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PHystorique- Les Portes du Temps
7 juillet 2021

Vendée - Proche de Puy du Fou, l’Histoire du Prieuré de Grammont - Une coutume du Moyen Age venue jusqu'à nous

Vendée - Proche de Puy du Fou, l’Histoire du Prieuré de Grammont - Une coutume du Moyen Age venue jusqu'à nous

À 9 km de Pouzauges et à 20 min du Puy du Fou, cet ancien monastère de l’ordre des Grandmontains est l'un des mieux conservés de France.

Lorsque le Père Abbé de Grammont goûta pour la première fois sa récolte des fiefs de Grand'Ry, que le sieur de ce nom avait baillé à son monastère, il fit une légère grimace. Pour lui qui venait des coteaux ensoleillés du Bordelais, où les vins ont la douceur d'aubes printanières, il trouvait à celui-ci une acidité qui ne flattait guère son palais.

Aussi, comme il était en commerce avec les religieux de la Grainetière, il fit avec eux échange de terres, puisque ces derniers possédaient quelques acres de prairies en bordure de la forêt proche de Chassay-Grammont.

Et le fief de Grand'Ry s'ajouta à ceux du Deffend et des Moulins du Puy-du-Fou, qui constituaient déjà une belle étendue de vignobles aux riches plans de muscadet et de ce cépage plus jeune, qui allait faire la renommée de ce pays sous l'appellation de vieille folle blanche.

Ces quelques hectares de pampres généreuses étaient cependant éloignés de l'antique abbaye royale, aussi les bons moines en confièrent-ils la culture et la vendange aux fermiers des alentours. Ceci, bien entendu, avec une redevance calculée sur la récolte.

Tout cela était fort bien, et chacun y trouvait profit.

Rien sans doute ne devait en ternir le rite…... si ce n'est la cupidité du seigneur de Mouchamps, le sieur Ayreau, qui, en cet an de grâce 1154, étendait sa jurisprudence sur une partie de la région, d'un droit accordé par les Sires de Lusignan, véritables seigneurs du lieu.

Afin de se procurer de ce délicieux nectar sans bourse délier, il fit établir en son château un pressoir féodal, obligeant les manants à venir y presser leurs raisins. Las, si ces derniers n'avaient rien à réclamer sur la quantité, il leur fallait bien reconnaître que la qualité n'avait rien gagner à son passage dans les caves seigneuriales.

Mais que pouvait un serf face aux exigences de son seigneur et maître, même si la raison était pour lui ? Et les faits auraient sans doute duré longtemps si Ayreau n'avait étendu ses prétentions jusqu'aux moines de la Grainetière, lesquels, normalement, devaient passer devant les murs du château pour transporter leur vendange de Grand'Ry au monastère.

Dès que le Père Abbé goûta ce vin nouveau, il le trouva fade, sans bouquet, et devina quelques malveillances de la part du seigneur. Sans attendre, il porta l'affaire devant Galon, évêque de Poitiers, qui dépêcha son intendant sur les lieux pour y effectuer une enquête. Et celui-ci découvrit que le sieur Ayreau, fort ingénieusement, avait établi un conduit amenant dans ses caves le premier jus des raisins, et qu'ensuite ses gens versaient une égale quantité d'eau dans le pressoir pour tromper les braves gens.

Ayreau fut condamné et le pressoir démonté et confié à un honnête citoyen qui, moyennant une petite retenue, assurait plus scrupuleusement le travail dans la satisfaction des vendangeurs.

L'ère des vignes à complant était ouverte. Des propriétaires, à l'exemple des moines, mirent des terres, aptes aux cultures de la vigne, à la disposition des petites gens qui ne possédaient pas, ou peu, de biens au soleil, et qui pouvaient ainsi, sans acquisition de terrain, posséder une vigne et y assurer leur consommation.

Le complanteur avait le choix de ses plans. Pendant trois ans, jusqu'à ce que la vigne soit en état de donner, il ne devait rien au seigneur, même si entre les rangs il semait mojettes ou pommes de terre ; il devait seulement entretenir le terrain et le préparer aux récoltes futures.

La redevance variait peu, allant du 1/5e au 1/7e, elle se stabilisa plus tard au 1 /6e.

Et cette coutume, à peine modifiée, est venue jusqu'à nous, avec ses termes originels de Seigneur, de complanteurs, de tenuyer, de redevances, etc. Et la révolution qui prétendit abolir les privilèges n'en changea ni la coutume, ni le langage….. mais les fiefs, souvent, changèrent de propriétaires, et les nouveaux maîtres se gargarisèrent à leur tour du titre de Seigneur.

Cette tradition, fort répandue, surtout dans la région du bocage vendéen qui enserre l'Oie, Mouchamps, St-Vincent-Sterlanges, St-Germain et Sigournais, n'alla pas sans soulever des difficultés entre propriétaires et agents du fisc chargés, aux alentours des années 1950, de la réfection du cadastre viticole.

Ceux-ci en effet ne pouvaient admettre ce transfert de droits sur une propriété partagée, s'étonnant surtout des termes de relation entre seigneurs et complanteurs, dont la résonnance évoquait « l'obscur Moyen Age ». L'affaire ne se régla jamais complètement, et, pour éviter de nouvelles complications, le cadastre dut admettre des feuillets doubles….. et le terme de « Tenuyer ».

Actuellement cette tradition se perd. L'industrialisation de nos campagnes, en mobilisant les petits récoltants dans les usines, a supprimé la plus grande partie des vignobles.

Nos paysans eux-mêmes les ont sacrifiés au remembrement.

En 10 ans, la culture de la vigne a perdu les 4/5e de sa superficie. On achète son vin à l'épicerie. Une belle page de notre folklore s'est fermée sur les joyeuses vendanges d'autrefois.

 

 

PRIEURÉ DE CHASSAY-GRANDMONT par Jacques BOISSIÈRES

En premier lieu, une précision de vocabulaire s’impose; la toponymie du lieu est bien : « Abbaye de Chassais- Grammont » (commune de Saint-Prouant 1).

 C’est sous ce nom qu’est connu l’édifice et c’est ainsi qu’il figure sur les cartes du cadastre et de l’Institut de Géographie National, même si l’établissement n’eut jamais le rang d’abbaye.

Il fut toujours un prieuré, une Cellae, ou celle, comme toutes les fondations grandmontaines. Enfin l’orthographe du nom, admise localement, est Grammont et non Grandmont, comme devrait le laisser supposer l’origine de sa création; la transformation de Chassay en Chassais est moderne.

 Les lieux-dits tout proches de « Chassais- l’Abbaye » et « Chassais-1’Eglise » se rapportent à un prieuré et une paroisse dépendants de l’abbaye de La Grainetière située sur la commune des Herbiers. Ce prieuré est très représentatif de l’art grandmontain (2).

En France, il est l’un des mieux conservés avec celui de Saint-Michel-de-Lodève. Son étude permet de mieux comprendre ce que pouvait être le lieu de vie et de prière de quelques moines isolés, que l’on a appelés les « Bonshommes » par respect ou par dérision.

 

Un peu d’histoire

L’inspirateur de l’ordre de Grandmont, saint Étienne de Muret (3), s’installe près d’Ambazac en 1076. Son successeur, Pierre de Limoges, établit véritablement l’ordre à Grandmont près de Limoges. La règle en est fixée par son quatrième abbé, Étienne de Liciac, élu en 1139.

Très dure, elle est l’expression du renouveau des ordres monastiques à la fin du XI e siècle, marquée par la recherche de pureté et le refus des richesses de ce monde. « Les traits originaux de cette règle sont la solitude absolue des Cellae, le refus de toute fonction paroissiale ou évangélisatrice, la rigueur des jeûnes et du silence, l’interdiction de posséder des biens hors de l’enclos du couvent, de conserver des preuves écrites des dons, d’entretenir des troupeaux » (4).

 Autre originalité, « les clercs se vouent à la contemplation et les convers sont les uniques responsables de la gestion temporelle... ». Même si ces institutions évolueront, toutes ces conditions de vie seront déterminantes pour l’histoire de l’ordre et l’architecture des différentes maisons.

 

La création du Prieuré de Chassay.

CHASSAY (de Chassayo, de Chasseyo), à peu de distance de Monchamps, non loin de Saint-Prouhant, Vendée. D'abord désignée comme appartenant au diocèse de Poitiers, puis comme dépendant du siège de Maillezais, plus tard de la Rochelle, cette maison aurait été fondée en 1200, d'après l'inventaire du Bois-d'Alonne (Archives de la Haute-Vienne, 51), et aussi les notes conservées aux archives de l'abbaye. (Archives de la Haute-Vienne, 1,672.)

Néanmoins Chassay passait généralement pour être une des maisons qui s'étaient établies grâce aux libéralités des princes anglais, et on attribuait sa fondation à Richard Coeur-de-Lion sous la date de 1195 (plutôt 1196).

Cette hypothèse, proposée par l’abbé Aillery (5) et reprise par René Crozet (6), doit être reconsidérée après l’étude de M me Pascale Gadé (7).

Une charte de donation de Richard, octroyée aux prieurés grandmontains, datée de 1194 et confirmée, en 1195, par Aliénor d’Aquitaine, concerne trois prieurés du Bas- Poitou : Barbe-Torte (commune des Magnils-Reigniers), Bonneraye (30) commune de Puy-de-Serre, l’autre celle du département ayant conservé des bâtiments), et La Meilleraie (commune du Château-d’Olonne).

 

 Il n’y est fait aucune mention ni de Chassay-Grammont, ni de Grammont-Saint-Christophe (commune de Rocheservière). M me Gadé considère la charte de 1194 comme authentique.

Des doutes sérieux pèsent sur d’autres titres de donation. Le contexte historique s’y prête : en 1204, au moment de la prise de possession des domaines des Plantagenêts par Philippe Auguste, des documents ont été rédigés pour faire valoir, auprès du nouveau roi, des droits qui auraient été consentis par l’ancien pouvoir royal, droits peut-être réels mais non consignés, la règle de l’ordre interdisant de détenir les preuves écrites des dons.

La date exacte de fondation de Chassay reste donc inconnue.

La deuxième approche nous est donnée par la dendrochronologie. Les éléments de charpente retrouvés en remploi au-dessus du dortoir ont permis une étude par le laboratoire de chrono-écologie de Besançon (8).

Les prélèvements donnent des dates concordantes et permettent à Claire Doucerain de conclure ainsi : « La date d’abattage des arbres mis en œuvre est postérieure à 1197, sans doute à partir du début du XIII e siècle ». Elle donne comme fourchette possible de mise en œuvre des bois les décennies 1197-1227.

 La troisième analyse est d’ordre architectural. La construction du prieuré de Chassay est très homogène : même matériau pour la pierre de taille et les moellons, même appareillage, même mortier. Les voûtes de la salle capitulaire sont de même facture que celles du réfectoire : les profils sont identiques et le mode de construction est celui du gothique de l’ouest. Les nervures sont des tores à dosseret dont les claveaux en « T » font queue pour supporter les voûtains. Tous ces voûtements sont bien contemporains des maçonneries à l’intérieur desquelles ils s’insèrent et il n’y a aucune reprise dans l’appareillage.

Notons que le chœur de l’église est couvert de voûtes d’arêtes rayonnantes. Les croisées d’ogive de la salle capitulaire ont des nervures qui prennent appui sur des chapiteaux sculptés alors que celles du réfectoire filent jusqu’à la base des colonnes sans interruption. L’hypothèse proposée ici est celle d’un chantier continu se déroulant à partir d’une date proche de 1200, commencé par l’église et par l’aile est, poursuivi au sud par le réfectoire et achevé à l’ouest par l’aile des convers, ce dernier côté venant s’adosser à l’angle nord-ouest de l’église (9).

 En 1292 lors du recensement général des maisons relevant de l’ordre de Grandmont, Chassay ne compte plus que cinq religieux.

Il est possible que Bertrand de Got, alors archevêque de Bordeaux et futur pape Clément V, en visite pastorale dans la région, passa Chassay le Jeudi 20 Mai 1305, alors qu'il visitait les prieurés de Vendée.

Itinéraire de Clément V (Bertrand de Got )pendant l'année qui précède son avènement au Saint-Siège : avoir visite le prieure de Montchans (Mouchamps) le jeudy (20) celluy de Segornay-de-Puybeliard ou il auroit couche.

20 Mai 1305 Visite pastorale dans le Poitou de Bertrand de Got (CLÉMENT V)

 

Visite pastorale dans le Poitou de Bertrand de Got (CLÉMENT V) du 17 MAI 1304 au 22 juin 1305

 

En 1314, un seigneur de Thouars voulut s'emparer de ses biens; mais un Commissaire du Roi le condamna à 200 livres d'amende et à des dommages-intérêts envers la communauté.

Après la disparition de Clément V le 20 avril 1314, le conclave désigne un nouveau pape français, le Cahorsin Jacques Duèse.

En 1317, au Palais des papes d'Avignon,  le pape Jean XXII réforme la règle de la congrégation de Grandmont,, Chassay est rattaché au prieuré du Bois-d’Allonne.

Prioratui de Bosco Alone, Pictav. Dioec., domos de Chassayo, et de Bona Radice, Malleacensis diocensis, in quo sint sexecim frates.

 Sur les 150 prieurés existant, il n'en conserva que 39, en plus de l'abbaye de Grandmont, chef d'ordre, et annexa à chacun de ces 39 prieurés chefs ou prieurés conventuels, un certain nombre des autres prieurés sous le nom de maisons ou membres unis, annexés et incorporés.

Au XIIIe siècle, le couvent fut placé dans la circonscription du visiteur du Poitou, et taxé à 7 livres sur l'état des pensions.

On voit encore quelques restes de ce prieuré, qui n'est plus connu que sous le nom de Petit-Grandmont.

 

 L’histoire moderne et contemporaine à moins de relief. Il est vraisemblable que le monastère eut à souffrir des guerres de religion, comme son voisin de La Grainetière, saccagé à trois reprises (10).

Le remplacement de la voûte de l’église par une charpente, au début du XVII e siècle, pourrait en être la conséquence.

 La suppression de l’ordre de Grandmont est obtenue en 1772 par la commission des Réguliers.

Chassay n’est plus alors que le siège d’une exploitation agricole. Les bâtiments sont vendus comme bien national le 5 mai 1791.

 

Vestiges d’un ancien prieuré à Saint Prouant . communication de M. l’abbé Auber, correspondant à Poitiers séance du 13 mars 1875

M. l’abbé Auber signale au Comité les restes d’un ancien prieuré dépendant de l’abbaye de Grandmont, qu’il a trouvé en Vendée, dans une ferme isolée nommé l’Abbaye, laquelle est située dans la paroisse de Saint Prouant, à 10 kilomètres au sud de Mouchamps.

Ces restes consistent en une salle capitulaire, qu’il croit du XIIe siècle, et le réfectoire du prieuré, qui sert maintenant de chambre à coucher au fermier.

Au nord de l'église, dont le berceau primitif a été remplacé par une charpente en 1637, s'ordonnent les trois corps de logis traditionnels : salle capitulaire à l'est, réfectoire au nord, aile des convers à l'ouest.

Malgré la disparition du cloître, ces bâtiments, qui ont subi un certain nombre de dégradations, nous sont malgré tout parvenus dans un état de conservation archéologique très intéressant.

Ils conserveront leur usage agricole jusqu’à leur rachat par la commune de Saint-Prouant en 1985.

 La municipalité en confie l’utilisation et l’animation à une association, l’ASSAG (11).

 

Le monument

De la petite route qui vient du sud, le prieuré de Chassay-Grammont s’apparente davantage aux bâtiments agricoles de la plaine de Chantonnay qu’à un édifice religieux.

Peut-être remarque-t-on simplement une élévation un peu plus importante que celle des volumes rencontrés dans la campagne environnante. Le même matériau de couverture, la tuile canal, et une belle pierre aux tons chauds sont utilisés comme pour toutes les fermes de la région.

Ce que ne laisse guère supposer le paysage découvert actuel, c’est que la celle fut implantée dans un lieu très isolé et boisé, comme le confirme l’examen de la carte de Cassini. Le plan, simple, s’organise autour de la cour du cloître.

 Au sud, et non au nord, est implantée l’église. Cette disposition, moins fréquente, pourrait être justifiée ici par des raisons géologiques (12).

L’aile orientale comprend principalement la salle capitulaire au rez-de-chaussée et le dortoir à l’étage. Au nord nous avons le réfectoire et la cuisine, à l’ouest l’aile des convers (fig. 1 et 2).

 

fig 1

Les matériaux

La pierre est une roche peu homogène, souvent fortement fissurée, de couleur ocre-jaune très prononcée. Nous sommes en présence d’un calcaire Hettangien du Jurassique Inférieur. Une étroite bande de cette roche traverse la Vendée en diagonale (13). Cette pierre a été utilisée de façon exclusive, tant en moellonnage qu’en pierre de taille, cette dernière étant réservée aux éléments architectoniques les plus significatifs. Son extraction est certainement locale. Les quelques moellons de schiste bleu ou noir, apparaissant ça et là, correspondent à des reprises de maçonnerie très récentes. Les murs intérieurs, comme extérieurs, devaient être tous enduits au mortier de chaux.

Les bois anciens conservés en place sont uniquement du chêne. Pour la charpente primitive, les constructeurs n’avaient utilisé que du bois de brin.

Une tradition locale attribue au prieuré de Chassay la fabrication de nombreux carreaux de terre cuite mais rien sur place ne laisse supposer une telle activité (14). Quelques tuiles canal anciennes, à crochet, retrouvées in situ, devraient correspondre à la couverture d’origine. Nous en reparlerons dans l’examen de l’aile est.

L’église Elle présente un plan extrêmement simple : une longue nef unique se termine par un chœur en hémicycle. Aucun décor, aucun effet architectonique ne vient troubler la très grande sobriété du lieu. La seule concession, encore bien timide, ne concerne que le chœur.

Extérieurement les façades lisses sont sobrement scandées par des contreforts plats. La façade occidentale est percée par une haute baie étroite couverte par un arc en plein cintre clavé. La forme de l’arc, légèrement outrepassée et écrasée, n’est certainement due qu’à une déformation des maçonneries.

Le long de cette façade se lit la trace d’un solin correspondant à un bâtiment en appentis récemment détruit par l’association. Ce bâtiment abritait un four de boulanger qui ne devait guère remonter au-delà du siècle dernier.

Dans les maçonneries démolies se trouvaient quelques vestiges du cloître sur lesquels nous reviendrons.

La porte d’accès extérieure ouvre au sud. Elle est percée en arc légèrement brisé (15) dans un épaississement du mur de même importance que celle des contreforts. La voussure extérieure est composée de trois rouleaux qui se prolongent sans interruption sur des décrochements, dans l’épaisseur du mur. Aucune colonnette, aucun chapiteau ne vient agrémenter l’ouverture. Seul, l’arc de couvrement est souligné par une archivolte retournée, chanfreinée, qui vient s’amortir en deux petites tablettes posées sur les sommiers de la naissance de l’arc. Le rouleau intérieur a été rétabli récemment, lors de la première campagne de restauration. A mi-hauteur du mur une série de corbeaux dénonce la présence d’un auvent extérieur, qui couvrait la porte d’entrée de l’église et se prolongeait vers l’est sur 6 mètres environ. Il s’agit du porticum ou parloir (16), qui devait reposer, au sud, sur un mur bahut. Adossé à ce même mur de l’église, un grand appentis à usage agricole a été ajouté à une époque indéterminée.

 Le chevet est à cinq pans coupés, avec un contrefort plat sur chaque angle saillant. Le pan de l’axe et les deux pans adjacents sont percés de hautes lancettes ogivales. Un large chanfrein extérieur permet de faire abondamment entrer la lumière du matin dans l’église. Le contrefort sud-est a été aminci sur la hauteur de la fenêtre, certainement pour qu’il ne puisse porter ombre sur la baie. Le volume extérieur a été dérasé pour la mise en place de la charpente du XVII e .

La toiture d’origine devait être plus haute sur le chœur que sur la nef.

Le clocher a totalement disparu. Son emplacement est révélé par le passage des cordes le long du mur, au travers du voûtain sud du chœur. Il devait se présenter sous la forme d’un mur-clocher bien modeste, dans le prolongement du mur gouttereau sud du chœur, disposition qui n’est pas sans rappeler le parti cistercien.

 Intérieurement, comme dans tous les édifices grandmontains, la majesté du volume est saisissante, malgré la disparition de la voûte qui a été remplacée par une charpente apparente.

Aucun jour latéral : l’éclairage est apporté uniquement par les extrémités est et ouest. Le long vaisseau de la nef était voûté en berceau brisé; les tas de charge de la voûte sont toujours en place. Le mur sud, non contrebuté par les bâtiments conventuels, est fortement déversé.

 Le chœur, bien caractéristique de cet ordre, est légèrement plus large que la nef, ce qui a pour effet de « piéger » la lumière du matin, amenée par les trois fenêtres aux ébrasements très ouverts (17). Il était voûté d’arêtes, dont il ne reste que les amorces. Les sept voûtains, légèrement bombés retombaient sur des arcs formerets. Chaque arête saillante vient prendre appui sur un petit culot sans décor. A gauche du chœur se trouve l’armoire eucharistique, et, à droite, le lavabo, dont seul l’arc brisé est d’origine : ces deux cuves sont une restauration récente, car une porte avait été percée à son emplacement.

 La charpente est constituée de neuf fermes datées de 1637 (la date est portée sur le troisième entrait). Elle est sobrement décorée de petits motifs gravés sur les entraits au droit des poinçons. Les pannes assemblées dans les arbalétriers forment des liernes. Ce type de charpente est à rapprocher d’un modèle régional bien identifié (18).

Le décor peint était important. Le décor primitif n’était constitué que d’un dessin de faux appareil ocre rouge, sur un badigeon blanc. Il est encore bien visible sur les départs de la voûte dans la nef et le chœur.

 Les voûtes du chœur portent un dessin rayonnant. Autour du chœur, il est complété par un dessin de pétales en demi- cercle qui vient souligner les arcs formerets. Dans la nef un autre décor se devine : les sondages réalisés sur le mur sud laissent supposer une grande composition. Apparaissent notamment un décor d’architecture et une main, mais les parties dégagées sont trop fragmentaires pour en tirer une quelconque conclusion (19).

 

fig 2

Le cloître

 Des galeries couvertes, il ne reste rien en élévation, mais les quatre murs périphériques, les fondations du mur bahut et les corbeaux auxquels était accrochée la charpente délimitent bien leur volume et rendent compréhensibles leurs dispositions. Le cloître est rectangulaire, dans une proportion de trois sur quatre environ.

Au sol a été retrouvé (20) l’emplacement d’un dallage de terre cuite, le long du mur ouest. Il est impossible de préciser s’il s’agit du sol d’origine.

 Le long de l’aile orientale a été identifiée la fondation de l’escalier conduisant au dortoir, ce qui a permis de le rétablir au cour de la campagne de travaux de 1990.

fig 3

Nous proposons une restitution en élévation (fig. 3). Elle se compose d’une galerie de petites arcades en plein cintre, reposant sur des colonnettes jumelées. Des massifs à plan carré viennent rythmer l’ensemble toutes les trois travées et aux angles.

Cette restitution a été établie à partir des fragments retrouvés : colonnettes, bases doubles ou quadruples, chapiteaux et tailloirs.

La modénature de ces éléments et leurs dimensions sont très proches, voire identiques à ceux de la galerie du cloître de l’abbaye bénédictine de La Grainetière, située aux Herbiers, à quelques kilomètres.

Outre leur proximité, les deux édifices sont vraisemblablement à peu près contemporains.

En 1180 l’église de La Grainetière est en cours de construction et les moines manquent de moyens pour poursuivre la construction du reste de l’abbaye. Celle-ci a donc dû être achevée vers les années 1200 (21).

 Des surfaces importantes d’enduit de chaux lissé et bien soigné subsistent sous les corbeaux de la galerie. Cet enduit, à l’abri des intempéries sous la couverture du cloître, s’est bien conservé. On peut déceler dans les surfaces les moins exposées des traces de chaulage et de coloration en ocre-rouge. Il faut vraisemblablement en conclure que l’ensemble des bâtiments étaient enduits, chaulés et peints. Cela devait donner une toute autre image de ce prieuré et renforcer son caractère fort austère.

 Les corbeaux de la galerie sont décalés, en hauteur, d’une épaisseur de sablière selon les côtés. Dans les angles du cloître et de part et d’autre des contreforts de l’église, la sablière venait s’encastrer directement dans la maçonnerie de pierre de taille. Les corbeaux sont absents au- dessus de l’escalier, qui devait être couvert par une saillie de la couverture du dortoir.

L’écoulement des eaux de pluie accumulés dans le cloître devait se faire par une canalisation passée sous le réfectoire au nord, mais les transformations de celui-ci en étable n’ont rien laissé des dispositions anciennes.

 

L 'aile orientale

C’est l’aile la mieux conservée et la plus complète du quadrilatère. Elle reprend très exactement toutes les dispositions grandmontaines. Dans l’ordre, du sud au nord, se succèdent au rez-de-chaussée : un passage, dénommé chez les Grandmontains le passage du cimetière, puis la salle capitulaire et enfin la salle des moines. L’étage, desservi par l’escalier extérieur situé dans le cloître, est occupé par le long dortoir des moines. À son extrémité sud est adossé à l’église un petit oratoire de nuit.

 À l’opposé se trouvaient les latrines.

 

Le passage du cimetière.

— Il est voûté en berceau légèrement brisé. La porte donnant sous le cloître est bonne ; celle de l’est a été réouverte en 1990.

 Des portes tardives vers l’église et vers la salle capitulaire ont été remurées. Les murs et la voûte sont encore partiellement enduits : un dessin de faux appareil, tracé à l’ocre rouge, anime la surface des maçonneries.

 

La salle capitulaire.

 — Petite, mais très séduisante, elle est couverte de quatre voûtes reposant au centre sur une colonne octogonale et, sur les murs latéraux, sur des colonnes adossées. Le mode de construction est celui du gothique de l’ouest, malgré l’absence de voûtes domicales ; la clef de la croisée est à peine plus élevée que celle des formerets. Les chapiteaux ont un décor végétal sobre, mais raffiné, particulièrement celui du milieu du mur sud. A chaque travée, une baie au linteau monolithe délardé et à fort ébrasement s’ouvre à l’est. Une banquette en pierre de taille court autour de la pièce. La salle s’ouvre sous la galerie du cloître par deux baies ; la plus proche de l’église laisse le passage sur une moitié de sa largeur; l’autre moitié et la deuxième baie ont un mur d’appui. Un tore continu cerne l’ouverture. Le même décor de faux appareil couvre les enduits conservés. Sur les arcs formerets a été repris le motif en arcs de cercles accolés, utilisé pour le chœur de l’église. Une petite croix pattée marque le centre de l’arc de gauche.

 

La salle des moines.

— Voûtée en berceau en plein cintre, elle est divisée par un escalier droit, à deux volées, sur mur d’échiffre. Il pourrait remonter au XVII e siècle. Une cheminée y est adossée. La présence d’une cheminée indique une transformation tardive, car les Grandmontains n’avaient ni chauffoir ni scriptorium. La salle était éclairée par trois étroites fenêtres donnant à l’est et s’ouvrait au nord, sur l’extérieur, par un grand portail; longtemps muré, il vient d’être réouvert.

En conformité avec la règle, cette pièce n’avait qu’un usage agricole. L’étage de cette aile était desservi uniquement par l’escalier donnant dans le cloître. La restitution de celui- ci a été effectuée en 1990.

Les traces de la voûte supportant le palier étaient suffisamment probantes, ainsi que la fondation de la première marche dans le sol du cloître. Une incertitude demeure pour la volée droite; celle-ci a été rétablie pleine, alors qu’une volée sur voûte aurait pu exister, comme à Saint-Michel-de-Lodève.

 

fig 4

Le dortoir (fig. 4).

— Du palier extérieur de l’escalier, on pénètre directement dans le dortoir. Ce long volume prenait jour à l’est par une série de onze baies, dont trois seulement sont intactes. Etroites et hautes, elles avaient un ébrasement intérieur prononcé et, à l’extérieur, un linteau monolithe en arc brisé. Elles étaient pourvues d’un volet intérieur, dont on peut voir les scellements de gonds. L’arrière voussure est dissymétrique pour permettre la rotation de l’huis.

 Une transformation, de la fin du XV e ou du début du XVI e siècle, avait cloisonné l’espace et modifié l’une des ouvertures en l’élargissant et en y adjoignant un coussiège. À l’extrémité nord du dortoir, une porte donne sur l’extérieur avec, à gauche, une petite fenêtre à double ébrasement. Cette ouverture menait aux latrines. Des logements de poutres dans le mur laissent supposer qu’il s’agissait d’un ouvrage en bois. Il faut remarquer que ces latrines se trouvaient juste au-dessus de la sortie de la salle des moines. Même si l’évacuation devait se faire sur le côté, cette disposition n’est guère confortable. Un fossé devait évacuer les eaux venant de la cuisine et des latrines vers l’est (22).

 

« L’oratoire de nuit ».

— Dans son étude sur l’architecture grandmontaine, Jean-René Gaborit dénomme cette pièce chartrier, en faisant référence au plan d’autres ordres. Mais il faut se souvenir que la règle interdisait aux moines de conserver des preuves écrites des dons. L’emplacement du dortoir ne permet pas d’avoir une fenêtre ou une porte donnant directement dans l’église. On peut éventuellement imaginer, qu’en l’absence de cette vue sur le chœur, les moines aient eu besoin d’un lieu de recueillement lié au dortoir. Ce petit réduit a une seule ouverture à l’est (celle de l’ouest est visiblement une modification tardive) et possède une armoire encastrée dans son mur nord. L’étrangeté de cette pièce vient surtout de son accès. La porte existante est contre le mur est; elle a un linteau droit, avec une feuillure dans l’ébrasement, permettant une ouverture vers l’extérieur, c’est-à-dire vers le dortoir. Il s’agit peut-être d’un remaniement, mais la maçonnerie, et surtout les enduits, montrent que cette modification serait ancienne.

À l’intérieur du mur a été réservé l’emplacement d’un coulisseau en chêne monoxyle à l’intérieur duquel coulisse une barre en bois assurant la fermeture de la porte. La barre, d’une section de 0,10 m x 0,10 m, n’a pu être placée qu’à la construction ou à la reconstruction du mur. Elle permet de fermer la porte d’accès du côté dortoir et non du côté oratoire. Le dispositif a donc été conçu pour enfermer quelqu’un à l’intérieur de la pièce et non pour qu’une personne puisse s’y isoler. Faut-il y voir l’une de ces prisons dont parle M. Durliat ? (23).

 

La charpente.

— Lors de la restauration des couvertures, la charpente a pu être examinée. Celle-ci, de facture récente, peut -être du XIX e siècle, avait été réalisée avec de nombreux bois de réemploi. Le relevé précis de toutes ces pièces a permis d’en proposer une restitution, qui a été améliorée par la confection d’une maquette (24).

La charpente mérite un examen particulier compte tenu de ses dispositions peu fréquentes et de sa datation, remontant à l’origine de la construction du prieuré. Ses principales caractéristiques sont les suivantes : elle est du type à chevrons-portant-ferme ; une double sablière répartit la charge sur les murs; chaque ferme comprend les deux arbalétriers assemblés par enfourchement, un entrait retroussé assemblé par queue d’aronde dans les arbalétriers et deux jambettes reposant sur l’entrait ou sur des blochets. Il n’y a pas de poinçon. Longitudinalement seul un lambris encastré entre les entraits retroussés et les arbalétriers assure la liaison horizontale entre les fermes. M. Délavai a identifié une charpente comparable au prieuré du Petit- Bandouille près de Thouars (25). Un modèle de charpente apparenté existe dans les Ardennes; il a déjà fait l’objet d’une description détaillée (26).

La couverture.

 — La pente de couverture donnée par la charpente est trop forte pour la tuile canal traditionnelle et trop faible pour une couverture à éléments plats comme l’ardoise ou la tuile plate. Sur la couverture de l’église ont été retrouvées plusieurs tuiles anciennes à ergot; elles pourraient correspondre au matériau utilisé sur la charpente d’origine. Ces tuiles sont de trois types : une tuile de très grande dimension servant soit de faîtière soit de noue; une tuile de 0,40 m de longueur, pourvue d’un ergot en extrémité permettant d’accrocher la tuile courante sur des liteaux; une tuile ayant un ergot situé à 0,10 m de l’extrémité, servant de butée à la tuile posée en chapeau. La forme des ergots et les traces d’usure ne laissent aucun doute sur l’usage de ces tuiles qui constituent donc un système complexe où chaque élément est spécialisé.

Des tuiles de modèles comparables ont été retrouvées dans le département, au château de La Garnache et au vieux château du Puy-du-Fou (27).

 

L ’aile septentrionale

Cette aile transformée en étable a fait l’objet d’une restauration importante, comprenant le rétablissement des voûtes du réfectoire et d’un étage.

 

Le réfectoire.

 — La pièce occupe le centre de l’aile nord. On y accède par une porte centrée sur le cloître. Cette salle majestueuse est couverte de six voûtes angevines. Les tores des arcs diagonaux et des formerets des voûtes, regroupés en faisceaux de colonnettes, descendent sans interruption jusqu’aux bases, en formant deux piliers centraux, six colonnes adossées et quatre d’angle. Celles du nord prennent appui sur une banquette qui court sur toute la longueur de la pièce. La voûte, détruite en 1947, a été rétablie en 1987. La restitution s’est faite sans difficulté. Tous les arcs formerets, les deux bases des colonnes centrales et de nombreux autres témoins étaient en place; des fragments avaient été récupérés et conservés et surtout des photos de l’intérieur, faites avant destruction, donnaient des indications précises (28).

Le jour est apporté par six fenêtres aux belles proportions, deux par travée. Plus larges que celles du dortoir, elles en reproduisent pourtant les dispositions : fort ébrasement intérieur et linteau monolithe délardé avec un arc en tiers-point.

Le passe-plat, au milieu du petit côté ouest du réfectoire, est placé derrière la colonne d’axe reprenant les retombées de la voûte. Afin de laisser une ouverture plus large, le faisceau de colonnettes est plus étroit sur ce côté.

Là encore, les traces d’un décor peint sont encore visibles : toujours un faux appareil ocre-rouge et, particularité de la pièce, des dentelures rouges soulignent chaque formeret.

 

La cuisine.

— La pièce a été très perturbée et il ne reste que peu d’élément en place. Un sondage réalisé par M me Gadé en 1987 (29) a permis de situer le foyer au centre de la pièce, près du passe-plat.

Le mur nord, effondré à la fin du siècle dernier, a été reconstruit plus mince et décalé par rapport aux fondations d’origine. Sa reconstruction réutilise des moellons et plusieurs corbeaux qui pourraient laisser penser qu’un abri se trouvait adossé au mur nord de la cuisine. On peut supposer qu’une porte donnait accès à l’extérieur.

Le mur est comprend le passe-plat : il n’a qu’une seule ouverture côté cuisine pour deux côté réfectoire, une pierre le divisant à l’intérieur du mur. De part et d’autre du passe-plat, un petit placard voûté est encastré dans le mur. Seul celui de gauche est conservé. Dans le mur sud, un grand placard est aménagé dans l’épaisseur.

La même disposition existe à la celle de Bonneraye. (30). Le volume de la cuisine devait s’étendre sur les deux niveaux du bâtiment.

Au premier étage, un couloir pris dans l’épaisseur du mur permet de faire communiquer l’aile nord avec l’aile ouest, en contournant l’espace de la cuisine. Rien ne permet de connaître exactement les dispositions des parties hautes de la cuisine.

 

L’étage.

— Avant la restauration des voûtes, seul le mur sud donnant sur le cloître était conservé. Le volume a été reconstitué à partir des traces de solins clairement visibles. Cette pièce communique par une belle porte ancienne avec le dortoir des moines et, avec l’aile ouest, par le petit couloir pris dans l’épaisseur du mur sud. Une disposition comparable est visible au prieuré de Mantes dans les Yvelines.

 A l’extérieur, à proximité de l’ancienne cuisine, se trouve l’ancien puits ou, plus précisément, la source captée dont le trop plein s’évacue vers un bassin aux murs de soutènement maçonnés. Ce bassin a été aménagé en abreuvoir pour les besoins de la ferme; cet usage ne peut être ancien, les Grandmontains, de par leur règle, n’ayant pas d’animaux domestiques.

 

L ’aile orientale ou aile des convers

C’est la partie du prieuré la plus difficile à comprendre. Au rez-de-chaussée une grande pièce, appelée parfois, sans raison, salle des hôtes, est encadrée par deux passages. Celui du nord, le long de la cuisine, devait la desservir et donner accès au cloître. Celui du sud est l’entrée du prieuré.

La grande salle des convers était voûtée encore récemment. Ce sont les anciens fermiers qui ont abattu la voûte. Le berceau en plein cintre était une adjonction postérieure à la construction; le collage bien visible du tas de charge de la voûte, dans l’ébrasement des fenêtres, en est la preuve. Deux petits jours en assuraient la ventilation à l’ouest. Une réservation dans la voûte à l’extrémité sud indique l’emplacement d’un escalier.

À l’étage, les maçonneries, fréquemment modifiées, rendent difficile la compréhension des dispositions d’origine. Une fenêtre à meneau horizontal, de la même époque que l’ouverture transformée dans le dortoir des moines, ouvre sur le cloître.

L’entrée est un petit couloir, symétrique du passage du cimetière en face duquel il se trouve. La voûte en berceau d’origine est effondrée, mais parfaitement restituable. Une porte donne accès à la grande salle des convers située au nord.

 

Conclusion

L’architecture grandmontaine est si étonnamment homogène que les principales caractéristiques examinées ici se retrouvent régulièrement dans tous les prieurés visités. Cette remarquable unité ne se retrouve guère dans aucun autre projet médiéval, qu’il soit religieux, civil ou militaire. Elle correspond à un programme précis, réfléchi, donné par la règle. Même les Cisterciens, à l’architecture bien typée, n’atteindront pas une telle cohérence.

  1. Délavai dans son étude comparative des vestiges grandmontains de l’ouest insiste sur les variations architecturales « à travers une standardisation apparente ». Pour autant s’impose une tradition forte : même si, comme le note A. Délavai, « les disciples d’Étienne de Muret ont su se montrer perméables aux influences locales » ils n’en ont pas perdu l’esprit unitaire de la composition de leurs ensembles.

En dehors du plan, strictement réitéré dans chaque nouvelle maison, il se dégage un esprit de ces lieux. Quels architectes de grand talent ont présidé à la mise en place de ces projets ? Qui a bien pu préparer ces tracés géométriques simples, faciles à reproduire, nécessaires à une bonne diffusion en grand nombre et sans déformation ? Il est bien sûr impossible d’y répondre. Les caractères dominants et les traits les plus évidents sont : le goût pour la simplicité de la composition et la clarté du plan, une prédilection très marquée pour la symétrie jusque dans les moindres détails, la maîtrise des jeux de lumière, la recherche d’effets répétitifs, le rejet des décors inutiles.

Sans prouesse technique particulière, la construction dénote une excellente connaissance des modes de construction, une parfaite possession de l’art de la stéréotomie, un souci constant du détail et un grand soin dans l’exécution.

La celle de Chassay-Grandmont est sûrement un des exemples les plus représentatifs, conservés de nos jours, de cet art sobre et magistral.

Avec l’Abbaye de Maillezais et l’Abbaye de Nieul-sur-l’Autise, le Prieuré de Grammont fait partie des 3 Abbayes du Sud de Vendée restaurées par le Conseil général de Vendée.

Prieuré de Grammont 85110 Saint-Prouant
Ouvert tous les jours de 10h00 à 12h30 et de 13H30 à 19h00, du 1er juin au 3ème week-end de septembre.

 

 

 

Société française d'archéologie.

Une coutume du Moyen Age venue jusqu'à nous : les vignes à comptent par CONSTANT GAUDUCHEAU

 

 L’Ordre de Grandmont sous la protection des Plantagenêt <==

 

 


 

(1)    Saint Prudent de Bèze était un jeune noble qui devint archidiacre de Narbonne,  mort comme martyr en 613. Des reliques de ce saint ont été distribuées et l'une d'entre elles est parvenue au prieuré  qui prit le nom de Saint-Prudent (Saint Prudentius ; Saint-Prouant par déformation)

Le 875, 19 mars à Saint-Denis, Charles le Chauve donne à l'abbé « Geilo » et à sa communauté, qui, fuyant devant les païens (Normands), transportaient ici et là les reliques de la Vierge et le corps de saint Philibert.

habeant atque possideant. Statuimus etiam ut praefatus locus caput habeatur omnium rerum quae ei a nobis aut a fidelibus cristianis olim collatae sunt, et omnia haec loca, id est Asinarias quae sunt in pago Sanetonico cum omni sua integritate, et in Pictavensi territorio cella sancti Prudentii cum omni sua integritate

En 883, Geilon, ou Gilon, évèque de Langres, donna l'église de Chazeuil à l'abbaye de Bèze pour l'aider à subvenir à la dépense que devait entraîner l'affluence des fidèles venant visiter le corps de saint Prudent, martyr, qu’'il avait tiré d'une chapelle abandonnée et qu'il avait déposé à cette abbaye, lors d'un voyage qu'il fit à Saint-Jacques-de-Compostelle.

Les reliques de ce saint furent en si grande vénération pendant les Xe et XIe siècles, qu'on venait en pèlerinage à Bèze de toutes parts, jusque de Châtillon-sur-Seine; beaucoup de miracles s'opéraient par son intercession, en faveur des estropiés, des paralytiques et des malades de toutes sortes. Sa fête était célébrée le 4 septembre.

 

 

(2)   La présentation faite ici de ce monument ne doit être considérée ni comme une étude historique de l’ordre de Grandmont ni comme une analyse générale de l’architecture des bâtiments qui y sont attachés. La remarquable et passionnante thèse de M. Jean-René Gaborit, L ’architecture de l’ordre de Grandmont reste le document de référence irremplaçable. C’est le guide suivi dans cette étude. Il ne sera donc pas rappelé en permanence, tant les renvois à cette source seraient fréquents.

 

(3) S. Etienne de Muret, fils d'un vicomte de Thiers, élevé en Calabre ; revenu en France, il se retire dans la solitude à Muret, près de Grandmont, au diocèse de Limoges, et y fonde l'ordre de ce nom, qui n'aura de règle particulière que longtemps après. Il mourut en 1124 et fut canonisé en 1189

 

(4) Jean-René Gaborit, L’architecture de l’ordre de Grandmont, dans Position de thèse de l’Ecole des chartes, 1963.

(5) Abbé Aillery, Pouillé du diocèse de Luçon, Fontenay-le-Comte, 1860, p. 90.

 (6) R. Crozet, Trois ensembles monastiques en Bas-Poitou, dans Revue du Bas-Poitou, 1970.

(7) P. Gadé, Le prieuré de La Meilleraie, Mémoire de maîtrise d’histoire, professeur M. R. Fossier, 1987.

 (8) G. Lambert et C. Doucerain, Analyse et datation dendrochronologique de bois provenant de la charpente du prieuré de Chassay-Grammont, Laboratoire de Chrono-Ecologie de l’Université de Franche-Comté, décembre 1993.

(9) Michel Dillange, dans Eglises et abbayes romanes en Vendée, a une conclusion très proche de cette hypothèse.

 (10) Abbé Delhommeau, L’abbaye de La Grainetière.

(11) ASSAG (Association pour la sauvegarde et la mise en valeur de l’abbaye de Grammont).

(12) Monsieur G. Bresson, hydrogéologue départemental, estime que le terrain situé au nord de la source n’a pas une stabilité suffisante.

(13) Indications fournies par M. G. Bresson.

 (14) R. Valette et L. Charbonneau-Lassay, Un monastère oublié : le prieuré de Chassay-Grandmont, dans Revue du Bas-Poitou, 1918, p. 24 à 27 ; M. Bedon, Le canton de Chantonnay, 1981.

(15) Il est remarquable de constater que pour toutes les baies de tous les bâtiments on a eu recours au même tracé : des arcs brisés surbaissés dont la base est divisée en cinq parties égales.

(16) Sa fondation a été retrouvée au cours de terrassements pour le passage de canalisations.

(17) Sur le décrochement du chœur : R. Oursel, Evocation de la chrétienté romane, Zodiaque, 1968, p. 359-360.

 (18) A. Délavai et J. Boissière, Charpentes bordelaises, dans Le bois dans l’architecture. Actes des entretiens du patrimoine, Rouen, 1991.

 (19) Sondage réalisé par M. Moulinier en 1990, lors des restaurations des peintures murales de la vieille église de Mesnard-la-Barotière. M. Moulinier a considéré qu’il y a une certaine identité dans la technique picturale utilisée pour ces deux édifices.

(20) Rapport du sondage archéologique de M me Gadé, réalisé en juillet 1985 et déposé à la Direction régionale des Affaires culturelles de Nantes sous le numéro : 85-13.

(21) Lettres des abbés de Fondouce, La Tenaille, Blanche-Couronne, Lieu-Dieu-en-Jard et La Grainetière pour inciter les fidèles à aider au financement des travaux de cette dernière.

(22) Cette disposition de latrines est conservée en maçonnerie au prieuré de Combéroumal : une demi-voûte vient s’appuyer sur le mur pignon du dortoir.

(23) M. Durliat, L’abbaye de Flaran.

 (24) Maquette de l’Institut du bois de Fontenay-le-Comte.

(25) A. Délavai, L’ordre de Grandmont, Acte des journées d’études de Montpellier, les 7 et 8 octobre 1989, p. 119 à 130.

(26) Encyclopédie de la charpente.

 (27) Fouille de M. Jean Vincent.

 (28) Deux photographies sont conservées aux Archives photographiques de la Direction du Patrimoine à Paris. Une autre photographie a été publiée par le docteur Rousseau dans Vieilles églises de Vendée.

 (29) Rapport du sondage de fouille de M me Gadé. N. B. : Le plan en fïg. 1 ne prend pas en compte certains travaux récents (repérage d’une troisième fenêtre dans le mur oriental de la salle des moines et réouverture du portail dans son mur nord) ; le plan en Fig. 2 donne l’état actuel de l’aile nord, qui est en revanche restitué sur le plan en fïg. 3 ; il n’indique pas le passage aménagé dans le mur sud (pour mettre en communication les ailes nord et ouest), découvert tout récemment.

(30) BONNERAY, de Bona  Radia, (de Bona Radice),  Bonré, près Puy-de-Serre (Vendée), appartenait autrefois, d'après les indications qu'a bien voulu nous donner M. Richard, archiviste de la Vienne, à l'archiprêtré d'Ardin, sur la limite actuelle des départements des Deux-Sèvres et de la Vendée. Elle existait au XIIe siècle et eut part aux libéralités des princes anglais. Hermant prétend même que ce couvent fut donné aux grandmontains par Richard Coeur-de-Lion en 1195 ou 1196. Au XIIIe siècle était désignée par la prétendue bulle de Lucius III comme dépendant du diocèse de Poitiers, devint en 1317 du diocèse de Maillezais, en 1648 de celui de La Rochelle. Cette maison Fut donnée en 1196 par Richard Coeur de Lion.

— Cinq religieux en 1295. Pension : 100 sols. Appartenait à la nation de Poitou. Unie au bois d'Alonne.

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