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PHystorique- Les Portes du Temps
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12 novembre 2020

Belleville sur Vie - QUARTIER GENERAL de CHARETTE.

Belleville sur Vie - QUARTIER GENERAL de CHARETTE

Le bourg de Belleville fut le quartier général de Charette pendant la grande insurrection vendéenne.

Le général Charette, sous la terreur (1794-1795), y avait établi son quartier général d’où il mena une guerre impitoyable aux « bleus », les acculant à des pourparlers de paix qui aboutiront au traité de la Jaunaye.

L'abondance, les plaisirs, voire même la verte galanterie y régnaient dans les entr'actes de la guerre. Mars fut toujours ami de Cythérée. On y montrait encore, en 1857, la chambre qu'il occupait, mais elle a été démolie depuis.

Son quartier général devint par la suite un couvent puis l’école privée Ste Anne.

 La commune a récemment acquis l’ensemble pour mettre en place un centre culturel et associatif. Les officiers étaient logés dans le mess, en face, rue Jean Moulin.

Ce bâtiment qui fut pour un temps la mairie et l’école publique est désormais réhabilité en logements.

 

Charette convoque à Belleville ses chefs de division, pour les aviser qu’il va reprendre les hostilités.

Pendant quatre jours, du 20 au 24 juin 1795, les paysans de la Vendée maritime, appelés par de mystérieuses convocations, rejoignent leurs points de rassemblement (1).

Le 24 juin (6 messidor), à la suite de l'annonce de la mort de Louis XVII et du débarquement des émigrés à Quiberon, le général vendéen François-Athanase Charette de La Contrie rassemble son armée à Belleville, son quartier-général.

Dès le point du jour, la plupart des divisions de Charette débouchaient à Belleville, cantonnaient dans le bourg ou campaient aux environs.

Les effectifs des paroisses, diminués de moitié sur les rassemblements d'avant la pacification, atteignaient à peine 4,000 hommes (2).

Officiers et soldats ignoraient la cause du rassemblement (3).

Le général se borna à faire distribuer des vivres et à déclarer aux chefs de division qu'il avait une importante communication à leur faire. Parmi les officiers, on constata peu de manquants (4).

 

Vers les onze heures du matin, des vedettes signalèrent l'arrivée d'un peloton de cavaliers républicains.

Il y avait 28 chasseurs à cheval (5) du 7e régiment, commandés par un brave officier qui avait servi dans l'ancienne armée, le capitaine Marion.

Sans se laisser intimider par l'attitude menaçante des officiers vendéens, le capitaine républicain remet à Charette un paquet de correspondance.

C'était, d'après l'un des témoins oculaires (6), l'ordre aux chefs vendéens de remettre leurs armes et tous les magasins militaires (7).

A un signal convenu, les cavaliers républicains, cernés par 300 hommes, sont démontés, désarmés et conduits en prison (8). Telle est la réponse de Charette aux sommations du Comité de Salut public.

 

Charette réunit aussitôt les officiers de tous grades de son armée et, dans une allocution énergique, il leur déclare que le moment est venu de recommencer la guerre.

La République a manqué à ses promesses, tout fait supposer que le petit roi Louis XVII a succombé au poison, de nouvelles persécutions se préparent contre ses partisans, la Vendée va être de nouveau envahie, pillées brûlée.

La lutte s'impose, d'ailleurs les princes vont débarquer à la tête d'une nombreuse armée et la République sera perdue.

Les officiers qui l'écoutent n'envisagent pas sans appréhension la reprise des hostilités. Sauf chez quelques-uns, qui n'aiment que la guerre et ses brutales satisfactions, le sentiment général est favorable à la paix.

Avant le traité de la Jaunaye, la grande majorité des Vendéens avaient le désir de continuer la guerre, ne se rendant pas un compte exact de la pénurie de munitions, de l'insuffisance des moyens d'attaque, etc. L'antipathie naturelle contre les Républicains, de légitimes rancunes, tout contribuait à empêcher le moindre rapprochement entre les deux partis.

Depuis l'entrée à Nantes, que de changements !

Les douceurs de la paix ont été appréciées, les Vendéens connaissent maintenant les glorieuses victoires que les armées républicaines ont remportées sur les armées étrangères; entre ces troupes disciplinées, habilement commandées, et les bandes de moins en moins nombreuses des paysans royalistes, la lutte ne semble plus égale... Et cependant l'autorité morale de Charette est telle que ses officiers, mettant l'épée à la main, lui jurent de combattre jusqu'à la mort.

Les soldats répètent le même serment en agitant leurs armes et en criant : « Vive Charette ! »

La campagne recommençait. L'attaque du camp des Essarts, à quatre lieues de Belleville était décidée pour le lendemain (9).

Une colonne d'environ 2,000 hommes fut formée et alla camper le soir dans la forêt des Gâts.

 

 

 

La Proclamation de Charette en notre camp de Belleville, ce 26 juin 1795.

Le texte qu'on va lire est la reproduction exacte d'une brochurette de huit pages intitulée : Manifeste du général Charette que notre zélé collaborateur, M. le comte de Cornulier-Lucinière, a copiée lui-même à la bibliothèque de Nantes (10).

Le moment est venu de déchirer le voile qui couvre depuis longtemps les véritables causes secrètes du traité de pacification de la Vendée, et de faire connaître aux braves Vendéens, à tous les bons Français et à l'Europe entière, les motifs qui nous ont conduits à cette apparence de conciliation avec la soi-disant République française.

Après deux ans de la plus cruelle et de la plus sanglante guerre civile, dont les fastes de l'histoire des siècles, même les plus barbares, n'offrent point d'exemple, chargés en quelque manière du poids de tous les malheurs d'un peuple dont nous avons été le chef et le soutien, nous devions désirer pour lui, sinon une paix entière et parfaite, ce qui n'était pas possible, du moins quelques instants de relâche aux maux dont nous avons été les tristes témoins.

Notre sensibilité, notre humanité, nous avait entraîné, malgré le voeu de ce peuple malheureux, mais toujours fier et prodigue de son sang, à lui procurer la douceur d'une tranquillité à laquelle il se refusait.

Des délégués de la Convention nous sont envoyés. Canclaux, général des, armées républicaines; Ruelle, représentant du peuple, se présentent d'abord à nous sous les dehors de la bonne foi, de l'humanité, de la sensibilité. Ils nous proposent la paix; ils connaissent les causes et les motifs, qui nous ont mis les armes à la main; notre amour constant pour le malheureux rejeton de nos rois, et notre attachement inviolable pour la religion de nos pères. Ils nous entraînent dans plusieurs conférences secrètes : « Vos voeux seront remplis, nous disent-ils, nous pensons comme vous; nos désirs les plus chers sont les vôtres; ne travaillez plus isolément ; travaillons de concert, et, dans six mois au plus, nous serons tous au comble de nos voeux; Louis XVII sera sur le trône; nous ferons arrêter et disparaître les Jacobins et les Maratistes; la monarchie s'établira sur les ruines de l'anarchie populaire. Vous ajouterez à votre gloire celle d'avoir concouru et aidé immédiatement à cet heureux changement, au bonheur de votre pays et de la France entière. »

Pour confirmer la vérité de leurs intentions, d'autres représentants, tels que Morissou, Gaudin, Delaunay et autres, se présentent à nous dans différentes conférences que l'on nous assigne et auxquelles nous nous faisons un devoir de paraître. Ils nous manifestent les mêmes intentions, nous persuadent qu'elles sont celles de la Convention; mais que pour y parvenir il faut, de la prudence et de la circonspection ; qu'il ne faut pas fronder ouvertement l'opinion publique, et que ce n'est que par degrés que l'on peut parvenir à ce nouvel ordre de choses.

« Pour preuve de la sincérité de nos intentions et de nos désirs, nous disent-ils encore, vous conserverez vos armes. Il ne sera fait sur vous, ni sur votre territoire, aucune hostilité; vous vous ferez en apparence une nouvelle organisation militaire, qui au fond sera la même, sous le nom de garde territoriale; nous vous livrerons même une partie des scélérats qui ont incendié et commis les horreurs dont votre malheureux pays a été la victime; nous vous procurerons les poudres et les autres munitions de guerre dont vous pourrez avoir besoin, etc. »

Alors nous avons senti la joie renaître dans notre coeur; nous avons senti plus vivement encore que nous étions Français ; nous avons cru toucher au moment heureux de voir renaître la douce tranquillité dans ces lieux infortunés que le fer assassin et la flamme avaient épargnés à moitié; nous avons consenti, quoique avec toute la répugnance possible, à toutes les démonstrations extérieures que l'on a exigées de nous.

Nous avons vaincu notre répugnance et fait taire notre ressentiment. Par les mêmes motifs, les chefs des insurgés de Bretagne, d'Anjou, de la Normandie, du Perche, du Maine et d'autres provinces, connus sous le nom de Chouans, ont suivi notre exemple et failles mêmes sacrifices à leur amour-propre et à leur gloire.

Déjà nos espérances étaient fondées sur la conduite douce, pacifique et protectrice que l'on tenait à l'égard des Vendéens, qui se félicitaient de voir les villes ouvertes à leurs besoins, et qui y portaient en échange des comestibles bien désirés par les malheureux habitants de ces grandes cités.

Notre crédulité s'augmentait encore par l'envoi que nous faisaient le général Canclaux, Ruelle, Morissou, Gaudin, etc., des poudres et munitions de guerre qui nous avaient été promises, et par le passage qu'ils faisaient faire au milieu des pays insurgés et dans les lieux les plus écartés aux soldats qu'ils voulaient livrer au juste ressentiment d'un peuple irrité des excès commis envers lui.

Mais quel a été notre étonnement, ou plutôt quelle a été notre indignation, lorsque nous avons vu notre confiance trompée par ces hommes versatiles, de mauvaise foi, et toujours aux circonstances;

lorsque nous avons su l'arrestation des chefs des Chouans, incarcérés et livrés à des tribunaux de sang, lorsque nous avons vu en agir de la même manière envers les chefs des Vendéens, désarmer les soldats et cavaliers de nos armées, à qui ils avaient eux-mêmes procuré des armes, enlever nos subsistances, commettre des hostilités de tout genre et rappeler à grands cris les désordres et les horreurs de la guerre civile, lorsque nous avons appris enfin que le fils infortuné de notre .malheureux monarque, notre Roi, avait été lâchement empoisonné par cette secte impie et barbare, qui, loin d'être anéantie, désole encore ce malheureux royaume (11) ?

Qu'avons-nous dû faire alors? Ce que l'honneur et notre attachement inviolable au trône et à l'autel nous ont dicté; ce que le peuple même, plus que jamais irrité, a demandé et désiré.

Nous avons repris les armes et renouvelé le serment à jamais irréfragable de ne les déposer que lorsque l'héritier présomptif de la couronne de France sera sur le trône de ses pères, que lorsque la religion catholique sera reconnue et fidèlement protégée (12).

0 Français ! qui méritez encore ce nom-là, jugez de notre conduite et de nos sentiments. Ralliez-vous à nous ou plutôt imitez-nous. Sortez de cette' lâche apathie dans laquelle vous languissez depuis si longtemps.

Ralliez-vous au centre commun de l'honneur et de la gloire des Français. Cessez d'être en apparence les coupables adhérents de vos ennemis et de servir vos bourreaux. Que l'expérience vous instruise et préférez une mort glorieuse à une vie à jamais flétrie par le crime.

En notre camp de Belleville, ce 26 juin 1795.

Le CHEVALIER CHARETTE.

 

 

 

 

 

Son manifeste, pour justifier la reprise d'armes qui suivit la paix trompeuse de la Jaunaie, est daté et signé :

« En notre camp de Belleville, ce 26 juin 1795, CHARETTE. »

C'est encore de là qu'il adressait, quelques jours avant, à ses lieutenants, la circulaire suivante, qui n'est pas précisément un modèle de style ni même d'orthographe, pour recommencer la guerre civile, cette guerre qui ne donne point de gloire, disait Bonchamps.

« Monsieur,

« D'après l'enlèvement de M. Allard, chef de division des Sables, ceux des commandants de plusieurs paroisses, d'autres hostilités sans nombre, de la part des républicains; d'après leurs vues bien prononcées et que trop mises à découvert d'enlever tous les honnêtes gens, il vous est ordonné de vous mettre sur le champ en état de guerre et d'agir contre les républicains, comme avec des ennemis irréconciliables.

« Vive Louis 18, jusqu'au dernier soupire.

« Le Chr CHARETTE, »

« En diligence à Monsieur le chevallier de Bruc, commandant-général de la division de Clisson. »

(Original communiqué par le feu baron de Wismes, actuellement entre les mains de ses héritiers, descendants du chevalier de Bruc, par leur mère.)

 
 

 

Le 7 juillet, le commandant du détachement, dont le courage avait séduit le général vendéen, quittait Belleville et gagnait le poste de Fontenay avec un sauf-conduit (13).

Parmi les cavaliers, on découvrit un patriote qui les avait guidés dans une région boisée et difficile, il fut tué a coups de sabre dans l'enceinte même qu'on appelait la place d'armes. La plupart des soldats de ce petit détachement consentirent à servir avec les Royalistes, ils devaient se battre vaillamment sous leur nouveau drapeau (14).

 

 Charette et la guerre de Vendée : d'après les archives de l'Etat et de la ville de Nantes, des mémoires inédits de chefs vendéens, etc. / par René Bittard Des Portes

 

 

 

Traité de La Jaunaye, accord de paix signé par Charette le 17 février 1795 lors de la pacification de la Vendée<==.... ....==>Note sur les Essarts pendant la Révolution - L’attaque du camp des Essarts juin 1795 par Charette

 


 

(1) «  La majeure partie des brigands qui étaient restés chez eux viennent de nouveau d'abandonner leurs demeures pour aller joindre Charette. » (Collinet, Notes sur les Sables.)

(2) Beauchamp (t. 111, p. 251) les exagère singulièrement en les évaluant à 12,000 Vendéens !

(3) Lucas Championnière, Mémoires inédits.

(4) « Je me trouvai au premier rang des combattants avec mon titre dr major-général, à la tête de ma division. » (Hyacinthe de la Robrie, Justification. Brun, impr.)

(5) Le sous-lieutenant Génoray, du même régiment, porte leur nombre à 28. Le chef d'escadron Michelon, commandant du camp de l'Oie. le porte à 37. Lucas Championnière, qui vit arrêter les cavaliers républicains, estime qu'ils étaient seulement 24.

(6) Lucas Championnière, Mémoires inédits.

(7) Le sous-lieutenant Génoray, qui ne connaissait pas le sort des vingt-huit cavaliers partis du camp des Essarts le 6 messidor, dans la matinée, disait dans son rapport, daté du jour même de la prise du camp, que ces chasseurs étaient « chargés de porter un paquet pour le général Charette et des arrêtés du Comité de Salut public pour Palluau ». (Fontenay, 9 messidor an III. Collection Dugeist-Matifeux.)

(8) Beauchamp, t. III, p. 252. —Lucas Championnière, Mémoires inédits. — Le Bouvier-Desmortiers, t. 11, p. 3S9.

(9) Lucas Championnière, Mémoires inédits

(10) N° 51,974, format G 209, édition du temps. M. Bittard des Portes dit qu'une copie se  trouve aux Archives nationales, cari. DF 270, certifiée par le général Dulertre. — Charette et la, guerre de Vendée ; Emile-Paul, éditeur, 100, Faubourg Saint-Honoré ; Paris, 1902, p. 461.

La même proclamation se trouve également reproduite dans La Pacification de l'Ouest, de Chassin, t. 11, p. 429, avec 3a note suivante: « L'exemplaire, pour afficher, qu'on retrouve dans les Archives de l'Ouest et à la bibliothèque de Nantes, contient, à la suite, la lettre de Monsieur au gênerai Charette, datée de Vérone, 1er février, et la réponse de Charette à Monsieur, datée de Belleville, 10 juin 1795. »

Crétineau-Joly, t. II, p. 372, ne l'ait que signaler cette proclamation sans en citer la teneur. La Légitimité elle-même n'avait pas eu, jusqu'à ce jour, la bonne fortune d'en publier le texte complet.

(11) Nous devons conclure, de ce passage, qu'à la date du 26 juin 1795, Charette, trompé par le rapport de Sevestre, qui faisait mourir l'enfant au Temple, n'était pas encore au courant de l'évasion; ou bien, peut-être, qu'il accréditait le bruit de la mort de Louis XVII pour cacher son enlèvement et rendre le voyage de l'enfant-Roi en Vendée moins dangereux, en le laissant ignorer aux émissaires de la Convention et à ceux du comte de Provence. — Cf, la Survivance du Roi-Martyr, introduction, pp. XXXIIIXXXIV.

(12) Charette, qui, dans le manifeste du 22 juin 1795, rédigé de concert avec les autres généraux vendéens, avait, conformément à l'avis général, proclamé roi le comte de Provence, ne parle ici que de l'héritier présomptif de la couronne. Cette expression, absolument inexacte, si Louis XVII était réellement mort, fortifie l'hypothèse d'une manoeuvre habile de Charette prenant ses précautions en vue de la prochaine apparition du jeune roi évadé.

(13) « Il est permis au sieur Marion, capitaine du 7e régiment de chasseurs à cheval, de s'en retourner au premier poste de la République pour demander l'échange des prisonniers, sous sa parole d'honneur, dans le cas où l'on n'acquiescerait pas à sa juste demande, de ne pas porter les armes contre les puissances étrangères, contre nous, ni contre les autres Royalistes de France pendant l'espace d'un an, à compter de ce jour.

« Donné au quartier général de Belleville, le 7 juillet 1795.

« Le chevalier CHARETTE. »

(Arch. hist. de la Guerre, arm-!e de l'Ouest, juillet 1795.)

Le représentant du peuple F. Bodin, qui venait d'arriver à Nantes, suspendit pour un an le capitaine de son grade, déclarant que la mission qu'il avait acceptée était indigne d'un Républicain. Le brave officier devait être glorieusement tué comme colonel à la bataille de la Moskowa, en 1812.

(14) Lucas Championnière, Mémoires inédits.

 

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