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PHystorique- Les Portes du Temps
5 avril 2021

Le 16 mars 1227, le traité de Vendôme formalise la soumission des coalisés.

En présence de dangers chaque jour grandissants, la reine Blanche ne resta pas inactive; mais elle échoua dans ses efforts pour détacher de la ligue le comte de la Marche (1).

Non seulement Hugues X de Lusignan et Pierre de Dreux étaient gagnés au parti des Anglais, mais la coalition dont Mauclerc était l'âme devint encore plus redoutable par l'accession du puissant comte de Champagne.

 A une époque indéterminée, mais qui ne peut être postérieure aux premiers mois de 1227, Hugues de Lusignan s'engagea par serment à aider Thibaud IV contre tous ses ennemis, à la réserve de la foi qu'il devait au comte de Bretagne, et à ne conclure avec le roi d'Angleterre aucun arrangement préjudiciable à son nouvel allié.

Thibaud reçut de Pierre Mauclerc une promesse semblable (2). En même temps que le comte de Champagne, les confédérés firent encore entrer dans leur parti le comte de Bar (3).

Ainsi le mouvement qui poussait les grands feudataires à la révolte gagnait l'est du royaume.

En Poitou, les confédérés avaient leurs positions les plus avancées à Thouars et à Parthenay; ils occupaient Bellême en Perche, et en basse Normandie Saint-James de Beuvron, que le comte de Bretagne avait fortifiées et munies de vivres (4)

Quelques-unes des plus récentes conquêtes de la royauté, surtout la Rochelle (5) étaient comme perdues au milieu des ennemis.

Le comte Richard, qui avait reçu d'Angleterre de l'argent et un secours de cinq cents Gallois (6), tenait le pays avec les révoltés poitevins, dont le courage était soutenu par l'espérance de voir bientôt arriver Henri III en personne (7).

Quant aux raisons de cette révolte, ce ne pouvaient être que de mauvais prétextes (8); peut-être quelques-uns des vassaux rebelles mirent-ils en avant la prétention de se faire délivrer des fiefs (9); en général, le clergé du royaume désapprouvait leur entreprise (10).

 

Blanche de Castille, à laquelle on avait conseillé de se porter sur Chinon pour s'entendre avec les révoltés (11), se mit en route à la tête d'une grande armée; elle avait avec elle le cardinal Romain, légat du Saint-Siège, le comte de Boulogne Philippe Hurepel, le comte de Dreux Robert Gâteblé, frère de Pierre Mauclerc (12), fidèle à ses devoirs envers le roi, comme son autre frère, Henri, qui venait d'être élu archevêque de Reims.

 

 Le 20 février 1227 on fut à Tours (13), où Louis IX et sa mère furent solennellement reçus au monastère de Saint-Martin, puis dans l'église cathédrale de Saint-Maurice (14).

Ils arrivèrent à Chinon le lendemain et se portèrent de là sur Loudun.

 

Une bien faible distance séparait alors les troupes royales et les rebelles, qui étaient à Thouars; on s'arrêta pour négocier, et pendant près de vingt jours des conférences se tinrent à mi-chemin entre les deux armées, près de Curçay, dans un lieu dit la Charrière (15).

 

Pendant que les révoltés, incapables de s'entendre, cherchaient à traiter chacun pour soi, le comte de Champagne et le comte de Bar, qui étaient venus aux conférences avec un sauf-conduit du roi, se retirèrent auprès des confédérés et campèrent sous les murs de Thouars.

Il faut croire que les Anglais et les Poitevins n'avaient pas grande confiance en eux, car le comte Richard et Savary de Mauléon, qui se tenaient à distance et observaient les événements, essayèrent de s'emparer d'eux par un coup de main.

Thibaud et le comte de Bar eurent à peine le temps d'échapper et de se réfugier au milieu de l'armée royale (16). Cette tentative avortée eut le résultat qu'on pouvait en attendre; le comte de Champagne, déjà ébranlé dans ses résolutions à la vue des troupes royales, retenu par le respect qu'il avait encore pour son souverain, se soumit entièrement au roi, qui lui fit un bienveillant accueil, et le comte de Bar suivit son exemple (17).

On ignore le moment auquel les dispositions du comte Thibaud furent connues des autres confédérés ; le 2 mars 1227, Pierre de Dreux et Hugues de la Marche l'autorisèrent à conclure avec le roi une trêve qui devait durer jusqu'à la quinzaine de Pâques (18) et partir du moment où Louis IX et son armée auraient dépassé Chartres ou Orléans (19).

 Ce retour à l'obéissance, qui ne valut sans doute au comte de Champagne que le pardon de sa faute (20), lui coûta peu de chose; dans le courant du mois de mars, se trouvant à Paris, il fit au roi l'abandon de tout ce qui pouvait lui appartenir dans les fiefs de Breteuil, de Millançay en Blésois et de Romorantin (21).

L'influence de la reine Blanche avait contribué à ramener Thibaud.

Au moment où ses alliés de la veille ne songeaient qu'à le traiter en ennemi, il trouvait auprès d'elle et de Louis IX un dévouement sincère et l'oubli des offenses.

 

Blanche n'avait que trente-huit ans, elle avait été belle et l'était certainement encore; il est probable que le comte de Champagne se sentit alors porté vers elle par la reconnaissance ou par un sentiment plus intime, et l'on a dit, non sans apparence de raison, que sa passion pour elle lui inspira dès lors quelques-unes de ses plus gracieuses poésies (22); des vers tels que ceux-ci, écrits par un grand et puissant prince, ne peuvent s'adresser qu'à une reine :

Cèle que j'aim est de tel seignorie,
Que sa biautez me fait outrecuidier.

Dame en qui est toute honors assegie,
En moi grever poez griément pechier.
Si fins amors vos a de moi saisie,
Ne me mettez por ce de vos arrier.
Votre hom deving loiaus, de vrai corage,
D'une chançon rendue à heritage
Le jor de mai. Dex doint que bien l'emploie !
Car je n'aurai voloir que j'en recroie. (23)

On devait s'attendre à ce que la défection du comte de Champagne rendît les comtes de Bretagne et de la Marche plus traitables; cependant, ils ne se décidèrent pas aussitôt à poser les armes; ils espéraient sans doute encore des secours anglais.

 Cités une première fois à comparaître en la cour royale, ils ne prirent pas la peine de s'y rendre et firent offrir au roi de venir le trouver à Chinon ; mais ce n'était là sans doute qu'un moyen de gagner du temps; au jour fixé, Mauclerc et Hugues ne se montrèrent pas et négligèrent de se faire représenter.

 Il fallut les ajourner une seconde fois; alors, se rendant aux conseils de leurs proches, ils se déclarèrent prêts à comparaître devant Louis IX à Tours.

On les attendit vainement; enfin la reine Blanche perdit patience et leur adressa, sur l'avis des barons, une troisième sommation.

 Cette fois, il fallait obéir ou accepter la guerre; les deux comtes annoncèrent l'intention de venir se présenter devant leur souverain à Vendôme.

 L'armée royale avait commencé le mouvement de retraite prévu dans les arrangements pris avec le comte de Champagne, et le roi se trouvait à Vendôme, quand le 16 mars 1227 Pierre Mauclerc et Hugues vinrent faire leur soumission.

C'est là qu'après avoir prêté hommage en présence du légat, ils souscrivirent aux conditions offertes par la régente (24).

On peut dire que Pierre de Dreux fit une bonne affaire lorsque, cédant aux sollicitations de son frère l'archevêque élu de Reims (25), il accepta les propositions qui lui étaient faites. Coupable entre tous, il obtenait des avantages immérités; mais, sous un autre rapport, les traités conclus à Vendôme entre Louis IX et ses vassaux révoltés méritent d'être étudiés.

Tout en faisant la part belle aux comtes de Bretagne et de la Marche, Blanche les enlevait à l'influence anglaise pour les placer sous sa dépendance et jusque dans sa famille.

La régente (26), au nom du roi, promettait de faire épouser la fille de Pierre Mauclerc, Yolande de Bretagne (27), à son troisième fils, Jean, héritier du Maine et de l'Anjou, à condition toutefois que l'Eglise consentît à cette union. Jusqu'au moment où ce jeune prince, né le 21 juillet 1219, aurait accompli ses vingt et un ans, Pierre de Dreux devait tenir Angers, Baugé et Beaufort, avec leurs dépendances, et jouir, dans ces domaines, de tous les droits seigneuriaux, à la réserve des droits d'host et de chevauchée, des régales et des hommages. Saumur, Loudun, leurs dépendances et les parties de l'Anjou qui étaient situées en dehors du diocèse d'Angers, restaient seules entre les mains du roi et de sa mère.

 Si la reine Bérengere, veuve de Richard Coeur de Lion, venait à mourir avant la majorité du prince Jean, Pierre de Dreux devait en outre avoir le Mans et sa châtellenie.

Au cas où Jean de France n'atteindrait pas sa vingt et unième année, au cas même où son mariage avec Yolande serait rompu, Pierre de Bretagne n'en devait pas moins conserver les fiefs ci- dessus désignés pendant le nombre d'années convenu. Par contre, la mort de Mauclerc, si elle arrivait pendant cette période, devait les faire retomber entre les mains du roi.

Saint-James de Beuvron et Bellême en Perche, dont Louis VIII avait donné la garde à Pierre de Dreux, lui étaient cédés à titre héréditaire, avec la forêt de Bellême et le château de la Perrière, situé à quelque distance de cette ville, à condition toutefois de ne pas élever de nouveaux ouvrages ou de nouvelles forteresses. Si le comte venait à perdre par droit Bellêre, la Perrière et leurs dépendances, les revenus de ces fiefs devaient être établis pour lui être payés en terre.

De son côté, Pierre promettait de donner en dot à sa fille Brie-comte-Robert, Champtoceaux, tout ce qu'il pourrait acquérir en Anjou, plus Saint-James de Beuvron, la Perrière, Bellême et leurs appartenances, tout en se réservant de les tenir sa vie durant.

Il jurait au roi et à la régente de toujours bien les servir, de ne jamais s'allier, ni par mariage ni autrement, au roi d'Angleterre et à son frère Richard, non plus qu'à aucun de ceux avec lesquels le roi serait en état de guerre ou de trêve, et de ne fiancer ni marier sa fille en aucun cas, tant que le prince Jean n'aurait pas accompli sa quatorzième année.

La reine, le chancelier Guérin et le comte de Boulogne s'engageaient à faire évaluer les revenus d'Angers, de Baugé et de Beaufort, pour les servir à Pierre sa vie durant, à partir du moment où il aurait perdu le bail de ces fiefs.

Il était encore stipulé que si Jean le Roux, fils de Pierre Mauclerc, mourait avant son père, le prince Jean de France ne pourrait, tant que Pierre vivrait, faire valoir aucun droit sur la Bretagne du chef de sa femme. D'autre part, toute infraction aux engagements souscrits par le comte devait entraîner la perte des terres qui lui étaient attribuées par le traité, à moins qu'il ne fît satisfaction devant la cour du roi quarante jours après en avoir été requis.

Enfin Yolande devait être confiée, avant la quinzaine de Pâques (28), à Philippe de Boulogne, oncle du roi, à l'archevêque élu de Reims et au comte Robert de Dreux, frères du comte de Bretagne, à son parent Enguerrand de Coucy et au connétable de France Mathieu de Montmorency, sauf à être rendue à son père si Jean de France venait à mourir. Nous possédons encore l'acte par lequel ces cinq grands seigneurs reçurent en garde la fille de Pierre Mauclerc (29).

Tel était le premier traité de Vendôme, oeuvre à la fois équitable et intelligente, qui fait le plus grand honneur au sens politique de Blanche de Castille et de ses conseillers (30)

 Tout en assurant à Pierre de Dreux des fiefs et des revenus importants, la reine l'attachait à la couronne de France par la perspective d'une avantageuse union. Elle lui donnait beaucoup, mais prenait, en prévision de nouvelles infidélités, de sérieuses garanties.

 

Le traité conclu avec le comte de la Marche n'est pas moins habiles.(31)

Deux mariages étaient décidés, l'un entre Alphonse de France et Isabelle de Lusignan, fille du comte Hugues et de la reine Isabelle d'Angoulême, l'autre entre Hugues de Lusignan, leur fils aîné, et Isabelle de France, soeur du roi.

Il était convenu que si le jeune Hugues venait à mourir, celui qui serait héritier en sa place épouserait la fille de Blanche de Castille.

Le prince Alphonse devait recevoir, comme dot de sa femme, Saintes et l'île d'Oléron (32), mais le roi se réservait d'établir à son gré la dot de sa soeur Isabelle.

Louis IX promettait, à titre de dédommagement, 10,000 marcs d'argent au cas où par sa faute ces deux mariages, autorisés par l'Eglise, ne seraient pas accomplis.

On assurait au comte de la Marche, pendant dix ans, une rente de 10,600 livres tournois, somme très importante pour l'époque, représentant une double indemnité.

Louis VIII avait autrefois promis au comte de la Marche, par un traité conclu à Bourges en mai 1224, de lui donner Bordeaux s'ils parvenaient à s'en emparer (33) ; l'abandon de ce droit éventuel était représenté par une partie de la rente promise.

 Le reste était destiné à dédommager Isabelle d'Angoulême, qui renonçait à son douaire; seulement cette indemnité, qui était viagère, devait être réduite de moitié si le roi pouvait faire rendre par Henri III à la reine Isabelle la partie de son douaire établie en Angleterre.

Hugues promettait au roi et à la reine mère de les aider « contre tous hommes qui pouvaient vivre ou mourir, » de ne pas donner asile à leurs ennemis; en cas de guerre, il s'engageait à faire son possible pour ravitailler les places qui appartenaient au roi ; cet article visait spécialement la Rochelle.

Le roi autorisait Hugues de Lusignan à laisser, en prévision de sa mort, le bail de sa terre à sa femme, la reine Isabelle, ou à toute autre personne qui serait du royaume ou ne se trouverait pas en guerre avec la France.

 Enfin, prenant un engagement qui plus tard fut annulé par le pape Grégoire IX  (34), Louis IX promettait de ne faire ni paix ni trêve avec le roi d'Angleterre sans l'assentiment du comte.

La reine Isabelle renonça, par un acte spécial, à son douaire (35).

 

 Dès le 17 mars, c'est-à-dire le jour même où le lendemain du jour où fut conclu le traité, le vicomte de Brosse , le vicomte de Châtellerault et trois autres vassaux du comte de la Marche se portèrent garants des conditions auxquelles il venait de souscrire et promirent de se constituer prisonniers à Bourges en cas d'infraction (36).

Blanche de Castille eut soin d'exécuter fidèlement ses engagements, et trois ans plus tard Hugues de Lusignan reconnut que jusqu'à cette date les sommes promises par le traité de Vendôme lui avaient été régulièrement payées.(37)

Resté seul avec Savary de Mauléon et quelques nobles poitevins, le prince Richard d'Angleterre était dans la situation la moins avantageuse; on a même raconté qu'après les traités de Vendôme le comte de Bretagne alla se joindre, pour le combattre, à Imbert de Beaujeu , qui commandait alors les troupes royales dans le Midi (38).

Cette assertion mériterait d'être confirmée, mais il est certain que le frère de Henri III, abandonné de ses alliés, ne pouvait pour le moment continuer la guerre.

Il accepta sans tarder une trêve qui devait durer jusqu'à Pâques (11 avril) (39), et qui, à son expiration, fut prolongée jusqu'à la quinzaine de la Saint-Jean (8 juillet 1227) (40)

 Le vicomte de Thouars suivit son exemple, et c'est ainsi qu'en très peu de temps, sans répandre une goutte de sang, Blanche de Castille réduisit à néant une redoutable coalition (41).

 

 

 

 

 

Malgré les concessions faites par Blanche de Castille, le traité de Vendôme ne sera suivi que d'une simple trêve.

 Dès le mois de décembre 1228, Pierre de Dreux, duc de Bretagne, Enguerrand de Coucy, Hugues X et Philippe Hurepel, toujours fortement déçus par la régence de Blanche de Castille, se réunirent secrètement à Corbeil et projetèrent d’enlever le jeune roi lors d’un de ses déplacements.

Ainsi, alors que la reine mère et son fils se dirigeaient vers Orléans, les barons rassemblés à Étampes, Dourdan et Melun, saisirent l’occasion pour leur tendre une embuscade du côté d’Étréchy.

 

Toutefois, avertis par un envoyé du comte de Champagne Thibault, le complot échoua. L'enfant-roi Louis IX, mis en sûreté au château de Montlhéry, échappait à ses ravisseurs. Le traité de Vendôme venait d’être bafoué.

 

Les alliances et les priorités politiques enterrent définitivement ce qui a été acté à Vendôme.

Les projets de mariages, clauses principales du traité, sont remis en cause.

Le mariage d’Alphonse de France avec Isabelle de Lusignan avorta. Alphonse devait épouser, en 1234, Jeanne, l’héritière du comté de Toulouse.

Le futur Hugues XI le Brun, celui-là même qui avait été promis à Isabelle de France, épouse en 1236 Yolande de Dreux, fille du duc de Bretagne Pierre Mauclerc.

Isabelle de France, après avoir refusé la main de Conrad fils de l’empereur Frédéric II, fonda le monastère des clarisses à Longchamp près de Paris et resta célibataire sa vie durant.

 

 

Curçay sur Dive, ses églises, son donjon, le pont de la reine Blanche de Castille et Saint Louis. (février 1227)<==.... ....==>1228 Nogent le Roi, Trêve de paix entre Louis IX et Henri III – Hugues de Lusignan, garant de Guillaume V l’Archevêque

....==> 1229 siège de Bellême dans l'Orne. Blanche de Castille Pierre de Mauclerc (site historique de la croix Feue Reine)

 

 

 


 

(1) Shirley, I, 304 ; décembre 1226 ou janvier 1227 ; le comte de la Marche à Henri III.

(2) D. Morice, Mémoire pour servir de preuves à l’histoire de Bretagne, t.1, p.856. Nous n’avons plus les originaux de ces deux pièces, qui étaient datées de 1226 ; elles étaient donc postérieures à Pâques 1226, et antérieures à Pâques 1227.

(3) Chronique de Tours (Histor. De France, XVIII, 319)

(4). Guillaume de Nangis, Vie de saint Louis (Histor, de France, t. XX,p. 313).

(5). Philippe Mousket, v. 27804.

(6). Chronicon Nicolai Trivetti, d'Achery, Spicilegium, in-4°, t. VIII, p. 577.

(7). Roger de Wendover, II, p. 316 : « ipsum ad eos venire cupientem. »

 (8). Philippe Mousket, v. 27745.

(9). Joinville, édition de 1874, n. 72. Les demandes de fiefs dont parle Joinville paraissent avoir été adressées à Blanche lors de la première révolte. Sans doute le sénéchal de Champagne s'embrouille dans ses souvenirs quand il dit que ces réclamations sont contemporaines du complot de Corbeil.

(10). Philippe Mousket, v. 27747.

(11). Ibid., v. 27800.

(12). Guillaume de Nangis, Vie de saint Louis (Histor, de France, t. XX, p. 313).

(13). Chronique de Tours (Histor. de France, XVIII, 319).

 (14). Aujourd'hui sous le vocable de saint Gatien.

 

Loudun Mars 1227

Lettre à Philippe, comte de Boulogne, environ six mille livres de Tours, rente annuelle, une redevance qui lui est accordée par le seigneur roi

Litterae Philippi comitis Boloniae de sex millibus libris Turonensium annui redditus sibi a domino rege féodum concessis

(J. 238- Boulogne, I, n°11- Original scellé)

Philippus comes Bolonies universis ad quos presentes littere pervenerint, salutem.

Noveritis quod karissimus dominus et nepos noster Ludovicus, Dei gratia Francie rex, nobis dedit et concessit, ad vitam nostram, sex milia librarum Turonensium capienda, singulis annis, qumdiu vixerimus, apud Templum Parisius ; duo milia in compoto Ascensionis Domini, et duo milia in compoto Candelose ; et de hoc nos recepit in hominem ad vitam nostram.

Philippe, comte de Boulogne, à tous ceux à qui ces présentes lettres seront parvenues, salut.

Vous saurez que notre cher seigneur et petit-fils Louis, roi de France, par la grâce de Dieu, nous a donné et accordé, pour notre vie, six mille livres de tournois à obtenir chaque année, tandis que nous vivrons au Temple à Paris ; deux mille dans le récit de l'Ascension du Seigneur, et deux mille dans le récit de Candelose ; et de là il nous a reçus en homme pour notre vie.

Nos vero corporate ei prestitimus juramentum quod nichil omnino de cetero exigemus ab eo vel heredibus suis pro parte terre.

Quod ut firmum permaneat et ratum, presentes litteras sigilli nostri appensione fecimus communiri.

Actum apud Losdunum, anno Domini millesimo ducentesimo vicemo sexto, mense martio.

Nous, en revanche, lui avons prêté le serment corporatif que nous n'exigerons désormais absolument rien de lui ou de ses héritiers pour une partie du terrain.

Afin que celle-ci demeure ferme et valable, nous avons fait apposer la présente lettre sur notre sceau.

Adopté à Loudun, en l'an de grâce mil deux cent vingt-six, au mois de mars.

Sceau de Philippe de France, dit Hurepel, comte de Boulogne: cire verte sur lacs de soie rouge et verte; décrit dans l’INventaire sous le n° 1062.

 (15). Chronique de Tours (Histor, de France, XVIII, p. 319). – Vie de saint Louis, par Guillaume de Nangis (Histor, de France, XX, p. 313). Guillaume de Nangis, Chronique, édit. Géraud, t. I, p. 177.

(16). Chronique de Tours (Historiens de France, XVIII, 319).

(17). Chronique de Tours; Guillaume de Nangis, Vie de saint Louis et Chronique.

(18). C'est-à-dire jusqu'au 25 avril.

(19). D. Morice, Histoire de Bretagne, preuves, p. 859; Histor, de France, XVIII, 319, note a.

(20). D'après les annales de Dunstable, le roi aurait rendu au comte do Champagne doux châteaux que Philippe Auguste lui avait enlevés (Annales monastici, édit. Luard, III, 103).

(21). Layettes du Trésor des Chartes, II, 1921.

(22). D'Arbois de Jubainville, Histoire des ducs et des comtes de Champagne, t. IV, p. 215-216.

(23). D'Arbois de Jubainville, t. IV, p. 215.

(24). Guillaume de Nangis, Vie de S. Louis, Histor. de France, t. XX, p. 313, Chronique, édit. Géraud, p. 177. — Chronique de Tours, Histor. de France, t, XVIII, p. 319. C'est la chronique de Tours qui donne la date du 16 mars; le poète Guillaume Guiart ne fait que traduire et paraphraser, pour le récit de ces événements, la Vie de S. Louis par Guillaume de Nangis (Historiens de France, t. XXII, p. 179-180). C'est lui qui affirme que l'armée royale mar. cha d'abord « vers Champaingne »; rien n'est moins démontré, à moins que Guiart n'ait voulu désigner ainsi les comtés de Blois et de Chartres, dont Thibaud IV était alors encore le suzerain.

(25). Ph. Mousket, v. 27875-77.

(26). Traité de Vendôme conclu avec Pierre Mauclerc, Layettes, II, 1922.

(27). Naguère recherchée par Henri III.

(28). 25 avril 1227.

(29). André Du Chesne, Histoire généalogique de la maison de Montmorency, preuves, p. 89.

(30). Tout le monde savait alors que les traités de Vendôme étaient l'oeuyre de Blanche : «  matre ejus partes suas interponente », dit Roger de Wendover (t. II, p. 319), dont le récit a été reproduit par Mathieu de Paris (Chronica majora, édit. Luard, III, 123).

(31). Traité de Vendôme conclu avec Ilugues X de Lusignan, comte de la Marche, publié dans l'Amplissima collectio de Dom Martène, t. I, col. 1214, d'après le registre JJ. 26 du Trésor des Chartes, fo 189 ro, col. 1 et 2.

1227, 16 mars, Vendôme : Hugues X de Lusignan, comte de la Marche et d'Angoulême, passe un traité avec la reine Blanche de Castille et son fils, le roi de France, Louis IX. Le frère du roi, Alphonse, épousera Isabelle de Lusignan et Hugues XI épousera Isabelle de France, si l’Église est d'accord.

 Isabelle de Lusignan recevra en dot Frontenay et l'île d'Oléron et la dot d'Isabelle de France est laissée à l’appréciation de son frère.

Si Hugues XI mourait sans avoir consommé le mariage, un autre enfant du comte de la Marche prendrait sa place.

 Si les mariages ne se faisaient pas malgré l'accord de l’Église, le roi devrait payer 10 000 marcs d'argent au comte. Le comte recevra du roi pendant dix ans une rente de 10 600 livres tournois dont 5300 livres sont en compensation de Bordeaux et 500 livres en compensation du douaire d'Isabelle d'Angoulême.

Si cette dernière venait à mourir dans les dix ans, la rente serait diminuée de 5000 livres. Si la paix était faite avec le roi d'Angleterre, Henri III et qu'Isabelle récupérait son douaire, elle serait diminuée de 2500 livres.

À l'issue des dix ans, elle recevra pour son douaire une rente de 5000 livres. En échange de cela, le comte et la comtesse de la Marche abandonnent leurs prétentions sur Issoudun, Langeais, Bordeaux et les 400 livres qu'ils percevaient annuellement à Tours.

Le comte jure sur les Évangiles fidélité au roi et à sa mère contre leurs ennemis, promet de ne pas faire d'alliance avec eux.

Le roi lui accorde également qu'il puisse confier la garde de sa terre et de ses héritiers, s'il décède, à sa femme ou à qui il voudra et promet qu'il ne fera pas de paix avec le roi d'Angleterre sans le conseil du comte.

Le comte fait hommage lige au roi de toutes les terres et forteresses qu'il possède en Poitou, dans les comtés de la Marche et d'Angoulême, en Saintonge ainsi que de Cognac et de Merpins.

(32). L'édition porte : « cum fromen., cum pertinentiis, et insulam Oleronensem cum pertinentiis. » Cette mauvaise lecture a pour origine une faute due au scribe du cartulaire; il a écrit a cu. fronen, », ce qui doit se lire a civ. Sconen. », ou « civitatem Sanctonensem. »

(33). Traité de Bourges conclu en mai 1221, Registre du Trésor des Charles coté JJ. 26, f 182 , col. 1.

(34). Shirley , Royal and other historical letters, t. I, appendice V, n. 26, n p. 548-549 : lottre de Grégoire IX au cardinal Romain, légat du Saint-Siège, mentionnée par Rinaldi, Annales ecclesiastici, t. I, p. 612, deuxième année de Grégoire IX, art. 23.

(35). Teulet, Layeltes du Trésor des Chartes, t. II, n. 1924.

1227, 16 mars

Isabelle d’Angoulême, comtesse de la Marche et d’Angoulême, ayant trouvé un accord avec le roi de France, Louis IX, et la reine Blanche de Castille, au sujet de la compensation de son douaire, renonce à tous les accords antérieurs sur ce sujet et à tous ce qu’elle pourrait réclamer en plus.

(J-. 628. Angleterre, II, no 10. Original scellé.)

 Isabella regina Angliae recognoscit sibi de dotalitio suo competentem a rege Franciae factam fuisse recmpensationem

La reine Isabelle d'Angleterre reconnaît qu'une compensation raisonnable a été faite par le roi de France pour sa dot

 Isabella, Dei gratia regina Anglie, comitissa Marchie et Engolismi, universis presentes litteras inspecturis, salutem.

Isabelle, par la grâce de Dieu reine d'Angleterre, comtesse de Marche et d'Angoulême, à tous ceux qui examineront la présente lettre, salut.

 Noverint universi quod, cum karissimus dominus noster Ludovicus, Dei gratia rex Francie illustris, competentem nobis recompensationem fecerit de dotalicio nostro, nos, de consilio, voluntate et assensu karissimi domini et mariti nostri Hugonis de Lyzignan, comitis Marchie et Engolismi, quittamus eidem domino régi et domine regine matri ejus et heredibus suis in perpetuum omnia ea unde idem dominus rex tenens est vel fuit, que ab ipso nomine dotalicii petere poteramus.

Sachons tous que lorsque notre cher seigneur Louis, par la grâce de Dieu illustre roi de France, aura rendu une récompense compétente pour notre imposition, nous, avec l'avis, la volonté et l'assentiment de notre cher seigneur et époux Hugues de Luzignan, comte de marche et d'Angoulême, nous laisserons à ce seigneur roi et au seigneur reine à sa mère et à ses héritiers pour toujours toutes ces choses dont le même seigneur roi est ou a été locataire, et nous avons pu lui demander le nom dot.

Et quia dicta recompensatio, facta nobis ab eodem domino rege super dotalicio nnstro, inserta est in litteris quas ab eodem donmino rege habuimus super conventionibus inter ipsum et nos de novo initis, nos abrenuntiamus omnibus cartis et instrumentis, que de eodem dotalicio nostro habebamus, quoad ea videlicet unde idem dominus rex est tenens vel fuit, ita quod, occasione cartarum vel aliorum instrumentorum que unquam habuerimus vel alia de causa, nichil de cetero petere poterimus ab eodem domino rege vel domina regina matre ejus vel ejus heredibus nomine dotalitii, nisi quod ab ipso nobis concessum est annuatim quamdiu vivemus, sicut in suis predictis litteris continetur expressum.

Et parce que ledit remboursement nous a été fait par le même seigneur roi sur notre dot, il a été inséré dans la lettre que nous avons eue du même seigneur roi sur les accords entre lui et nous sur le nouveau traité : c'est-à-dire d'où le même seigneur roi est locataire ou il nous est accordé annuellement tant que nous vivons, comme indiqué dans les documents précités. 

Hec autem fideliter et bona fide a nobis observanda, voluntate et assensu karissimi mariti nostri Hugonis comitis Marchie et Engolismi, juramento firmavimus prestito corporali.

Actum anno gratie M° CC° XX° sexto, mense marcio.

Ces choses, cependant, doivent être respectées fidèlement et de bonne foi par nous, par la volonté et l'assentiment de notre cher époux Hugues, comte de March et d'Angoulême, en prêtant serment au caporal.

Promulgué le 20 mars de l'an de grâce, sixième mois.

Sceau d'Isabelle d’Angoulême, reine douairière d'Angleterre, veuve de Jean Sans-terre, mariée en secondes noces à Hugues X de Lusignan, comte de la Marche; cire blanche sur lacs de soie rouge, jaune et verte; décrit dans l'Inventaire sous le n° 10010.

 

 

(36). Martène, Amplissima collectio, t. I, col. 1209, d'après le registre JJ. 26, f227 ro, col. 2; 17 mars 1227.

(37). Teulet, Layelles du Trésor des Chartes, t. II, n. 2033, 30) mai 1230, lettres de Hugues de Lusignan. Lettres analogues de la reine Isabelle, ibid., n. 2068, juin 1230.

(38). Aubry de Trois-Fontaines, Monumenta Germaniæ historica, scriptoros, t. XXIII, p. 919.

(39). Sur le traité de Vendôme conclu le 16 mars 1227, voir Élie Berger, Histoire de Blanche de Castille, p. 84 à 87; Lenain de Tillemont, op. cit., t. I, p. 455-459. Le texte de ce traité est publié dans Teulet, Layettes du Trésor des chartes, t. II, n° 1922.

(40). Vie de saint Louis, par Guillaume de Nangis (Ibidt. XX, p. 314 et 315). Les Grandes Chroniques donnent plus de détails sur cet épisode de la vie de saint Louis, dans ce chapitre iv, que puillaume de Nangis, qui dans sa Chronique latine n'y fait même pas allusion.

(41). « Et pour ce que li baron de France virent le roy enfant et la royne, sa mere, femme estrange, firent-il dou conte de Bouloingne, qui estoit oncles le roy, lour chievetain » (Joinville, Histoire de saint Louis, éd. N. de Wailly, § 72).

 

 

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