1241 Blanche de Castille, reine de France, Saint Louis et son frère Alphonse séjournent à Lusignan

Souvent on s'est plaint de la sécheresse de nos anciennes chroniques; souvent on a déploré la rareté ou même l'absence de ces correspondances intimes qui jettent de si vives lumières sur les événements d'un règne, en nous initiant aux secrets de la politique et en nous dévoilant les pensées et les intentions des personnages qui ont joué un rôle important sur la scène du monde.

Ces plaintes et ces regrets sont malheureusement trop fondés : antérieurement au quatorzième siècle, nous sommes à peu près complètement dépourvus de ces documents qui donnent la vie à l'histoire, et que d'ingénieuses inductions ne sauraient remplacer.

Une lettre confidentielle adressée à une reine de France, à la mère de saint Louis, est donc une pièce qui mérite d'être mise au jour, surtout quand elle se rattache à l'un des principaux épisodes de l'histoire du treizième siècle.

Tel sera, je l'espère, l'avis de mes lecteurs quand ils connaîtront le morceau dont je vais les entretenir.

 

C'est une lettre close dont l'original se conserve à la Bibliothèque impériale (1).

Cette lettre a été écrite, en caractères fort déliés, sur le recto d'une feuille de parchemin, longue de 40 centimètres, large de 17. On se rend aisément compte de la manière dont elle a été fermée.

Le parchemin a été replié un grand nombre de fois sur lui-même, pour être réduit à un carré d'environ 5 centimètres de côté.

C'était un format bien exigu ; mais, quand on aura lu la lettre, on ne s'étonnera pas que l'auteur ait pris des mesures qui permettaient de la dérober facilement à des regards indiscrets. Après avoir été pliée, la lettre a reçu une adresse : Domine regine Francorum ; puis on a pratiqué une incision, pour faire passer à travers tous les plis, soit une bandelette de parchemin, soit un écheveau de soie, dont les extrémités ont été arrêtées sous un sceau en cire verte.

 C'était la manière ordinaire de cacheter les lettres au treizième et au quatorzième siècle (2) .

Comme beaucoup de lettres missives, la pièce dont je m'occupe est entièrement dépourvue de date ; mais il y a peut-être moyen de découvrir à quelle époque elle a été écrite.

 

À cet effet, j'examinerai les passages relatifs :

1° A une princesse appelée domina regina Marchiae;

2° A une reine de France, mère du roi ;

3° A un comte de Poitiers ;

4° Au séjour des enfants de la reine de France à Lusignan ;

5° A une cour plénière tenue à Poitiers par le roi et la reine de France ;

6° A une conspiration formée en Poitou et en Guienne contre les Français.

Je reprends chacun de ces points.

1° La princesse appelée domina regina Marchiae ne peut être qu'Isabelle, fille d'Aimar, comte d'Angoulême, veuve de Jean sans Terre, roi d'Angleterre, et femme de Hugue de Lusignan, comte de la Marche.

Isabelle, qui, dans le principe, avait été promise à Hugue IX, comte de la Marche, et non pas à son fils, depuis appelé Hugue X , finit par épouser celui-ci, non pas en 1217, mais en 1220, et mourut, non pas en 1245, mais en 1246 : je donnerai à part (3) les raisons qui me déterminent à m'écarter sur ces points de l’Art de vérifier les dates.

La lettre, qui rend un compte détaillé des intrigues de la reine-comtesse, est donc postérieure à 1220 et antérieure à 1246.

2° Elle est adressée à la reine de France, mère du roi.

 La seule reine mère qui ait vécu en France entre les années 1220 et 1246 est Blanche de Castille.

C'est donc à Blanche, et postérieurement à l'avènement de saint Louis (1226), que la lettre a été écrite.

3° Cette lettre suppose l'existence d'un comte de Poitiers. Or, depuis 1226 jusqu'en 1241, le Poitou a été réuni à la couronne; ce fut seulement au mois de juillet 1241 que saint Louis l'en détacha pour en investir son frère Alphonse. (4)

Cette circonstance limite assez étroitement le champ de nos recherches : d'une part, nous ne devons pas remonter au delà de 1241 ; d'autre part, nous ne saurions descendre au delà de 1246.

4° Quelque temps avant l'envoi de la lettre, les enfants de la reine de France avaient séjourné à Lusignan. Ici il s'agit évidemment de saint Louis et d'un de ses frères, Alphonse, comte de Poitiers.

Le voyage de saint Louis à Lusignan n'est mentionné ni dans l'ouvrage de Le Nain de Tillemont, ni dans l'itinéraire dressé par les éditeurs du XXIe volume du Recueil des historiens ; mais nous possédons une charte d'Alphonse datée de Lusignan, au mois de juillet 1241 (5).

5° Le roi venait de tenir sa cour à Poitiers. La présence de saint Louis à Poitiers pendant le mois de juillet 1241 est attestée par les chartes (6) et par le sire de Joinville (7) .

6° II se formait alors en Poitou, en Saintonge et en Guienne une vaste conspiration, dont les meneurs avaient pour but d'arrêter les progrès de la domination française dans ces contrées.

C'est incontestablement la conspiration qui, selon Mathieu Paris, éclata au mois de décembre 1241 (8) et qui fut étouffée par saint Louis dans le courant de l'année suivante.

 Pour le démontrer, analysons brièvement le contenu de la lettre.

Dans une cour plénière tenue à Poitiers, le comte de la Marche se soumet à saint Louis et lui abandonne quelques-unes de ses prétentions. Mais, à l'instigation de sa femme, il ne tarde pas à se repentir, et il organise un soulèvement général.

Il a pour complices le comte d'Eu et Geoffroi de Lusignan. Le fils de Renaud de Pons assiste à un des conciliabules.

C'est à Parthenai qu'a lieu la première réunion des conjurés.

Tous les barons de la Saintonge entrent dans le complot, sauf Geoffroi de Rançon.

On forme le projet de bloquer la Rochelle du côté de la mer et de ravager les environs de cette ville.

Le comte de la Marche fortifie le château de Frontenai.

Tels sont les faits consignés dans la lettre. Je vais successivement les mettre tous en regard de ce que les historiens et les documents contemporains nous ont appris sur les événements de 1241-1242.

Dans une cour plénière tenue à Poitiers, le comte de la Marche se soumet à saint Louis et lui abandonne quelques-unes de ses prétentions. — Nous avons un acte daté de Poitiers, au mois de juillet 1241, par lequel Hugue de Lusignan, comte de la Marche et d'Angoulême, fait hommage à Alphonse, frère de saint Louis, et lui abandonne Saint-Jean d'Angely avec la terre d'Aunis (9) .

Le comte de la Marche, à l'instigation de sa femme, ne tarde pas à se repentir de cet abandon; il organise un soulèvement général. — Mathieu Paris (10), Guillaume de Nangis (11) et le sire de Joinville (12) nous ont conservé différents détails sur la révolte qui suivit la soumission du comte de la Marche en 1241-1242, et sur la part qu'y prit la reine Isabelle, sa femme.

Le comte de la Marche a pour complice le comte d'Eu. — Le comte d'Eu était Raoul d'Exoudun (et non pas d'Issoudun). Son père, Raoul d'Exoudun, seigneur de Melle en Poitou (et non de Mello en Beauvaisis), dépouillé du comté d'Eu par Philippe-Auguste, était mort, non pas au siège de Damiette, mais en Poitou, au service de Henri III, au mois d'avril ou de mai 1219.

 Sa mère, Alix, dont la mort a sans motif été rapportée à l'an 1227, vivait encore en 1242, et possédait dévastes domaines dans plusieurs comtés d'Angleterre. J'établirai ces faits dans une note particulière (13) ; il suffit maintenant de les avoir énoncés pour faire voir la ligne de conduite que le comte Raoul dut suivre dans les événements de 1241-1242.

 

Il se joignit au comte de la Marche, son cousin germain, pour ne pas rompre les traditions de famille qui le poussaient à prendre parti pour les Anglais.

 

Geoffroi de Lusignan est un des conjurés. — - Guillaume de Nangis (14) a raconté comment saint Louis assiégea et prit, en 1242, les châteaux de Geoffroi de Lusignan.

De plus, nous avons l'acte, en date du 6 juin 1242, par lequel ce même Geoffroi fait sa paix avec saint Louis (15) .

Le fils de Renaud de Pons assistait à un conciliabule. — En 1242, Renaud de Pons se déclara ouvertement contre saint Louis (16), auquel, toutefois, il ne tarda pas à se soumettre (17).

C’est à Parthenay qu'a lieu la première réunion des conjurés. — Il est hors de doute que Guillaume l'Archevêque, seigneur de Parthenay, s'associa à la révolte de 1241-1242.

Plusieurs lettres de Henri III sont là pour l'attester (18).

Tous les barons de la Saintonge entrent dans le complot, sauf Geoffroi de Rançon.

 

— Nous savons qu'en 1242 Henri III fit de vaines tentatives pour s'attacher Geoffroi de Rançon, seigneur de Taillebourg (19) ; la fidélité de ce baron au roi de France fut récompensée, en septembre 1242, par une pension viagère de 500 livres tournois (20). Nous avons le testament de Geoffroi, en date du mois d'août 1258 (21).

On forme le projet de bloquer la Rochelle du côté de la mer et de ravager les environs de cette ville. — Tel fut en réalité le plan qu'on suivit en 1242.

Plusieurs lettres de Henri III sont relatives aux bâtiments qui croisaient devant la Rochelle (22), et une enquête faite quelques années plus tard témoigne du profond effroi que l'apparition de ces bâtiments avait jeté sur les côtes de l'Aunis (23).

Le comte de la Marche fortifie le château de Frontenai.

Le siège de Frontenai par saint Louis est l'un des principaux épisodes de la campagne de 1242 (24).

Ces coïncidences sont trop précises et trop nombreuses pour qu'il soit permis de douter que les faits consignés dans la lettre ne se rattachent à la conspiration qui éclata en décembre 1241.

La date de la lettre est donc comprise entre les mois de juillet et de décembre 1241.

Une seule objection peut être faite à cette date.

On voit dans la lettre que la comtesse de Chartres assistait avec sa sœur l'abbesse à la cour plénière de Poitiers.

La comtesse de Chartres dont il est ici question ne peut être qu'Isabelle, fille de Thibaud le Bon ; cette dame, successivement mariée à Sulpice d'Amboise et à Jean d'Oisi (25) (mais jamais au comte de Beaumont-sur-Oise, comme l'a avancé M. Henri Martin (26), posséda le comté de Chartres depuis 1218 (27) jusqu'en 1248 (28) .

Elle avait bien une sœur, nommée Alix, qu'on trouve portée sur le catalogue des abbesses de Fontevraud (29) ; mais, suivant le Gallia Christiana (30), Alix de Blois aurait été abbesse en 1209 et 1211, et elle aurait été remplacée par Berte, dès l'année 1217.

Si telle était la succession des abbesses de Fontevraud, il serait impossible de s'arrêter à la date que je viens d'indiquer. Remontons donc aux sources originales, et, s'il y a moyen, modifions le catalogue rédigé par les bénédictins.

Une abbesse du nom d'Alix (A., Aalizia, Adalidis, Adelidis, Adilidis, Adilis, Aelidis, AL, Azilidis, Azilis), est mentionnée dans plusieurs actes des années 1207 (31) 1208 (32), 1209 (33) 1210 (34) 1211 (35) 1212 (36), 1214 (37) et 1216 (38).

Une abbesse appelée Berte figure dans différents actes des années 1217 (39) 1218 (40), 1219 (41), 1220 (42) 1221 (43) 1223 (44) 1224 (45), 1225 (46) et 1227  (47)

Une abbesse nommée Alix (A., Adelicia, Adelitia, Adilidis, Adilis, Alaydis, Alix, Aylidis, Aylis) paraît dans plusieurs actes des années 1228 (48) 1232 (49), 1236 (50) 1238 (51) 1239 (52) 1241 (53) et 1243 (54).

 

Voilà ce que nous voyons dans les chartes.

 

Si maintenant nous ouvrons les obituaires de Fontevraud, nous trouvons : — d'abord, au 25 mai, Berte, abbesse (55) ; — puis, au 11 octobre, Alix de Blois, abbesse (56) ; — enfin , au 29 octobre, Alix de Bretagne, abbesse (57).

De ces renseignements il résulte : — 1° que, dans la première moitié du treizième siècle, l'abbaye de Fontevraud a été successivement gouvernée : par Alix, Ire du nom, de 1207 à 1216; par Berte, de 1217 ta 1227, et par Alix, IIe du nom, de 1228 à 1243; — 2° que l'une des Alix appartenait à la maison de Blois, et l'autre à celle de Bretagne.

 Reste à savoir laquelle appartenait à la maison de Blois, laquelle à la maison de Bretagne.

Les bénédictins ne paraissent pas avoir connu de documents qui leur permissent de résoudre cette question. C'est, je crois, le hasard qui les a décidés à faire passer Alix de Blois au premier rang. Mais le hasard les a mal servis.

En effet, Alix de Blois administrait l'abbaye de Fontevraud en 1229 : ce point est mis hors de doute par la notice d'un plaid dont je donne les premiers mots au bas de cette page (58).

 

Ainsi la succession des abbesses de Fontevraud doit s'établir de la manière suivante :

Alix de Bretagne, depuis 1207 jusqu'en 1216 ;

Berte, depuis 1217 jusqu'en 1227;

Alix de Blois (sœur de la comtesse), depuis 1228 jusqu'en 1243.

Ce n'est donc pas la mention d'une abbesse, sœur de la comtesse de Chartres, qui empêche d'attribuer à l'année 1241 la pièce que je commente.

 

Je demande à présent la permission de consacrer quelques lignes à la mémoire de l'abbesse mentionnée dans notre lettre. C'est une pieuse princesse, une proche parente de saint Louis, dont le nom ne doit pas rester dans un oubli complet.

 

De son mariage avec Alix, fille du roi Louis VII et d'Éléonore de Guienne, Thibaud le Bon, comte de Blois, eut plusieurs enfants, et notamment trois filles : Marguerite, Isabelle et Alix.

 

Les deux premières sont déjà citées dans les chartes de leur père en 1182 (59) et 1183 (60). Je n'y ai pas vu figurer la troisième avant l'année 1189 (61). Elle n'avait pas dû naître bien avant cette époque : car elle n'était âgée que d'environ quarante ans (62) lorsque le gouvernement de Fontevraud lui fut confié en 1227 ou 1228.

Peu de temps après la naissance de sa dernière fille, le comte Thibaud mourut en terre sainte.

Il fut remplacé par Louis, son fils aîné, qui dans les chartes des premières années de son administration (1191 (63), 1193 (64) et 1194 (65))  associait d'ordinaire à ses charités ses trois sœurs, Marguerite, Isabelle et Alix.

Dans les actes plus récents (1200 (66) 1201 (67) et 1202 (68)), le dernier de ces noms disparaît.

C'est qu'Alix avait été vouée, pour ainsi dire, dès le berceau à la vie religieuse ; elle ne devait pas avoir dix ans quand elle prit le voile dans l'abbaye de Fontevraud (69) .

Asile de la piété et de la grandeur, ce cloître renfermait alors plus d'une religieuse que les liens du sang rattachaient à la maison de Blois (70).

Alix y trouva une tante nommée Marguerite, qui développa sans doute dans son âme le goût de la vie monastique. La princesse y fit de tels progrès, que, bien jeune encore, elle fut mise, en 1227 ou 1228, à la tête d'un des principaux monastères de la chrétienté.

 

 

Elle se fît remarquer par une sage administration (71) et par l'énergie qu'elle déploya pour la défense des privilèges de son ordre (72). Pleine de sollicitude pour les besoins.de ses filles (73) , elle abandonna complètement à sa communauté l'usage des revenus qui lui avaient été personnellement donnés par son frère, Louis, comte de Blois (74), par sa grand'mère, la reine Eléonore (75), par sa nièce Mathilde, comtesse de Chartres,(76), et par son cousin Richard , comte de Cornouaille (77) .

Cousine germaine de saint Louis, l'abbesse de Fontevraud eut l'insigne honneur de siéger près du roi dans la cour plénière qui se tint à Poitiers, en 1241 (78).

C'est sans doute vert cette époque qu'elle reçut de saint Louis et de la reine Blanche une somme de 500 livres (79).

J'ignore les motifs qui déterminèrent Alix à se démettre des fonctions d'abbesse vers l'année 1244 (80). Elle vivait encore au mois d'août 1250 (81), et peut-être aussi en 1252 (82).

Elle mourut au plus tard en 1266 (83).

On célébrait son anniversaire le 11 octobre : ce jour-là, pendant plusieurs siècles, on a récité au chapitre de Fontevraud un touchant éloge de la princesse qui avait comblé le monastère de bienfaits, remis en ordre les affaires de la maison, et donné, dans la longue carrière qu'elle avait fournie, l'exemple de toutes les vertus monastiques (84).

La pièce dont je crois avoir établi la date dans les paragraphes précédents a subi quelques mutilations. Le temps en a rongé la marge inférieure et a détruit presque en entier la formule de salutation qui terminait la pièce. Cette formule comprenait une vingtaine de lettres, dont il ne reste plus que la première : V, et les deux dernières iu.

Il est permis de supposer qu'il y avait Valeat majestas (ou bien un mot équivalent, tel que sublimitas, excellentia ou dominatio) vestra diu. Différentes lettres adressées, soit à saint Louis, soit à sa mère, fournissent des exemples qui justifient l'une ou l'autre de ces restitutions (85).

La convenance du du terme majestas pourrait toutefois être contestée depuis que M. Henri Martin (86) a prétendu que « Hugue Capet, en se faisant donner le titre de majesté, avait établi comme des réserves d'avenir, mais que ce titre, bientôt abandonné, ne devait reparaître que sous le destructeur de la grande vassalité, sous Louis XI. »

 J'ai donc cru nécessaire de réunir, à la fin de ce mémoire (87), l'indication d'un certain nombre de documents authentiques dans lesquels les successeurs de Hugue Capet ont pris ou reçu le titre dont M. Martin attribue la restauration à Louis XI. J'en ai recueilli des exemples nombreux et variés pour tous nos rois, depuis Robert jusqu'à saint Louis inclusivement.

Il n'eût pas été difficile de pousser ce travail jusqu'aux temps modernes; mais les documents du onzième, du douzième et du treizième siècle suffisent pour réduire à sa valeur l'assertion de M. H. Martin, et pour autoriser à rétablir les mots majestas vestra dans un texte relatif à la reine Blanche. Là, l'emploi de ces mots est d'autant plus légitime, qu'ils se trouvent dans deux lettres adressées à la même princesse par le couvent d'Almenèches (88) et par le chapitre de Coutances (89).

J'ai essayé de restituer les mots que le temps a détruits à la fin de notre document.

Au commencement se trouve une autre lacune : la première ligne et la moitié de la seconde n'existent plus. Les mots humilis serviens si placet, qu'à la rigueur on peut encore déchiffrer au bout de la première ligne, montrent qu'à l'endroit lacéré devaient se trouver, d'abord, conformément à une règle invariablement observée au treizième siècle (90), le nom de la reine à qui la lettre était adressée, puis le nom de l'auteur de la lettre, avec les épithètes et les formules de salut en usage à cette époque.

La mutilation que je signale n'est point l'œuvre du temps ; c'est une main intelligente qui la exécutée : on a voulu tenir caché le nom du dénonciateur d'une conspiration.

Ce dénonciateur avait lui-même exprimé le désir de rester dans l'ombre, puisqu'au commencement de sa lettre il priait de la faire lire par un homme sûr, de manière qu'on ne s'aperçût pas qu'il avait fait des révélations.

Je n'essayerai pas de pénétrer le mystère. Ce qui est certain , c'est que le dénonciateur habitait la Rochelle, qu'il n'en était ni maire, ni prévôt, ni châtelain, qu'il entretenait cependant des relations habituelles et suivies avec la cour de France, qu'il ne manquait pas d'expérience dans les affaires, enfin qu'il avait reçu une éducation assez soignée pour écrire aisément lui-même une longue page dont les traits dénotent une main exercée, pour citer au besoin la Bible et Horace, et pour exprimer ses idées dans un style qui n'est dépourvu ni de facilité ni même d'élégance.

Si j'allais plus loin, je craindrais d'être téméraire. D'ailleurs les noms propres qu'on pourrait mettre en avant ne changeraient pas le caractère de la pièce et n'en augmenteraient guère l'intérêt.

Pour comprendre la lettre, il suffit de se rappeler que l'auteur, en sa qualité d'habitant de la Rochelle, était tout dévoué à la cause de saint Louis.

 

On sait que cette ville, conquise par Louis VIII en 1224, avait été dès lors comblée de privilèges par ce prince et par ses fils (91) .

 C'était un poste avancé d'où la royauté surveillait les provinces anglaises du sud-ouest de la France, et le seul port qui pût abriter la flotte de saint Louis sur les côtes de l'Océan.

Il est temps de donner le texte même de la lettre :

DOMINE REGINE FRANCORUM.

….Quando nuper recessi a vobis Parisius, veniens apud Leziniacum, ibidem plura audivi et vera, que vobis mando scribta manu propria.

Nec vos tedeat longa littera, quia aliter omnia hec mandare non possem intègre.

Immo, si placet, diligenter legi ea faciatis ab aliquo familiari, ne perpendatur me hoc mandasse.

Ea enim que scio esse bona vestra et domini régis, per juramentum meum, nolo nec debeo subticere.

 Sciatis siquidem quod, quando domini mei filii vestri fuerunt apud Leziniacum, domina regina Marchie ibi veniens postea, quasi furiosa, ut audistis, sicut credo, quia ibi jacuerant, de Castro pannos cum archis et culcitras, tripedes etiam, calderias et omnia domus utensilia et ornamenta magna et parva, que dedecus esset dicere per singula, et etiam béate Marie ymaginem, cum pannis altaris omnibus et ornamentis capelle, rapiens, secum defferri fecit versus Engolismam.

Quod videns comes, dolens valde, dixit ei humiliter et devote quare castrum ita turpiter spoliabat; sed emeret tot et tanta ornamenta apud Engolismam, et ipse ea solveret libenter.

 « Fugite, dixit illa tunc, non remaneatis in conspectu meo, vilis super omnes et abjectus et obprobrium tocius populi, qui eos honoravistis qui exhere- dantvos, nunquamde cetero [vos] videbo.

» Ille vero post biduum sequtus est earn apud Engolismam, ubi civitatem intrans non potuit intrare casttum, ubi ilia erat; immo per très dies continuos comedit et jacuitin domo Templi ante fores castri.

Postea vero obtinuit, aliquo mediante, quod loqueretur cum ilia; ubi quando venit, primo impetu, ipsa valde lacrimata est, ut, propter hoc et propter ea que diceret, ipsum incitaret ad furorem.

At ilia dixit: « Deterior omnis viventis, nonne vos vidistis apud Pictavim, ubi expectaveram per triduum, ut satisfacerem régi vestro et regine, quod, quando veni coram ipsis in .camera, sedebat rex, ex una parte lecti, et regina, cum comitissa Karnotensi et sorore sua abbatissa, ex altéra, nec me vocaverunt nee sedere fecerunt cum ipsis, istud ex industria facientes, ut vilem me redderent coram gente ; vilis namque eram que quasi quedam fatua soldaria eram stando inter populum coram ipsis ; nec in adventu vel recessu meo aliquantulum surrexerunt, me, sicut vosmet talis qualis vidistis, vilipendentes.

Et pre dolore etverecundia non possum verbum consummare; qui dolor et ira, plusquam etiam exheredacio terre nostre, quam nobis ita perverse abstulerunt, me occidet, nisi Deo dante inde peniteant, aut doleant, aut de suo proprio perdant.

Vel ego perdam quicquid habeo, vel moriar in hac pena. »

Tunc comes, prout ilium benignum scitis, videns illam lacrimosam, hiis auditis, valde commotus dixit : « Domina, précipite ; quicquid potero faciam; hoc sciatis. » — « Aliter, dixit ilia, nun- quam a modo jacebitis mecum, nee vos videbo. »

 Et ipse tunc forcius anathematizabat se facere velle suum.

Postea siquidem, de ejus consilio, cum comité Augi, G. de Leziniaco et omnibus baronibus et castellanis Pictavie habuit comes colloquium apud Partiniacum.

Et dixerunt aliqui quod, exheredato comité Marchie, quod jam feceratis, propositum vestrum erat comiti Augi aufferre castra habita de dono régis Anglorum, G. de Leziniaco militi et omnibus aliis paulatim.

« Et maxime cum Gallici, dixit quidam, semper odio habeant nos Pictavenses, sicut consueverunt. Omnia subpeditare volent et capere in dominio suo et conquestis, et vilius quam Normannos vel Albigenses nos tractabunt, cum etiam quidam solus garcifer régis faciat beneplacitum suum in Campania, Burgundia et in omni terra, quod nullus baronum aliquid ausus est attemptare sine mandato suo, tanquam servi.

Ego vero mallem, dixit ille, esse mortuus et vos omnes quam sic esse; quia etiam burgenses, dixit ipse, timent eorum dominium propter superbiam garciferorum suorum, cum longe sint a curia, пес illuc possint ire, et ideo destruhuntur. Preparemus ergo nos ad resistendum fortiter, ne omnes insimul pereamus :

Nam tua res agitur, paries cum proximus ardet.

Tunc jurati et confederati sunt omnes male; sed modům adhuc nescio; sed earn bene sciam.

Exinde venerunt omnes apud Engolismam loqui cum regina, que more non solito eos honoravit multum, taies etiam quos non diligebat, et coram ipsa iteraverunt pacta sua.

Postea vero venerunt apud Pontem, ubi fuit senescallus Wasconie, qui de novo venerat cum clerico filio R. de Ponte de Anglia, ubi clericus missus fuerat, sicut audistis, domina, apud Vicenes.

Ibi fuerunt omneš barones, castellani et potentes Wasconie et Agennesii et majores Burdegale, Bayone, Sancti Emelyonis (92) et de Régula, et omnes scabini, et comes Bigorritanus (93) et omnes castellani episcopatus Xanctonensis, excepto domino G. de Ranconio, qui est illius terre.

Et fuit magna multitudo et numerus illorum. Qui omnes unanimiter dixerunt quod, si subjugati fuerint Gallicis, destruhentur : nunc enim terra sua est, et faciunt quicquid volunt, quia pro rege Anglorum, etiam apud Burdegalam vel Bay onam, non faciunt valens ovum; et dat eis et baronibus satis ; et Gallici aufferrent sua sibi.

Hoc dicebant aliqui ad hoc instructi. In fine confederati sunt et jurati. Illuc misi nuncium meum, qui presens erat in villa, et diu antea ad vos misissem; sed finem colloquii expectabam.

Ici on aperçoit sur l'original un léger changement dans l'écriture. Ce qui suit est un post-scriptum aussi long et non moins intéressant que le corps de la lettre; il a été écrit au retour du messager.

Proloqutum est inter ipsos quod Burdegalenses et Bayonenses, qui sunt marinarii super omnes et domini maris, ut pote qui habent naves et galeas ultra modum, et sciunt omnia talia, venient coram Rupella, perturbantes bladum, quod non provenit in Rupella, nisi vina, et alias mercandisias villam intrare, et vina exire; et comburent domos cum torcularibus et cellariis et vinis circa Rupellam, que sunt miri valoris, saltim de noctibus.

Et ad hoc solvent gagia galiotorum et servientium decem galearum (quod maximum est) comes et regina clam; et Burdegalenses aliarum decem, quia Burdegalenses semper habent Rupellam odio, et propter hoc dant Bayonensibus, qui habent omne posse maris, quod semper habeant de quolibet tonello vini quod transibit per Girondam ad mare, de omni Wasconia et de Muissacet de Bragerac, XII nummos, ut sint in eorum conductu, et eos juvent contra Rupellam; non tamenita cito poterunt preparari, et dicent tune quod hoc faciunt propter veteres injurias quas nos de Rupella fecimus eisdem, ut dicunt. Nee de dicta consuetudine tonellorum solvenda Bayonensibus accipient licentiam Burdegalenses a rege Anglie, nee de guerra, ut dicunt, désistent propter ipsum.

Barones vero in diversis locis et a diversis personis facient per terrara guerras moveri, et comes et alii plures se dicent hoc nescire. Interim vero omne bladum omnis generis emit comes et ponit in castris suis, inhibens et perturbans ne de terra sua apud Rupellam vel alibi bladum defferatur.

Quod dominus rex et comes, si vobis, domina, placuerit, debent bene ei mandare ut désistat, cum terre vicine debeant esse participes, et de una ad aliam victualia defferri. Mirabiliter facit comes muniri Frontiniacum castrum suum, quod est in via de Niorto ad Rupellam, ut, si locus fuerit, adventus et exitus Rupelle et rerum omnium que de Francia et Flandria illuc feruntur, si poterit, sic perturbet; et sic esset villa nostra solummodo pro bladi retencione obsessa ; et jam est karum valde propter hoc? et karissimum erit.

Sed vos, Deo dante, bonum consilium, sicut semper fecistis, in satis majoribus casibus super hoc apponetis. Gaveatis, domina, si ad comitem et reginam miseritis, ne rogentur, quia eos noví bene ; sed juste requirantur et pulcre.

Preces enim eum superbiorem redderent et reginam. [Jus]ta peticio cum bono effectu et audaci ipsos ad velle vestrum, velint nolint, facient proniores, nec credo quod hec faciant, nisi ad terrorem, sicut consueverunt, credentes, et in vanum, quod vos possitis a vestro bono corde per se (94) removeri, et exinde se lucrum aliquod reportare.

Tamen, domina mea, maximum bonum est pacis, si eos quoquo modo poteritis habere in pace, et peccatum mortalissimum est in guerra, quia Pictavia terra vestra in meliori statu est modo per Dei gratiam quam unquam fuerit temporibus regum Anglorum.

Hoc vere sciatis, quicquid vestri Pictavenses dicant, qui semper guerras volunt; sed veniet mors super illos, et archus eorum confringatur, et gladium eorum intret in corda ipsorum, quia, si guerram moveant, vere scio quod ex Dei erit providencia justa ut, quod pro bono pacis eis reliquistis de proprietate domini comitis Pictavensis gratis, perdent inviti et ingrati.

Et jus(tum] er(it quod mulctentur eo in) quo deliquerint. Et credo quod Dei cadet... sententia super illos, cum non diligantur a suis, et terra per semetipsam se reddet filio vestro, si ita fuerit, quamvis Burdegalenses et communie Wasconie sibi promiserint, si necesse fuerit, quingentos milites mittere paccatos, et quingentos servientes et balistarios équités, et mille pedites, servientes scilicet quingentos et totidem balistarios ; sed istud non timeo valens ovum, quia bene novi comitem et terram, nec ausi erunt se movere; quod si fecerint, cum perverse moveantur, sua omnia vestra erunt.

Cum autem comes Marchie et alii muniri et custodiri faciant castra sua et portas, domina, mandetis, si placet et si expedire vide- ritis, majoribus Rupelle et aliarum villarum ut, portas custodientes bene, nullus ibi intret nisi notus.

 Scio enim secretissime quod aliqui ignem, mediante peccunia, in villis, si poterint, facient apponi et comburi, et sic essemus mortui in Rupella.

Et garciferos vagos [et tenentes lupanar aperlum], proh dolor ! quod turpissimum est in Rupella, eici, si placet, mandetis majori (95) et preposito. Exinde enim exeunt villarum combustiones et multa mala; et in quodam lupanari hoc anno fuerunt duo homines interfecti. Mandetis castellano Rupelle quod servientes castrum non exeant ; quidam enim sunt mercatores equorum semper extra castrum, alii, salis, bladi et vini, valde divites ; alii sunt assidue in tabernis, et castellanus nunquam aut parum exit castrum.

Et super hoc articulo cavendum est, si placet : jacula enim que previdentur minus ledunt. Hec autem castellano et majorii de villa custodienda dixissem, sednolo quod perpendant me aliquid dicere de comité Marchie, nec quod hoc vobis mandaverim ullo modo, quia quidam, nescio qui, mandaverunt regine Marchie quod apud Vicenes cum domino rege loquebar turpia de ipsa. V …

On chercherait vainement dans les historiens contemporains la plupart des détails consignés dans cette lettre. Mais ce qu'il convient d'y remarquer de préférence, ce sont les notions qu'on y peut puiser sur le caractère du comte et de la comtesse de la Marche, sur la part que la reine Blanche prenait à l'administration du royaume après la majorité de son fils, et enfin sur les progrès du pouvoir royal dans l'ouest de la France.

Les traits sous lesquels l'auteur de la lettre nous a dépeint la reine Isabelle doivent être fort ressemblants, et le langage qu'il met dans sa bouche ne doit guère s'éloigner de la vérité.

Nous en avons pour garants plusieurs auteurs du treizième siècle. Tels étaient les emportements de cette princesse, qu'on l'appelait parfois Jésabel (96), et le bruit courut, en 1242, qu'elle avait voulu empoisonner saint Louis (97).

 L'ascendant qu'elle avait pris sur son mari n'avait point de limites. Il ne faut pas s'en étonner, puisque le comte était aussi pusillanime que sa femme entreprenante et audacieuse.

 

En voici un exemple frappant.

En 1242, le comte de la Marche invite le roi d'Angleterre à venir combattre saint Louis ; il parle d'un soulèvement général qui rend le succès infaillible. Henri III accourt plein de confiance; mais, à son grand étonnement, il se voit à peu près réduit à ses propres ressources et forcé de battre honteusement en retraite.

Il reproche alors au comte de la Marche de l'avoir induit en erreur sur la situation des choses.

Que fait alors le comte? Il jure qu'il n'est pas coupable. « Ce n'est pas moi, dit-il à Henri III, qui ai monté l'affaire; c'est ma femme. C'est elle, je le jure, qui a tout machiné à mon insu (98). »

La minorité de saint Louis avait fini, selon toute apparence, dans le cours de l'année 1236  (99).

Alors avait expiré, en droit, la régence de la reine Blanche; mais, en fait, cette princesse n'en continua pas moins de prendre une part très-active et très-directe à l'expédition des affaires et au gouvernement des États de son fils.

La lettre qui fait l'objet de ce mémoire n'est pas le seul monument qui nous montre quelle influence la reine Blanche avait conservée plusieurs années après que saint Louis était entré dans sa majorité.

 

 Il y a peu de temps, M. Douët d'Arcq a publié (100) une lettre datée du 13 octobre 1240, dans laquelle Guillaume des Ormes, sénéchal de Carcassonne, rend compte des opérations du siège de Carcassonne.

Il est fort remarquable que cette lettre soit adressée à la reine Blanche, et que le nom du roi n'y soit pas même prononcé.

Le sénéchal y parle toujours des gens de la reine (101) et du secours envoyé par la reine (102) ; c'est à la reine qu'il se propose d'aller exposer l'état du pays (103).

 

En un mot, Blanche de Castille dirigeait, en 1240, les affaires du Languedoc, comme nous venons de la voir, en 1241, diriger celles du Poitou (104).

 

Un point que notre rapport met hors de doute, c'est le mobile auquel cédèrent les barons qui levèrent en 1241 et 1242 l'étendard de la révolte.

Ils voyaient avec effroi les progrès du pouvoir royal; ils ne se résignaient pas à supporter l'autorité de ces baillis ou sénéchaux qui réprimaient avec une impitoyable rigueur les excès de la féodalité, et faisaient strictement observer jusqu'aux extrémités du territoire les décisions de la cour du roi.

Les barons ne se faisaient pas illusion : leur puissance s'amoindrissait de jour en jour, et la sévère administration de la reine Blanche consolidait l'œuvre commencée par les conquêtes de Philippe -Auguste.

Voici ce qu'un chevalier du vicomte de Chatelleraut disait, sous la foi du serment, vers le milieu du treizième siècle :

« J'ai vu un temps où les barons du Poitou étaient plus maîtres du pays et plus redoutés qu'ils ne le sont maintenant; ils ne craignaient pas le roi de France comme aujourd'hui (105). »

Mathieu Paris s'est aussi fait l'écho des plaintes de la haute noblesse du Poitou. « Les Français, dit-il, foulent sous leurs pieds cette malheureuse province ; ils abreuvent d'humiliations les habitants qui naguère, sous la protection du roi d'Angleterre, jouissaient d'une large liberté, source de toute espèce de biens (106) . »

Ce fut donc pour défendre une indépendance qu'ils voyaient leur échapper que les barons du Poitou et des provinces voisines formèrent, en 1241, une ligue avec la haute noblesse et les communes de la Gascogne.

Jalouse de reconquérir ses anciennes possessions françaises, l'Angleterre ne devait point rester en dehors de la conspiration.

Ce qui suffirait pour le prouver, c'est la présence au conciliabule de Pons du sénéchal de Gascogne (107), récemment arrivé d'Angleterre. Henri III n'était donc pas de bonne foi quand, plusieurs mois plus tard, il protestait de ses intentions pacifiques et reprochait à saint Louis de ne pas observer les anciennes trêves (108).

Il ne tenait ce langage que pour gagner du temps. Il savait, en effet, tous les détails du complot. Nous avons même la preuve qu'il avait puissamment encouragé la révolte.

 Peu de semaines avant que le comte de la Marche donnât le signal du soulèvement, Henri III s'était engagé, par un acte authentique, à remplacer en Angleterre les biens dont le fils du comte de la Marche pourrait être dépouillé « par suite de ma guerre, » dit le monarque anglais (109) .

Cet acte, rapproché de la lettre à la reine Blanche, montre sous son véritable jour l'origine et le caractère d'une campagne que les noms de Taillebourg et de Saintes ont à jamais rendue célèbre.

La lettre que j'ai publiée et commentée vient donc compléter d'une manière fort heureuse ce que Mathieu Paris, le sire de Joinville et Guillaume de Nangis nous ont raconté sur un des principaux événements du règne de saint Louis. A part cet intérêt d'un ordre supérieur, l'ordre parfait du récit, la clarté qui règne dans l’exposé des faits, et surtout l’art avec lequel les personnages sont peints et mis en scène, suffiraient pour assurer à la lettre une incontestable valeur. Acoup sûr, la découverte d’une correspondance étendue du même auteur permettrait d’ajouter un chapitre important à notre histoire littéraire du treizième siècle.

APPENDICE

I. Note sur les sceaux des lettres closes.

Au treizième et au quatorzième siècle, on connaissait plusieurs manières de fermer les lettres. Sur les pièces originales conservées à la Bibliothèque impériale, j'ai reconnu au moins quatre espèces de plis.

1° On pliait la lettre, puis on y pratiquait une ou deux incisions qui servaient à faire passer par tous les plis des lacs de soie ou une bandelette de parchemin dont les bouts étaient arrêtés sous le sceau. C'est ainsi qu'ont été fermées, d'abord la lettre d'un habitant de la Rochelle à la reine Blanche; ensuite deux lettres de Gilles, archevêque de Туг, adressées, l'une au cardinal de Sainte-Marie in Via Lata, le 23 novembre 1265 (l) ; l'autre à l'archevêque de Narbonne, le 26 février 1266 (2) ; enfin une lettre de Robert, archevêque de Reims, à son neveu Jean de Courtenai (1317-1324) (3).

2° On découpait au bas de la lettre une queue de parchemin ; on pliait la lettre, puis on y pratiquait une incision pour passer la queue. Cette queue, dont l'extrémité était prise dans la cire, servait encore à mettre l'adresse. J'ai observé cette manière de sceller sur une lettre que le duc de Bourgogne écrivit au comte de Flandre, le 10 janvier 1317 (4).

3° On pliait la lettre, puis on la mettait sous une bande qui recevait l'adresse, et dont les bouts étaient pris, soit dans la cire, soit entre la cire et un carré de papier collé sur la cire. Exemple : lettre de l'évêque de Carcassonne au sénéchal de Beaucaire, le 29 octobre 1294 (5).

 

Je sais qu'il est assez rare de rencontrer des sceaux protégés par une feuille de papier avant la seconde moitié du quinzième siècle. Mais l'usage en est cependant bien plus ancien. M. de Wailly (6) en a cité un exemple remontant à l'année 1385, et on peut observer cette particularité sur une vingtaine de pièces des années 1309-1311, qui se conservent à la Bibliothèque impériale (7) Je ne doute pas non plus qu'on n'ait recouvert de papier le sceau de la lettre de l'évêque de Carcassonne que j'ai mentionnée tout à l'heure.

4° On pliait la lettre de manière que l'une' des deux extrémités pût être engagée entre les replis de l'extrémité opposée. Le sceau s'appliquait au point de réunion. C'est ainsi que le sire de Joinville a fermé la lettre qu'il écrivit en 1315 au roi Louis le Hutin (8).

A l’une ou à l'autre de ces manières de fermer les lettres, il faut probablement rattacher les traces des sceaux qu'on voit au dos de certains actes des empereurs d'Allemagne. Bien que M. Huillard- Bréholles, dans son récent mémoire sur l'emploi du papier de coton et des sceaux plaqués dans les actes de l'empereur Frédéric 11 (9), n'ait point proposé cette explication, je crois qu'on en peut démontrer l'exactitude.

En effet, les pièces au dos desquelles le savant auteur de l’Histoire diplomatique de Frédéric II a signalé des traces de sceaux plaqués sont toutes des lettres missives, et la description qu'il en donne n'empêche pas de supposer que ces lettres ont été pliées et cachetées. Mais je n'en suis pas réduit à une pure hypothèse. En effet, pour montrer que, « à l'imitation du souverain, les grands dignitaires se servaient aussi de sceaux plaqués, » M. Huillard-Bréholles cite (p. 22) une lettre adressée à Philippe-Auguste en 1212, par le chancelier Conrad, évêque de Metz et de Spire. J'ai vu cette lettre (10), et je puis affirmer qu'elle a été pliée : les traces de sceau qui paraissent au dos proviennent tout simplement du cachet qui a été brisé quand on a ouvert la lettre. En attendant qu'on fasse la même vérification sur les neuf mandements impériaux «qui, suivant M. Huillard-Bréholles, ont encore ou ont eu certainement des sceaux plaqués, » j'appuierai mon opinion sur un mandement du même genre que possède la Bibliothèque impériale (11).

C'est une lettre en date du 22 septembre 1208, par laquelle Richard, roi des Romains, invite les échevins, le conseil et tous les citoyens de Maestricht à respecter les privilèges de l'église de Saint-Servais.

Au dos du mandement, se voit la trace ďun grand sceau en cire rouge, semblable, selon toute apparence, aux empreintes remarquées par M. Huillard-Bréholles. Mais, quand on examine attentivement la pièce conservée à la Bibliothèque impériale, on reconnaît qu'au moment de l'application du sceau la feuille de parchemin était pliée en trois, et que la cire recouvrait probablement les extrémités des fils ou des lemnisques qui maintenaient le mandement fermé.

Toutefois je ne prétends pas qu'on ne doive jamais trouver de sceau appliqué sur le revers des actes qui ne sont pas des lettres closes (12). Je reconnais qu'on a du recourir à cet expédient quand Pacte était écrit sur du papier, c'est-è-dire sur une substance dont la fragilité compromettait la conservation des sceaux pendants.

A la Bibliothèque impériale (13), on remarque des sceaux appliqués au dos d'une trentaine de cédules écrites sur papier, du temps de Philippe le Bel.

Je reviens aux lettres missives.

En ouvrant une lettre on en brisait ordinairement le cachet, et à la cour des rois de France on tenait si peu à conserver les sceaux des lettres adressées au roi qu'en vertu d'une concession de Philippe- Auguste, la cire en était abandonnée aux lépreuses de la Saussaie (14).

Ainsi il ne faut pas s'étonner qu'il ne nous reste pour ainsi dire pas d'anciennes lettres closes munies de leur cachet. Il est donc assez embarrassant de déterminer le type des sceaux qui fermaient ces lettres. On peut cependant affirmer que parfois ils ne différaient pas des sceaux appendus au bas des chartes.

Mais comme souvent le module de ces derniers sceaux était beaucoup trop grand, et que l'auteur d'une lettre pouvait vouloir n'être connu que du destinataire, il fallait avoir des sceaux plus petits et sur lesquels ne fût gravé ni le nom ni l’écu du propriétaire. Les contre-sceaux d'un certain nombre de chartes remplissent la première et quelquefois la seconde de ces conditions. On a dû fréquemment s'en servir pour fermer des lettres. Ont encore dû servir au même usage les sceaux à sujets et à devises de fantaisie qu'on voit dans les cabinets d'antiquités. Tels sont plusieurs des cachets dernièrement publiés par M. Roach Smith (15) , notamment ceux autour desquels on lit : CHRISTUS VINCIT. X(PISTUS). E(EGNAT). I(IMPERAT). ANGELUS CONSILII FORTIS GLADIATOR.- SUM LEO ; QUOVIS EO, NON NISI VERA VEO  (16) – NU(N)Q(UAM) VITARBIS CULPA(M) SI MULTA LOQ(UE)RIS.- VERBAS SALUTIS AVE. NUNCIO VOBIS GAUDIUM ET SALUTEM. EGO SECRETA TEGO. INICIUM SAPIENCIE TIMOR D(OMI)NO. FRANGE, LEGE, LECTA TEGE. QUI ME PORTE SI EST LE MUS. JE SUIY SEL DE AMUR LEL.

Tel était encore le sceau privé de Henri II, roi d'Angleterre, sceau dont aucune empreinte n'a encore été signalée, mais dont l'existence est suffisamment constatée par un texte du treizième siècle que Dom Pitra a mis récemment en lumière : ce cachet se composait d'une pierre antique représentant un char traîné par un serpent; sur la bordure de métal dans laquelle la pierre était enchâssée, on lisait ces deux vers léonins :

SIGNUM SIGNO MEUM SIGNO SIGNANTE TROPHAEUM.

QUOD PRUDENTER AGO, SIGNAT SEBPENTIS IMAGO (17).

A une époque où l'usage des signatures était tout à fait exceptionnel, c'était le sceau qui garantissait l'authenticité d'une lettre. Les traits de l'écriture, et peut-être les formes du style, fournissaient aussi des moyens de contrôle (18). Parfois l'auteur de la lettre rappelait à dessein des circonstances assez insignifiantes qui n'étaient connues que de lui et de son correspondant. C'est ainsi que dans une lettre du commencement du douzième siècle, nous rencontrons cette phrase : « Pour signe de reconnaissance, souvenez-vous qu'un jour de Pâques j'étais au Mans, dans votre salle, et que vous me faisiez admirer à votre anneau une pierre précieuse (18) ; » et dans une autre lettre de la même époque : « Pour me reconnaître, pensez au jour où nous regardions tous les deux 'dans votre dialectique des notes, que vous ne distinguiez pas assez bien pour les transcrire (19). »

 

Delisle Léopold MEMOIRE SUR UNE LETTRE INÉDITE ADRESSÉE A LA REINE BLANCHE PAR UN HABITANT DE LA ROCHELLE.

 

 

 

 

 ==> Sur la Terre de nos ancêtres du Poitou - Aquitania (LES GRANDES DATES DE L'HISTOIRE DU POITOU )

 

 


 

1. Supplément latin,  pièce 1. II. (Quatrième série.)

(2). Voy. Appendice, I.

(3). Appendice, II.

(4). Guillaume de Nangis; dans Bouquet, XX, 334 в, 549 D. — Joinville; ibid., 206 В. — Pierre Coral ; ibid., XXI , 765 С. — Chronique attribuée à Baudouin d'Avesnes; ibid., 164 С. — Avant l'investiture de 1241, Alphonse avait déjà le titre de comte de Poitiers , puisqu'on lit dans le traité de Vendôme , en mars 1227 : « Frater noster Alfonsus, comes Pictav.; » Beg. Phil. Aug.f (ms. franc. 8408, 2.2, B), f. 189. Mais le Poitou n'en était pas moins réuni à la couronne. Voy. le compte de l'Ascension 1238, dans Bouquet, XXI, 258 K.

(5). Besly, Hist, des comtes de Poictou, 499-502.

(6). Bouquet, XXI, 411 L.

(7). Ibid., XX, 206 В.

(8). Mathieu Paris, éd. de 1644, p. 392.

(9). Copie faite par Besly, Collection Dupuy, 805, 1'. 76, d'après l'orig. conservé an Trésor des chartes, Poitou, ï, 82.

(10). Éd. de Paris, 1644, p. 392 et suiv.

(11). Bouquet, XX, 334.

(12). Ibid., 206 В.

(13). Appendice, III

(14). Bouquet, XX, 334 E, et 549 E.

(15). Collection Dupuy, 805, f. 74, d'après le registre XXXI du Trésor des chartes.

(16). Mathieu Paris, éd. de Paris, 1644, p. 395.

(17). Voy. l'acte du mois d'août 1242, publié par Martène, Collectio, I, 1274. — Cf. Guillaume de Nangis, dans Bouquet, XX, 338 D; Mathieu Paris, éd. de Paris, 1644, p. 402; et la lettre de Henri III à l'empereur, publiée dans Rymer, I, i, 206 , sous la date de 1232, date fautive, comme l'a aisément démontré M. Rozier, dans le Bulletin de la Société des antiquaires de l'Ouest, quatrième trimestre de 1850, p. 119.

(18)- Rymer, I, i, 247. '— Champollion, Lettres de rois, I, 60, 6t. — - cf. Mathieu Paris, éd. de Paris, 1644, p. 402; la lettre de Henri 1TI à l'empereur, imprimée dans Rymer, I, i, 206, sous la fausse date de 1232 ; une charte de saint Louis, en août 1242, dans Reg. Phil. Aug. (ms. franc. 8408, 2.2, Б), f. 195 v°; et les deux chartes de Guillaume l'Archevêque, publiées par Besly, Hist, des comtes de Poictou, 397 et 398.

(19). Voy. la lettre de Henri III à l'empereur, citée dans la note précédente. — Cf. Joinville, dans Bouquet , XX, 207 A.

(20). Reg. Phil. Aug. (ms. franc. 8408, 2.2, B), f. 196.

(21). Cartul. de Fontevraud (ms. lat. 5480), 11/435.

(22) . Voy. Cliampollion, Lettres de rois, 1, 58, 59, 67, 68, 69.

(23). Querimonïe recepte in Turonensi, Pictavensi, Xanctonensi diocesibus contra ballivos (Arcli. de l'Emp., J. 491), p. 125 et 126.

(24). Voy. Mathieu Paris, éd. de Paris, 1644, p. 398 ; Guillaume de Nangis, dans Bouquet, XX, 336 A; Pierre Coral, ibid., XXI, 765 D.

(25). Art de vérifier les dates, XI, 392.

(26). Histoire de France, 4e édit., IV, 98.

(27). Voy. un acte du mois de décembre 1218, dans le reg. XXXI du Trésor des chartes, f. 68 v°, n. 30.

(28). Isabelle vivait encore en novembre 1248, suivant une charte de Saint-Chéron, citée par M. de Lépinois, Hist, de Chartres, I, 137, note. — Au mois de juin 1249 , Mathilde , fille d'Isabelle, avait succédé à sa mère dans le comté de Chartres. Voyez Cartul. de Fontevraud (ms. lat. 5480), L 198.

(29). Art de vérifier les dates, xi, 391. C'est sans raison , je pense, que les auteurs de cet ouvrage ont prétendu qu'Alix avait été abbesse en 1221.

(30). II, 1322

(31). Cart, de Fontevraud (ms. lat. 5480), I, 62.

(32). Ibid., 205, 334.

(33). Ibid., 78, 83, 97.

(34). Ibid., 180, 199, 299, 340. — Bail des trois maisons possédées en Espagne par l'abbaye de Fontevraud ; orig. aux Arcb. de Maine-et-Loire, communiqué par M. Marchegay.

(35). Cartul. de Fontevraud, I, 42, 409.

(36). Ibid., 156, 389.

(37). Ibid , 98.

(38). Ibid., 345.

(39). Cartul. de Fécamp (Arch, de la Seine-Inférieure), 13 v°; cf. Cartul. de Fécamp (Bibl. de Rouen), pièce 58 du chapitre des chartes d'abbés.

(40). Arch, de l'Hôtel-Dieu d'Angers , citées dans la Collection Housseau, vol. VI , n. 2450. — - Cartul. de Fontevraud, I, 72, 142, 421.

(41). Ibid., 182, 419.

(42). Ibid., 142, 179, 217, 506.

(43). Ibid., 334, 345.

(44). Ibid., 471.

(45)- Ibid,, 65.

(46). Ibid., 274.

(47). Ibid., 65.

(48). Ibid., 130, 369.

(49). Ibid., 300.

(50). Ibid., 370.

(51). Ibid., 162, 319.

(52) Cartul. de Champagne (в. I., ms. lat., 5993 A), f. 390. — Carlul. de Lagni (fonds des Cartul., 174), 110 v°.

(53). Cartul. de Fontevraud, 1, 439.

(54). Ibid., 411.

(55). Ms. lat. 5480, II, 104, 115, 150, 160.

(56). Ibid., 1, 4; II, 122, 156, 163.

(57). Ibid., I, 5; II, 105, 124. 157, 163.

(58). « Anno Domini MCCXXIX, cum domina A. de Blesis, abbatissa Fontis Ebraldi, teneret in manu sua quoddam feodum Philippi More seisilum per judicium curie sue pro defectu servicii. » Cartul. de Fontevraud, I, 69.

(59). Cartul. de Marmoutier (ms. Jat. 5441), IV, 46 Cartul. de Bourg-Moyen, copie à la B. I., Collection Housseau, vol. XII, part, i, n. 5064.

(60). Ibid., n. 5078. — Charte pour l'abb. de Fontaines, Collection Housseau, vol. V, n. 1963. — Cartul. de S. Euverte d'Orléans (fonds des Cartul., 5), p. 541.

(61). ïbid., p. 552. — Cartul. de Bourg-Moyen, copie à la B. I., Collection Housseau, vol. XII, part, i, n. 5063, 5063 bis, 5082, 5092.

(62). Obituaire de Fontevraud, copie dans le ms. lat. 5480, t. II, p. 122.

(63). Guérard, Cartul. de S. Père, II, 663. — Cartul. de Fontevraud, 1, 198.

(64). Ibid., I, 198. — Cartul. de S. Jean en Vallée (fonds des Cartul., n. 44), f. 21 ; ef. le ms. latin 5481 , p. 167 et 213. — Charte d'affranchissement de Renaud Bour- going, ancienne copie à la B. I., Titres originaux de Fontanieu, tirés du portefeuille 656.

(65). Collection Housseau, vol. V, n. 2072.

(66). Charte orig. aux Arch, de l'Emp., S. 209, n. 2. — Guérard, Cartul. de Notre- Dame, I, 296. — Cartul. de Froimont (ms. lat. 5471), p. 140.

(67) Cartul. de Fontevraud, I, 439. — Charte pour l'abbaye du Breuil, Collection Dnpuy, 222, f. 112.

(68). Trésor des chartes, Fondations, II, 2. Collection Housseau, vol. VI, n. 2160. — Guérard, Cartul. de S. Père, II, 669. — Cartul. de Fontevraud, I, 364.

(69). Son frère lui donne déjà le titre de religieuse dans une charte du mois de mars 1197 (v. s.?). Cartul. de Fontevraud, I, 360.

(70). En 1201, fut confirmée par Louis, comte de Blois, la dot que Thibaud le Bon avait assignée à Marguerite, sa sœur, religieuse de Fontevraud. Cartul. de Fontevraud, I, 440.

(71). Voy. l'obituaire indiqué dans la note 4 de la page précédente.

(72). Voy. trois lettres de Grégoire IX, du 4 août 1234 et du 23 janvier 1241, dans le Cartul. de Fontevraud, II, 185-189; cf. une lettre d'Innocent IV, du 18 août 1245, ibid., 203.

(73). En janvier 1242 (n. s.), elle prend des mesures pour assurer la pureté du pain blanc qui devait se distribuer aux religieuses dans certaines solennités, et l'achat de chemises en temps opportun. Ibid., I, 439.

(74). Voy. une charte de Louis, datée de 1202. Ibid., T, 437.

(75). Voy. une charte d'Éléonore, datée de Poitiers, postérieure à la mort de sa fille, Alix, comtesse de Blois. Ibid., I, 466.

(76). Voy. une charte de Mathilde, comtesse de Chartres, en juin 1249. Ibid., I, 198.

(77). Je ne connais pas la charte du comte de Cornouaille. La donation de ce prince est attestée par un acte qui règle l'emploi des revenus assignés à Alix par ses parents. Ibid., 279.

(78). « Sedebat rex, ex una parte lecti, et regina cum comitissa Karnotensi et sorore sua abbatissa, ex altéra. » Lettre publiée plus loin, p. 526.

(79). Charte de l'abbesse Alix, en janv. 1242 (n. s.), dans le Cartul. de Fontevraud, I, 439. Cf. la note relative à la reine Blanche, tirée de l'obituaire de Fontevraud, ibid., II, 125.

(80). Obituaire indiqué dans la note 4 de la page précédente.

(81). Cartul. de Fontevraud, 1,279.

(82). Ibid., II, 227.

(83). En mars 1267 (u. s.), Jeanne, abbesse de Fontevraud, approuve une fondation qu'avait faite « bone memorie Alaydis Blesensis, quondam abbatissa. » Ibid., I, 179.

(84). Voy. le Ms. lat. 5480, II, 122.

(85). « Valeat semper in Christo regia majestas vestra.» Lettre des jacobins de Rouen; orig. an Trésor des ch., Fondations, il, 12, J. 461. — «Valeat in Domino bene et diu sublimitas vestra.» Lettre de l'évêque de Séez; orig. au Trésor des ch., Régale, I, 21, j. 346. — « Bene et diu valeat excelïentia veslra. » Lettre de l'archevêque de Rouen ; orig., ibid., I, 128, J. 347. — « Valeat excelïentia vestra. » Lettre du bailli de Verneuil à la reine Blanche; Cartul. de Jumiéges (Arch, de la Seine-Inférieure), p. 299. — « Valeat in Domino bene et diu dominatio vestra. » Lettre de l'évêque de Séez ; orig. au Tr. des ch., Régale, I, 22, J. 346.

(86). Histoire de France, 4e édit., III, 18.

(87). Appendice, IV.

(88). « Majeslati vestre supplicamus. » Orig. au Tr. des ch., Régale, I, 31, J. 346.

(89). « Vestre celsitiidini majestatis. » Orig., ibid., I, 30, J. 346.

(90). Voyez les différents traités intitulés Summa dictaminis , notamment celui qui se trouve à la B. I., fonds latin, n. 1093, f. 55. — Au f. 81 v°, col. 1, de ce ms., on trouve la règle suivante : « Superior preponi débet; inferior postponi; par scribens parem sibi preponit; superior vero scribens quandoque inferioiem sibi preponit propter erogantiam evitando (sic) ; inferior vero semper preponit superiorem. »

(9l) . Voyez trois lettres de Louis VIII, de l'année 1224; quatre lettres de saint Louis, de l'année 1227 ; et une lettre d'Alphonse, comte de Poitiers, du mois de juillet 1241. Toutes ces pièces sont copiées à la B. I., dans le vol. 317 de Brienne.

 

(92). G. Esturmin était maire de Saint-Emilion au mois d'août 1241. Voy. Bulletin de la Société de l'histoire de France, n° du 10 juillet 1840, p. 13.

(93). Boson de Mastak, auquel des terres furent assignées, le 20 août 1245, par Henri III, roi d'Angleterre. Rymer, T, i, 263. Cf. Art de vérifier les dates, IX, 293.

(94). La lecture des mots per se est douteuse; on avait d'abord écrit posse.

(95). « Sire Nicolas de Clocestre » est indiqué par Arcère (Hist, de la Rochelle, II, comme maire de la Rochelle pour les années 1240, 1242 et 1243.II.(Quatrième série)- 36

(96). Mathieu Paris, éd. de Paris, 1644, p. 409.

(97). Guillaume de ISangis, dans Bouquet, XX, 334 E Chroniques de Saint-Denis ; ibid.,, XXI, 113 C-G.

(98). Mathieu Paris, éd. de Paris, 1644, p. 400.

(99). Voy. Le Nain de Tillemont, Vie de saint Louis, II, 282 et s.

(100). Bibliothèque de l'École des chartes, 2e série, II, 371-375.

(101). « Gentes vestre in succusum nostrum, domina, veniebant. » P. Э74. — « Constabularius vester de Carquassona. » P. 375.

(102). « Bene preparati , per Dei gratiam, spectare, domina, succusum vesîrum. » — « Ad spectandum, per magnum temporis spacium, succusum vestrum. P. 375.

(103). « De aliis vero terre negociis poterimus, domina, dicere vobis veritatem , cura in veslra presencia erimus constitute » P. 375.

(104). M. Victor Le Clerc a bien voulu me signaler, dans un petit poème français du treizième siècle, une allusion à l'influence que la reine Blanche exerçait sur son fils. Un trouvère a mis en scène un Breton qui réclame des droits plus ou moins ridicules. Après que la reine Blanche a donné son avis, saint Louis se borne à ajouter : « Je m'i acort bien, dame. » Hist. litt. de la France, XXIII, 425.

(105). « Нес est inquesta vicecomitis Castri Ayraudi, qui petit habere usagium in foresta de Moleria ( la forêt de Meulière, entre Poitiers et Chatelleraut) ad lierbergamentu m suum de Bonoil (Bonneuil- Matours, dép. de la Vienne, arr. de Chatelleraut , canton de Vouneuil) ad omnia que erunt necessaria dicte domui. — Hi sunt testes ex parte vicecomitis Castri Airaudi. — Dominus Thomas de Aneres, miles, homo legius vicecomitis Chastri Airaudi, juratus et requisitus,... dicit quod vidit tale tenpus quod barones Pictavenses erant plus domini patrie et plus dubitati quod non sunt modo , et quod non dubitabant tam regem Francie sicnt et modo, et quod Pictavia erat in marchia et quod gerre erant magne de rege Francie et rege Anglie. » Rouleau original conservé à la B. I.

(106). « Pictavia..., quam Franci jam niiserabiliter cœperunt conculcare et incolas, qui solebant sub protectione régis Anglia liberrimi omni bono abundare, probrose despi- cere. » Éd. de Paris, 1644, p. 491.

(107). Sans doute « Eusleng. de Solers, » auquel Henri III donne le litre de sénéchal de Gascogne dans une lettre du 20 février 1242. Collection Bréquigny, 35.

(108). Voy. Rymer, 1, i, 244-247. — Champollion, Lettres de rois, I, 55, 56.

(109). « Tenemur Hugoni de Leziniaco, fratri nostro, filio Hugonis de Leziniaco, comitis Marchie et Engolisme et domine regine matris nostre, donare et assignarein Anglia in competenti loco, ad consilium dicte raatris nostre, mille marchas argenti annui reddi- tus, sibi et uxorisue et suis heredibus jure hereditario possidendas, infra duos menses postquam dictus Hugo amiserit propter guerram nostram terrain suam de suo marita- gio... Si vero dictus Hugo amitteret propter nostram guerram portionem terre que ad ipsum débet devolvi post obitum comitis Pétri , patris uxoris sue, de ea tenemur sibi facere legitimam emendam. . Actum apud Radingas, teste me ipso, octavo die decem- bris, regni nostri vicesimo sexto. » Cartul. des comtes de la Marche (Blancs Man t., 84 C), pièce 2.

APPENDICE

I. Note sur les sceaux des lettres closes.

(1). Suppl. latin, n. 878, pièce 2.

(2). Titres originaux provenus de Baluze, liasse Décimes, n. 2.

(3). Cabinet des litres, Titres de Courtenai, VI, 3.

(4). Bibl. imp., carton coté provisoirement 469.

(5). Titres originaux provenus de Baluze, liasse Décimes, n. 12.

(6) . Éléments de paléographie, II, 51.

(7). Titres originaux provenus de Baluze, liasse Décimes, n. 17, 19, 1V-1V3, 11, 26'-264.

(8). Bibl. imp., cartons des autographes, au mot Joinville.

(9). Paris, 1856, in-8°. — Extrait du tome XXIII des Mémoires de la Société impériale des antiquaires de France.

(10). Elle est au Trésor des chartes, J. 580, n. 8.

(11). Dans une collection de titres provenus de Saint-Servais de Maestricht.

(12). Lors de la publication de ses Éléments de paléographie (II, 29, not.), M. de Wailly n'était guère disposé à admettre qu'à part les lettres missives, on eût appliqué des sceaux sur le revers des pièces ; ce savant croyait pouvoir attribuer à une méprise l'apposition du sceau au dos d'une charte de Brunon, évêque d'Hildesheim, citée par Heineccius-

(13). Titres originaux provenus de Baluze, liasse Décimes, n. 17, 19, 20, 21'-2l'3, 22 24, 26l-26ie.

(14). Voy. Mallingre, Antiq. de Paris, liv. IV, p, 97 ; et d'Achery, SpiciL, XII , 179 .

(15). Medieval seals set with ancient gems, dans Collectanea antiqua, part. II, vol. IV, p. 65 et suiv., pi. win , xix et xx.

(16). Veo pour veho.

(17). Distinctiones monastiea, lib. I ; dans Spicilegium Solesmense, III, 233.

(18). « Sigillum non erat ad manum; sed qui legit agnoscat stylům, quia ipse dictavi.» Lettre de saint Bernard à Louis VI r, dans Bouquet, XV, -623.

(18). « Hec autem intersignia nota sint vobis, quod in die Pasche, quando eram Ceno- mannis in medio aule vestre, ostendistis mihi lapidem pretiosum in anulo vestro quem multum probavi. » Lettre publiée par M. Merlet, dans la Bibl. de l'École des chartes, 4e série, T, 458.

(19). « Eo intersigno quod nos ambo inspiciebamus in dialectica mea aliquando aliqua nota que tu satis discernere ad transcribendum non poteras. « Lettre publiée par le 460.