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PHystorique- Les Portes du Temps
28 décembre 2020

1203 Maurice de Blason évêque de Poitiers, visitant son vaste diocèse, se trouvait aux Essarts pour régler un différend.

1203 Maurice de Blason, évêque de Poitiers, visitant son vaste diocèse, se trouvait le jour de la saint Cyprien aux Essarts, pour régler un différend

Les Essarts, Sanctus Peirus de Essartis. Ce dernier mot, qu'on trouve déjà écrit ainsi dans une charte de 1222, indique un établissement relativement moderne, c'est-à-dire qui n'a rien à démêler avec nos premières époques historiques, mais s'est constitué peu à peu après avoir commencé sur un espace défriché ou essarté au milieu des forêts dont l'aspect et le paysage se ressentent encore.

Ce bourg relevant comme chef-lieu de canton de l'arrondissement de la Roche-sur-Yon, seigneurie dépendante de la vicomté de Thouars, fut jadis une petite ville fortifiée, mais dont le château primitif fut remplacé par celui dont on n'y voit plus que les ruines et qu'y avaient élevé, à la fin du XVIe siècle, nos illustres seigneurs de Vivonne.

 Il suit de là, par une déduction toute naturelle, que l'emplacement occupé par le bourg et la commune des Essarts était jadis couvert de forêts et de broussailles, terrain inculte, repaire de bêtes fauves, mais aussi discret asile des vieux druides qui recherchaient toujours les solitudes les plus ombreuses et les plus inaccessibles, pour y cacher les mystères et les cérémonies du gui sacré ou du culte de Teutatès.

Si l'on demande maintenant à quelle époque a été opéré le défrichement, l'essartement de ces bois, nous avouerons que nous n'avons que des conjectures pour répondre à cette question, l'histoire écrite étant muette sur ce point intéressant.

Ce qui est vraisemblable, c'est que ce ne fut pas l'œuvre d'une génération et de quelques années seulement.

La civilisation, lorsqu'elle s'introduisit dans le Bas-Poitou avec les Romains, vainqueurs de la Gaule, et surtout avec le christianisme, amena peu à peu les premiers habitants à défricher, pour les cultiver, certaines portions de terre avoisinant leurs demeures.

Le commerce s'ouvrit ensuite des routes à travers les bois. Ainsi, il paraît bien certain que les Romains connurent et exploitèrent les mines de fer de La Ferrière qui leur doit son nom de Ferreria ou Ferraria ou même Ferri aera. (Dufour. L'Ancien Poitou) (1).

D'autre part, l'une des paroisses de ce canton est sous le patronage significatif de saint Martin (2), Or saint Martin de Tours, comme son homonyme et contemporain saint Martin de Vertou, fut l'un des plus intrépides adversaires des superstitions celtiques qu'il combattit par tous les moyens en son pouvoir, sur toute l'étendue de notre littoral bas-poitevin.

Et, si l'on souscrit à l'opinion émise plusieurs fois par le savant bénédictin Dom Chamard qui inclinerait à voir dans chaque église, mise sous le patronage ou le vocable du saint, autant de stations des prédications du moine missionnaire, il faudrait en conclure que la foi chrétienne fut très probablement implantée aux Essarts et dans toute la contrée avoisinante par le grand thaumaturge des Gaules, vers le IVe siècle.

Mais si nous sortons du domaine des conjectures pour aborder l'histoire positive, fixée dans les chartes, les monuments d'architecture et les traditions orales, il faut franchir d'un bond plus de six siècles sur lesquels planent le silence et l'oubli le plus complet.

Il n'est pas douteux qu'au XIIe siècle la paroisse des Essarts ne fût constituée depuis longtemps déjà. Nous en avons la preuve dans un monument existant encore aujourd'hui : c'est la crypte de l'ancienne église du prieuré de Saint-Pierre.

De l'aveu de tous les archéologues, cette crypte présente tous les caractères de la fin du XIIe siècle ou du commencement du XIIIe (3)

Quelques-uns ont pensé qu'elle était destinée primitivement à la sépulture des seigneurs des Essarts. Mais le tombeau en pierre trouvé dans l'intérieur ne saurait suffire pour établir cette opinion.

L'origine de la seigneurie des Essarts est-elle antérieure à celle de la paroisse? Nous ne saurions l'affirmer.

Aucun nom de seigneur du lieu ne nous est connu avant la fin du XIe siècle. En 1099, dans l'acte de fondation du prieuré de Saint-Nicolas de la Chaise, parmi les seigneurs qui promirent un cens audit prieuré figure le nom de Guillaume Bertrand des Essarts qui s'inscrit pour dix sols (4).

Sa qualité n'est pas indiquée dans l'acte, mais il est évident, comme nous le constaterons plus loin, qu'il n'était qu'un simple châtelain dépendant immédiatement des seigneurs d'Aspremont et de Palluau et des vicomtes de Thouars.

 Notons aussi que c'est la première fois que le nom des Essarts apparaît dans nos vieilles chartes.

 C'est probablement le même seigneur dont le nom figure deux fois dans une charte du prieuré de La Roche-sur-Yon (du 20 octobre 1111) « Willelmus, de Exartis cognomine.... » (5).

Plus tard, en 1120, on trouve le nom de Rainard « Rainardus de Exai-tis » avec le titre de baron « de baronibus qui aderant» qui signe comme témoin. (Cart. du Bas-Poitou. — Prieuré de la Chaise, XIX.)

Quant à l'église paroissiale et ses appartenances, elles relevaient de l'abbaye de Montierneuf, en 1126 (11 avril), ainsi qu'en fait foi une charte de cette époque, par laquelle Guillaume, duc d'Aquitaine et comte de Poitiers, dans une visite qu'il fait à Montierneuf, confirme à cette abbaye les biens précédemment concédés par son père et son grand-père, entre autres, revestituram de Exartis et medietatem de Lolayo et terrarum illi pertinentium et cymiterium ecclesiœ….. » (6).

Dans un arrangement fait entre les moines de Saint-Florent de Saumur et les religieuses de Fontevraud l’abbaye, celles-ci obtinrent, entre autres concessions, «obedientiam quae est in foreste de Monterevel, apud Exercia Ionis (aliàs Essarcia Ionis). » Cet arrangement est de 1136.

Quelque quarante ans plus tard, en 1182, d'après une autre charte consignée dans les manuscrits de Dom Fonteneau (LXII, 446), Pierre d'Aspremont, seigneur des Essarts « de Exhardis », fait don à Dieu et à sainte Marie de Luçon de l'église de SAINT-THOMAS, MARTYR; d'une maison avec ses dépendances, libre de toute redevance; de la dîme de toutes ses possessions audit lieu, même de la taille et du cens, s'il y est en usage; de celle de la Crochardière....

Il fait don pareillement d'une certaine terre appelée la Fignosière, libre de toute coutume; une partie des droits de terrage qu'il a sur les fours des Essarts «in furnis de Exartis», etc., etc..; d'une vigne « Vineam de Aurea quae fuit Beraudi» (7), dont sa sœur Agnès cède la propriété aux moines dudit lieu, à la condition qu'ils ne feront leur office qu'après la messe paroissiale, à moins que le seigneur du château ou ses frères ne veuillent partir en voyage.

Dans ce cas, ils pourront faire leur office auparavant, mais sans l’annoncer par le son des cloches.

 

Nous citons textuellement la fin de la charte :

 Epus pictaviensis habebit annuatim, in synodo S. Lucae, unum aureum pro procuratione sua et pro elemosynarum conservatione. Hoc quoque notandum est quod prior jam dicti loci non mutabitur nisi propter subjunctas 4 causas : videlicet si fuerit dilapidator, si vixerit incontinenter, si Abbati aut caplo fuerit inobediens et si ad alium locum spe proticiendi transferri debuerit.

Hoc donum concesserunt fratres mei Radulphus, Hugo, milites; Guillermus, clericus ; Aymericus Doenay.

Acta, anno ab Incarn. Dni 1182, epacta XIVa indict. XVa, cyclo decem novali quarto, Philippo regnante in Francia, Henrico in Anglia, Richardo Aquitaniae comite, Johe presule pictavorum, Willelmo abbate Lucionensi.”

(1182 Philippe roi de france, Henri II roi d’Angleterre, Richard comte d’Aquitaine et Guillaume de l’abbaye de Luçon)

 

Ce curieux document renferme plusieurs particularités intéressantes sur l'histoire religieuse des Essarts, au XIIe siècle, que le lecteur aura pu facilement remarquer.

Toutefois, nous nous permettrons de signaler à son attention l'existence, aux Essarts, en 1182, d'une église en l'honneur et sous le vocable de Saint-Thomas, martyr (Thomas Becket de Cantorbéry), église élevée presque au lendemain de sa canonisation (9). Le fait mérite assurément d'être noté.

Indépendamment de cette église, la même charte mentionne aussi celle du prieuré de Saint-Pierre qui servait d'église paroissiale. C'est avec les revenus de ce bénéfice que fut établie dans la suite la prévôté des Essarts, douzième dignité du chapitre de la cathédrale de Luçon (10).

Les restes de l'ancienne église Saint-Michel qui existent encore, à l'entrée du bourg du côté de Saint-Martin- des-Noyers, consistant en quelques pans de murs avec fenêtres cintrées, permettent de fixer vers la même époque la fondation du prieuré de ce nom.

Enfin, un pouillé de 1648 nous fait connaître l'existence d'un troisième prieuré, appelé « le prieuré de Notre- Dame des Essarts » qui fut fondé à une époque inconnue. C'est probablement, dit l'abbé Aillery, l'église dont on a trouvé les fondations, il y a un certain nombre d'années, près de la métairie de la Capétrie, voisine du bourg.

Toutes ces églises témoignent hautement de l'importance religieuse des Essarts, à l'époque dont nous parlons.

En 1196 on peut  voir une mention de Pierre d’Apremont, seigneur des Essarts et de Chantonnay,  il fit un don à l’abbaye de la Grainetière (près des Herbiers en Vendée) de divers héritages, droits, coutumes et franchises dans ses fiefs et arrières-fiefs, du consentement de son frère Guillaume.

 

 

1203

Au commencement du XIIIe siècle, l'évêque de Poitiers (Maurice de Blason), visitant son vaste diocèse, se trouvait aux Essarts, le jour de la saint Cyprien, et, pendant son séjour en ce lieu, il termina un différend entre le prieur et Guillaume de Mauléon et sa femme Beatrice de Machecoul, dame de la Roche-sur-Yon, qu'il fit comparaître devant lui.

L'acte dressé, à cette occasion, est, en effet, daté des Essarts.

« Dei gratia Pictavensis episcopus, universis….Cum inter priorem et Aimericum capellanum de Rocha super Eonam, super multis articulis, quaestio verteretur, partibus in nostra praesentia constitutis…., auditis omnibus, statuimus… Sigillo nostro roboravimus….

Actum apud Eissartos, anno incarnationis domillicæ, MCCIII, in festo sancti Cypriani» (11).

 

Ayant intenté un procès à l'abbaye des Fontenelles, les religieux tourangeaux y renoncent, en 1225, à raison de 50 sous de cens sur l'etang de Biote.

Pour obtenir ce résultat, les seigneurs et dame de la Roche avaient abandonné leurs droits sur cinq terrains contigus au prieuré.

En 1218, ils lui avaient confirmé le droit de chauffage dans leur foret, et donne 60 sous de rente à Château-Fromage.

Carta Beatricis domine Roche, de calfagio in foresta ejusdem loci et de LX. Solidis annui redditus apud castrum Fromage

 

La baronnie des Essarts passa en 1220 à Thibaut Chabot

 

THIBAUD III Chabot né en 1140, seigneur de la Roche Servière, Oulmes et La Grève.

Confirma avec sa femme en 1185 à l’abbaye de l’Absie, ce que son père et son aïeul y avaient donné, et ils fondèrent ensemble les prieurés de Gambière et de Maurepast.

 Il fut présent avec plusieurs grands seigneurs au traité de Thouars, trêves accordées entre le roi Philippe Auguste et le roi d’Angleterre Jean sans Terre en 1206.

 

 

Un siècle plus tard, le célèbre Bertrand de Got, archevêque de Bordeaux, quinze jours environ avant d'être élu pape sous le nom de Clément V, visitait, dans une tournée métropolitaine, le prieuré d'Exartz.

C'était le mardi 18 mai 1305, comme l'indique le procès-verbal de cette visite conservé aux archives de la Gironde.

Pour en finir avec les anciennes chartes, nous rappellerons que Charles des Vilates, « au temps que il alla de vie à mort », tenait et exploitait quelques terres dont les noms sont conservés dans un document en français d'avant 1270 : (la Noelere e ens apertenences,... en fez, e en la seignorie de Seint Hilayre le Voy (de Vouhis) e daus Exarz (Essarts) e de Paluya (Palluau) e de Mont Agu e de la Merlatere (Merlatière) » (6).

 

Résumons.

Des documents qui précèdent  il résulte que la baronnie des Essarts était constituée, au moins dès la première moitié du XIIe siècle ; GUILLAUME BERTRAND porta, peut-être, à la fin du XIe siècle, le titre de baron, qu'une charte de 1120 donne à RAINARD. PIERRE D'APREMONT était seigneur des Essarts, en 1182.

Les barons des Essarts exerçaient le droit de haute, moyenne et basse justice sur la paroisse de ce nom et sur celle de Saint-André-Goule-d'Oie en entier. Un certain nombre d'autres paroisses et châtellenies relevaient aussi, mais en partie seulement, de cette baronnie. Telles étaient les paroisses de Chauché, de Boulogne, La Merlatière, Saint-Martin-des-Noyers, le Bourg-sous-la-Roche, Chaillé-les-Ormeaux, l'Ayrière; les châtellenies de La Ferrière, d'Aubigny, de l'Aublonière (comprenant la majeure partie de la paroisse de Sainte-Cécile, de Morenne (en Sainte-Cécile); les villages de la Bégaudière (en Saint-Denis-la-Chevasse), de la Chevasse et de la Cressonnière.

 

 

Histoire générale, civile, religieuse et littéraire du Poitou

Paysages et monuments du Poitou / photographiés par Jules Robuchon

 

 

 

 

 

La Crypte Romane de l'église prieuré de Saint-Pierre des Essarts-en-Bocage <==

 

 


 

 

Octobre 1206, Trêve de Thouars entre le roi de France Philippe-Auguste et Jean sans Terre assistés des seigneurs du Poitou

La perte d'Aliénor le 1 avril 1204 ne fut pas seulement une tragédie personnelle pour Jean sans Terre car elle menaçait également de ruiner le fragile réseau d'alliances établi dans le Sud de la France Le roi Jean, sortant enfin de son indolence habituelle, embarqua à Portsmouth, et vint prendre terre à la Rochelle, le 9 juillet 1206 avec une puissante armée et entra en Poitou pour s'opposer, s'il était possible, aux progrès de son redoutable ennemi le roi de France (1206) (1).

 

Visite pastorale dans le Poitou de Bertrand de Got (CLÉMENT V) du 17 MAI 1304 au 22 juin 1305 -

Au cours des années 1304 et 1305 Bertrand de Got ou d'Agout, archevêque de Bordeaux, qui devait être élevé au souverain Pontificat le 5 juin 1305 fut le premier des papes qui résidèrent à Avignon, visita les églises et les abbayes de son archidiocèse.

 

(1) « Ce nom tout romain domine sur cette plaine comme une vaste médaille frappée pour constater la date de la fondation d'un monument antique. » (Massé Isidore, 1828, La Vendée poétique et pittoresque.) — Une des traces authentiques du passage des Romains dans cette contrée, c'est la voie romaine de Nantes à Saintes, traversant les Essarts et Durinum ou Saint-Georges de-Montaigu. — C'est encore une monnaie d'argent, trouvée dans la commune en 1855, frappée au coin de Vitellius, portant au revers un Jupiter Victor. (Revue des provinces de l’Ouest, t. III, p. 252.)

(2) Notons encore le nom d'un ancien château, bâti sur un coteau de la Boulogne, dans la paroisse de La Merlatière, « la Noue Saint-Martin, » presque en face de la mine d'antimoine de la Véronnière.

(3) La crypte des Essarts. Fds Armand Guéraud, n 749. Biblioth. de la ville de Nantes. — M. 0. de Rochebrune a donné une belle eau-forte de ce vénérable monument dans Poitou-Vendée.

(4) « Guillelmus Bertrannus de Exarsis, X sol. » (Gall. christ., t. II, Instrum. eccl. pictav., 334, 335.)

(5) Marchegay, Cartulaires du Bas-Poitou (prieuré de La Roche-sur-Yon, XII).

(6) Biblioth. nat. (F. Lat. 17, 147, fol. 45.)

(7) La Fontaine dorée, à la porte du bourg, indique peut-être encore le lieu- dit où cette vigne était située.

(8) S. Thomas Becket fut martyrisé le 29 décembre 1170 et fut canonisé trois ans après (en 1173) par le pape Alexandre III

(9) Nativité de la Sainte Vierge, 1000 1. (D. Fonteneau, LXIV, 492.)

(10) Marchegay, Cartulaires du Bas-Poitou. (Prieuré de la Roche-sur-Yon)

(11) Cartulaires du Bas-Poitou. (Documents en Lingue vulgaire, p. 313.)

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