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PHystorique- Les Portes du Temps
1 avril 2023

1er avril 1776, le Château des GRANGES-CATHUS vendu à la famille de Vaugiraud (Guerre de Vendée)

Château des Granges-Cathus Talmont Saint Hilaire Octave de Rochebrune

Nous engageons nos lecteurs à aller visiter le château des Oranges. Ce château, par son ancienneté, son escalier de pierre entièrement sculpté, son ameublement à l'antique et quasi princier, est dans tous les environs des Sables ce qui mérite le plus l'attention des touristes; je suis sûr qu'on gardera de cette excursion le meilleur souvenir.

Pour la description bien détaillée du château, nous ne saurions mieux la donner qu'en empruntant la notice faite par M. Léon Aude, propriétaire du château des Oranges :

« A un kilomètre et demi de Talmont, près de la route de Napoléon, les ruines du château des Oranges-Cathus s'élèvent sur un plateau boisé d'où la vue descend sur les plaines fertiles de Jard, les dunes qui bordent la mer et jusqu'aux plages sablonneuses de l’lle de Ré, à peine dessinée comme un léger nuage à l'horizon.

Une longue avenue tapissée de gazon et couverte de vieux chênes, dignes du pinceau de Rousseau, conduit au bord des fossés pleins d'eau.

« Bien que l'oeuvre de la destruction soit trop avancée pour que l'on puisse reconnaître exactement l'étendue des constructions primitives, et qu'il ne soit plus possible de juger de l'harmonie de leur architecture, les détails qui en restent suffisent encore à rendre ce manoir l'une des ruines les plus intéressantes de l'art de la Renaissance.

» Dans le principe, l'édifice avait un second étage, décoré de croisées semblables à celles de la grande tour.

Les constructions se prolongeaient à gauche de l'escalier formant un second corps de façade, défendu du côté du jardin par une tour pareille à celle qui existe à droite. Des combles très-élevés suivant le goût de l'époque, couverts en ardoise, surmontaient les bâtiments.

 Ceux de la tour, terminés par une lanterne ou campanille, n'ont été descendus qu'en 1840, parce qu'ils menaçaient ruines; on les a remplacés provisoirement par une couverture de tuiles.

Château des Granges-Cathus Talmont Saint Hilaire Octave de Rochebrune 2

Une haute cheminée monumentale en briques, renversée il y a une vingtaine d'années dans une tempête et dont on ne voit plus que la base, l'accompagnaient.

Un dôme en plomb, surmonté d'un clocheton, couvrait le pavillon de l'escalier. Deux autres tours, dont une a laissé quelques vestiges au bord de l'eau, servaient avec les douves à protéger les cours et les servitudes.

Les vilaines constructions qui, en forme d'aile, s'appuient sur l'escalier, ont été construites entre 1776 et 1780 pour servir de pied-à-terre à la famille de Vaugiraud.

« Le style et les dispositions annoncent les premiers changements apportés par la Renaissance dans les habitations françaises. Les tours sont encore conservées, mais elles reçoivent des ouvertures plus ornementées; les précautions de défense, les meurtrières, les douves, ne sont plus celles des sombres forteresses des siècles précédents. On voit qu'elles n'ont plus pour but que de se mettre à l'abri d'un coup de main et non de soutenir des sièges.

« Les pièces étaient mises en relation, à l'intérieur, par des portes basses et étroites, pratiquées dans un angle, les appartements éclairés par des fenêtres divisées par des meneaux en croix, dont l'appui est très- élevé. Le tout était desservi par un escalier à vis, placé dans un pavillon en saillie à l'angle gaucho de la cour. Cet escalier est le morceau capital du château.

Les deux fenêtres ont des pilastres dont les consoles et les chapiteaux sont gracieusement sculptés; entre elles, un joli médaillon renferme deux têtes portant des casques ailés; au-dessus de la seconde, se voient les armoiries du seigneur : un lion passant sur champ semé d'étoiles.

La porte est d'un bon dessin ; les montants en sont ornés de pilastres rehaussés de sculptures d'une ténuité et d'une délicatesse incomparables.

Au-dessus du cintre surbaissé, se lit, au milieu d'arabesques, la date de la construction, 1525.

Les bustes mutilés de LVCRESSE et de CLEOPATRA, en grand relief, et les armes de Cathus achèvent la décoration de l'entrée.

« Mais rien n'égale la richesse de l'intérieur. L'artiste y a semé à profusion toutes les capricieuses créations de la Renaissance : animaux fantastiques ou réels, instruments de guerre et de science, de musique et de chasse, des armures, des fleurs, des armoiries et des allusions d'amour. Tout cela forme au plafond une seule page, qui va s'enroulant jusqu'au second étage, enfermant dans des médaillons l’histoire du seigneur des Oranges, sa naissance et sa jeunesse, ses deux mariages et ses chagrins domestiques. Pas une pierre n'a été oubliée du ciseau.

» Deux médaillons, PIRAMVS et TISBÉE, décorent la cheminée de la première chambre.

Le champ est, occupé par les armes de Cathus.

» La grande cheminée de l'appartement au-dessus, est ce qu'il y a de plus remarquable , tant pour l'exécution que pour l'entente générale de l'ornementation.

Le sujet représente l'Amour poursuivi par des Chimères.

Le cheval que guide le fils de la belle Cythèrée, est dans l'attitude de l'effroi ; les chimères ont la tête et le cou d'une licorne, le corps d'un immense oiseau aux ailes déployées, l'extrémité terminée en rinceaux ornés de feuillages. Au-dessus, dans une très-belle frise, des Amours se jouent au milieu de feuilles d'acanthe enroulées.

» La porte, à côté, était ornée aussi avec beaucoup de soin. Le tympan renferme un médaillon de grande dimension.

» On doit voir ensuite la fenêtre de la grande tour, dont le travail est véritablement artistique, et le portail, si remarquable par la légèreté et l'élégance de son style, la vigueur de ses nervures, fouillées dans une pierre excessivement dure.

» Les sculptures des Oranges ont un rapport éloigné de style, avec celles du château de Bonnivet, à quatre lieues de Poitiers ; mais elles sont d'un travail moins pur et plus lâché.

L'escalier, dont l'ensemble est d'une grande richesse, est inférieur comme style aux autres parties : les ornements sont d'un petit relief et moins bien modelés, surtout ce qui est personnages.

» Un seul architecte semble avoir dirigé les travaux qui ont dû être rapidement exécutés sous l'inspiration d'une pensée unitaire; mais trois artistes principaux y ont certainement mis la main. Le plus habile a exécuté la décoration de la cheminée et de la porte de l'escalier ; le second, diverses autres parties d'ornementation extérieure et intérieure ; le troisième, moins fort au point de vue de l'exécution, a fait l'escalier.

» Comment le châtelain des Oranges osa-t-il bâtir son manoir et prodiguer ces charmantes sculptures sous le canon de Talmont?

C'est que depuis longtemps la famille Cathus, en possession de la confiance des vicomtes de Thouars, princes de Talmont, tenait la charge de capitaine de cette importante position militaire, et que, pour le moment, Jean Cathus commandait dans la place.

» La famille noble et très-ancienne de Cathus, aujourd'hui éteinte, était originaire des environs de la Garnache et de Beauvoir, d'où elle s'étendit dans le pays de Retz au moyen-âge.

Le chevalier Hugues Cathus faisait partie des trente Bretons qui, le 27 mars 1351, sous la conduite du maréchal de Beaumanoir, vainquirent trente Anglais, en combat singulier, sur la lande de Mi-Voie, entre Josselin et Ploërmel.

» La branche des Granges parait s'être établie dans le bas-Poitou au XIVe siècle.

Nous ne nous arrêterons pas à en refaire la généalogie, qui a été donnée par MM. Bauchet-Filleau et de Chergé, et à laquelle nous n'avons rien à ajouter jusqu'à Jean Cathus.

 

» Jean Cathus, seigneur des Oranges, capitaine de Talmont, fit les guerres d'Italie sous le célèbre Louis II de la Tremouille, vicomte de Thouars, prince de Talmont, qui trouva une mort glorieuse à la bataille de Pavie, en 1524.

 Rentré en France, il fit commencer, l'année suivante, les travaux dont nous admirons les ruines, sur l'emplacement d'un château plus ancien, reconnaissante par quelques vestiges.

Derrière les hautes murailles de Talmont, les seigneurs ne trouvaient plus les agréments de la vie plus délicate que de nouvelles moeurs et surtout les guerres d'Italie avaient introduite en France.

Jean voulut se créer une maison de plaisance, ornée avec tout le goût de l'époque.

 Le site était bien choisi ; il y planta de grandes avenues, au milieu des bois qui l'entouraient de plusieurs côtés en le protégeant de leur ombrage contre la malaria des marais de Talmont.

» Nous ne savons pas la date de la naissance de Jean; mais, si l'on en croit l'histoire écrite sur l'escalier, il naquit sous le signe du Lion, c'est-à-dire en juillet.

Il épousa Marie du Verger, dont l'écusson se voit sur l'escalier. Cette page, si curieuse et si intéressante, nous dit de quel amour brûla le châtelain pour Marie; combien son cœur souffrit des difficultés qu'il eut à surmonter pour l'obtenir, et les joies de son mariage; mais bientôt elle raconte aussi ses larmes et ses souffrances, lorsque cette âme aimée le quitta pour les régions éthérées, représentées par les sphères.

Le temps adoucit ses regrets; la sérénité rentra dans son coeur, qui fleurit pour de nouvelles affections, ce qui est figuré par des lys qui naissent d'un coeur percé de flèches. Il épousa, en secondes noces, Marie de Nuchèze, veuve d'Antoine du Fouilloux, et belle-mère du célèbre auteur de la Vénerie, Jacques du Fouilloux.

Ce mariage fut-il heureux ? Il est permis d'en douter, si l'on considère la sirène qui paraît aussitôt sur l'escalier et les chimères qui la suivent. Sans doute que la seconde femme, dont les charmes l'avaient séduit, lui fit cruellement regretter l'affection de Marie du Verger.

» Il est à remarquer que toutes les sculptures des Granges sont consacrées à l'amour malheureux.

» Après les descendants des Cathus, qui possédèrent les Oranges par héritage, cette terre passa par acquisition, le 1er avril 1776, à la famille de Vaugiraud.

 

Le comte de Vaugiraud, l’un des plus braves et des plus habiles officiers de la marine de Louis XVI pendant la Guerre de Vendée.

 

Au moment du départ de Louis XVI pour Varennes, les autorités révolutionnaires du Poitou, menaçant la liberté et la fortune du comte de Vaugiraud et de plusieurs gentilhommes, ceux-ci se tirent contraints de se réunir au rassemblement des royalistes vendéens au château de la Proutière en 1791, et de se défendre contre la violence.

Le château fut incendié; mais cet essai fit connaître les ressources que la fidèle population de ce pays offrait à la cause de la royauté.

M. de Vaugiraud vint demander justice au gouvernement ; un décret de prise de corps décida son émigration.

Arrivé à Coblentz, il reçut ordre des Princes français d'organiser le corps de la marine en compagnies, dont le comte d'Hector prit le commandement à couverture de la campagne. Il eut le commandement d'une compagnie noble de cavalerie, qui fut chargée d'accompagner les princes, dont il partagea les fatigues et les dangers.

Au licenciement, il reçut ordre de passer en Angleterre pour se rendre dans la Vendée, afin d'y porter les ordres du roi ; mais cette disposition fut changée, et le comte de Vaugiraud resta à Londres jusqu'au départ de l'expédition de Quiberon et de l’Ile Dieu, devint en 1814 gouverneur de la Martinique et mourut aux Sables en 1819 avec le grade de vice-amiral.

Des Sables, on faisait passer le procès-verbal de la saisie d'une malle par une patrouille de nuit et l'annonce de poursuites entamées contre un capitaine de brick, Lorteau, que le jury d'accusation venait de déclarer « prévenu d'avoir favorisé les projets des émigrés contre la République en donnant de l'argent à Vaugiraud jeune, l'un d'entre eux, et d'avoir à cet effet détourné une somme appartenant à la République » (1).

De Montaigu, on signalait la rentrée secrète d'un autre Vaugiraud, le marquis Aimé, que son absence prolongée avait fait « subitement soupçonner d'émigration », et qui, d'ailleurs, portait un nom mêlé depuis 1789 à ceux des gentilshommes les plus compromis dans les menées contre-révolutionnaires (2).

 

Un autre disparu, le comte de Suzannet, venait dans les bureaux mêmes de l'Administration réclamer la mainlevée de la saisie de ses domaines »(3)

Comme il n'apportait pas les preuves de sa résidence à l'intérieur « depuis les premiers jours du mois d'août jusqu'à la fin du mois de janvier », il était retenu; mais le jury d'accusation répondit « qu'il n'y avait pas lieu » de le poursuivre, et il fut mis en liberté (4).

Vaugiraud le jeune resta invisible; quant à l'autre Vaugiraud, il s'abstint de répondre à la citation de comparaître devant le Directoire du département; on envoya des gendarmes pour l'amener de force; ils ne purent remplir leur mission; la défense de son château de Saint-André-Goule-d'Oie devint l'un des premiers épisodes de la grande insurrection du mois de mars (5).

 

Le procureur syndic du district des Sables prit l'initiative de la formation d'un « comité de sûreté publique », par l'envoi aux patriotes sûrs de cette

Circulaire du février 1792 (6).

Dans un temps où la République est menacée par des ennemis nombreux, où les conspirateurs semblent redoubler d'efforts pour égarer le peuple et amener les horreurs d'une guerre civile, il faut que tous les amis de l'égalité et des lois se réunissent, qu'ils forment une coalition sacrée celle de déjouer les complots des factieux, de poursuivre jusque dans leurs repaires les plus secrets les agents ou les complices de nos lâches transfuges, de faire respecter les lois, d'assurer l'ordre et la paix, de protéger les personnes et les propriétés. Voilà une tâche que vous imposent vos devoirs de républicains.

Je sais, citoyens, que vous êtes pénétrés de ces devoirs précieux, je suis persuadé encore que vous les remplirez avec la fermeté et la prudence d'hommes libres mais justes; dans cette confiance, je dois vous offrir les moyens de coopérer avec moi au soin glorieux de veiller pour la tranquillité publique.

Je vous invite donc, citoyens, à surveiller de la manière la plus rigoureuse les mauvais citoyens de votre commune, les fanatiques, les agitateurs et les partisans des ennemis extérieurs; faites en sorte que leur conduite vous soit bien connue, dénoncez-moi tout ce qu'ils pourraient tenter contre la sûreté publique et particulière, contre les lois qu'ils détestent, parce qu'elles sont faites pour les contenir, enfin contre le calme et l'ordre qui doit régner pour le bonheur commun.

Il sera nécessaire, pour atteindre le but que je me propose, que vous teniez avec moi une correspondance suivie, mais discrète et sûre, bien détaillée et appuyée de faits garantis sinon par des preuves évidentes, du moins par des indices assez certains pour que, dans les mesures répressives ou tout autres que je croirai devoir employer, je puisse toujours agir avec fruit et faire des exemples salutaires.

Recevez, citoyen, la salutation civique de votre frère et ami,

 BIRET.

 

Voulant, dit Mercier du Rocher (7), « éviter la rentrée des émigrés et des prêtres, et contenir ceux qu'on soupçonnait de s'être trouvés avec les chevaliers du poignard à l'affaire du 10 août », le directoire de département prit des mesures tout à fait révolutionnaires.

Malgré « l'improbation du ministre de l'intérieur Roland », il maintint l'arrêté portant que « tous ceux qui, absents et suspects d'émigration, étaient rentrés depuis le mois de juin 1792, consigneraient une somme de 3,000 livres à employer au payement de la force armée, si la tranquillité des communes qu'ils habitaient était troublée ».

Il ordonna que les patrons de barques et maîtres d'équipages, en abordant sur les côtes de Vendée, « seraient tenus de présenter aux municipalités des lieux de débarquement les rôles de leurs bâtiments et de faire connaître les noms, professions et domiciles des gens qu'ils avaient eus ou auraient à leur bord ».

 Enfin, il décida d'appliquer aux pères d'émigrés en masse et à ceux de leurs parents et autres contre-révolutionnaires, qui seraient signalés comme dangereux, la mesure de l'appel et l'internement au chef-lieu, qui avait été employée pour enlever des campagnes les prêtres réfractaires.

 

Arrêté départemental du 25 février 1793.  (8).

 

Après avoir délibéré et ouï le procureur général syndic, le Directoire, comme mesure de sûreté générale, a arrêté et arrête ce qui suit :

ARTICLE premier. Le Directoire appelle au chef-lieu du département, pour y résider, tous les pères d'émigrés;

ART. 2. Il y appelle également, ainsi qu'il va être expliqué, des parents d'émigrés et autres personnes qui, par leur conduite et leurs propos antirévolutionnaires, troubleraient la tranquillité publique;

ART. 3 Les directoires de district dresseront, aussitôt la réception du présent arrêté, l'état des personnes mentionnées à l'article précédent qu'ils jugeront devoir être dans le cas de l'appel; ils feront incontinent notifier à chacune d'elles l'injonction de se rendre dans huitaine au chef-lieu du département et, si dans ce délai les personnes appelées n'obéissaient pas à cette injonction, les directoires de district les feront conduire à leurs frais par la force armée

Art. 4 Tous les pères d'émigrés et les autres personnes appelées, seront tenus de justifier journellement de leur présence au chef-lieu du département, en conséquence ils comparaîtront chaque jour à onze heures du matin à l'administration pour y être inscrits sur le registre qui sera tenu à cet effet;

ART. 5. Le présent arrêté sera imprimé, publié et affiché dans chaque commune et envoyé à la Convention nationale, aux ministres et à tous les départements.

Fait à Fontenay-le-Peuple, en directoire de département, le 20 février 1793.

Signé : Gallet, vice-président; J.-M. Cougnaud, secrétaire général.

 

Le retrait de cet arrêté départemental fut, on le verra, l'une des conditions de paix énumérées dans les premiers manifestes de l'insurrection générale.

Il est la quatrième dans la « Déclaration de la garde royale », expédiée de Challans et que les administrateurs de ce district, réfugiés aux Sables-d'Olonne, reçurent dans la nuit du 14 au 18 mars.

Si, dit Joly, dans sa « sommation du 24 mars » à la ville des Sables, « la loi de la milice a seule fait éclater l'indignation du peuple », c'est « l'arrêté tyrannique de votre département, du 25 février dernier, qui a produit le même effet sur les chefs qui commandent notre rassemblement ».

Le « coup de tonnerre » (9) de l'exécution de Louis XVI n'avait causé, en Vendée, qu' « une grande consternation » (10).

Il est à supposer que, si l'appel des 300,000 hommes n'avait pas fourni l'occasion de susciter de toutes parts, dans une même semaine, le soulèvement rural, la noblesse eût pu être réduite à l'impuissance par l'énergie des autorités patriotes.

 Rien n'indique que les paysans se seraient insurgés d'eux-mêmes pour venger le martyre du Roi, malgré les incessantes excitations des missionnaires et prêtres cachés, durant le procès de Louis XVI et aussitôt après son exécution (11).

Dans aucun des incidents séditieux qui précédèrent l'explosion, on ne retrouve, sous une forme quelconque, la trace d'une fureur populaire causée par l'événement du 21 janvier.

 Il est très remarquable que les premières proclamations des chefs et des comités insurrectionnels ne commencent pas par un anathème aux régicides et sont même tièdes dans leurs allusions rapides à la mort du roi.

Le premier effet de l'exécution du ci-devant souverain fut de désespérer le parti royaliste. Son chef, dans l'Ouest, expira de rage en l'apprenant, et tout ce qui avait été préparé de longue main se trouva encore une fois anéanti par la découverte de la conspiration, achevée au moment même où La Rouerie cessait de vivre.

 

 Vendue en 1828, par Mme Henriette de Senneville, marquise de Vaugiraud, à la famille Audé, le château des Granges-Cathus, restauré partiellement par M. Léon Aude, ex secrétaire général de la Vendée et fut acheté en 1876, par le comte Las Cases.

 

» Le manoir des Granges ne subsista pas longtemps dans sa coquette splendeur.

Le redoutable voisinage de Talmont, assiégé plusieurs fois, pris et repris par les. protestants catholiques, lui fut fatal.

C’est à ce temps qu'il faut rapporter sa destruction, sans qu'on puisse en fixer l'année. Il ne s'est pas relevé de ses ruines.

Depuis Marie Cathus, petite fille de Jean Cathus, il avait cessé d'être habité ; les propriétaires se contentèrent de raser le second étage et d'établir une couverture en tuiles, pour loger les fermiers.

» Chaque fois que l'on creuse autour des ruines, la pioche fait jaillir quelques débris de statue, de pilastre, de décorations.

— La porte, qui se voit dans l'escalier, provient de l'ancien château.

» Parmi les noms des étrangers qui ont laissé leur carte de visite burinée au couteau sur l'escalier des Cathus, on lit ceux-ci :

« Cosmao, Qaude et Parseval, aspirants sur, l'Italienne, 1809 »

L'une des trois frégates qui livrèrent le combat du 24 février 1809 «dans la rade des Sables.

Ce navire portait bonheur à ses officiers : Cosmao-Dumanoir est devenu contre-amiral; l'amiral Parseval-Deschênes a commandé la flotte de la Baltique.»

 

 

En 1878-1879, il le fit reconstruire presque complètement sous la direction de M. Clair, architecte, tout en respectant le plus possible toutes les parties des entablements, des cordons, des baies et des sculptures qu'il a été possible de conserver.

 

 

 

Le vrai guide des baigneurs et des étrangers aux Sables-d'Olonne : contenant tout ce que les étrangers peuvent désirer connaître, tant sur les Sables que sur les environs par un Sablais.

La préparation de la guerre de Vendée, 1789-1793. Tome 3 par Ch.-L. Chassin

 

 

1738 Parc-Soubise - Assassinat de René-Gabriel des Nouhes, comte de Beaumont-Pally, par Barrault des Granges, seigneur de la Rivière  <==

 

 


 

Voyage dans le temps et les origines de la Renaissance Artistique en Poitou 

M. de Rochebrune, analysant un mémoire sur cette question, expose comment la noblesse, au retour des guerres d'Italie de Charles VIII et de Louis XII, reconstruisit ou aménagea suivant un gout nouveau ses vieux châteaux.

 

(1). Au Registre des dépôts criminels de 1792 à l'an IV »,que nous avons trouvé dans le grenier du district des Sables, sont mentionnées 11 pièces relatives à l'affaire du capitaine des Deux-Sœurs et de ses filles, transmises au greffe du tribunal criminel du département le 13 février 1793.

L'une des filles, Jeanne Lorteau, avait été mise en liberté, le jury n'ayant pas admis pour elle la prévention ; mais le capitaine et son autre fille, la veuve Paître, avaient été frappés d'une ordonnance de prise de corps.

 

L'origine de l'affaire est ainsi rapportée au procès -verbal du conseil général de la commune des Sables, du 17 janvier 1793:

 

Garde du 16 au 17 janvier 1793, l'an IIe de la République, poste de la place de la Liberté.

« Le service s'est fait avec ordre et exactitude. Sur les dix heures un quart du soir, j'ai pris trois hommes de la garde, et nous avons été ensemble faire la première ronde dans les quartiers de la ville les plus suspects.

 Arrivés près la porte du nord de l'Église nous avons vu sortir de la ruelle de la dame Barbier un homme portant une malle sur son épaule.

Nous lui avons crié deux fois : « Qui vive? »

 N'ayant point répondu, nous nous sommes avancés la baïonnette en avant. Quand il nous a vus le serrer de près, il nous a répondu:

« Ami! » en laissant tomber ladite malle sur le pavé et se sauvant à toutes jambes, par la même ruelle d'où il sortait.

 Alors deux de nous sont restés à garder ladite malle; les deux autres l'ont poursuivi jusque dans la ruelle des petites Roi, où nous l'avons perdu de vue.

 Nous avons enlevé la malle et sommes rentrés au corps de garde sur les 11 heures.

« J'ai envoyé le citoyen Maunauré avec trois hommes faire une seconde ronde; ils sont rentrés à minuit, n'ayant trouvé personne.

« Le citoyen Laisné, officier municipal, ayant été instruit par moi de ce qui s'était passé, est venu au corps de garde, à peu près à cette heure-là, et, après avoir examiné la malle, il nous a recommandé le secret et la plus grande surveillance; il nous a invités à tenir nos armes prêtes et à faire charger le fusil de la sentinelle, en me disant de lui donner ordre de ne pas laisser approcher, personne du corps de garde et de surveiller le quartier de la ville d'où nous soupçonnions que cette malle sortit. Ensuite il s'est retiré.

«  J'ai de suite, en conséquence, pris deux hommes. Nous avons été dans le quartier faire une troisième ronde.

 Arrivés près la maison de M- Paître, nous avons vu une femme avec de la lumière; nous lui avons crié :

« Qui vive? » Alors cette femme ayant caché sa lumière, nous avons couru sur elle.

Nous lui avons demandé pourquoi elle cachait sa lumière; elle nous a répondu, en balbutiant, qu'elle sortait de chez son beau-frère où elle venait de passer la veillée.

D'après cette réponse, très suspecte à l'heure qu'il était, et d'après ce qui venait de se passer, nous l'avons emmenée au corps de garde. Là, nous l'avons reconnue pour être la fille du citoyen Marcetteau, maréchal ferrant.

« Cette affaire pouvant causer beaucoup de rumeur dans la ville, nous avons été chez le citoyen adjudant lui demander du renfort; ce qu'il a fait en nous envoyant deux hommes. En revenant de chez l'adjudant, nous avons rencontré la mère et la soeur de la détenue qui venaient la réclamer. Nous avons rentré ensemble au corps de garde, et là, ces femmes s'étant trouvées mal, nous les avons renvoyées.

« Aux Sables, ce 17 janvier 1793, l'an II de la République française.

« Signé MAUNARD, sergent de la Constance. »

 

Pour l'ouverture de cette malle en séance du conseil général, fut appelé le juge de paix -Sourrouille; mais, comme il se trouvait absent de chez lui, son premier assesseur, Gobert, assisté du greffier Malescot, présida légalement au bris de la serrure par un serrurier requis.

Au procès-verbal, il est constaté :

« Le citoyer, Foucaud, serrurier, ayant ouvert ladite malle, nous avons reconnu un gros paquet enveloppé et cousu dans une serviette marquée L. V. La serviette ayant été de suite décousue, nous avons reconnu que ledit paquet ne contenait que différents habillements de domestique que nous avons présumés appartenir au ci-devant chevalier Vaugiraud.

« Sur quoi le conseil général présumant que lesdits effets contenus dans cette dite malle appartiennent au ci-devant chevalier Vaugiraud, émigré, et, après avoir reconnu et inventorié les pièces suivantes savoir 8 vestes de chasse écarlate, parement et collet jaune, 7 vestes de cotonnade rouge rayée, collet et parement bleus, garnis de petits boutons de métal, une petite veste de nanquin bleu, collet et parement de coutil rayé, neuf gilets de coutil blanc, garnis de boutons blancs, une paire de bottes, une paire de gants de daim.

« Le conseil général arrête que lesdits effets seront mis dans la malle, et qu'elle sera scellée du cachet de la municipalité et envoyée avec son contenu à l'administration du district de cette ville. »

Ne s'agissait-il que d'enlèvements d'effets, soustraits au séquestre mis sur les biens mobiliers et immobiliers des émigrés?

On ne peut suivre l'affaire, déférée par le directoire du département au tribunal criminel, le greffe de celui-ci, pour 1792, ayant été détruit, lors de la prise de Fontenay, le 25 mai 1793.

Mais elle eut un retentissement si prolongé qu'à la fin de 1794 encore, c'est pour cette malle, et comme complice des agissements de Vaugiraud jeune, révélés par sa saisie, que l'ancien commissaire du roi au tribunal des Sables, Mercier de Plantibaud, l'auteur de la lettre au ministre de la justice sur la conspiration Lézardière en 1791 (voir notre tome Ier, p. 430), fut maintenu en arrestation, avec sa femme et sa fille, et gardé, parmi les derniers suspects, jusqu'à l'amnistie de 1795.

(D'après les registres et papiers du comité de surveillance révolutionnaire des Sables, aux Archives du département de la Vendée.)

(2). Voir notre tome Ier, p. 11, et la note sur le comte Vaugiraud de Rosnay, le célèbre marin, qui, échappé aux poursuites résultant de son intime liaison avec les Robert de Lézardière, en 1791 comme en 1789, s'enrôla dans le corps des officiers de marine de l'armée de Condé, et devait prendre part, en 1795, aux expéditions de Quiberon et de l'île d'Yeu.

Les deux Vaugiraud, dont il est question ici, sont ainsi inscrits dans la « Liste générale des émigrés de la Vendée » :

« Vaugiraud le jeune et Lodre, son épouse, ayant été en dernier lieu domiciliés aux Sables -d'Olonne, ayant des propriétés aux Sables, à Olonne, à Angles, à Château d'Olonne, à Saint-Hilaire-la-Forêt, district des Sables, et à Péault, district de Fontenay;

«  Vaugiraud, ex-marquis, domicilié aux Sables, ayant des propriétés aux Sables, à Olonne, Landevieille, la Boissière, Longeville, Saint-Vincent-sur-Jard, Saint-Hilaire-de- Talmont, la Chapelle-Achard et la Tranche, district des Sables; Saint-Martin-Lars, Saint-Aubin et Tiffauges, district de Montaigu. »

D'après la brève notice consacrée à ce dernier dans le recueil de M. A. des Nouhes, Généraux et chefs de la Vendée militaire et de la Chouannerie, le marquis de Vaugiraud fut officier supérieur dans l'armée du centre, sous Royrand, passa la Loire, échappa au désastre de Savenay, rejoignit Charette en 1794, et fut tué par un gendarme à Locminé, en Bretagne.

Vaugiraud le jeune était major général de Charette en 1795; il le fut de Suzannet en 1799 et 1815.

(3). Suzannet (P.-J.-B. Constant, comte de), né en 1770 en Bas-Poitou, tué près de Rocheservière en juin 1815, est inscrit dans la « Liste générale des émigrés de la Vendée » comme habitant Chavagne-en-Paillers et possédant des biens dans sept paroisses des districts de Montaigu, de la Châtaigneraie, de Challans et des Sables.

(4). D'après Mercier du Rocher, 1er cahier de ses Mémoires inédits.

(5). Voir plus loin, à la fin du ch. XXXVIII.

(6). Reg. de la Correspondance générale du procureur syndic du district des Sables, aux Arch. du dép. de la Vendée.

 (7). ler cahier de ses Mémoires inédits.

(8). 3e registre des Décisions et Ordonnances du département adressées au district des Sables, n° 508. (Aux Arch. du dép. de la Vendée.)

(9). Comme dit Th. Muret, Hist. de la guerre de l'Ouest, t. 1, p. 42.

(10). Lit-on, à la date du 27 janvier, dans les Notes manuscrites d'André Collinet sur les Sables et la Chaume.

(11). Le « Testament de Louis XVI, fait en double à la tour du Temple, le 23 décembre 1792», imprime sur quatre petites pages de papier à lettre, fut répandu par milliers dans les campagnes de l'Ouest dès les mois de janvier et février 1793. (Nous l'avons retrouvé dans diverses collections particulières)

Il fut aussi répandu, à travers la France entière, et jusque dans les armées en présence de l'ennemi, une complainte, sur l'air populaire de « Pauvre Jacques » Louis XVI aux Français. M. F.-A. Aulard l'a reproduite, d'après le Dernier tableau de Paris, de Peltier, dans un curieux article de la revue La Révolution française, du 14 janvier 1892, sur « Le royalisme à l'armée du Nord en juin 1793 ».

 L'une des copies de cette romance », que nous avons retrouvées en Vendée, celle notamment que nous a communiquée M. A. Odin, des Sables, contient, au dernier couplet, quatre vers, qui n'existent pas dans la version de Peltier :

0 mon peuple, recevez mes adieux.

Soyez heureux, je meurs sans peine.

Puisse mon sang, en coulant sous vos yeux.

Dans vos cœurs éteindre la haine! (Bis.)

Est-il Français qui ne sût s'attendrir ?

Peuple ingrat et barbare, arrête!

Sa bonté l'eût des tigres fait chérir,

Et toi, tu demandes sa tête!

Ces quatre derniers vers ont leur importance; ne prouvent-ils pas que la funèbre chanson fut faite et publiée avant la mort du Roi?

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