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PHystorique- Les Portes du Temps
5 février 2023

L'HÉBERGEMENT ENTIER SUIVIE DE CONCESSIONS DE FOIRES ET MARCHÉS ET D'EXEMPTION, EN BAS POITOU, AU XVIe SIECLE.

Hébergement-entier, pour héberge, auberge, vient du verbe héberger, qui signifie recevoir, loger, donner retraite, hospitio excipere. Il s'y joint aussi l'idée de campement et de tente d'armée.

L'hébergement était quelquefois, en effet, une mansio ou petit poste militaire placé sur une voie romaine et défendu par un simple fossé qui servait à la fois de protection et de gîte aux voyageurs(1).

L'étymologie de ce nom de lieu qui est assez ancien, quoique seulement d'origine gallo-romaine, se rattache sans doute, soit au campement qui y fut assis tout d'abord, et dont il reste encore des traces environnantes, soit à une auberge qui s'y serait établie sous sa protection, ou qui lui aurait succédé, et où l'on était hébergé au complet, c'est-à-dire, nourri, logé et couché à pied et à cheval. Peut-être même cette dénomination est-elle complexe hébergement viendrait de campement, et entier d'auberge ou hôtellerie.

Notre collaborateur et ami M. Benj. Fillon pense qu'Entier ou plutôt Antier, dans son système, est un nom propre d'homme, et non un simple attribut comme nous le supposons. Il assimile sous ce rapport Hébergement-Antier et Bois-Cholet.

A cet effet, il argue de l’Hébergement-Ydreau de la Motte-Achard, de la Roche-Thevenin, des Roches-Baritaud, de la Lande-Buor, de Bouguenais, de Benaston, etc. Nous ne nions pas que cette opinion ne soit plausible et soutenable.

 Elle peut même s'appuyer sur une bulle du pape Alexandre III, datée de 1179 et relative au droit de patronage exercé sur diverses églises par l'abbaye de St-Jouin de Marnes, où on lit : Ecclesia de Arbergamentis Anterii (2).

Nous lui objecterons toutefois, Il que si la dénomination d'hébergement remonte jusqu'au campement militaire qui y fat établi dans le principe, elle ne peut impliquer de nom propre, cette position étant alors du domaine public et n'appartenant à personne; à moins donc qu'on ne voulût admettre qu'Antier ait été le nom de quelque chef de poste; 2° que si elle procède d'une auberge ou hôtellerie qui se serait établie sous la protection du camp ou qui lui aurait succédé, l'attribut d'entier ou complet, tant sous le rapport des besoins de la vie que sous celui de la sécurité personnelle rentre parfaitement dans la logique de l'idée exprimée par le premier mot; 3° enfin qu'on ne connaît point d'ancienne famille qui vienne, comme dans les autres cas, corroborer cette opinion par son existence constatée sur les lieux ce qui cependant n'est qu'une présomption, parce qu'il a pu en exister sans qu'on la connaisse historiquement.

On trouve bien à quelques lieues de distance, dans la commune de Cugand qui faisait autrefois partie des Marches communes de Poitou et de Bretagne, une localité du nom d'Antières ou d'Entières, qui n'est pas aujourd'hui sans importance par son industrie; mais il ne s'y rattache aucun souvenir historique, et, par conséquent, il n'y a aucun argument à en tirer dans la question.

Quant à l'étymologie de Benaston et de Benastonnière nous croyons qu'elle vient de Benaste qui est un lieu fort ancien, situé dans le département de la Loire-Inférieure, et que c'est bien plutôt un mot celtique qu'un nom familial, à moins que cene soit une contraction de Benedictus, benoist, benaet, benât; mais pour toutes les autres dénominations, nous partageons l'avis de M. Fillon. Seulement, nous ne voudrions pas trop borner l'imposition des noms, qui nous parait une source abondante où viennent aboutir mille courants divers. Sans doute, les noms d'hommes ont souvent réagi sur le sol et baptisé les lieux, de même que les noms de lieux ont quelquefois dénommé les personnes mais il en est certainement beaucoup qui n'ont rien de commun avec les familles, et nous inclinerions à y ranger l'Hébergement-entier, ainsi que Vieillevigne, la Cope-chagnère voire même Breuil-herbaut et Puy-greffier, dont certains veulent encore faire des noms propres (3).

Quoiqu'il en soit de cette discussion, le noyau du bourg est encore presque entouré aujourd'hui d'une douve de cinq à six mètres de largeur, assez profonde et remplie d'eau, qui a été comblée sur quelques points, mais dont il est facile de reconnaître le périmètre, irrégulièrement carré, à l'aide des parties existantes (4).

 Au flanc nord de cette enceinte, d'une contenance de 3 hectares 16 ares environ, avait été surajoutée une sorte de quadrilatère oblong, contenant 1 hectare 10 ares, entouré lui-même d'une moins large douve, et qui n'est peut-être qu'un fragment d'une seconde enceinte dans laquelle la première aurait été circonscrite. On s'explique, en effet, que par suite d'une occupation prolongée de ce point, la garnison ait éprouvé le besoin d'annexer au campement une lisière environnante, ou du moins quelques parcelles de terre pour lui servir de jardin, et qu'elle ait jugé convenable de protéger également cet accessoire par un fossé formant un double retranchement.

Presque au milieu de l'enceinte principale se trouvait une butte ou motte de terre, de dix mètres au moins d'élévation. Elle était circuite elle-même d'une douve particulière de 3 mètres 33 centimètres de large (10 pieds), sur une profondeur égale.

Cette butte provenait en tout ou partie des terres qui avaient été extraites de sa douve et de celles du camp. Nous ne doutons point qu'elle n'ait été élevée pour servir de communication d'un poste à un autre. C'était comme un observatoire, d'où l'on découvrait ce qui se passait aux environs, et d'où l'on correspondait par le feu durant la nuit, et des signaux durant le jour (5).

 

(Les Lucs-sur-Boulogne - Histoire Le site du Petit luc - Château - Chapelle du Petit-Luc )

 Il existe, en effet, une chaîne non interrompue de monticules factices depuis et même au delà de l'Hébergement, à partir de la Motte-Girard dans les Brouzils et des Essarts, jusqu'à la mer, en passant par le petit Luc qui est le point culminant, Legé, la Garnache, Châteauneuf, Bois-de-Cené et Beauvoir.

Cette butte pouvait aussi servir de dernière retraite, au cas où l'enceinte eût été forcée, et, sous ce rapport, c'était comme la forteresse du camp, dont la planche ci-jointe reproduit le fac-similé général, relevé avec soin sur le plan cadastral de la commune. Les parties de la douve teintées en noir contiennent encore de l'eau; le reste est comblé, mais offre partout à l'œil une dépression sensible.

Cette enceinte ressemble beaucoup à celle de Benaston, village situé à deux lieues de distance, entre Chavagnes et les Brouzils, qui était au moyen-âge et il n'y a encore pas un siècle, avant l'ouverture de la grande route de Nantes à la Rochelle par Saint-Fulgent, un pertuis (foramen), c'est-à-dire un lieu de passage très-fréquenté.

Or, comme il n'existe de part et d'antre aucune trace de fortification ou construction ancienne à l'intérieur, on ne peut assigner à l'espace ainsi circonscrit d'autre destination que celle d'un campement. On en voit une autre dans des landes près de Puy- greffier, commune de Chavagnes, qui présente beaucoup d'analogie avec celles-ci (6).

Enfin, on remarque une butte de terre entre la Crume et la Verrie (via, voirie), ceinte également de larges fossés, qui se nomme le Châtellier.

On dit dans le pays que ce sont les Anglais qui, dans leurs guerres avec la France, l'auraient élevée pour voir de là ce qui se passait à Mortagne, petite ville fortifiée et éloignée de deux lieues environ.

Mais il est bien évident que tous ces travaux remontent plus loin et ont eu d'autres artisans. En s'orientant sur la carte, on remarque môme qu'ils sont en ligne ou disséminés à peu de distance, et qu'ils forment une chaine à partir de la mer à Beauvoir, où se trouve un premier monticule fort curieux (7); chaîne que reliait probablement une voie romaine.

 Il en passait une, en effet, à l'Hébergement, venant du Luc et se rendant à Saint-Georges, anciennement Durivum ou Durinum. Il paraît qu'on en trouve des traces au village de la Cailletière toutefois, nous n'en sommes pas bien certain, n'ayant rien vérifié par nous-même de ce côté, et n'ayant eu que des renseignements vagues sur le prolongement de la voie dans l'intérieur.

Nous avons seulement constaté sur le cadastre que le chemin vicinal de Saint-Georges à l'Hébergement fait suite, en droite ligne, à l'ancien chemin de l'Hébergement au Luc, qui s'étend sur une grande partie de la voie romaine, comme on va le voir.

 Puis elle traverse l'extrémité sud-est du bourg et les champs de Boisville, où elle est très évidente, à 132 mètres de distance de l'enceinte stratégique; coupe la grande route départementale de Montaigu à Napoléon, presque en face l'avenue de Bois-Cholet longe ensuite l'ancien chemin du Luc, qui lui est presque constamment superposé tant qu'il reste droit; s'écarte à travers champs pendant un kilomètre, avant les Forges qu'elle laisse à gauche, à 150 mètres environ.

Elle se rencontre, au pré Pétrau, avec l'ancien chemin qui la suit encore jusqu'à la Croix-Gétière, où elle l'abandonne de nouveau pour filer directement sur la Renollière, puis entre la Séguinière et l'Hôpitau où elle est rejointe par le chemin.

 Là, dans le champ de la Roire (rigole), à quelques pas de la voie et du chemin réunis, nous avons vu, sur l'indication du métayer, un gisement de débris de tuiles à rebord et de poterie usuelle, qui constate l'existence sur ce point d'un établissement gallo-romain de quelque importance, tel qu'une petite villa, on peut-être une maison d'hospitalité qui aurait laissé son nom à la ferme.

Une fouille y a été pratiquée, il y a quelques années, par les propriétaires; mais, comme elle avait plutôt pour but de trouver un trésor, que de procéder à une recherche d'antiquités, elle serait à reprendre pour connaître l'objet des constructions, s'il est possible. La voie laisse ensuite les Repos à gauche, traverse les landes du Luc, et arrive au village du nom caractéristique de Chef-du-Pont, sur la Boulogne, au-dessous du magnifique camp romain du petit Luc (8).

Notre ami, M. D., qui fait d'excellente agriculture théorique et pratique sur les lieux, a parfaitement constaté à l'Hébergement et aux Forges la rectitude de cette voie à travers champs, tandis que la déviation suivie au moyen-âge s'écarte de la ligne droite.

Nous l'avons nous- même vérifiée avec lui; mais sans la suivre plus loin que le petit Luc. Nous supposons seulement que, de là elle se dirigeait ensuite sur Palluau ou plutôt sur Legé, la Garnache, etc. Nous n'avons étudié qu'un tronçon, dont il reste à établir la continuité.

L'Hébergement-entier relevait de Montaigu à foi hommage lige et plein, et ligence de quarante jours de garde au château par année.

 Ses plus anciens seigneurs connus ne remontent qu'au xv° siècle (1435). Le premier dont on trouve le nom dans le chartrier de Thouars, s'appelait Pierre Richart, auquel succédèrent les Cholet ou Chollet.

Se trouvant sans doute trop à l'étroit dans l'enceinte stratégique avec leurs vassaux, et ayant fait défricher une partie des bois environnants, ils construisirent auprès un castel ou manoir, qu'ils entourèrent de douves à l'instar du camp, et dans lequel ils fixèrent leur résidence. C'était, en effet, sur un terrain plat comme celui-là, le seul moyen de se fortifier, l'endroit n'offrant par lui-même aucune garantie naturelle.

 Nous possédons les originaux de deux fermes assez curieuses d'un domaine nommé la Barre-Amaury (9), successivement consenties par « Jehan de Cholet,  escuyer, seigneur du Boys de l'Erbregement, » et reçues « es cours des scels establiz aux contractz en la ville et chastellenie de Montagu et de M. le doyen dudict lieu, sur la fin du XV et au commencement du XVIe siècle.

Cette antique famille de Cholet étant tombée en quenouille, se fondit, par alliance, d'abord en celle de la Boucherie, vers le milieu de ce dernier siècle; puis en celle de Chevigné sur la fin.

Mais la seigneurie du Bois prit et garda le surnom de Cholet ou Chollet, en souvenir de ses anciens maîtres; d'où elle s'est toujours appelée depuis Bois-Cholet.

 Tel est l'historique de cette dénomination terrienne féodale, et de beaucoup d'autres, comme la Roche-Thevenin, la Lande-Buor; et en voici la preuve par les faits et monuments Guyonne de Cholet, fille ou petite-fille du susdit Jehan, épousa dans la première moitié du XVIe siècle, Roland de la Boucherie, chevalier de l'ordre, capitaine de cent chevaux-légers, qui parait avoir été du petit nombre des seigneurs poitevins restés fidèles au trône et à l'autel du temps, et en faveur duquel Charles IX, par suite, accorda une concession de foires et marchés francs à l'Hébergement-entier.

Les lettres patentes expédiées à cet effet, qu'on trouvera au n° III des pièces suivantes, instituent le régime de la liberté du commerce. Elles ne réservent pas même le droit de minage pour le seigneur de Bois-Cholet, comme cela avait eu lieu quelques années auparavant, au profit du seigneur de Puitesson, dans la concession faite à Chauché. « Voulons, y est-il dit par le roi, que tous marchans et autres gens qui les fréquenteront et y afflueront puissent « vendre, eschanger et distribuer toutes denrées et marchandises licites, et qu'ils jouissent de tels et semblables previlleiges, franchises et libertez, dont ils ont accoustumé de joyr es autres foires dudict pays, etc. »

Leur fille unique, Guyonne de la Boucherie, ayant donné sa main à René de Chevigné porta à son tour la terre de Bois-Cholet dans cette famille, qui l'a possédée jusqu'après la révolution de 1789.

C'est ce que nous apprennent ces épitaphes, que nous avons relevées avec soin sur deux belles pierres tombales placées dans le chœur de l'église de l'Hébergement :

 

 

CY GIST (sic) LES CORPS DE HAULT ET PUISSANT MESSIRE ROLAND DE LA BOUCHERIE, CHEVALIER DE L'ORDRE, ET DE GUIONE DE CHOLET SA FAME, ET DE GUIONE DE LA BOUCHERIE, FAME DE MESSIRE RENÉ DE CHEVIGNÉ, CHEVALIER, VIVANS SEIGNEUR ET DAME DU BOIS DE CHOLET ET DE L'HERBERGEMENT-ENTIER.

CY GIST LE CORPS DE HAULT ET PUISSANT RENÉ DE CHEVIGNÉ SEIGNEUR DELA SICAUDAY ET DU BOYS DE CHOLET, QUI DÉCÉDA LE XIXe JOUR D'APVRIL 1615.

La première de ces dalles, placée à droite du sanctuaire, porte quatre blasons d'égale grandeur aux quatre coins, et un cinquième plus grand au milieu, surmonté d'un casque avec branche de laurier, et traversé par une épée. La seconde, placée à gauche et décorée aussi d'une épée et d'un casque, offre également cinq blasons, dont le principal au milieu est aux armes des Chevigné, qui sont de gueules à 4 fusées d'or accolées et accompagnées de 8 besans d'or, 4 en chef et 4 en pointe. A côté d'elle sont quatre autres blasons sculptés dans la muraille.

Il résulte de la dernière épitaphe que René de Chevigné seigneur de la Sicaudais et du Bois de Cholet, pourrait bien être le membre de cette famille auquel s'applique l'anecdote suivante, rapportée par le jurisconsulte Hévin, qui la tenait lui-même d'un-gentilhomme contemporain et digne de foi :

« Notre triomphant monarque Henri IV, n'étant encore que roi de Navarre, crut nécessaire au bien de son parti de se trouver à une assemblée des religionnaires, assignée à Saumur. Il fallait s'y rendre en diligence, et, ne pouvant faire une aussi grande traite à découvert sans mettre sa personne en danger, il prit la résolution d'y aller incognito par des chemins de traverse, accompagné seulement de trois gentilshommes choisis.

Arrivés un soir à la bourgade voisine de la Sicaudais, en Bretagne, proche du Poitou, ils demandèrent aux habitans le couvert pour passer la nuit, et du fourrage pour leurs chevaux. On leur apprit que rien n'étoit échappé à un parti de soldats qui y avoient récemment fait une course, et que les villages voisins étoient réduits à la même misère. Ils s'enquirent s'il n'y avoit point dans le voisiné quelque gentilhomme qui put les loger : on lenr répondit que le seigneur de la Sicaudais n'étoit pas loin, chez lequel rien ne manquoit. Ils s'y firent conduire.

Le roi affectoit non-seulement de ne paroître pas le maître de ceux qui l'accompagnoient, mais même de se faire précéder par eux. Dans cette saison, tout le monde étoit sur ses gardes; mais s'étant expliqués et dit qu'ils n'étoient que quatre gentilshommes passans qui demandoient de grâce le couvert pour la nuit, n'en ayant point trouvé à la bourgade, le seigneur de la maison donna ordre de les faire entrer, les vint recevoir dans sa cour, et, ayant commandé à quelques-uns de ses gens d'avoir soin de leurs chevaux, il les pria de prendre part au souper que l'on venoit de servir; ils le trouvèrent abondant. Ils furent surpris de voir servir ensuite un second qui surpassoit le premier, et enfin le fruit qui répondoit au principal.

Après le souper, le roi, qui étoit très-satisfait de la civilité de ce gentilhomme, voulut entrer en conversation, et lui dit qu'il étoit persuadé qu'ils avoient rempli la place de quelques amis, dont il avoit espéré la visite.

Il répondit que, n'ayant pas prévu qu'il eût l'honneur de les recevoir chez lui, il ne leur avoit offert que son ordinaire. Et voyant là-dessus que ses hôtes croyoient que sa table fût une preuve de très-grandes richesses, il leur dit qu'il ne falloit pas juger de sa fortune par ce repas; que sa basse-cour y fournissoit en partie, et qu'avec un peu de poudre et de plomb qu'il faisoit distribuer à quelques valets, ils lui apportoient beaucoup plus de gibier de toute sorte qu'il ne lui en étoit nécessaire, sans dépeupler le canton; que cependant sa fortune étoit telle qu'elle suffisoit pour faire vivre un gentilhomme qui savoit se mesurer.

Le roi lui demanda s'il n'avoit point de procès et de querelles avec ses voisins : il répondit que sa seigneurie étoit toute composée de parties contiguës d'une élendue considérable, et ses droits sans controverses que sa naissance étant d'ailleurs beaucoup plus grande que sa fortune, ses voisins avoient assez de considération pour lui; qu'il reconnoissoit leur estime avec toute la civilité possible, et qu'il vivoit si bien avec eux, qu'il s'assuroit entièrement de leur secours en cas de besoin.

Le roi lui demanda encore s'il n'avoit point de créanciers: il répondit qu'il n'en avoit aucun; que son père, en se retirant du service de la guerre, ou il avoit passé plusieurs années, s'étoit appliqué à remettre sa maison et la lui avoit laissée sans charge.

Enfin, enquis s'il étoit marié, il dit qu'étant revenu nouvellement d'Italie, ou son père l'avoit envoyé faire exercices, et la nouvelle de la mort duquel l'avoit rappelé, il n'avoit point encore songé au mariage; que cependant on lui proposoit des partis estimables en toute manière.

Il les conduisit dans des chambres fort propres (10), et comme il leur souhaitoit un bon repos, ils le prièrent de recevoir là leurs remercîmens, faisant dessein de partir si matin qu'il dit été incivil de l'incommoder pour prendre congé de lui. Il se chargea lui-même de les faire éveiller; il donna après ordre à ses gens d'apprêter un déjeuner qui surpassât l'ordinaire, et fut le premier levé.

Il les retint le plus longtemps qu'il lui fut possible, et, après qu'ils furent montés à cheval, le roi lui dit qu'il ne vouloit plus lui faire un secret de son nom: qu'il étoit le roi de Navarre, qu'il aurait de la joie de trouver les occasions de l'obliger, et qu'il conserveroit toujours le souvenir de son honnêteté.

 Quelques années après, le roi écoutant plusieurs seigneurs de sa cour qui avoient pris pour matière de leur conversation de savoir ce qu'il falloit être pour vivre heureux, chacun desquels faisoit des souhaits selon son inclination, il leur dit qu'ils n'y entendoient rien, et que pour jouir d'une félicité parfaite en ce monde, il falloit être heureux comme Sicaudais, et leur conta son aventure (11). »

 René de Chevigné et Guyonne de la Boucherie eurent pour fils et successeur Christophe de Chevigné, dont la complexion fut celle d'un autre vert galant. Indépendamment de descendants légitimes, il laissa de dame Sapience Poulet, sa maîtresse, un certain Honoratus, non moins bien prénommé que sa mère, à qui il fit, en 1635, pour l'acquit de sa conscience et autres considérations à ce le mouvant, une donation de quarante-quatre livres de rente annuelle et perpétuelle, par-devant les notaires de la châtellenie de S'-Denis-la-Chevace.

(Relation du passage de Bonaparte à Montaigu en 1808)

Le 20 mai 1638, il comparut en personne aux assises des hommages généraux de la baronnie de Montaigu, tenues en la salle du château de cette ville, « pour faire à monseigneur Gabriel de Machecoul les foi, hommages lige et plein, et ligence de quarante jours par chacun an, à raison de ses hostels et seigneuries de l'Herbregement-anthier, de la Boucherie et des Chausseurs autrement appelés le Bois des Collettes, requérant y estre reçu ; ce qui eut lieu par monseigneur lui-même, en présence de son conseil, des advocats et procureurs de la cour de céant, sans préjudice de ses droits et de l'autrui, etc. dont il fut octroyé acte à Christ. de Chevigné, et pris de lui le serment, le livre touché d'une main et l'autre levée, d'être bon et fidèle vassal de monseigneur, tel que lesdits hommages le requeroient, etc. »

En revanche, un vavasseur de Bois-Cholet devait conduire, certain jour de l'année, un cheval blanc au château et le laisser dans l'écurie pendant deux heures. S'il y fientait dans l'intervalle, le vavasseur pouvait le remmener sinon, il était acquis au seigneur châtelain. On conçoit dès lors qu'il ne devait pas le laisser jeûner avant de l'amener (12).

Charles de Chevigné, fils du précédent, était seigneur de Bois-Cholet et de l'Hébergement-entier en 1674.

En 1708, c'était Christophe-Roland de Chevigné, époux d'Anne de Bois-Horand. Enfin René-Henry de Chevigné et Magdeleine-Françoise Paris de Soulange, mariés vers 1737, en furent seigneur et dame jusqu'en 1789.

Trop souvent les grands propriétaires fonciers abandonnent leurs terres pour se livrer exclusivement aux habitudes luxueuses et stériles du riche citadin. Il paraît que ceux-ci pratiquaient déjà l'absentéisme au sein de la capitale de l'Ouest.

Voici, en effet, ce qu'on trouve dans les Affiches générales de la Bretagne, parmi les annonces de biens à louer :

« La terre du Bois-de-Chollet, située à sept lieues de Nantes, consistant en neuf métairies, avec leurs bestiaux, une grande prairie à l'égout de toutes les eaux grasses de l'Hébergement, qui la rendent très-bonne; droit de seigneurie dans ladite paroisse; douze foires royales, des meilleures du Poitou, dans lesquelles le seigneur lève des droits d'entrée et de havage (13), et fait débiter son vin; un four et trois moulins banaux, oh les habitans sont tenus de faire moudre leur blé et cuire leur pain; rentes en blé, vignes à comptant, bois taillis, emolumens de fiefs en plusieurs paroisses; maisons dans le bourg, affermées à divers particuliers; le tout à louer pour la Toussaint ou la St-Georges prochaines, ou à donner en régie. Il faut s'adresser à M. le comte de Chevigné, actuellement à Nantes, ou au Bois-de-Chollet. » (Année, 1773, n° 27, p. 288.)

Ces derniers seigneur et dame de l'Hébergement-entier, qui n'avaient pas émigré, furent détenus à Nantes, sous la Terreur, le mari à l'hospice de la Réunion sorte de maison de santé, où il mourut le 12 février 1794, âgé de quatre-vingt-cinq ans; la femme au Bon-Pasteur, avec sa fille Mm Espivent de la Ville- Boisnet.

 L'interrogatoire qu'elle subit, le 13 avril suivant, devant un membre du Comité révolutionnaire, nous fournit de curieux renseignements sur sa famille :

« Magdelaine-Françoise Paris, veuve de René-Henry Chevigné, dit de Bois-Cholet, ex-noble, âgée de 75 ans, demeurant rue de la Commune, n° 16, ayant six enfants, dont trois garçons l'aîné âgé de 56 ans, il était lieutenant-général dans les armées de la République, il a été réformé en vertu de la loi, et il habite actuellement Rennes; le second âgé de 55 ans, il est marié à Agen; le troisième âgé de 44 ans, il est prêtre, ci-devant archidiacre de Nantes, il n'a point prêté serment et sa mère ignore ou il est, elle sait seulement qu'il a été à Paris, mais il y a bien longtemps qu'elle n'en a eu de nouvelles. Sa première fille est âgée de 43 ans, non mariée, ex-religieuse à Neuville, elle ignore ou elle est actuellement, elle a demeuré chez l'abbé Paris, dit de Soulanges, son oncle, décédé il y a quelque temps, la seconde âgée de 36 ans, veuve Desmares de Château-Renard, à Agen; la troisième âgée de 34 ans, mariée à Espivent de la Ville-Boisnet, elle est en état d'arrestation au Bon-Pasteur depuis environ quatre mois.

 « Lui demandé ce qu'elle a fait, depuis 1789, pour prouver son attachement à la Révolution

« Répond qu'elle et son feu mari étant fort âgés, ils n'ont pu que se conformer aux lois. Nous avons été les premiers à effacer les armoiries sur nos voitures et à supprimer la livrée de nos domestiques.

« Lui demandé si elle a reçu des lettres de son fils le ci-devant abbé de Bois-Chollet

« R. Je puis bien en avoir reçu lorsqu'il était à Paris, mais il y a bien longtemps et je n'en ai réservé aucune.

« N'avez-vous pas retiré chez vous des personnes de la Vendée?

 « R. Non. J'ai en chez moi le nommé Debien, gardataire des meubles au Bois-Chollet, mais il y était en vertu d'un billet de la municipalité.

« Lui demandé s'il n'est point à sa connaissance que son fils, le ci-devant abbé, ait été a sa maison près l'Hébergement pendant la guerre:

« R. Non.

« Lui donné lecture du tout, elle a dit n'avoir rien à ajouter, et a signé.

« Paris-Chevigné BACHELIER. »

 

Mme de Chevigné et Espivent, mère et fille, furent rendues à la liberté en vertu de l'amnistie de la Convention nationale, qui signalait ainsi son dernier triomphe sur le royalisme (4 brumaire an IV26 octobre 1795).

Quelques années après, sous le Directoire ou le Consulat, partie de la terre de Buis-Cholet fut, dit-on, perdue au jeu à Paris par un membre de la famille.

Le château ou plutôt ses ruines, car il avait été incendié dans la guerre civile, le pourpris, la métairie de la cour et autres dépendances immédiates furent, par suite, mis en adjudication et vendus pour la somme de 20,000 francs.

L'abbé de Chevigné du Bois de Cholet (Hilarion-François), fils des précédents, naquit au château de ce nom, le 6 juin 1746. Étant entré dans les ordres, comme cadet de noblesse et bossu, il devint bientôt archidiacre, puis vicaire général de Nantes. Sa haute naissance ne lui laissa pas le temps d'attendre les dignités. Il exerçait ces fonctions, qui devaient le mener prochainement à la prélature, lorsque la Révolution éclata. L'abbé de Chevigné du Bois de Cholet refusa le serment à la constitution civile du clergé, mais il n'émigra point. Muni des pouvoirs de son évêque, M. de la Laurentie, qui s'était enfui de Nantes, il y resta caché, et, tantôt ici, tantôt là, il fut assez heureux pour échapper aux recherches du Comité révolutionnaire.

Nommé évêque de Séez, dans l'Orne, lors de la promulgation du concordat, on prétend qu'il eut beaucoup de peine à accepter; mais que, cédant enfin aux instances de ses amis, il se laissa faire. Il fut sacré, le 16 juin 1802, dans l'église Saint-Roch à Paris, et se rendit immédiatement dans son diocèse. Mgr devint ensuite baron de l'empire et chevalier de la Légion d'honneur.

Lors des démêlés entre le pape et l'empereur, il fut un des prélats qui se firent remarquer par leur dévouement au saint-siége. Il avait été autrefois l'homme lige de son évêque il devint alors celui du pape tandis que M. de la Laurentie refusait, lui, d'accéder au concordat.

Napoléon en fut très-irrité. Aussi, dans un voyage qu'il fit à Cherbourg, l'évêque de Séez s'étant présenté, à la tête de son clergé, pour le complimenter, il l'apostropha avec violence, lui reprocha de s'être couvert de sang dans la guerre de la Vendée, et lui ordonna de se retirer. Chevigné n'avait point, il est vrai, paru dans les rangs des armées royalistes et catholiques, sans doute par suite de son caractère et peut-être aussi par prudence pour sa personne; mais du fond de sa retraite, il avait soufflé le feu de la révolte et pris une part directe à nos discordes civiles.

Craignant que l'irritation de Bonaparte ne rejaillît sur son clergé, il prit, dit-on le parti de quitter le diocèse. Il refusa toutefois de donner sa démission, et se borna à renoncer aux avantages de la position épiscopale. Sa résignation, sans doute un peu forcée, n'eut pas tout le résultat qu'il en attendait; car l'abbé Gallois, son premier grand vicaire, fut jeté dans les cachots de Vincennes, d'où il ne sortit qu'à la fin de 1813.

L'évêque de Séez, qui s'était retiré à Nantes, au sein de sa famille, y vécut encore quelque temps dans la disgrâce impériale, et y mourut, le 23 février 1812, âgé de soixante-six ans. Le 14 avril suivant, Bonaparte lui nomma pour successeur l'abbé Baston, docteur de Sorbonne et réfutateur de Maistre mais il ne put obtenir ses bulles du pape (14).

Le château de Bois-Cholet, qui avait été brûlé, fut reconstruit en 1820 par les soins de l'acquéreur Jean Touzeau (15).

En creusant les fondations, on retrouva les assises de deux autres bâtiments antérieurs. Le premier était sans doute l'œuvre de l'ancienne famille de Cholet, et avait dû être ruiné dans les guerres de religion du xvi» siècle, puis réparé tant bien que mal.

Le second datait du XVIIIe' siècle, et avait été construit par les Chevigné. On peut juger de son architecture par celle d'un pavillon de la cour échappé aux ravages de la guerre vendéenne, qui est bien autrement élégante que la restauration bourgeoise moderne. On lit sur une croisée de ce pavillon, surmontée d'une petite croix, la date 1744, qui coïncide parfaitement avec son style.

Un marquis de Chevigné, nous ne savons lequel, paraît, en effet, avoir aimé les arts. Il avait réuni une collection de tableaux, dessins, terres cuites, bronzes, marbres, etc., qui fut vendue, sous son nom, à Paris, en 1763, par l'intermédiaire d'un huissier-priseur nommé Chariot.

On trouve un extrait du catalogue de vente, rédigé par ledit huissier, dans le Trésor de la curiosité, de M. Charles Blanc, ancien directeur des Beaux-Arts, t. I", pp. 212-13.

Depuis lors, un autre membre de cette famille, le comte Louis de Chevigné, gendre de la belle et fameuse champenoise Mme Cliquot-Ponsardin, qui obtint de l'empereur Alexandre, en 1814, le monopole de la vente des vins mousseux dans toutes les Russies, commerce auquel elle et les siens ont gagné 400,000 livres de rente; depuis lors, disons-nous, le comte Louis de Chevigné s'est aussi fait connaître dans les lettres.

Il a d'abord traduit en vers français, pour sa belle-mère, l'ode latine de Coffin sur le vin de Champagne. Cependant, comme il n'était pas trop exclusif, nonobstant son immense intérêt, il a donné ensuite l'ode de Grenan sur le vin de Bourgogne; puis il a publié un poème sur la chasse, etc., etc.

On voyait encore naguère, vers le milieu du bourg de l'Hébergement, au point de rencontre du chemin vicinal des Brouzils et de la grande route départementale, devant le parvis de l'église, la butte ou motte de terre dont il a été question.

 L'un des moulins banaux de la seigneurie de Bois-Cholet, dont relevait l'Hébergement, était établi dessus avant la Révolution mais elle n'avait point été faite dans le principe pour le moulin, et ce n'était pas davantage un chef-lieu d'hommage féodal, comme on pourrait peut-être le croire.

Nous avons vu, en effet, que tout le pays était parsemé de semblables monticules. Cette motte, déjà entamée par la grande route départementale, est aujourd'hui complétement détruite, et a servi à combler la douve d'où elle avait été extraite en partie. Ainsi les hommes, obéissant à de nouveaux besoins, font et défont incessamment.

Le four banal était situé à côté il n'en reste également plus de traces. Nous renvoyons, pour les inconvénients, vexations, poursuites, amendes, confiscations et ruine, qui résultaient souvent pour les vilains de l'assujétissement aux banalités (16), à l’Histoire d'un malheureux vassal de Bretagne écrite par lui-même.

Les principaux articles du titre des fiefs de la coutume de cette province, ceux entre autres concernant les fours et moulins banaux, y sont mis en scène dans un drame très-saisissant. Ce n'est pas qu'il ne pût y avoir des avantages, sous le rapport de l'économie domestique, à se servir d'un four public parfaitement installé et même d'un moulin; mais encore faut-il qu'on y soit amené par son intérêt propre, et non contraint d'y porter moudre son grain et cuire son pain par un suzerain exploiteur.

En les purgeant du vice féodal, en les faisant tourner au profit de la communauté entière, et à condition de ne porter aucune atteinte à la liberté du travail, il serait très-heureux que ces institutions ressuscitassent de nos jours sous une nouvelle forme; elles rendraient certainement la vie plus commode et moins coûteuse à nombre de pauvres gens.

Au lieu d'avoir dans chaque maison un méchant four, mal construit, qui consomme beaucoup trop de bois, et où chaque ménagère, avec grande peine et d'ordinaire avec peu de ressources en ustensiles, fait un pain souvent très-mauvais, combien ne serait-il pas plus économique et plus avantageux de toute façon d'avoir un four communal bien construit, bien outillé, qui, ne refroidissant jamais par la continuité du service, emploierait proportionnellement beaucoup moins de combustible.

DUGAST-MATIFEUX

 

1566-1569 CONCESSIONS de foires et marchés à Chauché et à l'Hébergement-entier, par Charles IX, et d'exemption aux Herbiers, par Daillon du Lude..

I.

CHARLES, PAR LA GRACE DE Dieu, ROY DE FRANCE, A TOUS PRESENS Et ADVENIR SALUT. Savoir faisons à tous avoir reçeu l'humble supplication de nostre cher et bien amé Gilles de Puytesson (17), escuyer, sr dudict lieu et de Chauché, contenant que ledict lieu de Chauché est situé et assis en bon et gentil pays et accompaigné de plusieurs commodités qui le rendent digne d'estre doué de foyres et marchez, comme estant choses necessaires pour le bien et soulagement de nos subjectz marchans et aultres y frequentans; nous requérant luy vouloir faire impartir en grâce establissemens audict lieu d'ung marché le lundy de chascune sepmaine, et deux foires en l'an pour y estre tenues doresnavant.

A ces causes, desirant subvenir audict exposant, avons, de nostre grâce et par plaine puissance et auctorité royale, creé, erigé et estably, creons, erigeons et establissons par ces presentes ung marché le lundy de chascune sepmaine, et deux foires, la première le jour de Sainct-Jacques et Sainct-Philippe, premier jour de may, et la seconde le jour de Sainct-Christofle, vingt-cinquieme jour de juillet, pour doresnavant estre tenues audict lieu de Chauché perpetuellement et à tous jours, en payant audict exposant le droict de mynage de tous les bledz et aultres graines qui se vendront auxdictesfoires et marchez (18); auxquelles tous marchands et autres personnages puissent aller librement et y vendre, eschanger, trocquer et traffiquer de toutes marchandises licites et honnestes, et user de tels et semblables droicts, previlleiges, franchises, libertez et immunitez dont jouissent et ont accoustumé user les aultres lieux et endroicts de nostre royaulme oh il y a foires et marchez, pourveu toutefois qu'il n'y ait esdicts jours autres foires et marchez à quatre lieues à la ronde, dud. lieu de Chauché, ausquelles ces presentes puissent nuire.

SI DONNONS EN MANDEMENT au seneschal de Poictou ou son lieutenant, et à tous aultres justiciers et officiers qu'il appartiendra, que le contenu en cesdites presentes ils fassent lire et publier partout ou besoing sera, garder, observer et entretenir de poinct en poinct, selon leur forme et teneur, user pleinement et paisiblement ledit suppliant et ses successeurs, les garentir de tous troubles et empeschements, au contraire souffrir et permettre en oultre audit suppliant de faire bastir et establir halles, estaulx et logis pour l'usaige et commodité desdites foires et marchez, CAR TEL EST NOSTRE PLAISIR.

 Et pour que ce soit chose ferme et stable à tousjours, nous avons faict mettre nostre seel à ces presentes, sauf en aultres choses nostre droict et l'aultrui en toutes.

Donné à Moulins (19), l'an de grâce mil cinq cents soixante six, et de nostre reigne le sixiesme.

(Titre original des archives de Puytesson, communiqué par DI. Const. Gourraud, ancien notaire à Chavagnes. Le parchemin est plié et attaché par un cordon de soie rouge et verte, auquel était probablement autrefois pendu un sceau qui est perdu. Il ne paraît point de signature royale au bas; mais sur le dos, on lit Par le roy, à notre relation, et au-dessous DE CURSOL; à côté est écrit Contentus, puis signé DOLU.)

Il est douteux que cette concession foraine ait jamais reçu d'exécution. Il n'y avait pas du moins de foires à Chauché, les 1er mai et 25 juillet, avant la révolution de 1789.

II.

Guy de Daillou, comte du Lude, chevalier de l'ordre du roi, gouverneur et lieutenant général pour Sa Majesté en ses pays et comté de Poitou, capitaine de cinquante hommes d'armes des ordonnances dudit seigneur, et sénéchal d'Anjou, aux juges et officiers de Thiffauges, salut.

Nous, en considération des frais et autres dépenses faites pour le service du roi par les manans et habitans de la paroisse des Herbiers, et pour aucunes autres raisonnables considérations que ne voulons pour bonne occasion autrement déclarer, avons iceux paroissiens déchargé et déchargeons pour l'avenir, par ces présentes, de la taxe de la somme de trente livres tournois pour leur part de la soulde des gens de guerre étant au château dudit Thiffauges pour la garde d'icelui; contribution du magasin pour les gens de guerre à cheval étant audit Heu sous la garde du seigneur du Bois de Chollet (20),à commencer le sixième jour du présent mois, à la charge que lesdits habitans payront ce qu'ils pourroient devoir du passé jusqu'audit jour, ensemble tout ce à quoi ils ont été cottisés pour la munition du château dudit lieu, pour la nourriture des gens de guerre y étant en cas d'assiégement; et au lieu de ladite paroisse des Herbiers que nous avons, pour les causes susdites, déchargée et déchargeons, vous mandons que cottisiez, asseyiez et imposiez ladite somme de trente livres tournois sur les manans et habitans des paroisses de Saint-Michou de Montmarcus

et le Chastelier, de la chastellenie de Chasteaumur, et les contraigniez au paiement d'icelle, depuis ledit jour sixième du présent mois h l'avenir, tant et si longtemps que la nécessité le requérera, et pareillement la munition de foin, paille et aveine pour l'entretien et nourriture des chevaux desdits gens de guerre étant dans ladite place sous la charge dudit seigneur du Bois de Chollet, en ce qui reste à payer seulement de la quotité en laquelle ladite paroisse des Herbiers aurait par nous été taxées et le tout faites lever et au payement contraignez les cottisés par les rigueurs portées dans la commission qui vous en fut par nous expédiée dès le sixième jour de décembre dernier passé.

 De ce faire, en vertu du pouvoir à nous donné par ledit seigneur roi, nous avons donné et donnons puissance, pouvoir, autorité, commission et mandement spécial par ces présentes, auxquelles avons fait mettre notre scel, et signées de notre main.

A Niort, le 14 janvier 1568.

 

Signé GUY DE DAILLON; par commandement de M. le comte, RAISSEAU et BERELLE, pour copie, et scellé de cire rouge.

Nous donnons cette pièce d'après la copie que le fendiste Moigas, assassiné au soulèvement de la Vendée par les royalistes, avait communiquée au journaliste Jouyneau-Desloges, qui l'a insérée dans ses Affiches du Poitou de 1781, n° 46, pp. 181-82. Elle est fort mal orthographiée pour le XVIe siècle; mais elle parait d'ailleurs assez exactement reproduite de l'original.

 

III.

CHARLES, PAR LA GRACE DE DIEU, ROI DE FRANCE, a tous PRESENS ET ADVENIR SALUT.

Nostre amé et feal chevalier de nostre ordre, le sr de Boischollet et de l'Hebergement-enthier, cappitaine de cent chevaulx legiers, nous a faict dire et remonstrer qu'il est proprietaire de la terre, justice et seigneurie de l'Hebergement-enthier, scituée et assize en nostre bas pays de Poictou, laquelle est assize en bon pays, habondant et fertille en blez, vins, bois, passaige de bonne et grande estendue, et qui a ung bon nombre de vassaulx; de sorte qu'il seroit grandement requis pour le bien, proffict et commodité non seullement dudict sr de Boischollet et de sadicte terre et subjectz, mais aussi de tout le pays circonvoisin, qu'il y eust establissement de foires en icelle terre et seigneurie de l'Hebergement-enthier; ce que ledict sr de Boischollet nous a tres humblement faict supplier et requerir luy voulloir octroyer et accorder.

SCAVOIR faisons que nous, inclinons liberallement à la supplication et requeste qui faicte nous a esté par aucuns noz speciaulx serviteurs en faveur dudict sr de Boischollet, avons en icelle terre et seigneurie de l'Hebergement-enthier creé, estably et ordonné, creons,ordonnons et establissons, de nostre grace especial, plaine puissance et auctorité royale, par les presentes, huict foires par chacun an et ung marché chacune sepmaine, c'est assavoir la premiere le premier jour de l'an, la seconde le jour Sainct-Paul, la troisiesme jour St.-Mathias, la quatriesme le jour St.Mexme, la cinquiesme le jour St.-Lyonne, la sixiesme le jour St.-Leonard, la septiesme le jour St.-Roch, la huitiesme le jour St.-Martin, et lesdicts marchez au jour mercredy par chacune des sepmaines de l'année, pour lesdicts foires et marchez avoir et faire tenir par ledict sr de Boischollet et ses successeurs seigneurs en ladicte terre de l'Hebergement-enthier doresnavant par chacun an et perpetuellement aux susdicts jours.

Voulons que tous marchans et autres gens qui les fréquenteront et y afflueront puissent vendre, eschanger et distribuer toutes denrées et marchandises licites, et qu'ils jouissent de tels et semblables previlleiges, franchises et libertez dont ilz ont accoustumé de joyr es autres foires dudict pays, et que pour icelles avoir et tenir led. sr de Boischollet puisse faire, dresser, construire et ediffier halles, estaulx et logis en tel lieu qu'il verra estre affaire propre et convenable pour cest effect, pourveu que, à quatre lieues à la ronde, ausdicts jours n'y ayent autres foires et marchez (21).

SI DONNONS EN MANDEMENT par ces mesmes presentes au seneschal de Poictou ou son lieutenant et à tous noz autres justiciers, officiers et subjectz ou leurs lieuteuans, presens et advenir, et chacun d'eulx en droict soy et si comme à luy appartiendra, que de nos presentes permissions ilz facent, souffrent et laissent led. sr de Boischollet, ses hoirs et successeurs seigneurs dud. l'Hebergement-enthier, joyr et user plainement et paisiblement, en faisant crier et publier lesd. foires en lieulx et ainsy qu'il est occoustumé en tel cas, et joyr lesd. marchans frequentans lesd. foires desd. previlleiges, franchises et libertez ainsy que dessus est dict, sans en ce lieu faire, mectre ou donner ne souffrir estre faict, mis ou donné aucun arrest, trouble, destourbier ou empeschement, au contraire, lequel si faict, mis ou donné luy avoit esté ou estoit, le mettent ou facent mectre incontinant et sans delay à pleyne et entiere delivrance et au premier estat et deu car tel est nostre plaisir.

Et affin que ce soit chose ferme et stable à toujours nous avons ausd. presentes faict mectre seel, sauf en autres choses nostre droict et l'aultruy en toutes.

Donné à Collonges lez Reaulx, au moys de décembre l'an de grace mil cinq cens soixante-neuf, et de nostre reigne le neufviesme (22).

Par le roy, de LAUBESPINE.

(Titre original muni du sceau, communiqué par la famille Savin.)

 

 

 ==> Guy de DAILLON, duc de LUDE 1557-1587 Gouverneur de Poitou du 10 aout 1560 au 11 juillet 1585

==> Charles IX reçu par d'Estissac au château de Coulonges les Royaux sur l’Autize - (Siège de Fontenay le Comte 1570)

 

 


 

(1) Voir Bergier, Histoire des grands chemins de l'empire romain, t. II, v. p. 167 et 184; Ducange, Glossaire, aux mots Herbergiacum, Mansio, etc.; Bencton de Perrin, de (Origine et antiquité des hôtelleries, auberges et cabarets, extrait du Conservateur, 1758, in-12.

 (2) Copie de cette bulle inédite, non donnée par le Bulttarium magnum romanum, se trouve dans le Cartulaire de St-Jouin de Marnes, aux Mss. de la Bibliothèque nationale à Paris.

On lit seulement ecclesia de Herbergamentis, dans le Pouillé de l'ancien diocèse de Poitiers, dit Grand-Gautier, dressé au commencement du XIVsiècle.

(3) Mon siége était plus que fait, c'est-à-dire qu'on allait mettre sous presse et tirer cet article, lorsque nous avons appris de notre autre collaborateur et ami M. Marchegay, ancien archiviste de Maine-et-Loire, que le nom d'Anterius se trouvait mentionné dans des chartes relatives au prieuré de Mortagne. Cette circonstance, que nous ignorions, corrobore encore beaucoup le sentiment de M. Fillon, que partagent d'ailleurs MM. Marchegay et Bizeul, de Blain. Que faire seul contre trois, quand on n'est point un Horace?. Dans ce système de nom propre, d'autant plus admissible qu'il s'appuie sur des textes, tandis que celui d'attribut consiste surtout dans la logique des mots tels qu'ils sont orthographiés; dans ce système donc, 1 Hébergement devrait au moyen-âge sinon son origine, du moins sa dénomination actuelle, qui serait purement et simplement synonyme de demeure ou manoir d'Antier, le premier ou le plus qualifié d'entre ses premiers seigneurs.

(4) Polybe dans son excellent Traité de la Castramétation, nous apprend que les Romains préféraient pour un camp la forme carrée à toute autre. Végèce, dans ses Institutions militaires, dit seulement qu'ils faisaient leurs camps ou carrés, ou ronds, ou triangulaires, ou ovales, selon que la disposition du terrain ou la nécessité l'exigeaient (liv. 1, ch. 3, et liv. 111, ch. 9). Quoi qu'il en soit, en fait il s'en trouve plus de triangulaires que d'aucune autre figure et telle est, par exemple la forme du camp du petit Luc, dont il sera question plus loin.

 

(5) Voir Discours sur les signaux qu'on donnait au moyen du feu, par l'abbé Sallier, dans les Mémoires de l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres, loin. XX pp. 81-95 de ledit, in-12.

 

(6) Notice hist. et archéol. sur la paroisse de Chavagnes-en-Paillers, par M. la Villegille, pp. 10, 11, 18-9 de l'extrait des Mémoires de la Société des Antiquaires de l'Ouest.

(7) Voir ce qu'en dit notre collaborateur et ami M. Mourain-Sourdeval, dans ses Notices sur la Garnache et Beauvoir sur-Mer, pp. 44-5 de l'extrait de cette Revue (5e année, 1857-58, pp, 12-13).

(8). Le grand nombre de lieux appelés le Luc dans les pays méridionaux, où la langue romaine s'est mieux conservée, atteste encore l'existence de ces bois sacrés appelés Lucus. » (Bonnald, Pensées et opinions, tom.II, p. 359.)

Notre petit Luc, situé au confluent d'une rivière et d'un ruisseau, a bien pu être un bois sacré dans le principe; mais, dans la période gallo-romaine, c'était un formidable camp.

(9) Nous ignorons la situation de cette Barre, où s'exerçait sans doute un péage mais c'est encore un exemple de terre surnommée du nom de ses anciens possesseurs, Amaury ou Amory, famille de robe qui après avoir exercé la justice dans plusieurs baillies ou juridictions du Poitou, finit par passer à la noblesse..

On trouve un don fait, en 1205, par Hugues de Thouars, seigneur de Montaigu à Gui des Herbiers, pour services rendus, de son droit de péage aux Herbiers et de tous les droits ou coutumes qu'il percevait dans la baillie de Maurice Amori, à l'exception de l'hommage réservé au seigneur de Montaigu. (Mss. de dom Fonteneau, tom. VIII, p. 77, à la Bibliothèque publique de Poitiers.)

 

(Portail de la chapelle Saint-Léonard les captifs - Hugues 1er, vicomte de Thouars, Marguerite dame de Montaigu)

(10) On montre encore à la Sicaudais, avec son vieil ameublement, dit-on, celle qui fut occupée par Henri IV.

(11) Arrêts du Parlement de Bretagne, recueillis par Sebast. Frain et annotés par Hévin, p. 16 des Remarques sur la Péremption. Rennes, Garnier, 1684, n-4°.

(12) Ce droit tout bizarre qu'il est, n'était point exceptionnel, comme on pourrait le croire, En voici un exemple encore plus grotesque: «Item, un autre devoir appartenant à ladite dame de Goulaine, qui est que ses hommes usant en les vallées sont obligés, eux, leurs femmes et enfans, d'aller aux jours de Toussaint et Noël, dîner et faire leurs usages en certain lieu dit, et doivent les officiers de ladite dame savoir s'ils y ont esté, et, en défaut de l'avoir fait, sont amendables à la volonté de la cour. » (Extrait de l'Aveu du marquisat de Goulaine au roi, du 30 septembre 1680, dans les Archives du départ, de la Loire-Inférieure, conservées à la préfecture de Nantes.)

(13) Ou avage : c'était un droit sur les denrées, principalement sur les grains vendus aux foires et marchés. Il y a maintenant à se demander sur quoi le seigneur de Bois-Cholet se fondait pour percevoir ce triple droit d'entrée, d'avage et de ban-vin dont le dernier consistait à vendre exclusivement en détail le vin de son crû ? Ce n'était certainement pas sur la concession foraine de Charles IX, puisqu'elle institue le régime complet de la liberté commerciale, et ne réserve même pas au seigneur châtelain le droit de minage ou mesurage. Serait-ce sur une possession antérieure à 1560, comme l'exigeait l'art. 2, titre VIII de l'ordonnance de 1680? Non, car il n'y avait pas de foires à l'Hébergement avant 1569. Ces foires sont qualifiées royales par les seigneurs eux-mêmes. Or, le titre du roi ne leur accordait pas les droits qu'ils prenaient. D'autre part, ces droits n'existaient pas et ne pouvaient pas exister avant les foires, qui sont postérieures de neuf ans à 1560. Donc, c'était une exaction qu'ils s'étaient attribuée, là, comme ailleurs, dans les troubles du XVIe siècle, et qu'ils avaient continuée depuis.

(14) Voir la Biographie bretonne, art. Chevigné, et l'Exposition de la conduite que M. Guill.-And.-Ren. Baston, nommé à l'évêchê de Séez,, etc., a tenue dans ce diocèse, et de celle qu'on a tenue à son égard. S. 1. n. d. (Rouen, 1815), in-8°». Brochure supprimée par l'auteur même et devenue fort rare.

 (15) Il y est décédé le mai 1826, âgé de 68 ans. Fidelis amicus, civis optimus, pater pauperum, lit-on sur sa tombe dans le cimetière de l'Hébergement et cette épitaphe n'est pas un mensonge, comme tant d'autres.

(16). Four, moulin, pressoir banal, ou banier, ou à ban, quand les sujets sont tenus de cuire, moudre ou pressurer au four, moulin ou pressoir de leur seigneur, lequel les y fait appeler à cor et à cri et hinc denominatio non quod molendinum sit publicum, vel publico serviens, aut publicis subditorum usibus, sed propter prohibitionem domini.

 Quelques seigneurs ont aussi droit de boucherie banière et de taureau banier, pour saillir les vaches de leurs sujets, et dont ils prennent argent. Ce droit et plusieurs autres ont été usurpés sans aucun juste titre, par force ou crainte, sur les pauvres gens, au profit des seigneurs, qui en ont grandement abusé par le passé, et en abusent encore chacun jour en plusieurs lieux. Voyez le Traité des droits de justice, de l'avocat Bacquet, ch. xxix. (Ragueau et Laurière, Glossaire du Droit françois au mot Banquier.)

Nostris hominibus novam angariam (corvée) induxit Baldricus minister, banniendo scilicet ut irent ad molendinum sancti Audoeni, quinque leucis, ut fertur, ab eorum hospitiis remotum. (FULBERTUS Carnotensis Epist. XIV Normanorum principi Richardo.)

(17) Né au commencement du xvis siècle, d'Audet Durcot et de Catherine Pelletier, il était en outre seigneur de la Grève, la Roussière, S'-Denis-la-Chevace, la Roche de Mouzeuil, etc. Il embrassa la religion réformée, comme la plus grande partie de la noblesse du Poitou depuis si catholique, et laissa de deux femmes qu'il avait épousées sept enfants, entre autres Pierre Durcot de la Roussière, qui fut nommé par Louis XIII, en 1620, gouverneur de Royan, l'une des places de sûreté accordées aux protestants, et Anne Durcot, femme de Jean Aymon, dont descendait Julien Aymon, seigneur des Forges-Petitières et châtelain de Beaulieu, qui acquit, en 1647, la baronnie de Belleville de Maximilien Eschallard de la Boulaye, moyennant 63,500 livres tournois. La minute originale de cet acte est entre nos mains.

(18) La mine était un vase ou boisseau à mesurer le blé et le minage était un droit dû au seigneur pour le mesurage des blés par mine. Il était du domaine royal, comme le témoigne cette concession : est modiatio prout à rege vel domino juridictionis instituta. Ce droit variait beaucoup tantôt il s'exerçait à raison d'une jointée des paumes des deux mains par mine ou boisseau, tantôt à raison d'une écuellée par setier. Voir Ragueau et Laurière, Glossaire du Droit françois, aux mots Droits de mesuraqe, minage et stellage.

(19) C'est dans ce séjour que Charles IX rendit la célèbre ordonnance dite de Moulins, où le chancelier de L'Hospital régla plusieurs hautes questions d'intérêt public et privé.

Ecoutons ce qu'en dit Pasquier « Nous avons veu de nostre temps un jeune roy Charles IX en ceste France, auquel et l'infirmité de son bas âge du commencement, et, par succession de temps, la violence extraordinaire de son naturel, ne donnoit aucun loisir de faire des loix; toutefois jamais roy qui le devança, ne fit tant de beaux édicts que luy: tesmoin celuy de l'an 1560, aux Estats tenus dedans la ville d'Orléans; l'autre qu'il fit à Roussillon l'an 1583. et le dernier à Moulins l'an 1566. Contenant ces trois édicts une infinité d'articles en matière de police et beaux réglemens, qui passent d'un long entrejet nos anciennes ordonnances. A qui sommes-nous redevables de ce bien? Non à autre qu'à messire Michel de L'Hospital, son grand et sage conseiller qui, sous l'authorité du jeune roy son maistre, fut le principal entremetteur du premier, instigateur, promoteur et autheur des deux autres et à la mienne volonté, qu'ils eussent esté en tout observés d'une mesme devotion qu'ils furent introduits. » (Lettres d'Estienne Pasquier, liv. IX; lettre xiv, à Loisel.)

(20) Roland de la Boucherie.

(21) Ces mots sont ainsi soulignés sur l'original, ce qui pourrait bien avoir été fait après coup.

(22) « Le roi Charles IX, son frère duc d'Anjou, Mme Marguerite leur sœur, et Mme Catherine de Médicis leur mère, arrivèrent à Coulonges-les-Royaux, le jeudy avant Noël, 22 décembre 1569, et y séjournèrent jusqu'aux premiers jours de janvier. » (Chronique du Langon, par Ant. Bernard; pag. 139. Fontenay-Vendée, Gaudin, 1841, in-8°.)

Coulonges appartenait alors à Charles d'Estissac, mort sans enfant l'an 1586. Son père Louis d'Estissac, chevalier de l'ordre, capitaine de cinquante hommes d'armes, baron de Cahusac, Saulsignac, Coulonges, Benêt, gouverneur d'Angers et de La Rochelle, avait bâti cette élégante et somptueuse demeure en style de la Renaissance.

 Une des portes offre la date de 1544 une autre celle de 1550. Sur une pierre on lit l'inscription suivante, qui sent le calvinisme par l'exigence de la seule foi (sola fides sufficit), à l'exclusion des bonnes œuvres :

QUICONQUE ESPÈRE AU DIEU VIVANT, JAMAIS NE PERIRA.

 Sa mère Louise de la Béraudière si connue sous le nom de Mlle de Rouhet lorsqu'elle était fille d'honneur de Catherine de Médicis, c'est-à-dire, lorsqu'elle faisait partie de l'escadron volant de la reine, avait été d'abord maîtresse d'Antoine de Bourbon, roi de Navarre, père de Henri IV, dont elle eut un fils naturel, Charles de Bourbon, successivement évêque de Comminges, de Lectoure en Guyenne, et archevêque de Rouen, chevalier des ordres du roi, à qui le pape Clément VIII accorda le droit de jouir des honneurs du cardinalat, sans en avoir la dignité.

Mariée ensuite avec Louis d'Estissac, dont elle devint veuve vers 1567, elle s'était remariée en secondes noces avec Robert de Gombault, seigneur d'Arcis-sur-Aube, conseiller d'État et premier maître d'hôtel du roi.

 

 

 

 

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