Prise de Taillebourg par CHARLES VII contre des compagnies de brigands et d'écorcheurs retranchés dans le château de Taillebourg (TIME TRAVEL 1441)

En 1441, des compagnies de brigands et d'écorcheurs désolaient, dans le même temps, la Saintonge et les contrées adjacentes. Il n'était bruit que de meurtres et de pillages.

Les châteaux de l'ex-ministre Georges de la Trémouille et de son neveu Jacques, sire de Pons, ceux du seigneur Guy de la Rochefoucault et de plusieurs autres barons du parti de la Trémouille étaient devenus des repaires de bandits.

Prise de Taillebourg par CHARLES VII contre des compagnies de brigands et d'écorcheurs retranchés dans le château de Taillebourg (TIME TRAVEL 1441) (1)

Charles VII préparait alors une grande expédition contre les Anglais de Gascogne. Pendant que ses maréchaux levaient des troupes dans les provinces, il parcourut, avec sa noblesse, le Poitou, la Saintonge et le Limousin, pour dissiper les bandes de malfaiteurs qui infestaient ces contrées. 1

Prise de Taillebourg par CHARLES VII contre des compagnies de brigands et d'écorcheurs retranchés dans le château de Taillebourg (TIME TRAVEL 1441) (1)

Parmi ces voleurs de grands chemins, il n'en était pas de plus redouté que les trois frères Maurice, Guillaume et Charles Plusqualet, vendus à la politique de l'Angleterre.

 Retranchés dans le château de Taillebourg et dans quelques autres forteresses où ils avaient recruté tous les vagabonds et gens sans aveu du royaume, ils fondaient, comme des oiseaux de proie, sur le plat-pays, et, après avoir rançonné les vilains, détroussé les passants, retournaient, chargés de butin, dans leurs forts, dont ils relevaient les ponts et abattaient les herses.

La terreur qu'inspiraient ces trois gentilshommes les avait fait maintes fois ajourner devant le parlement de Paris : mais ils s'étaient bien gardés de comparaître, et avaient pareillement refusé, malgré les ordres réitérés de Charles VII, d'évacuer leurs forteresses et d'en remettre les clés à des officiers délégués à cet effet. 2

Informés que le roi marchait contre eux en personne, ils se hâtèrent de fortifier le château, la ville et le pont de Taillebourg, et s'y renfermèrent avec leurs gens, décidés à se défendre jusqu'à la dernière extrémité.

Charles VII parut bientôt sous les murs de Taillebourg.

 La résistance opiniâtre des assiégés, jointe à la position avantageuse de la place, rendit le siège aussi long que meurtrier.

Un grand nombre de capitaines et de chevaliers de l'armée du roi furent tués ou blessés. Mais la citadelle, attaquée chaque jour avec plus de vigueur, finit par être emportée d'assaut.

 

 

Les trois frères Plusqualet tombèrent vivants au pouvoir du vainqueur, qui les fit conduire dans les prisons de la Rochelle puis Jean de Siquenville, écuyer de Gascogne, conduit les prisonniers à Montaigu. (3)

Le prince irrité les déclara coupables de rebellion, forfaiture et crime de lèse-majesté, et confisqua leurs corps, possessions , héritages, droits, noms, titres et actions sur la châtellenie de Taillebourg. Ils furent ainsi déchus de toute existence sociale, et ne conservèrent que le souffle de vie.(4)

 Le 24 septembre de l'année suivante, 1442. Charles VII étant à Marmande sur Garonne, donna les terres de Taillebourg et du Cluseau, confisquées sur les frères Plusqualet, à son amé et féal conseiller et chambellan Prégent de Coètivy, amiral de France, en récompense de ses bons et loyaux services.

Il lui transmit, en conséquence, tous les revenus, profits, émoluments qui appartenaient aux ville, pont , châtel, châtellenie, baronnie et seigneurie de Taillebourg et du Cluseau, tant hommes, hommages, rachats, cens et rentes, que forêts , grains, vins, sels, passages, péages, étangs , bois, rivières, garennes, amendes et confiscations qui pouvaient en dépendre, afin qu'il en fît perpétuellement son plaisir et sa volonté, à la charge seulement d'en faire foi et hommage au roi, son seigneur , ainsi qu'avait coutume de le faire feu Jehan Larchevêque, dernier seigneur de Taillebourg et du Cluseau, avant les transport et vente de ces deux seigneuries. (5)

Par ces libéralités exercées aux dépens des partisans de l'Angleterre, Charles VII voulait, comme il le dit dans l'acte de donation qu'on vient de lire, encourager tous ses sujets à se dévouer corps et biens pour la délivrance du pays. Cette délivrance était alors l'affaire qui l'occupait uniquement.

Après avoir dispersé les compagnies de la Saintonge et du Poitou, le prince était entré eu Gascogne à la tête d'une armée. Plusieurs places fortes, occupées par les Anglais, furent emportées d'assaut ou rendues par composition. Jacques, sire de Pons, accompagna le roi dans cette campagne, où il combattit vaillamment à la tête de ses vassaux, jaloux de racheter la faute qu'il avait commise, à l'instigation de son oncle Georges de la Trimouille, en s'associant aux bandes de la Saintonge.(6)

1443. — Tout en guerroyant contre les ennemis du royaume, Charles VII continuait de récompenser le dévouement des hommes qui lui étaient restés fidèles dans l'adversité. Aux uns, comme à Prégent de Coëtivy, il donnait des seigneuries confisquées sur les rebelles; aux autres il concédait des privilèges qui devaient étendre leur puissance féodale et ajouter à l'éclat de leur nom.

Histoire politique, civile et religieuse de la Saintonge et de l'Aunis, De D. Massiou

 

 

 

 

La Praguerie en Poitou pendant la Guerre de Cent ans <==.... ....==> Taillebourg, la Rochelle, avril 1442, Procès des frères Plusquellec

 

==>Château de Tiffauges, Mariage de Prégent de Coëtivy avec Marie de Montmorency-Laval dite Marie de Rais (Time Travel 1441)

 ==> Château de Taillebourg, le financier Jacques Coeur est arrêté sur ordre du roi de France Charles VII. (Time Travel 1451)

==> Notice Historique sur le Château de Taillebourg

==> Le Livre Noire de La Rochelle au temps de Charles VII et Jeanne D’Arc

 

 


 

.

1 Petitot. Coll. tom. XI. p. 166.

2 Charles, etc. Savoir faisons que comme, pour donner provision aux grans maux, meurtres, oultraiges, pilleries, etc., que plusieurs avoyent par très longtemps accoustumé de faire en nos paiis de Poictou, Xaintonge , gouvernement de la Rochelle, Angoumois, Limosin et paiis circonvoisins, et entrc les aultres par Morice, Charles et Guillaume de Plusqualet , frères, et aultres leurs complices, ès places et forteresses de Taillebourg et autres de ladite chatellenie et environs, nonobstant plusieurs deffenses et adjournemens tant en nostre court de parlement et ailleurs pardevant um juges et officiers, et pour la grant crainte et clameur notoire que avons continuellement desdits frères, leurs gens et serviteurs , complices et alliés, nous eussions plusieurs fois mandé et faict commandement auxdits frères et aultres leurs complices de cesser lesdites pilleries, exactions, etc., et de vider et partir lesdites places et icelles mettre en nos mains jusqu'à ce que y eussions donné provision, et pour régir et gouverner lesdites places soubs nostre main eussions envoyé certains commissaires auxquels lesdicts frères et aultres leurs complices eussent esté refusans d'obéir. ( Mss. Archiv. du château de Taillebourg. )

 

(3) Juin 1441. Rémission accordée à Jean de Siquenville, écuyer de Gascogne, qui, conduit les prisonniers à Montaigu, par ordre du dauphin, pour avoir rançonné plusieurs villages du Poitou et de l’Anjou, s’était évadé pour échapper à la question, et avait exercé des violences contre Philippe François, avec qui il était en procès.

 

Gilles de Laval, dit de Rais, seigneur de Rais (ou Retz), conseiller du Roi, maréchal de France, avait donné à ce personnage, deux ans avant ou environ, la charge et gouvernement des gens de guerre.  

 

C’est ce que nous lisons dans des lettres de rémission,  on y trouve :

« le sire de Rais dit à ce capitaine ; escuyer de Gascogne, qu’il voulait aller au Mans et qu’il voulait qu’il print la charge et le gouvernement des gens de guerre, que avait lors une appelée Jeahnne (des Armoises, qui se disait Pucelle, en lui promettant que s’il prenait ledit Mans, qu’il en serait capitaine ; lequel suppliant, pour obéir et complaire au sire de Rais, son maitre, duquel il était homme à cause de sa femme, lui accordé et prinst ladite charge, et se tint pour certain temps autour du Poitou et l’Anjou »

4 Pour lesquelles désobéissances et rébellions et autres qui se faisoyent és dits paiis de Poictou et Xaintonge, eussions délibéré de aler en nostre personne és dits paiis. Mais quant ils eurent sceu nostre venue, pour empescher à ce que donnassions provision auxdictes pilleries qu'ils avoyent accoustumé de faire, ils establiront les villes, pont et chastel dudit Taillebourg et autres de ladite chastellenie, et en icelle meirent. gens de guerre pour résister à nos voulentés. Tellement que l'an derreniérement passé nous convint faire mettre le siège d'icelles places, lesquelles lesdits frères tindrent contre nous, et de leur pouvoir résistèrent à nous et aux nostres desquels plusieurs furent bleciés, en telle manière que, par puissance dudit siège, ils furent prins par force en ladite place et emmenés prisonniers en nostre ville de la Rochelle. Et en ce faisant ayent lesdits frères et chascun d'eux commis crime de lèse-majesté, rébellion et désobéissance et forfait notoirement commis envers nous et justices, avons confisqué leurs corps, héritages, droits, noms et autres choses quelconques, et mesmement les filtres , droits et actions qu'ils avoyent en ladicte place, terre, seigneurie et baronnie dudit lieu de Taillebourg et du château et de leurs appartenances. (Mss. Archives du château de Taillebourg ).

 

5  Nous, voulans reconnoistre à nostre amé et féal conseiller et chambellan Preigent, seigneur de Coêtivy, admiral de France, plusieurs grans et loyaux services que il nous a faits le temps passé et fait continuellement de jour en jour, à iceluy seigneur avons donné, et donnons, pour luy, ses hoirs et ayans-cause, tout le droit, nom, raison et action que lesdits Morice, Charles et Guillaume de Plusqualet avoient és dites ville, pont et chastel et seigneurie de Taillebourg et du Cluseau, à nous appartenant à cause de ladite confiscation, pour en jouir et user pleinement comme de sa propre chose, sans rien en retenir fors et excepté les foy et hommage en la forme et manière que feu Jehan Larcevesque, en son vivant chevalier et seigneur de ladite terre, paravant le transport et vente qu'il fit desdictes baronnies, nous en avoit accoustumé de faire, et à mesme debvoir tant seulement, etc. Donné à Marmande sur Garonne, le 24 jour de septembre l'an 1442. (Mss. Archiv. du château de Taillebourg).

6 Armand Maichin. Hist. de Saint, chap. V.