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PHystorique- Les Portes du Temps
26 décembre 2019

La vie d’Aliénor d’Aquitaine, la croisade part au printemps 1147.

La vie d’Aliénor d’Aquitaine, la croisade part au printemps 1147

La croisade, c'est la grande affaire de Louis VII, qui entend exécuter de toute façon le vœu de son frère, le prince Philippe et s'en veut de l'accès de colère qui l'a amené à faire brûler vifs dans leur église les habitants de Vitry-sur-Marne lors de la guerre menée contre le comte de Champagne à la suite du scandale Pétronille. Il commence aussi à attribuer à une punition du ciel l'absence d'héritier mâle. Les nouvelles qui proviennent de l’Outremer, comme on appelle les royaumes francs de Palestine, ne sont pas bonnes, il se décide pour aller délivrer Jérusalem.

 

 Les vassaux d'Aliénor ont beaucoup renâclé. Ils n'oublient pas que 70 000 d'entre eux ont péri lors de la croisade dans laquelle les avait entraînés Guillaume IX. Mais elle est ravie. D'abord parce que le roi l'emmène et que cela va changer l’horizon. ==> Croisade de Guillaume IX le troubadour, grand-père d’Aliénor d’Aquitaine et premier poète connu en langue occitane.

Elle se fait aussitôt confectionner un costume d'Amazone, ou supposé tel, avec tunique blanche, casque et des amours de bottes rouges. Avec ses dames vêtues comme elle, elle caracole devant la cour, à califourchon sur son destrier comme un homme, donnant sans doute ainsi naissance à la comparaison avec Penthésilée dont la gratifieront certains poètes, notamment Benoît de Sainte-Maure, qui lui dédie le Roman de Troie.

Le roi emmène Aliénor.

Certes il est toujours follement épris d'elle. Mais il semble aussi qu’en l'absence d'héritier mâle au départ, il ait voulu s'assurer que s'il en avait un au retour, celui-ci fût bien de lui. Des rumeurs courent en effet à propos de la reine, dont les chroniqueurs se font l'écho voilé, et l'on murmure que le comte d'Anjou, Geoffroy Plantagenêt aurait su trouver le chemin de son cœur. La naissance d'un héritier ne risque hélas guère d'arriver. La reine et les dames, accompagnées de lourds chariots transportant le minimum qui leur est nécessaire, voyagent sous bonne escorte à un jour de marche en tête de l'expédition, tandis que le roi et sa garde ferment la marche. Louis VII estime, par ailleurs, devoir se préparer à la croisade comme à un pèlerinage par la prière, le jeûne et l'abstinence.

Cependant plusieurs historiens contemporains ont jugé que ce fut une faute et l'ont imputée à l'initiative de Louis VII. Son épouse, la reine Aliénor, fille de Guillaume d'Aquitaine, partait avec lui malgré elle, dit Jean d'Hexam. Peregreproficiscente cum eo regina sua Alienora. Guillaume de Neubridge est plus explicite :

 « La reine Aliénor avait tel­lement captivé son jeune mari par l'éclat de sa beauté, qu'au moment de se mettre en route pour cette fameuse expédition, fortement jaloux de sa jeune épouse, il ne crut pas devoir la laisser à la maison, mais voulut qu'elle partit avec lui pour les combats. Beaucoup d'autres gentilshommes, suivant cet exemple, emmenèrent avec eux leurs épouses, et comme elles ne pouvaient se passer de femmes de chambre, on voyait une multitude de femmes dans ces camps chrétiens qui auraient dû être chastes : ce qui fut un grand scandale pour notre armée. »

Un his­torien moderne, M. Michelet, pense que la présence d'É­léonore était peut-être nécessaire pour assurer l'obéissance de ses Poitevins et de ses Gascons. Cette conjecture est vraisemblable, mais je ne trouve chez les contemporains rien qui l'appuie.        

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Au total, ce sont 100 000 personnes qui vont rejoindre à Metz l'empereur d'Allemagne, Conrad, avant que les deux armées ne fassent route séparément vers Constantinople, à raison de 20 à 30 kilomètres par jour. Presque d'emblée, l'expédition tourne au désastre. Les troupes de l’empereur se conduisent en reîtres, pillant, détruisant et violant sur leur chemin.

Lorsque les deux toutes se rejoignent dans la basse vallée du Danube, les Francs trouvent les portes des villes barricadées, des paysans tendent des embuscades aux isolés et les réserves de vivres ont été épuisées. A Constantinople, les Allemands, Conrad en tête, ont vandalisé les cantonnements qui leur avaient été préparés et lorsqu'arrivent les Francs, l'empereur Manuel reçoit certes Louis et Aliénor chaleureusement, mais il cantonne leurs troupes hors les murs de la ville.

En fait, ce Manuel joue un jeu trouble. Les guides qu'il fournit à Conrad l'attirent droit dans la gueule de l'ennemi turc. Ceux qu'il donne à Louis ne valent pas mieux et, en longeant une gorge, l'armée de Louis va tomber dans une embuscade où 7 000 croisés laisseront la vie. Les bagages et les vivres sont perdus. Louis ne doit la vie qu'à sa force physique et à la chance d'avoir pu combattre l'épée à la main et dos à la montagne. Le groupe des dames est passé avant, juste à temps. On décide de gagner le port d'Attalia pour arriver par mer. Mais le prix du passage est prohibitif, deux marcs d'argent par tête. Tandis qu'on tergiverse la peste se déclare. Le roi paiera le Passage à ceux qui ne peuvent pas en débourser le prix. On s'embarque enfin, mais faute de vent, il faudra trois semaines pour atteindre Antioche. L'armée, déjà fort réduite, parvient enfin à Antioche.

 

Après leurs tribulations, le séjour de Louis et d'Aliénor à Antioche ne pouvait qu'être le bienvenu. Le prince Raymond était un oncle d'Aliénor, à qui le titre de Prince d'Antioche avait échu par son mariage avec Constance, fille de feu Bohémond II. Bien que très sobre de goûts lui-même, il avait l'hospitalité généreuse. Les fenêtres de son palais avaient des vitres, il avait aussi l'eau courante.

Agé de 36 ans, intelligent et lettré, au fait de la culture occitane, il était d'une force herculéenne, capable de soulever un cheval de terre en le serrant entre ses cuisses et en se hissant à une poutre par les bras, capable aussi de tordre à mains nues une barre de fer. Aliénor tomba apparemment sous son charme et Raymond se servit de cet ascendant pour tenter de faire comprendre à Louis par l'entremise d'Aliénor que l'Orient était compliqué et que plutôt que de vouloir foncer sur Jérusalem, il valait sans doute mieux d'abord alléger la pression des Ottomans en attaquant Alep et en reprenant la place forte d'Edesse.

La reine comprenait l'intérêt de cette stratégie. Mais que se passa-t-il au juste entre Aliénor et Raymond ?

On ne le sait pas, et peut-être n'y eut-il justement rien entre eux que la complicité entre personnages intelligents et de même culture. Les chroniqueurs là-dessus en insinuent trop et n'en disent pas assez. Louis fut soudain saisi d'une de ses fureurs légendaires et décida de partir.

Tous les textes, au contraire, s'accordent sur la division qui éclata entre les deux époux pendant leur séjour à An­tioche. Arrivé dans cette ville, le 19 mars 1148, à peu près en fugitif, Louis y fut néanmoins reçu avec de grands honneurs. Cette générosité n'était pas désintéressée. Ray­mond, prince d'Antioche, voyait en lui un auxiliaire contre les Turcs et fondait sur cet appui de grandes espérances. Il soumit ses vues au Roi. Celui-ci ne combattit pas ses vues politiques. Mais il répondit que venu par piété, pour ac­complir un pèlerinage, il devait et voulait avant tout aller à Jérusalem.

Raymond agit auprès de tous les seigneurs; il était oncle paternel d'Aliénor; illa gagna à sa cause. Mais ni les seigneurs, ni la Reine, ne purent rien sur l'esprit du Roi; à tous il opposait sa dévotion et son vœu. Ceci suffit certainement pour motiver et pour expliquer le mot qu'on attribue à Aliénor, qu'elle avait cru épouser un roi et non pas un moine.

Raymond, dans un dépit violent, chercha encore à aigrir cette colère méprisante. Il dit à la Reine que ce ne pouvait pas être là, que ce n'était pas son mari : qu'ils étaient trop proches parents et que leur ma­riage n'était pas régulier. De ce Jour, la pensée d'une sé­paration apparut et fut énoncée par la Reine. Louis effrayé, comme s'il eût craint quelque tentative violente, partit d'Antioche avec sa femme et tous ses gens, furtivement, la nuit. Bien des gens disaient alors, et non sans justice, ajoute le biographe de Louis VII, qu'un tel départ d'Antioche était à la honte, et non à l'honneur du Roi.

Je ne trouve pas de date précise de cette fuite, mais les derniers éditeurs de Guillaume de Tyr la placent à la fin de mars. Il n'y a pas autre chose dans le narrateur des Gestes de Louis VII. Odon de Deuil s'arrête à l'arrivée de Louis à Antioche.

 

Guillaume de Tyr, qui écrivait plus tard et après le divorce d' Aliénor, est bien plus sévère pour cette reine :

«Raymond, dit-il, résolut d'enlever au Roi, de vive force et par de secrètes machinations, son épouse, du consentement de celle-ci, qui n'était qu'une coquette, quae una erat de fatuis  mulicribus ; c'était, comme nous l'avons dit, comme elle  l'avait montré auparavant et l'a montré depuis par des signes manifestes, une femme impudente, peu soucieuse » de la dignité royale dans son mari et oubliant la fidélité due au lit conjugal.  Après cette accusation si dure, le charitable évêque croit néanmoins devoir ajouter qu'au dire de beaucoup de gens, le Roi n'avait que ce qu'il méritait, ei digne pro mentis accidisse.

 

Je ne puis m'empêcher de remarquer que le vieux traduc­teur français de Guillaume n'a pas cru devoir, ici, le suivre complètement. Voici ses termes:

« La Reine sa fame mist-il  à ce qu'èle volt lessier et departir de lui, quar èle n'estoit mie lors sage fame, einçois fu mont blâmée en la terre, ne ne garda mie, si com l'en dit, à. la hautesce de sa cou­ronne, ne à la foi del mariage. Li Roi li moutra bien quant il fu retornez en France, quar il se deseura de lui. » Si com l'en dit, le Roi li montra bien, sont certainement des adoucissements et des réserves.

 

La nuit du 28 mars 1148, neuf jours après son arrivée, Aliénor fut enlevée au palais en pleine nuit et emmenée manu militari en litière rejoindre son époux en partance avec son armée pour Jérusalem.

Ils devaient rester onze mois à Jérusalem, chaque jour qui passait montrant que cette croisade avait été un échec.

Les témoins remarquèrent la froideur installée entre les époux et il fallut toute l'insistance de Suger, qui voyait les conséquences territoriales et politiques désastreuses d'une séparation du couple royal, pour que Louis ne donne pas suite au projet, annoncé dans une lettre, de faire annuler le mariage pour cause de consanguinité.

Pour le retour, après Pâques 1149, la suite royale se sépara en deux, le roi et son escorte embarquant à bord d'une nef sicilienne et la reine et ses dames à bord d'une autre. Mais le voyage ne fut pas de tout repos. Après que les deux nefs furent pourchassées par les galères de l'empereur byzantin, en guerre avec la Sicile, et ne durent leur salut qu'à l'arrivée impromptue d'une flottille sicilienne sur les lieux, une tempête sépara les vaisseaux et tandis que le roi débarquait en Calabre, on resta deux mois sans nouvelles de la nef d'Aliénor, qui avait dû chercher refuge sur la côte « de Barbarie », probablement en Tunisie actuelle.

Réunis, Louis et Aliénor prirent la route de Rome au mois d'octobre 1149. Ils visitèrent le Pape, avant de regagner la France par voie de terre et ce ne fut qu'en novembre qu'ils arrivèrent à Paris.

Ni les-dédains de la Reine, ni les soupçons du Roi ne les avaient séparés bien complètement, puisque, après son arrivée, Aliénor accoucha d'une fille, Alix, mariée en 1164, à Thibaut, comte de Blois.

Je ne trouve pas, il est vrai, de date plus précise que celle-ci, après le retour, qui eut lieu vers la fin de 1149, et elle ne permet pas de dire si l'enfant fut conçu en Orient ou en France; mais elle suffit pour qu'il n'ait pu l'être à Antioche, et nul auteur n'a élevé de soupçon sur sa légitimité. 

A la suite de cette grossesse, des historiens modernes placent un séjour d'Aliénor dans sa chère Aquitaine, dans l'île d'Oléron, où elle aurait fait rédiger et sanctionné le code maritime connu sous le nom de Rôles d'Oléron. ==> Aliénor d’Aquitaine, Lois Maritimes les Rôles d'Oléron, appelés aussi Jugements d'Oléron

La naissance fin 1150 d'une nouvelle princesse, Alix, sembla déterminer le roi à obtenir l'annulation de son mariage, tandis que la cour notait la froideur entre les deux époux.

La mort de Suger au début de 1151 laissa le champ libre à tous ceux, Bertrand de Clairvaux en tête, qui pressaient le roi d'assurer sa succession et de faire annuler son mariage.

Ce fut à ce moment que Henri Plantagenêt, récemment investi duc de Normandie par son père, vint à Paris pour faire serment d'allégeance à son suzerain et régler une fois de plus la querelle dynastique à propos du Vexin normand. Il semble qu'il ait d'emblée beaucoup plu à Aliénor, qui dut intelligemment calculer que puisque sa séparation du roi était désormais une question de temps, Henri était le seul homme capable de protéger son duché.

Pour Henri, une alliance avec la duchesse d'Aquitaine était politiquement intéressante puisqu'à eux deux ils contrôleraient la moitié ouest de la France actuelle. Il est impensable en tout cas qu’Aliénor et Henry n’aient pas fait des projets dès ce moment, lorsque l'on considère la suite des événements.

 

 

 

 Dimanche 25 juillet 1137, Mariage à Bordeaux d’Aliénor d’Aquitaine et du futur roi de France Louis VII<==.... ....==> 18 mars 1152 Le concile de Beaugency

 

1147 Maingot de la Mothe, partant pour la croisade, et sa femme Oren­garde donnent au prieuré de Saint-Germain d'Isernay la terre de la Pierrière, la moitié du moulin de Grant-Vau et la dîme d'Iser­nay<==

1147 Partant pour la croisade, donation à l'Absie de Sébrand Ier Chabot, seigneur du petit château de Vouvant et de Mervent <==

Le sénéchal de Poitou, Guillaume de Mauzé, au moment de partir pour la croisade, en 1147, suppliait le ministre Suger d'envoyer un prévôt sage sous peine de perdre le pays et notamment la tour de Talmond dont Ebles de Mauléon accaparait les revenus<==

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