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PHystorique- Les Portes du Temps
18 février 2020

Henri IV au château du Parc de Soubise, de la famille Parthenay – l’Archevêque (Time Travel 1587)

Henri IV au château du Parc de Soubise, de la famille Parthenay – l’Archevêque (Time Travel 1587)

Je n'apprendrai à personne que la vénerie a de tous temps été en grand honneur sur la terre de Poitou.

Jacques du Fouilloux, le galant et spirituel veneur du XVIe siècle, qui savait, à ses heures, aussi habilement manier la plume que le couteau de chasse, nous a conté dans un livre, à la fois plein d'érudition et de verve gauloise, les fastueuses prouesses cynégétiques des seigneurs de cette époque.

Les annales de la Société de la Morelle (1), cette vaillante ancêtre de notre Rallye-Vendée, contemporaine, ne sont pas moins riches en brillants lancers et en hardis coups de dagues.

Alors, en effet, nos forêts du Bas-Poitou Vouvent, les Essarts, la Chaize-le-Vicomte Aizenay, étaient abondamment peuplées de grands fauves, et les parties de chasse s'y succédaient nombreuses et brillantes.  

Mais, entre toutes ces forêts, celle du Parc Soubise est sans contredit la plus riche en souvenirs historiques.

Qui dit Soubise, en effet, rappelle Henri IV et les équipées, vaillantes ou joyeuses, de son passage en Poitou, de ses séjours au château des Parthenay.

Aussi, bien que ne rentrant pas absolument dans le cadre de cette étude, je n'hésite pas à placer ici  le récit de la piquante aventure arrivée au sémillant Béarnais, dans un de ses séjours au Parc.

Il n'était encore que roi de Navarre. Les gentilshommes du Bas-Poitou, partagés en deux camps, tenaient, les uns pour la Ligue, les autres pour la Réforme. A la tête de ces derniers, brillait au premier rang la célèbre Catherine de Parthenay, femme du duc de Rohan, mère de trois filles non moins illustres - trois printemps de beauté, de grâce et d'esprit.

Catherine et ses filles n'eurent pas de peine, on le conçoit à attirer à la Réforme une quantité de jeunes gentilshommes séduits par leurs charmes. Aussi la résidence du Parc-Soubise présentait-elle, à cette époque, tout l'éclat et l'animation d'une cour.

 Après ses rudes expéditions, le galant monarque aimait à venir s'y reposer, en chassant ou devisant d'amour. Mais plus heureux, parait-il, à la guerre qu'au jeu des belles, il s'attira un soir, d'une des filles de Catherine, qui portait ce même nom, une sévère réponse, digne à tous égards de la noble damoiselle.

Henri de Navarre, en se retirant dans ses appartements, se trouva fortuitement en tête à tête avec la jolie Catherine. En amour, comme à la guerre, le Béarnais allait droit son chemin.

– « Mademoiselle, lui dit-il, par où faut-il donc passer pour aller à votre chambre? – Par l'église, sire, répondit la fière jeune fille! » »

A la vérité, il y a loin de cette réplique au laisser-aller de Madame de Parabère, conviant à sa toilette gens de qualité, beaux esprits et abbés mondains.

Henri IV se le tint pour dit, et se contenta désormais de poursuivre sur les terres du Parc « tous aultres gibiers ». Les illustres veneurs de l'époque de Du Fouilloux et du bon roi Henri ont laissé après eux d'intrépides continuateurs, et jusques aux sanglantes journées de la Révolution, nos forêts n'ont pas cessé de retentir des sons joyeux du cor.

La chasse à laquelle se rattache le tragique épisode qui fait l'objet de ces pages date de 1738.

Les premières brumes bleuâtres de novembre s'étaient à peine montrées que, suivant l'usage hospitalier du bon vieux temps, le comte de la Massais entre les mains duquel était passé le Parc Soubise, avec la châtellenie de Vendrennes et la baronnie de Mouchamps, conviait les gentilshommes du voisinage, tous bons et fervents disciples de saint Hubert, à venir hallaliser quelques-uns des nombreux pensionnaires de sa forêt.

Le rendez-vous était au chêne du Grand-Relais, le même qui servait au temps d'Henri IV. Au jour dit, tous arrivèrent avec leurs varlets et leurs meutes. Il y avait là toute la fine fleur de la noblesse bas-poitevine Gabriel-René des Nouhes, comte de Beaumont (1), le marquis de la Bretesche et le chevalier, son frère, le marquis de la Plissotinière, Voyneau, seigneur de Saint-André, du Landreau, Tinguy et beaucoup d'autres sans doute, mais dont l'histoire a omis de transcrire les noms.

Les chasses durèrent plusieurs jours et la gaité fut telle au château du Parc, qu'on s'y fût aisément cru au temps des séduisantes dames de Rohan.

Singulier retour des choses d'ici- bas ! Quelques années plus tard, cette superbe demeure, alors tout à la joie, devait subir les derniers outrages de la Colonne infernale de Grignon, et plusieurs de ses nobles hôtes portaient leur tête sur l'échafaud de la Révolution.

 

Particularité de la présence de Henri IV

 

Ce prince avait de puissants défenseurs de sa cause dans les seigneurs de Soubise, propriétaires du château et de la terre de, ce nom (Parc-Soubise), situés dans la commune de Mouchamps, en Bas-Poitou.

Aussi confia-t-il à l'un d'eux, en 1570, le siège du château de Fontenay, qui se rendit à lui, cette même année. Soubise était secondé, dans cette affaire, par François de La Noue qui eut, devant la porte Saint-Michel, alors qu'il y faisait une reconnaissance, un bras cassé par un coup d'arquebuse parti du château.

En 1574, la ville et ses dépendances furent reprises par le duc de Montpensier, à la tête des troupes royales, qu'il venait de constituer en régiments. C'est la première fois que nos troupes firent campagne sous cette dénomination (de .régiment).

 

HENRI IV AU SIÈGE DE FONTENAY-LE-COMTE EN 1587

La place fut emportée une dernière fois par Henri IV en  personne, le 30 avril 1587.

Ce prince avait son pied à terre chez les seigneurs de Soubise aussi, dès avant cette date, il leur avait fait maintes fois l'insigne amabilité de les y visiter; en se rendant au siège de Fontenay, de nouveau il inscrivit en tête de son itinéraire le castel de ses amis, et y fit une halte en rejoignant ses troupes en marche sur cette ville.

Ses amis lui avaient fait en retour une large part dans leurs souvenirs, en attachant son nom un peu partout.

Il y avait, en effet, au Parc

1° Une galerie du nom de Henri IV;

2° Sa chambre, dont le lit était soutenu par 4 colonnes torses dorées (il en reste 3) ;

3° Le chêne du rendez-vous de chasse, également de son nom ;

4° L'enfeu où repose Catherine de Rohan.

Le château a disparu à la suite des temps troublés; mais les quatre objets ci-dessus désignés se montraient encore au touriste, il y a quarante ans. Je les ai vus moi-même, ayant été attaché en 1839, 40, 41, 42, comme aumônier à la chapelle, qui seule avait été rebâtie.

Henri IV, après avoir fait sa visite, partit du castel et arriva à Fontenay-le-Comte. On sait le reste.

Il y a quelques années, l'antiquaire Benjamin Fillon, avec lequel j'avais depuis longtemps des rapports, et qui, à une époque antérieure, m'avait demandé s'il y avait des archives conservées au Parc-Soubise, ce à quoi j'avais répondu qu'ayant été placées en 1793, lors du départ du propriétaire pour l'exil, dans une cachette, au-dessus du four de la maison, elles y avaient pris feu et avaient été complètement incendiées, cet antiquaire, dis-je, me donna connaissance qu'il était fait mention dans de vieux parchemins de l'époque, rencontrés par lui dans ses recherches, d'un puits, dit .de l’Epinette et d'une espèce de casemate qu'occupait Henri IV pendant le bombardement du château de Fontenay.

Le tout, situé rue du Bédouard, était complétement tombé dans l'oubli, et il n'en avait aucune connaissance. S'y rendre, consulter les anciens du quartier, dont quelques-uns étaient d'un âge très avancé, fut pour l'archéologue fontenaisien l'affaire d'un instant. On lui montra, en effet, l'un et l'autre.

Sur ses données, je me rendis moi-même sur les lieux; je vis le puits de l'Epinette, et je descendis, par une pente très prononcée, dans la casemate, qui mesurait à peu près quatre mètres carrés, et dont l'entrée était alors sans porte.

Le puits; de l'Epinette est toujours visible; il se trouve dans une petite cour contiguë à la maison de M. Châtelier jeune. Mais la casemate, qui était dans cette maison-là même, vient de disparaître sous de nouvelles constructions. (Le tout à la suite de l'habitation de M. Châtelier aîné, sergent-major de la compagnie des sapeurs-pompiers.)

Cette casemate se reliait, par une cour intérieure qu'on n'aperçoit pas de la rue du Bédouard, à la bouche d'un souterrain .qui, passant sous les rues de la Tuée et de la Commanderie, aboutit au château.

Le tout vérifié par le soussigné dans le cours de décembre 1886.

 

Fontenay-le-Comte, le 18 janvier 1887.

STAUB, Ancien aumônier du château du Parc-Soubise, et depuis du 5e corps d'armée.

 

 

Revue de la Société littéraire, artistique et archéologique de la Vendée

Mémoires de la Société des antiquaires de l'Ouest

 

 

 

Guerre de Religions 1er Juin 1587 - SIÈGE ET PRISE DE FONTENAY PAR HENRI DE NAVARRE (Maison Millepertuis) <==.... ....==> Guerres de Vendée : Les colonnes infernales au château du Parc-Soubise (Time Travel 31 janvier 1794)

==> Poitou : Parthenay - L'Archevêque, branche du parc – Soubise (Mouchamps et Charente-Maritime)

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