Aliénor d’Aquitaine, Lois Maritimes les Rôles d'Oléron, appelés aussi Jugements d'Oléron
Aliénor d’Aquitaine, Lois Maritimes les Rôles d'Oléron, appelés aussi Jugements d'Oléron
Les Rôles d'Oléron, sont un recueil de jugements compilés en un code à la fin du XIIe siècle par décision d’Aliénor d'Aquitaine, et qui ont été utilisés comme code maritime dans toute l’Europe. Ils sont à l’origine de la Loi de l'Amirauté britannique.
Ces lois sur la mer médiévale étaient d'un point crucial dans l'histoire du commerce et de l'exploration. La Rôles d'Oléron ont été promulgués par Aliénor d'Aquitaine vers la fin du XIIe siècle, après avoir obtenu des pouvoirs de vice - royal à son retour en Angleterre. Ces lois ont été basées sur l'ancienne Lex Rhodia / Rhodian droit de la mer (vers 900-800 avant JC) régissant le commerce méditerranéen.
Ils ont été bien son nom après l'île française d'Oléron, le site de la cour maritime associée à la Guilde de l'Atlantique - la guilde des marins les plus puissants du temps.
Après avoir été traduits en Angleterre , ils ont été traduits, et notamment, le roi Henri VIII les publier comme « Le jugement de la mer, des maîtres, des navigateurs et des marchands, et toutes leurs actions ».Les rôles d'Oléron et d'autres lois sur la mer qui ont commencé à partir de lui pendant cette période ont été largement distribués au cours des années plus tard par le format imprimé par Estienne Cleirac (1583-1657), et ont été inclus plus tard dans le Livre noir de l'amirauté.
Ce fut pendant un séjour qu'elle fit dans son ile favorite, qu'appelant autour d'elle les hommes d'âge et de savoir, interrogeant l'expérience des vieux mariniers.
L'héritière des ducs d'Aquitaine fil rédiger dans le vieux castrum, jadis placé au nord-est de la ville actuelle du Château, le fameux code nautique connu sous le nom de « Rôles ou jugements d’Oléron » (1152).
Ces règlements maritimes, qui ont servi de base à toutes les ordonnances et dispositions postérieures sur cette matière, sont empruntés aux lois rhodiennes qu'Aliénor avait vu pratiquer dans le Levant (Revus el augmentés ils ont été imprimés à Rouen en 1625 sous le titre de Jugements d’Oléron touchant le fait de mer. des nefs, des maistres, compaignons, mariniers et aussi des marchands et de tout leur estre).
La jeune reine s'efforça surtout d'abolir par des règlements sévères un usage barbare depuis longtemps établi sur la côte d'Oléron.
Lorsqu'un navire était jeté par la tempête contre le rivage, les gens du pays au lieu de porter secours aux naufragés, donnaient la mort à ceux qui s'échappaient à la fureur des flots et s'enrichissaient de leurs dépouilles.
« Icelle manière de gens, dit Aliénor, dans les Rôles d'Oléron, doit prendre le seigneur du lieu et en faire justice et punition et doivent être mis en la mer et plongés tant qu'ils soient à demi-morts, et puis les retirer dehors et les lapider et assommer comme on fait les loups et les chiens enragés ».
Les généreux efforts de la jeune reine ne purent déraciner un abus que l'égoïsme avait érigé en droit et qui subsista longtemps après elle.
Ce code passe en Angleterre avec la Duchesse après sa répudiation par le roi de France en 1152. (D'Angleterre il passe en Hollande puis en mer Baltique et en Méditerranée.)
Après son divorce, Aliénor épousa le duc de Normandie et du Maine devenu, moins de deux ans après. Henri II, roi d'Angleterre. Elle lui apportait en dot le duché de Guyenne, le Comté de Poitou et la Saintonge Ainsi l'Ile d'Oléron passa sous la domination anglaise.
En 1159, Aliénor octroya aux Oléronnais, de nouveaux privilèges, et son mari Henri II les augmenta encore.
Ils fondèrent ensemble le prieuré de St-James au Château. Henri II, ami de la navigation, qui faisait la force et la prospérité de son royaume d'Angleterre, se montra libéral envers les mariniers. Il publia un règlement plein de sagesse à l'occasion du vieux droit d'aubaine.
Les Rôles d'Oléron, fruit du génie et de l'humanité d'Aliénor n'avaient pu extirper cet usage barbare, profondément enraciné dans l'île : lorsqu'un navire battu par la tempête était jeté sur les récifs qui bordent la côte, tout ce qui pouvait être sauvé du naufrage devenait la propriété soit des insulaires, soit du duc d'Aquitaine, ou plutôt de ses officiers. (Coutume du Poitou)
Henri II s'efforça d'anéantir cette pratique funeste.
« Sachez, dit-il, dans un diplôme daté du 16 mai 1174, que, pour le salut de notre âme et pour abolir les mauvaises coutumes, nous avons établi pour nous et nos successeurs, à perpétuité que, toutes les fois qu'un navire viendra périr dans l'étendue de nos domaines, soit près de la côte du Poitou, soit près du rivage de l'Ile d'Oléron, s'il survit un homme de l'équipage et qu'il parvienne à gagner la terre, tous les biens formant le chargement du navire demeureront la propriété de ceux à qui ils appartenaient. Si aucun homme n'échappe au naufrage, le seigneur du lieu ou le navire n'aura péri déposera la cargaison entre les mains de quatre hommes probes du pays, pour être par eux gardée pendant trois mois et restituée à ceux qui, dans ce délai, viendront la réclamer en justifiant de leur propriété. Si personne ne se présente dans les trois mois pour revendiquer les marchandises naufragées, alors seulement elles nous appartiendront par droit d'aubaine. »
Les pilleurs d'épaves sourds à ces nouvelles prescriptions, comme ils résistaient aux jugements d'Aliénor, n'en continuèrent pas moins leurs brigandages dont devaient être victimes pendant plusieurs siècles encore hi plu part des navires en détresse sur la côte d’Oléron.
Les chartes latines d'Aliénor d'Aquitaine commençaient ainsi :
« Aliénor, par la grâce de Dieu, reine d'Angleterre, duchesse de Normandie et d'Aquitaine, comtesse de Poitou et d'Anjou, aux archevêques, évoques, abbés, comtes, vicomtes, barons, sénéchaux, préposés, baillis et à tous les enfants de notre sainte mère l'Église, tant présents que futurs, auxquels parviendra cette charte, salut » (traduit du latin).
Le chartrier de Ré ne possède pas de charte d'Aliénor, car la commune anglaise de l'Ile de Ré ne dura que trois ans, sous Henri III, roi d'Angleterre, longtemps après la mort d'Aliénor et pendant la minorité de Raoul IV de Mauléon 1242-45.
C'est du temps de Raoul III de Mauléon (1199). qu'Aliénor d'Aquitaine, reine d'Angleterre, donna à la Rochelle et à l'Ile d'Oleron des chartes en langue latine, octroyant à ces deux pays le droit de commune et de grands privilèges, pour mieux s'assurer la fidélité de ces deux pays.
Ces privilèges furent confirmés et amplifiés dans la suite, par le roi Jehan, fils d'Aliénor, par Henri III, roi d'Angleterre et plus tard par les rois de France.
Les principales de ces chartes, dont nous avons retrouvé le texte dans :
Fondera et acta publica inter reges Angliae, sont les suivantes :
1° Charte d'institution de la commune de la Rochelle par Aliénor, 1199;
2° Charte d'Aliénor confirmant à la commune de l'Ile d'Oleron ses libertés et anciennes coutumes, 1199; Thomas Rymer, t. I, puss. 1, p. 35, etc. (1745).
3° Charte d'Aliénor accordant des privilèges aux habitants de l'Ile d'Oleron, 1199;
4° Charte de Jehan accordant aux habitants de l'Ile d'Oleron de jouir tranquillement et librement du droit de commune, 1199;
5° Charte de Jehan libérant les bourgeois d'Oleron de toutes taille et exactions, 1205 ;
6° Chartes diverses de Henry III, roi d'Angleterre, relatives à l'Ile d'Oleron : 1230, 1233, 1257, 1258, 1258, 1265, 1265, 1273 ;
7° Charte relative aux privilèges de la Rochelle (Ordonnances des rois de France. T. V, p. 571 et t. XIX, p. 224);
8° Charte confirmant les privilèges d'Oleron : février 1372 et mars 1461, données à Amboise en juin. [Ordonnances des rois de France. T. XX, p. 169.)
Il avait été précédé de l'abrogation de toutes les lois de Bris, d'Aubaine et d'épaves, qui faisaient désormais des naufrageurs écumant les côtes d'Aquitaine et de l'Aunis des hors la loi.
Photos : Les Temps d'Aénor Donjon de Fouras
http://libraryblogs.is.ed.ac.uk/diu/2017/05/01/voyages-of-discovery/
==> La vie d’Aliénor d’Aquitaine
==> Etude des Chartes Communales de Poitiers et les Etablissements De Rouen d’Aliénor d’Aquitaine.
==> Voyage dans le temps et l’Histoire d’Ularius (Ile d’Oléron) dans le Golfe d'Aquitaine
==> Richard Cœur de Lion, seigneur de Talmont; des Lois Maritimes (Rôles d'Oléron) au droit d'amirauté
1146.
Diplôme d'Eléonore, reine de France et duchesse d'Aquitaine, confirmant l'abolition par Louis VII des mauvaises coutumes qui existaient dans l'île d'Oléron au détriment des hommes de l’abbaye de Vendôme.
Original, Archives de Loir-et-Cher, série H, abbaye de la Trinité de Vendôme, prieuré de Saint-Georges d'Oléron. Fac-simile, collection de l'Ecole des Chartes; héliogravures, n° 221.
Ego Alienordis Dei gratia regina Francorum et Aquitanorum ducissa. Notum fieri volumus universis quam presentibus tam futuris quod pravas illas consuetudines quas in hominibus Vindocinensis ecclesie de Olerone servientes seu ministeriales nostri male tenuerant, prout a domino nostro rege Ludovico condonate sunt et dimisse (1), ita et nos eidem ecclesie condonamus atque dimittimus, et, sicut per auctoritatem regalis precepti destructe sunt, in perpetuum eas abolemus. ac deinceps requirendas non esse sanccimus. Erant autem he consuetudines : impetebant siquidem servientes seu ministeriales nostri quemlibet hominum Vindocinensis ecclesie in prefata insula de quolibet forisfacto absque presentis testis productione, et inposite culpe purgationem, nisi per duellum vel per calide aque judicium, nolebant omnino recipere. Intendebatur autem preterea a servientibus seu ministerialibus nostris adversus quemlibet hominum presignatorum, vel abaltero adversus alterum, vel etiam a quolibet adversus eosdem, -quod supra regiam prohibitionem aliquid presumpsisset, ut vel hominem illum aut illum percutere, vel capere pignus pro debito, vel quidlibet aliud. Harum vero consuetudinum prior, appellatio, secunda, defensio regis appellabatur, et in intolerabile gravamen hominum illorum pessime creverant, dampnose perseverabant. Alteram igitur earum, id est defensionem (2), prefate ecclesie ex toto dimittimus alteram autem, id est appellationem, nisi cum presentis testis productione facta fuerit, perenni quoque silentio condempnamus. Quod ut ratum in posterum inconcussumque permaneat, scripto commendari et sigilli nostri auctoritate corroborari precepimus (3). (Traces de sceau pendant.)
(1) Le diplôme de Louis VII auquel il est fait ici allusion est également conservé dans le fonds de la Trinité de Vendôme. Le dispositif n'est pas différent de celui de l'acte que nous publions, et que nous avons préféré, parce que c'est une des très rares pièces, émanées d'Eléonore comme reine de France, dont l'original existe encore. Voici le début de l'acte de Louis VII « In nomine sancte ac individue Trinitatis. Ludovicus Dei gratia rex Francorum et dux Aquitanorum, omnibus in perpetuum. Dignum nos exequi credimus regie potestatis officium si pravas consuetudines, quarum usus in dampnum ecclesiastice libertatis inolevit, penitus extirpemus. Quo nimirum intuitu, dilectissimorum nostrorum Gaufridi videlicet Burdegalensis archiepiscopi, Gosleni Suessionensis, Bernardi Xanctonensis epigcoporum interventionibus exorati, Roberti Vindocinensis ecclesie abbatis petitionem propitiis auribus attendentes, pravas quasdam consuetudines quas in hominibus ipsius Vindocinensis ecclesie de Olerone servientes seu ministeriales nostri male tenuerant in perpetuum abolemus » La suite comme au diplôme d'Eléonore.
(2) Le diplôme du roi ajoute ici « pro summe reverentia divinitatis nostrorumque indulgentia reatuum Vindocinensi ecclesie. »
(3) Voici les formules finales du diplôme de Louis VII; elles ont l'intérêt de dater les deux actes « Quod ut ratum in posterum inconcusumque permaneat, scripto commendari, sigilli nostri auctoritate, muniri, nostrique nominis subterinscripto karactere fecimus consignari. Actum publice Pictavis, anno ab incarnatione Domini M° C° XL° VI°, regni vero nostri X°, astantibus in palatio nostro quorum nomina subtitulata sunt et signa. Signum Radulfi Viromandorum comitis, dapiferi nostri. S. Mathei camerarii. S. Guillelmi buticularii. S.-Mathei constabularii. Data per manum Cadurci (Monogramme.) » cancellarii. » (Traces de sceau pendant .)
1224, 14 août.
La Rochelle. Privilèges concédés par Hugue de Lusignan aux habitants d'Oléron.
Copie du X.VIIIe siècle 1. Bibl. nat., coll. Moreau, vol. 634, fol. 13.
Universis tam presentibus quam futuris presentem cartulam inspecturis.. Hugo de Leziginaco 2 comes Marchie et Engolinnis 3, salutem. Noyerit universitas vestra quod dominus Ludovicus rex Francie dedit et concessit nobis et heredibus nostris insulam de Olenore 4 cum omnibus pertinenciis suis, tenendam ab ipso et heredibus, ejus in perpetuum et pacifice possidendam. Nos autem, in presencia ipsius, dedimus et concessimus fidelibus hominibus nostris dicte insule et heredibus eorum et omnibus in dicta insula habitantibus et manentibus, tam futuris quam modernis, per totam terram nostram et per totum posse nostrum, omnes illas libertates et dignitates quas dominus rex Francie supradictus dedit et concessit per terram suam burgensibus suis de Rupella, prout in cartula sua continetur, quam super hoc eisdem burgensibus sigillo suo roboratam donavit. Volumus insuper et precipimus quod dicti homines nostri de Olerone et heredes eorum suam communiam habeant et teneant pacifice et quiète, eodem modo et eadem libertate qua dicti burgenses de Rupella suam communiam tenebunt et habebunt. Omnes vero supradictas convenciones dictis hominibus nostris de Olerone et heredibus suis, in presencia domini regis, super sacrosancta evangelia, juravimus nos in perpetuum bona fide conservaturos et quod ipsos et res eorum fideliter et benigne, sicuti homines nostros, custodiemus. Ipsi autem, simili modo, pro se et heredibus suis, juraverunt quod fidelitatem nostram et heredum nostrorum bona fide contra omnes homines, salva fidelitate domini regis Francie, in perpetuum observabunt. Actum apud Rupellam, anno gratie M° CC° vicesimo quarto, mense augusto, in vigilia Assumpcionis beate Marie, videntibus et audientibus fratre Garino Silvanectensi episcopo, domino Enjorando de Cocy, domino Bartholomeo de Roies, domino Johanne de Bellomonte, domino G. de.Rancon militibus, R. Fulcheri, P. de Faia, J. Galerne, et G. de Cavig, burgensibus de Rupella. Et ut hoc ratum et stabile permaneat in perpetuum, dictis burgensibus nostris et heredibus eorum dedimus presentes cartulam, sigilli nostri, munimine roboratam.
1 Cette copie, faite pour Bréquigny sur un ms. de Londres (Mus. Brit., Cott. Julius, E 1, fol. 4), est très défectueuse; nous en avons laissé subsister toutes les fautes elles ont cet intérêt d'éclairer sur la valeur de la copie.
4 Oléron