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PHystorique- Les Portes du Temps
10 janvier 2023

1246 mai, Orléans le roi Louis IX convoque la noblesse d'Anjou et du Maine - Constatation de la coutume locale

1246, mai, Orléans le roi Louis IX convoque la noblesse d'Anjou et du Maine - Constatation de la coutume locale concernant le bail féodal et le rachat

En 1246, saint Louis voulant connaître exactement quelle était la coutume d'Anjou et du Maine par rapport au bail ou tutelle noble et au rachat, c'est-à-dire au droit payable lors de la mutation de propriétaire d'un fief, convoqua à Orléans les nobles de ces deux provinces.

Toutes ces coutumes féodales étaient orales ; aussi lorsqu’on voulait préciser un point de droit, réunissait-on la noblesse locale qui précisait sa doctrine et la faisait transcrire (« enquête par tourbe »).

Louis IX voulait savoir qu’elle était la coutume de l’Anjou et du Maine touchant le droit de bail (tutelle d’enfants nobles mineurs) et le droit de rachat (de mutation).

L’âge de la majorité des femmes n’étant pas déterminé par la coutume, le roi le fixa de sa propre autorité à quinze ans.

Comparurent :

Pierre, comte de Vendôme, Geoffroi, vicomte de Châteaudun, Hugues de Bocé, Pierre de Chamilly, A., vicomte de Melun; Geoffroi la Grand'Dent de Lusignan (Seigneur de Vouvant), Geoffroi de Châteaubriant, Hamelin d'Autenaise, Guillaume de Sillé, Raoul de Thorigny, Hamelin le Franc, Renaud et Robert de Maulevrier, frères, Payen de Chaource, Jouin de Doué, Jocelin de Beaupréau, Aimeri de Blèves, Jacques de Châteaugontier, Herbert des Champs, Olivier de Neuville, Jean de Gonnord et Thibaud de Blazon.

 Ils firent la déclaration qui suit :

 En Anjou, toute veuve d'un noble ou d'un feudataire a le bail de ses enfants et de sa terre, et ne paye de rachat que si elle se remarie. Si elle décède, le bail appartient au plus proche parent du côté paternel ou maternel, selon que les biens viennent du père ou de la mère.

Tout baillistre d'une jeune fille doit donner sûreté de ne la pas marier sans le consentement du seigneur. Quand une veuve se remarie, son époux fait hommage et paye le rachat consistant en une année de revenu. Le rachat n'est point dû par le fils pour l'héritage de son père, ni par le frère pour celui de son frère.

Le baillistre héritier présomptif du fief n'aura pas la garde des enfants. — Dans le Maine, la veuve remariée perd le bail de la terre provenant de son premier mari. L'âge de majorité des femmes nobles n'étant pas déterminé par la coutume, 'le Roi décida qu'à quinze ans révolus elles seraient admises à prêter hommage.

 


Déclaration de la noblesse de l’Anjou et du Maine précisant, à la demande du roi Louis IX et en sa présence, les articles de la coutume féodale qui concernent les successions, la tutelle des fiefs et l’âge légal des héritiers pour accomplir la prestation d’hommage.


Archives nationales, J//178/A, pièce no 20 (AE/II/244)

Universis presentes litteras inspecturis, P. (Petrus) comes Vindocinensis, Gaufridus vicecomes Castriduni, Hugo de Bauceio, Petrus de Chamilli, A. (Adam) vicecomes Meleduni, Gaufridus de Lezeigniaco, Gaufridus de Castro Briencii, Hamelinus de Altinesia, Guillelmus de Salliaco, Radulphus de Torigni, Hamelinus Francus, Renaudus, Robertus de Maloleporario, fratres, Paganus de Chaorse, Joudoinus Doe, Jocelinus de Bellopratello, Haimericus de Blue, Jacobus de Castro Gunterii, Herbertus de Campis, Oliverus de Novavilla, Johannes de Gonnor et Theobaldus de Blazon, salutem.

 

 Notum facimus quod, cum dubitaretur ab aliquibus de consuetudine ballorum et rachatorum Andegavie et Cenomannie, excellentissimus et karissimus dominus noster Ludovicus, Dei gratia Francie rex illustris, volens cognoscere super hoc veritatem, et quod erat dubium declarare, nobis apud Aurelianum coram ipso vocatis, habito nobiscum tractatu et consilio diligenti, communi assertione nostra didicit de consuetudine terrarum illarum quod talis est, videlicet quod relicta alicujus nobilis vel alterius feodati habet in Andegavia ballum liberorum suorum et terre, et non facit rachatum nisi se maritet, et si ipsa moriatur, ille habet ballum qui magis propinqus est ex parte patris vel ex parte matris, ex parte cujus hereditas movet.

Quicumque etiam, sive mater, sive aliquis amicorum, habeat custodiam femine que sit heres, debet prestare securitatem domino a quo tenebit in capite quod maritata non erit nisi de licentia ipsius domini et sine assensu amicorum.

Et si relicta nobilis vel alterius feodati se maritet, maritus suus facit homagium domino et solvit rachatum ; et rachatum est valor terre unius anni.

Dominus autem non habet rachatum de patre ad filium, nec de fratre ad fratrem ; et omnes alii qui tenent ballum, debent homagium domino et debent solvere rachatum. Ille autem qui tenet ballum, si terra debet ad ipsum devenire, non habet custodiam puerorum, immo propinquior post ipsum ; et habent pueri benefactum de terra patris et matris sue secundum valorem terre et secundum statum suum.

Et quicumque tenet ballum, debet facere rachatum, solvere debita et tenere ballum in bono statu. Est autem etas heredis masculi faciendi homagium domino et habendi terram suam, quam cito idem heres ingressus fuerit vicesimum primum annum.

De ballis et rachatis Cenomannie, nos barones Cenomannenses idem dicimus, hoc excepto quod vidua perdit ballum terre moventis ex parte patris puerorum in Cenomannia quam cito se maritat, et ille qui ballum habet facit homagium domino et solvit rachatum nisi sit frater defuncti.

 Sciendum est tamen quod Feritas Bernardi et castellania Feritatis aliam habent consuetudinem quantum ad rachata.

Quia vero super etate feminarum certa consuetudo non inveniebatur, idem dominus rex de assensu nostro statuit et ordinavit quod femina non maritata, postquam quintum decimum annum compleverit, habeatur legitime etatis ad faciendum homagium domino et ad habendum terram suam.

Hec autem omnia supradicta, prout superius continetur, de communi consilio et assensu nostro idem dominus rex voluit et precepit de cetero imperpetuum observari. In cujus rei testimonium, sigilla nostra presentibus litteris duximus apponenda. Actum Aurelianis, anno Domini millesimo ducentesimo quadragesimo sexto, mense maio.

— Ce document important pour l'histoire du droit était scellé primitivement de vingt-deux sceaux en cire verte, dont il ne reste plus que dix-neuf. (Voy. Teulet, Layettes du Trésor des Chartes, t. II, p. 617 et 618.) Minuscule gothique, presque cursive.

 

 

Moyen-Age - voyage au temps de GEOFFROY LA GRAND’DENT et l’Ancienne Famille de Lusignan- (Le Roman et l’Histoire) <==

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