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PHystorique- Les Portes du Temps
26 novembre 2021

Septembre 1371, Prise par les Anglais du châtel de Moncontour pendant la guerre de Cent ans

Septembre 1371, Prise par les Anglais du châtel de Moncontour pendant la guerre de Cent ans

Pendant la guerre de Cent ans, les Anglais deviennent maîtres de toute la Guyenne et d'une partie du Poitou.

Moncontour, qui commande un des principaux passages du Poitou et marque la limite des possessions françaises et anglaises, est un des objectifs des deux armées.

Les guerres des Anglais qui désolèrent la contrée, surtout dans la période de 1369 à 1374, furent très dommageables à l’abbaye de Saint Jouin De Marnes et durent causer beaucoup d'embarras à Jean de Montmajour.

Proche du château de Moncontour, elle était située près de Marnes, bourg du Mirebalais, en allant vers Thouars, entre deux rivières, le Thouet et la Dive.
Jean, moine de Montmajour, prieur de Notre-Dame de Cherlieu, fut institué abbé de Saint-Jouin par bulle du pape Urbain V, la première année de son pontificat, c'est-à-dire en 1362. Il est encore mentionné aux années 1375 et 1383. (Gallia christ., t. II, col. 1273.)

 

Au commencement de septembre 1371, les Anglais s'emparent du château de Moncontour (1).

Froissart nous a laissé un précis fort complet du siège de cette place, nous allons en lire plus loin les détails, mais il faut bien fixer la date de ce siège.

Une inscription tumulaire va nous aider.

Parmi les Français tués en cette rencontre, se trouve le Gallois de Bussy. C'est ce que nous apprend une inscription gravée sur une tombe de l'église Notre-Dame du Château de Loudun.

Voici cette inscription

CY GIST

LE GALLOIS DE BVSSY QVI FVT TVE

A L'ASSAVT DE MONCONTOVR

LE….. SEPT. 1371

Cette inscription est fort intéressante pour l'histoire locale, car elle donne la date presque exacte de la prise de Moncontour par les Anglais.

Les historiens l'avaient fixée jusqu'à présent aux derniers jours d'août 1371 (1). C'est une erreur. Ce fait militaire doit être reporté aux premiers jours de septembre (2). Ou plutôt, comme Froissart admet dix jours de siège, il faut dire que l'affaire, commencée en fin d'août, se termina dans les premiers jours de septembre.

Pendant ces faits d'armes, les moines de Saint-Jouin ne furent pas à l'abri des exactions des gens de guerre.

Les garnisons anglaise et française qui occupèrent tour à tour le château de Moncontour, couraient et pillaient tous les environs.

C'est sans doute ce qui détermina les moines de notre abbaye, victimes de ces agressions, à se fortifier contre les surprises des hommes d'armes.

 Les travaux de fortification, dont l'église porte encore des traces, durent être entrepris dans le dernier quart du XIVe siècle. Ils furent complétés au siècle suivant.

Nous sommes à une époque d'anarchie et de corruption s'étendant à tous les degrés de l'échelle sociale.

Et comme pour introniser la mort sur ces ruines, la mort sans espérance de réveil, des bandes de reîtres étrangers promenaient sur toute la province l'incendie et le pillage, pendant que des malfaiteurs sans nombre profitaient du désordre général pour semer partout l'épouvante de leurs crimes.

On a donné le nom de Grandes Compagnies à des mercenaires qui, pendant la querelle séculaire qui divisa la France et l'Angleterre, louaient tour à tour leurs services au plus offrant des partis en présence.

Ces troupes composèrent, à elles seules, la plus grande partie de l'armée royale dans les XIVe et XVe siècles. Ces troupes, difficiles à discipliner et à maintenir dans l'ordre, étaient encore bien plus difficiles à licencier.

Le pays va être dévasté pendant plus de deux siècles par de nombreuses guerres, lesquelles « n'estoient pour le temps dès lors plus dures et plus fortes sans comparaison en Poitou que autre part » (4).

Froissart va nous faire assister à la prise de Moncontour par les Anglais.

« Il se tenoit une grand garnison au châtel de Moncontour, à 4 lieues de Thouars et à 6 de Poitiers, desquels messire Pierre de la Grésille et Jourdain de Couloingne étoient capitaines et souverains.

Si couroient presque tous les jours devant Thouars ou devant Poitiers et y faisoient grands contraires ; et moult les restoingnoient ceux du pays, d'autre part à Châtellerault se tenoient Ferlouet le Breton et bien 500 bretons qui trop dommageoient le pays ; et ceux de La Roche-Pozay et ceux de Saint-Savin couroient aussi presque tous les jours et n'osoient les barons et les chevaliers du Poitou qui Anglois se tenoient chevaucher, fors en grand'route, pour le doute des François qui étoient enclos en leur pays » (5).

Les campagnes, aux environs de Moncontour et de Saint-Jouin, n'ont point de repos.

 Elles souffrent continuellement des tracasseries et des déprédations que leur infligent amis et ennemis.

On était en août 1371. Les barons et chevaliers Thouarsais et Poitevins qui avaient embrassé la cause du roi d'Angleterre avaient plus à souffrir de la garnison de Moncontour que de toute autre.

Ils résolurent de s'emparer de ce château. « Si firent un mandement en la ville de Poitiers, au nom du sénéchal de Poitou, messire Thomas de Percy; auquel commandement obéirent tous chevaliers et écuyers, et furent bien cinq cents lances et deux mille brigands pavoisés, parmi les archers qui étoient là.

Là étoient messire Guichard d'Angle, messire Louis de Harcourt, le sire de Parthenay, le sire de Poiane, le sire de Tonnai-Boutonne, le sire de Çrupagnac, messire Perceveaux de Couloingne, messiré Geoffroy d'Argenton, messire Hugues de Vivone, le sire de Tarste, le sire de Puisame, messire James de Surgères, messire Maubrun de Linières et plusieurs autres, et aussi les chevaliers Anglois qui pour le temps se tenoient en Poitou pour cause d'office ou pour aider à garder le pays, tels que monseigneur Baudoin de Franceville, messire d'Angouse, messire Gauthier Huet, monseigneur Richard de Pontchardin et les autres.

 

Quand ils se furent tous assemblés à Poitiers et ils eurent ordonné leurs besognes, leur arroy et leur charroy, ils s'en partirent à grand exploit et prirent le chemin de Moncontour, tous ordonnés et appareillés, ainsi que pour l'assiéger ? (6).

« Le château de Moncontour sied sur les marches d'Anjou et du Poitou, et est malement fort et beau à quatre lieues de Thouars.

Tant exploitèrent les dessus dits Poitevins, qui étoient bien en compte 3000 combattants, qu'ils y parvinrent. Si l'assiégèrent et l'environ nèrent tout autour.

Et avoient fait amener et charrier avec eux grands engins de Thouars et de la cité de Poitiers si les firent, tantôt qu'ils furent dessus, dresser par devant le châtel de Moncontour, lesquels jetoient nuit et jour, à la dite forteresse.

Avec ce que les seigneurs envoyèrent tous les jours assaillir et escarmoucher à ceux dudit fort.

Et là ont fait plusieurs grands expertises d'armes car avec les Poitevins étoient gens des compagnies qui point ne vouloient séjourner, tels que Jean Cressuelle et David Holgrave: Ces deux avec messire Gauthier Huet en étoient capitaines. Messire Pierre de Grésille et Jourdain de Couloingne (7) qui dedans étoient, se portoient vaillamment et s'envenoient tous les jours combattre eux Anglois à leurs barrières.

Entre les assauts qui là furent faits, dont il y en eut plusieurs, au 10e jour que les Anglois et les Poitevins furent là venus, ils s'avancèrent tellement, et de si grande volonté, et par si bonne ordonnance, que de force ils percèrent les murs du château, et entrèrent dedans et conquirent les François, ils y furent tous morts et occis ceux qui dedans étoient, excepté messires Pierre et Jourdain et 5 ou 6 hommes d'armes que les compagnons prirent à merci.

Après cette avenue et cette prise de Moncontour, messire Thomas de Percy, Louis d'Harcourt et Guichard d'Angle, sur l'accord et conseil des autres barons et chevaliers, donnèrent le châtel à Monseigneur Gauthier Huet, à Jean Cressuelle et à David Holgrave, et aux compagnons qui bien étoient cinq cents combattants, pour faire la frontière contre ceux d'Anjou et du Maine, et puis se départirent les seigneurs et se retournèrent chacun en son lieu. » (8).

Froissart ajoute que les vainqueurs restaurèrent et fortifièrent la place, qu'ils la gardèrent et grevèrent les environs dans leurs courses journalières.

Mais Duguesclin veillait. Il ne tardera pas à reconquérir Moncontour. …..

La nouvelle du siège mis par les Anglais devant Moncontour parvint à Paris pendant la seconde moitié du mois d'août 1371, car les premiers mandements adressés par Charles V pour réunir un corps d'armée de secours sont datés du 26 de ce mois (Delisle, Mandements de Charles F, p. 417 et 418, n°· 813 à 815).

Mémoires / Société historique et scientifique des Deux-Sèvres

 

 

 

  Les Seigneurs de Moncontour – Time Travel 2 mai 1242 – Geoffroy de Lusignan à la Grand Dent, Louis IX saint Louis<==.... .... ==>Saumur 1371 Mandement par ordre du roi a Bertrand Duguesclin et Olivier de Clisson d’aller secourir la forteresse de Moncontour assiégée par les Anglais et leurs partisans.

 


 

(1) Moncontour a des étymologies diverses parmi les auteurs Mons consularis, mons comitis. mons cantoris. Mons cum turre. Cum torno. (Journal de Loudun, 1891, n°21.)

(2) Arch. hist. du Poitou, t. XIX, p. XXXII.

(3) Journal de Loudun, 9 sept. 1894.

(4) Chronique de Froissart ; ch CCCXXX.

(5) Ibid., ch. CCCXXXI.

(6) Chronique de Froissart, ch. CCCXXXI

(7)    Jourdain de Coulonges, que Froissart appelle Jourdain a de Coulongne », appartenait, comme Pierre de Grézille, à une famille établie de vieille date sur les frontières du Poitou et de l'Anjou. On sait que les localités du nom de Coulonges (Coulonges-sur-la-Renaize, dans le dép. de la Vienne, Coulonges-Thouarsais et sur l'Autise, dans les Deux-Sèvres) sont nombreuses dans cette région.

(8) Chronique de Jean Froissart; ch. CCCXXXII.

 

 

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