Les chartes latines d'Aliénor d'Aquitaine commençaient ainsi :
« Aliénor, par la grâce de Dieu, reine d'Angleterre, duchesse de Normandie et d'Aquitaine, comtesse de Poitou et d'Anjou, aux archevêques, évêques, abbés, comtes, vicomtes, barons, sénéchaux, préposés, baillis et à tous les enfants de notre sainte mère l'Église, tant présents que futurs, auxquels parviendra cette charte, salut » (traduit du latin).
Le chartrier de Ré ne possède pas de charte d'Aliénor, car la commune anglaise de l'Ile de Ré ne dura que trois ans, sous Henri III, roi d'Angleterre, longtemps après la mort d'Aliénor et pendant la minorité de Raoul IV de Mauléon 1242-45.
C'est du temps de Raoul III de Mauléon (1199) qu'Aliénor d'Aquitaine, reine d'Angleterre, donna à la Rochelle et à l'Ile d'Oléron des chartes en langue latine, octroyant à ces deux pays le droit de commune et de grands privilèges, pour mieux s'assurer la fidélité de ces deux pays.
Ces privilèges furent confirmés et amplifiés dans la suite, par le roi Jehan sans Terre, fils d'Aliénor, par Henri III, roi d'Angleterre et plus tard par les rois de France.
Les principales de ces chartes, dont nous avons retrouvé le texte dans Fondera et acta publica inter reges Angliae, sont les suivantes :
1° Charte d'institution de la commune de la Rochelle par Aliénor, 1199;
2° Charte d'Aliénor confirmant à la commune de l'Ile d'Oléron ses libertés et anciennes coutumes, 1199;
3° Charte d'Aliénor accordant des privilèges aux habitants de l'Ile d'Oléron, 1199;
4° Charte de Jehan accordant aux habitants de l'Ile d'Oléron de jouir tranquillement et librement du droit de commune, 1199;
5° Charte de Jehan libérant les bourgeois d'Oléron de toutes taille et exactions, 1205 ;
6° Chartes diverses de Henry III, roi d'Angleterre, relatives à l'Ile d'Oléron : 1230, 1233, 1257, 1258, 1258, 1265, 1265, 1273 ;
7° Charte relative aux privilèges de la Rochelle (Ordonnances des rois de France. T. V, p. 571 et t. XIX, p. 224);
8° Charte confirmant les privilèges d'Oléron : février 1372 et mars 1461, données à Amboise en juin. [Ordonnances des rois de France. T. XX, p. 169.)
Académie des sciences et belles-lettres d'Angers
Pour cette ile, la plus vaste et la plus importante des côtes de notre Océan, et qui a été définitivement acquise à la France par la conquête de l'Aquitaine sur les Anglais, les archives de Maine-et-Loire possèdent un volumineux carton de titres originaux el de procédures. Il y manque peu de pièces.
La plus ancienne et la plus importante, n 1, est entrée à la Bibliothèque impériale. C'est une charte de la reine Aliénor, datée de l'an 1199, à Fontevraud, et par laquelle elle constitue à l'abbaye une rente de 100 livres, en monnaie poitevine, pour le salut de son âme, de celles de son mari et de leurs enfants, et pour la célébration de son anniversaire et de celui de ses fils.
Tous les autres documenta dont nous imprimons le texte appartiennent encore au dépôt d'Angers.
N' 2. La même reine donne sur la prévôté de l'ile d'Oléron, 10 livres de rente à sa chère Alize ou Alix, prieure de Fontevraud, qu'elle avait élevée.
Après la mort de la donataire, le couvent héritera de cette rente, à la charge de célébrer solennellement l'anniversaire de la prieure.
Comme tous les autres actes émanés de la royale duchesse d'Aquitaine, celui-ci, daté de la capitale du Poitou, offre une curieuse liste de témoins, parmi lesquels on trouve Soronetus major Pictavis.
Ce personnage est probablement le premier chef de la commune instituée en 1199, à Poitiers, par la reine Aliénor.
Il a été inconnu à Thibaudeau et aux savants de la Société des Antiquaires de l'Ouest qui ont publié une nouvelle édition de son Histoire du Poitou
Le plus ancien maire nommé par eux est Robert Regnault, en 1213.
N· 3. Dans la même ville, et par une charte datée de 1199, la reine assigne une nouvelle rente de 10 livres sur la prévôté de l'ile d'Oléron, et l'affecte spécialement à la chapelle de Saint-Laurent de Fontevraud; dont elle est la fondatrice.
Le seigneur Roger, frère dudit ordre, en jouira sa vie durant, et après sa mort ceux qui seront nommés par l'abbesse pour desservir ladite chapelle.
N° 4. Une dernière rente de 10 livres, aussi en monnaie poitevine, fut encore donnée à Poitiers en 1199 sur la même prévôté de l'ile d'Oléron à l'abbaye de Fontevraud, avec réserve d'usufruit en faveur d'une religieuse appelée Aelizie ou Alix.
Ce nom rappelle un prieure dont il est parlé dans la seconde charte; cependant on ne doit pas confondre en une seule personne les protégées de la reine Aliénor, et voir dans notre 4e charte une simple confirmation de la 2e, d'autant plus que cette confusion pourrait avoir pour résultat de propager une erreur commise dans le Nova Gallia Christiana, mais qui n'a pas échappé à la savante critique de notre confrère M. Léopold Delisle.
Alix, qui était prieure en 1199, parait n'avoir été qu'une damoiselle ou suivante, alumpna, nourrie dans la maison de la reine. Alix, nommée dans notre dernière charte, encore simple religieuse en 1223, était de haute naissance.
Elle devait être l'objet d'une prédilection toute particulière de la part d'Aliénor d'Aquitaine. Sa défunte mère, appelée aussi Alix, et qui avait épousé Thibaut V, comte de Blois, était l'une des filles nées du mariage d'Aliénor avec Louis VII.
Elle fut nommée abbesse vers 1228, ainsi que l'a constaté M. L. Delisle, et non eu 1209, comme il est porté au catalogue des abbesses de Fontevraud.
- Alienor, Dei gracia regina Anglie, ducissa Normannie, Aquitanic, comitissa Andegavie, archiepiscopis, episcopis, abbatibus, comitibus, vicecomitibus, baronibus, senescallis, prepositis, baillivis, et omnibus sancte matris Ecelesie filiis, salutem in vero salutari.
Noverit universitas vestra quod nos, pro salute anime nostre et venerabilis viri nostri pie recordationis Henrici régis, et bone memorie regis Henrici, filii nostri, et potentis viri regis Ricardi ceterorumque filiorum ac filiarum nostrarum, dedimus et concessirnus, cum assensu et voluntate karissimi filii nostri Johannis, illustris regis Anglie, Deo et beate Marie et sanctimonialibus Fontis Ebraldi, ad faciendum anniversariurn nostrum et predictorum filiorum nostrorum, centum libras Pictavenses, percipiendas singulis annis in prepositura nostra de Olerone, de primo proventu antequam rex vel princeps vel aliquis alius quicquam inde percipiat : videlicet ad festum Sancti Johannis Baptiste quinquaginta libras, et ad Nathale Domini alias L libras ; sine contradictione , dilatione, omni occasione cessante.
Ut autem donatio ista firma et stabilis in perpetuum perseveret, scripto eam commendari el sigilli nostri munimine fecimus roborari.
Testibus hiis : Bartholomeo Turonensi archiepiscopo, Helya Burdegalensi archiepiscopo, Mauritio Pictavensi episcopo, Henrico Sanctonensi episcopo, Willelmo de Rupibus senescallo Andegavie, Gaufrido de Cella senescallo Pictavie, Brandino senescallo Gasconie, Petro Bertini, Petro Foscher et multis aliis.
Datum per manum Willelmi de Sancto Maxentio, clerici nostri, apud Fontem Ebraudi, anno incarnnti Verbi millesimo C LXXXX nono, anno regni regis Johannis primo
II.
Alienor, Dei graiia regina Anglie, ducissa Normannie, Aquitanie, comitissa Andegavie, archiepiscopis, episcopis, comitibus, baronibus, senescallo Pictavie et probis hominibus de Olerone et omnibus ad quos presens carta pervenerit, tam presentibus quam futuris, salutem.
Noverit universitas vestra quod dedimus et concessimus et hac presenti carte nostra confirmavimus, pro salute anime nostre, dilecte alumpne nostre Alize, priorisse Fontis Ebraudi, decem libras Pictavesis monete annui redditus, singulis annis percipiendas de reddilibus prepositure nostre Oleronis, ad festum sancti Micahelis: ita quod, quicumque sit prepositus Oleronis, ei predictas decem libras, sine aliqua difficultate; bene et pacifice singulis annis reddat; post decessum vero predicte priorisse, volumus et statuimus firrniter quod cnventus Fontis Ebraudi habeat et percipiat in perpetuum predictas decern libras annuatim, ad anniversarium predicte priorisse faciendum.
Et ut hec donatio nostra robur habeat perpetuum, eam sigillo nostro communivimus.
Hiis testibus : Helia Burdegalensi archiepiscopo, M. Pictevensi episcopo, Roberto de Torneham senescallo Pictavie, ·M. abbatissn Fontis Ebraudi, A. ducissa Borbonie, M. comitissa Tornodori, Radulfo de Faia, Willelmo de Faia, Hamelino de Brolio, Soroneto majore Pictavis, Galfrido de Cavilniaco, magistro Ricardo clerico nostro, Savarico juniore, Rogero capellano nostro.
Data per manum ipsius, apud Pictavim.
- Original n'ayant plus ni sceau ni cordons. Bibl. imp., chartes orig., Poitiers, n• 9. cette pièce, donnée par M. Deville, était conservée à Fontevraud dans la Fenêtre des Domaines, sac 1, n1 .
- Fontevraud : ile d’Oléron, sac 1, n 2, Orig. Jadis scellé.
Ill.
Alienor, Dei gratia regina Anglie, ducissa Nornannie, Aquitannie, comitissa Andegavie, omnibus Christi fidelibus ad quos présens scriptum pervenerit, salutem in Domino.
Noverit universitas vestra quod nos, pro salure et remedio anime nestre et antecessorum et successorum nostrorum, donavimus Deo et ecclesie Fontis Ebraudi decem libras annui redditus, Pictavensis monete, in prepositura reddituum nostrorum Oleronis, ad festum sancti Michaelis singulis annis percipicndas : ita tamen quo dominos Rogerus, capellanus nosler et frater Fontis Ebraudi, qui divina celebrabit in capella nostra quam apud Fontem Ebraudi, in honore beati Laurentii, fundavimus, dictas decem libras annuatim percipiet quamdiu vixerit; post decessum vero predicti Rogerii, abbatissa Fontis Ebraudi capellanum in eandem capellam institui faciet quem voluerit, de ordine suo, qui prenominatas deccm libras ad sustentationem suam habebit, ad vitam suam ; et omnes successores sui eundem redditum similiter habebunt et possidebunt imperpetuum.
Et ut hec nostra donatio, quam in puram elemosinam prefate ecclesie et capellanie beati Laurentii donavimus, inconcussa pernaneat in posterum, presentem cartam sigilli nostri appositione roboravimus ; eamque sub protectione Dei et beate Marie et sancte ecclesie et summi pontificis et Burdegalensis archiepiscopi et Pictavensis atque Xanctonensis episcoporum ponirnus et commendamus , ne in posterum ab aliquibus sucœssoribus hec nostra donatio calumpniari attemptari, valeat vel infringi.
Hiis testibus : Mauricio Pictavensi episcopo , Henrico Xanctonensi episcopo, quorum consilio hec donatio facta fuit ; Gaufrido decano, Hugone subdecano, Guillelmo de Rupe, Willelmo de Sancto Laurentio, Willelmo Vimario archidiacono Pictavensi ; Radulfo de Faia cognato nostro, Hamelino de Brolio et Petro Capicerio, militibus nostris; Matildi vicecomitissa Oenaici ; Rogero, Josceline et Rannulfo, capellanis nostris; magistro Richardo et Gaufrido de Chinone, clericis nostris; Gaufrido de Calviniaco, Gaufrido de Jaunaio et Willelmo servientibus nostris.
Data apud Pictavim, per manum Willelmi de Sancto Maxentio, clerici nostri, anno gratie MCLXXXX nono.
IV.
Alienor, Dei gratia regina Anglie, ducissa Normarmie , Aquitannie, comitissa Andegavie, omnibus Christi fidelibus ad quos presens scriptum pervenerit, salutem in Domino.
Quicquid volumus esse stabile et firmum, ut stabilius et firmum, utstabilibus et firmius sit, commendamus testunonio litterarum.
Noverit igitur universitas vestra nos, pro amore Dei et intuitu pietatis, dilecte nepti nostre .Aelizie, filie felicis memorie Aaelizie quondam comitisse Blesensis karissime filic nostre, dedisse et hac presenti carta nostra confirrmasse decem libres redditus Pictavensium monete, anuuatim percipiendas in redditu nostro Oleronis, ad terminum sancti Micahelis, quamdiu vixerit in proprios usus libere et quiete tenendas et habendas.
Post decessum vero predicte neptis nostre, supradictas decem libratas redditus dedimus, et hac presenti carta nostra, confirmavimus Deo et Beate Marie et ecclesie Fontis Ebraldi, pro aruore Dei et pro redemptione anime nostre et omnium antecessorum nostrorum et successorum nostrorum in puram et perpetuam elemosinam, libere et quiete jure perpétuo possidendas et singulis annis ad prefatum terminum sancti Micahelis in predicto redditu nostro Oleronis percipiendas, ad anniversarios jam dicte neptis nostre et matris ejus in eadem ecclesia fatiendos.
Et ut hec nostra donatio inconcussa permaneat in posterum, presentem cartam sigilli nostri appositione roboravimus ; eamque sub protectione Dei et beate Marie et sancte ecclesie et summi pontificis et episcoporum Pictavensis et Xanctonensis ponimus et commendamus, ne in posterum ab aliquibus successoribus nostris hec nostra donatio calumpniari, attemptari valeat vel infringi.
Hiis testibus : Maurilio Pictavensi episcopo, Henrico Xanctouensi episcopo, quorum consilio et auctoritate hec donatio facta fuit et confirmata ; Gaufrido decano, Hugono subdecano; Willelmo de Rupe, Willelmo de Sancto Laurentio, Willelmo Vimario, archidiaconis Pictavensibus ; Radulfo de Faia, cognato nostro; Hamelino de Brolio et Petro Capiceri, militibus nostris; Matildi vicecomitissa Oenaiei ; Rogero, Joscelino, Rannulpho capellanis nostris; mogistro Ricardo de Gnowesale et Gaufrido de Chinone, clericis nostris; Gaufrido de Calviniaco, Gaufrido de Jauneio, Willelmo, servientibus nostris.
Data apud Pictavim, por manum Rogeri predicti, capellani nostri
La première de ces quatre donations d'Aliénor a été sanctionnée à Chinon, le 25 juin 1200, par son fils Jean sans Terre.
Depuis, toutes les chartes de la reine furent confirmées et vidimées par son petit-fils Henri III, par le célèbre prince Noir, et même par Philippe de Valois, roi de France.
Dès l'année 1220, Fontevraud éprouva des difficultés sérieuses pour se faire payer les l30 livres de rente.
Un long procès fut soutenu à cette occasion contre Savary de Mauléon, sénéchal de Poitou. Les ordres réitérés du roi d'Angleterre, son maitre, et les menaces d'excommunication du pape Honoré III, le contraignirent enfin à donner l'argent et à délivrer la charte suivante :
V.
Savaricus de Malleone. senescallus Pictavie et Wasconie, omnibus présentes lilteras inspecturis, salutem.
Cum abbatissam et conventum Fontis Ebraudi pro certo didicerim, et per cartas bone memorie Aienordis regine Anglie et domini Johannis filii sui regis Anglie, quas propriis oculis inspexi et propriis auribus audivi , plenarie cognoverim sexcies viginti et decem libras anuui redditus habere in prepositura Oleronis, ego, auctoritate et mandato karissimi domini mei Henrici regis Anglie, predicte abbatisse et conventui dictum redditum assignavi in hunc modum, in tempore senescallie mee , quod in omnibus redditîbus et cxitibus Oleronis, predicto domino regi et michi senescallo suo pertinentibus, omnem medietatem percipient usqne dum ad plenum fuerint pagatc de supradictis sexcies viginti et deccem libris.
Et si ad solutionem dicte pecunie prenominata pars reddituum et proventuun Oleronis non poterit sufficere, de altera medietate reddituum et proventuum dicta solutio perficietur.
Et in presentia mea et domine Alize Blesensis, sanctimonialis Fontis Ebraudi, dicte abbatisse et conventus procuratricis, Pagani Larcher, tunc temporis ballivi Oleronis , super sacrosancta evangelia juramentum accepi quod ipse, bona fide, sepedictis abbatisse et conventui, quamdiu illius insule fuerit ballivus, jam dictum redditum aonnatim persolvet, sieut superius est dictum. Noverint etiam universi quod prefate abbatissa et conventus erant in possessione dicti redditus dum, ex parte domini Johannis regii Anglie, ego Pictavie et Wasconie exiterem senescallus.
Et in hujus rei testimonium, pesentibus litteria sigillum meum apposui.
Actum anno gratie M.CC.XX.III, mense junio.
Quelques années plus tard, l’Ile d'Oléron passe entre les mains de Hugues de Lusignan, second mari d'Isabelle d' Angoulême, veuve de Jean sans Terre, et par conséquent beau-père de Henri III.
Vers 1230, non-seulement Hugue refuse de payer la rente, mais encore il cherche à se soustraire à un examen judiciaire de ces droits et de ceux des religieuses, par des motifs résultant de l'attitude hostile dans laquelle il s'est placé vis-à-vis du roi de France, saint Louis.
Les deux prieurs poitevins devant lesquels le pape a renvoyé l'affaire ne se laissent pas toucher par des périls résultant de ses actes mêmes, suis meritis.
Ils démasquent avec une grande perspicacité la mauvaise foi du comte de la Marche, qui ne craignait pas de se rendre en France pour un tournoi, et trouvait dangereux d'y comparaitre devant des juges élus par le Saint-Siége.
Voici le texte de leur sentence.
VI. S. beati Hylarii de Cella, Willelmus sancte Radegundis priores, archipresbitero, prioribus, capellanis et subcapellanis omnibus in terra nobilis viri Hugonis de Leseigniaco de Olerone constitutis, salutem in Domino et pacem.
Pro querela venerabilis abbalisse et conventus Fontis Ebraudi, petentium sexcies viginti libras et decem Pictavenses in prepositura de Olerone, per bone memorie Alienor, quoodam reginam Anglie, ipsis in helemosinam assignatas, vir nobilis Hugo de Lesigniaco, a nobis auctoritate apostolica pluries citatus, tandem nuncium ad nos cum litteris destinavit, continentibus excusationem quod, propter metum periculi proprii corporis, ad nos in terra regis Francie accedere non audebat; propter quod postulabat tutum looum sibi provideri vel auditores sibi in tuto loco concedi. Cui ex adverso responsum est nullam esse hujusmodi excusationem, cum pari facilitate potuisset procuratorem misisse quam potuit excuastorem destinare ; et hujusmodi graves personas equum est et solitum per procuratores, non personaliter liligare, quia per mulliplices eorum occupationes, vel per metum in quem suis meritis incidunt, non oonvenit juris executionem differri et aliene justicie prejudicium generari. Denique non verum metum videbatur ad sui execusationem assumere , cum pro causa illicita et prohibita , pro torneamentis scilicet, infra diem sibi a nobis assignatum in regno eodem multo longius non trepidasset proficisci, unde per contrarium actum excusationem hujusmodi anullabat.
Quas utique allegaciones ejus nuncius sub dissimulacione pertransiens, instunter postulavit sibi dari in tuto loco auditores ; sed, contra postulacionem suam, cum tandem convenisset cum adversario in locum et personas auditorii, in nostrum et juris elusionem, recusans implere quod placuit sibi, contrarius et contumax a nobis recessit.
Et quoniam malicie cujusquam non est indulgendum, ut de frustratoria elusione commodum debeat reportere, vobis siugulis et universis, auctoritate apostolica, districte precipiendo mandamus quatinus eundern vieum nobilem, et totem terram ipsius de Olerone, sub districto teneatis interdicto et teneri faciatis, donec de elusione et defectu tam nobis quam parti competenter fuerit satisfactum.
(Aliénor d'Aquitaine et Raoul de Mauléon - Abbaye des Châteliers, Ile de Ré)
L'établissement par Aliénor el Jean sans Terre d'une commune dans l'ile d'Oléron, en 1199, y avait eu des conséquences inattendues : la commune s'était enrichie d'une partie des revenus de la prévôté. Ce résultat était reconnu et constaté dans le temps du procès contre Savary de Mauléon.
Henri III dût aviser à ce que Fontevraud n'en souffrît pas, et il donna des ordres à son sénéchal de Gascogne pour que la somme à payer fût prise sur les autres revenus de l'Ile, si le produit de la prévôté était insuffisant.
La charte du roi d'Angleterre, 10 juillet 1234, nous est parvenue dans un vidimus délivré en 1252 par Michel de Villoiseau, évêque d'Angers.
Nous l'imprimons en la faisant suivre de celle des maire et prud'hommes de l'Ile d'Oléron, qui donne des détails intéressants sur la manière dont elle fut exécutée, en présence de l'abbesse de Fontevraud elle-même.
Vif. H. 1, Del gratia rex Anglie, dominus Hibernie, dux Normannie, Aquitanie, et comes Andegavie, dilecto et fideli suo senescallo suo Wasconie, salutem.
Mandamus vobis quod, si exitus prepositure nostre de Olerum qui, sicut dicitur, diminuti sunt occasione commune que allevat.a fuit tempore domini .J. regis, patris nostri, in predicta insula Oleron, non sufficiant ad solutionem sexcies viginti et decem librarum Pictavensium faciendam abbatisse et sanctimoninlibus Fontis Ebroldi, que singulis annis eis; debentur de predicta prepositura, tunc de redditibus et aliis proventibus ejusdem insule predictis abbatisse et sanctimonialibus singulis annis suppleri et reddi feciatis id quod defuerit in eadem prepositura ad predictas sexcies viginti et decem libras Pictavenses eis perficiendas.
ln cujus rei testimonium has litteras nostras fieri fecimus patentes.
Teste me ipso, apud Westmonasterinm. x die julii, anno regni nostri XVIII.
VIII.
G. de Hastingis, major, et probi homines de communia Oleronis, salutem in Domino.
Noveritis universi quod cum dominus H., rex Anglie illustris, dedisset in mandatis domino Henrico de Trubbevilla, senesculo Vasconie, [ut] solvi faceret abbatisse et conventui Fontis Ebraudi, super omnes proventus insule Oleronis, sexcies viginti et decem libras annui redditus, ab antecessoribus ipsius regis eis dudum collatas et ab eodem rege confirmatas, dictus senescalus, juxta mandatum regium, nuncios dictorum abbatisse et conventus de predicto redditu seisivit apud Sanctum Nicholaum, prope castrum Oleronis.
Postmodum autem prefata abbatissa, in propria persona ad eamdem insulam accedens, corporalem possessionem prenominati redditus, nomine ecclesie sue, propriis manibus apprehendit, videntibus et audientibus : priore Sancti Petri de Olerone, Willelmo de Xanctonis, commonaco suo; magistro Laureutio Bormaudi, magistro Helia Sorno, Osmundo Monnerii, clericis; Willelmo de Brolio, Johanne Raherii, militibus; Thoma de .Maaurit[ania], ipsius insule preposito, Willelmo de Feravilla, castellano ; Jobanne Bidau, Johanne willelmi , Fulcone Ricardi , Johanne Villain, Petro Roberti, Haimerico Muler, Andrea Ricardi, Josceliuo Osmundi, Helia Osmundi, Michael Monnerii, Willelmo Gilbo, Arnulfo Gilbo, Petro Marescot, Willelmo Giraudi, Haimerico Bertoil, et aliis pluribus.
Datum apud Sanctmn Nicbolaum, die mercurii proxima ante Nativitatem beate Marie, anno Domini x ducentesimo tricesimo quinto.
Ce dernier acte, le plus ancien peut-être qui soit émané du maire et des prud'hommes de l'ile d'Oléron, est aussi l'un des pins importants qui existent sur cette commune.
Le texte nous en a été conservé par un vidimus du 13 novembre1361. Gaignières a eu l'original sous les yeux, il s'est borné à en prendre un extrait; mais il n’a pas négligé de faire dessiner le curieux sceau, que sans lui nous n'aurions peut- être jamais connu.
Ainsi qu'on en peut juger par les deux gravures sur bois insérées dans notre texte, il est rond et grand. Il représente d'un côté, sur un champ semé d'étoiles, un cavalier galoppant il gauche, la tête nue, vêtu d'une longue tunique, chaussé de mailles, éperonné et tenant un oiseau sur son poing droit.
Sur l'autre face est, à droite, une tour crénelée, de laquelle s'éloigne une barque il quatre rameurs, ayant en guise de mâts quatre lances à banderoles. Des poissons nagent à côté de la barque.
La légende, incomplète pour les deux côtés, est + SIGILLVM MAIORIS DE VLERVM.
Les chartes de Fontevraud offrent des renseignements précieux sur l'histoire de cette ile et de sa commune; cependant on devra surtout recourir aux diverses collection. historiques de Londres, conservées à la Tour, à la Secrétairerie d'État, State Papers Office, ou au Musée Britannique.
En faisant des recherches d'une autre nature dans ce dernier dépôt, nous y avons recueilli les deux laits suivants :
Le 26 septembre 1236, le pape Grégoire IX dispensa les habitants de l'ile d'Oléron de comparaitre devant les tribunaux ou ils ne pourraient se rendre sans traverser les terres de leurs ennemis, et il ordonna en outre de ne jamais mettre l'Ile en interdit à cause de ce défaut de comparution de ses habitants.
De ce privilège; réclamé par le monarque anglais et accordé par le souverain pontife, Il ne faudrait pas tirer des conclusions trop favorables il ceux qui en forent investis. M. Massion veut que ces insulaires aient été les instigateurs des lois maritimes connues sous le titre de Rôles d’Oléron, et les fidèles observateurs de l'article portant abolition du droit de bris et naufrage, dès qu'un seul des mariniers échappait à la mort.
Cette prétention est fort patriotique assurément, mais très-peu fondée : les appétits des habitants de l'ile d'Oléron étaient aussi sauvages pour le moins que ceux des autres riverains de l'Océan.
En 1233, Gérard de Pexammo et son frère, citoyens de Gènes, dont le commerce s'étendait non-seulement sur les côtes occidentales de la France, mais encore sur celles d'Angleterre, sont assaillis par une violente tempête en vue des côtes de la Saintonge.
Leur navire, soulevé et battu par les flots, parvient à grand' peine à tenir tête à la tourmente ; mais le sénéchal, son fils, les habitants de l'ile d'Oléron el quelques Saintongeois ne veulent pas renoncer aux profits que leur promettait l'imminence du péril.
Montés sur de nombreuses barques, ils assaillent le navire, qui suit de très-près la côte afin d'aller chercher dans le port de la Rochelle un abri et un remède à ses avaries.
Leur violence arrache aux malheureux Génois une somme d'argent et divers objets de leur cargaison, sous prétexte qu'ils ont éprouvé un naufrage.
Ces détails sont constatés pu une bulle du même pape, Grégoire IX, adressée, le 15 décembre 1233, à l'archiprêtre de la Rochelle, pour faire constater s'il y a eu naufrage réel ou simplement péril.
Dans ce dernier cas, le sénéchal et ses complices devront rendre ce qu'ils ont extorqué aux marchands génois, à peine d'y être contraint par la censure ecclésiastique. « C'est une chose indigne, ajoute le souverain pontife, de voir ceux que la main du Sauveur a soutenus pour qu'ils ne fussent pas engloutis, éprouver de la part de méchantes gens des vexations contraires à la justice. »
1. Les deux bulles sont contenues dans le grand Bullaire anglais du musée britannique, Additionnal Manuscripts, n 15353. La dernière est imprimée dans la revue des provinces de l’Ouest, 2e année, page 310.
==> Aliénor d’Aquitaine, Lois Maritimes les Rôles d'Oléron, appelés aussi Jugements d'Oléron