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PHystorique- Les Portes du Temps
29 novembre 2022

LES ORIGINES DE SAINT-HILAIRE DE MELLE Contribution à l'étude des chemins de Saint-Jacques et à celle de l'influence clunisienne

 LES ORIGINES DE SAINT-HILAIRE DE MELLE - Contribution à l'étude des chemins de Saint-Jacques et à celle de l'influence clunisienne en Haut-Poitou (XIe et XIIe siècles)

D'après le Guide du pèlerin de Saint-Jacques-de-Compostelle, rédigé entre 1120 et 1130 (1), l'une des quatre principales routes suivies par les jacquaires à travers la France passait par Tours, Poitiers, Saint-Jean-d'Angély et Saintes avant d'aborder le Bordelais.

Les étapes entre Poitiers et Saint-Jean-d'Angély n'y sont pas indiquées. On sait seulement qu'aux XIVe et XVe siècles le grand chemin de Saint-Jacques passait par Lusignan, Chenay, Saint-Léger-lès-Melle, Charzay, Brioux-sur-Boutonne et Aunay, devenu Aulnay-de-Saintonge.

En arrivant en face de Melle, ce chemin était coupé par celui de Limoges à Nantes s'en allant franchir la Sèvre niortaise aux gués de Sainte-Maxire ou de Niort (Novio-ritum, le « Nouveau gué »).

 Ces deux chemins médiévaux paraissent avoir suivi le tracé de chemins préromains devenus voies romaines secondaires (2).

A huit cents mètres du carrefour de ces deux voies, un promontoire calcaire a servi d'assise au premier noyau urbain de Melle, qualifié de vicus sur des monnaies mérovingiennes (3), puis de castrum dans les chartes du Xe siècle (4).

Au début de ce même Xe siècle, Melle devint le siège d'une vicomté (5), ce qui suppose une agglomération entourée de défenses; sur son point culminant elle fut pourvue d'une importante tour, convoitée par Hugues de Lusignan, le Chiliarque : vers 1020 il la réclamait au comte de Poitou (6).

La tour en question surveillait le passage de la route de Limoges à Nantes. Celle-ci, au lieu de contourner le promontoire suivant le tracé moderne (7), l'abordait de front en suivant à peu près l'actuelle « Grande-Rue ».

 Ce tracé eut son importance. Il a servi de limite aux deux paroisses de Melle : Saint-Pierre au Nord, Saint-Hilaire au Sud.

La première dépendait de l'abbaye de Saint-Maixent, en relations étroites avec les sires de Lusignan (8), la seconde de l'abbaye de Saint-Jean-d'Angély, connue pour ses attaches avec les vicomtes d'Aunay (9), eux-mêmes hommes liges du comte de Poitou, possessionnés à Melle (10) et obstacles à l'influence des Lusignan dans le sud du comté.

A l'époque de l'apogée du pèlerinage de Compostelle — entre la fin du XIe siècle et le milieu du XIIe — les deux abbayes en question firent l'une après l'autre de leur église melloise le siège d'un prieuré comportant, au moins pour l'un deux, un hospitale (11) ou maison d'accueil pour les pèlerins.

L'enceinte de Melle, d'autre part, était percée de trois portes, porte de Fossemagne à l'Est, porte Saint-Jean au Nord, porte Saint-Jacques, dite aussi de Saint-Hilaire à l'Ouest (12).

On s'est demandé pourquoi cette dernière avait pu recevoir le vocable de Saint-Jacques, alors que la porte ouverte à l'Est, vers le grand chemin de Saint-Jacques tout proche, paraissait plus qualifiée pour le recevoir.

La solution de l'énigme est dans le prieuré de Saint-Hilaire et dans le réseau de chemins et de sanctuaires fréquentés par les pèlerins venant du Nord et du Nord-Ouest.

 

I.                   — PROBLEMES POSES PAR LE SITE

Le site de Saint-Hilaire de Melle ne réunit que trois des quatre conditions habituellement recherchées pour les fondations monastiques dans le haut moyen âge : l'eau, le bois, les carrières; la quatrième, la plus importante peut-être, la solitude faisait ici défaut.

Ce prieuré fondé, on va le voir, vers 1080, se situait à 250 m des murailles d'une ville de fondation ancienne et dans son principal faubourg. Sans doute est-il difficile, faute de documents, d'évaluer le peuplement du faubourg à la fin du XIe siècle, mais trois éléments peuvent être pris en considération : — les sorties des plus importantes galeries de mines de plomb argentifère fournissant la matière première à un atelier monétaire célèbre en son temps (13), s'ouvraient à moins de 300 m de l'église (14); — un lieu dit Mérilly ou Mérillé (15), situé à 400 m environ au Nord, évoque la proximité probable d'une villa gallo-romaine, le domaine d'un certain Marillus; — un chemin ancien allant de la porte Saint-Jacques au chemin baudrou, venant de Saint-Maixent, passait devant l'élévation nord de l'église — très décorée de ce côté — et franchissait à gué la Béronne.

Le chemin a provoqué plus tard la construction d'un pont et la surélévation de la chaussée par rapport au monument ancien.

Ces divers éléments invitent donc à écarter l'hypothèse d'une fondation monastique pour l'origine de l'implantation d'une église en ce lieu. Plus vraisemblable serait l'hypothèse d'une petite église ou chapelle succédant à un oratoire fondé sur un domaine gallo-romain, fait assez fréquent lors de la pénétration du christianisme dans les campagnes. Or, précisément, la première charte pouvant s'appliquer à l'église Saint-Hilaire (dans le cartulaire de l'abbaye de Saint-Jean-d'Angély) la qualifie de capella (16).

Il s'agit du don fait à cette abbaye, vers 1028, par un nommé Héroïs et sa femme Aldéarde, d'une église Saint-Pierre, près du castrum, et d'une église Saint-Hilaire, ordinairement appelée la chapelle. ecclesiam sancti Petri, quae juxta castrum habetur. et, in alio loco, aliam ecclesiam sancti Hilarii, quae vulgo dicitur capella, et omnia quae sibi pertinere videtur, id est terram arabilem, vineas, prata, molendinos quoque duos.

Comme on le voit, cette capella était déjà dotée de biens ou dépendances susceptibles d'assurer la subsistance du desservant, comme l'étaient ordinairement les oratoires fondés sur le grand domaine.

Autre question, le monument chrétien primitif a-t-il été élevé sur l'emplacement d'un temple gallo-romain ?

D'après une notice dite « du président Aymé », conservée aux Archives départementales des Deux-Sèvres, l'église Saint-Hilaire aurait été « bâtie sur les ruines d'un temple des Payens » (17).

 La notice fut écrite en 1801 et fait état de documents laissés par un contemporain, dom Mazet, documents aujourd'hui disparus. Aussi est-il risqué d'être trop affirmatif au sujet du temple. Seules des fouilles pourraient trancher la question. Un fragment de monument funéraire gallo-romain, remployé comme linteau d'une fausse porte sur le croisillon nord, ne rend pas l'hypothèse invraisemblable.

 

II.                — LES PREMIERS TEXTES

Parmi les premiers textes relatifs à l'église Saint-Hilaire, certains auteurs font figurer une donation du xe siècle mentionnée par les manuscrits de dom Fonteneau (18) et par le Gallia Christiana (19).

Guillaume (Tête d'Etoupe ?), duc d'Aquitaine, et son fils auraient donné vers 951, à l'abbaye de Saint-Jean-d'Angély, les églises situées au-dessous du castrum de Melle. Ceci pourrait comprendre Saint-Hilaire. Toutefois, le rédacteur du texte du Gallia et celui des Instrumenta du même volume ne sont pas d'accord sur l'identification du Guillaume donateur : 1079 est indiqué en marge.

 Le cartulaire de l'abbaye de Saint-Jean-d'Angély reproduit une charte analogue (20). Son éditeur, Georges Musset, écarte la personnalité de Guillaume Tête d'Etoupe : il s'agirait en premier lieu, d'après lui, de Guillaume-Fier-à-Bras (vers 968). De son côté, le célèbre archiviste Alfred Richard a émis de sérieux doutes sur l'authenticité de cette charte (21).

Le second texte pouvant s'appliquer à l'église est la donation de 1028, citée précédemment; elle concerne une église Saint-Pierre près du castrum et, in alio loco, aliam ecclesiam sancti Hilarii, quae vulgo dicitur capella.

Georges Musset précise qu'il s'agit de « l'église Saint-Pierre près du château de Melle et de l'église Saint-Hilaire » (22), mais le texte ne dit pas qu'il s'agit du castrum de Melle.

Toutefois, dans les régions d'Aquitaine où l'abbaye avait des possessions, nous n'avons pas trouvé d'autre castrum possédant une église Saint-Pierre et une église Saint-Hilaire. Il s'agirait donc de Melle.

Mais ici une autre difficulté surgit : toutes les pièces relatives à l'église Saint-Pierre de Melle dans le cartulaire de l'abbaye de Saint-Maixent ne permettent pas de douter de son appartenance à cette abbaye; la contre-épreuve se vérifie dans le cartulaire de l'abbaye de Saint-Jean : aucun texte ne spécifie sa possession de l'église Saint-Pierre de Melle (23).

Peut-être existe-t-il quand même une explication pour cette mystérieuse église Saint-Pierre. Dans le texte de 1028, ses dépendances, prata, aquam fecundam piscibus. paraissent la situer dans la vallée.

Or, les seuls endroits où la Béronne, coulant presque à sec l'été dans sa traversée de Melle, ait pu mériter le qualificatif de fecunda piscibus, sont les trous situés au lieudit Ad Gurgitem, aujourd'hui la Gour, à 900 m environ en amont de Saint-Hilaire.

Et l'abbaye Saint-Jean possédait là au XIe siècle unum vivarium vocabulo Ad Gurgitem et unum molendinum (24). Elle y possédait aussi une capella de Gurgitibus, désignée dans une confirmation de biens datée de 1120 (25). Le vocable de cette chapelle n'est pas indiqué. Peut-être était-elle dédiée à saint Pierre.

C'est encore dans le cartulaire de l'abbaye de Saint-Jean d'Angely que figure un troisième texte, aux environs de 1080 (26).

A cette date, un châtelain du nom de Maingod, dominus castri Metuli, donnait à l'abbaye, conjointement avec ses frères Constantin et Guillaume, l'ecclesiam Sancti Hilarii, quae est in Metulo suo castro.

La donation est confirmée par Aina, surnommée Lupa, leur mère, de qui provenait ladite église, l'ayant reçue en dot de leur père. Cette veuve de Maingod Ier de Melle est connue par d'autres pièces du cartulaire. Elle se remaria avec Béraud de Duns, cité comme son époux dans une charte datée entre 1080 et 1086 (27).

D'autre part, le dernier acte où son premier mari est identifiable étant de 1078 ou 1079 (28), on peut serrer la date de la donation entre 1079 et 1086. Celle-ci, toutefois, ne nous renseigne pas sur la date de construction de l'église actuelle. Tout au plus pourrait-elle servir de terminus a quo pour une datation des parties les plus anciennes (29).

 Observons aussi que les donations en faveur de l'abbaye et de son prieuré de Saint-Hilaire furent très nombreuses dans le Mellois entre les environs de 1080 et de 1100 (30), comme si l'installation du monasterium y avait provoqué quelque élan de générosité.

 

Plan Fortifications de Melle

III. — LE PRIEURE ET SON « HOSPITALE »

L'existence du prieuré a été mise en doute; matériellement, il n'en reste pas trace. Cependant, deux textes du XIe siècle, deux donations pro anima prouvent son existence aux environs de 1086.

La première, pièce 226 du cartulaire de l'abbaye de Saint-Jean, donation de Pierre Raoul de Melle, datée vers 1086, fait mention des moines de Melle (31); la seconde, datée vers 1088, pièce 229 du même cartulaire, relate le don par Tetbaud Bucca et son épouse, d'un jardin sis près de l'hôtellerie des moines résidant au monastère de Saint-Hilaire près du castrum de Melle. hortum qui est situs post hospitale monachorum degentium in monasterio Sancti Hilarii apud castrum Mella (32).

Ajoutons qu'une visite d'experts, datée de 1679, conservée aux Archives départementales des Deux-Sèvres, parle à deux reprises du cloistre élevé jadis contre l'élévation sud de l'église (33).

Enfin, dernier fait accréditant l'existence du prieuré, plusieurs textes montrent l'existence de prieurs de Saint-Hilaire de Melle (34).

Le cloître, il est vrai, a disparu, ainsi que tous les bâtiments conventuels, mais on en voyait encore la trace avant les restaurations de 1846-1857.

Un témoin oculaire, l'historien H. Beauchet-Filleau écrivait au sujet de l'église en 1884 : « .Le mur extérieur du Midi ne présente presque aucun ornement; on y voyait avant l'intelligente restauration que M. Segrétain a fait de ce magnifique édifice, les traces de l'incendie qui, au temps des guerres de religion, dévora le prieuré de Saint-Hilaire (35). »

Remarquons surtout ici, dans le texte de 1088, l'existence d'un hospitale, mot difficilement traduisible, hôtellerie, littéralement : maison où les moines exerçaient l'hospitalité — envers les voyageurs en difficulté et surtout les pèlerins -, objets d'une particulière attention en cette fin du XIe siècle.

Autre indice du passage de ces derniers : en plus du nom de Porte Saint-Jacques donné à la porte de ville la plus proche, il y avait dans l'église Saint-Hilaire une chapelle et un autel dédiés à saint Jacques (36).

Pourquoi les pèlerins s'arrêtaient-ils en ces lieux, distants de la voie de passage la plus connue et où aucune relique célèbre ne paraît les avoir attirés ? Par où passaient-ils ? Le moins qu'on puisse dire est que les textes ne sont pas bavards à ce sujet. Force nous est donc d'examiner méthodiquement les chemins qu'ils pouvaient emprunter en venant du Nord, en particulier de Poitiers, où se vénéraient les reliques de saint Hilaire, importante étape, recommandée par le Guide.

 

IV. — ITINERAIRES DE PELERINS EN HAUT-POITOU

Pour les érudits qui se sont penchés sur le problème des chemins de pèlerins en cette région du Poitou, le chemin le plus connu est celui qui a reçu aux XIVe et XVe. siècles le nom de (grand) chemin de Saint-Jacques ou des pèlerins (37); de Poitiers, il allait vers Saint-Jean-d'Angély et Saintes en passant pas Lusignan, Chenay, Chey, Saint-Léger-lès-Melle.

Mais cette dénomination et ces étapes ne sont attestées qu'à partir du XIVe siècle. Remarquons aussi à ce sujet le silence de l'auteur du Guide du pèlerin de Saint-Jacques, peut-être aveu tacite de la complexité des itinéraires suivis au XIIe siècle entre Poitiers et Saint-Jean-d'Angély.

Certes, à la sortie de Poitiers d'autres possibilités s'offraient aux pèlerins.

 En 1076, on le sait, un comte de Flandres, Baudouin de Guines se dirigea de Poitiers vers Charroux pour aller à Compostelle.

Si l'abbaye de Charroux a pu être un « pôle d'attraction », l'abbaye de Saint-Maixent, détentrice du tombeau de saint Léger, en a été un autre dans le haut moyen âge — nous allons y revenir — et la direction prise par les pèlerins leur permettait de suivre l'indication donnée par le Guide, précisant qu'après Poitiers on allait à Saint-Jean-d'Angély, où s'offrait à leur vénération une relique insigne, rien moins que la tête de saint Jean-Baptiste !

Les pèlerins allant vers Charroux se trouvaient au contraire déportés vers l'Est et obligés d'effectuer un bien long détour s'ils voulaient aller vers Saint-Jean-d'Angély.

Mais pour aller de Poitiers à Saint-Jean-d'Angély plusieurs chemins étaient possibles. Nous allons les examiner.

a)      LA VOIE ROMAINE DE POITIERS A SAINTES PAR ROM

Venant de la direction de Tours — d'où l'expression de via Turonensis — des groupes de pèlerins armés du bourdon, « grands seigneurs semant leur or ou simples manants égrenant leurs cantiques ou leurs chansons » (38), sortaient de Poitiers par la porte de la Tranchée et arrivaient, une demi-lieue plus loin à un embranchement où était plantée une croix, typiquement nommée la Croix-du-Bourdon, au lieu- dit aujourd'hui Les Trois-Bourdons en souvenir d'une auberge à cette enseigne.

Là, sur la gauche, un chemin menait à travers bois vers Charroux par Gençay; sur la droite, la voie romaine conduisait d'abord à Croutelle, où a existé une aumônerie ou Maison-Dieu susceptible d'accueillir les pèlerins (39). On a écrit qu'ensuite ces derniers continuaient à suivre l'ancienne voie romaine par Vivonne, Rom — le Rauranum de l'itinéraire d'Antonin — et Brioux-sur-Boutonne, ancien Briva (40).

En fait, cette voie romaine n'était plus entretenue. Comme l'a fait remarquer un spécialiste en la matière (41), elle était entièrement en impasse par suite de destructions et ne présentait plus que des tronçons d'intérêt local. Une charte, datée vers 1105, relative à des biens sis près de Vivonne — dans le cartulaire de l'abbaye de Saint-Cyprien de Poitiers — nous apprend que la « chaussée » n'était plus considérée que comme le chemin de Vivonne au hameau de Naslin (commune de Vivonne) vers la forêt de Gastine : .sicut via de Nallent vel calciata ducit usque in Gastinam, et vetusta etiam vel semirutum fossatum per nemus determinat (42).

Trente lignes plus loin, on lit que la « voie poitevine », via Pictavina, passait non loin, ad Quercum de Scuto, soit au Chesne, devenu le Chêne-Sapin, près de Coulombiers (43). C'est de ce côté qu'il faut diriger nos recherches.

b)     LA VOIE ROMAINE SECONDAIRE DE POITIERS A SAINTES PAR LUSIGNAN

Plus directe que la précédente et mieux pourvue en étapes, une voie romaine secondaire s'en écartait après Croutelle et passait à Coulombiers, Lusignan, Chenay, Chey, Saint-Léger-lès-Melle ; elle rejoignait la voie romaine précédente un peu avant Brioux.

Le chemin ne se confond pas toujours ici avec la grand-route actuelle (Nationale 11), objet de multiples rectifications depuis le xviie siècle. Les plans cadastraux aident à retrouver sa trace; ainsi, sur la commune de Coulombiers, on la retrouve à La Tombe-Erard, bien à l'est de la grand-route, et les dépendances qu'y possédait l'abbaye de Fontaine-le-Comte sont dites, dès 1283, toucher au chemin des pèlerins (44). La Tombe-Erard fut pourvue d'une aumônerie entre 1310 et 1320 (45).

Une lieue après, les pèlerins trouvaient à Coulombiers une autre aumônerie, placée sous le vocable de Saint-Jacques (46).

Continuant leur chemin à travers la forêt de Coulombiers et les bois de Lusignan, ils pouvaient apercevoir, moins de deux lieues plus loin, le puissant château de Lusignan, que l'imagination populaire, éblouie de légendes, attribuait à la fée Mélusine.

Aussitôt passé le pont sur la Vonne, une première aumônerie, attestée en 1248, pouvait les accueillir, celle de Pranzay, village détruit pendant les guerres du XVIe siècle. On sait que l'église de Pranzay s'élevait au bord de la route à l'emplacement de l'actuel cimetière de Lusignan (47).

A Lusignan même existaient deux aumôneries; celle de la ville basse est dite de la Font-de-Cé, elemosinaria de Fonte Sitis, en 1248 (48). Ce lieudit est situé près de l'embranchement de la route de Niort et de celle de Saintes. Sur une petite place, possédant un hôtel, on voyait encore il y a une dizaine d'années les vestiges d'une fontaine; elle évoquait celle qui donna jadis son nom au lieudit.

Sortant de Lusignan par une montée abrupte et droite, la voie jouxtait, une lieue plus loin, la seigneurie de Venours — tout au plus un castel et quelques maisons au XII" siècle -. Le hameau suivant, Le Grand-Breuil, n'est attesté qu'au XV" siècle; son nom évoque pour les siècles précédents la présence d'un grand bois. La première étape se rencontrait à 17 km de Lusignan, à Chenay, village pourvu d'une église romane au XIIe siècle et situé au carrefour de chemins dont il sera question plus loin; une aumônerie y fut fondée — on ne sait à quelle date — et fut réunie à l'hôpital de Lusignan en 1695 (49). Il en est de même pour l'aumônerie du village suivant, Chey (50).

 Le chemin passe ensuite au hameau de La Barre-Clairin, siège, semble-t-il, d'une commanderie de Templiers vers la fin du XIIIe siècle (51), puis au village de Saint-Léger-lès-Melle, où existait une église en 1089; elle fut donnée à cette date à l'abbaye de Saint-Jean-d'Angély (52) et celle-ci y installa plus tard une aumônerie dédiée à saint Jacques et à sainte Catherine (53).

Un texte de 1333 identifie ici le grand chemin de Saint-Jacques, magnum iter sancti Jacobi, au chemin poitevin, iter pictavinum (54).

Laissant Melle à 800 m environ sur la droite, ce chemin arrive, 6 km plus loin, à Charzay, village doté vers la fin du XIIe siècle, d'une aumônerie servie par un prieuré de l'abbaye saintongeaise de Fontdouce (55).

Peu après, avant d'arriver à Brioux, le chemin se confond avec la voie romaine venant de Rom et passe à La Villedieu, puis à Aunay, d'où le plus souvent les pèlerins quittaient cette voie pour aller à Nuaillé-sur-Boutonne et à Saint-Jean-d'Angély avant d'arriver à Saintes.

L'étude de ce chemin nous amène à deux constatations différentes, suivant qu'il s'agit du tronçon de Poitiers à Lusignan ou de celui de Lusignan à Saint-Léger-lès-Melle.

Le premier est attesté comme chemin pèlerin dès 1283 à la Tombe-Erard et les aumôneries le sont dès 1248; les étapes s'y suivent tous les six ou sept kilomètres. Sur le second, au contraire, les étapes sont plus rares, séparées de dix-sept kilomètres entre Lusignan et Chenay, et le chemin n'est attesté ici comme chemin pèlerin qu'à partir de 1333.

Sans vouloir exclure le passage entre Lusignan et Saint-Léger-lès-Melle, on est amené à se demander où allaient les pèlerins après Lusignan avant le XIVe siècle ?

c)      LES CHEMINS DE POITIERS A SAINTES PAR SAINT-MAIXENT

Les traces de voyage sont rares à l'époque romane. Il en est cependant un sur lequel nous savons quelque chose, celui d'un pape, Urbain II. Il est allé de Poitiers à Saint-Jean-d'Angély et Saintes en 1096.

A Lusignan, ce n'est pas le chemin de Saint-Léger-lès-Melle qu'il a pris, mais celui de Saint-Maixent. Parti de Poitiers le 30 mars 1096, il était à Saint-Maixent le 31, comme le prouvent deux bulles datées de ce jour (56).

De Lusignan à Saint-Maixent par Rouillé, Boisgrolier, La Villedieu-du-Perron (aumônerie) et Soudan, la distance n'est que de 26 km. Les relations étroites des sires de Lusignan avec l'abbaye (57) n'ont pas dû défavoriser le passage des jacquaires vers elle.

 En plus des possibilités d'accueil offertes par une grande abbaye, les attirait là le tombeau d'un saint très populaire dans le haut moyen âge : saint Léger (58).

 Les guerres des XIVe et XVIe siècles, l'incendie des archives de Niort en 1805 sont parmi les causes de la pénurie de documents sur le culte de ce saint dans la région. Quelques éléments d'appréciation s'offrent cependant : — le grand nombre de vies de saint Léger écrites entre le VIle et le XIIIe siècles (59) ; — le nombre important de paroisses, d'églises, de chapelles dédiées à ce saint, avec les variantes : Ligeaire, Liguaire, Légère, Ligier, Liagre, Ligoire, Lager.

On en trouve en Belgique et dans le Nord (avec une certaine densité), régions d'où venaient précisément une partie des pèlerins empruntant la via turonensis; — la basilique élevée à côté de l'abbatiale de Saint-Maixent en l'honneur de saint Léger a été détruite au xvie siècle, mais il en reste une crypte du VIIe siècle, remaniée au XIe, crypte pourvue jadis de deux escaliers d'accès; elle abritait le tombeau de saint Léger. L'ampleur de cette crypte suffit à elle seule à attester la venue de pèlerins, et le fait de son remaniement au XIe siècle laisse entendre que l'affluence se poursuivait encore en ce siècle.

On pourrait objecter qu'après les invasions normandes, le tombeau ne contenait plus que trois livres et huit onces des restes du saint, comme en témoigne une inscription (60). Ce serait oublier la mentalité des pèlerins et l'attrait exercé sur eux par le tombeau.

A Jérusalem, à Rome, à Compostelle, c'est un tombeau qu'ils allaient vénérer — et le premier était un tombeau vide.

A partir des environs de l'an 1200, le culte de saint Léger paraît avoir suivi ici le déclin de la puissance de l'abbaye de Saint-Maixent et celle des sires de Lusignan.

 La soumission directe du Poitou au pouvoir du roi de France leur fut fatale (61).

De Saint-Maixent, les pèlerins pouvaient aller à Saint-Jean-d'Angély par plusieurs chemins. Commençons par ceux de l'Est.

Un chemin ancien suit le synclinal de la Sèvre et rejoint l'ancienne voie romaine précédemment observée à Chenay. Il passait à Saint-Eanne, où subsiste une église romane, à La Villedieu (de Comblé), dont le nom indique à l'origine une fondation religieuse, à La Mothe-Saint-Héraye, où existait au début du XIe siècle, non loin d'une motte féodale, un sanctuaire dédié à saint Aredius (Yrieix), à Isernais, où l'abbaye de Saint-Maixent possédait un prieuré, à Exoudun et à Bagnault (62), où l'on rencontre des vocables Saint-Jacques.

Deux chapelles de l'église d'Exoudun étaient placées sous ce vocable; l'un d'eux est dit Saint-Jacques de Thérouanne (63), ce qui pourrait confirmer le passage de pèlerins venant du Nord.

D'autres groupes sortaient de Saint-Maixent par la porte Mellaise (64) et rejoignaient la voie romaine à Melle, à 25 km, en prenant un modeste chemin qui traversait une forêt, appelée forêt de Savra par les textes du XIIe siècle.

Ce chemin, l'abbaye avait pris soin de le jalonner de ses prieurés environ toutes les deux lieues : Souvigné, L'Hermitain, Beaussais, Saint-Thibault, Saint-Pierre de Melle (65).

Par ce moyen, les pèlerins arrivaient à Melle par la porte Saint-Jean; ils évitaient le prieuré et l'hospitale de l'abbaye de Saint-Jean-d'Angély, qu'il serait peut-être exagéré de qualifier ici de concurrente de l'abbaye de Saint-Maixent, mais qui subissait des influences temporelles autres (66) et obéissait à l'époque à la centralisation clunisienne, alors que l'abbaye de Saint-Maixent s'y était refusée.

A Beaussais un autre chemin allait vers Melle, Il y débouchait derrière le faubourg Saint-Hilaire, près d'une aumônerie dite de Puyherbault au XIVe siècle (67), qui pourrait avoir succédé à l'hospitale de 1088. Sur le cadastre un lieudit le Champ de l'Hôpital peut appuyer cette hypothèse. De là, un chemin descend vers l'église Saint-Hilaire et remonte l'autre côté du vallon vers la porte Saint-Jacques.

Sans être obligés d'entrer à Melle, les pèlerins pouvaient, une fois passée l'église Saint-Hilaire, prendre un chemin dont on voit encore le tracé en face la gendarmerie et qui les menait vers la voie romaine en direction de Brioux.

A partir des environs de 1095, un motif supplémentaire a pu les amener vers Melle par Saint-Hilaire : l'attraction du monastère de Celles-sur-Belle. Des miracles s'y produisaient, si l'on en croit une chronique du XIIe siècle, la Chronique de Saint-Maixent, plus connue sous le nom de Chronique de Maillezais. « Eodem anno, écrit le chroniqueur en parlant de l'année 1095, cepit locus Sancte Marie ad Cellam florere miraculis (68). »

 De l'abbatiale romane de Celles il reste un beau portail polylobé, dû peut-être à l'influence de l'art hispano-mauresque le long des routes de pèlerinage (69).

De l'abbaye provient une statuette en pierre de pèlerin agenouillé, avec coquille sur la pannetière (fin du XIIe siècle ou début du XIIIe), déposée au Musée du Pilori à Niort (70).Musée Bernard d' Agesci

La route de Nantes à Limoges permettait aux pèlerins l'accès facile de Melle (8 km); ils y prenaient la direction de Saint-Jean-d'Angély. Ils pouvaient également atteindre ce but en prenant la route qui suit les vallées de la Belle et de la Boutonne par Verrines, où l'abbaye de Saint-Maixent avait un prieuré, puis par Montigné, autre possession de la même abbaye, Périgné (aumônerie) et Chizé avec son aumônerie Saint-Jacques.

A V. — LE ROLE DE L'ABBAYE DE CLUNY

L'abbaye de Cluny passe pour avoir joué un rôle aux xie et XIIe siècles dans l'élan donné au pèlerinage de Saint-Jacques et dans l'organisation des étapes.

Ce rôle a donné lieu à discussions (71). Est-il perceptible pour les chemins et les étapes observés ici ?

Nos recherches nous ont d'abord amené à constater l'emprise de Cluny sur l'abbaye de Saint-Jean-d'Angély dès 1011-1014.

A cette date, saint Odilon, abbé de Cluny, était en excellentes relations avec Guillaume V le Grand, duc d'Aquitaine. Sur la demande du duc, il rétablit l'ordre dans le monastère saintongeais et y nomma abbé l'un des siens, Rainaldus (72), et tous les successeurs de ce dernier furent des moines venus de Cluny, jusqu'à Henri ou Aenric, abbé de 1104 à 1131, un ambitieux, un « faux-frère », qui détacha son abbaye de sa mère spirituelle (73), bien qu'il fût lui-même un moine venu de Cluny.

Elle a cherché à établir la même emprise à Poitiers sur l'abbaye de Saint-Cyprien, mais les bénédictins se révoltèrent ici contre la tutelle clunisienne.

Ce fut l'une des causes de la fondation d'un moutier neuf, Saint-Jean-de-Montierneuf, entièrement clunisien. Fait caractéristique, lors de la fondation de Montierneuf (1076), l'abbé de Cluny, absent, se fit représenter par l'abbé de Saint-Jean-d'Angély (74).

Peu de temps après, sur le même axe, Cluny fondait, en 1081, un important prieuré à Saintes (75), lieu de passage des jacquaires, attirés en outre par la popularité du culte de saint Eutrope.

Autour du tombeau de ce saint, les clunisiens élevèrent à la fin du XIe siècle une magnifique crypte, surmontée au XIIe par une longue prieurale, dont la nef a été détruite pendant les guerres de religion.

Entre Saintes et Poitiers une étape était utile. Ici se situe, vers 1086, nous l'avons vu, la fondation du prieuré de Saint-Hilaire de Melle par l'intermédiaire de l'abbaye de Saint-Jean-d'Angély, devenue clunisienne et possessionnée déjà en ces lieux.

Elle acquit également vers 1089, l'église de Saint-Léger-lès-Melle, vue précédemment sur la voie romaine secondaire venant de Poitiers par Lusignan. Le curé de cette église était à la nomination du prieur de Saint-Hilaire (76). Il y avait donc des liens entre eux et l'on peut supposer que les pèlerins en surnombre à Saint-Léger étaient envoyés à l'hospitale de Saint-Hilaire et vice versa, lorsque l'aumônerie de Saint-Léger fut créée.

Cluny n'a pas négligé non plus le courant de pèlerins venant du Nord-Ouest.

Un prieuré clunisien fut fondé en 1029 à Mougon (77), à 13 km au nord-ouest de Melle. La situation de Mougon était intéressante sur la route de Nantes à Limoges, à un carrefour de chemins; l'un d'eux amenait les pèlerins de l'Anjou par Champdeniers (78).

 

VI. — L'INFLUENCE CLUNISIENNE SUR L'ARCHITECTURE MONASTIQUE

L'emprise de Cluny sur les étapes n'est donc pas un mythe.

On peut alors se poser une autre question : y a-t-il une influence clunisienne sur l'architecture des monastères-étapes en question, particulièrement sur celui que nous étudions, Saint-Hilaire de Melle ?

Nous avons été devancé ici par un archéologue anglais, Joan Evans. Dans son ouvrage intitulé The Romanesque Architecture of the Order of Cluny, paru à Cambridge en 1938, il a eu le mérite de remarquer les influences clunisiennes. Sans doute, ses observations ne sont-elles pas toutes convaincantes, mais celles qu'il a faites au sujet des plans méritent attention. En comparant le plan d'édifices clunisiens, il a remarqué des sanctuaires à déambulatoire dotés de trois absidioles rayonnantes par rapport au centre de l'abside avec des proportions souvent semblables.

A Saint-Hilaire de Melle, ce sanctuaire à déambulatoire est combiné avec un transept pourvu d'une absidiole orientée sur chacun de ses bras; le transept s'ouvre sur une nef à collatéraux de six travées.

La première campagne de construction date des premières années du XIIe siècle (79), donc de l'époque où l'abbaye de Saint-Jean-d'Angély obéissait à la centralisation clunisienne.

A l'utile travail de Joan Evans manquent deux observations, l'une qui concerne les amorces d'un clocher sur la travée la plus occidentale, au revers de la façade (80), l'autre concerne les mesures, ou plus exactement les modules des mesures employées par le maître d'œuvre L'étude du monument nous a révélé l'unité de mesure employée : le pied romain, dit aussi bénédictin, de 29,5 cm.

Voici les principales mesures de l'édifice : longueur totale dans œuvre, 47,50 m, soit 161 pieds; hors œuvre, 49,56 m, soit 168 pieds; longueur du transept dans œuvre, 17,68 m, soit 60 pieds; largeur de l'abside au niveau du transept, 10,30 m, soit 35 pieds; diamètre du sanctuaire (sans le déambulatoire), 6,19 m. soit 21 pieds; largeur du déambulatoire, 2,05 m, soit 7 pieds; l'ouverture des cinq absidioles donne approximativement la même dimension : 7 pieds. Le sommet de la coupole domine le carré du transept de 14,45 m, soit de 49 pieds.

 La nef mesure en longueur 32,05 m, soit 112 pieds, et en largeur dans œuvre 12,68 m, soit 43 pieds.

A part quelques exceptions, on constate dans ces mesures la fréquence du nombre 7 et ses multiples, 21, 35, 49, 112, 161, 168.

M. Kenneth John Conant, l'éminent archéologue qui a entrepris et dirigé les fouilles de Cluny, a remarqué l'emploi du module de 7 pieds dans les fondations de l'abbatiale de Cluny II, consacrée en 981, et dans le sanctuaire de Cluny III, commencé en 1088 (81).

Coïncidences curieuses. Gardons-nous cependant d'être trop catégorique dans l'affirmation d'une influence.

Le nombre 7 joue un rôle important dans la symbolique chrétienne. Se chiffrent par sept les dons du Saint-Esprit, les sacrements, les vertus, les péchés capitaux, les sceaux de l'Apocalypse (82). Un rapport est possible aussi entre la liturgie et l'architecture : lors de certaines processions liturgiques, les bénédictins défilaient sept par sept (83).

 

 

APPENDICE N° 1

Les inscriptions sur les chapiteaux romans ne sont pas tellement fréquentes. Il serait dommage de ne pas relever celle du bandeau du tailloir d'un chapiteau dans la partie nord-est du déambulatoire :

FACERE ME AIMERICVS ROGAVIT

Trois points disposés comme un signe maçonnique terminent l'inscription — signature du sculpteur ou simple ornement décoratif pour remplir un vide ? On ne sait. Plus souvent, les sculpteurs semblent avoir gravé leur nom sur la corbeille du chapiteau; on lit ainsi VMBERTUS ME FECIT sur celle d'un chapiteau de la tour-porche de Saint-Benoit-sur-Loire, ou GOFRIDVS ME FECIT sur celle d'un chapiteau du déambulatoire de Saint-Pierre de Chauvigny.

L'expression prête à équivoque. Me fecit peut signifier m'a fait ou m'a fait faire (84). Sur le chapiteau de Saint-Hilaire de Melle l'équivoque n'existe pas : il s'agit du nom d'un donateur, d'un commanditaire.

Peut-on identifier cet Aimericus ? Un érudit du siècle dernier, R.F. Rondier, crut y avoir réussi en découvrant qu'un abbé de Saint-Jean-d'Angély, mort vers 1030, avait porté ce nom. Il fit une communication sur ce sujet à la Société de Statistique des Deux-Sèvres en 1842 (85).

Les progrès accomplis depuis un siècle par l'archéologie et l'épigraphie ne permettent plus d'envisager cette date des environs de 1030. Malheureusement, il n'existe pas, vers la fin du XIe siècle ou au début du XIIe d'abbé de Saint-Jean, de prieur ou châtelain de Melle du nom d'Aimeri.

Nous avons cependant découvert un Aimeri de Melle, mais sans indication de fonction; son nom apparaît sous la forme Aimericus de Metulo dans une charte de l'abbaye de Saint-Jean-d'Angély vers 1091 (86) et sous la forme Aimericus de Metla dans une charte de l'abbaye de Saint-Florent de Saumur à la même époque (87). Il s'agit probablement du même personnage, car dans les deux chartes il fait donation de concert avec son frère, Engelbard. Disons toutefois qu'il est impossible d'identifier avec certitude le donateur du chapiteau.

Le nom d'Aimeri n'était pas rare à l'époque romane.

Il a pu être ici celui d'un passant, d'un pèlerin qui, suivant l'usage, laissait un don pour l'église en construction rencontrée sur son chemin.

L'épigraphie apporte davantage d'éléments positifs. On est en présence d'une inscription soignée, en vingt-quatre belles et larges capitales romaines d'une lecture facile, sans abréviations, aux lettres sensiblement de même hauteur. On est loin des capitales serrées, aux traits grèles et peu creusés, pourvus de hastes allongées, avec des barres ou des traverses très courtes, fréquentes dans les inscriptions des deux premiers tiers du XIe siècle.

Les lettres enclavées et les lettres entrelacées sont absentes; on voit deux onciales, E et M. Celles-ci n'apparaissent guère avant la fin du XIe siècle, ainsi que le G et le C aux angles arrondis. Par contre, on note la présence de deux groupes de lettres conjointes, ME et AV, pratique tendant à disparaître au début du XIIe.

En bref, les remarques suggérées par cette inscription conduisent à écarter une datation dans le cours du XIe siècle, mais à ne pas proposer une date très tardive dans celui du XIIe. Le début de ce siècle paraît la datation la plus vraisemblable, en accord avec les caractéristiques archéologiques du sanctuaire et du transept : baies dépourvues d'ébrasement extérieur, emploi exclusif de l'arc en plein cintre — caractéristiques dont est dépourvue la nef à collatéraux, manifestement plus récente.

APPENDICE N° 2 Il y a pénurie de documents sur l'histoire du prieuré. Nos recherches ne nous ont livré que cinq noms de prieurs : — Jean d'Orfeuille, prieur avant 1408, puis abbé de Saint-Jean-d'Angély (88), sans doute frère de Géraud d'Orfeuille, lui-même abbé de cette abbaye de 1376 à 1408; — Pierre de Nouailhac, prieur en 1438 (89);

— Thomas de Lussaud, grammairien, philosophe, devenu docteur et professeur à l'Université de Poitiers; il y était célèbre aux environs de 1459, dit le Gallia christiana (t. II, col. 1105); — Auguste Joubert, prieur commendataire en 1677-1679 (90);

— René-François de Beauvau du Rivau, prieur commendataire en 1701, nommé évêque de Bayonne, transféré ensuite au siège de Tournai (91).

Si l'on en croit un document conservé aux Archives départementales de la Vienne, la Tabula dignitatum, prioratum et parochialum ecclesiarum urbis et diocesis Xantonensis. anno ab I. D. 1586 exerata, six moines, le prieur compté, résidaient au prieuré en 1586 — en somme juste le minimum de moines nécessaire pour éviter la suppression du prieuré au moment des réformes issues du concile de Trente.

 

 

Hubert LE ROUX Bulletin de la Société des antiquaires de l'Ouest et des musées de Poitiers

 

 

==> Melle, cité de Metullum, fille de Mélusine

==> Cluny, l’église abbatiale pillée puis renversée (1793-1794) Fouilles en 1938 sous la direction de M Kenneth -John Conant

 

 


 

(1) Le Guide du pèlerin de Saint-Jacques-de-Compostelle, publ. par J. VIELLIARD (3e éd., Mâcon, 1963), formait la 5e partie du Liber sancti Jacobi, appelé aussi Codex Calixtinus, à cause de sa lettre-préface apocryphe du pape Calixte II. La date de rédaction est laissée habituellement dans le vague : XIIe s. (avant 1173). Certains indices permettent d'affirmer qu'il a été rédigé «vers 1120, certainement avant 1130 », selon M. le professeur E.-R. LABANDE, que nous remercions pour ces précisions.

(2) LA COSTE-MESSELIERE (René DE), Chemins médiévaux en Poitou, Bull. philol. et hist. du Comité des trav. hist., 1960 (paru en 1961), pp. 207-233.

(3) TRAVER (Em.), Histoire de Melle, Melle, 1938. Fac-sim., p. 34.

(4) Chartes et documents pour servir à l'hist. de l'abbaye de Saint-Maixent, publ. par A. RICHARD, Poitiers, 1886.1887, Archives histor. du Poitou (A.H.P.), XVI et XVII; ici : XVI, pp. 30 et 85, pièces 18 et 67.

(5) Atton, vicomte de Melle, est cité en 904 : Chartes de l'abbaye de Nouaillé., publ. par dom P. DE MONSABERT, Poitiers, 1936, A.H.P., XLIX, pp. 56-58, pièces 31 et 32.

(6) Bibl. nat., lat. 5927. Cf. G. BEECH, A Feudal Document of Early Eleventh Century Poitou, Mélanges René Crozet, Poitiers, 1966, I, 203-213.

(7) Tracé datant de 1836, ne figurant pas encore au cadastre de 1832; à sa place, à l'Est, le terrain porte la mention « Les Douves ».

(8) Collusion entre les Lusignan et l'abb. de S.-Maixent vue par R. DE LA COSTE.

MESSELIÈRE, Note pour servir à l'histoire de Melle., Bull. de la Soc. des Antiqu. de l'Ouest (B.S.A.O.), 4e s., IV, 1957-1958, 269-315, spéc. p. 298, n. 109 et p. 301.

(9) Aunay (Audenacum), devenu Aulnay-de-Saintonge en 1810 par l'effet de l'ignorance crasse d'un rédacteur du Dictionnaire des Postes, relevait du comté de Poitou. Après 925, le siège de la vicomté semble déplacé de Melle à Aunay. Cf. LA COSTE-MESSELIÈRE, op. cit., p. 285.

(10) Chartes S.-Maixent, op. cit., A.H.P., XVI, p. 25, pièce 13 (déc. 928).

(11) Cf. infra, note 32.

(12) « Dans une maison sise Grande-Rue, près de la porte Saint-Jacques. M, lit-on dans un acte relatif à un procès de 1735. Cf. Arch. nat., E. 2105. Me E. TRAVER nous a montré en 1941 trois actes du XVIIIe s. mentionnant cette porte Saint-Jacques, appelée aussi Saint-Hilaire.

(13) L'Edictus pistense. en 864, fit de l'atelier de Melle le seul fournisseur de monnaie pour tout le Sud-Ouest du royaume (Capitularia regum Francorum, capit. II, p. 315 de l'édition BORETIUS).

(14) L'une de ces sorties existe encore dans un jardin en contrebas de la rue des Mines. Elle dévoile environ 3 km de galeries.

(15) Forme ancienne : villa Merilec (entre 951 et 963), Chartes S.-Maixent, A.H.P., XVI, pièce 27, p. 42.

(16) Cartulaire de l'abbaye royale de Saint-Jean-d'Angély, publ. par Georges MUSSET, Paris, 1901 et 1904, Archives hist. de la Saintonge et de l'Aunis (A.H.S.A.), XXX et XXXIII; ici XXX, pp. 297-298, pièce 244.

(17) Arch. dép. Deux-Sèvres, Série 5 F 35. Cartons Briquet.

(18) Bibl. munie. Poitiers. Mss. Dom Fonteneau, XIII, ff. 47 et 69.

(19) Gallia christiana, II, col. 1096; Instrumenta, col. 465 : le millésime 1079 indiqué en marge ne s'accommode guère avec le signum Gisleberti (évêque de Poitiers de 975 à 1021).

(20) Cartul. S.-Jean-d'A., I, - A.H.S.A., 30, pièce 2, pp. 12-17.

(21) A. RICHARD, Histoire des comtes de Poitou (778-1204). Paris, 1904, I, 99, n. 2.

(22) Cartul. S.-J ean-d' A., I, - A.H.S.A., 30, pièce 254, p. 297.

(23) Insister sur ce point n'est pas inutile, car on a parfois écrit que toutes les églises de Melle dépendaient de l'abbaye de Saint-Jean-d'Angély en s'appuyant abusivement sur le texte de 1028. Cf. Tony SAUVEL, Une sculpture romane perdue, la déisis romane de Saint-Jean-d'Angély, Rev. de Saintonge et d'Aunis, n.s., I, 1946, 104-111.

(24) Cartul. S.-Jean-d'A., 1, A.H.S.A., 30, pièce 228, p. 284.

(25) Cartul. S.-Jean-d'A., II, A.H.S.A., 33, pièce annexe 13, pp. 181.182.

(26) Ibid., I, A.H.S.A., 30, pièce 219, pp. 275-276.

(27) Ibid., I, A.H.S.A., 30, pièce 228, pp. 284-285.

(28) Documents pour l'histoire de l'église Saint-Hilaire de Poitiers, Mém. soc. Antiqu. de l'Ouest (M.S.A.O.), XIV, 1847, pièce 91, pp. 97-99.

(29) Voir infra l'additif n° 1.

(30) Les chartes concernant le Mellois sont groupées grosso modo in Cartul. S.-Jean-d'A., I, A.H.S.A., 30, pp. 275 à 307.

(31) Ibid., I, A.H.S.A., 30, pièce 226, p. 283.

(32) Ibid., I, A.H.S.A., 30, pièce 229, p. 286.

(33) Arch. dép. Deux-Sèvres, B, siège de Melle, an. 1679, pièce publ. par S. CANAL, L'église Saint-Hilaire de Melle en 1679, Bull. Soc. hist. Deux-Sèvres, II, 1913, 79-88. Parlant de la nef, les experts situent deux anciennes portes, l'une du côté du charnier (le cimetière s'étendait au nord de l'église), l'autre du côté du cloître.

(34) Voir la liste des prieurs, infra, additif nQ 2.

(35) H. BEAUCHET-FILLEAU, De Ruffec à Niort en chemin de fer. Notes de voyage, p. 86 (Ruffec, 1884).

(36) Du même, Pouillé du diocèse de Poitiers, p. 310 (Niort et Poitiers, 1868).

(37) LA COSTE-MESSELIÈRE (R. DE), Le grand chemin de Saint-Jacques en Poitou, Compostellanum, X, 1965, n° extraord., pp. 407-418, 2 cartes. — Du même : Le grand chemin de Saint-Jacques ou des pèlerins en Poitou, Etudes et documents publ. en annexe au Catalogue de l'exposition de Cadillac-sur-Garonne, 1967, 23-37.

(38) Nous citons ici Emile GINOT, Les chemins de Saint-Jacques en Poitou, Mém. Soc. des Antiqu. de l'Ouest, 3e s., V, 1911, pp. XIX-LX. Cet érudit, pionnier dans l'étude des chemins de Saint-Jacques en Poitou, a montré qu'il existait en 1272 près de la Tranchée, hors les murs, une aumônerie dédiée à sainte Madeleine; plus loin, au carrefour de la route de la Torchaise, existait à la fin du XIIIe siècle une aumônerie dédiée à saint Jacques, avec une chapelle, siège de la confrérie des pèlerins. Cf. du même : Notes sur la confrérie des pèlerins de Saint-Jacques et sa chapelle, B.S.A.O., 3e s., IX, 1931-1933, 494-509.

(39) Domus Dei de Crotellis (1276), Arch. dép. de la Vienne, Série H, Fontaine-le-Comte, liasse 1. Cf. L. REDET, Dictionnaire topographique de la Vienne, Paris, 1881, p. 146.

(40) M.-L. FRACARD, Gîtes d'étapes pour pèlerins sur quelques chemins du Poitou central (Deux-Sèvres) en direction de Compostelle (vers la fin du XIVe siècle).

B.S.A.O., 4e s., VIII, 1965.1966, 45-60, carte dépl. h.t. Intéressante étude. L'auteur aurait eu intérêt à connaître la voie romaine en question : il n'y aurait pas situé Bonneuil-aux-Moines, Saint- Vincent-la-Châtre, Chail, Saint-Genard, Paizay-le- Tort. (p. 48).

(41) LA COSTE-MESSELIÈRE (R. DE), Chemins médiévaux. (op. cit.), p. 216.

(42) Cartulaire de l'abbaye de saint-Cyprien de Poitiers, éd. L. REDET, Poitiers, 1874, A.H.P., III, 67.68, pièce 75.

(43) Ibid., 68, pièce 76 (légèrement plus tardive semble-t-il). Remarques dues à l'érudition de R. DE LA COSTE-MESSELIÈRE, op. cit., p. 216.

(44) Arch. dép. de la Vienne, Série H, Fontaine-le-Comte, liasse 13.

(45) Ibid., liasse 13. Aumônerie fondée par Aimeri Poupart, chevalier.

(46) On ne sait rien sur l'origine de l'aumônerie de Coulombiers, citée sous le vocable de Saint-Jacques seulement en 1634. Cf. L. REDET, Dictionnaire topographique de la Vienne, p. 138.

(47) Ibid., p. 333. — L'église de Pranzay est attestée entre 916 et 934 : Chartes de Nouaillé, op. cit., A.H.P., XLIX, p. 62, pièce 34. L'aumônerie elemosinaria de Pranzaio, est citée en 1248 dans le testament de Hugues XI de Lusignan, Biblioth.

munie. Poitiers, Mss. Dom Fonteneau, I, fo 312. — Une célèbre miniature des Très riches heures du duc de Berry (Chantilly, Musée Condé) montre, vue de Pranzay, le château de Lusignan, tel qu'il apparaissait au XVe siècle avec sa double enceinte ; au bord du chemin se dresse une croix hosannière qui a pu indiquer le chemin pèlerin; sur la gauche, en premier plan, le clocher (?) de l'église de Pranzay.

(48) Mss. Dom Fonteneau, I, 312.

(49) B. LEDAIN, Dictionnaire topogr. du dép. des Deux-Sèvres, Poitiers, 1902, p. 80.

(50) BEAUCHET-FILLEAU, Pouillé du diocèse de Poitiers, p. 251.

(51) Ibid., p. 206, s'appuie sur un passage du Grand Gauthier ou Cartulaire de l'évêché de Poitiers, rédigé au XIVE siècle; il parle seulement d'une capellania Templariorum. Les archives de La Barre-Clairin déposées aux Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1, liasse 153, datées entre 1545 et 1741, ne parlent que de la métaierie de la Barre-Clairin, placée sous la dépendance de la commanderie d'Ensigné près Brioux.

(52) Cartul. S.-Jean-d'A., I, A.H.S.A., XXX, pièce 220, pp. 276-277.

(53) BEAUCHET-FILLEAU, op. cit., 384, s appuie également sur un passage du Grand Gauthier rédigé au xive siècle.

(54) Arch. nationales, P 250 3, fol. 7 v°.

(55) Arch. nat., P 520 3, passim. - BEAUCHET-FILLEAU, op. cit., 309-310. — S. CANAL, Les ruines du prieuré de Charzay.., Bull. de la Soc. histor. des DeuxSèvres, I, 1912, 168-169. — R. DE LA COSTE-MESSELIÈRE, Il y a neuf siècles. sur les chemins de la chrétienté, Suppl. au Bull. des architectes des collectivités publiques, nov.-déc. 1955 (3 ill. sur l'égl. de Charzay). Chevet plat, nef unique de trois travées, arrachements de voûtes et moulures toriques de type gothique angevin, restes de sculptures (coll. partie.) ne donnent pas de repères de datation très précis : entre la fin du XIIe s. et le milieu du XIIIe.

(56) P. JAFFÉ, Regesta pontificum romanorum, Berlin, 1885, I, p. 686.

(57) Cf. supra, introd. et n. 8.

(58) S. Léger (+ v. 678), abbé de S.-Maixent, puis év. d'Autun, opposé aux appétits de domination d'Ebroin, maire du palais de Neustrie. Une armée à la dévotion de ce dernier vint assiéger Autun. Pour que les Autunois fussent épargnés, Léger eut le beau geste de se livrer aux assiégeants. D'où sévices cruels et finalement décapitation près d'Arras, ce qui explique le nombre de vocables dans le Nord.

(59) Cf. A. POTTHAST, Wegweiser durch die Geschichtswerke., 2e éd. Graz, 1895, II, 1421 ss. — On en trouve dès la fin du VIIe s. : Cf. AVALLE (D'Arco Silvio), Latino « circa romançum ». Padova, 1965, pp. 3-4 (Vulgares éloquentes, 2).

 

(60) Inscription du x° siècle sur le tombeau de saint Léger déposé depuis le XVI" dans la crypte de l'abbatiale de Saint-Maixent. Les premiers mots sont en partie cachés par une colonne. On croit pouvoir lire : [HIC SANCTVS] QVONDAM REQVIEVIT LEODEGARIVS OSSA TENET CVJVS BROVILVS ECCE LOCVS [TRES LIBRAS] TUMVLVS HIC HABET ALMIFVVS ET VIIII VNCIAS.

Rare, l'adjectif almifuus (almifluus) est employé dans des vies de saints du xe siècle dans le sens de « fécond en bénédictions ».

(61) Cf. Chartes et documents pour servir à l'histoire de l'abbaye de Saint-Maixent, publ. par Alfred RICHARD, Poitiers, 1886, A.H.P., XVI p. XLII.

(62) MJne FRACARD, op. cit., p. 49, a remarqué une auberge Saint-Jacques à Bagnault. Explication par un « chemin Rochellois » au tracé douteux.

(63) BEAUCHET-FILLEAU, op. cit., p. 269. -

(64) Porta Mellesia, 1134-1164, Chartes Saint-Maixent, A.H.P., XVI, 359, pièce 344; Porta Metulensis en 1189, ibid., 379, pièce 367.

(65) Souvigné attesté comme prieuré en 1189, ibid., pièce 367; L'Hermitain et Saint-Thibault dans un aveu de 1363, ibid., A.H.P., XVIII, 146, pièce 513; Beaussais, prieuré-cure en 1715, ibid., 444, possède une église romane, peut-être celle d'un prieuré au XIIe siècle, mais rien de certain; Saint-Pierre de Melle, prieuré entre 1125 et 1129, ibid., 313, pièce 287.

(66) Cf. supra, introd. et n. 8 et 9.

(67) BEAUCHET-FILLEAU, op. cit., p. 310. — TRAVER, Op. cit., pp. 19 et 116.

(68) Chronicon Sancti Maxentii, éd. J. VERDON, Poitiers, 1959, dactyl., p. 172.

(69) Influence discutée. Remarquons cependant des portails polylobés à Saint-Médard de Thouars et à l'ancienne église Saint-Paul de Parthenay situées sur le même passage N.-S. de pèlerins que Celles-sur-Belle.

(70) Statuette inscrite au catalogue de deux expositions organisées par R. DE LA COSTE-MESSELIÈRE sur le pèlerinage de S.-Jacques, Paris, Arch. nationales, 1965, n° 167; Cadillac-sur-Garonne, 1967, n° 453.

(71) Intéressante mise au point de R. OURSEL dans Pèlerins et chemins de S.-Jacques, Paris, Arch. nationales, 1965, pp. 59-69.

(72) ADÉMAR DE CHABANNES, Chronique, III. 56, éd. CHAVANON, Paris, 1897, p. 181.

(73) Cartul. S.-Jean-d'A., II, A.H.S.A., XXXIII, p. XXXVI-XXXIX.

(74) Charte relative à la fondation de Montierneuf, datée du 28 janv. 1077 (n.s.). Orig. disparu; copie XIIIe s., Arch. nat., 3460, 2, 1 et dom Fonteneau, XIX, 33.

(75) L. AUDIAT, Saint-Eutrope et son prieuré. Documents inédits, Arch. hist. de la Saintonge et de l'Aunis, t. II.

(76) BEAUCHET-FILLEAU, op. cit., p. 384.

(77) Recueil des chartes de l'abbaye de Cluny, publ. par A. BRUEL, t. IV, pp. 19-20.

(78) Sur Champdeniers, voir les intéressantes observations de M.-L. FRACARD, op. cit. p. 52.

(79) Cf. E. LEFÈVRE-PONTALIS, Melle, dans le Guide du Congrès archéologique de France, tenu à Angoulême en 1912, p. 86; parlant des deux campagnes de construction de Saint-Hilaire, il écrit : « je crois qu'on peut les échelonner dans la première moitié du XIIe siècle. » Cette étude contient un plan de l'église; nous v renvoyons le lecteur.

(80) Un clocher existe sur le carré du transept suivant une tradition romane assez constante en Poitou. Sanctuaire et transept datent des premières années du XII" siècle (cf. appendice I) ; la construction de la nef s'est échelonnée entre le milieu et la fin de ce même siècle, sauf peut-être pour ce qui concerne l'énigmatique travée occidentale, au revers de la façade : quatre piles plus fortes que les autres supportent une voûte surélevée, percée d'un oculus, comme pour un clocher.

(81) K.-J. CONANT, Etudes nouvelles sur l'abbaye de Cluny (Saône-et-Loire), Bull. de la Soc. nat. des Antiqu. de France, an. 1957, 164-170.

(82) Aux esprits curieux désirant une énumération plus longue, signalons le mot septem dans F. DUTRIPON, Concordantiae bibliorum sacrorum, Paris, 1888.

(83) Nous remercions ici M. Carol HEITZ, chargé d'enseignement d'Histoire de l'art du moyen âge à la Faculté des Lettres de Poitiers, auteur de Recherches sur les rapports entre architecture et liturgie à l'époque carolingienne, Paris, 1963.

(84) Cf. Caesar pontem fecit. Remarque due à Henri Renou, photothécaire du C.E.S.C.M.

(85) RONDIER, Notice sur une inscription., Mém. Soc. Stat. D.-Sèvres, 1re s., VI, 1842.1843, 156.165.

(86) Cartul. S.-Jean-d'A.. II, A.H.S.A., XXXIII, 99, pièce 435.

 (87) Chartes poitev. abb. S.-Florent près Saumur, éd. Marchegay, A.H.P., II, p. 122.

(88) P. GUÉRIN, Recueil de documents concernant le Poitou., A.H.P., XXIV, p. 386, n. 2. — Cartul. S.-Jean-d'A., II, A.H.S.A., XXXIII, p. LXIV.

(89) H. BEAUCHET-FILLEAU, Notes pour servir à l'hist de Melle, Mlle, 1890, p. 51.

 (90) Archives dép. Deux-Sèvres, B, Siège de Melle, année 1679.

(91) A. CLERCEAC, Chronologie des évêques. de la prov. ecclés. d'Auch., Paris et Auch, 1912, p. 152, n. 7.

 

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