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PHystorique- Les Portes du Temps
1 juin 2022

Juin 1433 Complot formé contre le favori de Charles VII, Georges de La Trémoille qui résidaient au château de Chinon.

 Juin 1433 Complot formé contre le favori de Charles VII, Georges de La Trémoille qui résidaient au château de Chinon

Pour être inédits, les documents qui suivent n'ont pas échappé aux deux historiens très informés du règne de Charles VII, qui laissèrent à leurs successeurs de si maigres épis à glaner (1); la plupart des historiens de Jeanne d'Arc ont donc connu, d'après eux, l'allusion qu'ils renferment relativement à la Pucelle.

Néanmoins il ne nous a pas paru inutile de publier ces quelques documents qui, dans leur simplicité, jettent une lumière très crue sur une époque obscure et brutale de notre histoire.

Au début de l'année 1431, un complot, formé par Louis d'Amboise, André de Beaumont et Antoine de Vivonne, était découvert contre le gouvernement de Charles VII on arrêtait les deux derniers à Poitiers, Louis d'Amboise à Loches.

Le procès des trois conspirateurs, instruit devant le Parlement de Poitiers et les membres du Grand Conseil, était bientôt suivi de trois arrêts du 8 mai 1431, condamnant les rebelles à la peine capitale, comme criminels de lèse-majesté; la peine de Louis d'Amboise fut commuée en celle de la prison, au bon vouloir du roi, à Amboise. Tous leurs biens étaient confisqués.

Le but immédiat du complot était de se saisir de la personne du ministre Georges de la Trémoïlle, au besoin de le tuer, de renouveler le Grand Conseil, de s'emparer du gouvernement et par suite du roi.

Ainsi, dans le premier quart du XVe siècle, on changeait le ministère.

De petits seigneurs féodaux comme André de Beaumont ou Antoine de Vivonne et même un seigneur foncier de l'importance de Louis d'Amboise n'agissaient pas en leur nom propre: ils servaient les intérêts d'un officier « de grant autorité » (qui n'est pas nommé au procès) mais en qui nous devons reconnaître le connétable de Richemont.

Voici maintenant comment les conspirateurs mirent à exécution leur projet.

 La poursuite contre la Trémoille aurait duré plus de deux ans, le complot étant déjà formé lors du siège d'Orléans.

Avant même la venue de Jeanne d'Arc (mai 1429) Richemont aurait déjà résolu de s'emparer de la Trémoïlle ainsi André de Beaumont devait l'enlever à Loches durant une partie de chasse.

 Une autre fois c'est Louis d'Amboise qui devait se rendre à Chinon, faire semblant de jouer à la paume pendant le dîner du roi et, sans donner l'éveil, introduire deux par deux des gens qui se saisiraient de sa personne.

Fortuitement il apprend que le roi va de Tours à Amboise; il charge Regnault de Velours, capitaine d'Amboise, de s'opposer au passage du roi. Toutes ces tentatives échouèrent.

Plus tard, lors du séjour de la cour à Sens (août-septembre 1430), les deux conspirateurs s'ouvraient de leurs projets à Antoine de Vivonne, cette fois pour enlever la Trémoïlle.

Des gens armés avaient été postés à Gien : mais ils n'étaient pas en nombre. C'est donc à Sens qu'on résolut d'agir et de mener le roi à Amboise.

 

La conspiration fut alors découverte et les coupables condamnés à la peine capitale.

 

Nous n'avons plus ni les minutes ni les enquêtes de ce procès politique les faits ne nous sont plus connus que par les arrêts qui terminèrent cette affaire.

André de Beaumont et Antoine de Vivonne furent trouvés non seulement coupables du crime de lèse-majesté, mais encore pillards, larrons, incendiaires, ayant tenu garnison dans les cités et vécu sur la campagne, emprisonné et pendu des laboureurs, etc.

 

C'était alors la vie commune des gens de guerre.

 

Sur la question même de « lèse-majesté », il est difficile de savoir jusqu'à quel point les faits sont présentés dans l'intérêt de la Trémoïlle. Quoi qu'il en soit, celui-ci profita largement de cette sentence en se faisant attribuer les biens de Louis d'Amboise.

 Et par contre, quand la Trémoïlle perdit le pouvoir, un arrêt du mois de septembre 1434, obtenu par l'intercession de la reine de Sicile et de Charles d'Anjou, tira de sa prison Louis d'Amboise et lui restitua une partie de ses biens (2)

Nous voudrions maintenant attirer à nouveau l'attention sur un passage de l'arrêt concernant André de Beaumont

« il s'agit du consentement que ce dernier aurait donné à un enlèvement de Jeanne d'Arc par le connétable de Richemont :

« Et en oultre que ledit Andrieu de Beaumont a sceu et esté présent que ledit officier entreprist de soubztraire ladicte Pucelle de nostre compaignie et que de ce fut consentant et d'accord et jura tenir la chose secrete ».

On peut voir dans cette accusation le fait amplifié de l'accueil si courtois que Jeanne réserva au connétable devant Beaugency (3) (16 juin 1429), tandis que la Trémoïlle, inquiet peut-être de sa venue, demeurait à Sully avec le roi.

 

Le connétable, après le refus de Charles VII de le recevoir, a-t-il véritablement tenté de s'emparer de la Pucelle ?

L'accusation portée contre André de Beaumont, le secret dont ce projet est entouré, peuvent le faire croire.

Du moins voit-on combien les partis cherchaient alors à user de Jeanne comme moyen d'influence. N'est-ce pas le rôle merveilleux de cette sainte, si pure et si simple, d'avoir toujours été mise en avant par les gouvernants ?

Dans tous les cas c'est un hommage involontaire rendu à son pouvoir que deux partis rivaux, représentés par un Richemont et un la Trémoïlle, aient pu être accusés tour à tour d'avoir voulu la soustraire au gouvernement du roi.

 

DOCUMENTS

 

1431, 8 mai. – Poitiers.

Arrêt condamnant André de Beaumont à la peine capitale comme criminel de lèse-majesté.

(Arch. nat., J 366.)

Charles, par la grace de Dieu roy de France, a tous ceulx qui ces presentes lettres verront, salut. Comme nagueres, pour ce qu'il vint a nostre congnoissance que aucuns de noz vassaulx et subgiez avoient fait conspiracion et conjuracion ou prejudice de nous, nostre royaume et seigneurie, et d'aucuns de noz plus prouchains serviteurs et officiers, et de nostre grand conseil, afin d'entreprendre et avoir le gouvernement de nous et de nostre dit royaume et seigneurie, nous eussions fait arrester en nostre chastel de Poictiers Andrieu de Beaumont, chevalier, lors seigneur de Lezay (4) et autres, que l'en disoit estre consentans et coulpables de ladicte conspiracion et conjuracion, et pour attaindre la vérité du cas eussions commis et ordonné les presidéns et conseillers lays de nostre court de parlement, et autres de nostre grant conseil, a eulx en informer, examiner et interroguer sur ce ledit Andrieu de Beaumont lesquelz, aprez informacion sur ce faicte, eussions 'examiné diligaument et interrogué icellui Andrieu de Beaumont sur le fait de ladicte. conspiracion, les circonstances et deppendences d'icelle; et par confession d'icellui de Beaumont, par lui faicte liberalment, sans aucune contraincte, et le proces sur ce fait, nous fust apparu et appaire clerement que ledit Andrieu de Beaumont, de courage corrumpu, par ambicion et convoitise, avoit des pieça mis en son cuer et conspiré et machiné par propos, conclud et deliberé de entreprendre le gouvernement de nous et de nostre royaume; et, pour parvenir a ce, de prendre le sire de la Tremoille, nostre feal cousin, conseiller et chambellan, et de le tuer ou cas-que prendre ne le pourroit et avec ce, de mettre hors de nostre service aucuns autres de noz plus prochains conseillers et serviteurs ou cas qu'ilz ne vouldroient estre, de son aliance et de mettre entour nous, a son plaisir, aucuns de son amitié et adherence et de mener nostre personne a Amboise ; et que ledit Andrieu de Beaumont s'est efïorcié de son povoir de mettre lesdictes conspiracion et entreprinse a execucion et en especial nous soit apparu par ladicte confession voluntaire dudit Andrieu de Beaumont que icellui de Beaumont a eu congnoissance que l'un de noz offciers, de grant auctorité, a eu des long temps voulenté et afleccion de entreprendre le gouvernement de nous et de nostre royaume et pour parvenir a ce de prendre ledit seigneur de la Tremoille et icelluij avec ses adherens estans en nostre service, mectre hors de nostre compaignie, et que ainsi le lui a ouy dire et confesser, et que a ce il a donné consentement en entencion d'estre par ce moien entour nous et d'avoir dès biens de nous et avec ce que il fut present que pieca ledit officier avant la venue de JEHANNE LA PUCELLE entreprint de mettre gens d'armes en une place estant prez de Loches afin de prendre ledit seigneur de la Tremoille quant il iroit chacer, et que de ce ledit Andrieu de Beaumont fut consentent et jura tenir la chose secrète et en oultre que ledit Andrieu de Beaumont a sceu et esté present que ledit officier entreprist de soubztraire ladicte Pucelle de nostre compaignie, et que de ce ledit Andrieu de Beaumont fut consentant et d'acord, et jura tenir la chose secrete; et avec ce que ledit Andrieu de Beaumont en chevauchant avec Loys d'Amboise, chevalier, lors vicomte de Touars, ou voiage que derrenierement feismes pour aler a Sens, pour venir a son entencion dessusdicte, solicita icellui Loys d'Amboise de prendre ledit seigneur de la Tremoille, quant il yroit chacer ou voler, et que ainsi l'entreprindrent a faire ledit d'Amboise et lui et jurerent tenir la chose secrete; et que durant ledit voyage, nous estans a Giem (5), lesdiz Loys d'Amboise et Andrieu de Beaumont delibererent et entreprindrent d'un commun accord de entrer en chastel dudit lieu de Gyem par la porte de derrière et y faire aussi entrer des gens d'armes pour mettre ladicte entreprinse a execucion par plusieurs foiz parlerent ensemble de ladicte entreprinse en continuant la voulenté qu'ilz avoient de mettre a execucion icelle entreprinse, disans que la chose estoit bien faisable; et que, nous estans audit lieu de Sens, lesdiz Andrieu de Beaumont et Loys d'Amboise consentirent, promirent et accorderent derechief d'entreprendre le gouvernement de nous et de nostre royaume, et pour parvenir a ce, de prendre ledit seigneur de la Tremoille et mettre hors de nostre compaignie aucuns de noz plus prouchains serviteurs, et de nous mener a Amboise pour mielx faire de nous leur plaisir, et descouvrirent ladicte entreprinse a Anthoine de Vivonne, et eulx trois ensemble jurerent tenir la chose secrete et que plusieurs foiz lesdiz Loys d'Amboise et Andrieu de Beaumont alerent aux champs, perseverans en ladicte voulenté, et en demonstrant qu'ilz avoient desplaisance de ce que ladicte entreprinse n'estoit mise a excecucion, disans qu'ilz estoient bien laches qu'ilz ne l'avoient fait; et avec ce que ledit Andrieu de Beaumont a solicité autres gens d'auctorité de entreprendre ce que dit est, qui a ce n'ont voulu donner consentement, et fait plusieurs autres diligences pour mettre ladicte entreprinse a excecucion laquelle entreprinse a ainsi esté faicte contre nous, nostre majesté royal et le bien publique de nostre royaume car se ladicte entreprinse eust esté mise a excecucion, ainsi que lesdits d'Amboise et de Beaumont l'avoient entreprins et deliberé, attendu mesmement que nous estions en l'expedicion publique et prouchains de noz ennemis, ce eust esté occasion de la destrucion et totale perdicion de nous, de nostre royaume et seigneurie, et s'en feussent ensuis, comme il est vraysemblable, plusieurs inconveniens irreparables; et avec ce, par la confession dudit Andrieu de Beaumont, nous est apparu que depuis qu'il a mis en son cuer lesdictes conspiracion et entreprinse, il vint pardevers nous, nous dist et exposa que contre le serement par lui a nous fait il avoit fait guerre en nostre païs de Poictou et mis gens d'armes en ses places qui avoient pillé et robé le pais et qu'il avoit donné seurtez a marchans et autres gens; qu'il avoit envoié deffiances de feu et de sang a noz feaulx subgiez les habitans de nostre ville de Saint Maixent, et leur avoit fait guerre et couru devant ladicte ville et que durant ladicte guerre il avoit tenu gens d'armes sur le païs qui avoient pillé et robé, prins bestail gros et menu, marchans, laboureurs et tout ce qu'ilz avoient peu piller et rober; qu'il avoit aussi pieca prins une forteresse appartenant à Anthoine du Peslé, assise prez d'Issoldun, et y avoit mis de Bretons qui avoient pillé et robé le païs d'environ, et qu'il avoit prins et emprisonné le prieur de Mongon, lequel il avoit rançonné a la somme de six cens escus, laquelle somme il avoit apliquée a son prouffit qu'il avoit aussi prins et emprisonné Gillet de Marcoincay, lequel il avoit rançonné a la somme de cent escus et qu'il avoit esté en la compaignie dudit Loys d'Amboise a prendre ung appellé, Hardouyn de la Porte, lequel fu rançonné a la somme de neuf cens escus, dont il ot ung cheval pour sa part du butin du pris de la somme de cent cinquante escus; et qu'il avoit tenu gens en ses places qui avoient pillé et robé le païs ; avoient aussi bouté le feu en l'église de Messé (6) et en la basse court de Bonnueil (7) et avoient pillé et robé icelle basse court; et qu'il avoit esté en la compaignie dudit Loys d'Amboise quant il print a, force une jeune femme a Chissé (8) desquelz cas particuliers ledit Andrieu de Beaumont nous demanda remission, laquelle nous lui ottroiasmes au pourchas et par le moyen de nostre amé et feal chevalier, conseiller et chambellan, le sire de Barbazan, ignorans ladicte conspiracion et entreprinse pourpensée paravant par ledit Andrieu de Beaumont.

Et avec ce par ladicte confession dudit Andrieu de Beaumont nous est apparu que de ladicte remission il ne s'est point aidié en jugement, et n'en a point poursuy ne demandé l'entérinement ; et que depuis icelle remission impetrée il avoit conduit ladicte conspiracion et entreprinse contre nous, noz royaume et seigneurie et nos plus prouchains conseillers et serviteurs, ainsi que dit est dessus.

Et avec ce que depuis icelle remission impetrée il avoit et a tenu gens d'armes par l'espace de deux mois en sa place de la Roche de Neslies qui avoient et ont pillé et robé le païs et que, oultre le contenu en ladicte remission, les gressins (9) a son sceu avoient prins et emblé la forteresse de Liste (10) appartenant a Mery de Maigné ; et depuis avoit prins icelle place en sa main, et y avoit mis des gens qui y avoient vescu des biens de l'ostel ; et qu'il avoit prins et arresté ou chastel de la Mote ledit Mery de Maigné, duquel il avoit exigé la somme de sept cens livres tournois, en pretendant par ledit André de Beaumont aucunes excusacions frivoles, non recevables ne vaillables et mesmement, au regart de ladicte conspiracion, que ledit Loys d'Amboise et lui avoient fait ladicte entreprinse d'avoir le gouvernement de nous et de nostre royaume pour le bien de nous et de nostre dit royaume, avec autres excusacions et alegacions frivoles, en quoy n'a point d'apparance de vérité, ne leur estoit loisible, ne a autre, a quelque cause ou occasion que ce feust, de faire ladicte entreprinse.

Pour lesquelz cas, crimes, delitz et malefices nous est apparu et appert evidemment ledit Andrieu de Beaumont avoircommis crime de leze majesté envers nous, ou premier chief et autrement, en plusieurs manieres, avoir delinqué et offensé contre nous et nostre majesté royal.

 Savoir faisons que, veuz par nous en nostre conseil, presens les presidens et conseillers lays de nostre dicte court de parlement et plusieurs de nostre grant conseil, a grant et meure deliberacion, aprez ce que en nostre présence les confessions dudit Andrieu de Beaumont contenant ce que dit est lui ont esté leues, et qu'il a dit et affermé icelles avoir dictes et faictes sans contrainte, et par serement, a affermé lesdictes confessions estre vraies nous, consideré ce que dit est et tout ce qui fait a veoir et considerer en ceste partie, par nostre arrest, jugement et par droit avons dit et declairé, disons et declairons que ledit Andrieu de Beaumont a commis envers nous crime de leze majesté, et que par ce il a forfait et commis corps et biens envers nous et tous ses biens meubles et immeubles estre confisquez et aquiz a nous et a nostre couronne.

En tesmoing de ce nous avons fait mettre nostre seel a ces presentes.

Donné a Poictiers, le huitiesme jour de may, l'an de grace mil CCCC trente et ung, et de nostre regne leneufyesme.

(Sur le repli:)

Par arrest et jugement du Roy tenant son parlement

MALLIERE.

(Au verso :)

Arrest contre messire André de Beaumont donné le VIIIe jour de may M.CCCC.XXXI.

Allata a Bitteris.

 

1431, 8 mai. Poitiers.

Arrêt condamnant Antoine de Vivonne à la peine capitale comme criminel de lèse-majesté.

(Arch. nat., J 366.)

Charles, ….Comme nagueres,…. (11)… nous eussions fait arrester en nostre chastel de Poictiers Anthoine de Vivonne, escuier, et autres que l'en disoit estre consentens et coulpables de ladicte conspiracion et desdiz crimes et malefices, et pour ataindre la verité du cas eussions commis et ordonné….. etc….. a eulx. interroguer le dit Anthoine de Vivonne sur ce lesquelz, aprez informacion sur ce faicte ont examiné et interrogué icellui Anthoine sur le fait de la dicte conspiracion et les circonstances et deppendences d'icelle, et sur autres cas et crimes par lui commis et perpetrez.

Et par la deposicion et confession dudit Anthoine par lui sur ce liberalment faicte, sans aucune contrainte, et le proces sur ce fait nous soit apparu et appaire que ledit Anthoine estant en la compaignie de Loys d'Amboise, chevalier, lors vicomte de Touars, et Andrieu de Beaumont, chevalier, seigneur de Lezay, durant le voiage que nous feismes derrenierement a Sens, ot congnoissance et par plusieurs foiz oy dire ausdits d'Amboise et de Beaumont qu'ilz avoient entencion et voulerité et avoient entrepris de prendre nostre amé et féal cousin, conseiller et chambellan, le seigneur de la Tremoille, afin d'entreprendre et avoir le gouvernement de nous et de nostre royaume et que ilz lui descouvrirent icelle entreprinse et les manières par lesquelles ilz avoient entencion et deliberé de mettre ladicte entreprinse a excecucion, sachant leur dicte entreprinse estre mauvaise et dampnable et jura avec eulx tenir la chose secrete.

Et en especial que ledit de Beaumont lui descouvry ladicte entreprinse emprez Suly (12) et aprez celui en parla a Gyem,et que aprez ce lesdits d'Amboise et de Beaumont lui en parlerént et descouvrirent ladicte entreprinse, nous estans en la ville de Sens, sans ce que ladicte entreprinse il nous ait aucunement revelée, combien qu'il fust tenu a ce faire pour obvier aux inconveniens qui a cause de ladicte entreprinse, se elle eust sorty son effect, eussentpeu advenir et fussent advenus ou prejudice de nous et de noz royaume, seigneurie et subgiez.

Et avec ce par la confession dudit Anthoine ainsi voluntairement faicte, sans contraincte, comme dit est, nous est apparu que des six ans a il a tenu gens d'armes qu'il a mis en garnison à Sauxay, à Villefolet (13) à Mongon (14) et ailleurs en plusieurs places tant siennes comme autres, qui ont vescu sur le païs et destroussé gens, et que pieça, en la chastellenie de Fontenay-le-Conte, ou il n'avoit auctorité, juridiction ne congnoissance, il fist prendre et pendre et mourir ung espaignol de la compaignie de (…..) et aussi fist ung voiage a la Rochelle contre les Angloiz, a cause duquel il assembla gens d'armes qui vesquirent sur le pais, et que, au retour dudit voiage, lui et ses gens alerent au lieu de Dueil (15), ou il a ung prieuré fort, lequel ilz prindrent d'assault et le pillèrent, prindrent et emporterent les biens estans en icellui.

 Et aprez ce alerent a Lisle de Bapaulmes (16), assaillirent la place et prindrent la basse court, laquelle ilz pillerent et y bouterent le feu.

Et avec ce que au retour du voiage d'Orleans que y fist ledit Anthoine, ses gens prindrent ung appellé Girart et ung appelle Guillaume Foucher et autres de la ville de Mauze lesquielx Girart et Foucher sesdictes gens lui amenèrent et les fist icellui Anthoine mener prisonniers a Villefollet et d'illec à Bourgouyn et que depuis ledit Girart fut rançonné a quarante escus, et ledit Foucher fut tenu prisonnier par l'espace de trois a quatre mois et rançonné a deux cens escus, laquelle somme il paia, et par ce fut delivré de ladicte prison, et deux ou trois jours aprez ala de vie a trespassement.

Et avec ce que au retour du voiage de Claye (17) ledit Anthoine de Vivonne et ses gens alerent devant Bordet et de la vers Mauzé ausquielx lieux rancontrerent plusieurs laboureurs, qu'ilz appeloyent brigans, desquelz laboureurs les gens dudit Anthoine en tuerent environ trente et en prindrent autre trente prisonniers, et en fist ledit Anthoine pendre et mourir deux desdiz laboureurs et emmenerent ledit Anthoine et ses gens iceulx prisonniers, prindrent aussi et emporterent la despueille des mors et aprez ce coururent les gens dudit Anthoine devant ladicte ville de Mauzé et que aprez le trespassement de feu Jehan de Torsay (18), jadiz maistre des arbalestriers, ledit Anthoine de Vivonne prist le cappitaine d'une forteresse appellé Lisle (19) appartenant a Aymery de Maigné et le mena devant icelle place et par le moien d'icellui cappitaine prist icelle place et aprez ce qu'il fut dedens prist les clefz des coffres esquelz il prist soixante moutons, six vings escus et vint marcs d'argent et dedens icelle place mist des gens d'armes qui l'ont tenue huit moys, durant lequel temps ilz ont vescu des biens estans en ladicte place et que ses gens ont prins Jehan Garuy et son filz, lesquelz ils ont rançonnez a quarante reaulx, en pretendant par ledit Anthoine de Vivonne aucunes excusacions frivoles, non excusables ne valables, et mesmement au regart de la prinse desdiz lieux de Dueil, de Lisle de Bapaulmes, de la prinse aussi et rançonnement desdiz Girard et Foucher et desdiz laboureurs murdriz, prins et pendus vers Mauze, qu'il les avoit prins pour soy contrevenger de certaines injures que lui avoient faictes les brigans, combien que veritablement ledit Anthoine confesse que indiferemment il s'est prins a tous les brigans qu'il a trouvez, lesquelz il ne congnoissoit et ne scet ce c'estoient ceulx qui lui avoient fait le dommaige ou non, ja soit ce que aussi veritablement il ne feust loisible audit Anthoine ne a autre de soy contrevengier sans nostre auctorité, congié et licence maiz en tant qu'il l'a fait, a doublement mespris par ce que en ce faisant il a fait et commis les murdres, prisons privées, crimes, delitz et malefices dessus declairez, en entreprenant sur nostre auctorité et majesté royal.

Pour lesquelz cas, crimes, delitz et malefices dessusdiz nous est apparu et appert evidemment que ledit Anthoine de Vivonne est participant et coulpable de ladicte conspiracion faicte contre nous par lesdiz Loys d'Amboise et André de Beaumont et que icellui Anthoine est crimineulx contre nous et nostre majesté royal.

 Savoir faisons que etc., aprez ce que les confessions dudit Anthoine de Vivonne, contenant ce que dit est, lui ont esté leues en nostre presence et qu'il a dit et affermé icelles avoir faictes de sa voulenté, sans contrainte, et par serment a affermé icelles confessions estre vrayes Nous, consideré ce que dit est, etc……

 Et avec ce avons dit et declairé, disons et declairons tous les fiefz que ledit Anthoine tient ou doit tenir de nous estre commis et forfaiz envers nous, acquiz et confisquez a nostre couronne et que tous les autres biens meubles et immeubles dudit Anthoine seront venduz et adenerez (20) par nostre ordonnance et les deniers qui en ystront tournez et convertiz en œuvres piteables pour le salut des ames des trespassez qui ont este tuez et occiz par le fait dudit Anthoine et en la satisfaction des parties blecées et endommagées par le fait aussi d'icellui Anthoine.

En tesmoing de ce….. Donné à Poitiers le huitième jour de may l'an de grace mil CCCC trente et ung et de nostre regne le neufyesme.

(Sur le repli inférieur :)

Par arrest et jugement du roy tenant son parlement.

MALLIERE.

 

1431, 8 mai. Poitiers.

Arrêt condamnant Louis d'Amboise à la prison comme criminel de lèse-majesté.

(Arch. nat., J 366.)

  Charles, etc………(21) Comme nagueres……. avoient fait. conspiracion ou prejudice de nous et de nostre royaume et seigneurie…… et avoir le gouvernement de nous et de nostre dit royaume et seigneurie, avoient aussi fait et commis plusieurs enormes cas, crimes, delitz et malefices en entreprenant sur nous et nostre auctorité et seigneurie, nous eussions fait arrester….. Loys d'Amboise, chevalier, et autres que l'en disoit estre consentens et coulpables de ladicte conspiracion…………… a eulx informer, examiner et interroguer ledit. Loys d'Amboise sur ce :  lesquelz aprez informacion sur ce faicte ont examiné et interrogué icellui Loys d'Amboise sur le fait de ladicte conspiracion et les circonstances et deppendences d'icelle, et par la depposicion et confession dudit Loys par lui.sur ce liberalment faiete, sans contrainte, et le proces sur ce fait, nous soit apparu et appaire que ledit Loys d'Amboise, de courage corrompu et par ambicion et convoitise, a despieça mis en son cuer, conspiré et machiné contre nous et noz royaume et seigneurie d'entreprendre et avoir le gouvernement de nous et de nostre royaume; pour parvenir a ce de prendre le seigneur de la Tremoille, nostre feal cousin, conseiller et chambellan, et de mettre hors de nostre service et eslongnier de nous aucuns autres de noz feaulx conseillers et serviteurs ou cas qu'ilz n'eussent esté de son aliance; et de soy mettre de fait prez de nous en gouvernement et de y mettre aussi aucuns de son amitié et adhérence; et de mener nostre personne ou chastel d'Amboise, lors a lui appartenant.

 Et que durant le siege d'Orleans ledit Loys d'Amboise et André de Beaumont, lors seigneur de Lezay, estans a Touars, pourparlerent ensemble d'entreprendre le gouvernement de nous et de nostre royaume, disans que pour parvenir a ce il ne leur convenoit que prendre le seigneur de la Tremoille et plus avant parlerent comment la besongne se pourroit faire, disans qu'ilz iroient a Chinon et entreprendroient de jouer a la paulme, tant comme nous disnerions, et, ce pendent, feroient venir de leurs gens ou chastel, deux a deux, jusques a ce qu'ilz feussent les plus Fors ; et que, ou voiage que derrenierement avons fait a Sens, lesdiz Loys d'Amboise et André de Beaumont se acompaignerent ensemble et plusieurs foiz de jour et de nuit, pourparlerent d'entreprendre le gouvernement de nous et de nostre royaume, et pour parvenir a ce de prendre ledit seigneur de la Tremoille, disans que quant ledit seigneur de la Tremoille yroit chacer ou voler l'en le pourroit bien prendre; et jurerent ensemble tenir la chose secrete; et que aprez plusieurs paroles lesdiz Loys d'Amboise et André de Beaumont delibererent, accorderent et promirent ensemble de entreprendre le gouvernement de nous et de nostre royaume et pour parvenir a ce de prendre ledit seigneur de la Tremoille quant il yroit voler ou chacer ; et que de rechief, nous estans oudit voiage ou chastel de Giem, lesdiz Loys d'Amboise et Andrieu de Beaumont formerent ladicte entreprinse, delibererent et appoincterent entreulx de entrer, eulx et leurs gens, oudit chastel de Giem par la porte de derriere et eulx mettre prouchains de nous pour y avoir gouvernement, ainsi comme y estoit ledit seigneur de la Tremoille; et avec ce, que nous estans audit lieu de Sens, iceulx Loys d'Amboise et André de Beaumont refreschirent ladicte entreprinse aprez ce que ledit seigneur de la Tremoille se lu party d'icelle ville de Sens, disans qu'ilz avoient gens assez et se tenoient estre les plus fors, et que nous n'avions gueres de gens lors, et entreprindrent de mettre gens aux portes de ladicte ville de Sens et eulx mettre prez de nous pour avoir le gouvernement de nous et de nostre royaume et soliciterent Anthoine de Vivonne de adherer avec euix a ladicte entreprinse, laquelle ilz lui dirent et declairerent, et jurerent derechief tenir la chose secrète et que par exprez iceulx d'Amboise et de Beaumont delibererent, entreprindrent et appointerent entreulx de mener nostre personne a Orleans, et de la a Amboise, enalegant par ledit Loys d'Amboise aucunes excusacions frivoles, et mesmement que ledit André de Beaumont et lui avoient faicte l'entreprinse dessusdicte pour le bien de nous et de nostre Royaume : lesquelles excusacions ne sont recevables ne valables, attendu l'aage et le petit gouvernement desdiz d'Amboise et de Beaumont, et que nous estions prouchains de noz ennemis, par quoy se ladicte entreprinse eust esté mise a excecucion, se feussent ensuis nouvelles divisions en nostre seigneurie, murdres et inconveniens inreparables a la destrucion de nous et de nostre seigneurie et de noz subgiez, a l'exemple des autres divisions, grans maulx et iureparables inconveniens qui autreffoiz sont advenus en nostre dit Royaume par les entreprinses que aucuns noz subgiez, a present noz adversaires (22), ont pieca faictes pour avoir et entreprendre le gouvernement de nous et de nostre seigneurie, dont nostre dit Royaume a esté en voye de totale destrucion, se Dieu n'y eust pourveu.

Et avec ce nous soit apparu et appert par ladicte confession d'icellui Loys d'Amboise que pieca nous estans a Tours, pour ce que ledit Loys d'Amboise ot congnoissance que nous voulions aler et passer par Amboise, il fist venir devers lui à Rochecorbon (23) Regnault de Velours, cappitaine dudit lieu d'Amboise, auquel il dist et charga par exprez que se nous le mandions, il s'excusast de venir devers nous, si non qu'il eust seurté de nous, et depuis lui manda par son poursuivant que se il mesmes aloit audit lieu d'Amboise il ne le lessast pas entrer, si non que ledit Regnault fust le plus fort, afin de donner occasion a ce que nous n'alissons audit lieu d'Amboise ; et que assez tost aprez, pour certaines desobeissances et malgracieuses paroles dictes par ledit Loys d'Amboise, icellui Loys fut arresté depar nous et aprez ledit arrest vint a Loches en nostre compaignie; et lui estant audit lieu de Loches fist savoir a ses gens que nous devions aler dudit lieu de Loches a Saint Aignen (24) et leur manda par exprez qu'ilz assemblassent gens et se meissent en embuche en certain lieu designé auquel ledit Loys devoit descendre, entre Loches et Saint Aignen, afin de le rescourre en ensuivant lequel mandement les gens dudit Loys d'Amboise, sachans le jour que nous et icellui Loys en nostre compaignie devions aler dudit lieu de Loches a Saint Aignen, assemblerent gens d'armes et se mirent en embuche entre lesdiz lieux de Loches et de Saint Aignen, afin de rescourre ledit Loys, et de fait se feussent efforcez de le rescourre se ladicte embuche n'eust esté descouverte, dont il se fust ensuy voye de fait, murdre et autres inconveniens laquelle entreprinse fut faicte contre nous et en nostre préjudice, et avec ce soit apparu et appert par ladicte confession que pieça lesdits Loys d'Amboise et André de Beaumont prindrent a Brossure (25) ung appellé Hardouyn Delaporte, lequel ilz menerent prisonniers a Touars (26) et que depuis ledit Loys d'Amboise le rançonna a la somme de neuf cens escus d'or pour lesquelz cas, crimes, delitz et malefices commis et perpétrez par ledit Loys d'Amboise, ainsi que dit est, nous est apparu et appert ledit Loys d'Amboise avoir commis crime de leze majesté et autrement, en plusieurs manieres avoir delinqué et offensé contre nous et nostre majesté royal.

Savoir faisons que, veu par nous et nostre conseil, presens a ce les presidens et conseillers lays de nostre dicte court de parlement, les confessions et proces dessusdiz, a grant et meure deliberacion, aprez ce que en nostre presence les confessions dudit Loys d'Amboise contenant ce que dit est, lui ont esté leues, et qu'il a dit et confessé icelles avoir faictes sans contrainte et par serementet affermé que elles sont vraies : Nous, consideré ce que dit est, et tout ce qui faisoit a veoir et considerer en ceste partie par nostre arrest, jugement et a droit, avons dit et declaré, disons et declairons que le dit Loys d'Amboise a commis envers nous crime de leze majesté et que par ce il a commis et forfait corps et biens envers nous, et tous les biens meubles et immeubles dudit Loys estre confisquez et acquis a nous (27) et nostre couronne : maiz pour certaines causes a ce nous mouvans, voulans preferer pitié et rnisericorde a rigueur de justice, avons relevé et relevons icellui Loys de la peine de mort, pourveu qu'il tendra prison a nostre bon plaisir ; et aussi avons relevé et relevons lesdits Loys et ses enflans de toutes les autres peines de droit esquelles ilz pourroient estre encheuz par la commission dudit crime, ladicte confiscacion de biens demourant en sa vertu.

En tesmoing de ce nous avons fait mettre nostre seel a ces presentes.

Donné a Poictiers, le huictiesme jour de may, l'an de grâce mil CCCC trente et uqg, et de nostre regne le neufyesme.

(Sur le repli :)

Par arrest et jugement du Roy tenant son parlement.

Malliere,

(Au verso )

Arrest contre messire Loys d'Amboise donné le VIIIe jour de may M.CCCC.XXXI.

 

 

 

 

 

 

Juin 1433 Complot formé contre le favori de Charles VII, Georges de La Trémoille qui résidaient au château de Chinon.

 

Exécution au château de Chinon du complot formé contre Georges de La Trémoille par la reine Yolande, Charles d’Anjou, son fils, le connétable de Richemont, Jean de Bueil, neveu du favori, Pierre d’Amboise, seigneur de Chaumont, Prégent de Coetivy, Raoul de Gaucourt et Pierre de Brezé.

Vers la fin de juin 1433, Charles VII et son favori résidaient au château de Chinon.

Le sire de Gaucourt, capitaine de Chinon, adhérait à ce coup de main.

Olivier Frétard, son lieutenant, ouvrit aux conjurés la poterne qui donnait accès dans le Coudray.

 

Georges fut surpris, nuitamment, couché dans son lit.

La Trimouille essaya de résister et fut blessé d’un coup de dague dans le ventre par Jean de Rosnivien,

Mais son extrême obésité rendit cette blessure moins grave et lui sauva la vie (28).

Jean de Bueil, neveu maternel du gouverneur, s'empara de Georges de La Trimouille et le conduisit au château de Montrésor, ou il resta prisonnier jusqu’à ce qu’il eut pris l’engagement de payer à son neveu 4000 moutons d’or, de rendre toutes ses places et à condition de ne plus approcher du prince et de renoncer au gouvernement.

Chronologie des principaux faits de la vie de Jean V, sire de Bueil (Fléau des Anglais 1406-1478), chevalier, comte de Sancerre 

Chronologie des principaux faits de la vie de Jean V, sire de Bueil ( Fléau des Anglais 1406-1478), chevalier, comte de Sancerre, seigneur de Montrésor, Château-Fromont, Mirebeau , Saint-Calais, Saint - Christophe, Châteaux, Lublé, Vaujours, Courcelles, Chouzé-le-Sec, Courcillon, la Marchère, le Portal de Valaines, les Essarts, Ussé, Saint-Michel-sur-Loire, Faye-la-Vineuse , conseiller et chambellan du roi, capitaine des château et ville de Tours, amiral de France, auteur du roman du Jouvencel (1).

 

L'ex-ministre rendit au roi diverses places et Louis d'Amboise recouvra sa liberté (29).

Charles VII habitait le logis du roi, c'est-à-dire l'aile du château diagonalement opposée au quartier de La Trimouille.

Le bruit des gens d'armes et le tumulte parvinrent jusqu'à lui.

Tout d'abord, il se crut pris par l'ennemi. Mais la reine de Sicile et Charles d'Anjou, beau-frère du roi, approuvaient cet enlèvement la pieuse et timide reine de France, elle-même, avait été initiée Marie d'Anjou embrassa naturellement la nouvelle cause politique de son frère.

Le roi, en apprenant ce qui s'était passé, commença par témoigner son ressentiment. Mais la.reine, soutenue de ses proches, apaisa ce courroux momentané.

Le roi demanda si le connétable en était, on lui répondit qu'il n'avait point paru. Les nouveaux venus représentèrent au prince que ce changement avait été fait pour son bien et celui de l'État.

Peu à peu, le roi se persuada cette vérité. Charles d'Anjou et ses collègues lui firent bientôt oublier La Trimouille (30).

Richemont retrouve alors sa charge de connétable.

 

1434, septembre. Tours.

Restitution de ses biens à Louis d'Amboise par le roi Charles VII.

Lettres portant restitution au vicomte de Thouars de ses terres et bien confisqués l’an 1431, sauf les terres et châtellenies de Talmont-sur-Jard, Amboise et Civray ; avec une quittance dudit vicomte au profit du sr de Montgauguier.

(Arch. nat., X1* 8604, fol. 121 r.)

Charles, par la grace de Dieu, roy de France. Savoir faisons a tous, presens et avenir, que comme japieça, en l'an mil CCCC trente et ung, nous eussions fait arrester en nostre chastel de Poictiers Loys d'Amboyse, chevalier, pour certains cas et deliz que on lui imposoit, sur lesquelz, par nostre ordonnance, il fut interrogué et examiné et sur sa confession prins droit; veue laquelle par nous, en nostre grant conseil, appellez a ce les presidens et conseillers laiz de nostre court de parlement, se ensuit certain arrest pronuncé en nostre présence en nostre Palais a Poictiers, par lequel ledit Loys d'Amboyse fut par nous relevé de la peine de mort, et fut dit et declairé tous ses biens meubles et immeubles este a nous confisquez et acquis.

Et aveçques ce par ledit arrest fut dit et ordonné que icelluy Loys d'Amboise tendroit prison fermée jusques a nostre bon plaisir et voulanté : par vertu duquel arrest et en executant icelluy tous ses biens immeublez furent mis eu nostre main et aussi fut icelluy Loys d'Amboise mis prisonnier ou chastel d'Amboyse, auquel il fut detenu par aucun temps et depuis fut transporté ou chastel de Chasteillon sur Yndre (31), auquel lieu il a esté detenu prisonnier et tres durement traictié par l'espace de neuf moys ou environ, en telle maniere qu'il en a esté fort debilité de sa personne esquelles prisons d'Amboise et de Chasteillon il a esté detenu par l'espace de troys ans ou environ.

Et depuis nostre tres chiere. et tres aînée mere la royne.de Sicile et nostre tres chier et tres amé frere Charles d'Anjou et autres, tant de nostre sang et lignage comme autres de noz conseillers, officiers et serviteurs, nous ayent humblement supplié et requis que audit Loys d'Amboyse voulsissons extendre et impartir nostre grace, tant au regart de la delivrance de sa personne comme aussi de la restitucion de ses biens et heritages [que] avons acquis et confisquez, comme dit est.

Pour ce est il que, eue consideracion a ce que dit est et aussi aux bons et agreables services que feu Pierre d'Amboise, oncle dudit Loys d'Amboise, en son vivant viconte de Thouars (32), nous a fait en nous recevant en grant obeissance en ses terres et païs apres nostre partement de Paris, et nous faisant aussi tout ayde et confort de son povoir et autrement en maintes manieres considerans aussi la griefve et longue prison que ledit Luys d'Amboise a soufferte et porté pacienment, et esperans que doresenavant il se porte envers nous comme il doit faire et se employe en noz guerres et autrement en nostre service, comme bon et loyal subgiet doit faire, et aussi pour contemplacion de nosdits mère et frere et pour certeines autres causes a ce nous mouvans : Nous, de nostre certaine science, plaine puissance, autorité royal et grace especial, par ces presentes avons ledit Loys d'Amboise restitué et restituons entierement et a plain a ses bonne fame et renommée et lui avons avecques ce remis et quitté ladicte prison et ycellui avons mis et mectons a sa franchise et pleine delivrance de sa personne et sommes contens de ladicte prison qu'il a tenue, sans ce que a l'occasion dudit arrest il soit, puisse ou doye estre empesché doresenavant en aucune maniere en sa personne et de nostre plus ample grace a ycelluy avons restitué et restituons, et se mestier est, lui avons donné, cedé, transporté et delaissé, donnons, cedons, transportons et delaissons par lui et les siens et ayans cause a tousjours, toutes ses terres et seigneuries que il avoit, tenoit et possedoit au temps dudit arrest pour en joyr et user et en faire perpetuelment, tant de la proprieté que des foiz, hommagez, hommes, subgiez, droiz, noblesses et prerogatives, fruiz, prouffiz, revenues et emolumens qui y appartiennent, comme il faisoit ou eust peu faire par avant ledit arrest.

Et en oultre, en tant que mestier en seroit, avons mis et mettons au neant ladicte forfaiture et confiscacion tant au regart d'icelles terres et seigneuries par nous delaissées audit Loys d'Amboyse, comme aussi de toutes autres qui cy en apres lui pourront par succession ou autrement compecter et appartenir, sauf et reservé toutesvoyes a nous le chastel, terre et chastellenie de Thalemond sur Jard (33) avecques leurs appartenances et appendences tant en cens, rentes, foys, hommagez, fiefz, arrierefiefz, comme en nauffraiges, espaves et autres choses quelxconques avecques le chastel et forteresse de Chasteale Gautier (34) ; sauf aussi et reservez a nous le chastel, terre, chastellenie et seigneurie d'Amboyse (35) avecques la terre de Sivray (36), ensemble les foys, homages, fiefz, arrierefiefz, droiz, noblesses, prerrogatives; prouffiz, revenues et emolumens quelxconques qui y appartiennent

Et combien que eussions retenu les terre et chastellenie de Bleré (37) et appartenances avec lesdis chastel et chastellenie d'Amboyse, neantmoins, a la supplicacion et requeste des dessusdits, nous avons delaissé et delaissons par ces presentes lesdictes terres, chastellenie, droiz et appartenances de Bleré audit Loys d'Amboise, sauf que nous avons retenu et retenons doresenavant mettre capitaine en nostre nom et de par nous en la forteresse et pont dudit lieu de Bleré, et parmy ce aussi que ledit Loys d'Amboise demourra chargié et nous garentira de ce que le seigneur de Moncauguier (38) et ses coheritiers pourroyent demander par le moyen de certain arrest par eulx obtenu en la court de parlement contre ledit Loys d'Amboise sur lesdits chastel, terre et chastellenie d'Amboyse et autrement, et nous en acquittera et deschargera du tout et lesdits chastel, terre et chastellenie d'Amboyse tant du principal que des arrerages, et nous en baillera ledit Loys d'Amboyse ses lettres convenables sur ce.

 Lesquelz chasteaulx, terres et chastellenies de Thalemond et d'Amboyse avecques leursdictes appartenances etappandences quelxconques et la place de Chasteau Gautier avons reservées et retenues a nous, reservons et retenons a nous et aux notres en la maniere que dit est.

Si donnons en mandement par ces mesmes presentes a noz amez et feaulx conseillers les gens tenans et qui tendront nostre dit parlement, aux gens de noz comptes, aux seneschaulx et bailli de Poictou, de Touraine et de Xantonge, au gouverneur de la Rochelle et a tous noz autres justiciers et officiers ou a leurs lieuxtenans et a chacun d'eulx, si comme a lui appartenoit, que de nostre presente grâce, concession et octroy fassent, souffrent et laissent ledit Loys d'Amboyse les siens et ayans cause joir et user a plain, sans leur faire ou mettre ou souffrir estre fait ou mis aucun destorbier ou empeschement au contraire mais se fait estoit le facent cesser et oster, car ainsi nous plaist il estre fait. Et sur [ce] imposons scilence perpetuel a nostre procureur.

 Et affin que ce soit chose ferme et estable a tousjours, nous avons fait mettre a ces dictes presentes nostre seel ordonné en l'absence du grant, sauf en autres choses nostre droit et l'autruy en toutes.

Donné a Tours, ou moys de septembre, l'an de grace mil CCCC XXXIIII et de nostre regne le douziesme.

Ainsi signé: Par le Roy en son conseil, ouquel monseigneur Charles d'Anjou, le conte de Vendosme, l'arcevesque de Vienne (39), l'evesque de Magalonne (40), Xristofle de Harecourt (41), le sire de Treves (42), le maistre des arbalestriers (43), les sire de Bueil (44) et de Maillé (45) et plusieurs autres estoyent.

LE PICART,

et au dos :

registrata, et lecta et publicata Pictavis in parlamento, deeima septima februarii, M°CCCC.°XXXIIII°. Blois,

Collatio fada est ad originalem.

 

 

Lettre de la promesse faicte par monseigneur de Thoars de garantir au roy et acquicter les terres d’Amboise et de Civray.

Loys d’Amboise, viconte de Thouars et conte de Bannon, à tous ceulx qui ces presentes lettres verront, salut.

 Comme le roy nostre sire, par ses lettres patentes, données à Tours, ou moys de septembre derrenier passé, entre autres choses, me ait de sa grace especial donné et octroyé, cedé, quicté, transporté et delaissé, pour moy, les miens et mes ayans cause à tousjours, toutes et chascunes les terres, possessions et seigneuries que j’avoie, tenoie et possedoie au temps et par avant certain arrest pronuncié l’an mil cccc.xxxi., tant en proprieté que avec les droiz, foiz, hommages, noblesses, prerogatives, fruiz, prouffiz, revenues et emolumens quelxconques d’icelles, sauf et reservé la chastellenie, terre et seigneurie de Thalemont sur Jard, avec ses appartenances et appendences quelxconques, et la place de Chasteaugautier, et aussi la terre, seigneurie et chastellenie d’Amboyse, avec ses appartenances quelxconques, et la terre de Civray, lesquelles le dit seigneur a retenu et reservé à soy ; et par les dictes lettres ait voulu et ordonné que la terre et chastellenie de Bleré, avec ses appartenances et appendences, soit et demeure à moy, aux miens et à mes ayans cause, comme les autres terres à moy restituées, parmy ce toutesvoyes qu’il a retenu et reservé à soy mettre capitaine de par lui et en son nom, audit pont dudit lieu de Bleré, parmy ce aussi que je acquicteray et deschargeray et seray tenu acquicter et descharger le roy nostre dit seigneur et aussi la dicte terre et chastellenie d’Amboise envers le seigneur de Mongauguier et ses coheritiers, tant en principal que ès arrerages, de ce que leur puet competer et appartenir en ladicte terre et chastellenie d’Amboyse, par le moyen de certain arrest par lui obtenu en la court de Parlement, et de ce bailler mes lettres convenables audit seigneur, si comme tout ce et autres choses par les dictes lettres du roy nostre dit seigneur puet plus à plain apparoir.

Pour ce est il que je, voulant de tout mon povoir obeir au roy mon souverain seigneur, et desirans aussi acomplir ses ordonnances, bon plaisir et voulenté, promettant en bonne foy, et soubz l’obligacion de tous mes biens, garentir et acquicter le roy nostre dit seigneur, et la dicte terre, chastellenie et seigneurie d’Amboyse, avecques la dicte terre de Civray et leurs appartenances envers le dit sr de Montgauguier et ses coheritiers, du droit et de tout ce que par le moyen du dit arrest par lui obtenu en la dicte court de Parlement, tant en principal que ès arrerages, leur pourroit et peut competer et appartenir, et en faire tenir quictes, paisibles et deschargez le roy nostre dit seigneur et la dicte terre, chastellenie et seigneurie d’Amboyse, tant du temps passé que avenir.

En tesmoing de ce, j’ay fait mettre et apposer le seel de mes armes à ces presentes, et à plus grant confirmacion les ay fait signer des seigns manuelz de André Chambret (46) et Jehan Gentis, notaires de la court du seel estably aux contraux à Touars, et seeller du seel des diz contraux, le xvme jour de fevrier l’an mil cccc. xxxiiii.

Ainsi signé : A. Chambret, par commandement et à la requeste de mon dit seigneur ; J. Gentis, par commandement et à la requeste de mon dit seigneur.

Et au dos :

Lecta et publicata Pictavis in Parlamento, xvii. februarii millesimo ccccmo tricesimo quarto.

Collacio facta est cum originali.

 

1435, février 15. – Tours.

Louis d'Amboise s'engage à abandonner au roi Charles- VII, Talmont, Château-Gontier et Civray.

(Arch. nat., XH 8604, fol. 122 r'.)

Loys d'Amboise, viconte de Thouars et conte de Baumon, a tous ceulx qui ces presentes lectres verront, salut.

Comme le roy nostre sire, par. ses lectres patentes données a Tours ou moys de septembre derrenier passé, entre autres choses me ait de sa grace especial donné et ottroyé, cedé, quitté, transporté et délaissé pour moy, les miens et mes ayans cause, a tousjours, toutes et chascunes les terres, possessions et seigneuries que a voie, tenoie et possedoie au temps et par avant certain arrest, pronuncié l'an mil CCCC XXXI, tant en propriété que avec les droiz; foiz, hommages, noblesses, prerrogatives, fruiz, proufflz, revenues et emolumens quelxconques d'icelles, sauf et reservé la chastellenie, terre et seigneurie de Thalemont sur Jard, avec ses appartenances et appendences quelxconques et la place de Chasteaugautier, et aussi la terre, seigneurie et chastellenie d'Amboyse (47) avec ses appartenances quelxconques et la terre de Civray, lesquelles ledit seigneur a retenu et reservé a soy,.et par lesdictes lettres ait voulu et ordonné que la terre et chastellenie de Bleré avec ses appartenances et appendences soit et demeure a moy, aux miens et a mes ayans cause, comme les autres terres a moy restituées, parmy ce toutesvoyes qu'il a retenu et reservé a soy mettre capitaine de par lui et en son nom audit pont dudit lieu de Bleré, parmy ce aussi que je acquitteray et deschargeray et seray tenu acquitter et descharger le roy nostre dit seigneur et aussi ladicte terre et chastellenie d'Amboise envers le seigneur de Mongauguier et ses coheritiers, tant en principal que es arrerages de ce que leur puet competer et appartenir en ladicte terre et chastellenie d'Amboyse par le moyen de certain arrestpar lui obtenu en la court de parlement, et de ce bailler mes lettres convenables audit seigneur, si comme tout ce et autres choses par lèsdictes lettres du roy nostre dit seigneur puet plus a plain apparoir.

Pour ce est il que je, voulant de tout mon povoir obéir au roy, mon souverain seigneur, et desirant aussi acomplir ses ordonnance, bon plaisir et voulenté, promect en bonne foy et soubz l'obligacion de tous mes biens garentir et acquitter le roy nostre dit seigneur et ladicte terre, chastellenie et seigneurie d'Amboyse avecques ladicte terre de Civray et leur appartenance envers ledit seigneur de Montgaugnier et ses coheritiers du droit et de tout ce que par le moyen dudit arrest par lui obtenu en ladicte court de parlement, tant en principal que es arrerages, leur pourroit et peut competer et appartenir, et en faire tenir quittes, paisibles et deschargez le roy nostre dit seigneur et ladicte terre et chastellenie et seigneurie d'Amboyse tant du temps passé que a venir.

En tesmoing de ce j'ay fait mettre et apposer le seel de mes armés a ces presentes, et a plus grant confirmacion les ay fait signer des seigns manuelz de André Chambret et Jehan Gentis, notaires de la court du seel estably aux contraux a Tours et seeller du seel desdits contraux, le XVe jour de février l'an mil CCCC XXXIIII.

Ainsi signé : A. CHAMBRET, par commandement et a la requeste de ibondit seigneur, J. GENTIS, par commandement et a la requeste de mondit seigneur.

Et au dos :

lecta et publicata Pictavis in parlamento XVII februarii millesimo CCCC tricesimo quarto.

Collatio facta est cum originali.

 

 

 

 

 

 

LE COMPLOT DE LOUIS D'AMBOISE, D'ANDRÉ DE BEAUMONT ET D'ANTOINE DE VIVONNE (1429-1431).

Le Moyen âge : bulletin mensuel d'histoire et de philologie / direction MM. A. Marignan, G. Platon, M. Wilmotte

 

 

 

 ==> Sur la Terre de nos ancêtres du Poitou - Aquitania (LES GRANDES DATES DE L'HISTOIRE DU POITOU )

==> Arrestation lors d’une partie de Chasse de Louis d'Amboise, Vicomte de Thouars, prince de Talmont pour lèse-majesté

==> Histoire du Poitou, jugement de Louis d'Amboise, chevalier seigneur de Thouars

La paix est signée par le traité de Rennes du 5 mars 1432 entre Georges Ier de la Trémoïlle, Arthur III de Bretagne et son frère le duc Jean IV de Bretagne.<==

==> Tours 1433 - Ratification par Charles VII de l’acte par lequel Jean Harpedenne seigneur de Belleville, règle sa succession

==> Raoul de Gaucourt, fidèle de Charles VII, capitaine-gouverneur d’Orléans puis de Chinon, compagnon d’armes de Jeanne d’Arc

 ==> Notice Historique sur le Château Triangulaire de Poitiers – Jean de France, duc de Berry et comte de Poitou

 

 


 

Louis d’Amboise, vicomte de Thouars, comte de Benon et de Guines, seigneur de Talmont, de Mauléon, Montrichard, l’île de Ré, Marans, etc., fils d’Ingelger II seigneur d’Amboise et de Jeanne de Craon, avait hérité de tous les biens de son oncle Pierre, seigneur d’Amboise et vicomte de Thouars, vers l’an 1422. (Voy. notre vol. précédent, p. 42, note.)

Nous n’essaierons pas ici de faire la biographie, même sommaire, de ce célèbre personnage dont la carrière fut longue et accidentée ; nous nous contenterons de citer quelques actes inédits, relatifs surtout à la période de sa vie dont il est question dans ces lettres, et d’énumérer les procès criminels qu’il eut à soutenir au Parlement.

Le vicomte de Thouars fut arrêté à Poitiers le 28 mars 1431 n.s. (voir Bibl. nat., ms. fr. 21302, à cette date, extraits d’un registre du conseil du Parlement de Poitiers, aujourd’hui perdu).

L’arrêt du 8 mai 1431, le relevant de la peine de mort qu’il avait encourue, et le condamnant à la prison et à la confiscation, est conservé en original aux Arch. nat., J. 366, n° 1.

 Une autre layette du Trésor des chartes renferme deux serments de fidélité prêtés au roi, par Louis d’Amboise. L’un est du 7 août 1436. L’autre, plus intéressant, n’est malheureusement pas daté ; il est antérieur de peu de temps à sa condamnation, et c’est précisément ce qui le rend important et fait regretter qu’il ne porte pas une date précise. Par cet acte, le vicomte de Thouars déclare renoncer à toute alliance contraire à la volonté de Charles VII, notamment à celle d’Antoine de Vivonne, d’André de Beaumont et de Renaud de Velors, qui avait été son capitaine à Amboise, et nommer dans les principales places qui lui appartiennent des capitaines ayant l’agrément du roi : à Thouars, Louis d’Avaugour ; à Mauléon, Hardy Savary ; à Talmont, le sire de Tonnay [-Boutonne], et à Amboise, Jacques de Lestang. (J. 400, nos 74 et 76.)

D’après le P. Anselme, le capitaine de Thouars qui livra cette ville aux commissaires royaux, le 14 mai 1431, était Jacques de Montbron. (T. VII, p. 17.)

Le 11 décembre 1433, le roi ayant mandé au Parlement de lui délivrer copie de l’arrêt rendu contre le vicomte de Thouars et des interrogatoires, en ce qui le concernait, d’André de Beaumont et d’Antoine de Vivonne, ses complices, la cour fit réponse qu’elle ne possédait rien des arrêts ni des confessions. (Arch. nat., X2a 21.)

Outre les biens déclarés dans les lettres de restitution, il y avait encore les terres de Laleu et de Loumeau en Aunis ; le procureur général en contestait la possession à Louis d’Amboise. Celui-ci toutefois avait obtenu d’en percevoir les revenus, à titre de récréance, pendant la durée du procès ; le receveur royal à la Rochelle ayant émis la prétention d’en faire la recette, Louis obtint du procureur du roi la pleine reconnaissance de son droit d’usufruit, jusqu’au prononcé de l’arrêt, par accord du 10 décembre 1434. (X1c 148.)

Dans d’intéressantes plaidoiries du 28 février 1427 n.s., on apprend que Louis d’Amboise, vicomte de Thouars, et son capitaine de la Chaize-le-Vicomte, Jean Buor, chevalier, sr de la Gerbaudière, ayant fait démolir les fortifications du prieuré dudit lieu, dépendant de l’abbaye de Saint-Florent de Saumur, furent l’objet d’une plainte en attentat et abus d’autorité de la part du prieur, Zacharie Geffroy. (X1a 9198, fol. 249 v°, 251.)

Le vicomte de Thouars, qui s’était rendu coupable du meurtre de Simon de Velors, avant le mois de juillet 1435, ayant obtenu des lettres de rémission, des poursuites furent exercées contre lui par Renaud de Velors, écuyer, sr de Meulles et de la Chapelle-Belloin (son ancien allié), Jeanne de Velors, sœur de celui-ci et femme de Jean Loube (aliàs Boubé), écuyer, Thibaut Fourrateau et Guyonne de La Coudre, sa femme, tous parents et héritiers de la victime et opposants à l’entérinement de la grâce, et les procédures, commencées le 2 juillet 1435, durèrent jusqu’au 18 mai 1442. (X2a 22, aux dates des 31 mars 1438, 20 janvier et 3 février 1439, 4 janvier, 21 avril et 2 mai 1440 ; X2a 23, fol. 12 et 94 v°, arrêt du 18 mai 1442 ; X2a 25, aux 2 et 20 juillet, 2 août 1435, 23 mai, 7 juillet et 6 octobre 1436.)

 Louis d’Amboise fut encore poursuivi, ainsi que Jean Sanglier, chevalier, et Guillaume Maynard, ses familiers, par Huguet Vivier qui les accusait d’excès et de mutilation sur sa personne. (Actes des 2 août 1443, 8 juin 1444, et arrêt du 5 avril 1447 ; X2a 23, fol. 120 et 370 ; X2a 24, au 8 juin 1444.)

 Mentionnons, en outre, les procès criminels engagés par le vicomte de Thouars contre le duc et la duchesse de Bretagne, les 3 juin et 14 octobre 1457 (appel d’une sentence du sénéchal de Poitou, X2a 27, fol. 263, 286 v°) ; contre Louis Fumée, avocat au Parlement, le 23 juillet 1457. (Id., fol. 271.) Aux 5 et 8 juin 1469, Guillaume Chauvin était demandeur en matière d’excès contre lui et contre Jean Guymar, son sénéchal de Talmont, Étienne Bricet et autres officiers du lieu. (X2a 35, aux dates.)

 Une autre affaire relative au prieuré de Saint-Jouin de Mauléon donna lieu à des procédures criminelles entre François de Brillac, abbé de Pontlevoy, et Louis d’Amboise, les 28 novembre, 5 et 7 décembre 1469. (Même registre.)

Le vicomte de Thouars décéda dans les premiers mois de l’année suivante

. Le 25 janvier 1462 n.s., il avait fait cession à Louis XI de la vicomté de Thouars, à la réserve de l’usufruit, moyennant la somme de 10,000 écus d’or, en présence de Louis de Crussol, sénéchal de Poitou, et de plusieurs autres personnages. (Anc. mémorial M de la Chambre des comptes, fol. 24 ; Arch. nat., P. 2299, p. 284.)

La collection de dom Fonteneau contient aussi un grand nombre d’actes intéressants relatifs à Louis d’Amboise.

(1). Vallet de Viriville, Hist. de Charles VII, t. II, p. 297; D. de Beaucourt, Hist. de Charles VII, t. II, p. 269.

(2). Document IV.

(3). Gruel, dans Procès, t. IV, p. 317.

(4). Lezay Deux-Sèvres.

(5). Gien, Loiret.

(6). Deux-Sèvres, arr. Melle, c. Lézay.

(7). Bonneuil, Deux-Sèvres.

(8). Chissay, Loir-et-Cher, arr. Blois.

(9). Je ne trouve pas ce mot ailleurs. Il désigne évidemment des pillards. Faut-il corriger greflîn et y voir un dérivé du jargon greffir qui signifie dérober ?

(10). Isle-Bapaume, Deux-Sèvres.

(11). Les pointillés indiquent que le texte omis est analogue à celui de l'arrêt contre André de Beaumont.

(12). Sully-sur-Loire, Loiret, arr. Gien.

(13). Deux-Sèvres, arr. de Melle.

(14). Mongon?

(15). Doeuil, Charente-Inférieure, arr. Saint-Jean-d'Angély.

(16). Isle-Bapaume, Deux-Sèvres.

(17). La Claye, arr. La Roche-sur-Yon.

 (18). Jean d'Estouteville, seigneur de Torcy.

(19). Aymery de Chourses de Magné Isle-Bapaume.

(20). Converti en deniers.

(21). Les pointillés indiquent que le texte omis est analogue à celui de l'arrêt contre André de Beaumont

(22). Les Bourguignons,

(23).Indre-et-Loire, arr. Tours.

(24). Saint-Aignan, Loir-et-Cher.

(25). Bressuire, Deux-Sèvres.

(26). Thouars, Deux-Sèvres, arr. Bressuire.

(27). Ces terres furent données dès 1432 sa sœur Jacqueline (Bibliothèque de Poitiers, collection de dom Fonteneau, t. 26, p. 369). Elle avait épousé en  1424 Jean de la Trémoille, seigneur de Jonvelle, grand maitre d'hôtel de Philippe le Bon (Cosneau, Le Connétable de Richemont, p. 86 et p. 338).

(28) Itinéraire. Cougny, Château de Chinon, p. 27, 69 et s. J. Chartier, t. 1, p. 170. Nicole Gilles, 1557, in-fo, p. lxxxij. Anselme, Coëtivy. D'Argentré, Histoire de Bretagne, 1618, in-f", p. 790.

(29) Les mêmes. Berry, p. 386. Monstrelet, p. 73. Dom Gillessou, Compiègne, t. V, p. 31. Ms. Baluze, 7905, 2, f° 148 v°. Massiou, Histoire de Saintonge, p. 273. P. P. 2298

septembre 1434. Pierre d'Amboise, seigneur de Chaumont, cousin de Louis d'Amboise, vicomte de Thouars, avait épousé, le 23 août 1428, Anne de Bueil, sœur de Jean. Les deux beaux-frères étaient unis dans l'expédition.

 (30) Cougny, Notice et planches. Gruel, p. 372. Cagny, chap. cxx. Abrégé chronologique dans Godefroy, p. 337.

(A) Mariage de Marguerite de Valois, sœur de Charles VII. Nous avons mentionné cette union ci-dessus, t. I, p. 461, note 1 et t. II, p. 296, note 1. La date, vaguement assignée par le père Anselme et que nous avons reproduite, t. I, p. 461, doit être précisée d'une manière plus exacte. Le contrat de mariage est du 3 mai 1433.

Le 7 octobre suivant, lettres données à Tours qui ratifient ce contrat, ainsi signées: « Par le roi, le bastard d'Orléans, présent. » Confirmé par Louis XI le 12 juin 1462 (Armoires Baluze, t. XXIII, f°3 282 et s.).

(31), Indre, arr. Châteauroux,

(32) Une notice a été consacrée à Pierre d’Amboise, vicomte de Thouars, dans notre précédent volume, p. 42, note.

(33). Talmont, Vendée, arr. des Sables-d'Olonne.

(34). Château-Gontier, Mayenne.

(35). Indre-et-Loire, arr. Tours.

(36). Civray-sur-Cher, Indre-et-Loire, arr. Tours.

(37). Indre-et-Loire, arr. Tours.

(38) Moutgauguier, Vienne, arr. Poitiers,

Jean II de Sainte-Maure, seigneur de Montgauguier, fils de Jean Ier et de Jeanne des Roches, était en 1425 sous la tutelle de Philippe d’Orgemont. La mère de Jean Ier, seconde femme de Pierre de Sainte-Maure, sr de Montgauguier, était Marguerite d’Amboise, fille puînée d’Ingelger Ier, seigneur d’Amboise.

A la mort de celle-ci, son fils réclama le tiers de la succession d’Amboise qui lui fut contestée par les co-héritiers. D’où naquit le procès dont il est question ici. Il n’était point terminé à la mort de Jean Ier et fut repris par le tuteur de Jean II, contre Louis d’Amboise, vicomte de Thouars. (Le P. Anselme, Hist. généalogique, t. V, p. 11.)

Jean Ier de Sainte-Maure et Jeanne des Roches, sa femme, réclamèrent aussi une part de la seigneurie de Mortagne-sur-Sèvre à Jean de la Haye, sr de Passavant, Isabelle de Vivonne et Pierre de Brézé, qui la tenaient par indivis. (Long et curieux arrêt du 31 janvier 1420 n.s., Arch. nat., X1a 9190, fol. 75.)

Jean II soutint encore d’autres procès, qu’il nous suffira de mentionner sommairement. Une affaire criminelle, dont l’origine n’est pas nettement établie, était pendante, le 9 juin 1430, entre le sr de Montgauguier et Philippe d’Orgemont, chevalier, sr de Méry, d’une part, et Jean Mauliart. A cette date, celui-ci obtint son élargissement et un sursis jusqu’à la Saint-Martin suivante. (X2a 21, fol. 134 v°.)

Le 7 juillet 1433 et le 7 juin 1434, Jean procédait contre Geoffroy de Trémarret et Isabelle Goyon, sa femme, auxquels il réclamait la tierce partie de la seigneurie de Berrie. (X1a 9200, fol. 171 v°, 248.) Du 7 juin 1432 au 15 novembre 1435, on trouve le sr de Montgauguier engagé dans une autre contestation judiciaire, commencée du vivant de son père, contre Pierre sr de la Rocherousse. Marie de Sainte-Maure, sa tante, lors de son mariage avec Pierre de la Rocherousse, le père, avait eu en don la terre de Rivarennes ; il paraît qu’il avait été stipulé qu’après le décès de son mari, cette terre ferait retour aux frères ou neveux de Marie et ne deviendrait pas l’héritage de ses enfants. (X1a 9194, fol. 17, 83 et v°, 85 v°, 86 ; X1a 9200, fol. 286.)

 La cour s’étant montrée disposée à reconnaître le droit prétendu par Jean de Sainte-Maure sur Rivarennes, le sr de la Rocherousse déposa en garde au greffe une somme de 100 royaux d’or « pour certaines erreurs qu’il entendait proposer » contre un arrêt rendu au profit du sr de Montgauguier. (Acte du 16 juillet 1435, X2a 21.) Jean II de Sainte-Maure décéda avant l’année 1463. A cette époque, sa veuve plaidait contre un fils du premier lit.

(39) Jean de Norry, fils de Pierre, chevalier, conseiller et chambellan de Charles VI, et de Jeanne de Montboissier, fut élu en 1433 archevêque de Vienne, siège qu’il occupait encore en 1437 et qu’il parait avoir gardé jusqu’à sa mort arrivée en octobre 1438. (Gallia christ., t. XVI, col. 113.)

(40) Robert de Rouvres, d’abord évêque de Séez, occupait le siège de Maguelonne depuis un an et demi. (Voy. ci-dessus, p. 23, note 3.)

(41) Sur ce personnage, cf. ci-dessus, p. 27, note 2.

(42) Robert Le Maçon, seigneur de Trèves en Anjou. (Vol. précédent, p. 298, note 2.)

(43) Jean Malet, sire de Graville et de Marcoussis, grand-maître des arbalétriers, de 1427 à 1449.

(44) Jean V, sire de Bueil, Montrésor, Saint-Calais, etc., comte de Sancerre, conseiller et chambellan du roi, fils de Jean IV et de Marguerite dauphine d’Auvergne, dame de Marmande, personnage des plus considérables du règne de Charles VII, fut créé amiral de France après la mort de Prégent de Coëtivy (1450) et vécut jusqu’au 7 juillet 1477. M. Camille Favre a placé en tête de l’édition du Jouvencel, texte établi et annoté par M. Léon Lecestre, publié par la Société de l’Histoire de France, une importante et très complète biographie de Jean V sire de Bueil (Paris, 2 vol. in-8°, 1887).

 La duchesse d’Anjou, Yolande, reine de Sicile, lui engagea la baronnie de Mirebeau, pour le prix de 11000 réaux d’or, par acte du 20 février 1431 n.s., et René d’Anjou la lui racheta les 8 et 15 mars 1448 n.s. (Arch. nat., P. 1340, cotes 260, 1 à 6.)

(45) Hardouin VIII, baron de Maillé, né en 1383, encore vivant en 1466, alors grand-maître d’hôtel de la reine Marie d’Anjou et membre du conseil du roi. Il avait épousé Perrette d’Amboise, dame de Rochecorbon.

(46) Le Dictionnaire des familles du Poitou contient quelques notes sur divers membres de cette famille originaire des environs de Thouars et cite deux actes, l’un du 17 février 1434, l’autre du 21 juin 1437, dans lesquels André Chambret paraît en cette même qualité de notaire. (Nouv. édit., t. II, p. 225.)

Le 5 mars 1426 n.s., Jean Chambret, procureur de la vicomté de Thouars, était poursuivi au criminel par un nommé Jean Cartaut, ainsi que Jean Barret, sénéchal, et Jean Colas, châtelain dudit lieu. (Arch. nat., X2a 18, fol. 90.)

 (47) Charles VII, pour rentrer en possession de Lusignan, la plus forte place du Poitou, engagée à Georges de La Trémollle en garantie de gros prêts faits au roi dans le courant de 1428, lui donna, le 12 juillet 1432, les « villes, enasteaulr et chastellenies, terres et seigneuries d'Amboise, Monterichart et de Blairé en Touraine ». (Les La Trémoïlle pendant cinq siècles, t. I, p. 198.)

 En 1488, Charles VIII pour récompenser Louis de La Trémollle de ses services lui rendit la vicomté de Thouars acquise par Louis XI, en 1462, sous condition de renoncer à la seigneurie d'Amboise (Id., II, p. 114).

 

 

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