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PHystorique- Les Portes du Temps
23 octobre 2022

1201 De Fontevraud à l’abbaye de la Couronne – Aliénor d’Aquitaine; Jean Sans Terre; Aimery VII de Thouars; Alix de Bourgogne

1201 De Fontevraud à l’abbaye de la Couronne – Aliénor d’Aquitaine – Jean Sans Terre - Aimery VII de Thouars - Alix, duchesse de Bourgogne

A cette fin du XII e siècle, notre région fut singulièrement troublée par la rivalité de Jean sans Terre et de son neveu Arthur de Bretagne. L’ambition, l’intérêt, le sentiment divisèrent les seigneurs entre les deux partis et les fit même passer de l’un à l’autre suivant les circonstances et les chances.

 En somme, la Bretagne, le Maine, l’Anjou et la Touraine se déclarèrent pour Arthur tandis que le Poitou opta pour Jean.

Saumur, Thouars, Loudun, Chinon étaient du côté de Jean, tandis que Le Mans, Angers et Tours étaient de celui d’Arthur ; de sorte que c’était encore la Loire qui séparait les deux adversaires.

L’abbaye de Fontevrault et ses prieurés se trouvèrent plus que jamais environnés par les combats et l’on se ferait une idée bien fausse de la vie qui s’y menait si nous ne rappelions au moins sommairement les phases de cette lutte acharnée qui répandit partout la terreur et la dévastation.

 Si cette nouvelle guerre avait eu pour origine la compétition entre Jean sans Terre et son neveu Arthur de Bretagne, elle ne tarda pas à tourner en rivalité de la France et de l’Angleterre, Philippe-Auguste jouant sa partie sur la cause d’Arthur que tantôt il défendit ou abandonna, au point que celui-ci ne fut plus qu’un comparse.

Bien que l’Ordre fontevriste eut des amis et des protecteurs dans les deux camps adverses, bien que retranché dans sa vie mystique, il ne prit aucune part à la querelle, il n’en fut pas indemne et il en subit les conséquences dans sa vie matérielle ; ses biens, ses revenus en furent gravement atteints.

 Heureusement, la rivalité des deux rois d’Angleterre et de France allait s’apaiser, au moins momentanément.

 En effet, un traité de paix fut signé au mois de mai 1200.

 La clause la plus importante de ce traité, fut celle par laquelle on arrêtait le, mariage de Louis, fils aîné de Philippe-Auguste avec Blanche de Castille, fille d’Alphonse IX et d’Eléonore, sœur de Jean sans Terre.

Le roi d’Angleterre dotait lui-même sa nièce, accordant à Louis en fief : Issoudun, Graçay et tout ce qu’il possédait dans le Berry.

 

La vieille reine Eléonore d’Aquitaine, mère de Jean sans Terre, et partant aïeule de Blanche, se chargea des négociations.

Il  y avait alors soixante- quatre ans qu’elle avait été mariée à Louis le Jeune ; elle était octogénaire, mais les années ne lui avaient rien ôté de la vivacité de son esprit, et elle gardait le même ascendant sur son entourage.

 Elle partit donc pour l’Espagne en Castille et revint bientôt après, ramenant avec elle sa petite-fille.

Arrivée à Bordeaux, elle tomba gravement malade par suite du saisissement que lui causa la mort tragique de Mercadier, qui était venu la voir. Ce routier espagnol, dont le nom était devenu célèbre, fut massacré par la population.

Aliénor, malade, se retire en 1200 à l'abbaye de Fontevraud.

C’est alors qu’Eléonore décida de se retirer définitivement à Fontevrault, pensant — dit un romancier — « apprendre dans ce pieux monastère à mourir saintement après avoir vécu si odieusement, et à suivre les traces du grand saint Guillaume, son père ».

 

==> 22 Mai 1200 - Traité de paix du Goulet conclu entre Philippe II Auguste et Jean sans Terre.

Jean sans Terre prit la couronne de comte d’Anjou et Maine à Angers où il resta jusqu’au 21 juin.

Il est à Chinon du 23 au 25 ; à Tours, du 26 au 30.

 Le 1 er juillet, il arrive à Loches ; le 4, à Poitiers. Il se rend dans le Bordelais et la Gascogne, qu’il met en son obéissance.

 

Il ne tarda pas à compromettre sa cause en enlevant, le 24 août, Isabelle d’Angoulême,

Le jour même de son mariage avec le comte de La Marche.

 

Ce scandale souleva l’indignation et une révolte des barons poitevins.

 

Le 30 août 1200, Jean Sans Terre, fils d'Aliénor d'Aquitaine se marie avec Isabelle d'Angoulême à Chinon

Revenant en toute hâte vers l’Anjou, Jean s’arrêta à Chinon le 30 et le 31 et y fit célébrer en grande solennité son mariage avec Isabelle.

Ce fut l'archevêque de Bordeaux qui officia, assisté des évêques de Saintes, d’Angoulême et de Périgueux.

31 aout 1200 Chinon Lettres de protection en faveur de Savary, maire de Poitiers, el d'exemption de tous droits royaux sur ses propriétés situées dans les États de Jean Sans-Terre.

 

 Une charte de Fontevrault, sans date, mais qui semble se rapporter à ce moment, relate la confirmation par Jean à l’abbaye de la rente de cent livres accordée par sa mère sur l’île d’Oléron.

Par une autre charte, datée de Saumur, sans doute en se rendant à Baugé où il fut le 1er septembre, il fait don à deux religieuses fontevristes d’une rente sur les revenus de « sa ville de Saumur ».

(Le 28 août 1200, Jean Sans-Terre passa par Faye, désigné par M. de la Fontenelle, dans le 2e tome de la 2e série de la Revue anglo-française, comme étant Faye en Poitou, et probablement Faye-l'Abbesse, puisque, d'après l'itinéraire de ce roi, tiré des Mémoires de la Société des Antiquaires de Londres, il était le 30 août à Baugé, peu distant de ce lieu en passant par Argenton-le-Château, qui n'est qu'à un myriamètre et demi de ce bourg. Jean sans Terre y a séjourné quelques jours.)

Cet acte a été classé au 6 octobre 1200, mais il peut n'être qu’une copie sous sa forme de notice.

Charte de Jean, roi d’Angleterre, seigneur d’Irlande, duc de Normandie et d’Aquitaine el comte d’Anjou, passée à Saumur en présence de la reine Aliénor sa mère et adressée au prévôt de Saumur, contenant donation à Béatrix et à Alice, demoiselles de la reine Jeanne sœur du roi, de 15 livres angevines de rente assignées sur les revenus de la ville de Saumur ; savoir : 15 livres pour Béatrix et 10 pour Alice.

Après la mort de ces demoiselles, la rente que Jean leur a donnée, pour le salut de l’Ame de sa sœur susnommée, reviendra au roi ou à ses héritiers ; à l’exception de 100 sous qui appartiendront à l'abbaye de Fontevrault où elles ont pris le voile.

Nous avons ainsi la confirmation que les deux demoiselles d’honneur de la reine Jeanne, comtesse de Toulouse, étaient venues se réfugier à Fontevrault, sans doute aussitôt après la mort de cette princesse.

Le 2 septembre Jean sans Terre est à La Flèche.

Puis, il passe en Normandie et en octobre s’embarque pour l’Angleterre où il va rester jusqu’en mai 1201.

 

La reine Eléonore retirée à l’abbaye de Fontevrault convoque le vicomte de Thouars.

En février ou mars 1201, à Fontevraud, Aliénor eut un entretien avec Aimery VII de Thouars pour tenter de rallier des barons à la cause de son fils.  

Elle le pria de prêter aide au roi Jean, pour obtenir la restitution des terres et des châteaux dont les barons du Poitou l’avaient dépouillé.

Aimery promit de rester l'allié fidèle du fils d’Eléonore et jura qu’il viendrait à bout des usurpateurs.

Lisons plutôt ce passage d'une lettre que la reine Eléonore, sa mère, lui écrivait de Fontevrault:

 « Sachez, très-cher fils que nous avons mandé à votre cousin et au nôtre,  Aimery, Vte de Thouars, de venir nous visiter dans notre maladie, et le plaisir de son arrivée fait que nous nous portons un peu mieux que de coutume, car seul de vos barons du Poitou, il ne vous a causé aucuns torts, et n'a pris injustement aucunes terres.

Nous lui avons remontré que c’était à lui grande faute et grande vergogne de souffrir, ainsi que vos autres barons déchirassent votre héritage, et il nous a promis de s'employer de tout son  pouvoir à faire rentrer sous votre obéissance les terres et les châteaux que ses amis et les autres ont usurpés. »

Le vicomte de Thouars, Aimery VII qui, à la suite de l’entretien, écrit au roi pour protester de sa loyauté et lui demande de conclure une bonne paix avec Hugues IX, fils de son cousin Hugues le Brun.

On a conservé l’enregistrement des lettres envoyées à Jean par Aimery à la suite de cette rencontre : il y fait allusion à une dispute entre lui et Jean, et montre sa volonté de réconciliation.

« A son vénéré seigneur, Jean, par la grâce de Dieu roi d'Angleterre, Aimeri, vicomte de Thouars, son fèal en tout, salut.

Je suis, seigneur, aussi affectionné de cœur à votre service qu'il est de mon devoir de l'être. Que votre grandeur sache que la reine Aliénor, ma dame et votre mère, malade à Fontevraud, me pria de la venir voir au milieu de ses douleurs.

 Je me rendis près d'elle avec empressement. Ma présence la réjouit extrêmement : Ià-dessus, l’entretien étant tombé sur votre compte, nous nous sommes entendus sur tous les points.

 Pour rendre hommage à la vérité, je certifie que les choses se sont passées comme elle vous I'écrit, Sachez, seigneur, que je me suis toujours montré fidèle à votre père et que je servis aussi fidèlement le roi Richard, votre frère, dans tout ce qu'il exigea de moi.

 En ce qui concerne votre service, pour dire vrai, jusqu'ici je n'y ai point manque, et jamais il n'y eut de mésintelligence entre vous et moi pour certaines paroles de colère échangées entre nous.

 De même que je me suis toujours montré votre homme-lige, à vous et aux vôtres, de même je vous garantis encore aujourd'hui ma fidélité s et je mets au service de votre cause, les soumettant à votre volonté, ma terre, mes biens et mes amis.

En attendant, seigneur, je vous renouvelle de vouloir bien, si mon désir paraît légitime à votre excellence, faire droit à la pétition que je vous ai adressée en faveur  de mon fils, votre homme.

Je ne puis en conscience m'empêcher de vous solliciter pour mes amis; c'est pourquoi, je vous supplie de vouloir bien conclure une paix durable avec Hugues,  comte de la Marche.

 Apprenez encore que si, malgré mes sages conseils, il refuse de faire la paix avec vous, sous des conditions compatibles avec votre honneur, il nous aura désormais, moi et tous les miens, pour ennemis acharnés.

 De plus, je vous en supplie, dès que vos affaires d'Angleterre vous le permettront, hâtez-vous de venir dans mes terres, portion de votre royaume, car votre présence dans ces pays serait bien utile.

 Quand vous serez arrivé à Thouars, venez demeurer dans mon château, en voulant bien me faire savoir votre arrivée que j'attends avec impatience. Car, là où vous me le prescrirez, j'irai à votre rencontre.

 Pour terminer, je vous conjure très-affectueusement de tout mon pouvoir d'aimer avec autant de sincérité moi et ma terre que j'aime vous et votre royaume et de protéger, comme les vôtres , contre toute  atteinte, mes biens qui sont à vos ordres  »

 

 Aliénor écrivit aussi à son fils, pour lui montrer l’étendue des défections dans le Poitou et le presser de revenir en France.

 

 «Sachez, mon cher fils, dit la reine-mère, que nous avons prié votre cousin et le nôtre Aimeri, vicomte de Thouars, de venir nous voir à Fontevraud pendant notre maladie, dont,  grâce à Dieu, nous nous sommes rétablie mieux qu'à notre ordinaire.

Le vicomte est venu en effet. Il faut vous dire de plus que et moi, et votre féal Gui de Dive (de Diva) l'avons instamment pressé par prières et démonstrations de se vouer entièrement à votre service, puisqu'il ne vous avait fait aucune injure et n'avait jamais, comme vos autres barons du Poitou, rien pris injustement de votre terre.

Nous lui avons aussi représenté qu'il devrait avoir grand honte et s'imputer à faute de vous laisser chasser de votre propre héritage par vos autres barons. Lui nous comprenait aussi bien qu'il nous entendait, et, comme ce que nous lui disions était juste et raisonnable, il nous promit spontanément et librement que lui, ses terres et forteresses seraient désormais à votre disposition et bon plaisir, quoiqu'eussent fait jadis ou lui, ou ses amis, ou ceux qui s'étaient emparés de votre terre et de vos châteaux sans votre agrément.

Dans le cas où ceux-ci ne voudraient pas faire votre volonté et rendre ce qu'ils vous ont pris  injustement en pleine paix, il sera contre eux de tout son pouvoir, jusqu'à ce que vous soyez rentré en possession de ces terres et au-delà, c'est-à-dire avec l'étendue qu'elles avaient sous votre frère Richard, au jour de sa mort.

 Quand il nous eut gracieusement accordé notre demande, savoir : de rester fidèlement à votre service contre tous, moi qui suis quittaient envers elle les forestiers du bois de Sèvre (de Savra) en réservant toutefois la chevauchée et l'obligation du service militaire.

En retour, l'abbé et les religieux étaient chargés de nourrir tous les jours trois pauvres dans le réfectoire, et de célébrer aussi chaque jour deux messes pour la rémission des péchés de la reine, du roi son fils et de tous leurs prédécesseurs et successeurs, le tout du consentement et avec la volonté de Jean, fils d'Aliénor, et à la demande et aux instances de Maurice, évêque de Poitiers.

 

Orig. en parch. appartenant à M. B. Fillon, de Fontenay-le-Comte.

 Si Jean pouvait s’appuyer sur les hommes forts du moment, Robert de Thornham, nommé sénéchal du Poitou, et Guillaume des Roches, sénéchal d’Anjou, sa présence était requise pour faire face à la situation…

 

Le 4 avril 1201, par lettres datées de Windsor, le Roi Jean charge Aimery VII de Thouars avec la Reine Alienor, Aymar Taillefer, comte d'Angoulême et le sénéchal de Poitou, de donner des sauf-conduits à ceux que la Reine malade à Fontevrault voudrait envoyer auprès du Roi son fils avec le vicomte de Thouars pour une demande qu'elle lui avait faite; Rotuli chatarum  p. 103.

 

Jean fut reçu à Paris par le roi de France en mai 1201

Durant une trêve conclue entre le roi de France et le roi d'Angleterre, Philippe-Auguste invita son rival à venir de bonne amitié lui rendre visite.

Jean-sans-Terre arriva le 31 mai 1201 à Paris, où il fut reçu avec magnificence.

Philippe-Auguste lui fit donner une place d'honneur dans l'église de Saint-Denis et lui céda son propre palais;  ce prince le reçut fort honorablement, et, entre autres riches présents, lui donna « destriers d'Espagne et palefroiz norrois. » et se montra également généreux à l'égard des seigneurs anglais qui avaient accompagné leur maître.

 

Jean, vint aussitôt à Fontevrault, le moment était venu pour lui de compter ses alliés ; un orage s’amassait sur sa tête.

Suivant les conseils de sa mère, il écrivit au vicomte de Thouars, pour lui demander son concours.

Aimery l’assura de sa fidélité et de son dévouement à toute épreuve en l’engageant à venir se concerter avec lui l’abbaye de Fontevrault fut donc, à ce moment, le siège de négociations politiques, qui devaient demeurer d’ailleurs sans résultat, étant donné la versatilité des contractants.

 

Dédicace de l’abbaye de la Couronne

Jean accomplit, dès lors, plusieurs fois le voyage à Angoulême et visita même, accompagné de son beau-frère, d'une suite de prélats, de comtes et vicomtes, et en présence d'une foule immense, l'abbaye de La Couronne, dont la magnifique église gothique, commencée le 12 mai 1171, était à peine terminée.

Les religieux y étaient entrés le 3 avril, et elle fut dédicacée le 30 septembre 1201.

Jean sans-Terre, roi d'Angleterre, son gendre, accompagné du roi de Navarre, de l'archevêque de Bordeaux, des évêques d'Angoulême, de Saintes, d'Acqs et de Pampelune, de plusieurs barons et d'une suite nombreuse.

Les deux rois sont reçus à la porte de l'église abbatiale par l'abbé Robert, entra au chapitre, festoya au réfectoire et revint le soir à Angoulême (recepto spiritali et corporali beneficio).

Le jour de la dédicace arrivé, les prélats et autres officiants font trois fois le tour de l'église, pendant que les religieux attendent dans le cloitre.

Après le troisième tour et l'entrée des ecclésiastiques, on ouvre les portes.

 Une foule immense se précipite, les soldats et les huissiers ne peuvent la contenir; les moines sont obligés de monter sur les bancs de pierre placés autour des murs; on ne voit que des têtes d'hommes et de femmes, depuis l'autel jusqu'à la muraille d'enceinte de l'abbaye.

 

 

De enuntiatione dedicationis et conventu populorum.

In millesimo itaque et ducentesimo primo anno Verbi Incarnati (1201), qui erat ab inchoatione novae ecclesiae tricesimus secundus, jam ipsa ecclesia per Dei gratiam consummata, et dedicationis die per adjacentes provincias denunciata, ipsa die adveniente, fit concursus innumerae multitudinis utriusque sexus, diversse oetatis, ordinis et conditionis.

Par conséquent, dans l'année mil deux cent un du Verbe Incarné (1201), qui était la trente-deuxième depuis le début de la nouvelle église, l'église elle-même ayant été achevée par la grâce de Dieu, et le jour de La dédicace étant dénoncée par les provinces voisines, le jour même d'arriver, il y a rassemblement d'une multitude innombrable des deux sexes, d'âge, d'ordre et de condition différents.

Accurrit populus Lemovicensis, Petragoricensis, Engolismensis, Xanctonensis, Burdegalensis; adest ipse domnus Helias, Burdegalensis archiepiscopus, domnus Johannes Engolismensis, domnus Johannes Lemovicensis, domnus Raimundus Petragoricensis, domnus Geraldus Caturcensis, abbas Sancti Eparchii, abbas Belli Loci (1), abbas Silvae Majoris (2), abbas Baciacensis, abbas de Borneto (3), abbas Albae Terrae (4), abbas de Guistres (5) aliique quamplures, sive archidiaconi, sive decani, religiosi, nobiles, juvenes et virgines, senes cum junioribus, ita ut intus et extra cuncta perstreperent, cuncta hominibus redundarent, cum alios ad veniendum communis laetitia, alios singularis devotio provocaret.

Les gens du Limousin, Petragoric, Angoulême, Saintonge et Bordeaux accourent ; seigneur Helias lui-même, archevêque de Bordeaux, seigneur Jean d'Angoulême seigneur, Jean de Limousin, seigneur Raymond de Petragoric, seigneur Gerald de Caturcen, Abbé de la Sainte Éparque, Abbé de Belli Loci (1), Abbé de Silva Major (2), l'abbé de Baciacensis, l'abbé de Bornéo (3 ), l'abbé de Terre Blanche (4), l'abbé de Guistres (5) et plusieurs autres, qu'ils soient archidiacres ou doyens, religieux, nobles, jeunes hommes et femmes, jeunes et vieux, en de telle sorte qu'ils faisaient du bruit à l'intérieur et à l'extérieur de tout, tout regorgeait de monde, tandis que d'autres venaient à la joie commune, d'autres étaient provoqués par une dévotion singulière.

Nullus tamen, cujuscumque auctoritatis esset, claustrum vel officina fratrum nisi rarissime admissus intravit; nec ipsa nobilissima comitissa Engolismensis (6), mater reginae Anglorum junioris, nec ulla penitus mulierum, hoc aliquatenus potuit obtinere.

Nul cependant, de quelque autorité qu'il fût, n'entrait dans le cloitre ou l'atelier des frères s'il n'y était que très rarement admis; ni la plus noble comtesse de l'Angoulême (6), la mère de la jeune reine d'Angleterre, ni aucune des autres femmes, ne pouvaient à aucun degré l'obtenir.

 

Post subsequentem etiam Purificationem beatae Mariae, supra memoratus Ademarus, comes Engolismensis, adduxit ad Ecclesiam istam Johannem, regem Anglorum, generum suum, gratia visitationis et devotionis.

Après la purification ultérieure de la bienheureuse Marie, le susmentionné Ademar, comte d'Angoulême, a amené à cette église Jean, roi des Anglais, son gendre, pour la grâce de la visite et de la dévotion.

Qui rex habebat in comitatu suo regem Navarrae (7), et saepe dictum archiepiscopum Burdegalensem (8), nec non et Engolismensem (9) et Xanctonensem (10) et Aquensem (11) et Pampilonensem (12) episcopos, et quamplures alios, tam vicecomites quam barones et milites, cum innumera sequentium multitudine.

Ce roi avait dans sa suite le roi de Navarre, (7) et souvent l'archevêque de Bordeaux, (8) et aussi les évêques d'Angoulême (9) et de Saintes (10) et d'Aquin (11) et de Pampelune (12), et plusieurs autres, aussi bien des vicomtes que des barons et des soldats, avec une suite innombrable.

Itaque ad ostium ecclesiae dictus rex cum solemni processione exceptus est; deinde ambo reges capitulum intraverunt, et sic percepto spiritali et corporali beneficio recesserunt.

En conséquence, à la porte de l'église, ledit roi fut reçu par une procession solennelle ; puis les deux rois entrèrent au chapitre, et ayant ainsi perçu un bienfait spirituel et corporel, ils se retirèrent.

 

27 novembre 1201

La veille de l’éclipse, Alix, duchesse de Bourgogne, religieuse de Fontevrault, vient à la Couronne avec un cortège considérable pour visiter l’église

 

 De secunda eclipsi solis et de adventu dominae Ducissae et duorum Regum.

In subsequentimense novembrio, factaest eclipsis solis, V kalendas decembris (27° novembris 1201), circa horam diei tertiam, et videbamus solem a parte inferiori, sicut credimus, lunari circulo coopertum, a parte vero superiori, velut in modum novae lunae, partem solis aliquam remansisse (13)

 Au mois de novembre suivant, il y eut une éclipse de soleil, le 5 décembre (27 novembre 1201), vers trois heures de l'après-midi, et nous vîmes le soleil d'en bas, comme nous le croyions, couvert d'un cercle lunaire, mais de la partie supérieure, comme à la manière d'une nouvelle lune, partie du soleil que certains sont restés

Non fuit autem ista eclipsis ita terribilis sicut illa quam supra descripsimus, quia ex oppositione novae lunae dicitur accidisse, licet defectum pacis et justitiae bonorumque temporalium, sicut ipsa res indicabat, significare quodammodo videretur.

Mais cette éclipse n'était pas aussi terrible que celle que nous avons décrite ci-dessus, car on dit qu'elle s'est produite à partir de l'opposition de la nouvelle lune, bien qu'elle ait semblé en quelque sorte signifier le manque de paix et de justice et de biens temporels, comme le l'événement lui-même indiqué.

Pridie vero ante praedictam eclipsin, venit ad locum istum sancta et venerabilis Christi ancilla, dilectissima nostra Ala (14), sanctimonialis Fontis Ebraudi, quae fuerat nobilissima ducissa Borbonii et neptis karissimae dominae nostrae Margaritae.

Mais la veille de ladite éclipse, vint en ce lieu la sainte et vénérable servante du Christ, notre très chère Alix, la sainte religieuse de la Fontaine d'Evrault, qui avait été la très noble duchesse de Bourbon et la nièce de notre très chère dame Margaret.

 Cum enim audisset praedicta Ala quod dedicationis occasione etiam mulieres haberent in novam ecclesiam intrandi licentiam, et terminum qui ad hoc praefixus fuerat in proximo comperisset finire debere, suae quodammodo imbecillitatis oblita, nec considerans viarum pericula, quae glaciali frigore stringebantur, ex nimia caritate qua istam Ecclesiam diligebat, non tam causa videndi aedificium novae ecclesiae quam fratrum gratia visendorum, ad locum istum cum multo comitatu, non sine gravi discrimine et labore, accessit, et quod diu desideraverat obtinere promeruit.

Car lorsque le susdit Ala eut appris qu'à l'occasion de la dédicace, les femmes avaient aussi la permission d'entrer dans la nouvelle église, et qu'il trouva que la limite qui avait été fixée à cet effet devait être bornée au plus proche, oubliant la sienne dans un certain voie de faiblesse, et ne considérant pas les dangers des routes, qui ont été resserrés par le froid glacial, de la charité excessive avec laquelle il aimait l'église, et non pas tant dans le but de voir la construction de la nouvelle église que pour l'amour des frères en visite, il vint à cet endroit avec une grande compagnie, non sans beaucoup de difficulté et de travail, et obtint ce qu'il désirait depuis longtemps obtenir.

 

 

 

Octobre Jeans Sans Terre était à Chinon

Un traité intervenu le 14 octobre 1201, entre Juhel et Jean sans Terre, par lequel Juhel s'engage à servir « son vénéré seigneur Jean, illustre roi d'Angleterre, avec autant de dévouement qu'il sera en son pouvoir », une des cautions de cet engagement est Hugues, vicomte de Châtellerault (15).

 

 

 

 

 

On n'ignore pas que l'abbaye de La Couronne fut vendue comme bien national le 29 septembre 1807, sous l'administration du préfet Rudier, pour la somme de 6.000 francs.

Les acquéreurs, l'ont démolie et, aujourd'hui, il n'en reste plus que des ruines imposantes qui ont appartenu, pendant longtemps, à M. V. Liédot, payeur du département de la Charente.

Parce qu’il a beaucoup souffert de la Guerre de Cent ans puis des guerres de religion, cet édifice du XIIe siècle est aujourd’hui en ruine et il n’est pas toujours facile d’imaginer sa splendeur passée. Mais il est désormais possible de voyager dans le temps grâce à un parcours en réalité virtuelle via une application mobile gratuite : Legendr.

 

 

Études locales : bulletin de la Société charentaise des études locales

L'Ordre de Fontevrault de 1115 à 1207 : sous les abbesses Pétronille de Chemillé, Mathilde d'Anjou, Audeburge, Gillette, Mathilde de Flandre, Mathilde de Bohême  par le colonel L. Picard

Documents historiques sur l'Angoumois de la Société archéologique et historique de la Charente

 

 

 

Itinéraire d’Aliénor d’Aquitaine après les funérailles de Richard Cœur de Lion à Fontevraud par Alfred Richard <==.... ....==>Éléonore (Aliénor) d’Aquitaine Dame de Mirebeau (Time Travel 1202)

Sur la Terre de nos ancêtres du Poitou - Aquitania (LES GRANDES DATES DE L'HISTOIRE DU POITOU ) <==.... ....==> 1224 trêve de Montreuil Bellay d’ Aimery VII vicomte de Thouars, accordée à Louis VIII le Lion, roi des Français

 


 

(1) Umbertus vel Imbertus.

(2) Petrus III

(3) Raimundus I

(4) Willlelmus

(5)………  

(6)    Alix de Courtenay, fille de Pierre ler de Courtenay, septième et dernier fils du roi Louis-le-Gros. Mariée d'abord à Guillaume ler, comte de Joigny, elle en avait été séparée pour cause de parenté, et avait épousé, en 1180, Adémar Taillefer, comte d'Angoulême.

 De ce mariage était née Isabelle, femme de Jean-Sans-Terre, qui est appelée ici la jeune reine des Anglais.

(7)  Sanctius ou Sancius VII, né vers l'an 1170, fils de Sanctius VI, fut roi de Navarre de 1194 à 1234. Il fut vainqueur, avec d'autres rois chrétiens, de la bataille de Navas à Toulouse le 16 juillet 1212. Il épousa Constance, fille de Raymond VI, comte de Tolosa (Toulouse). Il mourut sans descendance : le successeur du royaume de Navarre fut donc son neveu (le fils de la sœur de Blanca) Théobald, comte de Campanie.

(8) Helias I. Hélie de Malemort, archevêque de Bordeaux. Un prélat politique au service de Jean Sans Terre (1199-1207)

(9) Johannes de Sancto Valio. Jean Ier de Saint-Val était moine de La Couronne depuis l’an 1172 lorsqu’il en fut nommé abbé en 1178, et il occupa le siège épiscopal d’Angoulême de 1182 à 1203.

 (10) Henricus.            Henri 1190 - 1217

(11) ………………

(12). …………

(13) Cette éclipse est ainsi notée, dans la Chronologie des Eclipses, dressée par Pingré pour l'Art de vérifier les dates 27 nov. à 11 et d. m. Eur. Afr. As. à l'0. centr. 50 (29) 28-37, A.

(14) Il est ici question d'Alix de Bourgogne, seconde fille d'Eudes II, duc de Bourgogne, et de Marie de Champagne.

Elle avait épousé Archambauld VII, duc de Bourbon. Devenue veuve en 1169, elle se fit religieuse à Fontevrault, devint 7e abbesse de Fontevraud de 1207 à 1208 avant de se démettre, où elle mourut après y avoir demeuré trente-six ans, et où elle avait fait bâtir la chapelle sépulcrale du cimetière (lanterne des morts, dite chapelle Sainte-Catherine)

.

C'est par erreur que des catalogues sans autorité la font succéder en qualité d'abbesse à Marie de Champagne, sa mère, qui s'était aussi retirée à Fontevrault, après la mort de son mari .voir Gal. Christ., tom. II, col. 1320).

Alix de Bourgogne était nièce bretonne de Marguerite de Turenne, fille de Raymond I, vicomte de Turenne, laquelle avait épousé en troisièmes noces Guillaume IV Taillefer, comte d'Angoulême, père de cet Adémar dont il est parlé plusieurs fois dans le courant de notre publication.

Ce passage de notre Chronique a été inséré textuellement par André Duchesne dans le chapitre V de son Histoire des Rois, Ducs et Comtes de Bourgogne ( Paris, 1619 et 1628, 2 vol. in-4°), et, d'après lui, par Christophe Justel dans les preuves de son Histoire généalogique de la Maison de Turenne (Paris, 1645. in-fol.); il est aussi mentionné par les frères Scévole et Louis de Saincte-Marthe dans le tome second de leur Histoire généalogique de la Maison de France (Paris, 1647, 2 vol. in fol.), et dans le tome troisième de l'Histoire généalogique et chronologique, du P. Anselme (Paris, 1726- 9 vol. in-fol.).

 (15) « ... dedi eidem régi hostagios et fidejussores subscriptos de conventionibus istis fideliter et firmiter observandis scilicet... Hug. vicecomitem de Castell Eraldi. »

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