1793 Les HÉROÏNES VENDÉENNES, La Mieux-Aimée du roi de la Vendée

Un jour de mai 1793, au quartier général de Légé, dans le logis des Le Bouvier, qu'habitait Charette, arrivait une femme belle et élégante, coiffée d'un feutre gris à cocarde blanche, portant sur son habit d'amazone des pistolets de guerre et un couteau de chasse.

Avec sa taille élancée, son profil sévère et régulier de camée, ses traits un peu accusés, ses grands yeux noirs, la comtesse de La Rochefoucauld offrait un charme étrange. « Tout dans sa personne, a dit un de ses biographes, bien qu'elle fût d'origine créole étant née aux Antilles, annonçait une énergie masculine, une indomptable résolution. »

 Marie-Adélaïde de La Touche Limousinière était la femme du comte Pierre-Marie de La Rochefoucauld, ancien capitaine des vaisseaux royaux, émigré dès 1791 âgée de trente-trois ans, elle paraissait plus jeune encore.

 le 14 mars 1793 Manoir dit La Vieille Fonteclose (Maison de Charette) <==

Son château de Puy-Rousseau était tout proche du manoir de Fonteclose qu'habitait le sauvage et peu fortuné chevalier Charette, mais leurs relations étaient demeurées espacées et exemptes de cordialité.

Fontclose Puy-Rousseau

Il avait donc fallu des événements de guerre et des aspirations communes pour réunir deux voisins qui jusqu'alors sympathisaient si peu.

Le 13 mars, elle entra, le sabre au poing, à la Garnache, au son du tocsin, et organisa un comité royaliste dont elle fut présidente.

 C'est alors que Thoumazeau, fermier de la commanderie de Coudrie, s'attacha à elle et devint son inséparable jusqu'à la mort. Il n'avait pu voir de bon œil les décrets qui, en nationalisant les biens d'Eglise, lui avaient retiré sa ferme : colon qui perd ne peut rire. Toute sa famille était, du reste, opiniâtrement réactionnaire.

Le premier acte d'autorité de Mme de La Rochefoucauld, fut de faire arrêter et incarcérer tous les patriotes des environs.

Le 16, une bande lui ayant été amenée, elle fit mettre en rang ceux qui la composaient au pied de la grosse tour du château, et les contraignit, le pistolet sur la gorge, à déclarer où ils avaient caché leur argent.

« Les écus des brigands bleus, disait-elle, serviront à payer les soldats du roi. »

 Ces scènes de violence lui furent fortement reprochées depuis dans son parti même, et elle se contenta de répondre que c'était de bonne guerre. Mais la tache indélébile de sa vie est d'avoir encouragé le meurtre de Darmot et de Toret, massacrés dans ses prisons par les Barreau, père et fils, chirurgiens à la Garnache, et quelques autres misérables dont elle avait formé sa garde.

 

Pour enrayer les scènes de violence et de pillage, elle s'était faite présidente d'un comité d'apaisement, puis, à l'approche d'une colonne républicaine, elle avait dû fuir et chercher un refuge dans l'armée de Joly aux environs de Challans.

Une fois en déroute les troupes du vieux chirurgien, Mme de La Rochefoucauld dut fuir encore, et, sous la seule sauvegarde d'un jeune fermier, Joseph Thoumazeau, elle gagnait Légé.

Là, son assurance reprise, la châtelaine de Puy-Rousseau, commune de la Garnache, vint demander asile au voisin jadis dédaigné de Fonteclose.

Charette n'eut garde de lui rappeler les hauteurs d'antan. Il accueillit la belle visiteuse avec sa fougue habituelle, et celle-ci, reconnaissante de la cordiale hospitalité, vouait au général un attachement qui ne fut bientôt plus un mystère pour personne.

La présence de Mme de La Rochefoucauld attirait bientôt la visite d'une Angevine aimable, restée fort belle à quarante ans, Mme de Bulkeley (2), qui accompagnait son mari, ancien officier du régiment de Walsh, commandant du rassemblement de La Roche-sur-Yon.

 A ces deux dames, dont la présence chassait d'autres femmes dont Charette avait la faiblesse de s'entourer, venait bientôt se joindre la propre sœur du général.

Marie-Anne Charette, pas mal plus jeune que son frère, était une belle jeune fille pleine d'énergie, qui s'était employée à Machecoul pour faire échapper des patriotes à la persécution des proscripteurs royalistes. Elle y avait couru des dangers quand les troupes de Beysser envahirent la ville, puis avait vécu retirée dans une métairie aux environs de Fonteclose.

En vain elle avait essayé d'attirer auprès d'elle Mme Charette réfugiée à Nantes. Celle-ci tenait rigueur à son mari de son inconduite et elle ne le rejoignit jamais (3).

D'autres jeunes femmes, même des jeunes filles, les unes avec leurs maris ou leurs frères, d'autres toutes seules ou avec des protecteurs de rencontre  sous la sauvegarde de l'honneur vendéen » s’assemblèrent au quartier général.

Sur la petite maison de la place de l'église, des réunions joyeuses s'organisèrent; on dansait au son de la musette, on chantait accompagné d'un clavecin épargné par la guerre civile. Les Mémoires inédits de Lucas Championnière (4) donnent force détails sur les dames ou demoiselles du pays « accompagnées des jeux et des ris ».

La plus belle de toutes ces dames était sans contredit Mme de La Rochefoucauld. On a souvent dit qu'elle commandait une partie de l'armée et que son courage la portait toujours au premier rang.

Rien n'est plus faux « Semblable à Vénus plutôt qu'à Minerve, dit Championnière, on croyait alors que le dieu Mars de nos armées se délassait près d'elle des travaux pénibles de la Guerre. » Ceci est donc pour nous faire croire que Mme de Sapinaud s'est trompée en disant dans ses Mémoires que Mme de La Rochefoucauld « commandait un peloton de cavalerie et combattit avec un courage égal à celui des plus grands capitaines (5) ».

On ne faisait pas que danser et rire, sous l'égide de Mme de La Rochefoucauld, et la petite cour de Légé allait entendre sonner le boute-selle les Mayençais : étaient en marche et le repos donné par Charette à ses troupes allait prendre fin.

…Après la si pénible retraite de Luçon (12 août), nouvel entr'acte de guerre au camp de Légé. Peu à peu ceux qu'a dispersés la petite campagne se trouvent réunis de nouveau.

Un jour arrive un émissaire de Joly qui demande à Charette de s'unir à lui contre l'armée républicaine des Sables. Il part avec une petite colonne pour attaquer la Roche-sur-Yon, mais là encore il y a recul.

Parmi les cavaliers en retraite se mêlent un certain nombre de soldats de Joly et parmi eux l'intrépide Mme de Bulkeley (6) qui commandait un peloton de Vendéens et « faisait le coup de pistolet contre les dragons républicains avec tant de succès qu'elle contribua à précipiter leur poursuite ».

On peut penser si Charette se montra joyeux de retrouver la belle héroïne. En son honneur violons et musettes chantèrent leurs ritournelles; brunes et blondes dansèrent avec les officiers de Charette, tandis que les filles de Légé et les gars bretons faisaient claquer leurs sabots. …

La guerre a recommencé.

Cinq jours de suite les Vendéens sont vainqueurs à Coron, à Torfou, à Montaigu, à Saint-Fulgent (8 septembre 93).

Après la sanglante journée de Torfou où finalement les Mayençais de Kléber avaient dû battre en retraite, Mme de Bulkeley quittait le quartier général de Charette pour rejoindre la grande armée.

Son mari trouvait-il que Charette était trop galant? On l'a dit (7). L'officier et sa femme suivirent « l'armée catholique et royale » dans la marche historique qui commença par la victoire de Laval pour continuer par l'échec de Cholet et se terminer en décembre à Savenay par la défaite et le massacre des Vendéens.

 Mme de La Rochefoucauld aussi ne tardait pas à être éloignée du quartier général de Légé.

Les succès de l'armée de Haxo la séparèrent violemment de l'armée royaliste et l'obligèrent à errer de métairie en métairie, de bocqueteau en taillis.

Elle échappa longtemps aux poursuites, accompagnée de son fidèle Thoumazeau.

Dans la nuit du 14 au 15 janvier 1794, une patrouille la rencontra dans une maison isolée du village le Désert, près de Dompierre et l'arrêta malgré la défense valeureuse de quelques gars vendéens (8).

 

Elle fut conduite aux Sables et immédiatement traînée devant la commission militaire.

 

On possède l'interrogatoire que dut subir l'ancienne amie de Charette.

 Mme de La Rochefoucauld se montra devant ses juges telle qu'elle avait toujours été fière et courageuse. Un habitant des Sables, M. Marcel Petiteau, a eu beau essayer de ternir sa mémoire en l'accusant d'avoir faibli devant ses juges dont elle aurait imploré la clémence nous nous en tiendrons à l'appréciation de Dugast-Matifeux, si peu suspect de partialité envers les royalistes.

Après avoir donné in extenso le texte de l'interrogatoire d'après les archives du greffe, l'écrivain nantais n'hésite pas à proclamer la belle attitude de Mme de La Rochefoucauld. « Elle répondit ironiquement à ceux qui l'interrogeaient….. et en présence du supplice jeta un regard de dédain sur la foule silencieuse (9). »

 

 

MARIAGE PIERRE-LOUIS-MARIE DE LA ROCHEFOUCAULD ET MARIE-ADÉLAÏDE DE LA TOUCHE-LIMOUSINIÈRE

Le 4 juin 1778, etc. — Nous soussigné, prêtre, vicaire de cette paroisse, avons admis, tant aux fiançailles qu'à la bénédiction nuptiale, haut et puissant seigneur messire Pierre-Louis-Marie de La Rochefoucauld, chevalier, seigneur de la Jollonière, enseigne des vaisseaux du roi, fils majeur de haut et puissant seigneur messire Pierre-François de La Rochefoucauld (10), chevalier, seigneur du Puy-Rousseau, de la Bourelière, Beauregard, Boulogne, la Voix et autres lieux, et de feue haute et puissante dame Marie-Louise-Gabrielle de Rivaudeau de la Jollonière, ses père et mère, originaire de la paroisse de Notre-Dame de La Garnache, diocèse de Luçon, domicilié de fait depuis onze mois en cette même paroisse, et de droit en celle de St-Louis de Rochefort, diocèse de La Rochelle, d'une part; et demoiselle Marie-Adélaïde de La Touche-Limousinière, fille mineure de feu haut et puissant seigneur messire Henri-Louis de La Touche, chevalier, seigneur de Mareuil et autres lieux, et de haute et puissante dame Jeanne-Marie Cocu, dame du Greix (11), ses père et mère, originaire de la paroisse de Notre-Dame de l'Assomption du Maugis, ile Grenade, domiciliée de droit sur la paroisse de Corsept en ce diocèse, et de fait en celle-ci, d'autre part ; vu le décret de ladite mineure à l'effet des présentes en la cour et pairie des Regaires de Nantes, en date du 22 mai dernier, vu pareillement le consentement du père de l'époux rapporté par Me Boursier, notaire au marquisat de la Garnache, en date du 8 mai 1778.

Ont été témoins dudit mariage les soussignés : MARIE-ADÉLAÏDE DE LA TOUCHE- LIMOUSINIERE, PIERRE-LOUIS-MARIE DE LA ROCHEFOUCAULD, enseigne des vaisseaux du roi, MARIE COCU DE LA TOUCHE DU GREIX, BELTEZENS DE LA TOUCHE, FRESNEAU DE LA TOCNAYE, VICTOIRE DE LA TOUCHE DU GREIX, ROSE DE LA TOUCHE BEAULIEU, MARIE DE BERTÈCHE DE LA TOUCHE, CHARBONNEAU DE BRUC, CHARBONNEAU DE JACQUELOT, B. DE CHARBONNEAU DE LÉTANG, P. DE LA ROCHEFOUCAULD, DESCOIRES, l'abbé de CHARBONNEAU, CHAUVEL, vicaire de Notre-Dame de Nantes.

 

 

 

INTERROGATOIRE de MME DE LA ROCHEFOUCAULD

Le 29 nivose l'an II de l'ère française (18 janvier 1794), nous, président de la commission militaire établie aux Sables, d'après la loi du 19 mars dernier, ayant avec nous notre secrétaire, avons fait extraire des prisons de cette commune une femme qui, interrogée de ses nom, Ùge, qualité et demeure,

-          A répondu s'appeler Marie-Adélaïde de Latouche de La Limouzinière, femme de Pierre-Marie La Rochefoucauld, demeurant à Puy-Rousseau, paroisse de La Garnache, âgée de trente ans (12).

Demandé quel état avait son mari, 

-          A répondu qu'il était noble, capitaine de vaisseau, chevalier de Saint-Louis, ayant la qualité de comte.

Demandé si elle a connaissance des attroupements qui ont existé dans sa commune et environs,

-          A répondu qu'oui, par le rapport de différents commissionnaires venant de Nantes, qui s'étaient aperçus d'une insurrection du côté de Saint-Philbert.

Demandé quelle part elle avait prise dans les attroupements,

-          A répondu qu'elle avait erré çà et là, sans prendre aucune part à ce qui se passait autour d'elle.

Demandé où est son mari,

-          A répondu qu'il est émigré depuis deux ans.

Demandé si elle a reçu de ses nouvelles depuis qu'il est parti,

-          A répondu qu'oui ; que sa dernière lettre était du mois de février dernier, datée de Maëstrich.

Demandé par quelle voie ces lettres lui parvenaient,

-          A répondu : par là poste.

Demandé contre qui elle, a appris que les paysans se soulevaient,

-          A répondu : contre les municipalités.

Demandé si elle sonnait Thoumazeau, fermier de Coudrie,

-          A répondu qu'oui

Demandé s'ils n'ont pas toujours été ensemble,

-          A répondu qu'oui, et avec la femme Thoumazeau.

Demandé quel temps elle est restée cachée à Coudrie.

-          A répondu : environ une semaine.

Demandé où elle fut sortant de Coudrie,

-          A répondu : à La Garnache, avec ledit Thoumazeau.

Demandé où elle a été de là, sortant de la Garnache,

-          A répondu: à Legé.

Demandé quels chefs elle a connus dans l'armée des brigands,

-          A répondu: Charette, qui est son voisin de campagne.

Demandé pourquoi elle ne s'était pas retirée dans une ville plutôt que d’errer de villages en villages.

-          A répondu parce qu'elle cherchait à éviter la troupe des brigands Charette et Joly, et que d'ailleurs cela la mettait plus à même de faire valoir son bien.

Demandé pourquoi elle a été arrêtée et en quel endroit,

-          A repondu  par des patriotes, au village du Désert, et nuitamment. Demandé si elle restait longtemps dans chaque village,

-          A répondu : peu de temps, aimant à voyager.

Demandé si elle voyageait seule,

-          A répondu qu'elle était accompagnée de Thoumazeau et de son domestique.

Demandé si elle a vu Joly, Charette, Savin, Saint-Pal et autres chefs des brigands,

-          A répondu les avoir vus quelquefois dans les rues et leur avoir souhaité le bonjour.

Demandé si elle a été à Machecoul, pendant que les brigands en étaient maîtres,

-          À répondu qu'elle n'avait fait qu'y passer pour aller à Legé.

Demandé si elle a connaissance des impositions qu'on levait sur les patriotes,

-          A répondu que non.

Demandé si Thoumazeau est resté constamment avec elle,

-          A répondu qu'il s'est absenté plusieurs fois pour sa femme.

Demandé si elle sait la part que Thoumazeau a prise aux attroupements,

-          A répondu qu'elle lui avait entendu dire qu'il n'avait porté les armes que dans le commencement de l'insurrection.

Demandé ce qu'elle a été faire au Perrier,

-          A répondu qu'elle n'a jamais été au Perrier, mais bien à la Charreau-Baquel, a 1’entrée du Marais.

Demandé quel était le but de cette démarche, que c'était pour se promener, et qu'elle y a passé quelques

Demandé en quel temps elle était dans le Marais,

-          A répondu : un peu avant l'attaque qui en a été faite.

C'est tout ce qu'elle a voulu déclarer. Lecture à elle faite du présent interrogatoire, a déclaré contenir vérité et y persister, et a signé.

DE LATOUCHE DE LA ROCHEFOUCAULD.

GRATTON, président ; TIREAU, secrétaire.

 

 

II.

LE CHEVALIER ADAMS

Une autre femme joua également, dans 1'armée vendéenne, le rôle d'héroïne.

Marie-Antoinette-Pétronille Adams, dont l'origine semble être obscure, avait été élevée par la famille de l'Epinay du Pally, qui l'avait dotée et mariée à un marchand du Puy-Belliard nommé Lainé.

 Comme Mme de La Rochefoucauld, elle avait trente ans lorsque le soulèvement éclata. Le 19 mars 1793, son mari, qui était républicain, se retira à La Rochelle, la laissant libre de ses actions.

A quelque temps de là, les gardes nationales mobiles ayant mis le feu à sa maison, lui firent prendre la résolution définitive de se vouer à la cause royaliste.

Elle revêtit des habits d'homme, se munit d'un cheval, d'un sabre et de pistolets, et fit son entrée à l'Oie, aux applaudissements des soldats de Verteuil et de Sapinaud de La Vérie, qui la surnommèrent le chevalier Adams.

Marie-Antoinette fit dès lors partie de l'armée, et les Vendéens l'admirèrent souvent, en la voyant leur donner l'exemple de l'adresse et du sang-froid.

 A Chantonnay, à Saint-Florent, et dans un grand nombre d'autres combats, elle se couvrit de gloire.

Les passions fougueuses de cette femme l'avaient rendue l'implacable ennemie de ceux qui ne partageaient pas ses opinions ; elle persécuta plusieurs membres de sa propre famille, et, si l'on en croit les témoins appelés à son jugement, elle mit à prix la tête de son propre mari.

La dispersion de l'armée de Royrand termina ses exploits.

Elle fut arrêtée, le 30 novembre 1793, et conduite à Fontenay, devant l'accusateur public Dupuy, qui lui fit subir l'interrogatoire que nous allons reproduire.

 

INTERROGATOIRE DU CHEVALIER ADAMS

Demandé à l'accusée ses nom, âge, profession et demeure,

-          A dit s’appeler Marie-Antoinette-Pétronille Adams, âgée de trente ans , femme Lainé, demeurant au Puy-Belliard.

Demandé quel jour elle a été arrêtée, où elle l'a été, et pourquoi,

-          A dit avoir été arrêtée, il y a quatre à cinq jours, venant au-devant de son mari, et sortant d'une métairie appelée le Forgineau, appartenant au ci-devant baron de l'Epinay.

Demandé où elle s'était tenue avant son arrestation,

-          A dit qu'avant que sa maison fut incendiée, elle se tenait chez elle ; mais que depuis elle se cachait de métairie en métairie.

Demandé si elle ne s'est pas quelquefois travestie en homme pour aller avec les brigands,

-          A dit qu'elle l'avait fait seulement pour voyager plus commodément. Demandé si, étant habillée en homme, elle n'avait pas forcé les habitants de Chantonnay et du Puy-Belliard à l'appeler le chevalier Adams,

-          A dit que non ; mais qu'ayant l'habitude de se vêtir en homme, on l'appelait vulgairement le chevalier Adams.

Demandé si elle n'avait pas été parmi les brigands,

-          A dit que non ; qu'elle aurait seulement été trois jours à l'Oie pour attendre Verteuil, lui demander permission de vendre les marchandises de son mari, qui était réfugié à la Rochelle ; qu'elle se faisait passer pour aristocrate pour tâcher de sauver lesdites marchandises, qui étaient de conséquence.

Demandé si, lorsqu'elle allait aux attroupements travestie en homme, elle n'était pas à cheval, et armée d'un sabre et de pistolets,

-          A dit qu'elle aurait acheté un sabre qu'elle n'avait porté qu'un jour, sans en faire usage ; qu'elle ne l'avait acheté que pour sa sûreté, ayant une valise pleine d'assignats ; qu'elle avait aussi trouvé deux pistolets, mais que, en ayant eu peur, ne sachant pas manier les armes, elle les aurait jetés au-dessus d'un buisson.

Demandé si elle n'a pas pillé les effets de sa belle-mère,

-          A dit que, pour les sauver, elle les aurait fait transporter chez elle, comptant bien les remettre à sa belle-mère.

Demandé si elle n'avait pas engagé quelqu'un à se réunir aux brigands et donné de mauvais conseils ; si elle n'aurait pas porté des lettres et fait des commissions pour eux.

-          A dit que non.

Demandé si elle n'aurait pas offert 4,000 livres, si on lui apportait la tête de son mari.

-          A dit qu'elle n'a point tenu ce propos.

Demandé si, sous le nom du chevalier Adams, elle n'était pas chef de brigands,

-          A dit que non.

Demandé ses moyens de subsistance,

-          A dit qu'elle n'a qu'une rente de 450 livres que son mari lui doit, provenant de la dot que la famille l'Epinay lui avait faite.

Lecture faite, a refusé de signer.

Fontenay-le - Peuple, le 15 frimaire an II (5 décembre 1793).

Dupuy, accusateur public.

 

 

JUGEMENT DE LA COMMISSION MILITAIRE CONDAMNANT A MORT

MARIE - ANTOINETTE-PÉTRONILLE ADAMS, DITE LE CHEVALIER ADAMS

AU NOM DE LA LOI.

Le 1er du mois de nivose de la 2e année républicaine (21 décembre 1793), la commission militaire établie pour la cité de Fontenay-le-Peuple a rendu le jugement suivant contre Marie-Antoinette-Pétronille Adams, âgée de trente ans, accusée d'avoir été à la tête des brigands.

Considérant qu'il résulte d'une attestation de la municipalité de Chantonnay, en date du 20 frimaire dernier, que l'accusée est atteinte et convaincue d’avoir participé aux révoltes et brigandages qui ont eu lieu dans la Vendée, d’avoir monté la garde au pont Charron, habillée en homme, ayant une ceinture blanche autour d'elle, et d'y avoir commandé différentes fois, d'avoir été vue à l'Oie, avec Verteuil et autres chefs, à cheval, d'avoir porté la cocarde blanche, d'avoir obligé tout particulier de l'appeler le chevalier Adams, d'être allée à Châtillon, Mortagne et autres lieux occupés alors par les rebelles pour annoncer aux chefs que son mari et sa famille étaient des scélérats de patriotes et qu'elle allait prendre possession de leurs biens ; d'avoir pillé, fait piller et vendu à vil prix toutes les marchandises et ce qui était dans la boutique et magasin de sa belle-mère : d'avoir enlevé tous ses meubles sans exception, d'en avoir fait transporter, ainsi que. des bestiaux, dans la paroisse de St-Paul et autres ; d'avoir vendu et donné les foins, vins, grains et autres denrées ; d'avoir offert une somme de quatre mille-livres aux brigands, pour couper la tête à son mari ; en un mot, d'avoir porté les armes contre la République et de s’être toujours comportée comme une brigande.

En conséquence, elle rentre sous le coup de la loi du 19 mars 1793, qui punit de mort de pareils individus.

La commission militaire condamne la dite Marie-Antoinette-Pétronille Adams, femme Laisné, à être fusillée dans le plus bref délai par la force armée, requise en la forme ordinaire : au surplus, au nom de la loi, ordonne que ses biens soient confisqués au profit de la République.

Fait et clos le présent jugement, les jour, mois et an susdits.

BAUSSAY, président ; LAFAYE, FAURÈS, juges.

 

 

Le 1er nivose (21 décembre 1793), le chevalier Adams fut traduit devant la commission militaire, qui le condamna à mort (13). Conduit le soir même derrière le minerval, il fut fusillé debout et criant : Vive le roi !

 

 

III.

Renée Bordereau, dite Langevin

« Il y avait, dit Mme de la Rochejacquelin, dans les autres divisions de l'armée vendéenne, quelques femmes qui combattaient déguisées. J'ai vu deux sœurs de quatorze et quinze ans, qui étaient fort courageuses (14).

A l'armée de M. de Bonchamp, une fille s'était faite cavalier, pour venger la mort de son père; elle a fait des prodiges de valeur dans toutes les guerres de la Vendée, sous le nom de l'Angevin : c'est la seule paysanne qui se soit battue, qui vive encore. » (Mémoires de Mme de la Rochejacquelin, ch. XII, p. 218 de l'édition de Paris, Michaud, 1823, in-8. Ils forment le t. Vme d'une autre Collection de Mémoires sur la Révolution que celle de Berville et Barrière, et sont ornés d'un portrait du marquis de la Rochejacquelin.)

On a publié, sous son nom, en 1814, Mémoires de Renée Bordereau, dite Langevin, touchant sa vie militaire dans la Vendée, rédigés par elle-même, et donnés à Mmes..., qui les lui avaient demandés. Paris, Michaud, septembre 1814, brochure in-8 de 64 p., avec deux gravures au trait, par Fr. Soyer, dont l'une la représente en costume de cavalier vendéen, tenant un sabre levé de la main droite, et un pistolet qui fait feu de la main gauche, et l'autre, en vêtements de femme.

Lettre du maréchal Louis Davout, prince d'Eckmuhl, alors ministre de la guerre, à Fouché, duc d'Otrante, ministre de la police, relative à cette héroïne vendéenne, qui, sous des habits d'homme, servit aussi, comme cavalier, dans l'armée royaliste.

Ce curieux document est emprunté à la collection d'autographes, vendue aux enchères, le 1er décembre 1876, à Paris, par l’entremise de M. Etienne Charavay, archiviste-paléographe.

 

Paris, le 7 avril 1815.

Monsieur le Duc,

Je vous transmets l'extrait d'un rapport que je reçois à l'instant de M. le maréchal de camp de gendarmerie. Saunier, qui est en mission dans la Vendée :

Angers, le 4 avril 1815.

« On dit Qu'une femme, nommée Langevin, qui a figuré, par ses atrocités, dans la guerre de la Vendée, et qui a été présentée à l'ancienne cour, a quitté le pays, dans l'intention de se rendre à Paris et d'attenter aux« jours de S. M. l'Empereur. Ce monstre en est capable. Si elle s'est rendue le à Paris, elle ne peut y être qu'avec de mauvaises intentions. La police et fera sagement de s'en assurer. »

Recevez, Monsieur le Duc, l'assurance de ma haute considération.

Le ministre de la guerre,

MARÉCHAL P. D'ECKMUHL (15).

 

Un portrait de l'héroïne, sans doute celui dont il vient d'être question, car on n'en connait pas d'autre, était jointe à la lettre.

Le mot d 'atrocités, qu’emploie l'officier de gendarmerie dans son rapport de police, n’est pas outré, car Bordereau raconte elle-même, entr'autres prouesses, avoir dans sa grande fureur coupé le cou à son oncle propre, « sans qu'elle l 'ai vu souffler, » dit-elle, parce qu'il était dans les rangs du parti opposé au sien (p. 23-4.)

.Une sorte d'héroïne, mais d'un autre ordre, se fit aussi quelque peu remarquer durant la guerre de la Vendée. « Mon sexe ne me permettant pas de prendre le parti des armes, dit-elle, je cherchai à servir, dans tout ce qui était en mon pouvoir, la cause sacrée de nos princes, des ministres des autels et des soutiens du trône, etc. » (p. 9.)

Celle-ci, plus vieille que les précédentes, était borgne en outre, ce qui dispense de son portrait, mais en revanche plus instruite. On peut suivre ses pas et démarches, ses pourparlers et négociations dans le récit qu'elle en a laissé, sous ce titre :

Détails historiques sur les services de Françoise Després, employée dans les armées royales de la Vendée, depuis 1793 jusqu'en 1815 ; sur ses missions secrètes dans la Bretagne, le Maine, l'Anjou, et depuis la Loire jusqu'à Bordeaux et Toulouse, en 1814 ; sur les emprisonnements, les condamnations à mort, à la déportation et autres persécutions que son zèle pour la religion et son dévouement à l'auguste maison de Bourbon lui ont attirées; sur divers événements miraculeux qui lui ont sauvé la vie, etc.

Ecrits par elle-même et dédiés à S. A. R. madame la duchesse d'Angoulême. Paris, Michaud, 1817, brochure in-8 de 67 p.

==>Une amazone Vendéenne : Françoise Després, employées dans les armées royales de la Vendée

 

==> Le 22 septembre 1823 à Saint Florent, Marie-Thérèse de France duchesse d’Angoulême et le sculpteur Pierre David d’Angers

 

 

IV

MADAME DE MONTSORBIER ET LES AMAZONES AU CAMP DE BELLEVILLE

Presque au moment où l'ancienne amie de Charette tombait sous les balles républicaines, une autre femme, venue de la « Grande Armée », venait demander asile à Charette.

Mme de Montsorbier appartenait à la famille de Voyneau, originaire de Bretagne son mari était émigré en Angleterre, comme le mari de Mme de La Rochefoucauld était émigré en Allemagne.

Comme cette dernière avait été la reine du quartier général de Légé, Mme de Montsorbier fut la reine du camp nomade de Charette.

De Saint-Fulgent à la Chambaudière, on avait brûlé des cartouches, un gros de républicains, commandés par le colonel Joba, avait forcé les troupes de Joly et de Charette à se disperser encore une fois, et Charette (16), soutirant d'une blessure reçue à l'avant-bras, avait demandé asile au Val de Morière.

 

 

 

Les Massacres du prieuré du Val de Morière

Il trouvait là quelques religieuses âgées qui avaient refusé de s'enfuir, et qu'on semblait avoir oubliées dans leur couvent, près de Saint-Étienne de Mer Morte.

Bientôt, la retraite du Val de Morière a été dénoncée au général Haxo, qui avait alors son quartier général à Machecoul.

La troupe républicaine s'avance en hâte, mais des femmes et des enfants ont prévenu Charette.

On tient conseil. Dans quelle forêt va-t-on se réfugier? Le conseil d'une femme devait l'emporter, et, sur l'avis de Mme de Monsorbier, la tribu errante lève ses tentes, part en pleine nuit pour gagner la forêt de Gralas.

Il était temps : l'avant-garde républicaine arrivait peu d'instants après le départ de Charette et des Royalistes.

L'occasion manquée était de grande importance.

Les soldats du bataillon des Vosges se vengèrent cruellement sur les religieuses et les quelques paysannes ou enfants qu'elles avaient recueillis : ils les massacrèrent à coups de baïonnette ou de sabre.

Les religieuses moururent en pardonnant à leurs bourreaux, et « la contagion du courage était telle, à cette époque, qu'un enfant de sept ans, que sa mère serrait sur sa poitrine, s'en dégagea, pour demander au soldat qui le menaçait, de le tuer le premier afin de ne pas voir mourir sa mère (17) ».

Il serait aisé, grâce à un guide très sûr, de suivre Charette pendant l'hiver et le printemps de 1794, de Noirmoutier à Machecoul, d'étape en étape, de combat en escarmouche, de campement en bivouac, ici se réunissant à Sapinaud, pour lequel il professait profonde amitié, là rejoignant Stofflet, avec lequel il ne sympathisait pas, mais ce serait refaire l'histoire de la guerre de guérilla et nous éloigner de notre but, infiniment plus restreint. Figurons-nous ces combats meurtriers, du tac au tac, dans les landes de Béjarry, à la Vivantière et aux Clouzeaux, la fuite dans les forêts devant les Colonnes infernales, ces marches forcées, ces demi-tours offensifs, parfois couronnés de succès (18).

Après la triple victoire vendéenne du 5 septembre 1794 - La Rouillière, Férigné, Les Moutiers Charette s'est de nouveau constitué un quartier général.

Il s'est installé au centre de ses divisions, dans la partie ouest du bourg de Belleville. Il habitait un pavillon au milieu d'une prairie les chasseurs qui lui servaient de garde personnelle étaient logés dans une maison, plus vaste, qu'on décorait du nom de caserne.

Entre le pavillon et la caserne s'élevaient des écuries spacieuses. Tout à l'entour se logeaient officiers et soldats ; plus loin, entre Saligny et Belleville, bordé de landes et de bois, se dressait un château où Charette se rendait souvent avec son état-major.

La cour était reconstituée, toujours dirigée par Mme de Monsorbier, qu'aidaient d'autres héroïnes de la guerre, Mme du Fief entre autres, intrépide amazone qui, depuis le massacre de son enfant par un soldat des colonnes infernales, combattait avec l'armée d'Anjou et avait été blessée à Torfou (19).

A côté de celles-là, qui? brillaient à la fois par leur charme et par le souvenir de leurs faits de guerre, on voyait, sortant de leurs cachettes, jeunes femmes et jeunes filles, échappées aux colonnes infernales.

Lucas Championnière nous les représente rentrant dans leurs châteaux ou leurs maisons « d'abord en réfugiées mystérieuses et craintives, puis bientôt en véritables propriétaires, après avoir été saluer Charette, qui les conviait à des dîners ou à des fêtes. « Les repas étaient simples, simples les ajustements de bal », car les femmes avaient éprouvé les mêmes misères que nous, « mais quelle joie de vivre après ces mois de péril, quelle joie de rire et de danser !... »

Ici, l'égalité régnait : « femmes de gentilshommes et de paysans se traitaient en soeurs. Quant aux hommes, ils s'étaient connus au feu, « et les plus braves étaient les plus honorés » (20). Violons et musettes étaient remplacés par des tambours et des fifres, mais ceci n'empêchait pas de chanter la naïve et incorrecte chanson qu'on attribuait à Le Moëlle, l'ancien capitaine des chasseurs à poils de bouc.

 

Après le couplet pour chaque divisionnaire, la chanson finissait ainsi :

Quand nous sommes à Belleville,

Remparts et bastions

Les commandants civils

De chaque division

Vont rendre leur hommage

Deux à genoux

A ce grand personnage

Du Bas-Poitou.

Environné d'hommages, naturellement porté au plaisir, Charette restait le plus joyeux des convives, le plus infatigable des danseurs (21).

 

 

 

BENJAMIN FILLON et DUGAST.-MATIFEUX, Échos du bocage vendéen : fragments d'histoire, de science, d'art et de littérature

Revue des études historiques publiée par la Société des études historiques

 

 

 

L’insurrection vendéenne 1793 (plan- dates) <==

les amazones de François Charette de la Contrie de l'armée catholique et royale (Mme Bulkeley) <==

==> Marseillaise obligatoire et la sainte Guillotine aux Sables-d’Olonne

LE CHATEAU ET LES SEIGNEURS DE LA GARNACHE - MAISON DE ROHAN <==

10 mars 1278 Accord entre l’abbaye de Fontevraud et le seigneur Girard Chabot, sire de Rais pour le prieuré du Val de Morière <==

Belleville sur Vie - QUARTIER GENERAL de CHARETTE.  <==

1794, Combat de Saint Fulgent 9 janvier – combat des Brouzils 12 janvier (Charette Forêt de Grasla) <==

 

 

 

 


(Photo Plessis Bourré)

(1). L'excellent livre de M. B. des Portes, m'a fourni le prétexte et le thème principal de cette chronique. L'intérêt toujours très vif du sujet, le souvenir des lieux jadis parcourus lorsque j'écrivais l'histoire du terrible proconsul Carrier, d'autres sources consultées et apportant des détails nouveaux m'ont entraîné à être moins bref que je n'aurais voulu. Revue des Etudes historiques. IV

(2). Née Céleste de Cartrie, avait épousé en premières noces un gentilhomme angevin, M. Chappot de la Brossardière. Elle était blonde, avec de beaux yeux bleus et une fraîche carnation.

(3). Marie-Angélique Josnet de la Doussetière avait épousé en premières noces M. Charette de Boisfoucauld ou du Moulin qui mourut en 1786. De ce premier mariage était née une fille qui épousa, en 1797, M. de Sapinaud de la Rayrie, le général vendéen de l'armée du Centre. Voir sur lui une notice, précédant les Mémoires de Mme de Sapinaud [Baudoin, 1823]. François Athanase épousa M Charette de Boisfoucauld un peu plus âgée que lui en 1790. Un enfant né de ce mariage mourut en bas âge.

(4). Lucas Championnière, un des divisionnaires de Charette et témoin oculaire très informé, a laissé des mémoires qui n'ont jamais été publiés. Pitre Chevalier s'en était utilement servi pour sa Bretagne et Vendée. M. Bittard des Portes a eu communication de ces mémoires auxquels il a fait de profitables emprunts.

(5). Dans sa biographie de Mme de La Rochefoucauld, Echo du Bocage Vendéen, année 1891, Dugast-Matifeux sacrifie aussi à cette tradition et dit de notre héroïne : « Tantôt on la voyait faire à cheval le coup de feu comme un soldat, tantôt organiser, quand le danger était passé, ces fêtes étranges qui ont donné à son ami une réputation de galanterie sauvage. »

(6) Les Bulkeley quittaient le terrible chef qui, le soir de la sanglante bataille de Légé, agenouillé près des corps de deux de ses fils, l'un mourant, l'autre tué dans les rangs royalistes, donnait l'ordre de fusiller son troisième enfant passé aux républicains. Voir, sur ce dramatique épisode, des pages curieuses de M. Paul Ginisty dans un ouvrage intitulé la Marquise de Sade.

(7). Revue du Bas-Poitou, année 1891, article de M. Chappot de la Chanonie.

(8). Non pas dans un combat, les armes à la main, comme l'a conté Crétineau-Joly, mais sous un lit où elle avait été réduite à se cacher avec Thoumazeau. Dugast- Matifcux insiste sur cette promiscuité avec le paysan dévoué jusqu'à la mort.

 (9). Mme de La Rochefoucauld fut fusillée sur les dunes. (Etoile de la Vendée, 21 janvier 1889).

(10) L'époux, Pierre-Louis-Marie de la Rochefoucauld, était né le 24 Juillet 1749 ; son père mourut à Puy-Rousseau, le 28 septembre 1786, âgé d'environ soixante sept ans.

(11) «  Le Greix, moyenne justice, dans la paroisse de Corsept, appartient aujourd'hui à M. de Sourdis-Escoubleau. » (OGÉE, Dictionnaire de Bretagne, au mot CORSEPT).

(12). Faiblesse de femme, même chez une héroïne, qui veut encore se donner pour plus jeune qu'elle n'est réellement. Me de La Rochefoucauld s'étant mariée à Nantes en 1778, était nécessairement, quoique créole, âgée de plus de trente ans en 1794. (Voir pièce justificative ci-dessus.)

(13) La commission militaire condamna aussi à mort, le 1er nivose, Michel Barreau, huissier. Cet individu s'était sauvé de Fontenay, vers le mois d'août 1793, lorsqu'on allait l'incarcérer comme suspect. Il se rendit à Châtillon, où Carrière, devenu procureur général près le conseil supérieur, l'employa en qualité de courrier. Les troupes républicaines l'avaient arrêté, le 20 octobre, au moulin Garot, paroisse de Saint-Maurice-le-Girard.

(14) Ces deux jeunes royalistes rappellent les sœurs Fernig, nées également avec un courage viril qu'exaltèrent jusqu'à l'héroïsme les grands événements de la Révolution. La France retentit, en 1793, des éloges dùs à leur valeur, et la Convention nationale leur envoya, comme récompense, deux beaux chevaux caparaçonnés.

(15) Le maréchal Davout, prince d'Eckmühl, raconté par les siens, par A.-L. d'Eckmühl et de Bloqueville. Paris, 1879, 2 vol. in-8, portrait.

(16). Dans sa lettre du 19 pluviôse (28 janvier 1794) au Comité de Salut Public, Carrier rend compte de la blessure de Charette et regrette qu'il n'ait pas été pris. Il espère tout d'une certaine combinaison « Outre ces grandes mesures, j'en ai pris une secrète pour m'assurer de la personne de Charette. J'en ai confié le soin à un citoyen de Nantes, capable de tout oser. Qu'il me tarde d'apprendre la mort de ce grand brigand. Qu'il me sera doux de vous en transmettre la nouvelle. » Archives de la Guerre, Armée de l'Ouest, janvier 1794.

La vérité, telle qu'elle appert du procès de Carrier, est que Champenois, officier municipal, avait conduit chez le représentant un patriote de Saint-Colombin qui devait le renseigner sur la retraite de Charette.

Carrier resta invisible pendant trois jours. Sans doute pour réparer le temps perdu, il avait donné ordre de se débarrasser de Charette à tout prix. Voir Carrier à Nantes, Plon, 1897, 1" édition, p. 212.

(17). Mémoires anonymes d'un administrateur militaire des Armées républicaines, cités par M. B. des Portes.

Les récits vendéens sont remplis d'anecdotes concernant le courage des enfants pendant cette horrible guerre. Voir les différents travaux de M. A. Lallié, et notamment son étude d'ensemble J. B. Carrier, Perrin, 1902 les Mémoires de MMmes de la Rochejaquelein, de la Bouëre, de Sapinaud, de Poirier de Beauvais, la Vendée militaire, par Crétineau-Joly, Bretagne et Vendée, par Pitre Chevalier, et l'ouvrage déjà cité Carrier à Nantes, Plon, 1897.

(18). « Insaisissable, avant en quelque sorte le don d'ubiquité », tel apparaît Charette pendant cette guerre. Guerres de surprises et d’embuscades, par le capitaine Quinteau, t. II (Lavauzelle).

Napoléon lui rend cette justice : « Charette me laisse l'impression d'un grand caractère, je lui vois faire des choses d'une énergie et d'une audace peu commune, il laisse percer du génie. » (Mémorial, édit. Garnier, t. IV). ==> Relation du passage de Bonaparte à Montaigu en 1808

 (19) Victoire Aimée Libault de la Barassiére, mariée à Henri Gouin du Fief, émigré en Angleterre. Savary nous la dépeint galopant aux côtés de Charette, danses landes de Béjarry, serrée dans son amazone de souple nankin.

Une action courageuse pendant le combat du 1er juin, la faisait galamment proclamer par Charette l'héroïne de la journée ».

(20). LUCAS CHAMPIONNIERE.

(21). « Bien des femmes s'exposaient pour faire sortir des villes soit une plume blanche, soit des soies à broder, pour pouvoir offrir au général un cadeau qui surpassât celui qu'il venait de recevoir d'une autre main. La manière dont il vivait avec la plupart de ces dames était un peu leste et sentait au moins le militaire pour ne pas dire l'officier marin mais il était souverain du pays, et le moyen de se brouiller avec celui qu'on redoutait ou qu'on aimait peut-être ! » (Lucas Championnière).