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PHystorique- Les Portes du Temps
9 juillet 2021

Jeanne Chabot -Jean de Chambes, seigneur de Montsoreau et d'Argenton, chambellan des rois de France Charles VII et Louis XI

Jeanne Chabot - Jean de Chambes, seigneur de Montsoreau et d'Argenton, conseiller et chambellan des rois de France Charles VII et Louis XI

Jean de Chambes, seigneur de Montsoreau, né vers 1400 ou 1410, suivant Vallet de Viriville (Article de la Nouvelle Biographie .Générale). avait épousé, par contrat daté de Saumur, le 17 mars 1446, Jeanne Chabot, fille de Thibaut IX, seigneur de la Grève et de Montsoreau, et de Brunissende d'Argenton. Lors du mariage, l'Amiral de France, Prégent de Coitivy, et le Seigneur de Gonnort, Perceval Chabot, sont parmi les témoins de la mariée.

Jean de Chambes est membre du Conseil privé du roi Charles VII. Il mena à bien de nombreuses missions diplomatiques que ce soit en France ou en Italie ou même auprès du Dauphin Louis que le roi cherchait à faire revenir à sa Cour.

 La collection des pièces originales de la Bibl. nat., vol. 655, contient un dossier de plus de quarante pièces relatives à ce personnage, dont J. Vaësen a donné l'analyse (Lettres de Louis XI, t. IV, p. 273 t. VII, p. 72) et desquelles il résulte qu'il fut d'abord écuyer d'écurie de Charles VII (lettres datées du Bourg-de-Déols. Ie 11 mars 1426), panetier du roi, d'après une quittance du 14 février 1438, puis son conseiller et chambellan (autre quittance du 8 janvier 1442), commissaire royal aux Etats tenus à Montferrand en novembre 1441, et enfin premier maître d'hôtel du roi (quittance de gages des 12 janvier 1444, 4 août 1447 et 4 mai 1449).

 Jean de Chambes fut également capitaine d'Aigues-Mortes (don de Charles VII. du 26 février 1428), dont on le trouve, plus tard sous Louis XI, qualifié châtelain et viguier, connu aussi capitaine de la tour de Charbonnière près dudit lieu d'Aigues-Mortes (quittance du 25 juillet 1466), puis capitaine de Talmont-sur-Gironde (quittance du fi septembre 1451), de Niort (id. du 18 juillet 1456), gouverneur de la Rochelle le 20 janvier 1455, selon les lettres datées de Mehun-sur-Yèvre.

Ils eurent :

1) Jean III de Chambes, baron de Montsoreau

2) Hélène, dame d'Argenton, les Mottes-Couppoux. Mariée, par contrat du 27 janvier 1473 n. s., à l'illustre ), Philippe de La Clite, seigneur de Commynes, auquel elle apporta entre autres biens la terre et seigneurie d'Argenton. (Mlle Dupont, Mémoires de Commynes, t. III, Preuves, p. 38-53. Ils eurent pour fille unique Jeanne, mariée en 1504 avec René de Brosse de Bretagne.

Voy. aussi l'abbé A. Ledru, Louis XI et Collette de Chambes en Poitou Id., Un procès au XVe siècle. Louis AV, Philippe de Commines, le seigneur de Montsoreau et les habitants de Savigny. Angers, 1884, in-8".) MM. Beauchet-Filleau mentionnent « un appointement daté de 1480, entre Jeanne Chabot, dame de Montsoreau, veuve de Jean de Chambes, d'une part, et Gosceline (alias Hesseline) Chaperon, seconde femme, alors veuve, de Louis Chabot, d'autre part », sans indication de source ni d'objet.

3) Colette, alias Nicole. Elle naquit vers 1447, et épousa le 24 janvier 1466 Louis d'Amboise, prince de Talmont, vicomte de Thouars. Elle mourut empoisonnée le 14 décembre 1471. Elle était auparavant devenu la maîtresse de Charles de France, duc de Guyenne, frère de Louis XI, et lui donna deux filles : a) Jeanne de Valois, religieuse de l'ordre de Saint-Dominique, sous-prieure de Blaye et de l'église et abbaye de Saint-Pardoux la Rivière. Elle mourut en 1553. b) Anne de Valois, dite de Guyenne. Légitimée, elle épousa le 5 octobre 1470 François de Volvire. Elle mourut sans postérité.

4) Marie, née vers 1450. Elle épousa le 23 février 1483 Jean, comte d'Astarac, capitaine de 50 lances, mort en 1503, ayant laissé une postérité.

5) Jeanne. Elle épousa par contrat du 17 juin 1493 Jean de Polignac, seigneur de Beaumont et Randan, gouverneur de Livourne. Ils eurent une postérité.

Devenu propriétaire de Montsoreau en 1450, il fit commencer les travaux de construction du nouveau château qu'il accola à l'ancien, dont il garda quelques parties, comme nous le verrons bientôt.

Ce fut pendant une de ses absences, nécessitées par ses occupations de diplomate, que Charles VII qui était l'hôte du château du Petit-Thouars, à Saint-Germain-sur-Vienne, appartenant à Rolland de la Voyerie (d'une famille originaire des environs de Thouars) pendant que son amie Agnès Sorel séjournait à Candes vint à Montsoreau visiter Jeanne de Chambes.

 

Agnès Sorel - Jeanne Chabot château de Montsoreau

Peut-être dès ce temps-là cette dernière accepta-t-elle les faveurs du roi, un don de 12.000 francs que lui fit le roi pourrait le laisser supposer.

En tout cas Jean de Chambes ne s'émut pas et au contraire profita de sa faveur près du souverain pour se faire rembourser sur la confiscation des biens de Jacques Cœur, ancien argentier du roi et qui avait été son compagnon d'ambassade, une somme de 126.480 francs que lui devait, prétendait-il, le fameux argentier.

Entre temps, le frère de Brunissante d'Argenton, Antoine d'Argenton, oncle des trois enfants de Thibault VII Chabot, se voyant sur le point de mourir, avait légué tous ses biens à son neveu Louis II Chabot, frère aîné de Jeanne Chabot, obéissant en cela aux suggestions de sa seconde femme, Marguerite de Rasille.

Cette décision ne pouvait satisfaire Brunissante à qui il avait promis précédemment de lui laisser sa terre et sa seigneurie d'Argenton. Furieuse d'être ainsi deshéritée, Brunissante prit querelle avec son fils qui finalement complota d'assassiner sa mère.

Blessée seulement et n'attendant rien de son fils elle se rapprocha de son gendre, Jean II de Chambes, qui en 1461 acquit tous les droits qu'elle avait sur la succession de son frère et la libéra de toutes ses dettes.

Louis Chabot héritier d'Argenton défendit ses droits un procès s'engagea qui traîna en longueur et finalement Jean de Chambes fut bien heureux quelques années plus tard (1471) de céder ses droits contestés à une de ses filles, Hélène, quand cette dernière épousa Philippe de Commines.

Le 9 février  1450, Jean II de Chambes acquiert les domaines de Montsoreau et de la Coutancière à son beau- frère Louis II Chabot alors endetté. (1)

Jeanne Chabot, sa femme, était en 1473 dame d'honneur de la reine Charlotte de Savoie, et recevait du roi une pension de 1.000 livres, comme on le voit par le compte de Guillaume de Nève, trésorier et receveur général de Languedoc, pour l'année 1476.

 

 

François  Gébert, écuyer, demeurant à l'Isle-Bouchard, s'était avoué, pour libérer sa conscience, disait-il, l'auteur matériel du faux fabriqué à l'instigation de Louis Chabot, et comme Pierre Marvilleau, sans doute à la même date, il avait obtenu des lettres de rémission.

 Elles portaient en substance que douze ans auparavant, après le décès d'Antoine d'Argenton, Louis Chabot s'en vint à l'Isle-Bouchard, en l'hôtel d'un saint Germier, et pria Gébert, « avec lequel il avoit grant accointance tant au moien de la guerre que autrement », de le venir trouver, ce qu'il fit.

 A cette entrevue, le seigneur de la Grève lui montra « un blanc signé et seellé du feu sr d'Argenton et une minute en papier », dont il le requit très instamment de transcrire le contenu sur ledit blanc, lui affirmant qu'il n'y avait aucun risque à courir et qu'il ne lui en arriverait aucun inconvénient.

Comme Gébert ne se prêtait pas à ce désir, Chabot le menaça de le « destruire de corps et de biens », mais ne parvint pas à vaincre sa résistance, il agissait d'accord avec Marguerite de Razilly, veuve du seigneur d'Argenton, et la tenait au courant de ses démarches.

Celle-ci se chargea de continuer les pourparlers avec François Gébert elle le fit venir à Champigny-sur-Veude, où elle s'était transportée à la demande de son complice, « avec une solue damoiselle », et sut si bien s'y prendre qu'elle le décida à ce qui lui était demandé.

Depuis, ayant su que Chabot s'était aidé de ce faux titre dans le procès qu'il avait au Parlement contre Jean de Chambes, et que par ce moyen il l'avait gagné, Gébert « a fait conscience d'avoir emply ledit blanc signé et à ceste occasion en a adverty le roy, qui a fait prendre par son chancellier (Pierre Doriole) et Chambon, conseiller ceans, sa confession sur ce, par devant lesquelx il a confessé la vérité du cas et en a requis pardon au roy ».

18 mai 1473 Rémission obtenue par Pierre de Marvilleau, écuyer, sr de la Vergnaye, poursuivi en Parlement parce qu’il avait, par amour pour Marguerite de Razilly, veuve d’Antoine sire d’Argenton, fait une déposition mensongère, profitable à Louis Chabot, seigneur de la Grève, contre le sr de Montsoreau.

==> http://corpus.enc.sorbonne.fr/actesroyauxdupoitou/tome11/1523

 

Le jeudi 3 juin 1473, François Gébert et Pierre Marvilleau, écuyers, demandaient à la cour respectivement l'entérinement de leurs lettres de rémission.

Jean de Chambes, Philippe de Commynes, son gendre, et le procureur général s'y portèrent opposants et exposèrent dans une longue plaidoirie, le 10 du même mois, les procès interminables qu'ils avaient été obligés de soutenir, les dépenses qu'ils leur avaient occasionnées, et tous les dommages que cette pièce fausse leur avait fait subir ils demandaient que lesdites lettres fussent déclarées subreptices, obreptices, inciviles et déraisonnables, et Gébert condamné à faire amende honorable et à vingt mille écus de dommages-intérêts envers lesdits de Chambes et Commynes. (Arch. nat., X~ 39, aux dates.)

On ne sait comment l'affaire se termina il n'en est plus question sur les registres du Parlement, après cette date du 10 juin 1473.

 Jeanne Chabot vécut fort âgée, car en 1495 elle faisait encore partie de la maison de la reine Anne.

 

 

 

 

Notice sur, le château de Montsoreau

La petite ville de Montsoreau était autrefois une des trente-deux villes murées de l'Anjou.

Ses armoiries étaient d'or à la croix de gueules au chef d'azur chargé de trois fleurs de lys d'argent.

Elle devait son importance au château des comtes, qui avant le dix-neuvième siècle dressait directement au-dessus de la Loire sa haute et sévère façade flanquée de deux tours carrées dont les bases plongeaient dans les eaux du fleuve.

On ne peut se faire aujourd'hui qu'une idée imparfaite de l'édifice tel qu'il se dressait à l'époque de sa splendeur, c’est-à-dire aux XVe et XVIe siècles, surtout si l'on songe aux dépendances immédiates qui faisaient presque corps avec lui.

Voici les quelques renseignements trop vagues que nous fournit un aveu rendu par Jeanne Chabot au duc d'Anjou, en 1483 « à cause de son chastel et ville de Montsoreau ».

 « S'ensuivent, déclare-t-elle dans l'article I, les choses que je tiens en ma main et à mon domaine : C'est assavoir mon chastel de Montsoreau sur la rivière de Loyre, ainsi qu'il se poursuit et comporte tant en fossez, murailles, tours èsquelles sont mes prisons, fosses à mettre les prisonniers, portail, portes, poternes, arbalestrières, et chaisnes barrières, et ponts levis fermans à clef et esclaveures (serrures) et autres deffenses appartenans à chastel et forteresse ; maisons, court, carries, puits et autres appartenances quelconques, avec ma basse-court estant en la closture et pour-pris (2) de mondit chastel en laquelle j'ai entre autres choses une grande court avec une maison que j'ny naguères fait faire, qui me sert à faire greniers,  estables et chevaux ainsi qu'autres aûemens (3) de chastel avec plusieurs caves et autres choses comme ma chapelle ».

L'article 2 porte : « Au long et environ mondit chastel j'ay ma ville forte dudit lieu de Montsoreau ainsi qu'elle se poursuit et comporte tant en fossez, murailles faites et à faire, portaux anciens, droit de ponts-levis, portes et barrières et autres deffenses appartenant à ville et forteresse, avec les faux-bourgs d'icelle ».

Puis elle énumère les droits de sa baronnie : droits de garde et de guet ; ses droits sur « les maisons où l’on vend la chair, appelée la boucherie de Montsoreau », sur les halles, « où l'on vend les draps et autres marchandises », et sur les places, « où l'on a accoustumé à vendre pain, poulailles, pommes, cuirs » et toutes autres marchandises, sans omettre les foires et marchés.

A la suite elle énumère ses prévôté, péages et acquits « tant par eau que par terre, tant en vallée sur la levée de la rivière de Loire, en la ville de Montsoreau,  Fontevrault, Brétignolles qu'ailleurs ».

Enfin c'est elle qui impose et surveille les mesures à blé, à vin, à draps, et si un marchand « menant marchandises par les fins et mettes (4) de la baronnie, tant par eau que par terre, trespas hors sadite baronnie sans acquitter ne deprier (5) icelles marchandises soit par devant le corps du chastel ou par les fins et branchages de son dit péage », elle a le droit de poursuivre et de consfiscation (6).

Placée pour ainsi dire au confluent de la Vienne, avec une emprise immédiate sur Candes, la châtellenie exerçait sur le commerce et les échanges un contrôle fructueux et tyrannique.

 Le port voisin de Rest, situé un peu au-dessous à l'ouest, appartenait de longue date à l'abbaye de Fontevrault et servait de passage « de Rest par dessus la rivière de Loire » pour « passer gens de pied, gens de cheval, charrettes et autres choses transvehibles ».

De là des procès renouvelas souvent entre le château et l'abbaye, dont cependant les seigneurs de Montsoreau s'étaient montrés les premiers bienfaiteurs.

 

Depuis la fin du Xe siècle, les sires de Montsoreau jouent un rôle important en Anjou.

Ce sont de zélés donateurs ; les abbayes de Seuilly, de .Noyers, de Turpenay, de Saint-Aubin, de Marmoutier, en dépit de fréquentes contestations,éprouvent leur générosité.

La branche directe de ces premiers barons s'éteint vers 1240 avec Gautier III, qui, marié trois fois, n'eut de sa dernière femme, Marguerite de Trêves, que trois filles. L'aînée, Férié, épousa vers 1220 Pierre II Savari, seigneur de Montbazon.

L'écu figuré sur un sceau d'un Gautier de Montsoreau porte dans le champ une croix ancrée, tandis que le contre sceau présente un aigle aux ailes éployées.

A son tour la branche Montbazon-Montsoreau s'éteint sans lignée masculine, et l'on voit l'héritage passer (7) à la maison de Craon vers 1362, puis au début du siècle suivant à celle des Chabot.

Enfin elle échut à Jean II de Chambes lors de son mariage avec Jeanne, fille de Thibaud  Chabot.

 

La famille des de Chambes-Montsoreau est célèbre dans l'histoire angevine. Illustrée par ses alliances avec les Rohan, les Craon, les d'Estourville, la maison de Chambes, qui tirait son origine de l'Angoumois, joua dans l'Anjou un rôle important.

C'est sans doute Jean II qui fit reconstruire le château de Montsoreau, car deux laissez-passer délivrés par Charles VII à « notre ami et féal conseiller-et premier maître de nostre hostel Jehan de Jambes, chevalier, sire de Montsoreau et gouverneur de La Rochelle » en 1456, nous apprennent que ce seigneur a obtenu licence d'acheter une grande quantité de sapins dans le Forez et de les faire convoyer de Roanne jusqu'à Montsoreau par la Loire en même temps que quatre cent quintaux de plomb des mines royales du Lyonnais.

 Et les certificats spécifient que l'emploi de ce plomb sera affecté « à la couverture de sondit hostel de Montsoreau » et celui des « aiz » de sapin aux planchers et autres choses nécessaires.

Tous ces matériaux devaient être exempts de tout droit de péage. Il faut donc attribuer à la période comprise entre 1450 et 1460 la construction du gros oeuvre qui se dresse encore à nos yeux.

A Jean II succéda son fils aîné, Jean III de Chambes, chambellan du roi, qui épousa Marie de Châteaubriant, dame du Lion-d'Angers ; il mourut avant 1530. On lui attribue la construction du joli escalier de la partie orientale du château.

Son fils, Philippe, peut prétendre également, et à plus juste titre, semble-t-il, à cet honneur ; il épousa en 1530 Anne de Laval, fille de Gilles de Laval-Loué et de Françoise de Maillé. Ses habitudes relativement sédentaires, ses séjours presque constants dans ses châteaux d'Anjou parmi lesquels il faut signaler ceux de Challain et de la Coutancière, laissent supposer qu'il ne resta pas insensible au mouvement artistique qui se manifesta avec tant d'éclat tout le long de la vallée de la Loire jusqu'à Nantes.

Philippe reçut à Montsoreau Henri II de Navarre et sa femme Marguerite de Valois, en 1544, et en 1548, Marie Stuart. Une de ses filles était demoiselle d'honneur de Marie Stuart. Philippe eut deux fils auxquels s'attache une sinistre célébrité :

 l'aîné, Jean IV de Chambes, fut nommé gouverneur de Saumur et obtint du roi l'érection de la châtellenie de Montsoreau en baronnie en 1560, puis en comté en 1573.

Il joua un rôle considérable pendant la guerre de religion et se fit l'exécuteur du massacre des protestants à Saumur et à Angers, peu de jours après la Saint-Barthélémy.

Son frère Charles, qui lui succéda en 1575 et épousa en 1576 Françoise de Maridore, le grand veneur du duc d'Alençon, est celui qu'Alexandre Dumas a immortalisé dans son célèbre roman. Aussi violent que son frère, il a attaché son nom au drame historique de l'assassinat de Bussy d'Amboise consommé au château de la Coutancière en 1579.

Sa femme et lui survécurent de longues années à cet événement ; la première mourut au château d'Avoir en 1620. Quant à lui, après s'être rallié à la cause d'Henri de Navarre, il recevait en 1619 Marie de Médicis lors de son entrée à Angers.

Ses descendants tombèrent plus bas encore et leur déchéance devint publique. Le fils de Charles et de la dame de Montsoreau, René, fut arrêté comme faux monnayeur à la Coutancière en 1634. Condamné-à mort, il se sauva en Angleterre. C'était un véritable tyran dont les historiettes de Tallemant des Réaux nous révèlent quelques hauts faits.

Après Bernard de Chambes, qui, pour éviter la ruine, épousa une nièce du lieutenant criminel du Mans, la châtellenie échut par le mariage de sa fille Geneviève à François du Bouchet, marquis de Sourches, grand prévôt de l'hôtel du roi.

Dès lors (1664) cette famille, originaire du Poitou, posséda Montsoreau jusqu'à l'époque de la Révolution. Le petit-fils de François du Bouchet porta le titre de marquis de Tourzel.

La famille de Sourches portait d'argent à deux fasces de sable.

 Eile les écartelait des armes de Montsoreau aux 2 et 3 d'azur semé de fleurs de lys d'argent au lion de même couronné d'or (bibl. d'Angers 990, 1er 28 v°).

 En 1804, les de Tourzel aliénèrent le peu qui restait du domaine : le château fut vendu pour 12.000 francs. Eug. Berger, qui consacra en 1860, un article intéressant, quoique souvent erroné, à l'histoire de ses seigneurs, avait pu recueillir quelques renseignements pour ainsi dire contemporains sur l'abandon du monument.

Il écrit qu' « une impitoyable bande noire s'abattit aussitôt sur le domaine que les Jacobins avaient respecté. On le dépeça, on l'adjugea par lambeaux aux pauvres gens du voisinage ;

Ses salles de gardes furent converties en entrepôts de marchandises. Puis à la suite de ce premier vandalisme, surgit une idée plus radicale. Les spéculateurs imaginèrent un jour de raser les bâtiments pour en débiter les matériaux. L'abondance du tuf et son bas prix dans le Saumurois empêchèrent seuls la destruction de s'accomplir. Mais le château restait mutilé ».

Depuis les premières années du sis" siècle il a subi bien d'autres injures. La pluie en tombant directement sur les étages supérieurs, que la toiture ne protégeait plus, a pourri les planchers et déterminé leur chute successive. Celui qui se penche sur ces trous béants ne voit plus: que des poutres vermoulues ou tombées avec les gravats. Aujourd'hui, en exceptant quelques rares pièces, on peut dire que le château de Montsoreau est en ruine.

L'édifice actuel est resté probablement inconnu d'Alexandre Dumas, qui dans son dramatique roman omet de le décrire.

En 1879, O. de Chavigny, publiant une bonne étude sur les anciens seigneurs de Montsoreau du XIIe au XVIIe siècle, en parle le premier avec quelques détails.

La partie nord du château dominant la Loire développe une façade comprise entre deux tours carrées ; cette façade présente deux étages de quatre fenêtres à meneaux, au-dessus desquelles court un chemin de ronde porté sur mâchicoulis décorés d'arcs trèfles ; le parapet présente des baies rectangulaires ouvertes dans l'immense toiture et ces baies elles-mêmes sont surmontées de grandes croisées-lucarnes à pignon, au nombre de quatre (celle de l'est s'est entièrement écroulée).

Les tours d'angle carrées à trois étages sont découronnées ; la hauteur de la t$>ur ouest est même singulièrement réduite.

Une tour barlongue avec mâchicoulis et créneaux est appliquée au côté est. Elle se raccordait par une courtine à une tour aujourd'hui rasée. Le côté sud enferme avec les bâtiments en retour d'équerre une cour intérieure dont le sol est relevé au niveau du premier étage de la façade ; le corps central reproduit les mêmes dispositions que la façade nord ; mais les mâchicoulis, le parapet et les baies y apparaissent en meilleur état de conservation.

Les angles rentrants sont ornés de tourelles d'escalier octogonales s'élevant jusqu'aux étages supérieurs ; l'un, celui de gauche (ouest) est du XVe siècle ; l'autre a été ajouté au XVIe siècle soit par Jean III de Chambes, soit plutôt par son fils Philippe.

Cet escalier, rongé en partie par les intempéries, et maltraité par ses habitants, reste le vrai joyau de l'édifice. C'est un ravissant mélange de gothique et de renaissance ; intérieurement, l'escalier développe sa spirale de marches autour d'un noyau dont la partie supérieure supporte une courte colonne dans laquelle viennent se perdre les nervures des huit branches d'ogives soutenant la voûte terminale de la cage.

A l'extérieur la porte amortie en anse de panier est surmontée de quatre étages de fenêtres en anse de panier également et coupées par un meneau vertical. Les piédroits de ces baies sont encadrées de petits pilastres dont les chapiteaux supportent la corniche qui couronne chacune d'elles ; les panneaux intermédiaires présentent la même particularité ; delà sorte se prolonge une double ligne ininterrompue de pilastres dans toute la hauteur. Sur le linteau de la porte comme sur les pilastres se répètent en grand nombre rosaces et coquilles.

Si l'on fait attention qu'en 1530 Philippe de Chambes épousa Anne de Laval-Loué, et que la maison de Laval-Loué portait d'or à la croix de gueules cantonnées de quatre aiglettes d'azur et chargée de cinq coquilles d'argent, on verra dans la présence de ces coquilles sculptées une raison plausible de reporter à celte époque la construction de ce chef-d'oeuvre où la fantaisie de la première renaissance française se joue avec tant de grâce.

A cette oeuvre élégante par excellence, s'applique assez exactement la remarque formulée par M. Brutails (8). « A l'origine de la Renaissance sur des édifices restés gothiques on sema des ornements en vogue : des arabesques, des rinceaux, des médaillons ; on rappela discrètement les ordres antiques par des pilastres plats, ornés de losanges et appliqués sur les cadres des baies ».

La décoration est ici fort riche. Signalons sur le linteau de la porte rectangulaire d'entrée un cordon tressé sur lequel s’appliquent alternativement six roses et cinq coquilles et sur la frise d'entablement trois médaillons aujourd'hui vides, séparés par deux lampadaires à l'antique.

Le bandeau régnant au-dessus de la première fenêtre porte une tête d'empereur lauré dans un cadre de feuillage, accostée à droite et à gauche de deux génies ailés que l'on a représentés soufflant des bulles de savon ; en réalité ils s'éloignent en s'inclinant, le pied droit appuyé sur une boule et tenant à deux mains un objet rond — peut-être une outre — d'où s'échappe un ruban. Cette pierre roulante sur laquelle pose leur pied, comme l'outre, rappelle sans cloute l'instabilité aussi bien que la vanité des grandeurs humaines.

Au-dessus de la seconde fenêtre, sur un panneau de plus vastes dimensions, un casque se dessine, formant le cimier de l'écusson disparu où se trouvaient gravées les armes des de Chambes ; à l'entour, des feuillages et de riches rinceaux semblent révéler l'inspiration italienne.

Le casque est surmonté d'une banderolle où s'inscrivait le cri de guerre de la famille : on- lit encore : CHAMBECRIE...

La troisième fenêtre est surmontée d'un bas-relief particulièrement curieux. Il est traité sous la forme d'un rébus ou d'une allégorie dans le goût des moeurs un peu libres du temps. Une masse ovale représentant soit un tonneau, soit une pierre, repose sur le sol. Une louve la saisit à chaque extrémité. De chaque côté deux hommes nus, ou plutôt deux singes, se font vis-à-vis, tous deux inclinés comme pour faire effort. Celui de gauche tient la chaîne, qui vient saisir par le milieu la louve, et tire à deux mains pour soulever le poids. La chaîne passe par une poulie suspendue au milieu d'une ceinture qui se déroule à la partie supérieure du tableau. C'est elle qui est le point d'appui symbolique, l'aide morale, peut-être plus tard la récompense, qui permet au manoeuvre de mener à bien son labeur, malgré le peu de confiance que semble lui donner son compagnon. Les lettres capitales encore apparentes sculptées sur la ceinture : JE [L]E FERAY semblent bien affirmer l'inébranlable constance du travailleur dont l'effort sera couronné de succès.

La quatrième et dernière fenêtre supporte au-dessus de sa Corniche un grand cerf, au repos dans un hallier.

L'escalier était enfin couronné d'une balustrade formée de deux rangs de disques à fond d'ardoise, qui, par son -coloris, était du plus gracieux effet, si l’on en juge par les débris qui ont résisté à la destruction.

L'intérieur du château présente dans la partie regardant la Loire trois étages autrefois séparés par deux planchers ; une belle charpente, couvre la partie centrale. Au rez-de-chaussée (en fait le premier étage du côté du fleuve) la tour ouest conserve une cheminée du quinzième siècle avec hotte décorée de fresques aujourd'hui méconnaissables.

Il y a plus de trente ans, M. O. de Chavigny y relevait en effet une fresque du seizième siècle et distinguait dans un médaillon entouré de feuillages et de fruits un guerrier étendu sur le dos et un autre personnage en costume de berger s'apprêtant à le frapper (David et Goliath).

On ne voit plus aujourd'hui que les armes des de Chambes peintes au-dessus de cette scène avec le collier de l'ordre de Saint-Michel.

Au deuxième étage de la tour est une cheminée présentant également des traces d'une fresque à peu près détruite.

Les poutres et les solives étaient ornées de moulures prismatiques exécutées avec le plus grand soin.

Quelques pièces occupées par des propriétaires ou plutôt des « coutumiers » possèdent des plafonds à caisson en bon état et qui permettent de se rendre un compte exact de la beauté de l'oeuvre. L'aile gauche ou ouest de la cour intérieure renferme quelques pièces voûtées sur croisée d'ogives et qui remontent sans doute au treizième siècle.

 Enfin, sous le château régnent de grandes caves employées à abriter- des crus saumurois

Tel est l'état du château au moment où il devient l'objet de la sollicitude de l'Etat et du Département (1919).

Sa masse imposante et la beauté de certains détails n'ont pas échappé à ceux qui ont conservé le culte des souvenirs historiques et le goût des monuments artistiques. On ne peut en appeler à un meilleur et plus sûr témoignage qu'à celui de l'éminent architecte Joly-Lelerme, qui écrivait dans un rapport daté de 1838 :

« Cet intéressant édifice auquel un de nos romanciers modernes a donné récemment une nouvelle notoriété est malheureusement propriété privée et divisée entre plusieurs propriétaires dont les uns possèdent qui, une chambre, une cave, qui deux, trois, quatre pièces, etc. Indépendamment de son aspect général si imposant et qui l'était bien plus encore lorsque la Loire baignait son pied, il présente des détails fort remarquables. A l'intérieur des planchers en bois d'une belle exécution, des dispositions charmantes et des profils fins et bien étudiés.

A l'extérieur une tour d'escalier remarquable, un escalier d'un modèle moins grand que celui de Montreuil-Bellay mais d'une exécution et d'une disposition infiniment plus ingénieuse et plus belle ».

M. SACHE.. Angers, le 20 mai 1919.

 

Recueil des documents concernant le Poitou contenus dans les registres de la chancellerie de France. 11 / publiés par Paul Guérin,...

Rapports et délibérations / Département de Maine-et-Loire, Conseil général

 

 

 

 

En sonnant les cloches de l'abbaye de Fontevrault le lundi de Pâques, les habitants de Montsoreau gagnaient une barrique de vin <==

THIBAUD Chabot, seigneur de la Grève et du petit château de Vouvant part rejoindre les troupes de Charles VII à Chinon <==....


(1)    Louis Chabot, chevalier, seigneur de la Grève, chambellan du roi, fils de Thibaut IX et de Brunissende d'Argenton, ayant à peine six ans à la mort de son père, il était resté longtemps sous la tutelle de Guillaume, sire d'Argenton, père d'Antoine, son aïeul maternel.

 On accusait celui-ci de s'être montré peu scrupuleux dans l'administration de la fortune de son pupille, d'avoir aliéné plusieurs terres importantes comme celles de Pressigny en Gâtine, de Verneuil en la châtellenie de Loches, si bien qu'à sa majorité, celui-ci se trouvait dépouillé de plus de 500 livres de rente.

 La nouv. édit. du Dict. des familles du Poitou parle de ses démêlés judiciaires avec Antoine d'Argenton au sujet des comptes de sa tutelle, puis celui-ci étant décédé, avec l'une de ses sœurs, Antoinette, femme de Jean de Montenay (t. II, p. 180), mais reste muet en ce qui touche ses procès avec sa sœur Jeanne Chabot et le mari de celle-ci, Jean de Chambes seigneur de Montsoreau, et l'accusation de faux portée contre lui et reconnue fondée, ce qui fut cause qu'il dut rendre Argenton, dont le Parlement, sur le vu du titre faux, lui avait d'abord reconnu la possession.

Outre ces procès, dont il sera question plus spécialement dans une note suivante, on peut indiquer ici un arrêt rendu par la cour, le 17 janvier 1453 n. s., entre lui et Jean de Graville (Arch. nat., X~ 26, fol. 220 V),

 et un acte du 26 août 1454, dans lequel, Louis Chabot est qualifié chevalier, seigneur de la Grève, de Moncontour et de Marnes et accepte l'amortissement, moyennant vingt-sept écus d'or, d'une rente de douze livres que lui devait le chapitre de Saint-Hilaire de Poitiers. (Coll. dom Fonteneau, t. XII, p. 83.)

 Il mourut à la fin de 1479 ou au commencement de 1480 son fils et sa fille aînée décédèrent avant lui.

Seule, Madeleine, née après le 5 mai 1453, lui survécut elle avait épousé, le 4 février 1470, Navarrot d'Anglade, écuyer, chambellan du roi, capitaine de Mauléon-de-Soule.

(2) Clôture, enclos.

(3) Additions, dépendances.

(4) Bornes.

(5) Payer les droits de ces marchandises.

(6) Abbaye de Fontevraud. Fonds de Mantsoreau, aveu imprimé.

(7) Par le mariage de Jeanne, fille et héritière de Renaud Savary de Montbazon avec Guillaume II. de Craon.

(8) Brutails, Pour comprendre les monuments de la France.

 

 

 

 

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