, mandatum ejus exinde sine omni reclamacione semper observaturi. Quod si pars altera, pro contradicione alterius partis necessitate compulsi, aliquam majorem audienciam adiret, couvenerunt ad invicem ante nos ut racionabiles expensas illi ex integro pars adversa persolveret.
Factum est autem hoc apud Fontem Ebraudi, in manu G[aufridi] Burdegalensis archiepiscopi, qui et ipse hoc idem vice metropolitana (47) et sigillatis litteris suis confirmavit, presentibus nobis, et Bernerio Nucariensi, P(etro) Sancti Amancii abbatibus, P(etro) Pictavensi, Elia Lemovicensi archidiaconis, Raginaudo priore Sancte Radegundis, anno ab lncarnacione Domini MCL, indiccione tercia, decima epacta, Eugenio III Romano pontifice regnante, Ludovico rege Francorum et duce Aquitanie.
Ego W. Gilebertus, Pictavensis episcopus subscripsi + (et) (48)
Ego Hugo, Engolisrnensis episcopus, subscripsi + (et) (48)
Ego Raimundus, Petragoricensis episcopus, subscripsi +
Sigoum Bernerii, Nucariensis abbatis.
Signum Petri, abbatis Sancti Amancii.
Siguum Petri, Pictaviensis archidiaconi.
Signum Helie, Lemovicensis archidiaconi.
Signum Rager (49), prioris Sancte Radegundis.
Les abbesses de l'abbaye de Fontevraud <==
CHRONOLOGIE DES ÉVÊQUES DE SAINTES DE 268 À 1918. <==
(a).Historia pontificum et comitum Engolismensium, publiée par E. Castaigne, dans Rerum Engolismensium scriptores, Angoulême, Grobot, 1853, p. 52-53, cf. aussi sur Lambert et La Couronne : Chronique latine de l’abbaye de La Couronne, publiée par J.F Eusèbe Castaigne, Paris, Aubry, 1864 ; et l’abbé Blanchet, Histoire de l’abbaye royale de Notre-Dame de La Couronne, en Angoumois, Angoulême, Chasseignac, 1887-88. Moyen Age, t. XXIV.
1, Agudelle, comm., cant. et arr. de Jonzac (Charente-Inférieure) ..
2. Ch.-1. d'arr. (Charente-Inférieure).
3. Les passages entre guillemets sont extraits de la Vie de Robert d' Arbrissel, par Baudri de Bourgueil.
(4). Sur les sources de la vie de Robert d'Arbrissel et de l'histoire des premières années de Fontevraud, cf. Molinier, Les souces de l'histoire de France, n° 1945, 2063-2065.
(5). Châtres, comm, de Saint-Brice (Charente).
(6). Documents inédits sur la Saintonge et l’Aunis du XlIe au XVIIe siècle, publiés par Paul Marchegay dans les Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis, t, V, p. 17:18.
(7). Paris, Picard, 1903, · t. 1, p. 447.
(8). L'abbé Maratu, Girard, évêque d'Angoulême, légat du Saint-Siège (vers 1060-1136). Angoulême, Goumard, 1866; passim.
(9). Pièce justificative 1.
(10). Pièce justificative II.
(11). Ecole des Chartes. Positions des thèses soutenues par les élèves de la promotion de 1907 pour obtenir le diplôme d'archiviste-paléographe. Mâcon, Protat, 1907, p. 51-56.
(12). Colmant, l. c., p. 54.
(13). Colmant, l. c., p. 53
(14). Colmant, l. c., p. 53.
(15). Colmant, t. c . , p. 55.
(16). De 1117 à 1127.
(17). Pièce justificative III. Elle n'est pas antérieure à 1122, date où Lambert prit possession de l'église Notre-Dame de La Couronne (L'abbé Blanchet, l. c. p. 1.6). D'ailleurs la mort de Pierre de Confolens peut n'être pas antérieure à 1127 (Gallia christiana, t. II, col. 1068-1069). · ·
(18). Comm., cant. de Mirambeau, arr. de Jonzac (Charente-Inférieure).
(19). De 1111 à av. 1117.
(20). Cl. ci-dessus, pp. 7, 9-10, 12-13.
(21) De 1124 à 1143. Pièce justificative IV.
(22.) Pièce justificative V
(23). Guillaume Alleaume, 1124-1140.
(24). Guillaume Gardrat, 1127-1139.
Moyen Age, t. XXIV
(25). Pièce justificative II, p. 36.
(26). Cf. ci-dessus, p. 1, n. 1
(27). L. c., p. 52.
(28). L. c., p. 18 et s.
(29). Archives de la Charente, fonds de La Couronne,
(30). Gesta pontificum, l. c., p. 41, n. 1.
(31). Chronique latine, l. c., p. 27.
(32). Cartulaire de l'abbaye de Saint-Etienne de Baigne, publié par M. l'abbé Cholet. Angoulême, 1867. Cf. la table aux mots Arradus et Fulcherius.
(33). Cf. ci-dessus, p. 5.
(34). L'abbé Blanchet, l. c
(35). L'abbé Maratu, l. e., et J. de La Martinière, Saint-Cybard. Paris, Picard, 1908, pp. 255-258.
(36). Les détails du récit se retrouvent tantôt dans l'une, tantôt dans l'autre des pièces justificatives.
(37). Alfred Richard, l. c., p. 452.
(38). L'abbé Blanchet, l. c,
(39). Archives de la Charente; fonds de La Couronne.
(40). Pièce justificative VI.
(41). Pièces justificatives VII et VIII.
(42). Ms. = petioctonibus.
(43). Les quatre mots en petites capitales remplacent, dans la charte, d'autres mots préalablement grattés.
(44). A la suite de chacune des suscriptions se trouvent des signes de formes variées que nous représentons par ss. .
(45). Devant ce nom et les trois suivant se trouve un S barré.
(46). Les ss sont suivis tantôt d'un point, tantôt d'une virgule, tantot d'une virgule surmontée de deux ou trois points. Les signes typographiques ne se prêtant pas à cette figuration, nous mettons partout ss.
(47), Sic; sans doute pour: jure metropolitano,
(48). Et doit être attribue au copiste du XIVe siècle.
(49). Sic,