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PHystorique- Les Portes du Temps
10 mai 2023

1738 Parc-Soubise - Assassinat de René-Gabriel des Nouhes, comte de Beaumont-Pally, par Barrault des Granges

1738 Parc-Soubise - Assassinat de René-Gabriel des Nouhes, comte de Beaumont-Pally, par Barrault des Granges, seigneur de la Rivière

Je n'apprendrai à personne que la vénerie a de tous temps été en grand honneur sur la terre de Poitou.

Jacques du Fouilloux, le galant et spirituel veneur du XVIe siècle, qui savait, à ses heures, aussi habilement manier la plume que le couteau de chasse, nous a conté dans un livre, à la fois plein d'érudition et de verve gauloise, les fastueuses prouesses cynégétiques des seigneurs de cette époque.

Les annales de la Société de la Morelle (1), cette vaillante ancêtre de notre Rallye- Vendée, contemporaine, ne sont pas moins riches en brillants lancers et en hardis coups de dagues.

Alors, en effet, nos forêts du Bas-Poitou Vouvent, les Essarts, la Chaize-le-Vicomte, Aizenay, étaient abondamment peuplées de grands fauves, et les parties de chasse s'y succédaient nombreuses et brillantes.

Mais, entre toutes ces forêts, celle du Parc-Soubise est sans contredit la plus riche en souvenirs historiques.

 Qui dit Soubise, en effet, rappelle Henri IV et les équipées, vaillantes ou joyeuses, de son passage en Poitou, de ses séjours au château des Parthenay.

==> Henri IV au château du Parc de Soubise, de la famille Parthenay – l’Archevêque (Time Travel 1587)

Aussi, bien que ne rentrant pas absolument dans le cadre de cette étude, je n'hésite pas à placer ici en manière de préface le récit de la piquante aventure arrivée au sémillant Béarnais, dans un de ses séjours au Parc.

Il n'était encore que roi de Navarre. Les gentilshommes du Bas-Poitou, partagés en deux camps, tenaient, les uns pour la Ligue, les autres pour la Réforme.

A la tête de ces derniers, brillait au premier rang la célèbre Catherine de Parthenay, femme du duc de Rohan, mère de trois filles non moins illustres- trois printemps de beauté, de grâce et d'esprit. ==> Catherine de Parthenay, fille de Jean de Parthenay-Larchevêque, seigneur de Soubise

Catherine et ses filles n'eurent pas de peine, on le conçoit. à attirer à la Réforme une quantité de jeunes gentilshommes séduits par leurs charmes.

Aussi la résidence du Parc-Soubise présentait-elle, à cette époque, tout l'éclat et l'animation d'une cour.

Après ses rudes expéditions, le galant monarque aimait à venir s'y reposer, en chassant ou devisant d'amour. Mais plus heureux, parait-il, à la guerre qu'au jeu des belles, il s'attira un soir, d'une des filles de Catherine, qui portait ce même nom, une sévère réponse, digne à tous égards de la noble damoiselle.

Henri de Navarre, en se retirant dans ses appartements, se trouva fortuitement en tête à tête avec la jolie Catherine. En amour, comme à la guerre, le Béarnais allait droit son chemin. – « Mademoiselle, lui dit-il, par où faut-il donc passer pour aller à votre chambre? – Par l'église, sire, répondit la fière jeune fille! » »

A la vérité, il y a loin de cette réplique au laisser-aller de Madame de Parabère, conviant à sa toilette gens de qualité, beaux esprits et abbés mondains.

Henri IV se le tint pour dit, et se contenta désormais de poursuivre sur les terres du Parc « tous aultres gibiers ».

Les illustres veneurs de l'époque de Du Fouilloux et du bon roi Henri ont laissé après eux d'intrépides continuateurs, et jusques aux sanglantes journées de la Révolution, nos forêts n'ont pas cessé de retentir des sons joyeux du cor.

 

La chasse à laquelle se rattache le tragique épisode qui fait l'objet de ces pages date de 1738.

Les premières brumes bleuâtres de novembre s'étaient à peine montrées que, suivant l'usage hospitalier du bon vieux temps, le comte de la Massais entre les mains duquel était passé le Parc- Soubise, avec la châtellenie de Vendrennes et la baronnie de Mouchamps, conviait les gentilshommes du voisinage, tous bons et fervents disciples de saint Hubert, à venir hallaliser quelques-uns des nombreux pensionnaires de sa forêt.

 

Le rendez-vous était au chêne du Grand-Relais, le même qui servait au temps d'Henri IV. Au jour dit, tous arrivèrent avec leurs varlets et leurs meutes. Il y avait là toute la fine fleur de la noblesse bas-poitevine Gabriel-René des Nouhes, comte de Beaumont (2), le marquis de la Bretesche et le chevalier, son frère, le marquis de la Plissotinière, Voyneau, seigneur de Saint-André, du Landreau, Tinguy et beaucoup d'autres sans doute, mais dont l'histoire a omis de transcrire les noms.

Les chasses durèrent plusieurs jours et la gaité fut telle au château du Parc, qu'on s'y fût aisément cru au temps des séduisantes dames de Rohan.

Singulier retour des choses d'ici bas !

 Quelques années plus tard, cette superbe demeure, alors tout à la joie, devait subir les derniers outrages de la Colonne infernale de Grignon, et plusieurs de ses nobles hôtes portaient leur tête sur l'échafaud de la Révolution. ==> Guerres de Vendée : Les colonnes infernales au château du Parc-Soubise (Time Travel 31 janvier 1794)

Un jour donc, le cerf s'étant allé faire prendre dans les bois de Saint-Fulgent, les veneurs restèrent souper au bourg de ce nom, à l'enseigne du Chesne-Vert, qui avait alors grande renommée (3)?

 Après avoir copieusement réparé les fatigues de la journée, ils allaient partir, et déjà les chevaux attendaient sous la selle, lorsque l'hôtesse vint annoncer aux joyeux convives l'arrivée du seigneur de la Rivière, Barrault des Granges (4).

A voir l'accueil qui fut fait au nouvel arrivant, il est permis de penser qu'il n'était ni attendu, ni souhaité.

 

Néanmoins on fut très poli à son égard, car « noblesse oblige », et chacun s'étant serré, il vint prendre place à côté du jeune comte de Beaumont.

 Je crois même que, grâce aux deux nouvelles « vierges d'Aquitaine » apportées de derrière les fagots par la dame Guyet, la franche et cordiale gaîté d'avant revint peu à peu dans la salle de l'auberge.

Si bien que Barrault ayant raconté qu'il arrivait de Saint-Georges-de-Montaigu, et qu'il comptait se rendre le soir même chez ses tantes, Mlles de Caumont, qui demeuraient à la Jaudonnière, le comte de Beaumont, « toujours officieux et prévenant », l'invita « avec cette candeur qui lui était naturelle », et à raison de l'heure tardive, à venir avec lui prendre gîte au château du Pally (5).

Barrault des Granges avait-il dès à présent ses vues? Je l'ignore. Toujours est-il qu'il accepta sans la moindre hésitation l'offre qui lui était adressée. Comme la nuit approchait, et que le piqueur du comte de Beaumont avait à ramener la meute de son maître, celui-ci lui ordonna de prendre les devants.

Le seigneur de la Rivière saisit avec empressement l'occasion, et proposa que son valet accompagnât celui de Gabriel des Nouhes, afin de l'aider à conduire ses chiens. Ce qui fut fait.

Puis les veneurs ayant, coupes en mains, pris définitivement congé de l'hôtesse du Chesne-Vert, se séparèrent des Nouhes et Barrault suivant seuls la route de l'Herbergement.

Mais on avait, paraît-il, tant abusé des rasades que le jeune comte de Beaumont, « habituellement très sobre et fort peu accoutumé aux excès », se trouva tellement ivre, ce soir-là, qu'il tomba trois fois avant de pouvoir se mettre en selle.

Néanmoins, les deux seigneurs se mirent en route Barrault armé d'une longue rapière et de deux pistolets, des Nouhes n'ayant au côté qu'un simple couteau de chasse.

Que se passa-t-il durant le chemin, à l'ombre de cette obscure nuit de novembre ?

 

Mystère !

Mais ce qui est positif, c'est que, le lendemain matin, le malheureux des Nouhes fut trouvé gisant sur la lisière de la forêt de l'Herbergement, le corps percé de sept coups d'épée dont cinq mortels, ainsi que cela fut constaté par les sieurs Girard, docteur en médecine, et Hurtault, chirurgien.

Quant à Barrault, il avait pris la fuite.

Le comte de Beaumont n'était point marié. Son unique sœur, épouse de Messire Louis-Jacob de Lespinay, seigneur de la Vrignonnière (6), était morte, laissant des enfants en bas âge. Le père des mineurs, en l'absence d'autres parents, poursuivit le meurtrier devant les juges de la baronnie de Mouchamps.

Le procès, soutenu par la famille Barrault des Granges, donna lieu à de très vifs débats, et les parties firent même imprimer des mémoires contradictoires assez curieux, dont j'ai eu la bonne fortune de retrouver des exemplaires intercalés parmi les manuscrits de Dom Fonteneau, conservés à la bibliothèque de Poitiers.

Jacob de Lespinay affirmait dans le sien (7) que Gabriel des Nouhes était, ce soir-là hors d'état de pouvoir chercher querelle que d'ailleurs c'était un jeune seigneur très doux, généreux et bienfaisant, chez lequel l'élévation des sentiments répondait à celle de la naissance que Barrault était d'humeur violente et brutale qu'il était grand et fort, tandis que des Nouhes était petit et faible que le nombre des blessures ne laissait aucun doute sur le crime que d'ailleurs Barrault n'en était pas à sa première infamie, et qu'il avait été déjà chassé du régiment d'Auvergne, pour ses violences et sa mauvaise conduite.

 Finalement, le seigneur de la Vrignonnière réclamait la tête du coupable.

Bien entendu, le mémoire pour Messire des Granges (8) présentait les choses sous un tout autre aspect.

D'après lui, en effet, le comte de Beaumont, livré trop jeune à sa liberté, avait pris des habitudes d'ivrognerie déplorables. Aussi lui arrivait-il souvent de se trouver ivre aux rendez-vous de chasse, et dans ces moments-là il devenait tellement querelleur que ses amis étaient convenus de ne tenir aucun compte de ses injures.

Le soir de la chasse du Parc-Soubise, les veneurs ayant fait force libations à saint Hubert, Beaumont et Barrault, très échauffés, étaient partis au galop.

A l'entrée de la forêt de l'Herbergement, Beaumont, furieux de voir que sou cheval ne pouvait dépasser celui de Barrault, s'était mis à insulter ce dernier, puis, ayant sauté précipitamment de cheval et quitté ses bottes, s'était jeté sur lui, son couteau do chasse à la main. Barrault, pour défendre sa vie, s'était alors vu dans la nécessité de faire usage de sa rapière, et de porter à son adversaire le coup qui l'avait tué.

Bref, on le voit, ce procès eut un grand retentissement dans le pays. Le fait, en lui-même, aussi bien que le haut rang des personnages en cause le voulaient ainsi.

Pour se laver du reproche qui en voulait à son honneur de soldat, le seigneur de la Rivière produisit un certificat du colonel de son régiment, daté de Bastia (16 avril 1739), dans lequel il était dit que Barrault des Granges s'y était toujours bien conduit, et que s'il ai ait quitté le régiment, c'était parce que le peu de fortune de cet officier ne lui permettait plus d'en supporter les dépenses.

Lespinay, de son côté, présenta à la noblesse du pays, réunie pour un grand diner au prieuré d'Aquitaine, à Poitiers, une énergique protestation contre Barrault, qualifiant son acte d'assassinat, de lâcheté indigne d'un gentilhomme.

Tous signèrent la pièce, en tête le grand prieur et le commandeur de Malte, sire Guinebaud de la Grossetière.

En définitive, après maintes et maintes informations, la Cour de Mouchamps condamna Barrault à mort par contumace.

 Mais, après quelques années d'un exil volontaire, il obtint du roi sa grâce.

Tels sont les faits et le résultat juridique de ce drame, tels que l'histoire les a enregistrés. Mais, plus curieux que l'histoire, j'ai voulu en rechercher ce que nous sommes convenus d'appeler, dans notre idiome moderne, le dessous des cartes.

Un moraliste, qui avait ses heures de belle humeur, a formulé quelque part cet axiome « Au fond de tout acte, bon ou mauvais, commis par l'homme, il y a une femme. »

La femme se retrouve aussi derrière le tragique événement de la forêt de l'Herbergement.

 Les chroniques du temps racontent, en effet, que Barrault et Gabriel des Nouhes étaient, l'un et l'autre, passionnément amoureux de la belle châtelaine de la Rochegueffier « gente damoiselle de Béjarry ».

 Et elles ajoutent que Barrault, s'étant vu préférer des Nouhes, en avait conçu contre son heureux rival des projets de haineuse vengeance.

Comme s'il en était besoin, un autre fait vint accroître encore l'animosité de l'infortuné des Granges.

Un jour de foire, que Beaumont se trouvait à dîner avec lui, à Montaigu, chez leur ami commun Messire de Mauclerc Barrault devant tous les convives prenait plaisir à salir par ses propos l'idole du jeune des Nouhes, en même temps qu'il ne cessait de vanter ses hauts faits d'armes en Italie.

Irrité de ses plaisanteries de mauvais goût et de ses fanfaronnades guerrières, le comte de Beaumont lui jeta à la face qu' « à la bataille de Guastala (19 septembre 1734), lui Barrault, officier de l'armée française, avait, sur le champ de bataille, tourné le dos à l'ennemi, et qu'en conséquence il ne devrait pas faire parade d'autant de bravoure ».

Tous les rieurs se rangèrent du côté de Beaumont.

Quant à Barrault, il dévora silencieusement son affront, attendant que l'occasion s'offrît à lui d'en tirer vengeance l'occasion de la forêt de l'Herbergement sans doute (9).

 

 

UNE CAUSE CÉLÈBRE EN BAS-POITOU AU SIÈCLE DERNIER

L'ASSASSINAT DE RENÉ-GABRIEL DES NOUHES (NOVEMBRE 1738)

Par M. René VALLETTE Avocat, membre de la Société des Antiquaires de l'Ouest, Secrétaire de la Société archéologique de la Vendée.

 

 

L'Ouest aux Croisades: 3 Tomes en 2 Voll. III De H. de Fourmont

 

 

==> 1er avril 1776, le Château des GRANGES-CATHUS vendu à la famille de Vaugiraud (Guerre de Vendée)

 

 


 

Voyage dans le temps et les origines de la Renaissance Artistique en Poitou

M. de Rochebrune, analysant un mémoire sur cette question, expose comment la noblesse, au retour des guerres d'Italie de Charles VIII et de Louis XII, reconstruisit ou aménagea suivant un gout nouveau ses vieux châteaux.

 

(1) Ainsi appelée du nom d'une vieille gentilhommière existant encore près de la Chaize-le-Vicomte. Elle était alors présidée par M. de Guerry de Beauregard et comptait dans son sein l'élite des chasseurs du pays.

(2). La famille des Nouhes est une des plus anciennes du Bas-Poitou.

Elle fait preuve d'existence dès le XIIIe siècle. Dom Fonteneau mentionne, en effet, une patente en lettres d'or, signée de saint Louis, qui convoque le seigneur de la terre des Nouhes, paroisse des Essarts, pour la croisade de 1248.

La patente dont il s'agit, si bien décrite par le savant bénédictin, était une invitation à prendre la croix. On sait que le pieux monarque, dans son ardeur pour la délivrance du Saint-Sépulcre et des chrétiens d'Orient, usait souvent d'un pareil moyen. Son appel fut entendu à la Tabarière, comme partout ailleurs, et la cause de Dieu y trouva des défenseurs. Plus tard d'autres membres de la même famille continuèrent à servir la même cause, comme nous allons le voir.

Chevalerie de Saint-Jean-de-Jérusalem. Jean des Nouhes entra dans l'ordre des chevaliers de Rhodes, vers 1520 (Vertot, Liste des cheval. du prieuré d'Aquit., t. Iv, p. 146, édit de 1726).

Il portait de gueules à la fleur de lys d'or, armes conservées par la famille. Jacob des Nouhes, seign. de la Jacquelinière, 2e fils d'Isaac des Nouhes et de Rachel de Crûmes, reçu chevalier de Malte, après avoir fait ses preuves de noblesse, fut d'abord page du Grand-Maitre.

Une lettre écrite par le Grand-Maître lui-même, Antoine de Paule, au grand prieur d'Aquitaine en fournit la preuve. Voici ce précieux document inséré dans le quarante-deuxième volume de dom Fonteneau (p. 297, série qui a pour titre : Extraits des Archives du Poictou, XVIIe siècle).

Magister hospitalis Hierusalem,

« Vénérable très cher et bien amé religieux, ayant fait la grâce à Jacob des Noues (sic), fils du sieur Isaac des Noues et de damoiselle Rachel de Crûmes, de le recevoir pour un de nos pages, vous ne ferez difficulté de lui donner commissaires, pourvu qu'il aye atteint l'âge de 12 ans, conformément à nos établissements, et je prierai Dieu qu'il vous tienne en sa sainte garde.

Malte, ce 28 janvier 1624.

 

 Original signé de main originale (sic): de Paulo, archives de Robineau.

« Sa suscription est: A vénérable très cher et bien amé religieux, le grand-prieur d'Aquitaine, à Poitiers. »

 

Origine.

Dans le tome quatre-vingt-cinquième de dom Fonteneau (no 8) déjà cité, nous lisons ce passage:

« Origine et état présent de la maison des Nouhes: cette race tire son origine des anciens rois Armoriques et des premiers princes de Bretagne. Elle a été très-puissante et opulente jusqu'au XVIe siècle, où elle possédoit  en Poitou cinquante-quatre clochers. »

Cette extraction est incontestable, mais du côté des femmes seulement; elle descend, de la même manière, des comtes de Crissé et de Vihers par les Turpin, des ducs de la Trémoille par les Mornay, etc.

Il résulte de ces belles alliances, de la patente de saint Louis et de beaucoup d'autres titres que les des Nouhes sont d'ancienne chevalerie.

 

Branches et alliances.

-I. Branche aînée ou de la Tabarière. Dom Fonteneau (ibid.) nous en donne ainsi les alliances :

La maison des Nouhes s'est alliée doublement à la maison de Montmorency, aux maisons de Crissé par les Turpin (deux alliances), de Varades, de Rohan, de Vivonne, de Saint-Aignan, du Bec-Crespin, de Vien, de Mortemart - Rochechouart, d'Estouteville, de Tonnerre, de Sully, de la Brosse, de Goulaine, de Thorigné, de Grignon, Prévost de la Boutetière (quatre alliances), Mauclerc, d'Avaugour, d'Aulnis, de Mornay.

François des Nouhes, gouverneur de Fontenay, seign. de la Tabarière, épousa, en 1572, Catherine d'Avaugour, ramage de Penthièvre, branche de Kergrois.

 Cette alliance est mentionnée dans le 1er volume de la réformation de 1668 à 1671 (Mss. de la Bibl. de Nantes, fol. 51), affirmée par un acte de partage du 21 novembre 1606 entre Jehan d'Avaugour et François des Nouhes, son beau-frère (Origin. aux archives des Grimouard de Saint-Laurent en Bas-Poitou).

L'ardeur avec laquelle les seigneurs de la Tabarière avaient servi la Réforme sous le drapeau de Henri, roi de Navarre, leur valut, nous venons de le voir, une autre alliance guère moins illustre :

Jacques des Nouhes épousa, le 29 octobre 1603, à Saumur, Anne, troisième fille du célèbre Mornay, dit le pape des Huguenots.

Le roi Henri IV, en souvenir des services que lui avait rendus son ancien ministre, signa le contrat de mariage et grossit la dot d'un cadeau de 17,000 liv. (Moréri, t. IX, p. 800; Duplessis-Mornay, par Joachim Ambert, officier supérieur, p. 369 et 400).

De cette union, vinrent 1° deux fils: messire Philippe des Nouhes, seign. de la Tabarière, baron de Sainte-Hermine et de la Lande, tué au siège de Bois-le-Duc en 1629, et messire François des Nouhes, décédé au château de Sainte-Hermine: - 2° trois filles : Charlotte, mariée au marquis de Dangeau en 1633, mère du fameux marquis Dangeau, courtisan de Louis XIV; Élizabeth, à messire Georges le Clerc, marquis de Juigné-Verdelles, 1633; et Marguerite, à messire Jacques le Vasseur, marquis de Coigne (D. Fonten., t. LXXXV; Ansel., t. VI, p. 283; Moréri, t. IV, p. 201, et t. 1, p. 750; Mém. du marq. Dangeau).

Ainsi s'éteignit dans le calvinisme la branche aînée ou de la Tabarière.

 

II. Branche des Nouhes, ou de Beaumont-Pally. Séparée du tronc vers le milieu du XVe siècle, dans la personne de Nicolas des Nouhes, fils de Colin et de Marguerite Prévost, cette branche resta catholique et continua la filiation.

 D. Fonteneau nous retrace ainsi ses alliances, (ibid., no 8) :

« Nicolas des Nouhes, seign. du Pally, s'unit en 1449 à » Catherine d'Appelvoisin, sœur de Jean, conseiller et chambellan du >> roy Louis XI; Pierre, à Claude Cathus, 1540; Tristan, à Marie le Mastin, soeur de Renée qui porta à Guy du Vergier la terre de  la Rochejaquelein, en 1549; Thomas-Jacques, à Louise Prévost, en 1479; Hercule, à Hélène de Thorigné, en 1591; Isaac, à Rachel de Crûmes, en 1615; - Gabriel, à Marie de Vaudray (Vauldraye), en 1642. »

Ces alliances, la plupart contractées dans la province, valurent de vastes et riches domaines aux seigneurs du Pally.

Au moment où la fortune mettait leur noblesse dans tout son éclat, ils s'éteignirent tout à coup par un drame sanglant.

Gabriel des Nouhes, leur dernier représentant, fut assassiné à la suite d'une partie de chasse, en 1737, par Barraut des Granges, son vassal (Mém. à la Bibl. de Poitiers).

- Élizabeth des Nouhes, sœur de Gabriel, devenue ainsi son unique héritière, porta à Louis-Jacob de Lespinay, son époux, tous les biens de la branche de Beaumont-Pally, que D. Fonteneau (ibid.) évaluait à 200,000 livres de revenus, vers 1740.

 

III. Branche de la Normandelière. Il ne restait alors pour continuer la descendance qu'un cadet déshérité, Gabriel des Nouhes, troisième fils d'Isaac et de Rachel de Crûmes.

Celui-ci épousa, le 6 février 1662, Jeanne Lingier de la Ramée (D. Fonten., ibid.), et leur fils, en 1690, Marie-Suzanne de Cailhault, dame de la Cacaudière (id., ibid.).

De ce mariage naquit Louis-Alexis-Henri, marié, en 1746, à MarieAnne d'Aux, fille de messire François d'Aux, seign. de la Blanchardière et de Loucherie (D. Fonten., ibid., Contrat aux arch. de la fam.).

De cette branche descendent les trois qui existent celles : 1° de la Cacaudière, 2° de Loucherie; 3° de Robineau.

 

Armes telles qu’elles se trouvent à l’Armorial de France (Registre 1er, n°39) :

De gueules à la fleur de lys d’or.

 

 

 

 

 

(3) Ancien hôtel du maître de postes, M. Guyet, ancêtre des Guyet, des Essarts, aujourd'hui habite par M. Charles de Grandcourt.

(4) La famille Barrault des Granges était de bonne noblesse poitevine. On lit notamment au rapport de Colbert de Croissy (Dugast-Matifeux, p. 213) que le chef de cette famille fut maintenu noble par sentence de 1667.

Elle est éteinte depuis un siècle environ. Les derniers représentants en étaient M. le marquis de la Coudraye, des Sables-d'Olonne et Mlle de Ternay, mortes à Luçon, vers 1840. La mere de ces dernières et la grand'mère de M. de la Coudraye était une demoiselle Barrault.

Le titre de seigneur de la Rivière venait d'une gentilhommière de ce nom,  située au bourg de Saint-Martin-sous-Mouzeuil, près Luçon, appartenant aujourd'hui à M. de la Falaise. Les Barrault possédaient en outre la terre seigneuriale de la Bretaudiere, paroisse de Saint-Philbert-du-Pont-Charrault.

(5) Le Pally – dérivé de Pallays, pour designer probablement l'une des plus grandioses habitations du pays aux XIVe' et XVe siècles situé commune de Chantonnay.

 (6) La Vrignonniere gentilhommière située dans la commune des Essarts, rendue nationalement en 1792.

(7) Mémoire pour Messire Louis-Jacob de Lespinay, chevalier, seigneur de la Vrignonniere, veuf de dame Marie Elisabeth des Nouhes, père et loyal administrateur de leurs enfants, demandeur-accusateur en crime d’assassinant, commis en la personne de Messire Gabriel-René-Etienne des Nouhes, comte de Beaumont-Pally, contre Barrault des Granges, sieur de la Rivière, accusé contumax.

Imprimerie du prince de Conty, à Poitiers. (D. Fonteneau, t. 85.)

Contract de mariage de LOUIS-JACOB DE LESPINAY, FILS DE SAMUEL ; CHARLESSAMUEL, MARC, LOUISE-AIMÉE, SES FRÈRES ET SOEUR

Du 7 juillet 1720.

Contract de mariage de haut et puissant seigneur Messire Louis-Jacob de Lespinay, chef du nom et armes de Briord, chevalier, seigneur de la Vrignonnière, fils aîné et principal héritier de haut et puissant seigneur Messire Samuel de Lespinay de Briord, chevalier, seigneur de la Ruffelière, et de Dame Louise de la Bussière, sa femme, demeurans en la maison noble de la Vrignonnière, paroisse des Essars, le futur assisté de Messire Charles-Samuel de Lespinay, chevalier, seigneur du Soulandeau, et de Messire Marc de Lespinay, chevalier, seigneur de la Flotterie, ses frères ; de Messire Jean-Baptiste le Boeuf, chevalier, seigneur de la Noue Saint-Martin, de Dame Louise-Aimée de Lespinay, sa femme, ses beau-frère et soeur ; de Damoiselles Madelène-Françoise Chitton de Languillier et Marie Bénigne Chitton de la Davière, soeurs, ses cousines issues de germain, en l'estocq maternel. Accordé, le 7 juillet 1726, avec Damoiselle Marie-Elizabeth DES NOUHES DU PALLY, fille de haut et puissant seigneur Messire René Thomas des Nouhes, chevalier, seigneur de Beaumont et du Pally, chevalier de l'ordre militaire de Saint-Louis, lieutenant des vaisseaux du Roi, et de Dame Hélène-Jeanne Bocquier, sa femme, demeurans dans leur maison noble du Pally, paroisse de Chantonnay.

 Ladite future assistée de Messire Gabriel-René-Etienne des Nouhes, chevalier, seigneur de la Normandelière (en marge est écrit :

Il a seulement signé Gabriel des Nouhes de la Normandelière, sur la minutte), son oncle, à la façon de Bretagne et ci-devant institué son curateur aux causes; de Messire Charles-Gabriel des Nouhes écuyer, licencié en théologie, prêtre, chanoine du chapitre de Luçon, et de Messire Jaques des Nouhes, écuyer, chevalier de la Normandelière, tous deux issus de germain de ladite future dans l'estocq paternel ; de Messire Alexis Roatin, chevalier, seigneur de Boisnerbert, de Damoiselle Hélène Roatin, sa soeur (en marge est écrit : Cette Hélène Roatin a signé sur la minutte : Hélène Roatin, Fontaine de Boispineau), de Messire Charles Darot, chevalier, seigneur de Lulière ; et de Damoiselle Hyacinte Israélite Darot, sa soeur, tous ses parens de l'estocq paternel, et de Nicolas-Etienne Bouhereau, seigneur de Laufraire, son grand oncle à la façon de Bretagne en l'estoc maternel ; lesdits futurs aussi assistés d'autres leurs parents et amis soussignés.

En faveur duquel mariage lesdits seigneur et Dame de la Ruffelière marient ledit futur, comme leur fils aîné et principal héritier, avec toutes les prérogatives et privilèges attachés à ladite qualité ; ils lui donnent, en avancement d'hoirie, sur leur succession future, l'usufruit et jouissance de leurs maison noble, terre et seigneurie de la Vrignonière et de la terre et seigneurie du Soulandau, située dans la paroisse de Soulans, indivise par moitié, avec M. Daudun, controlleur général des finances ; et promettent de lui abandonner, dès le jour de la bénédiction nuptiale, la propriété de la maison noble, terre et seigneurie de la Ruffelière avec ses dépendances, située dans la paroisse de Bouaine, consentant lesdits seigneur et Dame de la Ruffelière, que leurs enfants cadets ne pussent rien prétendre dans la propriété et jouissance desdites maisons de la Vrignonière, Soulandau, Puybertrand et dépendances, après la mort de ladite Dame leur mère, non plus qu'en celle de la Ruffelière, après le décès dudit seigneur de la Ruffelière leur père; et comme les seigneur et Dame étoient comptables envers ledit futur leur fils de la somme de 8000 livres à lui léguée par le testament de dame Olympe Gautreau, troisième femme de Messire Jacob de Lespinay de Briord, chevalier, seigneur de Villers, ayeul dudit futur, et ainsi qu'il étoit porté par le partage fait, le 30 novembre 1711, entre ledit seigneur de la Ruffelière et Messieurs les cadets, devant Pavageau et son compagnon, notaires de la Rocheservière, sesdits père et mère, pour se libérer de ladite somme et des intérêts qui en pouvoient être dus, lui délaissent tous les meubles et autres effets qui étoient dans lesdites maisons, métairies et dépendances de la Vrignonière, Soulandeau et Puybertrand.

En même faveur de ce mariage, lesdits seigneur et Dame de Beaumont promettent de n'avantager Messieurs leurs enfants l'un plus que l'autre, dans leurs meubles et acquets et de donner à ladite future leur fille en avancement d'hoirie, sur leur future succession, l'usufruit et jouissance de la maison noble et dépendances de la Faguelinière, située dans la paroisse d'Apremont.

 Et comme lesdits seigneur et Dame de Beaumont donnent à ladite future, leur fille, quelques effets et hardes à son usage, ils déclarent que pour observer ladite clause de n'avantager Messieurs leurs enfants l'un plus que l'autre, Messire Gabriel-René-Etienne des Nouhes, chevalier, sieur du Pally, frère de ladite future, en prendroit autant, à la réserve d'une écuelle et d'un gobelet d'argent et de six paires de linceuls qui apartenoient à leur dite fille et provenoient des libéralitez de Damoiselle Gabrielle-Charlotte Charrier, sa marraine.

Ce contrat, passé dans ladite maison noble du Pally, province de Poitou, devant Chaigneau et Bousseau qui en retint la minutte, notaires royaux héréditaires en Poitou ; est signé sur la minutte par lesdites parties et encore D. Vexiau, D.-M.-G. de Cambran, Henriette de Cambrand et Marie-Ester Vexiau.

 (8) Mémoire contradictoire pour Messire Barrault des Granges, chevalier, seigneur de la Rivière, en réponse à l'accusation et-dessus portée par. etc. (Dom Fonteneau, t. 85)

(9) Ce travail a été rédigé sur les notes gracieusement communiquées par MM. Alexis des Nouhes, de Saint-Fulgent et de Chabot, du Parc-Soubise.

 

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