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PHystorique- Les Portes du Temps
23 juillet 2023

Une amazone Vendéenne : Françoise Després, employées dans les armées royales de la Vendée

C'est à Montreuil-Bellay, paroisse Saint-Pierre, que naquit notre héroïne :

« Le 2 décembre 1746, a été baptisée Renée-Françoise, née d'hier, fille légitime du sieur Jean Després, employé dans les gabelles, et de damoiselle Etienne-Françoise Hulin. A été parrain le sieur René Leroy, et marraine Françoise Cesvet. »

Devenue orpheline, elle fut recueillie par son oncle, l'abbé E. Hulin, curé de Bessé depuis 1767 jusqu'en 1785.

On sait que cette ancienne paroisse fait aujourd'hui partie de la commune du Toureil.

Le rôle qu'elle joua dans les guerres de Vendée, nous est connu par le certificat que le comte de Beauvolliers lui délivra à Paris, le 20 juin 1816 :

 « Je soussigné, ex-intendant général trésorier de l'armée royale de la Vendée, certifie que Mlle Després, après s'être sauvée des prisons d'Angers, est venue rejoindre l'armée royale à Baugé, qu'elle l'a constamment suivie et y a rendu tous les services que pouvaient son sexe et son âge. »

A cette époque, Françoise Després habitait Paris, 44, rue Sainte-Anne, chez M. de Montaiglon.

Ce dernier mandait, le 12 juillet 1816, au maréchal de Beurnonville :

« Permettez-moi de recommander à votre bienfaisance, comme président de la Commission de la Vendée, la demoiselle Després, dont la pétition est ci-jointe. C'est le double de celle adressée au roi. L'original a dû en être présenté à Sa Majesté et j'ai lieu de croire qu'il a été renvoyé dans vos bureaux. Je connais la malheureuse position de Mile Després. J'y subviens de mon mieux; mais elle a besoin de secours plus pressants que ceux qui viennent de mes faibles moyens. Fidèle au roi, l'ayant constamment servi dans nos guerres désastreuses de l'intérieur, une décoration et une pension, voilà ce que je réclame pour elle de votre justice et de la bonté de nos princes. »

Françoise Després venait d'adresser deux autres pétitions, l'une au duc d'Angoulême, et l'autre au duc de Berry. Toutes deux sont restées inédites et inconnues.

Nous allons reproduire la supplique au duc de Berry, d'après l'original, conservé aux Archives de Maine-et-Loire (F 84, fond de Romain) :

Votre Altesse Royale daignera me pardonner si j'ose élever ma voix jusqu'à elle. Mais fidèle à mon roi comme à mon Dieu, ayant eu le bonheur d'aider les serviteurs de votre auguste famille dans la noble entreprise qui vous a ramené parmi nous, pouvant me glorifier de n'y avoir point été étrangère, d'avoir au contraire éprouvé mille maux, souffert toutes sortes de persécutions pour cette cause sacrée, il m'est bien doux de penser que sur le bord de ma fosse Votre Altesse voudra bien m'accorder quelques secours avant d'y descendre, en priant le Dieu des armées de conserver les jours de Votre Altesse Royale et ceux de son auguste famille.

Qu'il me soit permis, Monseigneur, de vous présenter un abrégé de ma vie.

Fille d'un cultivateur qui servit honorablement sous Louis XV dans le régiment d'Autichamp, je perdis mes parents en bas âge.

Recueillie par mon oncle, curé de Bessé-sur-Loire, ainsi que deux de mes frères qui devinrent prêtres à leur tour, je reçus de ce parent respectable une éducation pareille à celle qu'il leur avait donnée.

Je fis comme eux mes humanités. Je sus expliquer Quinte-Curoe, Cicéron, Virgile; traduire en latin Télémaque et surtout apprendre tout ce que je devais à mon Dieu comme à mon Roi.

Entrée en 1775 avec ces sentiments dans la maison royale de Saint-Cyr en qualité de dépensière, j'y demeurai jusqu'en 1792, époque de sa dissolution par la force révolutionnaire.

Je revins chez mon oncle.

La guerre de Vendée commença le 12 mars 1793. Je me dévouai entièrement à la cause sacrée des autels et du trône.

Séparée de mon oncle qui mourut dans les prisons après la bataille d'Ancenis, de mes deux frères prêtres fusillés après le passage d'Angers, de ma sœur et de ses enfants que Carrier fit noyer à Nantes, errante au milieu des républicains pour soutenir le zèle des royalistes et les insurrectionner contre les démagogues, je devins à mon tour l'objet des poursuites de ces derniers.

En juillet 1793, après la bataille de la Roche-d'Erigné, près les Ponts-de-Cé, au moment où, de concert avec quelques bons paysans, j'allais soulever la commune de Brissac, ils me firent prisonnière.

Santerre me condamna à la guillotine.

Quelques mouvements heureux de la part des royalistes prévinrent mon exécution. Je fus conduite dans la maison religieuse du Calvaire à Angers, avec d'autres victimes attendant la mort.

J'avais été jusque-là le missionnaire de MM. Piron, Charette, de Lescure, de la Rochejaquelein et autres.

Tantôt à cheval, tantôt à pied, une béquille à la main, trop facile à reconnaître parce que je suis borgne, il m'eût été difficile de ne pas être saisie.

 Je ne craignais pas la mort; je devins même en quelque sorte la consolatrice de mes compagnons d'infortune.

Cependant je trouvai moyen de m'échapper.

Je rejoignis l'armée royale à la bataille d'Angers, et je demeurai avec elle jusqu'à la déroute du Mans et de Savenay.

Comme il n'était plus possible de tenir contre les républicains, les bois devinrent mon refuge. Je m'y cachai, jusqu'à la pacification de 1795. Antérieurement j'avais refusé toute espèce d'amnistie.

Mais cette pacification ne dura pas longtemps. On sait quel sort on fit subir au brave et généreux Charette.

 

Dès ce moment, il n'y eut plus qu'un parti pour les royalistes. Ce fut d'attendre une circonstance plus heureuse et dans l'intervalle d'entretenir le courage et les espérances, d'élever les enfants dans l'amour de Dieu et du Roi, de les faire baptiser, communier en cachette, de les entretenir de leurs devoirs, et ce fut là une de mes principales occupations jusqu'au jour où Bonaparte partit pour la guerre d'Espagne.

Alors toutes les pensées se relevèrent à la hauteur des événements qui se préparaient. Il ne fut pas difficile de les pressentir, de les deviner.

Les proclamations reparurent en faveur du Gouvernement qui nous est rendu.

Les mêmes déguisements me servirent à les répandre sous la conduite de M. Linch, maire de Bordeaux. Confiante dans la Providence que rien ne détourne de son but, toujours guidée par cette étoile qui m'a conduite et soustraite à la mort, dix ans de ma vie se sont écoulés en courses continuelles à Bordeaux, dans le Poitou, la Vendée, le Midi et presque par toute la France.

J'étais à Toulouse, Monseigneur, en 1814, lors de la rentrée de Sa Majesté. J'eus même encore le bonheur d'y rendre quelques services à la cause et aux habitants de cette ville.

Dès qu'on s'aperçut que le maréchal Soult allait faire sauter le pont, je me rendis à Pibrac porteuse d'une lettre de M. d'Armagnac auprès de M. le duc de Wellington, et après lui avoir donné les renseignements qu'il pouvait désirer sur l'esprit des habitants, il ne fit qu'une fausse attaque et le pont fut conservé.

C'est là, Monseigneur, que j'ai pu dire à votre auguste frère, quand il me permit de lui être présentée : « Nunc dimitlis, je n'ai plus rien à désirer. »

Monseigneur, voilà ma vie. Je suis récompensée sans doute par le bonheur que j'éprouve de revoir mon Ilégitime souverain sur le trône de ses aïeux, entouré d'une famille chérie pour en répandre au loin tout l'éclat.

Mais je touche à la fin de ma carrière, je n'ai plus rien, les infirmités me gagnent. Une décoration quelconque en témoignage de mon zèle et de mes efforts pour la cause que j'ai défendue malgré la faiblesse de mon sexe, et une pension qui me mette à l'abri de la mendicité pour le peu de jours que Dieu voudra bien m'accorder, voilà ce que j'ose solliciter de votre bienveillance et de votre magnanimité.

La pétition est d'une autre écriture que celle de Françoise Després, qui se contenta de la signer. Elle obtint un plein succès : une décoration et une pension de 300 francs lui furent accordées par le Ministre de la Maison du Roi.

Aussitôt Françoise Després veut faire elle-même le récit des actions qui lui ont mérité cette « précieuse faveur ». Elle écrit donc ou plutôt fait rédiger ses Mémoires, qui paraissent sans retard avec ce titre interminable :

Détails historiques sur les services de Françoise Després, employée dans les armées royales de la Vendée depuis 1793 jusqu'en 1815; sur ses missions secrètes dans la Bretagne, le Maine, l'Anjou, et depuis la Loire jusqu'à Bordeaux et Toulouse en 1814; sur les emprisonnements, les condamnations à mort, à la déportation et autres persécutions, que son zèle pour la religion et son dévouement à l'auguste Maison des Bourbons lui ont attirés; sur divers événements miraculeux qui lui ont sauvé la vie, etc., etc., écrits par elle-même, dédiés à Son Altesse Royale Madame, duchesse d'Angoulême (Paris, Michaud, 1817, 67 pages).

Cette brochure se trouve à la Bibliothèque d'Angers et aussi dans les collections des bibliophiles.

Françoise Després dut mourir à Paris, mais la date de son décès est inconnue.

 

 

A saint Florent le VIEIL le 12 mars 1793 commença l'épopée vendéenne, la guerre de géants <==

13 Mars 1793 Jacques Cathelineau fait sonner le tocsin dans la Révolution <==

1793 Les HÉROÏNES VENDÉENNES, La Mieux-Aimée du roi de la Vendée ( Marie-Adélaïde de La Touche Limousinière) <==

Le 22 septembre 1823 à Saint Florent, Marie-Thérèse de France duchesse d’Angoulême et le sculpteur Pierre David d’Angers <==

 

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