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PHystorique- Les Portes du Temps
27 avril 2022

Histoire des premiers seigneurs d'Argenton - Château jusqu'en 1473 - château de Sanzay

Le silence ou la perte des documents historiques écrits, toujours si rares avant le XIe siècle, nous prive de toute indication sur les origines d'Argenton. Mais la configuration de ce promontoire allongé, resserré par les deux profondes vallées de l'Argenton et de l'Ouère, sur lequel est assise cette petite ville, était trop avantageuse, trop propice à la défense, surtout dans les temps antiques, pour qu'il n'ait pas été habité bien avant l'an 1000.

C'était toujours des sites semblables que les Gaulois, comme toutes les populations primitives, choisissaient pour l'établissement de leurs oppida, et les générations suivantes y maintinrent le plus souvent leurs habitations.

S'il était démontré par d'autres considérations ou des découvertes matérielles qu'Argenton a été un refuge gaulois, il ne faudrait donc pas s'en étonner; son nom, qu'il a évidemment emprunté à celui de la rivière, appartient peut-être, à la langue celtique.

Les rares documents parvenus jusqu'à nous mentionnent la rivière avant de parler de la ville.

Un acte du cartulaire de Saint-Cyprien de Poitiers, de l'an 965, nous apprend que l'Argenton coulait dans la viguerie de Thouars, fluvius Argenton, in vicaria Toarcins. (1)

Castrum quod dicitur Argentus, 1069 (cart. de Bourgueil). Argenlo ecclesie de Argentone casIro, v. 1080 (id.). Argentonium, 1179 (cart. de Sl-Jouin). Argentun, 1223 (arch. hist. Poit. XX, 225). Argenton, 1393 (arch. hôp. d'Argent.). Argenton le Chasteau, 1583 (arch. hist. Poit. XX, 401).

Il y avait autrefois trois églises: Saint-Gilles, Saint-Georges du Château et Notre-Dame ou Sainte-Radegonde du Cimetière, qui étaient à la nomination de l'albé deSaint-Jouin-les-Maraes. La principale paroisse, Saint-Gilles, a été seule conservée.

L'aumônerie d'Argenton fut constituée en hôpital par le comte de Châtillon en vertu d'un arrêt du Conseil de 1693 et de lettres patentes de juin 1698. L'aumônerie de Saint-Clémentin lui fut annexée en 1698, et celle de Mortagne en 1697 (arch. hop. d'Arg.).

 

En 1069, le seigneur du château d'Argenton s'appelait Geoffroy de Blois, sa femme se nommait Pétronille et son fils Aimeri. Il était vassal du vicomte de Thouars.

 

Le château avec le petit groupe de population qui l'accompagnait existait dès lors presqu'indubitablement au confluent des deux cours d'eau, et faisait par conséquent partie de la viguerie de Thouars.

1.— Vers l'an 1080, GEOFFROY Ier DE BLEIS (Blesensis), Chevalier, seigneur d’Argenton, était le frère cadet de Josselin, vicomte de Blois (d’après les cartulaires du Bas-Poitou, de Marchegay) ; il vivait au milieu du XIe siècle et signe des chartes vers 1050 ; fit donation à l’abbaye de St Pierre-de Bourgueil de deux églises fondés en son château d’Argenton, vers l’an 1050, et du consentement de Pétronille, sa femme, qui était probablement l’héritière de la 1er maison d’Argenton, et d’Aimery, leur fils, qui suit ;

Possesseur des églises de son château que l'acte ne désigne pas, mais dont les vocables Saint-Gilles et Saint-Georges sont connus par d'autres documents, il résolut d'en faire don à la célèbre abbaye de Bourgueil gouvernée à cette époque par l'abbé Raimond.

La propriété de beaucoup d'églises, par suite d'usurpations et d'abus anciens, était alors entre les mains des seigneurs féodaux. Mais un mouvement réformateur provoqué par la Papauté et favorisé par les ordres religieux, les faisait rentrer peu à peu entre les mains ecclésiastiques.

 

En donnant à l'abbaye de Bourgueil les églises d'Argenton, Geoffroy de Blois ajouta un terrain situé en dehors de son château et probablement autour de l'église de Saint-Gilles, où les moines auraient la faculté d'établir des habitants placés exclusivement dans leur dépendance, pourvu qu'ils ne fussent pas déjà tenanciers ou censitaires du seigneur.

L'acte, daté du 28 février 1069, fut confirmé par le suzerain Aimeri, vicomte de Thouars et sa famille, et passé solennellement devant les seigneurs de la contrée, Normand de Montreuil, Ebbon de Parthenay ( ? - 1110), Thibaut de Beaumont-Bressuire, Zacharie de Pouzauges, Guillaume Tournemine, etc.

L'évêque de Poitiers, Isembert II, le confirma également la même année par acte daté de Mirebeau. (2)

II — AIMERY Ier D'ARGENTON,  seigneur d’Argenton, participe à la conquête de l'Angleterre en 1066 ; il se réunit à Jean de Beaumont, seigneur de Bressuire, qui accompagnait, à la première croisade (1096), Herbert, vicomte de Thouars. (Hist. De Bressuire, 59).

Possesseur des églises de son château que l'acte ne désigne pas, mais dont les vocables Saint-Gilles et Saint-Georges sont connus par d'autres documents, il résolut d'en faire don à la célèbre abbaye de Bourgueil gouvernée à cette époque par l'abbé Raimond.

La propriété de beaucoup d'églises, par suite d'usurpations et d'abus anciens, était alors entre les mains des seigneurs féodaux. Mais un mouvement réformateur provoqué par la Papauté et favorisé par les ordres religieux, les faisait rentrer peu à peu entre les mains ecclésiastiques.

L'acte, daté du 28 février 1069, fut confirmé par le suzerain Aimeri, vicomte de Thouars et sa famille, et passé solennellement devant les seigneurs de la contrée, Normand de Montreuil, Ebbon de Parthenay, Thibaut de Beaumont-Bressuire, Acharie de Pouzauges, Guillaume Tournemine, etc.

Quelque temps après, vers 1080, l'abbaye de Saint-Jouin-les-Marnes contesta la validité de la donation faite à l'abbaye de Bourgueil. Un long procès se déroula à plusieurs reprises devant l'évêque Isembert ou les juges ecclésiastiques délégués par lui.

 Les moines de Saint-Jouin, possesseurs de l'église de Boesse, elle-même contestée par Geoffroy de Blois, prétendaient que les églises d'Argenton, dépendances de la paroisse plus ancienne de Boesse, ne pouvaient être aliénées à d'autres qu'à eux-mêmes (3).

Aimery d'Argenton participe à la première croisade en 1095 ;

Aimeri d'Argenton, assista comme vassal de Thouars, pour decem solidos le 7 décembre 1099, à la dédicace solennelle de Saint-Nicolas de la Chaise-le-Vicomte, fondation des vicomtes de Thouars, en présence du vicomte Herbert, vicomte de Thouars et d'une multitude de seigneurs.

On y voit également figurer un Raoul d'Argenton qui pourrait être son frère. ==> 1099 - Herbert, vicomte de Thouars et Geoffroy III, seigneur de Tiffauges donation au prieuré de la Chaize-le-Vicomte

Vers l'an 1100, l'église de Saint-Gilles fut érigée en prieuré conventuel, grâce à l'influence d'un de leurs religieux, Raoul de la Fustaye, disciple du fameux Robert d'Arbrissel, fondateur de Fontevrault.

Aimeri prenait, en 1121, le titre de chevalier (miles). Dans la Généalogie de la Chesnay des Bois, on dit qu’il épousa N. de Coué, la soeur de Renaud de Couhé (4).

Geoffroy II d'Argenton, fils d'Aimeri fut d'abord sous la tutelle de son oncle Renaud de Couhé.

d'après le cartulaire de Bourgueil, était seigneur vers 1122 (5).

Il donna, vers l'an 1150, à l'abbaye de Bourgueil, un terrain contigu à l'église de Beaulieu, près Bressuire, avec une partie du vieux château, pour y construire des maisons des cloîtres et des maisons (6).

— A la même époque on trouve Radulphe d'Argenton, cité dans un accord fait en 1213 entre le prieur de Saint-Florent sous Dol, et Raoul Le Tort (4). (4) Dom Morice, Mémoires pour servir de preuves à l'histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, in-f°, Paris, 1742, t. I, col. 823.

En 1122, le seigneur d’Argenton donna à l’Ordre fontevriste la dîme de toutes ses récoltes et de ses vins. L’acte porte qu’il fut fait à Fontevrault et on y voit la signature de Guillaume duc d’Aquitaine.

Faut-il penser que le duc d’Aquitaine vint à l’abbaye de Fontevraud avec Raoul d’Argenton ?

Moi Rodolphe d’Argenton, par l’inspiration du créateur de tous les bien... sous le témoignage de Dom Guillaume évêque de Poitiers et d’hommes probes, je donne à l’église de Fontevrault la dîme de toute ma récolte et de mon vin...

Signature de Guillaume duc d’Aquitaine et autres. Acte fait à Fontevrault, année de l’Incarnation 1122.

» Ego Radulfius de Argentonio inspirante omnium bonorum opifice... sub testimonio et audientia D. Guillelmi Pictav. Epi. et proborum virorum, dono Ecciesiæ F.E. decimam totius annonæ meæ et vini mei... S. Guillelmi Ducis Aquitan. et aliorum. Acta apud F.E. anno ab Incarn. 1122.

Geoffroy d’Argenton, seigneur d’Argenton et de Chemillé, fit hommage de ce dernier fief, avec son fils, à l’évêque d’Angers ; et donna l’église de St Léonard de Chemillé à la cathédrale d’Angers, vers 1150. (Cartul. De St Maurice, f° 123. Note de D. Villevieille, vol 4, p.33 Cab. Titres).

Il épousa, vers 1130, Marguerite de Chemillé, fille ainée et héritière de Gauvain, seigneur de Chemillé ; elle épousa ensuite Foulques de Candé, qui fut sgr de Chemillé vers 1155-70.

Geoffroy d’Argenton eut pour fils N., qui suit.

 

-          N. d’Argenton, seigneur d’Argenton, mourut assez jeune. Il épousa, vers 1150, Eustache de Candé, fille de Foulques, issue de son 1er mariage. Elle est appelée dans les chartes Eustache d’Argenton, et fonda avec ses 2 fils la chapelle Notre-Dame du château d’Argenton, donnée à l’abbaye de Saint Jouin (cartul. St Jouin).

Ces 2 fils furent :  1°Aimery, qui suit ; 2° Pierre, dit de Chemillé ou de Mortagne ; il est appelé successivement de ces 2 noms dans les chartes, comme héritier de la sgrie de chemillé (par donation de son oncle Pierre de Candé dit de Chemillé, décédé sans hoirs), et comme sgr de Mortagne, à cause de sa femme Sidile, héritière de Mortagne, dont il eut Eustache, dite de Chemillé et de Mortagne, mariée : 1 vers 1195, à Guillaume vicomte d’Aulnay ; 2° à Guy de Thouars, comte de Bretagne ; 3° à Renaud de Maulévrier.

Le sceau de cette dame porte le blason d’Argenton et au revers un écusson chargé de 3 coins ou 3 écus.

L'église de Saint-Georges et une autre nommée Notre-Dame, près du cimetière d'Argenton, fondée par Eustochie, dame d'Argenton, puisque la bulle du pape Alexandre III, de 1179, confirmative des domaines de Saint-Jouin-de-Marnes, mentionne ces trois églises (2).

-          Aimery d’Argenton, chevalier, seigneur d’Argenton, l’un des barons du vicomte de Thouars, fut présent en 1188 lorsque l’abbé d’Airvault reçut le don de la justice de cette ville et pour l'abbaye d'Airvault (7) accordé par Aimery Vte de Thouars

Il fit avec son frère Pierre (dit) de Chemillé et leur mère Eustache, dame d’Argenson, donation de la chapelle de N. D. d’Argenton à St Jouin ; et en 1188, après la mort de son frère, il fit avec sa mère don à Fontevraud (Fonds lat. 5480, p.10).

Marié, vers 1180, à Philippe de Thouars, fille ainée de Geoffroy, vicomte de Thouars, et d’Almodis, il eut pour enfant : 1° Geoffroy, qui suit ; 2° Guy, qui se maria, mais n’eut pas de postérité.

La date de cette fondation de la chapelle de Notre-Dame du cimetière d'Argenton est nécessairement peu antérieure à 1179, car la bulle papale du 17 mai de cette année signale la chapelle neuve de Notre-Dame parmi les possessions de l'abbaye de Saint-Jouin (8).

Elle fut désignée plus tard sous le nom de prieuré de Notre-Dame de Sainte-Radegonde-les-Argenton, ou simplement Sainte-Radegonde.

En 1190, un Simon d'Argenton est un des témoins de la transaction intervenue entre le vicomte de Thouars et Raoul de Beaumont, seigneur de Bressuire (9). Il était probablement frère d'Aimeri II qui aurait été alors l'époux de Philippe, sœur d'Aimeri VII, vicomte de Thouars.

Ce qu'il y a de certain c'est que cette Philippe, dame d'Argenton, était mère de deux fils, Geoffroy et Guy d'Argenton, et que l'aîné, Geoffroy, était seigneur titulaire en 1191.

Le vicomte Aimeri VII, leur oncle, de concert avec eux et leur mère Philippe, confirmèrent, en 1199, l'abbaye de Saint-Jouin dans la possession de la chapelle Notre-Dame d'Argenton, fondation d'Eustochie (10). 

 

 

GEOFFROY IV D'ARGENTON (1181-1246), se maria vers 1200 et eut pour fils : 1e Aimery, qui suit ; et peut-être 2° Guy (1203-1263), qui aurait succédé à son frère et serait le même que Guy qui suivra comme fils d’Aimery. — (On rencontre un Guy d'Argenton qui, en 1225, signe comme témoin dans l'acte de fondation de Saint-Aubin-du-Cormier par Pierre Mauclerc, duc de Bretagne (11)

Par acte passé dans le cloître de Saint-Gilles, en 1207, concéda à la même abbaye la bourgeoisie d'un certain Arnaud Robert et de ses successeurs, à l'occasion de la profession religieuse d'un de ses clercs nommé Maurice.

Le prieur de Saint-Gilles, G. de Sanzais, était l'un des témoins (12).

 Plus tard, en 1223, il affranchit le prieuré de Saint-Gilles de toute redevance ou devoirs féodaux (13).

Une autre donation de la même année faite par lui à la commanderie du Sauze en Gatine, nous apprend qu'il avait épousé une certaine Œnor qui doit appartenir à la famille Chabot (14).

Nous savons, en effet, que Geoffroy d'Argenton possédait, en 1217, la seigneurie d'Hérisson, naguère propriété des Chabot, desquels il la tenait sans doute par mariage contracté avec l'une de leurs héritières (15).

Lors de la trêve signée à Montreuil-Bellay, le 25 juin 1224, entre le roi Louis VIII, qui marchait à la conquête du Poitou, et Aimeri VII, vicomte de Thouars, le seigneur d'Argenton en fut l'une des cautions pour son suzerain le vicomte, qui stipula en sa faveur le payement par le roi d'une somme de 140 livres jusqu'à la restitution des terres perdues pendant la guerre (16). 

Il fit hommage féodal lige au roi Louis IX (Saint-Louis), durant le séjour de celui-ci à Clisson, au mois de mai 1230, dans le cours de la campagne contre le duc de Bretagne. ==> Saint Louis, Blanche de Castille et toute la cour de France furent reçus au château de Clisson, en mai 1230

Sauf la fidélité due au vicomte de Thouars, moyennant une rente de 250 livres que le roi lui assigna en héritage, pour lui et ses successeurs, sur la prévôté de Saumur (17). Le roi lui promit en retour une pension annuelle de 250 livres, assise sur la prévôté de Saumur (18).

Cette pièce existe encore aux Archives nationales ; le sceau porte 3 besants, deux et un, sur champ semé de croisettes.

En 1234, Geoffroy était sénéchal de Thouars (19).

Il concéda en 1237, comme suzerain, le don fait par Foulque Chabot, seigneur de Clémentin, partant pour la croisade, au prieuré de St Clémentin (tit, St Florent les Saumur), et reçut avec son fils Aimery l’hommage de Guillaume Chabot, fait en 1239.

Universis… presentes litteras inspecturis, Gaufridus, dominus Argentonii, vir nobilis, salutem.

Noveritis quod Guillermus Chaboz, miles, de omnibus feodis quae de nobis habet….. pro Guillermo…. filio suo, cum assensu…. Aymerici d’Argentum, filii nostri, placitum de mortua manu nobis fecit, ita tamen quod si dictum Guillermum…. Valetum mori contigerit priusquam pater suus praenominatur decedat, pro Aymerico Chaboz, fratre dicti Guillermi…. Valeti, placitum factum est et pagatum ; Guillermus vero… pater corum feoda supradicta….in tota vita sua….possidebit….

Geoffroy, qui était sénéchal de Thouars, vivait encore en 1239 et avait un fils nommé Aimeri (20)

 

Mélusine écu des Argenton(Mélusine écu des Argenton)

 

- Aimeri III, fils de Geoffroy, était seigneur d'Argenton, la Faye, fut en 1240 soutenu par Philippe de Beaumont contre Gilles Hattereau, sergent royal (Arch. Nat.)

Il fit en décembre 1241 une fondation à l’aumônerie de St Michel de Thouars

Il confirma en 1245 les dons faits par ses aïeux, à la Grenetière (D. F.)

En 1250, ainsi que cela nous est révélé par une donation de deux hommes, Raoul de Boisse et Étienne Micaut, habitants d'Argenton, qu'il fit à l'abbaye de la Réau, datée d'Argenton au mois de novembre (21).

On sait que ces sortes de dons ne réveillent aucune idée de servitude. Ils ne sont autre chose que le transport des redevances dues par les personnes objets de la libéralité.

Aimeri vivait encore en 1278 (22).

Il avait épousé Marguerite de Vitré, dont il eut deux enfants, Guy et une fille Philippe, épouse de Guillaume de Vernon, seigneur de Montreuil-Bonnin.

Sa veuve, Marguerite, céda en 1293 son château de Fréteval au comte de Blois.

 

 

 — GUY Ier D'ARGENTON épousa Alicie de Tournemine, fille de Geoffroy de Tournemine, seigneur de la Hunaudaye, mais qui appartenait plutôt à la famille poitevine des Tournemine du Thouarsais.  (d'après un titre de 1250) (23).

Il eut deux enfants, : Aimery, qui suit, et une fille, N.. . d'Argenton, qui épousa Maurice de la Haye, chevalier, seigneur de Faye-la-Vineuse. De ce mariage naquirent Hardouin, Guillaume, Alice, Marguerite et Ysabeau de la Haye, qualifiés neveux et nièces d'Aimery d'Argenton dans un titre de 1278 (24).  

Il est nommé dans un titre de 1250 et eut pour enfants : 1° Aimery, qui suit ; 2° Alicie, femme de Maurice de la Haye, sgr de Faye.

 

En 1293 au plus tard, épousa Philippe de la Carrie, d'une famille du voisinage, dont il eut trois enfants : Guy, Geoffroy et Aimeri. Guy, l'aîné, lui succéda et vivait encore en 1341. Il ne laissa pas de postérité.

 

 

AIMERY II D'ARGENTON, chevalier, seigneur d’Argenton et d’Hérisson, fit aveu de ce fief en 1275 et 1280, dit Duchesne ; d’après des titre déposés au château de Thouars, il testa en 1285, pour ses 2 enfants.

Il épousa Marguerite de Vitré, fille d'André, seigneur de Vitré et de Thomasse de Mathefelon (25), sa seconde femme (26)

On trouve le sceau de Marguerite de Vitré, dame d'Argenton, veuve d'Aimery, seigneur d'Argenton, dans une charte du 12 janvier 1293, relative à la cession du château de Fréteval faite par son fils Guy d'Argenton au comte de Blois.

Il représente une dame debout, en robe et manteau d'hermine, coiffée d'un voile, la main droite à l'attache du manteau, et tenant un oiseau au vol, sur le poing gauche ganté.

A dextre, un écu au lion; à senestre, un écu chargé de trois besants, deux et un, accompagnés de six croisettes faisant orle.

Le contre-sceau est un écu parti des écus de la face (27).

 — Elle eut deux enfants : Guy, qui suit, et une fille, Philippe d'Argenton, qui épousa Guillaume de Vernon, chevalier, seigneur de Montreuil-Bonnin, avec lequel elle vendit 120 livres de rente, sur la prévôté de Saumur, à Bertrand du Lis, chevalier, en 1303 (28).

 

 

GUY D'ARGENTON, chevalier, nous est connu par son sceau (3 besants accompagnés de 6 croisettes faisant orle) appendu à l'acte de 1293 mentionné plus haut (29).

Il est nommé, avec Jean de Razille, Hardouin de Beauçay et autres, dans un arrêt de l'an 1309.

Il épousa Philippe, dame de la Carrie, qui vivait encore en 1336, et en eut plusieurs enfants.

L'aîné, GUY III D'ARGENTON était seigneur d'Argenton, qui vivait en 1341 et 1363 – il fit caution, à cette dernière date, d’un emprunt fait par Louis, vicomte de la Rochechouart, à Bergues) (D. Villevielle) et mourut sans enfants.

Le second, Geoffroy d'Argenton, qui suit.

 — Le troisième, AIMERY D'ARGENTON (30), chevalier, seigneur de Hérisson, fut lieutenant-général du duc d'Anjou dans l'Anjou et dans le Maine, d'après un acte de juillet 1362. Il épousa Mathurine de Cherchemont, qui vivait encore veuve en 1387 (31), et en eut plusieurs enfants, savoir :- Jean (1365-1407), chevalier, seigneur d’Hérisson (32),

 —Louis d'Argenton qui épousa Philippe de la Roche-Faton et mourut sans héritiers,

— et une fille N... D'ARGENTON, qui épousa Amaury de Linières (33).

 

La seigneurie échut par droit de viage, au second frère, Geoffroi IV, avant 1349.

GEOFFROY IV D'ARGENTON, seigneur d'Argenton, de la Carrie (du chef de sa mère), etc., épousa Jeanne de Surgères, fille de Gui de Surgères, seigneur de Valans et du Breuil, avec sa femme Nicole de Raymonde, sa deuxième femme.

Geoffroy d’Argenton, chevalier, servait avec 3 chevaliers et 15 écuyers dans les guerres de Saintonge, le 21 novembre 1345. (34)

Robert de Sanzay, chevalier, lui rendit aveu, par indivis, des bois de Varenssay, de Couhé, de Bipeiroux et de la Pigatière (avec les seigneurs de Passavant et de Voisins, ses parsonniers) en 1349 (35).

— Le samedi après la St-Eutrope 1350, Catherine, déguerpie de feu Pierre Béliart, et son fils Jean lui firent don de biens situés dans la paroisse de Largeasse, que, le lundi après la fête du corps Jésus-Christ, il afferma pour trois mines de seigle, à la mesure de la Mothe, et trois sols en deniers (36).

Quand la France fut envahie, il paya vaillamment de sa personne à la bataille de Poitiers (1356) et se fit tuer aux côtés du roi Jean (37), avec une foule d'autres gentilshommes poitevins, parmi lesquels se trouvaient le sire de Maulevrier, et messire Jean de Chambes (un des aïeux d'Hélène, femme de Philippe de Commynes), qui fut inhumé au cloître des Frères-Mineurs de Poitiers. . C'était, d'après Froissart, un des plus célèbres chevaliers du XIXe siècle ==> Le SOUPER, Tel fut le dernier épisode de la bataille de Poitiers 1356 - Où sont les morts ?

Geoffroy IV d'Argenton laissait cinq enfants en bas âge sous la tutelle de Jeanne de Surgères, leur mère, qui vivait encore en 1363.

 

Ce sont : 1° Guy IV, qui suit ; — 2° Geoffroy, qui continua la postérité et qui suit ; — 3°Aimery qui mourut sans héritiers; — 4° Yolande qui, en 1363, épousa Thibaut de Beaumont, chevalier, seigneur de Bressuire (avec 1,000 royaux d'or de dot et 100 livres de rente) (38) ; — 5° Nicole, morte sans avoir eu d’enfants ; 6° Jeanne, décédée dans sa jeunesse.

 

 

 

- GEOFFROY D'ARGENTON, chevalier, frère puîné de Guy IV, épousa Jeanne de Vernon, dame de Gourgé, d'Orfeuille et de Fourchelimiers

En 1367, devenu vassal de l'Angleterre par suite du traité de Brétigny, il faisait partie de l'expédition d'Espagne à la suite du prince de Galles (39)

Geoffroy d'Argenton est le 21 du mois d'aoust l'an 1379 en la ville de Niort, en l'hostel des frères Cordeliers avec plusieurs seigneurs

En 1369, il prenait part aux ravages commis en Anjou par Jean Chandos (40) et à son entreprise sur St-Savin en Poitou (41)

Il était avec le prince de Galles au siège de Limoges en 1370 (42),

Au siège de Montpaon, en 1371, dans le Bordelais, avec le duc de Lancastre (43) ;

 

1371 il était au siège de Montcontour avec Thomas Percy (44). ==> Septembre 1371, Prise par les Anglais du châtel de Moncontour pendant la guerre de Cent ans

En 1371  fut nommé gouverneur de Saintonge par les Anglais. (Gâtine p. 172)

 Du Guesclin reprit cette place en 1372 et alla assiéger et prendre St-Sevère en Limousin, où était enfermé Geoffroy d'Argenton avec Jean d'Évreux, Guillaume Percy, le captal de Buch (45), etc.

Geoffroy d'Argenton alla s'abriter alors derrière les murs de Thouars avec la plus grande partie de la noblesse du Poitou.

Assiégés par les Français, réduits par la famine, les seigneurs du parti anglais se rendirent le 29 septembre 1372, sauf quelques-uns qui se retirèrent à Niort, et continuèrent la lutte contre les ducs de Berry, de Bourgogne, de Bourbon et le connétable Du Guesclin (46).

Il était au nombre des signataires de l’important traité de Surgères du 15 décembre 1372.

Le 4 février 1373, il fit un accord avec les religieux, prieur et frères de l'Hôpital de St Jean de Jérusalem, à cause de leur maison de Prailles (Deux-Sèvres, arr. Melle), de concert avec sa femme, Jeanne de Vernon, et à cause d'elle, relativement à deux moulins, l'un à eau, l'autre à vent (47).

Geoffroy d’Argenton, fut du nombre des guerriers qui se portèrent de Niort au secours de Chizé assiégé par du Guesclin ; les Anglais essayèrent de faire diversion ; la bataille s'engagea sous les murs de la place, le 21 mars 1373.

« La furent tres bons chevaliers du coste des Anglois... Messire Joffroi d'Argenton... etc, et se combattirent vaillamment... et furent tous ceulx morts ou pris qui la estoient venus de Niort : ni oncques n'en retourna ni echapa (48)... »

Il y fut fait prisonnier.

Olivier de Clisson, avec lequel il avait été en procès dès 1385 et 1386, le fit emprisonner.

Il fut présent au mariage de Jacques de Surgères, le 2 décembre 1392 (D. F.)

Il était décédé en 1393, lorsque sa veuve fit accord, le 24 juin, avec le prieur de Gourgé.

Le 14 juin 1413, Jean de Granges, écuyer, seigneur de Lagort (?) avoua tenir à foi et hommage de Jeanne de Vernon, sous la seigneurie d'Orfeuille, à cause de sa femme Perrette Aymonne, dite Cluzelle, la dîme de Grissay en la paroisse de la Boissière, et valant quinze setiers de seigle (49).

En 1421, peu de temps avant sa mort, Jeanne de Vernon acheta à Guillaume Aymar, pour la somme de 17 livres, une rente d'un setier de seigle sur le village de Frégeox, paroisse de. .. ? (50).

Par son testament du 25 août 1421, voulut être enterrée en l'église Ste-Croix de Parthenay.

Il en eut trois enfants : Guillaume; — Jean (auxquels leur mère fit le partage de ses biens le 17 septembre 1404) et Jacquette, qui épousa Jean de Vendôme, vidame de Chartres (51).

 

 

GUY IV D'ARGENTON, chevalier, seigneur d'Argenton, de la Motte-Coppoux, de la Carrie, de la Vacherasse et autres terres, succéda à son père, mort à Poitiers (1356).

 Il épousa Marie d'Amboise, fille aînée de Hugues d'Amboise, dame de Villentrois, veuve d'Hélion de Naillac (mort en 1372), dont elle avait une fille, Jeanne de Naillac, dame d'Onzain que nous retrouverons bientôt.

C'est avec lui que commencèrent toutes les querelles de voisinage qui pesèrent si lourdement plus tard sur ses successeurs et en particulier sur Philippe de Commynes.

Château de Sanzay

En 1366, il reçut un aveu de Robert, seigneur de Sanzay, chevalier, qui se noya quelques années après dans un étang (52).

Il eut alors un procès avec Robert Sandebreuille, écuyer, seigneur de Sanzay, son fils, et soutint contre lui que les habitants de la terre de Sanzay devaient faire le guet et les réparations au château d'Argenton.

Le procès s'envenima et Guy d'Argenton trouva moyen de s'emparer de Robert Sandebreuille et de le retenir dans ses prisons.

Cet acte de violence fut cause que les habitants de Sanzay furent exemptés du guet et des réparations à Argenton, par arrêt du ler juillet 1385.

Château de Sanzay 2

En 1398 (12 mars), Antoine de Sanzay avoua tenir de Guy d'Argenton la moitié par indivis du village de la Beironnerre, à cause de Philippe de Cossaye, sa femme (53)

 

Porte du Donjon de Sanzay

 

Un procès criminel qu'il soutint de concert avec Robert Eschallart, Hugues d'Izé, Guillaume Boutin et Amaury de la Pastilière, contre Louis de Beaumont, seigneur de Bressuire.

Ils firent appel au parlement d'une sentence du bailli des exemptions et la cour autorisa, par arrêt du 12 février 1378, les parties à comparaître par procureurs. On trouverait dans les archives du parlement l'origine et l'objet de ce débat que nous n'avons pas eu le loisir de rechercher (54).

La résistance opposée par Robert, seigneur de Sanzay, vassal d'Argenton, au droit de guet et garde que les habitants de sa terre devaient faire au château d'Argenton, suscita un autre procès et causa tant d'irritation à Guy, qu'il fit emprisonner son vassal.

Mais cet acte de violence ne fit que lui nuire. Un arrêt du 1er juillet 1385 exempta les habitants de Sanzay du droit de guet (55).

Le procès de juridiction qui s'engagea vers le même temps entre le seigneur d'Argenton et Jean de Montours, sire de Saint-Clémentin, fut bien plus dramatique.

Les longues guerres contre les Anglais avaient profondément troublé le pays, relâché les liens sociaux et donné un libre cours à l'esprit de rébellion et d'indiscipline.

 

 

 

 

Un autre procès de juridiction s'engagea avec le sire de St-Clémentin.

A cette époque, par suite des longues guerres dont le pays avait eu à souffrir, le Poitou, et la baronnie d'Argenton en particulier, étaient désolés par des « ribauds d'autrui pays » et par des brigands de toute espèce appartenant même aux premières classes de la société (56).

Vers 1384, à l'époque des vendanges, il s'était fait une « grant assemblée de larrons, robeurs et pillards, qui alloient par nuyt, rompant les hostels, battant, brullant et tuant les gens, et estoient désignés sous le « nom de bruiteurs. »

On en prit un certain nombre à Mauléon et à Montreuil : ils furent pendus (57).

Mais le procès de Jean Pelle dit Boucher, de Jean Bichon et de Philippot Collet ne passa pas inaperçu et eut des conséquences judiciaires plus tard.

Ces trois hommes n'étaient en réalité que d'obscurs et vulgaires comparses à la solde de Jean de Montours, sire de St-Clémentin.

Leurs aveux faits dans les prisons d'Argenton révélaient des faits de brigandage dignes de lahart. Philippot Collet, sergent et familier de Jean de Montours, âgé de 30 ans et demeurant à l'hôtel des Dorides, sous la juridiction d'Argenton, reconnaissait avoir plusieurs fois pris part à des expéditions nocturnes dirigées par Aimery de Montours qui, dans ces circonstances, portait toujours une cotte de fer.

Guy d'Argenton lui-même avait été menacé. En son propre hôtel, devant Aimery de Montours, son fils, et autres, le sire de St Clémentin avait demandé à un nommé André Maire s'il pourrait empoisonner M. d'Argenton et sa fille (58), lui promettant de lui donner du pain pour toute sa vie.

Maire s'y était engagé et avait demandé de l'argent pour aller à Angers chercher des poisons : le sire de St-Clémentin lui donna trois francs. Il fut convenu que Maire irait à Argenton « comme se il alloit s'esbattre, et porteroit o lui les poisons en ung tuau de plume, et que la ou il trouveroit Monsieur et sa fille il les souffleroit en telle maniere que ledict Monsieur et sa fille en morissent, et disoient que si M. d'Argenton mouroit, le sire de St- Clementin demoureroit a son entende des debatz pendant entre eulx. »

Un autre inculpé, Jean Pelle dit Boucher, ajoutait de nouveaux détails. On avait agité la question de savoir quel était le moyen le plus expéditif, le poison ou l'envoûtement. André Maire s'était chargé de la double besogne.

« Il savoit une vieille femme devers Mortaigne qui, si elle avoit leur nom, elle les auroit tantost en voultes, et feut ordonne que Colas Jay iroit par devers  elle. En tant que touche le poison, le procureur de M.  de Bressuyre debvoit en apporter de Paris : il en avoit eu sept francs. »

Dans la crainte que le poison put lui nuire, Maire devait emporter avec lui des contrepoisons.

Cette entreprise échoua; mais c'étaient de toutes parts, pendant la nuit, des vols de viande de porc et de boeuf, de fil de laine, de blé, de seigle, devin, de chevaux (59), etc.

Tout était bon à cette bande de malfaiteurs qui rançonnait les voyageurs sur les chemins de Thouars à St-Clémentin et à Voultegon, et de Bressuire à Argenton.

Les femmes n'étaient pas à l'abri des dernières violences, et un nommé Colin Gages fut poursuivi par un brigand, le glaive au poing, jusque dans l'église de Boësse. Une expédition fut organisée pour mettre à mort Jean Reignart, procureur d'Argenton et les sergents. Pour n'être pas reconnu, le chef de la bande, Aimery de Montours, s'était affublé « d'une robe de villaige »; ses compagnons « estoient garniz d'espees, lances, taloches, dagues, etc. »; mais ils furent dérangés par la rencontre de trois hommes qui conduisaient une charrette.

— Le prieur de la Guichardière l'échappa belle ; ils avaient déjà percé un mur de son hôtel quand on cria au larron, et ils s'enfuirent. — Le prieur de la Bruyère fut moins heureux : à minuit ils brisèrent les portes de son hôtel, le trouvèrent au lit, lui demandèrent son argent et, sur sa réponse qu'il était dans sa maison de Thouars, ils le battirent, le pendirent par les pieds, le dépendirent pour le rependre par les aisselles, puis l'ayant jeté parterre, ils le couvrirent de paille et le brûlèrent vivant ; ils s'esquivèrent ensuite, emportant son bréviaire, ses houppelandes, ses manteaux et sept francs.

Ces brigands étaient allés jusqu'à St-Malo-de-l'Isle voler un cheval et une jument et, cinq ou six ans auparavant, en Auvergne, trois d'entre eux, qui « estoient soldats «de M. le Maréchal », avaient signalé par le pillage leur passage à Montluçon (60).

Guy d'Argenton semblait bien fondé à vouloir réprimer tous ces désordres ; mais Jean de Montours, sire de St-Clémentin, et les gens de son fief avaient eu soin de se soustraire à sa juridiction et de se mettre sous la protection et sauvegarde spéciale du Roi. Une exemption générale leur avait été accordée, et il avait été défendu à Guy d'Argenton de rien attenter à rencontre à peine de cent marcs d'or d'amende (61).

Il avait cependant passé outre ; il avait fait prendre Philippot Collet, sergent et familier de Jean de Montours, l'avait « faict questionner et mectre en geayne tellement que il estoit débilite et ulcère de « ses membres a toujours.

Les quelles choses estant de « mauvais exemple », le roi Charles V, par Lettres du 26 août 1387, ordonna une information pour que, si le sire d'Argenton était trouvé coupable, les parties fussent ajournées au Parlement. En attendant Philippot Collet devait être élargi, s'il n'était retenu pour crime, auquel cas il serait amené au Châtelet pour être puni suivant ce que la Cour ordonnerait.

Guy d'Argenton fut obligé d'obéir, et nous avons un brouillon de lettre qu'il écrivit alors à certains de ses amis pour tâcher d'obtenir gain de cause.

« Chers sires et grans amis, plaise vous savoir que nagaires en pais de par deça avoit larrons lesquelx aloient par nuyt en plat pais es hostels des gens d'estat, rompoient leurs hostels, les batoient, tuoient et prenoient leurs biens des« quelx il y en a (sic) que messire Jehan de Montours a empetre du Roy, nostre sire, un mandement a rencontre de moy et aucuns de mes gens en quel est contenu entre autres choses que lui et les habitants de St Clémentin sont exempts de moy et que ge ay pris un sien sergent et familier appelé Phelippot Collet, ne de Neuville Brebant, en Brebant, et ycelluy détenu en prison, lequel Phelippot, au temps de  ladite prise ne nestoit avec ledit de Montours demi an par avant son familier ne serviteur.

Et pour ce que un larron appelé Jehan Pelle dit Boucher, lequel a este pendu pour ses demerites, charget en sa confession ledit Phelippot de plusieurs crimes les quelx ledit Phelippot a depuys confesse, si comme par leurs confessions lesquelles maistre Jehan Rabatea vous monstrera plus a plain, ledit Phelippot fut prins, si m'a este fait commendement par un sergent royal que ycelluy Phelippot ge baillasse pour estre mene en chastellet pour ylec recevoir pugnicion lequel ge ay baille audit sergent et avec ce a adjourne moy et cinq de mes gens a comparoir en personne en parlement au XXe jour de cest moys de novembre.

Si escripz a maistre Jehan Rabatea qu'il se traie a vous pour faire ma collon, laquelle ge vous recommans. Si vous pri, chers sires et grans amis, qu'il vous plaise en faire ce que vous verrez qu'il sera mester et tant que vous en soye tenuz. Et se chose, etc. » (sic).

Je ne sais quel fut le résultat de ce procès, dont nous retrouverons les suites en 1455, avec Antoine d'Argenton, et en 1494 avec Philippe de Commynes, mais Guy d'Argenton était dans un embarras plus grave encore.

 Il avait à soutenir une lutte contre Olivier de Clisson, connétable de France, et la terre de la Carrie et autres avaient été mises en la main du roi dès l'an 1385 comme garantie, de son propre consentement, « ad ce que ledict d'Argenton peust escir de la prison en laquelle il estoyt et souffroyt par la force et puissance dudict de Clisson, comme il affermoyt, avecques ce et feussent les dictes terres par la main du roy par deffunct maistre Estienne Trochart, a ce par luy commis, regies et gouvernées. »

Le roi ordonnait en outre que les deux parties comparaîtraient au prochain parlement, pour procéder au principal de la cause.

Il est à croire qu'il ne sortit de prison que beaucoup plus tard, en vertu des Lettres-Royaux délivrées le 8 août 1393, au nom de Charles VI, par le duc de Bourgogne. Il ne dut sa délivrance qu'aux instances de sa famille et en particulier de son frère (Aimery ?) qui lui écrivit cette lettre dont nous avons conservé le brouillon :

« Mon très cher seigneur et frère, plaise vous savoir que au retour que je fis de Bretaigne, ge m'en partis d'Argenton et alay à Poictiers, esperans d'aller a Bourges par devers monsieur de Berri, en quel lieu ge trovay le sire de Thors (62)  et messire Hugues de Vivonne (63), lequel sire de Thors priay de vostre faict et qu'il vosist parler au sire de Cliçon, lequel me responsit que suppose que ge ne fusse aie par devers luy et messire Hugues, que il s'en vouloit aler par devers ledict de Cliçon pour luy en parler, et me diserent luy et messire Hugues et vos conseils qu'il ne conseilloient pas que ge alasse outre, et se tenoit fort ledict sire de Thors de vostre délivrance, et pour ce m'en retournay en sa compagnie a Partenay, en quel lieu nous trovasmes monsr de Partenay et parlasmes ensemble de plusieurs choses qui longues vous seroient a escripre, lesquelx me ordeunerent que ge fusse au Puy-Beliart le vendredi après la Toussains au giste et que la go eusse de nos parens et amis et qu'il y seroient la et avec eulx le sire de la Fourest, et qu'il se tenoient fors de vostre délivrance ; et pense bien que ledict de Cliçon les eust fait savoir qu'il emprissent celle journée. «

Et pour ce ge avoie escript au seigr de Surgeres, d'Aubeterre, de Bressuyre (64), de la Flocelliere, de Fors, messire Andre Rouaut et messire Alant de Montendre qu'il y fussent,  lesquelx m'avoiet fait savoir qu'il y seroiet.

« Et pour partir a aler a la dicte journée ge estoie cestui mercredi derrer a Partenay, enquel lieu monsr de Partenay receut lettres du connoistable et du sire de la Fourest esquelles estoit contenu que il fust cestui lundi a Angers, et que la seroit nionsr de Berri, monsr de Bourgoigne et ledict de Cliçon.

Et pour ce m'a convenu desmander nos diz pa« rens. Et non obstant ay-ge este a la journee au Puy-Beliart, et d'ileq m'en alay aus Essars ou ge trovay le sire de Thors en son lit malades d'une jambe, lequel m'a dit que ledict de Cliçon sera cestui mardi a Montaigu et qu'il doit recevoir sus homages, et qu'il yra celui jour par devers lui et qu'il parlera bien a lui, et qu'il se tient fort certain de votre delivrance.

Et emprismes que ge lui envoyeraye Pastelliere par lequel il me fera savoir ce qu'il aura trove. Et d'ileq m'en retornay a Argenton cestui dimanche, ou ge trovay monsr de Partenay qui s'en va a Angers par devers monsr de Berri auquel il en parlera.

Si fera il audiet de Cliçon s'il y est, ainsi qu'il est tenu de le faire. Et aussi est il mon entende  d'y estre cestui lundi ou mardi prouchien et en parleray a monsr de Berri, monsr de Sanceurre, messrs de Chasteau froment et a nos autres sires parens et amis, et o l'ayde de Dieu et d'eulx vous serez délivres a vostre honneur. Et quelque chose qu'il en doie avenir ge feray tout ce que frère doit faire, et de ce soyez certains.

« Mon très cher seigneur et frère, ge vous pri si chèrement «comme ge puys que vous ne vous esmoiez de rien, ains faictes bonne chère et vous donnez joye que ge ay esperance en Dieu que vous n'y demorrez gayres.

— Et se par aucune aventure vous aliez par devant ledict de Cliçon, alez y sans avoir nul doubte de rien et ne lui faictes pas trop grant reverance, que vous savez que vous n'y estes pas tenuz et ne lui demandez chose qui en temps avenir vous puisse porter domage, ainsi comme tel homme que vous estes doit fere et qui n'a rien meffait. »

 

Cette lettre montre dans les dernières lignes un grand caractère de fierté qui donne à croire que Guy d'Argenton pouvait traiter d'égal à égal avec le connétable de France alors en disgrâce.

 

 

Nous pouvons signaler quelques actes de Guy d'Argenton dans l'administration de ses domaines.-

 

Le 13 août 1377, il confessa avoir baillé et affermé à perpétuité à Jean Bourgeys ce qu'il avait au village de la...., paroisse de Cersay, moyennant deux setiers de seigle, à la mesure d'Argenton, et deux deniers de rente annuelle.

En 1378/9, le 6 mars, et d'après des Lettres-Royaux du 24 mai 1379, nous trouvons les suites d'un procès entre Hardouin Lebrun, chevalier, tuteur de Geffroy Lebrun, écuyer, père de Pierre Lebrun, écuyer, et Geoffroy IV, alors seigneur d'Argenton, père de Guy IV, seigneur d'Argenton.

Il s'agissait de l'hommage lige prétendu par ces derniers sur l'herbergement de Voultegon.

Guy assista, le 22 septembre 1398, au mariage de sa nièce Alienor, de la branche d'Argenton d'Hérisson, avec Guiart de Beaumont, seigneur de Bressuire (65).

En 1405, il vendit pour 1000 livres à Jean de Montaigu, vidame de Laonnois, 100 livres de rente que Jeanne de Surgères, sa mère (du chef de Guy de Surgères, son grand père), avait le droit de prendre sur la recette de Saintonge et la prévôté de la Rochelle (66).

 

Nous le voyons encore mentionné dans différentes assignations : le 2 janvier 1405/6, à propos de sa court de la Vacherasse ; le 8 mars 1405/6 et le 24 mai 1406, dans un procès avec l'abbesse et les religieuses de St-Sulpice de Rennes, à cause de leur prieuré de la Fougereuse.

— Le 16 janvier 1404/5, il est mentionné avec Guillaume d'Argenton son neveu dans un acte relatif à une fondation à la cure de St-Jean de Parthenay.

 

Guy IV fit aveu des Mottes-Couppoux au vicomte de Thouars, le 8 octobre 1404,

Guy IV d'Argenton n'eut pas d'enfants légitimes de son mariage avec Marie d'Amboise (67), veuve d'Hélion de Naillac ; mais sa belle-fille, Jeanne de Naillac fut recherchée en mariage par son neveu et héritier Guillaume (p. 114).

Cette alliance lui déplaisait à cause du grand profit qu'il tirait de la garde-noble.

Son neveu Guillaume, qui était appelé à lui succéder, puisqu'il n'avait point d'enfants légitimes, recherchait en mariage sa belle-fille, Jeanne de Naillac. Guy, qui jouissait du droit de garde noble, s'y opposait par un motif intéressé.

Mais Guillaume enleva la jeune fille du château d'Argenton, et l'épousa à Chisé au mois de juin 1402 (68)..

Guy IV d'Argenton mourut en 1418et fut enseveli dans l'église de Saint-Gilles d'Argenton, devant le grand autel (69). 

 

  GUILLAUME D'ARGENTON, neveu et seul héritier de Guy, devenait seigneur d'Argenton, la Carrie, la Vacheresse, les Mottes-Couppoux, l'Hérigondeau, Gourgé, etc., et possédait déjà la terre d'Onzain du chef de sa femme, Jeanne de Naillac.

Il fut poursuivi criminellement au mois de mai 1402, et en 1406 il plaidait, à cause de Jeanne de Naillac, sa femme, contre Marie d'Amboise, sa belle-mère et sa tante.

Il est l’un des confidents du roi Charles VII et fut présent lorsque ce prince, alors Dauphin, fit accord avec le Duc de Bretagne, le 2 juillet 1414, à Angers.

A cause de sa prudence et de ses mérites, il fut établi gouverneur du dauphin Louis, fils aine du roi Charles VII, qui devait être Louis XI (70).

On le trouve guerroyant dans les rangs de son armée, en 1419, au siège de Parthenay, l'une des places du parti bourguignon, où il figure comme chevalier banneret, capitaine d'une compagnie de vingt écuyers et dix archers (71).

On le rencontre plus tard, en 1425, dans la suite du nouveau connétable, le comte de Richemont.

Le 12 juin 1425, il rendit hommage de son fief de la Vacherasse à Catherine de la Haye (72).

La faveur dont il jouissait à la cour de Charles VII lui valut le titre de conseiller du roi, en 1431. (73)

Elle devint même si considérable qu'il fut nommé gouverneur du jeune dauphin Louis, plus tard Louis XI (74).

Guillaume fonda, le 15 juillet 1432, un chapitre de six chanoines dans les églises de St-Gilles et de Saint-Georges de son château d'Argenton (75).

Son mariage avec Jeanne de Naillac lui valut entre autres un procès de succession, pour une inégalité départage, avec Jeanne Turpine, veuve de Guillaume de Naillac, chevalier et garde de ses enfants mineurs. Il soutenait que, dans la division des biens faite après une longue communauté entre Guillaume et Hélion de Naillac, frères germains, ce dernier avait été lésé de 600 livres de rente, dont les arrérages montaient à plus de 10,000 livres. Jeanne Turpine disait au contraire qu'Hélion de Naillac avait été mieux partagé que son frère Guillaume, et lui redevait 1,500 livres.

Des parents et amis furent pris comme arbitres ; une transaction intervint. Elle fut l'objet de Lettres-Royaux délivrées le 14 mai 1408 par Charles VI, et rappelées le 19 décembre 1426 par Henri VI, roi d'Angleterre, prenant la qualité de roi de France (76).

Il fut déclaré qu'Hélion de Naillac ayant été moins bien partagé que son frère, Jeanne Turpine et ses enfants verseraient 3,000 écus d'or, pour une fois, à Guillaume d'Argenton et à sa femme et leur constitueraient 100 livres de rente en terre. Moyennant cet accord, Jeanne Turpine était quitte de tout ce qu'on pourrait lui réclamer de ce chef par la suite.

Cependant, en 1440, Guillaume d'Argenton obtint la moitié de la terre, du Blanc en Berry contre les héritiers de Guillaume de Naillac (77).

Le 27 avril 1443, il vendit à Pierre Pain, marchand de Parthenay, pour 90 livres (78), une rente annuelle de 50 sous en deniers, cinq setiers de seigle et deux setiers mine d'avoine, à la mesure de Parthenay.

Le 10 novembre de la même année, Jean Raymond, son procureur, vendit au même Pierre Pain, pour le prix de 60 livres, monnaie courante (79), une rente perpétuelle de six setiers de seigle et de deux setiers d'avoine, mesure de Parthenay.

Guillaume d'Argenton eut de son mariage un fils et trois filles, savoir : Antoine, qui suit; — Brunissant, qui épousa, le 21 juin 1422, Thibaut Chabot, chevalier, seigneur de la Grève, de Moncontour, de Marnes, de Montsoreau, etc. ; — Antoinette, qui épousa, en 1439, Jean de Montenay, chevalier, seigneur de Montenay, de Garancières et de Milly en Gâtinais : elle lui apporta mille écus d'or de dot et 400 livres de rente sur la terre de Villentrois ; — enfin Louise, qui épousa Bertrand de la Haye, fils de Jean de la Haye, seigneur de Passavant, de Mortagne, etc., et lui apporta en dot les terres d'Onzain et de Vauliart, avec la huitième partie des terres de Chaumont, par contrat du 25 mars 1456 (80).

Brunissant d'Argenton perdit son mari, Thibaut Chabot, tué à la bataille de Patay le 12 février 1428/9.

— Elle resta veuve avec trois enfants : Louis II Chabot, que nous retrouverons plus loin; — Catherine Chabot qui, par contrat du 6 mars 1445, épousa Charles de Châtillon, seigneur de Sourvilliers, Marigny, Bouville et Farcheville ; — Jeanne Chabot, dame de Montsoreau, qui, par contrat du 17 mars 1445, épousa Jean de Chambes, premier maître d'hôtel du roi (81).

Louis II Chabot avait quatre ou cinq ans à la mort de son père ; il fut d'abord sous la garde de sa mère et sous la curatelle de Guillaume d'Argenton, son grand-père.

C'était une lourde charge pour Brunissant d'Argenton, car son mari était criblé de dettes, et il lui fallait rétablir la fortune de ses enfants (82). Elle se mit courageusement à l'oeuvre, et en fut mal récompensée.

Le 26 novembre 1438, elle acquit au nom de Louis Chabot et de ses soeurs tout le droit que Jean d'Auvilliers avait à la succession des divers membres de la famille de Craon (83), pour la somme de 6,300 livres, huit-vingt-quinze écus d'or et 110 setiers de froment, dont elle paya dès lors comptant 3,300 livres, huit-vingt écus et 110 setiers de froment, montant d'une dette égale contractée par le sieur d'Auvilliers envers elle et Thibaut Chabot, pendant leur mariage et depuis.

Elle promit de payer le surplus, au nom de ses enfants, en la ville de Paris. Pour s'acquitter elle dut faire des aliénations. Les terres et seigneuries de son mari étaient grevées de rentes et d'hypothèques considérables; les revenus suffisaient à peine à payer les arrérages (84).

Accompagnée de Guillaume d'Argenton, son père, et de Louis Chabot, alors âgé d'environ dix-huit ans, elle obtint des Lettres-Royaux en vertu desquelles, à la requête des mineurs, de leurs parents et de leurs amis (85), le bailli de Touraine autorisa de vendre à Bertrand de Beauveau les terres de Pressigny et dee Ferrières, pour 7,500 livres.

C'était un bon prix pour des propriétés ruineuses et de petite valeur (86).

Restait encore, de la succession de Craon, la terre de Verneuil (Indre-et-Loire).

Guillaume d'Argenton, Brunissant et Louis Chabot en personne la vendirent à Jean Doiron, sieur de la Durandière, pour 1,115 écus d'or, avec grâce perpétuelle de rachat (87). Cette somme (moins 440 écus dont l'acquéreur avait hypothèque) fut employée à l'acquit du sire d'Auvilliers pour partie des 3,000 livres qui restaient dues.

Le 3 mars 1440, Bertrand de Beauveau paya, par les mains de Françoise de Brézé, sa femme, 500 royaux et écus de vieil or sur les 600 qu'il devait encore pour le parfait paiement de Pressigny et Ferrières. Cette somme fut aussitôt versée au sire d'Auvilliers en déduction de ce qui lui était encore dû depuis le 26 novembre 1438.

Il fallait continuer la liquidation des dettes.

Thibaut Chabot avait autrefois vendu au chapitre et à la psallette de l'église de Nantes une rente de 186 sous, monnaie de Bretagne. Elle fut affranchie (16 décembre 1440) par Louis Chabot, autorisé par son curateur et sa garde-noble, au prix de 2,000 écus d'or vieil, pesant 31 marcs 3/4 d'once, et provenant de la vente de Pressigny et Ferrières (88).

— Lorsque Thibaut Chabot, pressé d'avoir de l'argent, avait autrefois voulu toucher le capital de cette rente, le chapitre de Nantes, auquel il ne pouvait fournir d'hypothèque, s'y était refusé.

Il avait fallu que Guillaume d'Argenton s'obligeât pour lui et engageât sa terre et seigneurie de la Motte (pour laquelle Thibaut Chabot engagea à son tour, à Guillaume d'Argenton, sa terre de Chantemerle), et encore dut-il fournir caution bourgeoise en la ville de Nantes (89).

Enfin, du reste du prix de la vente de Pressigny et Ferrières, 3,000 livres furent employées à amortir une rente de 300 réaux d'or que le sire de La Roche-Guyon avait le droit de prendre sur les terres de Louis Chabot.

Cela n'empêcha pas Guillaume d'Argenton d'être réduit à vendre en son nom 300 réaux de rente au sire de La Roche-Guyon, et la somme qui en provint fut employée par Brunissant au paiement des 4,040 réaux dus au duc d'Alençon et pour lesquels la terre de Montsoreau, mise en criée, allait être adjugée (90).

C'était un grand service rendu à Louis Chabot et à ses soeurs, car ils n'auraient pas trouvé un denier à emprunter, et la perte de Montsoreau était certaine (91).

Alors, par provision de douaire, Brunissant obtint du sénéchal de Poitou la terre de Chantemerle dont Thibaut son mari avait acquis le droit de Jean Chabot, ainsi que celui de la Grève et autres, entre la Sèvre et la Diye.

Avant cet arrêt, Louis Chabot en avait perçu les fruits, même pendant sa minorité (92).

Quand tout fut réglé, ou à peu près, Guillaume d'Argenton, dont les intérêts avaient été gravement compromis, obtint des Lettres-Royaux données à Chinon le 4 mai 1446, pour réclamer un dédommagement.

Le procès durait encore en 1467, longtemps après la mort d'Antoine d'Argenton.

Cet aperçu historique sur ce qui concerne la vente des terres de Pressigny, Ferrières et Verneuil était nécessaire, car jusqu'à présent les faits n'avaient été mentionnés que d'une manière incomplète par A. Duchesne et le P. Anselme qui, prenant trop ouvertement le parti des Chabot et des Châtillon, ont accusé Guillaume d'Argenton d'avoir dilapidé la fortune de son neveu.

Il est d'ailleurs indispensable de connaître tous ces détails pour comprendre la longue série de procès qui s'engagèrent bientôt pour la propriété de la terre, seigneurie et châtellenie d'Argenton..

 Guillaume mourut vers 1450 ou 1451 et fut enseveli dans l'église Saint-Gilles d'Argenton, devant le grand autel, près du tombeau de son oncle' et prédécesseur. Ainsi l'avait-il ordonné dans son testament du 22 mai 1449, par lequel il fit plusieurs legs pieux à cette église pour des messes et pour l'aumône du jour de la Toussaint (93).

 

ANTOINE D'ARGENTON trouva après la mort de son père une situation très-embarrassée ; il n'était pas homme à pouvoir l'améliorer.

Il épousa « pour son plaisir » Marguerite de Razille, d'une très-vieille famille, mais qui « estoit sans biens, » et lui assigna un douaire le 4 février 1455.

Brunissant d'Argenton prétendit que, lors de son mariage avec Thibaut Chabot, Guillaume d'Argenton son père et Jeanne de Naillac lui avaient promis une rente de 500 livres.

Pour se libérer de cette rente et de tous les droits que Brunissant pourrait alléguer à la succession de Guillaume, Antoine lui donna la seigneurie des Forges en Saintonge (Deux-Sèvres), par acte notarié du 5 juillet 1455.

Le procès de St-Clémentin n'était pas terminé ; une transaction provisoire eut lieu le 27 janvier 1455/6. Jean de Montours, chevalier, sire de St-Clémentin, se désista (94) de tous ses droits prétendus sur les gaigneries de la Tremblaye (paroisse des Aubiers) et de la Charruellière (paroisse de la Chapelle-St-Laurent), et sur la succession de Jean, Guillon et Yolande d'Argenton et leurs frèrescheurs (95), tant au village du Portau (paroisse de Boësse) qu'au Régnier (paroisse de St-Clémentin).

En retour, il demeura quitte de toutes les actions réelles, personnelles et mixtes et « de tous les crimes et excez » que les d'Argenton poursuivaient contre lui et les siens ; il acquit le droit de châtellenie en sa ville et terre de St-Clémentin au ressort de la seigneurie d'Argenton, une foire annuelle à la fêté de St-Clémentin, un marché le mercredi de chaque semaine, et le péage sur la terre de St-Clémentin jusqu'à la moitié du pont de Voultegon.

Il fut spécifié que Jean de Montours et ses successeurs ne pourraient « ediffier chastel ne fortifications audict lieu » sans la permission du sire d'Argenton, et que les gens de St-Clémentin continueraient à faire le guet au château d'Argenton.

— Antoine céda à Jean de Montours une rente de trois mines de froment (mesure de St-Clémentin) et de 40 sous qu'il avait sur les tenanciers de St-Clémentin ; il donna en outre à François de Montours, écuyer, fils de Jean et de Jeanne Jourdaine, dame du Puy-Jourdain, 30 setiers de seigle et 10 pipes de vin, une fois payés, plus les défauts de guet des gens de St-Clémentin pour le passé et pour huit ans à venir ; enfin il s'engagea à payer une somme de onze cents écus d'or (96).

Antoine eut alors à liquider les dettes de son père.

Pour y parvenir, il vendit en deux fois (97) 1,626 écus d'or de rente à Jean de Chambes, son neveu par alliance, et à Jeanne Chabot, sa femme ; il promit d'en donner assiette sur ses héritages, et retint la faculté de retrait jusqu'au 23 novembre 1459.

Pour retirer cette rente, le 28 février 1458/9, il vendit à Charles de Gaucourt, seigneur de Châteaubrun, 2,200 livres de rente perpétuelle pour 22,000 écus, et l'assigna sur les châteaux, terres et seigneuries d'Argenton, de La Motte-Coppoux, et sur les hôtels, terres et seigneuries de Lairegodeau, Gourgé, Azay-sur-Thouet et du Beugnon.

Avec cette somme il put rembourser Jean de Chambes (principal et arrérages), et au- delà.

Mais cela ne faisait pas les affaires de Jean de Chambes qui perdait ses droits de créance sur Argenton.

Le 15 février 1458/9, à la requête de Brunissant, d'Antoinette d'Argenton et de son mari Jean de Montenay, Antoine d'Argenton avait été assigné à comparaître pour s'entendre condamner à ne pas aliéner ses biens.

Le 8 mars 1458/9, il fut ajourné à dire ses causes d'appel, et le 13 mars il y eut un appointement, suivi d'un arrêt de la Cour, défendant à Antoine toute espèce d'aliénation.

Puis, Jean de Chambes (qui était alors à Gênes pour le service du roi), à la requête de Brunissant et d'autres parents (10 janvier 1460/1), prétendit retirer, à titre lignager, la rente de 2,200 livres vendue à Charles de Gaucourt. Il y fut reçu par arrêt du Parlement, le 23 février 1460/1, malgré les protestations de Charles de Gaucourt et de Louis Chabot, et paya 22,800 écus d'or pour le principal et les arrérages (98).

Or, depuis l'année 1459, Antoine d'Argenton « estoit cheu en maladie de lepre, et par le moyen dudict accident il estoit ou gouvernement de sa femme et de ses serviteurs, et par traict de temps il estoit parvenu en grant diminucion de sa personne, et tellement que en luy n'estoit espoir de longue vie » (99).

Il n'avait pas d'enfants, et tous convoitaient son héritage. Il avait conçu une grande haine contre sa soeur aînée et principale héritière, Brunissant, qui le poursuivait devant le Parlement en interdiction d'aliénation de ses biens, comme prodigue, et il avait plusieurs fois déclaré qu'il la priverait de sa succession, elle et tous les siens.

Louis Chabot avait trop d'intérêt à maintenir ces dispositions hostiles pour se tenir à l'écart. Lui, sa femme, ses enfants, s'étaient mis à fréquenter assidûment Antoine d'Argenton, malgré la lèpre qui le rongeait. Il savait trouver près du malade des paroles « blandes et soefves, » et, pour le distraire, le menait à Moncontour et ailleurs « en ses hostels et seigneuries. »

Il avait fait un pacte offensif et défensif avec Marguerite de Razille, lui promettant de lui donner sur les biens d'Antoine et sur les siens propres tel douaire qu'elle voudrait. Il s'était aussi gagné tous les serviteurs du château par des dons et des promesses.— Quand tout avait été bien préparé, sous prétexte de restitution des sommes qui lui avaient été enlevées pendant sa minorité, par la vente que Guillaume d'Argenton avait faite de Pressigny, Ferrières et Verneuil, il s'était fait faire, le 7 juillet 1460, par Antoine, le transport des terres et seigneuries d'Argenton.

Cependant il avait été réglé, le 5 juillet 1455, que Brunissant les aurait après le décès d'Antoine, s'il mourait sans enfants.

La vente d'une rente de 2,200 livres faite par Antoine, en février 1459, à Charles de Gaucourt, pour rembourser celle de 1,626 écus d'or qu'il avait faite en 1457 à Jean de Chambes, son neveu par alliance et gendre de Brunissent, excita le mécontentement de Brunissent qui le fit interdire comme prodigue par arrêt du parlement de mars 1459.

Toutefois, le même jour (27 juillet 1460) Louis Chabot avait donné à Antoine d'Argenton une contre-lettre, que l'on ne croyait pas devoir jamais être connue, par laquelle il déclarait que, malgré ce transport, Antoine restait toujours seul et vrai propriétaire d'Argenton et se réservait l'usufruit; Louis Chabot approuvait la vente faite auparavant à Charles de Gaucourt auquel Jean de Chambes s'était substitué par retrait lignager.

Comme si Antoine et Louis Chabot se fussent méfiés l'un de l'autre, une seconde contre-lettre fut passée entre eux le 19 janvier 1460/1 : Antoine se désistait de l'usufruit par lui retenu dans la première contre-lettre, et les lettres du 27 juillet 1460 étaient ratifiées par Louis Chabot. Il fut convenu qu'Antoine s'en pourrait servir, nonobstant l'accord fait entre eux ce jour-là.

Tout cela était à la fois embrouillé et frauduleux.

Ce qu'il y a de clair cependant, c'est qu'Antoine n'entendait pas se dessaisir de son vivant de la seigneurie d'Argenton. Si ses sympathies de malade le poussaient à favoriser son neveu Chabot, sous prétexte d'une restitution fictive, d'un autre côté il était lié par un contrat antérieur envers Brunissant, sa soeur, et par sa dette envers son autre neveu, Jean de Chambes, son principal créancier.

Si le prétendu transport fait à Louis Chabot, le 27 juillet 1460, eût été sérieux, Antoine n'aurait pas, le 15 septembre suivant, aux grandes assises d'Argenton, reçu l'aveu fourni par Hardy de la Haye, seigneur du Coudray ; il ne se serait pas, comme seigneur d'Argenton, opposé par procureur, à la chambre des Comptes, le 8 novembre 1460, à ce qu'aucune provision fût faite aux religieux de St-Jouin de Marnes, touchant certaines foires et marchés ; il n'aurait pas passé deux contrats sous le sceau de la Cour d'Argenton, l'un du 28 avril 1461 ; l'autre du 9 mai 1461 : par le premier, lui Antoine, comme seigneur d'Argenton et « Gieuffroy d'Argenton, son frèrescheur et cohéritier » donnaient cinq sous de rente perpétuelle et une terre ; par l'autre, lui seul donnait à Jean Pasquier les choses mentionnées au contrat, moyennant certains cens.

Enfin, si Antoine ne s'était pas toujours considéré comme propriétaire d'Argenton, au moment où il sentait sa fin approcher, il n'aurait pu que recommander Marguerite de Razille à la générosité de Louis Chabot.

Or, le 10 août 1461, il lit son testament et légua à Marguerite de Razille la terre de Villentrois, sa vie durant, révoquant et déclarant nuls tous autres testaments contraires à ce dernier. Depuis lors, il fit un simple codicille, la veille même de sa mort (100), laissant derrière lui une longue suite de procès qui devaient durer cent ans.

Antoine d'Argenton atteint, en 1459, de l'horrible maladie de la lèpre, confiné dans son château, était en proie à l’irritation la plus vive contre Brunissent et aux obsessions de son neveu Louis Chabot. Il testa en 1460

Celui-ci lui arracha, le 27 juillet 1460, sous prétexte de restitution, le transport des seigneuries d'Argenton, promettant de donner à Marguerite de Razille tel douaire qui lui conviendrait. Puis, le même jour, il lui donna une contre-lettre lui réservant l'usufruit et approuvant la vente faite à Charles de Gaucourt.

Néanmoins Antoine ne considérait point tout cela comme bien sérieux, car jusqu'à sa mort, qui arriva le 12 décembre 1461, il agit toujours en seigneur et maître d'Argenton.

La veille même de sa mort il révoqua comme injuste et contraire à sa conscience le transport fait à Louis Chabot. Il n'en léguait pas moins à ses héritiers une succession embrouillée et compromise qui allait devenir l'objet de luttes acharnées et de lamentables violences.

 

C'était le dernier représentant mâle de la famille d'Argenton.

Le lendemain même de la mort d'Antoine, le 23 décembre, sa sœur Brunissent arriva à Argenton. L'entrée du château lui fut refusée par Marguerite de Razille, veuve d'Antoine. Mais elle prit possession de la ville et de la baronnie et y institua des officiers comme seule et véritable propriétaire. Louis Chabot, son fils, qui prétendait au même titre, en vertu du transport de 1460, obtint de Marguerite qu'elle le laissât entrer de nuit au château par une poterne avec un grand nombre de gens d'armes.

Quand il se vit maître, il assigna le 19 décembre pour douaire à Marguerite les terres de la Motte-Couppoux, Gourgé, etc., et donna à Jean de Razille la capitainerie d'Argenton. Brunissent fit venir son gendre, Jean de Chambes, qui réclamait sa rente de 2,200 livres et avec lequel elle ne s'arrangea pas.

Quoique réduite presque à l'indigence, elle résistait aux obsessions de son fils, Louis Chabot, qui voulait obtenir d'elle la cession de son droit sur Argenton moyennant une rente de 2,000 écus.

Jean de Chambes ayant fait saisir Argenton par lettres royales du 5 janvier 1462, pour sûreté de sa rente, Louis Chabot refusa de quitter le château, où il se maintint par la force avec des menaces de mort. Poussant même la violence jusqu'au crime, Louis tendit un odieux guet-apens à sa mère. Il la manda au château avec promesse de le lui livrer. Mais lorsqu'elle eut passé la première porte du portail, il fit fermer la seconde et jeter de dessus les voûtes de grosses pierres qui manquèrent de la tuer, elle et les personnes de sa suite.

Elle n'échappa qu'en se réfugiant dans les coins de la porte, et toutefois elle fut blessée au pied.

Enfin, on l'emporta dans la ville à demi morte d'émotion. La malheureuse femme indignée manda son gendre Jean de Chambes à Parthenay, et, par acte du 4 avril 1462, lui transporta tous ses droits à la succession d'Antoine d'Argenton, moyennant la libération de ses dettes et de la rente de 2,200 livres.

Louis Chabot accourut le lendemain près de sa mère, à laquelle il arracha par violence trois actes frauduleux et antidatés.

Cela n'empêcha pas Jean de Chambes de prendre possession d'Argenton le 17 avril. Après des incidents de procédure et des enquêtes dont le détail est inutile, un arrêt du 10 avril 1465 mit Jean de Chambes en possession provisoire d'Argenton.

Enfin un autre arrêt de 1469 décida que Louis Chabot et Jean de Chambes auraient chacun la moitié du château et des seigneuries d'Argenton. Mais ce dernier reprit le procès sous une autre forme devant le sénéchal de Poitou, au mois de mai 1472.

 

Blason D'Argenton Chateau

 

Armoiries : d’argent, ou plus souvent d’or à trois tourteaux de gueules, accompagné de sept croisettes d’azur (La Chesnaye des Bois), ou d’or semé de croisette de gueules à trois tourteaux de même. (Science des armoiries)

- Sur les sceaux, les croisettes sont tréflée ou recroisettée.

 

 

 (la Porterne point 7)

 

 

LA BARONNIE D'ARGENTON

Argenton (101) était une baronnie d'ancienneté, dont la partie principale était tenue à foi et hommage lige de la baronnie supérieure de Mortagne-sur-Sèvre, avec devoir d'abonnement de 200 livres à chaque mutation, qui fut constamment payé, depuis 1244, par tous les seigneurs et barons d'Argenton (102)..

— Cette baronnie prit graduellement une grande extension; on peut noter, entre autres, l'annexion de la Carrie, à la suite du mariage de Guy II avec Philippe, dame de la Carrie ; du Breuil-Frétier, à la suite du mariage de Geoffroy IV avec Jeanne de Surgères; de Gourgé et d'Orfeuille, à la suite du mariage de Geoffroy (frère de Guy IV et père de Guillaume) avec Jeanne de Vernon ; de Villentrois, par suite du mariage de Guy IV avec Marie d'Amboise.

— Le 16 avril 1462, Jean de Chambes offrit de faire foi et hommage à Jean de la Haye, seigneur de Passavant et en partie de Mortagne, et lui paya les 200 livres d'abonnement pour lui et ses cohéritiers.

Le 7 juillet 1462, le même Jean de Chambes, dans une offre judiciaire d'hommage, protesta contre le procès de la dernière complainte faite et intentée contre les barons d'Argenton par les prédécesseurs du seigneur de Mortagne, qui tenaient leur droit de Pierre de Chemillé.

— Voir aux Pièces justificatives, 2e partie, n° 1, les aveux rendus par Ph. de Commynes, par sa veuve et par son gendre.

C'est à la mort d'Antoine d'Argenton que nous trouvons pour la première fois un dénombrement des terres et seigneuries qu'il possédait.

 Il était baron et seigneur d'Argenton, Le Breuil-Frétier,— La Motte-Coppoux, la Motte-Brisson, — Lairegodeau, Gourgé, Le Beugnon-en-Gâtine, Azay, Soutiers, Secondigny, Pressigny, — La Vacherasse, Agenais,— La Carrie, Massais, le Ruau en Cersay, Vauzelles, La Touche-de-Faye (103), — Souvigné, Villentrois.

Ces différentes seigneuries doivent être classées en sept groupes, savoir :

— I. La baronnie d'Argenton proprement dite et la seigneurie du Breuil-Frétier, relevant de la baronnie de Mortagne (104).

II. La Vacherasse et Agenais, relevant du fief de la Fougereuse (105) et ayant leurs assises spéciales.

— III. La Carrie, Massais, le Ruau en Cersay et Vauzelles, relevant séparément du vicomte de Thouars (106). — En 1494, ces quatre fiefs furent saisis, faute d'hommage, et les revenus en furent perçus par les commissaires du vicomte de Thouars.

 

— Nota. Ces trois premiers groupes étaient administrés, au point de vue financier, par les mêmes officiers et avaient le même receveur.

 

. La Motte-Coppoux, La Motte-Brisson (107) et Souvigné (108).

Le chef-lieu de ces trois seigneuries était au château des Mottes (LaChapelle-St-Laurent); elles relevaient de Parthenay et avaient certains devoirs envers cette seigneurie et envers l'église Ste-Croix de Parthenay (109). Il y avait une mesure spéciale pour La Motte, dont on se servait aussi dans la paroisse de Largeasse.

— En 1515, la prévôté de ces seigneuries fut donnée à un certain Parent, marié à une nommée Cathault, ancienne servante d'Hélène de Chambes : il en faisait à peu près 10 livres par an : cette charge fut depuis mise en adjudication. — Les étangs étaient en partie l'acquisition de Commynes. — Il y avait une justice particulière, entraînant certains frais pour les assises, sans compter les gages des sergents, du sénéchal, du procureur et du châtelain (110).

V et VI. Les fiefs de Lairegodeau, Gourgé, Orfeuille, Pressigny, — Le Beugnon-en-Gâtine, les borderies d'Azay-sur-Thouet, de Secondigny, de Soutiers et de St-Georges-de-Noisné, formaient deux groupes, l'un au N.-E., l'autre au S.-O. de Parthenay; ils avaient la même juridiction, le même receveur, les mêmes officiers (111), et relevaient de Parthenay (une partie de Lairegodeau seulement relevait de Parthenay) dont ils prenaient la mesure.

 

Le siège des assises et les fourches patibulaires étaient à Lairegodeau.

— Les redevances consistaient surtout en froment, avoine, foin, vin et trois lamproies (le premier jour de carême), dont l'une était due par le sire de la Mesleraye, les deux autres par le sire de la Cortère : elles se vendaient un écu la pièce (1428).

— En novembre 1515, par suite des mauvais temps, la chaussée de l'étang de Gourgé fut rompue, ce qui amena un procès entre Jean de Chàtillon et Hélène de Chambes, parce que cette dernière exigeait que les frais de restauration se fissent en commun, bien qu'elle eût vendu la terre de Gourgé pour 4,000 livres à Mathurin Pidoux, et qu'elle eût donné à bail les jardins de Lairegodeau à Jacques Girault.

 

 

 La terre et seigneurie de Villentrois en Berry (112) relevait du comté de Tonnerre, à cause de la seigneurie de St-Aignan (ainsi qu'une autre seigneurie d'Argenton située dans le voisinage) (113),

— Le 15 décembre 1411, la comtesse de Tonnerre donna répit et souffrance à Guy IV d'Argenton pour la montre de la terre de Villentrois jusqu'à un an ensuivant ; ce répit fut réduit par le comte de Tonnerre (11 janvier 1411/2) jusqu'à la Saint-Jean seulement.

Il est regrettable que nous n'ayons pas conservé le livre, couvert en cuir, qui fut produit par Maître Alligret le 30 septembre 1515, et qui était intitulé : Ce sont les fiefs et adveus de la baronnie et chastellenie d'Argenton, tant lièges que plains, escripts en ce présent papier l'an quatre cens dix huict : nous y aurions évidemment trouvé des renseignements très-curieux. Nous pouvons toutefois, avec le compte de 1494, établir la liste des paroisses où le receveur d'Argenton était chargé de percevoir les cens et les rentes.

— Ces paroisses étaient au nombre de vingt-huit, savoir : — Quinze (sur dix-neuf) du canton actuel d'Argenton-Château : Argenton-Château, Argenton-l'Eglise, Boësse, Le Breuil-sous-Argenton, Cersay, La Coudre, Etusson, Massais, Moutiers, Saint-Aubin-du-Plain, Saint-Clémentin, Saint-Maurice - la-Fougereuse, Saint-Pierre-à-Champ, Ulcot, Voultegond ; — Quatre du canton actuel de Bressuire, savoir : Beaulieu, Chambroutet, Noirlieu, Noirterre ; —

Deux du canton de Châtillon-sur-Sèvre, savoir : Les Aubiers, Nueil ; — Une du canton de Cerisay : Bretignoles ; — Six du département de Maine-et-Loire, savoir : Cléré, Saint-Hilaire-du-Bois, Saint-Paul-du-Bois, Les Serqueux-sous-Maulevrier, les Serqueux-sous-Passavant, Yzernay (114).

Les rentes consistaient en deniers, froment, seigle, baillarge, avoine, pois, fèves, chapons, gélines, oies, cire, vin, laine, agneaux, gorets, pourceaux, souliers, pots de terre et corvées. — Les redevances étaient payables à Noël, au premier jour de l'an (115), à la fête de Notre-Dame de la Chandeleur ; à la fête de St-Aubin (Ier mars) ; au premier lundi de Carême (116) ; à Pâques ; à la fête de St Georges (23 avril); à la Pentecôte ; à la St- Jean-Baptiste ; à Notre-Dame de Meaoût ; à la fête de St-Gilles (1er septembre) ; à la St-Michel ; à la Toussaint; à la St-Nicolas d'hiver (6 décembre). — Outre les droits mentionnés dans le contrat de Philippe de Commynes et d'Hélène de Chambes, nous trouvons encore les droits de levage, de mariage (en certaines parties de la châtellenie et sur les personnes roturières seulement), d'étalage, de banc de vin, de sceaux aux contrats, droit d'ordonner les notaires, des hommages liges et plains, rachats, pieds, four à ban, droit de verlye, mesures à blé et à vin, garennes, pâtures aux bois, dîmes, de bestiaux, terrage, banc des bouchers (117), etc.

 

 Argenton Plan

Les Fortifications et la ville

Nous pouvons assez facilement nous faire une idée de la ville et du château d'Argenton, à la fin du XVe siècle, grâce aux indications contenues dans le compte de 1494 et au plan de la ville qui a été dressé en 1813 (118).

La ville d'Argenton, y compris le château, était entièrement entourée d'une enceinte formidable de défense qui se prolongeait, en suivant le cours de l'Ouère en amont, pour garantir la couture de la ville du côté du pont de Vantibus.

On y voit encore de larges et profonds fossés, des tours nombreuses qui étaient reliées entre elles par de fortes murailles. Au nord, elle était protégée encore par le cours de l'Ouère ; au sud et à l'est par le cours de l'Argenton qui reçoit les eaux de l'Ouère vers le nordest.

— Elle n'était guère accessible qu'à l'ouest, et c'est de ce côté que se trouvaient les plus nombreuses voies de communication.

En venant du haut-pays, c'est-à-dire du côté de Thouars ou de Saumur, il fallait traverser le Bourg-Giroire, l'Ouère (sur le pont Cadoré, assez près de son confluent avec l'Argenton), la porte Cadoré, contourner les glacis du château, franchir à mi-côte la porte de l'Abreuvoir (119), pour arriver à la grande place.

— En venant du bas-pays, du côté de Bressuire, on entrait par le Pont-Neuf (sur l'Argenton) et la porte du Pont-Neuf (120), et on montait à la grande place par la rue appelée actuellement rue St Georges.

 Si on voulait aller vers Thouars, on contournait la ville par le chemin des tanneries. — En venant du nord-ouest, on traversait le pont de Vantibus (sur l'Ouère), on rejoignait la route venant de l'ouest et traversant le faubourg de Ste-Radégonde, puis on franchissait l'enceinte des fortifications à la porte Viresche.

L'église St-Gilles, placée au centre de la ville, était alors telle que nous la possédons aujourd'hui, avec son grand portail, à l'ouest, très-justement apprécié des antiquaires.

— Au nord, tirant un peu vers le nord-est, se trouvait le château; à l'ouest, en dehors des murs, presque en face la porte Viresche, était le cimetière ; au sud-ouest, au-dessous des murs, était le Bourg-Neuf (121).

— Parmi les places, on peut citer : la place du marché au bois, la place du marché au blé, la place du marché aux bêtes, le carrefour de Mauconseil.

— Il y avait aussi la chapelle fondée de la Madeleine, la maison à la Mère Dieu, la confrérie Notre-Dame.

L'emplacement de la halle, du carrefour de Mauconseil, de la porte Biart, de la tour Brasmin est facile à reconnaître par les indications suivantes : Maison joignant le chemin du grand portail de l'église St-Gilles à la porte Viresche, et celui du carrefour de Mauconseil au château. — Maison joignant le chemin du carrefour de Mauconseil à la porte Biart, et la rue qui va de la grande porte du prieuré au péaune. — Maison joignant le chemin de la porte Viresche à la halle, et de la porte Viresche au grand portail de l'église St-Gilles. — Maison joignant le chemin de la grande porte de l'église St-Gilles au péaune, et le chemin de ladite grande porte au marché au bois. — Maison sur la grande rue par laquelle on va de la halle à la porte Viresche, et sur le chemin de la porte du château à la tour Brasmin.

Plan du Château des seigneurs d'Argenton- Château

Le château, dont il ne reste plus que des ruines, était dans une admirable position, au nord de la ville, sur la pente abrupte de l'étang de la seigneurie et de l'Ouère, en face du Bourg-Giroire qui était de l'autre côté de l'Ouère.

Il était défendu par une enceinte particulière de murailles de plus de six pieds d'épaisseur, servant de chemin de ronde, et par de nombreuses tours, parmi lesquelles on peut citer : la tour de l'Ormeau, la tour des Gardes, la tour carrée, la tour de l'Horloge, la tour de la Fauconnerie, la tour de l'Etable.

Il affectait une forme triangulaire à peu près isocèle, dont le sommet, à l'ouest, était formé par la tour de l'Ormeau.

L'entrée principale était au sud, du côté de la ville ; elle était défendue par la tour des Gardes et par un pont-levis.

On trouvait alors de magnifiques orangeries, la tour carrée, la chapelle St-Georges dont le portail était à l'ouest (122) ; au sud de la chapelle était la cour d'honneur; à l'est le grand corps de logis construit par Commynes et brûlé en 1793.

Au nord était le labyrinthe suivi des jardins remontant vers l'ouest. Du labyrinthe on descendait, par une poterne encore intacte, sur le pont Cadoré. Entre les murailles du nord-ouest et l'Ouère était l'étang, aujourd'hui redevenu prairie, depuis la rupture de la chaussée.

 Au- delà de l'Argenton, à l'est, s'étendait la garenne.

 

 

 

 

Dictionnaire topographique du département des Deux-Sèvres : comprenant les noms de lieux anciens et modernes / par Bélisaire Ledain,... ; publ. par Alfred Dupond,..

Recueil des publications de la Société havraise d'études diverses

Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou. Tome premier, A - Brisset. Tome 1 / par M. H. Beauchet-Filleau et feu Ch. de Chergé

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 (1) Cartul. de Saint-Cyprien, par M. Rédet, p. 114.

(2) Cartul. de Bourgueil, av. fonds latin 17127, p. 170, et 13816, p. 228. — D. Housseau, t. 112. -J.Mem. Soc. archéol. Touraine, t. XIV, p. 86.

(3) Cartul. de Bourgueil.

(4) Couhé (Vienne, arr. de Civray, ch.-l. c), était une seigneurie du Poitou qui fut érigée en marquisat en 1632, en faveur d'Olivier de Saint-Georges, seigneur de Vérac.

(5) Chartes de Saint-Florent; ap. Arch. hist. du Poitou.

(6) Cartul. de Bourgueil. ; Histoire de la maison de Chastillon-sur-Marne, par André Duchesne, in-f°, Paris, Sébastien Cramoisy, 1621, p. 494.

(7) Dom Fonteneau; XXVI, p. 211. )

(8) Cartul. de Saint-Jouin, P 44 et 40.

(9) Arch; de Saint-Loup. — Hist. de Bressuire, par B. Ledain, p. 75.

(10) Cartul. de Saint-Jouin, p. 44.

(11) Dom Morice, ibid. col. 854.

(12) Idem, p. 45.

(I3) Idem, p. 47.

(14) Arch. hist. du Poitou, XX, p. 225.

(15) Baluze, t. LI, p. 81.

(16) Vie de Louis VIII, ap. Dom Bouquet.

(17) A. Duchesne, 1. c.

(18) Layettes du trésor des Chartes, II, p. 177.

(19) Douet d'Arcq, Archives de l'Empire, collection de sceaux, Paris, in-4°, Henri Plon, 1863-1867, n° 334.

(20) D. Fonteneau, VIII, p. 29.

(21) Dom Fonteneau, XXIV, p. 279.

(22) Cartul. de Bourgueil.

(23) A. Duchesne, 1. c.

(24) A. Duchesne, 1. c.

(25) Mathefelon, baronnie d'Anjou (Maine-et-Loire), qui a donné son nom à une maison d'où est sortie la maison de Champagne.

(26) A. Duchesne, ibid. p. 495.

(27) Douet d'Arcq, ibid. n° 3927.

(28) A. Duchesne, 1. c.

(29) Douet d'Arcq, id. n° 1203.

(30), Il eut aussi une fille, Jeanne d'Argenton, qui épousa d'abord Charles de Jaunay, veuf de Philippe de la Haye, puis Guillaume de Nonray avec lequel elle vivait en 1353.

(31) Le P. Anselme, t. VI, p. 310.

(32) Ce Jean d'Argenton, alors écuyer, est cité dans une montre faite à Ploërmel, le ler avril 1380, par Olivier de Clisson (Dom Morice, ibid. t. II, Mémoires, col. 246).

 (33) A. Duchesne, 1. c.

(34)Quittance scellée Gaignières, 773, p.205.

(35) Id. ibid. p. 496.

(36) Archives des Côtes-du-Nord, fonds de Penthièvre, pièce en parchemin, sceau disparu. C'est la première pièce citée de ce fonds.

(37) Froissart, liv. I, 2e ptie, ch. 40 ; Robert d'Avesbury, et Lettre du Prince Noir, le 20 oct. 1356.

(38) De ce mariage naquirent : Geoffroy de Beaumont, chevalier, marié à Catherine Fougeray, dite de la Haye (d'où sortirent Louis de Beaumont et Marie de Beaumont femme de Guy de Chambes, chevalier), Guiart et Guillaume de Beaumont. Tous les trois furent élevés auprès de Guy IV, baron d'Argenton, leur oncle.

 (39) Froissart, 1. I, 2e partie, ch. 215.

(40) Id. ibid. ch. 283.  

(41) Id. ibid. ch. 293, 295.

(42) Id. ibid. ch. 313.

(43) Id. ibid. ch. 323.

(44) Id. ibid. ch. 327

(45) Id. ibid. ch. 346.

(46) Id. ibid. ch 353.

(47) Archives des Côtes-du-Nord, fonds de Penthièvre.

(48) Id. ibid. ch. 356, 357.

(49) Ibid. — Cette dime consistait en blés, potages (?), laine, agneaux, pourceaux, et se levait sur les borderies situées près du pont de Vaugely, sur le chemin de Thouars, joignant certaines dépendances de la terre de Lairegodeau.

(50) Ibid. 

(51) A. Duchesne, ibid. pp. 497, 498.

(52) « Le seigneur d'Argenton qui pour lors estoit, n'ayant plus de vassal, eut la justice de Sanzay, jusque à ce que son successeur eust fait foy et hommaige. » Archives des Côtes-du-Nord, fonds de Penthièvre.

 (53) A Duchesne, ibid. pp. 496, 497, et Archives des Côtes-du-Nord.

(54) Arch. hist. du Poitou, XIX, II, d'après Arch. nat.)

(55) Documents inédits sur Philippe de Communes, par Fierville, p. 36.

(56) Je ne parle pas de la mort violente d'un certain Jehan d'Auvergne, tué le dimanche après la mi-août 1383 par Jeanne Bailbolle, femme de Perrault Bonnet, qui était en état de légitime défense (Archives des Côtes-du-Nord).

(57) Archives, des Côtes-du-Nord, fonds de Penthièvre. - Comme tout ce travail a été fait avec des documents extraits de ces Archives, je ne donnerai désormais mes autorités que lorsque j'aurai besoin de recourir à certains ouvrages déjà publiés.

(58) Il doit être question de Jeanne de Naillac.

(59) Entre autres vols, on peut citer encore : trois couettes de plume? une pioche, un baril de vinaigre, une tasse d'argent prise chez Poignant au château d'Argenton et vendue 25 sous, un tapis pris sur une haie, deux aunes et demie de drap blanc, trois verges d'argent à usage de femme, un petit fermail d'argent qui valait environ trois sous et une guimpe de femme qui furent mis en gage pour 22 blancs.

(60) «  En Auvergne, il y a cinq ou six ans, Jehan Pelle dit Boucher et deux aultres, qui comme luy estoient soldats de Mons. le Mareschal, a Montluçon, prirent chez un prestre par nuyt et rompirent l'huys, entrerent, trouverent une jeune femme couchée avecques luy ; ils emmenerent la femme, la garderent pendant deux jours et prirent de la bourse du prestre 60 sols, et les dicts deux jours passes rançonna le dict prestre la dicte femme d'autres 60 sols, lesquels ils eureut et la laisserent aller et ne la congneurent pas charnellement,.. » (Confession de Jehan Pelle.)

(61) une somme énorme qui représentait environ 10,000 livres du temps.

(62) Renault Ier de Vivonne, seigneur de Thors, des Essars, de Faye, d'Aubigny, fut sénéchal de Poitou et en exerça si dignement la charge qu'on le surnomma le bon sénéchal ; il prit une part active à la lutte contre les Anglais et assista à la bataille de Chisé.

(63) Hugues II de Vivonne, cousin du précédent, seigneur de Fors.

(64) Les de Surgères étaient les parents de Guy d'Argenton, du côté maternel ; Thibault de Beaumont, seigneur de Bressuire, avait épousé Yolande d'Argenton, soeur de Guy, qui éleva ses trois enfants (voir page 111, note 4).

(65) Arch. de Saint-Loup.

(66) A. Duchesne, ibid. p. 497.

(67) Guy IV d'Argenton eut, dit Duchesne, deux fils illégitimes Jean et Guy d'Argenton, dont la descendance n'est pas connue. — Peut-être est-ce ce Jean d'Argenton, écuyer, qui est mentionné dans une montre de Messire Guy de Beaumont, seigneur de Bressuire, chevalier banneret, le 25 avril 1421, à Saumur. (Dom Morice, Mémoires etc., t. Il, col. 1,085.)

— Parmi les d'Argenton qu'on ne peut rattacher à la généalogie, il faut citer: Macé d'Argenton et N... d'Argenton, écuyers, qui faisaient partie de la montre de Guillaume Broussin, le 29 juillet 1392 (Dom Morice, ibid. col. 606) ; Geoffroy d'Argenton, seigneur de Beaulieu, écuyer, mari de Jeanne Poussart, et Thibault d'Argenton, son frère, vivants en 1463 et en 1493 ; Patrice d'Argenton, qui épousa Jeanne de Chourses, vivant en 1440 ; Jeanne d'Argenton, sa soeur, femme de Pierre Le Vasseur, et Guillaume d'Argenton, son fils (A. Duchesne, p. 497).

(68) Fierville, 44, d'après Duchesne A. Duchesne, ibid. p. 498. — Le P. Anselme, t. VIII, p. 667, dit que le mariage eut lieu à La Guiche.

(69) Arch. de l'hôpital d'Argenton.

(70) A. Duchesne, ibid. p. 498.

(71) Dom Morice, Mém., t. II.

(72) « Par devers nous Katerine de la Haye, dame de Tors, de Poiyroux et de la Fougereuse, est venu nostre tres cher cousin le sire d'Argenton, lequel nous a offert fere les foy et hommage lige qu'il nous est tenu a cause de nostre seigneurie de la Fougereuse, par raison de sa terre de la Vacheresse, assise en la paroisse des Aubiers, ausquelx foy et hommage nous l'avons reçu et comande de bailler sou fie par escript dedans le temps de la coustume. Donne a la Fougereuse XII juyn MIIIe XXV. »

(73) Id., Histoire, t. I, p. 512.

(74) Duchesne, Histoire de la maison de Chatillon.

(75) A. Duchesne, ibid. p. 498.  — Arrêt du Conseil du 3 juin 1747.

(76) .... Parisius XIXa decembris anni MIIIIe XXVI, et regni nostri quinto. .. « Henricus Dei gratia Francorum et Anglie rex, universis présentes litteras inspecturis Salutem. Notum facimus quod de registris nostre parlamenti curie extrahi fecimus quoddam accordum cujus tenor talis est : Karolus Dei gratia Francorum rex, universis présentes litteras inspecturis Salutem. Notum facimus quod de licentia et auctoritate nostre parlamenti curie inter partes infra scriptas tractatum, concordatum et pacificatum extitit pro ut in quadam accordi cedula eidem nostre curie tradita continetur, cujus ténor talis est : Comme au temps et debat feust meu, etc... (Archives des Côtes-du-Nord.)

(77) A. Duchesne, ibid. p. 498 ; Le P. Anselme, t. VIII, p. 667.

(78) « Monnaye courant, le marc d'argent valans a la monnoye du roy sept livres huit sous, reau d'or de poix de franc valant 30 sous de lad. monnoye. »

(79) Cette somme fut payée en 40 royaux d'or « du poix de franc chascune pièce. »

(80) A. Duchesne, ibid. p. 498.

(81) Le P. Anselme, t. IV, p. 563 ; A. Duchesne, ibid. p. 499.

(82) A défaut de paiement des arrérages de douze-vingts livres de rente, montant a 4,040 réaux, depuis 1415, le duc d'Alençon avait fait mettre la terre de Montsoreau (appartenant aux mineurs Chabot) en criée pour être vendue au dernier enchérisseur ; Brunissant d'Argenton, grâce aux secours de son père, parvint à empêcher l'exécution de ce décret.— Les 4,040 réaux représentaient 6,060 livres, ce qui faisait 25 ans et trois mois d'arrérages ; le fait se passait donc dans le courant de l'année 1440.

(83)Un appointement du Parlement (4 mai 1449) prouve que du temps de Louis Ier Chabot, aïeul de Louis II, il y avait un procès pendant entre les cohéritiers de la succession de Jean de Craon, d'où étaient venues aux Chabot les terres de Pressigny, Verneuil et Ferrières.

En prenant ces terres, Louis Ier Chabot était tenu d'acquitter ses cohéritiers de toutes charges, rentes, arrérages, etc. — Il y eut un accord semblable le 6 décembre 1457.

(84)Brunissant ne pouvait rien retirer de Marnes, Moncontour, Colombiers, etc., et pendant le bail de ses enfants mineurs elle se trouva en si grande nécessité que, n'ayant de quoi vivre et s'entretenir convenablement, elle dut avoir recours à des amis.

Thibaut Chabot, au temps de son décès a estoit pauvre de meubles et n'avoit que ustensiles d'ostel «  qui bruslerent tous ou la plus part au chasteau de La Grève " ; ce qui échappa fut pillé, volé et emporté, et Brunissant n'en conserva que très peu de chose.

(85) Excepté Regnault Chabot avec lequel il y avait procès pour l'héritage de Jean de Craon, et qui prétendait revendiquer la terre de La Grève.

(86) Par suite de cette vente régulière, ces terres ne furent pas comptées dans le partage de l'héritage de Thibaut entre Louis Chabot et Jeanne, sa soeur, femme de Jean de Chambes.

(87) Protocole passé à Chinon le 28 novembre 1438, et ratifié par Louis Chabot, âgé de 22 ans, à Tours le 14 mai 1444. Il confessa alors que toutes les sommes provenant de ces ventes avaient été employées à son profit et à l'extinction des dettes de son père.

(88) .... " Item et ne vous doit mouvoir se le dict rachapt et affranchement de lad. rente fut fait par avant la vendicion dud. Pressigny, car comme par le contrat de lad. vendicion appert, au jour et heure d'icelle vendicion les vendeurs avoient desja receu partie d'icelle somme sur lad. vendicion, pour la haste et nécessite qu'ils avoient de rachapter a lad. rente durant le temps de la grâce et faculté qu'ils avoient d'icelle o retraire ; ny pareillement ne vous doit mouvoir si le racquict de lad. rente et d'autres rentes en quoy il estoit tenu sont faiz au nom dud. défendeur et par luy, car au temps d'iceux retraiz sesd. bail et curateur n'estoient pas si portatifs a chevaulcher et aller par pays comme led. défendeur qui avoit environ vingt ans. Et a ceste cause et aussi que c'estoit son fait, luy baillerent gens avecques luy qui avoient charge de la matière et l'envoyerent faire lesd. racquitz et furent faiz en son nom, et ce durant lad. curatelle et bail, et aussi par son dire mesme ne joyssoit-il point de ses terres et de soy n'avoit nulz deniers ni nulz meubles et n'eust lors trouve qui sur sa terre luy eust baille ung seul denier, par quoy est cler que de soy n'eust peu faire lesd. racquitz ; aussi non fist-il, mais des deniers venuz et yssuz desd. vendictions desd. terres....»

 

 (89) Jehan Davy et Simon Le Mercier, bourgeois de Nantes.

(90) Voir note 3, page 125.

(91) Il fallait cependant que Brunissant subvint à ses propres dépenses, à celles de ses filles et à celles de Louis Chabot qui était alors au service du dauphin (depuis Louis XI).

(92) Brunissant d'Argenton portait le titre de dame de Chantemerle dès 1426 ; elle percevait alors les revenus de la terre du Beugnon que lui avait accordés Guillaume son père.

(93) Arch. de l'hôpital d'Argenton.

(94) Dans cet acte on constate que le procès n'avait pas été interrompu du temps de Guillaume d'Argenton, mais on n'en trouve pas d'autres traces.

(95) Les frèrescheurs étaient ceux qui possédaient des biens en commun, de quelque manière que ce fut, ou qui devaient en commun quelque redevance. (Dupin et E. Laboulaye, Glossaire de l'ancien droit français, Paris, Durand, in-12, 1846, p. 62).

(96) : 16 mars 1456. « Noble homme messire Jehan de Montours, chev sr dud. lieu de Montours et de St-Clémentin reconnoit avoir receu de tres noble et puissant sr monsr messire Antoine sr d'Argenton et d'Onzain, la somme de IIII xx IX escuz d'or II sols VI deniers, que ce dernier luy devoit de reste de la somme de onze cens a escuz d'or a la quelle montoit la composition entre eux intervenue pour terminer certains procès pendans entre eux, tant en la court de parlement que ailleurs, si comme par les lectres d'appoinctement et accord sur ce faictes et passées puet plus applain aparoir. Messire Jehan de Montours promet en oultre de rendre toutes les lectres qu'il a par devers luy touschant les choses dont ilz avoient eu procès, et messire Antoine d'Argenton s'engage a restituer et bailler aud. Jehan a les lectres des deux cens cinquante livres de rente qu'il avoit eu et a acquis de Olivier Nozille, et aultres lectres touschant le fait de St« Clémentin. »

(97) La date du premier contrat est restée en blanc ; celle du second est du 23 novembre 1457. Ces 1626 écus d'or valaient en monnaie 2,236 livres 15 sous.

(98)Il y a toute une histoire pour la lettre par laquelle Brunissant somma et requit Jean de Chambes d'aller au retrait de la rente vendue par Antoine à Charles de Gaucourt, — lettre écrite, scellée et signée le 10 janvier 1460/1.

Elle fut d'abord portée à Poitiers et à Paris et montrée au conseil de Jean de Chambes. Brunissant écrivit a ce sujet à Jean Vaslin, son procureur, et à Jean Simon son avocat, pour qu'ils consentissent au retrait.

Lorsque l'affaire fut terminée, la lettre fut rapportée à Jeanne Chabot, femme de Jean de Chambes, qui chargea une de ses demoiselles de la mettre dans un coffre, «  Et comme aud. coffre ou avoit a este mise lad. lettre y avoit entre autres choses des pots de confiture,  avint que la confiture de l'un desd. pots tumba et cheut sur lad. lettre tellement qu'elle feut toute grasse et ennoircie. »

 Il fallut en refaire une copie à Parthenay, qui fut scellée et signée par le même notaire, du consentement de Brunissant, et l'original fut rompu et cancellé, — ce dont il fut bruit dans tout le pays voisin.

Louis Chabot le reconnut lui-même plusieurs fois ; cependant il prétendit plus tard que cette lettre était fausse.

(99) Cavendish, cinquième duc de Portland, vient de mourir à Londres à l'âge de 80 ans. Il était depuis plus de trente ans affligé d'une terrible maladie jadis trop fréquente, mais de nos jours heureusement rare : la lèpre. (Courrier du Havre, 26 décembre 1879).

(100)…… « Que messire Antoine, durant sa maladie et environ l'heure de son décès et aussi paravant dit et déclara par plusieurs fois « qu'il sentait moult sa conscience grevee et chargée d'avoir fait led. transport au défendeur et qu'il l'avoit fait sans cause aucune et raison et pour soy vouloir vanger de ses héritiers qui le poursuivoient en matière d'interdiction et qu'il doubtoit en estre dampne. Et, pour la descharge de sa conscience, il avoit revoque, casse et annule led. transport comme fait pour injuste et desraisonnable cause ; et pour plus grant seurete envoya mémoires et instructions devers le Roy pour en obtenir plus ample provision et cassation, et deceda en ce vouloir. — Que messire Antoine, quant il estoit a part de sa femme et serviteurs, revoquoit lesd. transports et ordonnances et disoit qu'il avoit fait mauvaise chose contre Dieu et sa conscience et sans cause ne raison.. . . »

(101).  Deux-Sèvres, arr. de Bressuire. ch.-l. de c.

 

(102) Cet abonnement fut contracté par Geoffroy III d'Argenton avec Pierre de Chemillé, baron du lieu et de Mortagne, descendant d'une vieille famille qui s'éteignit dans la maison de La Haye-Passavant.

(103) Dans le contrat de mariage de Philippe de Commynes et d'Hélène de Chambes, l'énumération est moins complète ; elle est encore plus succincte dans le contrat de mariage de Jeanne de Commynes et de René de Penthièvre ; les principales seigneuries sont seules indiquées : Argentan, La Motte, Villentrois, Vauzelles, Lairegodeau, Gourgé et Souvigné, ce qui correspond exactement aux grandes divisions à établir pour ces nombreux fiefs.

(104) En 1452, la dame de Mortagne, qui avait accusé Jacques Coeur d'avoir empoisonné Agnès Sorel, et qui était « damoiselle de l'hostel du Roy » fut condamnée à n'approcher la Cour, à dix lieues près.

(105) Le 12 janvier 1461/2, Brunissant offrit de faire foi et hommage de la terre d'Agenais à Jacques de Montbron, seigneur de La Haye et de la Fougereuse, comme principale héritière de son frère. — La Vacherasse avait sa mesure spéciale (Compte de 1494).

(106) Le 27 avril 1462, Jean de Chambes fut reçu quatre fois à faire foi et hommage pour ces fiefs par le vicomte de Thouars.

(107) Deux-Sèvres, arr. Parthenay, c. Moncoutant, com. La ChapelleSt-Laurent.

(108) Deux-Sèvres, arr. Niort, c. St-Maixent.

(109) Le 26 nov. 1515, il est question de l'étang de l'Olivette, dépendance de La Motte, qu'on pouvait repeupler, suivant la coutume, avec une partie de la pêche de trois petits étangs voisins.

(110) Au procès poursuivi en 1515 pour la restitution des frais de réparations, etc., on produisit un grand nombre de comptes de ces seigneuries, entre autres ceux de 1481, 1485-87, 1493, 1501, 1503-1505, 1506, 1511, 1512, 1513. Presque tous ces comptes portaient la signature d'Hélène de Chambes et des membres de son conseil. — Les receveurs étaient : de 1481 à 1500 : Messire Jacques Michart, prêtre ; de 1501 à 1503, Guillaume Raoul, écuyer.

(111) Il semble cependant qu'il y ait eu, pendant quelque temps au moins, deux sénéchaux distincts, d'après des quittances de gages produites en 1519. — Au procès de restitution des frais de réparations, en 1515, on produisit onze comptes de ces seigneuries, de 1484 à 1513, rendus par les receveurs Pierre Berlend, Jean Berlend et Pierre Fillon, et signés d'Hélène de Chambes et des membres de son conseil. — On trouve encore aux Archives des Côtes-du-Nord un compte de 1426 à 1428, rendu pour Lairegodeau seulement, parce que la terre du Beugnon était alors entre les mains de Madame de Chantemerle (Brunissant d'Argenton),

(112) Indre, arr. de Châteauroux, c. de Valençay.

(113) Indre, arr. de Châteauroux, ch.-l. de canton. — M. Berry (Etudes historiques sur les monnaies de France, t. I, p. 477, in-8°, Paris, Dumoulin, 1852), dit que cette châtellenie d'Argenton relevait de la principauté de Déols (voir Duby, II, 268 ; La Thaumassière, hist. du Berry, liv. VII. ch. 45) ; j'ai pris l'indication de la mouvance de ce fief dans une note d'un archiviste de Penthièvre, écrite sur une feuille de papier dont le filigrane porte la date de 1771.

(114) Au procès pour les frais de réparations en 1515, on produisit presque tous les comptes d'Argenton depuis 1475 jusqu'en 1513 ; le plus grand nombre étaient signés d'Hélène de Chambes, et quelques-uns seulement de Ph. de Commynes. Nous avons conservé les abrégés des comptes de 1489, 90,91, 95, la recette de 1495 et le compte entier de 1494. Voir : Pièces justificatives, 2e partie, n° II.

(115) M. G. Babinet de Rencogne, dans sa brochure intitulée : Du commencement de l'année en Angoumois (Angoulème in-8° 1867), pp. 15 et 16, dit : «  Le jour initial de l'année, en Poitou, a beaucoup varié suivant les époques, et il a été pris tour à tour ou même simultanément a de la fête de l'Annonciation, de la fête de Pâques, de Noël et du l8 janvier. ... Il paraîtrait que l'usage païen de regarder le 1er janvier a comme le premier jour de l'an avait persisté au moyen âge dans cette a contrée. On en connaît un exemple dans un titre de l'abbaye de Sainte«-Croix de Poitiers, de l'an 1510. » — Or, il est bon de remarquer que les comptes d'Argenton pour 1494 et 1495 mentionnent cette date du PREMIER JOUR DE L'AN, entre Noël et la Chandeleur, pour une recette de 6 livres 5 sols de cens.

(116) Ce jour- là, le sire de Brachechien, seigneur du Puy-au-Maître, devait faire, armé, la garde du château d'Argenton ; cette redevance était rachetable pour la somme de 35 sols.

(117) Il y avait à Argenton dix bancs de bouchers, loués chacun 20 sous, plus un quartier de boeuf par an. — On trouve les noms de ces dix bouchers dans les comptes de 1494.

(118) Je prie M. Bergeron, premier adjoint d'Argenton, de recevoir ici l'expression de ma reconnaissance pour l'empressement gracieux qu'il a mis à m'envoyer le plan d'Argenton en 1813 et d'excellentes notes qui m'ont été d'un grand secours pour la topographie de la ville et du château.

(119) C'est très-probablement la même porté appelée porte Biart dans le compte de 1494.

(120) Ce doit être la porte Gaudin du compte de 1494.

(121) Nous trouvons dans le compte de 1494 des indications de chemins très-curieuses à comparer avec ceux d'aujourd'hui :

I. De la porte Viresche, — 1° à la tour Brasmin, située dans le voisinage de la pointe que fait la tour de l'Ormeau à l'ouest du château ; — 2° à la halle ; — 3° au grand portail de l'église St-Gilles ; — 4° à l'oustel Louis Desgranges ; — 5° à la porte du château : — 6° à Ciron ; — 7° aux garneries ; — 8° à l'oustel des garneries ; — 9° au pont de Vantibus ; — 10° à la Sablère ; — 11° au cimetière ; — 12° à Ste-Radégonde.

II. De la tour Brasmin, — 1° à la place au blé ; - 2° à la porte du château ; — 3° à la Fourest.

III. Du carrefour de Mauconseil, — 1° au four à ban ; — 2° à la porte Biart.

IV. Du four à ban, — 1° à l'oustel de la Fourest ; — 2° aux garneries.

V. Du Péaune, — l° à la place au bois ; — 2° à la confrérie N.-D., où aboutissait aussi le chemin du Pont-Neuf et celui du four à ban ; — 3° à la grande porte du prieuré (en face du prieuré se trouvait, en 1515, l'hôtellerie tenue par Jean Coutureau, où pendait pour enseigne l'image de St Julien) ; il y avait un chemin de la grande porte du prieuré à la halle ; — 4° à la grande porte de St-Gilles.

VI. Au Bourg-Giroire, il y avait les chemins : 1° de la porte Biart ; — 2° de la fontaine St-Georges ; — 3° du carrefour de Beauregard ; — 4° de 1%. porte Gaudin au moulin a tan ; — 5° de la porte Gaudin au Bourg-Giroire ; — 6° du pont du bourg à la croix Chaillou ; — 7° du pont du bourg au moulin de Monsieur.

VII. Du Pont-Neuf, — 1° au marché aux bêtes ; — 2° à la halle ; — 3° à la confrérie N.-D. ; — 4° a la croix à la dame.

 

(122)Cette chapelle existe encore et est bien conservée, quoiqu'elle serve de grange. Elle n'a guère de remarquable que sa voûte élevée, sa superbe charpente et sa toiture des plus rapides. Le choeur, à l'est, est transformé en fuie. La plus grande partie de la voûte est occupée par une fresque représentant un gigantesque Père Eternel, avec les quatre Evangélistes, sous des formes allégoriques.

 

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