Jean II Harpedanne, sénéchal de Saintonge seigneur de Montendre et du château de Nuaillé-d’Aunis (La Rochelle)
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Nulliacum, Castrum nulliacense, ecclesia parochialis Sancti Martini de Nubiliaco , Nuaillé, ancienne baronnie.
Le Castrum de Nuaillé, entouré de douves profondes et de tours, vient de tomber sous le marteau des démolisseurs.
Il remontait au XIe siècle, et peut-être plus haut. Il a eu de l'importance dans nos guerres religieuses des XVIe. et XVIIe. siècles.
«In castro Nulliacensi ». C’est ainsi qu’un texte en latin, daté de l’an 1040, nous apprend l’existence du Château de Nuaillé .
Charte de l’église d’Esnandes.
Hugues de Nuaillé et sa femme ont donné à Saint-Jean cette partie de l’église qui leur revenait, située dans la ville d’Esnandes, pour le bien de leur société et le salut de leurs âmes.
Nous avons fait ce don publiquement au château de Nuaillé, en présence de nos témoins, qui sont Gosbert et Josbert. Alboin de Billac, ainsi que sa femme et ses fils, ont donné à Saint-Jean la partie de l’église située dans la ville d’Esnandes qui leur semblera compétente, pour le salut de leurs âmes et la société de Saint-Jean et des moines.
Golfe de la Sèvre des Pictons, Les seigneurs d’Esnandes - son église Saint-Martin fortifiée<==
Le Champ de Foire actuel en occupe une partie des douves qui l’entouraient entièrement.
Quelques rares vestiges subsistent : un pan de muraille, la moulure d’un mur intérieur du 12ème siècle.
Quelques fûts de colonnes et têtes de chapiteaux sont aussi conservés dans le petit musée de la mairie avec d’autres éléments d’architecture romane.
Citons enfin la motte féodale sur laquelle s’appuyait jadis ce château-fort. Propriété communale, elle est aujourd’hui plus connue sous le nom de la Colline aux Enfants.
Guy Barrabin, qui donna, en 1109, à l'abbaye de St.-Maixent des marais salans, situés à Nuaillé;
En 1161 le seigneur de l'Ile-Bouchard restitue au chapitre de St.-Hilaire des droits perçus dans la terre de Nulliacum;
1223 Mai. Donation pieuse faite à l'aumônerie fondée par Aufrei, des droits que Guillaume de Nuaillé, chevalier, avait à Marsilly, sur un cellier et une place située devant l'église, passée sous le sceau du maire Constantin de Mauzé. Original sur parchemin ; sceau brisé en cire verte.
Moi, Guillaume de Nuaillé, chevalier, fais savoir aux présents et aux futurs qui inspecteront cette charte que j’ai donné et concédé en pure et perpétuelle aumône, pour le salut de mon âme et de celles de mes parents, à Dieu et aux pauvres de la nouvelle maison de l’aumônerie de La Rochelle, que le défunt Alexandre Aufredi a fait construire, pour la subsistance desdits pauvres, tout le droit que j’avais sur un certain cellier et sur la place où ce cellier est situé.
Ce cellier et cette place se trouvent à Marcille, devant l’église.
Ce cellier et cette place ont également été achetés par ledit Alexandre Aufredi pour les besoins de ladite maison de l’aumônerie.
J’ai également donné et concédé à Dieu, à ladite maison de l’aumônerie et aux pauvres de cette maison, de la même manière, tout le droit que j’avais sur une place située entre le pressoir de ladite maison de l’aumônerie et la maison de Jean Botinard ; cette place avait été vendue par ledit Jean au même Alexandre.
Je renonce, pour moi et mes héritiers et successeurs, dans cet acte, à toute réquisition d’ost, d’expédition, de collecte, et à toute exaction ou toute autre coutume que j’avais ou pouvais avoir sur le cellier et la place susmentionnés, afin que ladite maison de l’aumônerie et ses recteurs puissent les posséder en perpétuité pour les besoins des pauvres de cette maison, librement, paisiblement et sans trouble, en retenant toutefois sur ces mêmes biens, pour moi et mes héritiers, 12 deniers de cens en monnaie publique courante, à payer annuellement à La Rochelle, à la fête de saint Michel, dans ce cellier, sans aucune mauvaise occasion que moi ou un autre en mon nom pourrions en demander.
Pour affermir davantage et garantir la certitude de cet acte, et afin que celui-ci ne puisse être infirmé à l’avenir ni par moi ni par quiconque, j’ai apposé mon sceau à la présente charte, à laquelle, à ma demande, Constantin de Mauzé, alors maire, a ajouté le sceau communal de La Rochelle.
Fait en l’an de grâce 1203, en mai.
Constantin de Mauzé, fut maire de La Rochelle au mois de juin 1223
En juin 1227, Hugues de Nuaillé donna aux frères du Temple de La Rochelle, le grand et petit Bernay, avec des marais en dépendant, ainsi que son hébergement de Luché avec ses appartenances. Donation qui fut confirmée par son suzerain, Guillaume, seigneur de Surgères.
Cette donation fut à l'origine de la maison que les Templiers installérent à Bernay et à laquelle ils adjoignirent une chapelle.
Hommages d'Alphonse, comte de Poitiers, frère de Saint-Louis. État du domaine royal en Poitou (1260)
Item a Nuaille, un quartier de terre que Huges Engibaus tient de lui.
La famille Dangibeaud, dont le nom patronymique est écrit à l'origine Engibaut, Angibault, Angihaut, Angihauld, Angibaud, puis Dangibaud ou Dangibeaud, se rencontre à Saintes, dès la fin du XVI e siècle, depuis François Angibault ou Angibaut, sieur des Vallées, époux de Marie Amussat, lieutenant du prévôt des maréchaux en Saintonge sous Henri IV (ler mars 1604).
En 1297, Jean de Laveau, chevalier, signe en qualité de sieur de Nuaillé;
En 1419, Jean V, duc de Bretagne, est prisonnier dans le donjon du château de Nuaillé ;
En 1478, nous trouvons Philippe de Coudung, Gilles de Belleville, sieur de Montaigu, chambellan du roi, en 1499;
Jean de Belleville en 1504;
En 1527, Jacquette du Pui-du-Fou (Puy du Fou) était baronne de Nuaillé;
En 1545, cette terre appartenait à Achile de Parthenay, puis a Jacquette de Parthenay, en 1581, qui l'apporta à Sébastien de Barbezières, son mari; Jeanne de Barbezières, leur fille aînée et principale héritière, porta cette baronnie à Claude le Mastin, sieur de la Faverière, par contrat de mariage en 1595 ; Charles le Mastin hérita de leur titre en 1609, et le transmit à son fils Henri en 1630 celui-ci en dota Claude, son fils, en 1670.
1573 : Un combat entre catholiques et protestants se déroule à Nuaillé et fait une quinzaine de morts. Cette date marque le début de la ruine du château.
Histoire du siège de la Rochelle en 1573, traduite du latin de Philippe Cauriana
Tous les desseins de bloquer la Rochelle s'alloyent avançans jusques là. Mais les réformez, renforcez de leurs courages seulement, s'émancipèrent d'aller surprendre les compagnies logées dans le bourg de Nuaillé, y rouler du canon ; et encores de là en avant se jetter dans l'isle de Marans, par celle de Charon, faire rendre ses deux chasteaux, la Bastille et autres forts; de là pousser à ceux du Langon et de Lusson.
Les protestants qui assiégeaient Nuaillé furent contraints par Chavigny à lever le siège. (D'Aubigné, Histoire Universelle, IV, p. 297.).
Nous trouvons un Claude Germanie le Mastin, en 1718; sa Soeur Anne-Françoise fit passer cette terre-dans la maison du Pouget de Madaillac, par son mariage avec François du Pouget vers 1758. J'ignore si cette terre passa en d'autres mains avant la révolution de 93.
L'ancienne église de Nuaillé a disparu; l'église actuelle est un simple bâtiment percé de fenêtres, qu'on est convenu d'appeler église, parce qu'on y rassemble les fidèles pour les exercices du culte.
Une légende se rattache au castrum de Nuaillé; je la donne ici telle qu'on la raconte aux soirées d'hiver. Je la dois à l'obligeance de M. Rioubland, rédacteur de l'Echo Rochelais.
Le Dragon Nuâ à.
Au sud de Marans, s’étendait jadis un lac immense et, mystérieux dans les iles duquel habitaient les druides. Lorsque deux Gaulois étaient en grave désaccord, ils se rendaient dans une de ces iles et apportaient solennellement deux gâteaux qu’ils posaient sur un rocher. Deux corbeaux aux ailes blanches apparaissaient alors et mangeaient la galette de celui qui avait tort.
La dame Elise de Caboran aimait d'amour Linstang, car il était beau et preux chevalier, et plus d'une noble châtelaine avait senti battre son cœur en voyant sa mine haute et fière, et ses manières gentes et courtoises.
A donc un jour les dames de la cour de Chatel-Aillon avaient convoqué une assemblée pour célébrer en grand'liesse la victoire de Karl-Martel sur les Sarrazins dont beaucoup avaient été occis en cette rencontre, les autres contraints de repasser en grande hâte les monts Pyrénéens.
Le chevalier Linstang qui s'était distingué à la bataille ne fut point oublié. Il parut aux fêtes de Chatel-Aillon où il charma tout le monde par gentils propos et prouesses dont fut ravie en admiration l'assemblée.
Pas une châtelaine ayant fille à marier qui ne désirât l'avoir pour gendre; pas un jeune cœur aspirant au tendre hymênée qui ne rêvât d'amour en pensant à lui; mais le chevalier, courtois envers toutes, laissait paraître sa préférence pour la dame de ses pensées, la belle Elise de Caboran.
La gente damoiselle était soucieuse, et paraissait ne prendre aucun plaisir à la fête. Elle savait que son vieux père le baron de Charron, avait repoussé avec dures paroles la demande que lui avait fait la veille le chevalier Linstang.
« Ton père s'est ruiné, lui avait-il dit, tu n'as de quoi mettre sous la dent; tu n'as rien, Linstang, fors la noblesse de ta race, je destine ma fille à un chevalier plus riche que toi. »
Le vieux baron était plus avare que oncque ne s'est vu, et il avait dit à sa fille qu'il ne fallait pas penser au chevalier .Linstang; et voilà pourquoi prenait chagrin et souci la gente damoiselle.
Après les fêtes de Chatel-Aillon, le baron aUa se renfermer dans son château de Charron qu'il avait, dans sa jeunesse, vaillamment défendu contre les entreprises du .sh-e de Marans. Caboran était un chevalier plein de bravoure, et nul n'avait su mieux manier la lance ou l'épée.
Mais il était vieux, et ses forces ne lui permettaient plus de remplir -.ses devoirs de chevalier. Depuis la mort d'Ermelinde, la Vertueuse mère d'Elise, il n'avait paru à aucune fête, et s'il s'était rendu à Chatel-Aillon, c'était uniquement pour y conduire sa fille et voir l'effet que sa vue produirait sur la noble assemblée, car Elise était le portrait de sa mère dont la mémoire était en bénédiction dans toute la contrée.
Il avait espéré n'y pas rencontrer le chevalier Linstang malade de ses blessures, ainsi espérait-il y trouver le châtelain de Fouras, Ethelbert, dont il voulait faire son gendre.
Ethelbert était fils de son frère d'armes, et le plus riche seigneur de toute la contrée, après les sires de Chatel-AiIton et de Marans.
Mal lui en prit, car aux fêtes de Chatel-Aillon ne se trouva pas le châtelain de Fouras, mais Linstang et plusieurs autres; d'où en avait pris mortel déplaisir le vieux baron. Assis de mauvaise humeur au coin de sa cheminée, il paraissait nourrir un noir chagrin. Pour lui rendre quelque sérénité, Elise se mettait auprès de lui, et tout en filant sa quenouille, lui parlait de sa bienheureuse mère, lui rappelant quelques-unes de ses sages paroles, de ses nobles actions; souvent elle lui adressait aussi des questions sur le temps de sa jeunesse, et les aventures qu'il avait mises à fin. Mais rien n'y faisait, et le baron se désolait de l'amour d'Elise pour Linstang.
Or, il advint qu'une effroyable tempête désola la contrée; la mer franchit ses digues, et s'épandit bien avant es terres, renversant les maisons, et ravageant les récoltes; et quand elle se retira laissa sur le sable un monstre en manière de serpent de la grosseur d'un cheval, long à l'égal de celui qui au temps jadis arrêta l'armée de Régulus au pays d'Afrique. Sa peau rude et écailleuse était couverte de larges taches d'un gris d'ambre sale, sur fond rougeâtre. Oncques ne vites plus horrible bête. Ses pieds crochus étaient armés de griffes aigues et sa queue terminée par un dard, allait et venait avec grand'souplesse et agilité. De chaque côté de son corps s'allongeaient deux nageoires, et sur ses épaules on remarquait deux ailes. Et avait en outre le monstre un cou d'une longueur prodigieuse, terminé par une tête plus grosse que fut oncques vue ses longues oreilles pendantes étaient dures comme les cornes d'un taureau sauvage; ses yeux larges et ronds étaient couverts de crins roux, durs comme des aiguilles d'acier ; sa gueule béante et garnie de six rangées de dents tranchantes, s'élargissait à volonté; davantage, l'haleine du monstre était pestiféré, et il poussait une espèce de hurlement caverneux exprimant ces trois syllabes nu-â-â, et le répétait quand quelque proie excitait sa faim. Finalement, était ledit dragon horrible à voir.
Ja depuis six mois il ravageait te pays, foulants les moissons, dévorant les troupeaux mêmement les bergers, les femmes et les enfants. Ce que voyant, les pauvres habitants de la contrée étaient dans l'effroi, et n'osaient sortir de leurs demeures craignant pour leurs peaux, tant et si bien que la faim venant à les chasser du logis, couraient devers la ville et les châteaux criant miséricorde, et demandant du pain. Quoi voyant le vieux baron convoqua ses archers et les envoya à l'encontre du dragon pour l'occire si faire se pouvait. Mal en prit à ces pauvres gens, car soudain qu'ils eurent jeté quelques flèches, ils furent contraints de làcher prise après avoir vu dévorer misérablement cinq de leurs compagnons. Grande fut la colère du sire de Caboran, à la nouvelle de cette mésaventure; il envoya de rechef des gens d'armes, lesquels ne furent pas plus heureux que les autres, et même se retirèrent à grand'peine.
Le monstre continuait ses ravages et personne n'osait l'approcher. Le vieux baron maudissait sa vieillesse qui l'empêchait de manier l'épée et la lance. Advint qu'il se rappela Linstang renommé pour sa force, adresse merveilleuse et courage. Adonc le fit venir devers lui et dit ai su, mon fils, que tu aimes toujours Elise nonobstant mon refus, et suis disposé ce jourd'hui à combler tes vœux en te l'accordant pour ta chère compagne si tu peux délivrer la contrée de la male bête qui la désole. Et le ferai, ainsi que venez de dire, fit Linstang que les paroles du vieux baron avaient ravi en joie et en bonheur. Ainsi soit, dit Caboran ; autre chose ne requiers de toi sinon que tu m'apporte la tête du dragon rassemble mes vassaux et cours sus au monstre. Ce qu'étant dit et convenu; le chevalier partit tout aussitôt. Il parcourut bourgs et hameaux, réunissant autour de lui tous les gens d'armes qu'il put trouver, hallebardiers, tireurs d'arcs et autres armés de pieux, fourches et bâtons ferrés. Tant se donna de peine, qu'à la fin du jour il eut 300 hommes avec lui, et marcha droit devers le lac des coteaux où était l'antre de Nu à à. Incontinent qu'ils furent aux approches d'icelui, entendirent merveilleux hurlements, et voulurent rebrousser chemin. Mais Linstang les arrêta comment, couards, leur dit-il, jà la peur vous saisit, et restez là ébahis comme gens sans cœur! Or sus, reprenez courage et marchons à la bête. Icelles paroles étaient à peine prononcées qu'ils virent venir à eux le monstre criant nu à â, nu â â. N'en fallut pas davantage, chacun prit la fuite, les uns deci, les autres delà, aucuns ès champs, aucuns ès bois, aucuns ès marais, si bien que le pauvre chevalier resta seul bien marri de telle couardise et trahison. Toutefois il ne perdit pas courage, et s'étant dévotement signé, il s'apprêtait à combattre pour défendre chèrement sa vie, lorsqu'il vit le monstre poursuivant deux fuyards, lesquels vinrent se cacher ès roseaux d'un étang voisin, dont mal leur en prit, car furent pris sans pouvoir faire un pas, ni se défendre et furent la proie du dragon.
Linstang revint dans son logis l'oreille basse, et maugréant ne plus ne moins qu'un dogue courageux que son maître a battu, se renferma, ne voulant voir personne, et surtout évitant la rencontre du sire de Caboran, duquel, pensait-il, il avait encouru vitupération pour avoir failli à sa promesse.
Le jour suivant comme il se promenait triste et rêveur, réfléchissant à sa mésaventure, lui vint une idée qui le transporta d'aise si vrai est de dire que amour et vergogne sont deux maîtres ingéniant finesse d'esprit et subtiles inventions.
Arrière, se dit- il, arrière serfs couards; ferai en sorte que n'aie besoin de vous. Incontinent appele-t-il ses chiens favoris et bien dressés à la chasse du sanglier : Sus, Pluton, Ronge fer, Médor, clamat-il avec force, tot dogues accoururent devers leur maître, branlant ta queue, dressant l'oreille, et jetant cris de joie comme chiens que l'on amène à la curée. Ah les bons, les vaillants amis, fit Linstang, en les flattant de la main Puis, se mit en mesure d'exécuter ce qu'il avait en pensée. Pour ce faire, et tirer parti du courage de ses fidèles dogues, il s'ingenia de représenter en bois un dragon de tout point semblable au serpent Nu à à, couvrant le tout d'une toile rousse tachetée de gris d'ambre. Ce ne fut tout besoin était d'accoutumer les chiens à courir sus à la bête. A donc que Linstang les appèle; mais, à la vue du monstre ils s'arrêtent, transis de peur et poussant hurlements en manière de chiens qui ont perdu leur maître. Ce que voyant le chevalier excite leur colère par gestes et propos, rien n'y fait, Linstang prend alors son épee dont à coups redoublés frappe le mannequin, et soudain les chiens s'élancent, et, à belles dents déchirent la bête.
Au jour en suivant, icelle épreuve recommence qui à merveille réussit. Bien, dit le chevalier, voyons si mes chiens n'auraient pas peur si la bête se mouvait en fureur. Ressorts sont adaptés à la machine desquels les yeux, la tête, la gueule et la queue reçoivent agitation et mouvement, ce nonobstant les chiens fondirent dessus comme devant et la mirent en pièces. Ceci fait, Linstang passe au cou de ses chiens larges et forts colliers armés de pointes longues et tranchantes, d'iceux garnit le corps d'une épaisse ceinture en cuir de taureau hérissé de petites lames de faulx, mêmement ajoute à leurs pattes bracelets de cuir aussi couvert de pointes aigues; puis s'arma lui-même de pied en cap, et ainsi prend chemin devers l'antre du dragon.
Sitôt que eurent gagné le lieu dit de Plaisance, soudainement virent venir à eux le monstre criant nu â à, nu à à! Pensez qu'eurent peur les dogues, et s'arrêtèrent cois d'abord, n'osant bouger, puis de hurler plaintivement; notez que le serpent exhalait au loin odeur infecte, lançait éclairs de ses yeux, et ouvrait une gueule horrible. Si vrai est de dire que ne vous souhaite pareille rencontre, Dieu vous en garde et moi aussi. A doncques en ce moment Linstang leva les yeux au ciel pria la vierge Marie mère de N. Seigneur de lui venir en secours, et tôt se porta bravement à rencontre du monstre, clamant à moi Pluton, Ronge fer, Medor! Et il attaque la bête laquelle saisit la lance du chevalier et la brisa en éclats. Ce voyant, Linstang tira son épée dont enfonça la lame bien avant dans la gueule du monstre et la remplit de sang; puis se retrancha derrière un arbre, cherchant jour à sa pointe au travers des dures écailles de la bête, tant que son épée venant aussi à se rompre, il tira son poignard de Sue trempe duquel dextrement se servit contre les yeux du dragon pendant que les chiens pleins d'ardeur lui déchiraient qui le poitrail, qui le ventre, qui les flancs et travaillèrent de leurs dents que l'horrible bête poussait hurlements effroyables, et jetait un sang noir dont fut merveilleusement augmentée l'ardeur des chiens. Cependant le chevalier profitant de la détresse du monstre sans cesse harcelé par les chiens, plongea sa lame de poignard de rechief dans l'œil de la bête, et si avant, qu'il l'étourdit; puis l'enfonça dans le cœur, et le dragon qui se tordait avec cris épouvantables tomba sur le flanc et rendit l'âme. Maître du champ de bataille, Linstang posa genouil en terre pour rendre graces à Dieu et à N. Dame de la victoire dont fut joie en toute la contrée.
Après avoir flatté ses chiens avec tonnes douces paroles, il coupa la tête du dragon et la porta au sire de Caboran, lequel tint sa promesse, et accorda sa fille au vaillant chevalier.
Avec le surnom de Nuââ qui lui fut donné en souvenir de sa glorieuse victoire, Linstang devint possesseur par son mariage avec la fille du sire de Charron de toutes les terres qui plus tard furent circonscrites par les fiefs de Serigny, Courçon, Ferdëres, par le comté de Benon, Virson et S. Médard.
Plein de reconnaissance pour la mère de Dieu dont il avait invoqué le secours, il fit élever en son honneur une chapelle sur le lieu même du combat.
Cette église fut détruite pendant les guerres des comtes de Nuaillé et de Benon.
Il n'en reste plus de vestiges.
Sur la caverne qui servait de repaire au monstre, il fit construire un château flanqué de tours, qu'il entoura de fossés larges et profonds.
Ce château prit le nom de Nuââ. Il fut détruit d'abord par une tempête, et plus tard par les flammes.
Léonore Lipanet, dame de Châtellaillon, qui donna le jour à la grande famille des Isembert, rebâtit le castrum, non sur les mêmes fondements, mais à cent pas plus loin, à l'extrémité occidentale du promontoire.
C'est alors qu'il reçut le nom de Nuaillé; mot composé de Nuââ, surnom de son premier fondateur, et de Aillé mot celte-alain qui signifie humide, entouré d'eau, d'où, par abréviation Nuaillé.
Frappé par la main puissante du temps, ce castrum ne conserve aujourd'hui de son antique splendeur que de nobles souvenirs. Quelques pans de ses hautes et épaisses murailles, des tours tronquées, des bastions à demi démolis se voyaient encore il y a peu d'années, voix silencieuses qui proclamaient éloquemment à la face de la terre la courte durée des choses en apparence les plus indestructibles.
Jean II Harpedanne (de Belleville), naquit à Fontenay- le-Comte pendant que son père en était gouverneur et fut baptisé en l’église Notre Dame de Fontenay.
Le 4 avril 1391, Jean Harpadenne touchait une pension annuelle de 1.000 livres sur le trésor royal et exerçait l’office de sénéchal de Saintonge, suivant des lettres émanées de Lui et datées du 13 avril. Dans cet acte, il s’intitule aussi sgr de Montendre, confisqué sur le Soudan de Latrau, partisan des Anglais.
Le château et la châtellenie de Montendre avaient été donnés une première fois à Jean Harpedanne par le roi Charles VI à une date inconnue, mais antérieure au 13 avril 1391.
Jean Harpedanne, qualifié de sgr de Nuaillé et de Montendre, chambellan du roi, reçut en don le 13 mars 1401 d’Aimery de Lesque, bourgeois et échevin de la Rochelle, la terre, dite la terre de Fransac, d’un revenu de 200 livres tournois, à la Fons, près la Rochelle.
Cette donation fut confirmée par le roi en son conseil par lettres datées de Paris le 1 er juil. 1402 (Arch. Nat. JJ. 157, n° 328, p. 201).
Le juillet l402.Confirmation du don fait par Aimery de Lesgue, bourgeois et échevin de la Rochelle, à noble et puissant seigneur messire Jehan Harpedenne, seigneur de Nuaillé et de Montendre chambellan du roi, d'une terre dite la terre de Fronsac, d'un revenu annuel de deux cents livres tournois, à la Fons près la Rochelle, dont il avait hérité de feu Jean Du Pois, aussi bourgeois et échevin de la Rochelle (2).
« Ce fu fait et donné en la dicte ville de la Rochelle, presens grans, nobles et honnorables et saiges, messire Jehan Girard, chevalier, seigneur de Bazoges (3), maistre Pierre Bonet et Jehan Foulquier, eschevins de la dicte ville, le XIII jour de mars l'an mil CCCC. et un.
La dite confirmation datée de Paris, le 1er juillet 1402. « Par le roy en son conseil, où monseigneur le duc de Berry, vous, l'arcevesque d'Aux (4), l'évesque de Noyon (5), le grant maistre d'ostel (6), le sire de Heugueville (7) et autres estoient. Derian.))(JJ. 157, n" 328; fol.201.)
1410, 18 décembre.— A l'occasion d'un différend relatif à un fief des Vinets ou Vivets entre l'abbaye et Jean Harpedane, seigneur de Belleville, de Montaigu et de Nuaillé, celui-ci accorde au religieux, par transaction, 10 septiers de blé à prendre sur le fief de Cressé (Cressy) ou aux environs, si celui-ci ne suffît pas, avec tous les droits qui pouvaient appartenir au seigneur sur ledit fief, au devoir de 1 franc de devoir annuel, réservée la justice.
1425, 30 octobre.— Baillette de Cressé à noble homme Jean Gay 1, écuyer, au prix d'un sextier de froment, portable, à la mesure des abbés, à la nativité de N.-D., et un denier de devoir annuel, portable au seigneur de Nuaillé, à Nuaillé, le 1er janvier.
Vers la fin du XVIe siècle, d'après un arrêt de 1593, il y avait eu au parlement une procédure intentée par Jacquette de Parthenay, dame de Nuaillé, contre Françoise Charvet, veuve de messire Jehan de Guille, pour obtenir déclaration de Cressé.
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15 septembre 1429 « Aveu rendu au seigneur de Nuaillé Jean Harpadenne, chevallier, seigneur de Nuaillé et de Montandre.
VÉRINES, LA CHATELLENIE, L'ARDILLON, GRATEFEUILLE, GRAND ET PETIT FIEF DE CHAPON, FIEF DES NOUES.
Par dénombrement du fief de Gratefeuille, comme par cet aveu, l'étendue dudit fief est rapportée. »
Sachent tous que je Jean Lucas, en nom de Isabeau Ardillorine, ma femme, tant pour moy que pour mes parçonniers, confesse et avoue tenir de noble et puissant seigneur monsire Jean Harpadenne, chevallier, seigneur de Nuaillé et de Montandre, à cause de son châtel de Nuaillé, et de sa chatellenie dudit lieu, les chouses qui s'ensuivent:
c'est asçavoir un fié apellé le fié de Grastefuil avec touttes ses appartenences et apendences parséant ledit fié, ès parroiches de Verinnes, d'Angliers et de Sainte-Soule; et se commence ledit fié au chemin public par où l'en vat de Verinnes au peyré de Frezes au long du chemin par devant l'arbergement de moy, ledit Jean Lucas, le grand chemin entre deux et s'en va au long dudit chemin dez la maison et vergier Bertrant Turpin de Verinnes, jusqu'au carrefour de Chiron Ferrant, comme l'en vat à Frezes, en descendant le chemin dudit carrefour par où l'en vat du Perré de Frezes à La Gillebertière jusqu'au fief du prieur de Bouhet, les terres, vignes, desserts et prés qui sont à moy, ledit Lucas, et autres tenanciers en mon dit fié par dedans enclouses jusqu'au dit fié dudit prieur de Bouhet, et d'illec s'en va jusqu'au chemin qui vient de FontPatour aux Loges jusqu'à la reze ou petit, chemin qui vient. de la Chaume-Blanche au Port-Bertrant, tenant au fié de monseigneur Thibaut de Castelhion, chevallier, et d'illec se descend tout au long en revenant icelle ditte reze ou petit chemin au long du fié de Juile qui fut audit monsire Thibaut de Castilhon, le chemin entre deux, si comme l'on vat au long d'iceluy chemin à Guignemore, sauve et excepté les fiefs ou enclaves qui sont entre deux, si aucuns en y a, et d'illec se tient au fié du prieur d'Angliers en venant ledit fié dudit prieur jusqu'à la reze qui départ ledit fié dudit prieur, et les vignes de feu Pierre Faure, apellées les vignes du Petit-Fié de Jossain, en s'en montant contre Mont jusqu'à une petite reze, qui départ du bout dessus jusqu'au fié du prieur d'Anés, et puis s'en revient tout au long desdites vignes par debas jusqu'au dit chemin par où l'en vat dudit lieu de Frezes jusqu'à Guignemore et jusqu'au fié de Guillaume Viau, et d'illec s'en va en une cornière dudit fié et membre d'icelluy, qui s'appelle le Fourioul, et le fié apellé le fié aux Berloins, qui se tient d'un costé au chemin par où l'on vat du truil aux Ribotaux à Sainte-Soule jusque à la reze qui départ ledit fié et le fié de madame Deslandes, et ses parsonniers, apellé le fié Béchet, et d'illec s'en vient à la reze traversaine entre deux, si comme l'en vat dudit chemin. au truil aux Gillebers, et s'en descend ledit Fourioul au long d'une petitte reze descendant en bas, qui départ ledit Fourioul et le fié apellé le fié aux Berloins, et du bout de bas se tient à une reze bâtisse par où l'en vat de la Cauchinière audit truil aux Ribotaux;
Item un petit fié membre dudit fié des Grattefeuil parséant prez de Verinnes, apellé le fié des Chirons, qui se tient d'un costé au chemin par ou l'en vat de Verinnes à Saint-Couts jusqu'au fié du prieur d'Anés, et d'un bout au truil, ou harbergement de feu Pierre Faure, et d'illec s'en vat jusqu'aux vignes, et fié dudit prieur d'Anes, envenant contresus jusqu'au fié dudit Guillaume Viau et puis s'en descend la reze batisse, par où l'en vient du truil aux Borreaux à Saint-Couts jusqu'au fié dudit Guillaume Viau, et de ses parsonniers.
Item un autre membre dudit fié de Grattefuil, apellé le fié des Grois, et s'en vat d'un cotté par une reze batisse par où l'en va de Verinnes au moulin que tient de moy, ledit Jean Lucas, Désiré Regnault Le Camus, parséant oudit fié et en outre au long de ladite reze jusqu'au fié du seigneur de Mauzé ensemblement, et une enclave qui est entre ledit fié de Mauzé, et le fié au prieur d'Anes, et suert audit chemin ladite enclave par où l'en vient de Verinnes à Fontpastour par derrière l'arbergement et vergier de moy, ledit Jean Lucas.
Item se tient ledit fié des Groys, et membre dessus dit au long du chemin de la' part du moulin que tient sire Regnault le Camus par où l'en vat de Verinnes à Saint-Coust, venant tout au long au fié du prieur d'Anés, une petite reze entre deux, et d'illec s'en vat en descendant au long du fié d'Anés jusqu'au petit chemin qui vient du truil aux Merciers à Fontpastour, tout au long jusqu'au fié dudit monseigneur de Mauzé, et s'en remonte tout au long dudit fié de Mausé, la reze batisse entre deux, jusqu'au chemin qui vat de Verinnes à Font-Pastour comme tient l'enclave dessus ditte, sauve et excepté la desme que le prieur d'Arigliers prend avec moy en blé, en vin querounie en certaine partie dudit fié de Grattefuil, et sauve autresi le droit de desme querounie comme dessus à mondit seigneur appartenant par fautte d'hommes ou autrement que souloit prendre avecques moy feu monsire Thibaut de Castellion, chevallier, audit Fourioul et Jossein. .
Toutes les quelles chouses et chacune d'icelles je le.dit.Lucas avoue à tenir de mondit seigneur à foy et homage plain, au devoir de soixante sols tournois de plait, de morte main, quant le cas y avient, o tout droit de juridiction, de basse voyrie et o te droit de mesurage, à blé et à vin que j'ay en mes maisons, parséans audit fié, l'une apeiiée la Grangere et l'autre apellée la Petite-Maison devant l'hôtel de Verinnes, o protestation, ,et sauvation, etc.
Le 15 septembre 1429.
Ego, Willelmus de Nualle, miles, notum facio presentibus et futuris istam cartulam inspecturis me dedisse et concessisse in puram et perpetuam helemosinam, pro salute anime mee et animarum parentum meorum, Deo, et pauperibus nove domus helemosinarie de Rupella quam edificavit Alexander Aufredi defunctus, ad sustentationem dictorum pauperum quicquid juris habebam super cellarium quoddam et super plateam in qua cellarium situm est.
Quod cellarium et platea sunt apud Marcille ante ecclesiam.
Quod etiam cellarium et quam plateam ad opus prefate domus helemosinarie dictus Alexander Aufredi emerat.
Dedi etiam et concessi Deo et dicte domui helemosinarie et pauperibus domus ejusdem simili modo quicquid juris habebam in platea, que est inter torcular dicte domus helemosinarie et domum Johannis Botinard; quam plateam idem Johannes ipsi Alexandro vendiderat; renuntians pro me et heredibus et successoribus meis in hoc facto meo omni requisitioni exercitus et expeditionis et collete et omni exactioni et omni alii consuetudini quam habebam vel habere poteram in cellario et platea superius memoratis ad possidendum in perpetuum a dicta domo helemosinaria et a suis rectoribus ad opus pauperum ejusdem domus libere, pacifice et quiete, retentis tamen super eisdem rebus michi et heredibus mets xn denariis censualibus monete publice censitaliter currentis, in Rupellam reddendis annuatim ad festum sancti Michaelis infra cellarium illud, sine aliqua mala occasione quam ego vel alter nomine meo possimus inde petere.
Ad majorem vero hujus rei firmitatern et certitudinem et ne hoc factum meum a me vel ab alio quolibet possit in posterum aliquatenus infirmari, ego presenti cartule sigillum meum apposui, cui ad preces meas Constantinus de Mausiaco, tunc major, sigillum communie de Rupella apposuit.
Actum anno gracie millesimo ducentesimo tertio, on meis de mai.
(1). Sur Jean II Harpedenne et sa situation en Poitou.
(2). Cette terre était ainsi nommée parce qu'elle provenait de la confiscation du vicomte de Fronsac, resté au service de l'Angleterre. Elle avait été donnée par Charles V, le 22 janvier 1373 n. s., à Jean Du Pois, pour le récompenser « du bon portement et de la très grant paine, travail et diligence que il a eu et mis par experience de fait en la compaignie de nostre amé et feal Jehan Chauderer, son cousin, à ce que nostre dicte ville [de la Rochelle] se soit rendue et soubzmise derainement à nostre subgection et obéissance. »
Le texte de cette donation est inséré en vidimus dans la présente confirmation de Charles VI. Les deux cents livres de rente assise sur cette terre avaient donné lieu à un procès entre Jean Du Pois et Jeanne de la Marche, veuve du vicomte de Fronsac, en 1374 et 1375 (voy. notre t. III, p. 133 note) mais la prétention de cette dame de rentrer en possession des biens de son mari défunt fut repoussée. Jean Du Pois n'ayant pas laissé d'enfants, la terre de la Fons échut à l'un de ses collatéraux, Aimery de Lesgue, puis à Jean II Harpedenne, comme on le voit ici.
(3). Une notice biographique sur ce personnage se trouve dans le présent volume, p. 77, note.
(4). Jean cardinal d'Armagnac.
(5). Philippe de Moulin.
(6). Le grand maitre de l'hôtel du roi, à cette date, parait avoir été .Guy de Damas, seigneur de Cousan. Louis de Bavière, frère de la reine, le fut ensuite une partie de l'an 1402 et pendant les trois années suivantes. (Le P. Anselme, Hist. généal., t. VIII, p. 316, 344 )
(7). Jean de Roncherolles ou plutôt son fils ainé Guillaume, sieur de Heuqueville (seigneurie provenant de la mère de ce dernier, Isabelle de Hangest), qui fut tué à la bataille d'Azincourt. (Dict. de la noblesse,in-4°, t.XII,p.291,292.)