A l’époque où l’héritière d’Aquitaine porta au comte d’Anjou, élevé peu après au trône d’Angleterre, les vastes domaines des comtes de Poitiers, les agglomérations bourgeoises du cours de la Vienne étaient, on n’en peut douter, déjà constituées.
Les habitants avaient des intérêts communs et des affaires communes, des assemblées, des magistrats; mais ils vivaient sous l’autorité de leurs seigneurs directs : l’évêque, l’abbé de Saint-Martial, le vicomte de Limoges.
Leurs libertés, nées de la force des choses, de la coutume, de l’impossibilité où se trouvait un seigneur féodal de rang secondaire de pourvoir à tous les besoins d’une nombreuse population et de veiller à tous ses intérêts, étaient limitées, précaires, sans autre garantie que le bon vouloir, la modération et la prudence du seigneur.
On ne connaît de charte octroyée ou acceptée par celui-ci pour aucune des communes dont nous nous occupons ici. C’est là, nous semble-t-il, une preuve de l'ancienneté de leur existence.
Le mariage d’Aliénor avec Henri d’Anjou implantait dans la contrée une famille étrangère, puissante, remuante, à passions fougueuses, qui justifiait, peu d’années après, en bouleversant tout le pays, les appréhensions et la défiance dont elle avait été l’objet dès le premier jour.
Henri II et ses fils manifestèrent, en toute occasion, un esprit de caprice et une violence qui leur valurent de nombreuses inimitiés. Ils eurent leurs candidats attitrés aux prélatures importantes, aux riches abbayes, et les prétentions de ces candidats portèrent plus d’une fois le trouble dans l’Eglise.
Les entraves que suscita le roi d’Angleterre à l’élection de Sébrand Chabot à l’évêché de Limoges, puis à la prise de possession de son siège par le nouveau prélat, l’hostilité constante qu’il témoigna à celui-ci par la suite, eurent pour conséquence de rattacher plus étroitement Sébrand au parti français, auquel appartenait déjà sa famille.
Lors de la guerre entre Henri II et ses enfants, la noblesse de la province suivit avec une sympathie marquée Henri-le-Jeune.
Richard, à qui sa mère avait donné le duché d’Aquitaine, s’était en peu de temps, par son caractère altier, sa brutalité et sa cruauté, aliéné le cœur de ses vassaux. Les routiers appelés dans la contrée par les princes commirent des excès de toute sorte. Il fallut prêcher contre eux de véritables croisades.
Ecrasés à Malemort, en 1177, par une petite armée, au milieu de laquelle on voyait chevaucher l’évêque Gérald du Cher, vieux et aveugle, et qui marchait sous les ordres d’Adémar de Limoges, d’Archambaud de Comborn, d’Olivier de Lastours et d’Eschivat de Chabanais, les Brabançons furent de nouveau battus et dispersés près d’Ahun, par quelques troupes réunies à la hâte par Sébrand Chabot.
Celui-ci, comme le vicomte de Limoges et plusieurs autres seigneurs du pays, entretint constamment des intelligences avec Philippe-Auguste.
Son successeur, Jean de Veyrac, suivit la ligne de conduite des deux prélats qui avaient avant lui occupé le siège de saint Martial.
On le vit, comme eux, adresser de chaleureux appels à la noblesse limousine pour la décider à réunir ses forces contre les bandes qui, après la mort de Richard, s’étaient répandues dans le pays et le parcouraient en tons sens, pillant, saccageant et brûlant tout sur leur passage.
Les évêques et les vicomtes de Limoges avaient été presque constamment les adversaires des Plantagenets en Limousin.
La politique commandait à ces derniers de leur susciter des embarras dans leurs propres domaines et de chercher des appuis parmi leurs vassaux. En favorisant le développement des libertés de nos communes, déjà importantes, et dont les aspirations grandissaient avec le nombre de leurs membres et la prospérité de leur commerce, les héritiers des anciens ducs d’Aquitaine s’assuraient un concours précieux sans rien abandonner qui leur appartînt.
C’étaient leurs adversaires qui payaient les frais de ce concours, et les princes affaiblissaient ainsi leurs ennemis en augmentant leurs propres forces.
Les communes de la Vienne avaient vu au tour d’elles s’accentuer le grand mouvement d’émancipation qui marque la première moitié du XII e siècle.
Les lents progrès qu’elles avaient réalisés les laissaient bien en arrière de leurs jeunes sœurs.
Nos communes auraient pu sans doute acquérir, à prix d’argent, de leurs seigneurs, une charte fixant, augmentant et assurant leurs libertés ; mais il ne paraît pas qu’aucune ait tenté d'arriver par cette voie à la possession tranquille d’un ensemble d’institutions et de garanties analogues à celles dont jouissaient déjà beaucoup de villes du nord et du midi de la France.
Les chartes coûtaient le plus souvent très cher. Le moment sembla favorable aux chefs de nos groupes bourgeois pour obtenir, sans bourse délier, les plus larges libertés avec les garanties les plus solennelles.
Les troubles, les guerres, les divisions entre les princes, avaient relâché tous les liens féodaux. Il est permis de penser que les juges seigneuriaux, les baillis et les autres officiers ne remplissaient pas très exactement les devoirs de leur charge.
Des obstacles, parfois insurmontables, les empêchaient de les exercer. Les communes, par des usurpations successives, et à la faveur souvent de l’absence du seigneur ou de l’impuissance où il se trouvait réduit par ses démêlés avec le duc d’Aquitaine (1), s’arrogèrent peu à peu la plupart des prérogatives jusque- là exercées par lui.
Leur organisation se compléta : la vie municipale acquit plus d’indépendance, d’ampleur et de régularité. Insensiblement, malgré les revendications des seigneurs et les retours offensifs de l’autorité féodale, retours fréquents et plus d’une fois violents, de nouvelles coutumes municipales se substituèrent aux anciennes traditions; au profit de ces conquêtes récentes, les bourgeois invoquèrent bientôt l’antique possession de leurs premières coutumes : ainsi s’établit une confusion qui ne pouvait être que favorable aux progrès de la commune.
Les princes anglais encouragèrent ces progrès et y aidèrent de tout leur pouvoir. Ils entretenaient avec les magistrats municipaux une correspondance cordiale, leur envoyaient des personnes de confiance pour les assurer des bonnes dispositions de leurs suzerains et leur promettre un puissant patronage.
Ils les traitaient en alliés, et Jean-sans-Terre, écrivant aux bourgeois du Château de Limoges, se servait, pour désigner le vicomte, de ces termes significatifs : « Votre ennemi et le mien ».
Les communes, de leur côté, ne ménageaient pas au duc d’Aquitaine les témoignages de leur obéissance et de leur dévouement. Dans les conjonctures graves, elles députaient auprès de lui un de leurs notables, pour entendre de sa bouche même ses instructions ; et l’envoyé ne quittait pas la Cour sans recevoir quelque marque de la libéralité du prince.
A plusieurs reprises, les ducs d’Aquitaine reçurent directement le serment de fidélité des communes (2).
Ils profitèrent de ces occasions pour confirmer solennellement les libertés des bourgeois. Ceux-ci paraissent n’avoir sollicité des princes anglais aucun octroi nouveau. Le seigneur se bornait à reconnaître et à homologuer la coutume en vigueur, sans distinguer, bien entendu, entre l’organisation traditionnelle, séculaire, et les usurpations progressives, qui, elles aussi, devenaient insensiblement la coutume.
Tel fut, croyons-nous, le caractère du mouvement communal en Limousin, de 1180 à 1250, et celui de la protection accordée à nos communes par les Plantagenets : on ne saurait affirmer qu’ils en aient créé une seule (3); mais ils encouragèrent les usurpations et leur donnèrent une consécration solennelle.
Quand Philippe-Auguste, en 1204, confisqua les états continentaux de Jean-sans-Terre, et quand, en 1224, Louis VIII, après la prise de Niort et celle de La Rochelle, reçut l'obéissance des communes limousines, celles-ci étaient en possession de larges libertés.
Les princes français durent accepter la situation telle qu’ils la trouvaient, et, pour ne pas exciter de mécontentements et peut-être de révoltes dans des villes comblées par les princes anglais, le dernier surtout, de marques de sollicitude et de protection, ils reconnurent à ces villes, en termes généraux, les privilèges, libertés et coutumes dont elles jouissaient à ce moment et dont elles avaient joui sous Henri Plantagenet et ses fils.
Ainsi s’expliquent et la confirmation donnée par les rois de France à ces nouvelles institutions, et les expressions vagues qu’on rencontre aux chartes de 1212 et de 1224.
Ce n’est pas que les seigneurs dépouillés n’eussent protesté. Le départ de Richard pour la Croisade leur avait laissé le champ libre. Ils eu profitèrent pour travailler à rétablir leur autorité. Y réussirent-ils complètement? On peut en douter.
Les communes avaient grandi : il fallait compter avec ces magistrats de bourgeoisie qui pouvaient, en quelques heures, mettre des centaines, des milliers d’hommes sous les armes, et qui avaient fortifié leurs remparts sous la protection du roi d’Angleterre, parfois même, comme un peu plus tard, sous Jean-sans-Terre, les consuls de la Cité de Limoges, avec son argent.
Richard, à son retour, trouva une partie de sa noblesse soulevée contre lui et ouvertement alliée à Philippe-Auguste, qui avait su mettre à profit le temps de la captivité de son ennemi. Il est vraisemblable que la délivrance du roi d’Angleterre et sa rentrée dans ses états rendirent courage aux communes.
Nous le voyons faire construire ou réparer les fortifications de certaines villes, de Saint-Léonard entre autres.
Ce n’était point contre le roi de France qu’il prenait ces mesures de défense, c’était contre les seigneurs de ces villes, alliés de son adversaire.
La mort de Richard sous les murs de Châlus, place appartenant au vicomte de Limoges, que son seigneur avait voulu châtier de sa félonie, laissa un moment les communes sans appui ; mais Jean-sans-Terre renoua presque aussitôt avec les corps de bourgeoisie les rapports directs qu’avait entretenus avec eux son frère, et sut resserrer encore les liens qui attachaient ces groupes à leur suzerain : les nombreux documents conservés aux riches archives de la Tour de Londres en témoignent.
Le nouveau duc d’Aquitaine ne s’en tint pas à des paroles et à des écrits. On le vit souvent intervenir dans les démêlés entre les seigneurs et les Communes, et travailler sans relâche à affaiblir les premiers.
Les bourgeois purent souvent s’imaginer que le roi d’Angleterre était mû par le désir de venger leurs querelles, alors que Jean songeait tout simplement à satisfaire ses propres rancunes.
Le vicomte de Limoges Gui V avait, en 1200, fait hommage pour sa vicomté au duc d’Aquitaine et lui avait prêté le serment de fidélité.
Il n’en continuait pas moins la politique de son père et demeurait l'allié fidèle de Philippe-Auguste, qui entretenait avec soin ces dispositions. Il essayait sans doute en même temps de ressaisir son autorité dans le Château de Limoges ; mais les Malemort et les Lastours, qui tenaient pour le duc d’Aquitaine, réussirent à s’emparer de lui.
Jean se fil remettre le prisonnier et le garda près de trois ans dans une étroite captivité.
Quant à l’évêque Jean de Veyrac, il le persécuta sans cesse, malgré les sévères avertissements du pape Innocent III (4); le prélat était du reste un des champions les plus actifs du parti français, et il organisait, en 1204, au profit de ce parti et au sien propre, et aussi, il faut le dire, dans l’intérêt général de la province, une expédition pour enlever la ville et le fort de Noblat à une bande de mercenaires à la solde du roi d’Angleterre.
La prise des deux places et la dispersion de ces aventuriers produisirent un grand effet dans la contrée, qui dès lors recouvra une certaine tranquillité.
L’année 1205 marque le triomphe du parti français dans toute l’Aquitaine.
Le vicomte de Limoges, délivré de captivité par les troupes de Philippe-Auguste, revient dans le pays et on constate aussitôt une réaction féodale dans les villes. Dans le Château de Limoges surtout, Gui V réussit, par la terreur des emprisonnements et des supplices, à soumettre la population à sa puissance, et la tient quelque temps sous un joug de fer.
L’évêque paraît en avoir usé plus doucement vis-à-vis de la Cité de Limoges, dont les habitants le choisissent en 1210 pour arbitre, à l’effet de régler plusieurs questions litigieuses pendantes entre la commune et le chapitre de Saint-Etienne.
La sentence de confiscation des états français du roi d’Angleterre, prononcée par le parlement en 1204, avait été, par le fait, mise à exécution en Limousin.
La trêve conclue à Thouars dès 1206 entre Philippe-Auguste et Jean-sans-Terre, paraît avoir laissé à ce dernier l’exercice d’une partie au moins de ses droits en Aquitaine.
Le parti français demeura toutefois prédominant dans le pays.
Six années s’écoulent : une grande guerre est sur le point d’éclater. Le roi de France prépare une expédition pour arracher à son ennemi le royaume d’Angleterre, comme il lui a déjà enlevé ses états sur le continent. Jean est abandonné d’une partie des siens, excommunié, presque sans troupes.
Toutefois Philippe- Auguste, avec sa prudence ordinaire, commence par assurer son autorité dans les domaines qu’il occupe déjà. Son fils Louis vient en Aquitaine et reçoit lui-même le serment de fidélité des seigneurs et des communes (5).
Le roi de France prend vis-à-vis des uns et des autres l’engagement de les protéger et de les défendre, et déclare aux villes « qu’elles sont dans sa main, comme les autres villes de son royaume ».
Il faut noter qu’à cette année 1212 remonte la plus ancienne rédaction connue des coutumes du Château de Limoges.
Le Souverain Pontife, auprès duquel Jean a réussi à rentrer en grâce, oblige le roi de France à renoncer à ses projets.
Philippe doit bientôt faire face à son tour à une redoutable coalition.
Pendant que l’empereur d’Allemagne marche vers la frontière française, le roi d’Angleterre, réconcilié pour un instant avec ses barons, a réuni une armée et débarque à La Rochelle.
Il traverse l’Angoumois, le Limousin et une partie de la Marche.
Il est à Angoulême le 15 mars 1214, le 17 à Saint-Junien; les 21, 22 et 23 à Aixe; le 23 on le trouve aussi à Saint-Léonard ; il est à Saint-Vaury le 25; à La Souterraine les 28, 29, 30 et 31; à Grandmont les I er et 2 avril; à Limoges le 3.
Ce jour-là ou le lendemain matin il regagne l’Angoumois, car le 4 il fait expédier des lettres datées de Monthron, et le 5 il est de retour à Angoulême (6).
Le roi est venu dans le pays pour recevoir la soumission du comte de la Marche et des seigneurs de la contrée.
Aucune résistance ne semble lui avoir été opposée. Son apparition a relevé partout le courage de ses partisans. Il établit un sénéchal pour gouverner en son nom la province et commander les troupes dont il prescrit la levée; il fait saisir le château d’Eymoutiers (7) et diverses possessions de l’évêque, et contraint celui-ci à quitter son siège épiscopal et à s’exiler du pays.
Quant au vicomte de Limoges, — à qui Jean a, dès le mois de février, envoyé l’évêque de Périgueux, chargé d’entrer en négociations avec les principaux seigneurs de la province, Gui V et le vicomte de Turenne, entre autres, — il est contraint, par la force, de prêter de nouveau au duc d’Aquitaine l’hommage pour sa vicomté, et de lui renouveler le serment de fidélité qu’il a depuis quatorze ans tant de fois violé.
— « Sachez, écrivait Gui V au roi de France, que malgré l’hommage que je vous ai fait de mes domaines pour leur assurer votre protection, l’arrivée dans ma terre du roi d’Angleterre, mon seigneur naturel, avec des forces défiant toute résistance, m'a forcé, sans attendre votre secours, à aller trouver mondit seigneur, à lui rendre hommage et à lui prêter serment de fidélité et ligeance contre tout homme. Je vous en informe pour que vous soyez au courant de ce qui s’est passé et pour que vous ne comptiez plus sur moi à l’avenir » (8).
Les communes se fortifiaient et se mettaient en défense. Elles avaient repris possession des privilèges et libertés dont elles jouissaient vers 1200. Peut-être même Jean avait-il confirmé quelques bourgeoisies nouvelles; car nous le voyons, le 2 mai 1214, écrire aux prud’hommes d’Aixe en même temps qu’à ceux du Château de Limoges, de la Cité et de Saint Junien, pour leur annoncer l’arrivée de son envoyé Gui de Senziliac, et leur promettre de les secourir si le roi de France ou ses troupes envahissent la province (9).
Le château d’Aixe avait été enlevé, peut-être de vive force, au vicomte de Limoges (10).
Nous avons vu plus haut le roi Jean et ses troupes séjourner à Aixe du 21 au 23 mars 1214.
Dans le Château de Limoges, l’autorité du vicomte semble avoir été réduite à néant. A cet égard nos Annales manuscrites s’expriment en termes significatifs. La justice fut enlevée à Gui V pour être remise aux magistrats municipaux. Les officiers qu’il avait établis dans la ville pour exercer en son nom ses droits et maintenir les habitants dans l’obéissance furent chassés.
L’auteur des Annales raconte même que le duc d’Aquitaine leur « fit finir leurs jours misérablement ».
La commune rentra en possession de toutes ses libertés (11). On conçoit dès lors le dévouement des bourgeois pour le roi d’Angleterre, et on ne s’étonne pas de les voir se préparer à défendre la ville contre une attaque de Philippe-Auguste et élever des machines de guerre sur leurs remparts (12).
Jean revient en Limousin dans les premiers jours du mois d’aout.
Le 2 il est à Limoges : il en part probablement le 3; on le trouve aussi ce jour-là à Magnac (13). Mais cette fois il n’apparaît plus aux populations en triomphateur.
Il vient d’être défait honteusement, sous les murs de la Roche-au-Moine, par Louis, fils du roi de France, et il se prépare à regagner l’Angleterre.
Ce départ, qui n’était rien moins que glorieux, le peu de succès des alliés de Jean, ses nouveaux démêlés avec ses vassaux d’Angleterre, ne ruinèrent pas sur-le-champ son autorité dans notre province.
L'expédition de 1214 avait rendu les seigneurs du Limousin circonspects.
Les communes s’appuyaient encore sur le duc d’Aquitaine; celui-ci continuait d’entretenir des relations avec elles, et on le voit, dans une lettre des plus curieuses, datée du Temple neuf de Londres, le 19 avril 1215, déclarer à l’archevêque de Bordeaux, au prieur de Grandmont, au comte de la Marche et aux bourgeois de la Cité de Limoges, qu’il ne consentira à accorder la paix à l’évêque Jean de Veyrac, qu’après que celui-ci lui aura juré fidélité et se sera engagé à lui rendre les devoirs et services auxquels les évêques se sont soumis sous ses prédécesseurs.
Et le roi exige que l’accomplissement de ces conditions lui soit attesté par les communes des domaines du prélat (14).
Cette condition n’est-elle pas bien caractérisque et ne mérite-t-elle pas d’être notée?
Le débarquement du fils de Philippe-Auguste en Angleterre, l’année suivante, fut le signal d’un nouveau soulèvement des seigneurs de l'Aquitaine.
En Limousin, les châteaux qu’occupaient les officiers ou les partisans du roi d’Angleterre furent repris par le vicomte de Limoges et ses amis.
La Porcherie est détruit, Royère enlevé; Châlucet se rend au vicomte, et celui-ci recouvre le château d’Aixe après un siège de neuf semaines (15).
L’influence anglaise n’est cependant pas détruite; les conseillers du jeune Henri III n’abandonnent pas la politique traditionnelle des Plantagenets sur le continent.
Le duc d’Aquitaine demeure le patron des communes. Celles-ci lui expédient des députés.
En 1218 Nicolas, en 1220 Pierre de Limoges sont envoyés en Angleterre par les bourgeois des deux villes.
Les consuls de Saint-Junien écrivent, en 1219, au nouveau duc d’Aquitaine pour protester contre la construction d’une tour édifiée par l’évêque, et se recommandent des chefs de la commune de la Cité (16).
En 1220, c’est cette dernière ville qui est l’objet d’une entreprise de la part du prélat : Bernard de Savène essaie d’établir ou plus vraisemblablement de rétablir un prévôt pour l’exercice de sa juridiction. Il demande à Henri III d’intervenir pour que les bourgeois reçoivent sans difficulté cet officier.
Le duc d’Aquitaine avise aussitôt les habitants de la communication du prélat, et ne donne aux consuls d’autres ordres que ceux-ci :
« Faites ce qui a été fait du temps de mon aïeul, de mon oncle et de mon père » (17).
A cette même époque et un peu plus tard, en 1222 et 1224, les documents des Archives anglaises font mention d’envoyés de l’évêque de Limoges et du vicomte Gui V (18), lequel du reste avait d’importants intérêts en Angleterre à cause de son mariage avec la tante du roi, Sara de Cornouailles (19).
Mais la puissance des ducs d’Aquitaine dans notre province touchait à sa fin.
A l’expiration de la trêve conclue lors de l’avènement d’Henri III, Louis VIII qui venait de monter sur le trône et qui avait été trop étroitement associé à la politique de son père pour ne pas la continuer au moins dans ses lignes principales, assembla des troupes et entra en Aquitaine.
Niort et Saint-Jean-d’Angély se rendirent; La Rochelle, assiégée, fut forcée de capituler; en une année (1224-1225), le pays fut soumis jusqu’à la Garonne et tous les seigneurs jurèrent fidélité au roi de France (20).
Nos communes limousines envoyèrent à La Rochelle des députés chargés de présenter à Louis VIII les clés de leurs villes et de prêter serment au vainqueur.
Lettres de Louis VIII ordonnant aux consuls et à la commune de Saint-Léonard de prêter le serment de fidélité entre les mains de Raynaud, clerc du Roi de France (août 1224).
Ludovicus, Dei gracia Francorum Rex, dilectis et fidelibus suis consulibus et universitali burgensium Sancti Leonardi de Noalhe, salutem et dilectionem.
Miltimus ad vos dilectum et lidelem clericum nostrum Reginaldum, lalorem presencium, pro fidelitate ville vestre accipienda ex parle nostra, (et?) vobis mandamus et vos rogamus ut dictam fidelitatem coram ipso, loco nostri, faciatis sub forma quam vobis dicet. Actum apud Rupellam, anno Domini m° cc° vicesimo quarto, mense augusto.
Lettres de Louis VIII confirmant les coutumes et libertés des consuls et de la commune de Saint-Léonard (août 1224)
Ludovicus, Dei gracia Francorum Rex.
Noverint universi présentes litteras inspecturi quod Nos dilectis et fidelibus nostris consulibus et universitati burgensium Sancti Leonardi de Noclac (2l) concessimus consuetudines et libertates quas habuerunt et tenuerunt tempore Henrici et Richardi, quondam regum Anglie, et eos in protectione nostra et conductu nostro recepimus sicut alios burgenses terre nostre, ut salvi possint ire et redire per terram nostram, reddendo suas reclas consuetudines.
Actum apud Rupellam, anno Domini m° cc° vicesimo quarto; mense augusto.
Les lettres royales qui constatent l’accomplissement solennel de cette formalité, confirment les corps de bourgeoisie dans la jouissance des coutumes et privilèges dont elles étaient en possession sous les ducs d’Aquitaine de la famille Plantagenet.
Ce sont les chartes les plus anciennes ayant trait à la confirmation de nos libertés communales dont le texte ait été conservé.
Ces chartes donnaient aux corps de bourgeoisie quelques garanties pour le présent. Les seigneurs se trouvaient du reste occupés d’un autre côté. Tous les regards se tournaient vers le midi, où une nationalité vivace résistait à une guerre d’extermination et où la lutte recommençait, plus acharnée, plus impitoyable que jamais.
Louis VIII, alors qu’il n’était encore que le général des armées de son père, avait traversé le Limousin à la tête de troupes nombreuses pour aller à Toulouse recueillir les fruits de la politique paternelle et avait séjourné, à la Pentecôte 1219, dans la Cité de Limoges.
Devenu roi à son tour, il marchait avec de nouvelles forces contre le Midi où l’attendait une mort prématurée.
Un certain nombre de seigneurs limousins l’accompagnaient; l’évêque Bernard de Savène suivait l’expédition. Le prélat fut atteint de l’épidémie qui sévissait et succomba sous les murs d’Avignon, au mois de juillet 1226.
Son prédécesseur, Jean de Veyrac, qui n’avait pu rentrer en grâce auprès du roi d’Angleterre et dont le temporel avait été séquestré durant cinq ans par ordre de ce prince (22), était allé mourir en Palestine.
Nous avons vu plus haut Bernard essayer de rétablir dans la Cité ses officiers, mais avec une certaine timidité. Il ne paraît pas qu’à ce moment ce projet ait abouti.
Les évêques de Limoges, contenus par la crainte du duc d’Aquitaine, distraits d’un autre côté par des préoccupations de diverse nature, laissèrent les communes jouir de leurs libertés, tout en maintenant, semble-t-il, pour la forme leurs officiers. Nous entendrons un témoin, aux enquêtes du procès entre Gilbert de Malemort et les bourgeois de Saint-Léonard, déclarer que l’évêque avait bien dans cette ville un prévôt, mais que le déposant, ancien bourgeois de Saint- Léonard, mêlé aux affaires de la commune, ignorait absolument à quoi cet agent pouvait être employé.
Quant aux vicomtes, ils étaient sans cesse en guerre avec leurs vassaux ou leurs voisins, et leur intérêt leur commandait de ne pas se brouiller avec les bourgeois.
Au surplus, les alternatives de la politique, l’incertitude qui régnait encore sur l’issue définitive de la lutte engagée depuis si longtemps déjà entre le roi de France et le roi d’Angleterre, préservaient les communes d’une réaction violente.
Elles jouirent donc, durant un quart de siècle après la conquête française, des libertés qu’elles avaient usurpées à la faveur des événements, libertés dont on perdait peu à peu de vue l’origine et qui se fondaient de plus en plus dans ces anciennes coutumes possédées déjà par les populations agglomérées de la province à l'avènement des Plantagenets.
Entre 1225 et 1250, les relations des bourgeoisies limousines avec le roi d’Angleterre s’éteignirent complètement : le roi de France, sans doute, ne les eût pas tolérées; mais elles étaient devenues inutiles.
Les communes, qui s’habituaient du reste à la domination française, n’avaient pas à se plaindre des seigneurs. Ceux-ci leur laissaient, par une tolérance tacite, la jouissance de leurs libertés et entretenaient avec elles des rapports empreints de part et d’autre de bienveillance.
C’est ainsi qu’à diverses reprises le vicomte de Limoges demanda l’aide des bourgeois dans ses expéditions contre ses vassaux ou les seigneurs voisins.
Nous voyons Gui VI, au mois d’octobre 1240, déclarer et reconnaître que les troupes de la commune du Château l’ont suivi volontairement, à titre d’alliés et non à titre de vassaux, dans son expédition contre la forteresse de Bré (23).
Vers le milieu du siècle, cette entente est troublée.
Deux communes au moins entrent en lutte avec leur seigneur : celle du Château de Limoges en 1252; celle de Saint-Junien un peu avant 1250.
De quel incident naît la querelle et à qui remonte la responsabilité de la rupture? Il est difficile de le dire. Toutefois il ne semble point que les bourgeois aient entamé la lutte. Contrairement à l’opinion émise par l’auteur du livre le plus solide et le plus remarquable qui ait été écrit depuis le commencement de ce siècle sur l'histoire limousine (24), nous ne croyons pas que « le milieu du XIIIe siècle ait été une époque de soulèvement général des communes limousines contre les seigneurs ».
Nous estimons, au contraire, qu’il s’est produit alors un mouvement de réaction contre les usurpations successives et déjà anciennes des corps de bourgeoisie, un retour offensif de l’autorité féodale personnifiée dans l’évêque et le vicomte de Limoges, et qu’à la date où nous sommes arrivé, les communes, loin d’attaquer, sont toutes en état de défense.
Il nous paraît que les libertés qu’on leur conteste ne sont pas de conquête récente, mais que les bourgeois en jouissent depuis longtemps déjà. Cette thèse nous semble vraie pour toutes les villes limousines du cours de la Vienne (à l’exception d’Eymoutiers, qui ne paraît pas avoir pris beaucoup de développement avant le XIVe siècle), et la plupart des documents qui nous ont passé sous les yeux la confirment.
Le roi d’Angleterre, il faut le rappeler pour compléter ce rapide aperçu, chercha à intervenir dans les luttes qui éclatèrent après 1250 entre les communes et leurs seigneurs : le traité de Paris et de Londres (souvent aussi appelé traité d’Amiens), en lui rendant, en 1259, l’exercice de ses droits dans les diocèses de Limoges, de Périgueux, d’Agen et de Cahors, semblait autoriser son intervention.
Toutefois Saint Louis avait excepté de cette restitution, outre les états d’Alphonse son frère, les terres que lui et ses prédécesseurs s’étaient interdit de mettre hors de leurs mains, et elles formaient une bonne partie des trois diocèses.
Malgré l’assurance du contraire que le sénéchal anglais donnait à son maître, dans une curieuse lettre du 29 novembre 1262 (25), Philippe-Auguste avait pris un engagement formel dans ce sens vis-à-vis de l’évêque de Limoges, et le Parlement le proclama à plusieurs reprises.
Ainsi se trouvèrent soustraites à l’autorité d’Henri III toutes les communes des bords delà Vienne, sauf le Château de Limoges et Aixe.
Cette dernière ville n’a pas d’histoire municipale. Les consuls du Château, dans leur lutte désespérée contre le vicomte, qui eut dans une certaine mesure l’appui de Louis IX, et surtout celui de son successeur, firent les plus grands efforts pour intéresser Henri III et son fils Edouard I à leur cause.
Deux sénéchaux du roi d'Angleterre vinrent successivement à Limoges pour essayer de réconcilier Gui VI et la commune, sans pouvoir poser les bases d’une entente acceptée par les deux parties.
Le dernier, Jean de Lalinde, réussit à grand peine, au mois de septembre 1261, à obtenir la prolongation des trêves jusqu’à l’Epiphanie de l’année suivante. (26)
Le jour même où expirait le délai fixé par le vicomte, celui-ci tentait une attaque de vive force contre la ville ; mais elle était repoussée avec une énergie qui ôta au seigneur l’envie d’en essayer une seconde.
Pendant plus de dix ans, les bourgeois eurent à subir une sorte de blocus dont leur commerce et leurs intérêts de tout genre eurent beaucoup à souffrir. Ils se défendirent avec un courage indomptable, tantôt les armes à la main, tantôt devant la cour du Parlement.
Edouard, touché de leurs maux, se décida à intervenir en leur faveur. Voyant ses ordres méprisés par la veuve de Gui VI, il envoya quelques troupes pour aider les bourgeois et reçut solennellement de la commune le serment de fidélité.
Mais le Parlement déclara qu’il n’avait pas le droit de prendre ce serment, celui-ci appartenant au seul vicomte.
Le roi de France prescrivit au duc d’Aquitaine de délier les habitants de la fidélité qu’ils lui avaient jurée. Les consuls envoyèrent un député à Edouard pour le supplier de ne pas les abandonner.
Le roi d’Angleterre vint en mai 1274 à Limoges. Les chefs de la commune et les notables se présentèrent devant lui, se prosternèrent à ses genoux et jetèrent à ses pieds les clés de la ville.
— «Seigneur, s’écrièrent-ils, nous avons été vôtres dès longtemps ; vôtres nous sommes encore et nous voulons à toujours rester à vous et à vos successeurs » (27)
Leurs supplications arrachèrent des larmes à Edouard et à sa suite ; mais le prince leur déclara qu’il ne violerait pas la défense de son suzerain et il leur rendit leur serment.
Néanmoins il revint sur sa détermination peu de jours après et envoya son oncle à la tête d’une petite armée mettre le siège devant Aixe, où la vicomtesse tenait garnison ; mais un héraut du roi de France se présenta, somma les gens du duc d’Aquitaine de cesser toute hostilité et cita Edouard à comparaître au plus prochain Parlement.
Le roi d’Angleterre se décida à abandonner les bourgeois, et dut payer plus de vingt-deux mille livres en réparation des dommages causés par ses troupes.
Telle est l’issue de la dernière intervention du roi d’Angleterre en faveur des communes limousines.
A dater de ce jour, le duc d’Aquitaine perd toute action en Limousin, et le Parlement seul et les sénéchaux des rois de France, dont l’influence et l’autorité grandissent de jour en jour, tranchent les débats qui s’élèvent entre les corps de bourgeoisie et leurs seigneurs.
Ces faits inaugurent une nouvelle phase de notre histoire municipale.
Il nous a paru indispensable de placer cet aperçu sommaire de l’histoire de nos communes au début de notre étude sur les institutions municipales de Saint-Léonard au XIII e siècle.
Les annales d’aucune de nos bourgeoisies limousines n’offrent plus de confusion et d’obscurité : Nulle part on ne se trouve en présence de témoignages aussi contradictoires, aussi inconciliables à première vue. Le lecteur pourra en juger en parcourant les pièces servant de preuves à notre travail.
Nous nous flattons pourtant qu’après un examen attentif des choses, il n’hésitera pas à se ranger à notre opinion : à savoir que le milieu du XIII° siècle a été marqué non par une poussée de l’esprit d’émancipation communale, mais au contraire par une réaction bien caractérisée du pouvoir féodal contre les libertés des bourgeoisies.
La Commune de Saint-Léonard-de-Noblat au XIIIe siècle / Louis Guibert
L'expansion de l'empire Plantagenêt (carte et Donjon de Niort)<==
(1) Il y eut toutefois, en Limousin même, des révoltes, et une chronique contemporaine nous a conservé le souvenir de celle des bourgeois de La Souterraine contre l’abbé de Saint-Martial, leur seigneur, en 1181 : Burgenses de Subterranea ad invicem juraverunt ut nullum omnino monachis darent expletum quod vocatur taillada. Agebant vero ista consensu comitis Audebcrti, qui pro lucro deputabat dissidium tale... Expetunt regem burgenses perterriti. Clocarium munierunt... Abbas expetit regem, qui eos valde oppressit, sicque coacti servitia monachis solda reddunt : homicidæ vero fugati sunt, domusque illorum anathemati tradita est. » (Labbe, Bibliotheca nova manuscriptorum librorum, t. II, p. 318).
(2) Cette prestation de serment, signalée par les chroniqueurs, est attestée par un acte du Parlement de la Chandeleur (1269) : « Cum... Reges quondam Angliæ, Henricus et Richardus, unus post alium, successive, jure suo tanquam duces Aquitaniæ, hujusmodc habuerint jura- mentum. (Olim, t. I, p. 332;.
(3) Nous verrons toutefois qu’il est parlé de lettres de Henri II relatives à la commune de Saint-Léonard; mais nous n’en possédons pas le texte et nous avons tout lieu de croire qu’il s’agissait d’une confirmation.
(4) Voir une lettre d’innocent III de l’année 1202, au tome XIX des Historiens de France, p. 416.
(5) Annales manuscrites de Limoges. Limoges, V e Ducourtieux, 1873, in-8, p. 189. — Bonaventure de Saint-Amable, Histoire de Saint-Martial, t. III, p. 339.
(6) Pour quelques détails de cette expédition en ce qui a trait au Limousin, voir les Chroniques de Saint-Martial, publ. par Duplès-Agier, p. 89 et 90. Consulter surtout les précieux recueils publiés en Angleterre et reproduisant les milliers de lettres que contiennent les rouleaux conservés aux archives de la Tour de Londres, et en particulier le tome I des Rotuli litterarum patentium in turre Londinensi asseroati. Londres, 1835.
(7) Nous ne pouvons pas traduire autrement Castrum de Ahento : Ayen n’appartenait pas à l’évêque.
(8) Philippo, régi Francorum, G. vicecomes Lymovic. hec subscripta : Sciatis quod, licet homagium vobis fecero pro defensione terrarum mearum, tamen advenienle rege Anglie Johanne, naturali domino meo, in terra mea, cum tantis viribus quod ei indempnis resistere non potui, nec auxilium vestrum expectare, ad eundem, ut naturalem dominum meum, accessi, faciens ei fidelilatem et homagium et liganciam contra omnes mortales. Hec autem vobis significo ut ea sciatis, et de cetero de me non confidatis. (Rotuli litterarum patentium in turre Londinensi asservati. Londres, 1835, t. I, p. 115.
(9) Si Rex Francie venturas sit ad partes vestras vel gentem missurus ut malum vobis inférat, nos continuo succursum vobis millemus, vel nos in propria persona, si opus fuerit, in succursum vobis veniemus...
Eodem modo scribilur hominibus de Castro Lemovicensi, et probis hominibus Sancti Juvioni (sic) et probis hominibus de Eys.
(10) Castrum de Axia rex cepit etsibi retinuit (Chron. de Saint-Martial, p. 91).
(11) Annales manuscrites de Limoges, p. 181, 182.
(12) Populus Lemovicensis erexit x peireiras metu Philippi Regis, et muros machinis ligneis munivit (Chron. de Saint-Martial, p. 92).
(13) Rotuli litterarum patentium, t. 1, p. 119 et 120.
(14) Et de hoc nos securos faciet per cives Limovicarum et per homines aliarum villarum suarum (Rotuli litterarum clausarum, etc., t. I).
(15) Chron. de Saint-Martial, p. 98, 99.
(16) Shirley : Royal and other historical letters illustrative of the reign of Henry III, t. I, p. 62 : The consulate and commonalty of S. Junien to Henry III.
(17) Faciatis sicut temporibus Henrici regis, avi nostri ; Richardi regis, avunculi nostri, et Johannis regis, patris nostri, fieri consuevil (Rotuli litterarum clausarum, t. 1, p. 41 8).
(18) Rotuli litterarum clausarum, t. I, p. 403, 413, etc.
(19) Rotuli litterarum patentium, t. 1, p. 429, 437, 456, 508, etc.
(20) Lemovicenses et Petragoricenses et omnes Aquitaniæ principes, exceptis Gasconibus qui ultra Garonnam fluvium erant, fidelilatem Regi promiserunt (Guillaume de Nangis, ap. Historiens de France, l. XV111, p. 763).
Ludovicus rex, anno 1° regni sui, cepit ad se trahere totum ducatum Aquitanie, et habuit seeum comitem d’Engoleime e de la Marcha et vicecomitem Lemovicensem e de Torena. Major querela de Henrico rege fuit quia Johannes, pater ipsius, Arturum... occiderat in occulto. Prima obsessio fuit a Niort, sed die septima se dederunt. Secunda La Rochela sese dédit. S. J. similiter (Chron. de Saint-Martial, p. 119).
Le roi Louis, dans la première année de son règne, prit à lui tout le duché d'Aquitaine, et eut pour siège le comte d'Angoulême de la Marche et le vicomte Limoges de la Torena. La principale plainte contre le roi Henry était que Jean, son père, avait secrètement tué Arthur. Le premier siège était de Niort, mais ils se sont rendus le septième jour. Le deuxième La Rochelle se rendit. S.J. de même
(21) Au vidimus qui suit, on peut lire Noelac.
(22) Huic enim Johanni episcopo rex Angliæ Johannes ommia jura regalia episcopatus Lemovicensis abstulit, et ideirco ipse episcopus, quasi exheredatus, ultra mare ivit (Chron. de Maleu, publ. par M. l’abbé Arbenot, p. 63).
(23) Archives des Basses-Pyrénées, E, 738.
(24) Achille Leymarie, Histoire du Limousin, Bourgeoisie. Paris, Dumoulin, et Limoges, Ardillier fils, 2 vol.
(25) De episcopo isto, sum certus [quod] ipse non habet privilegium Domini Regis Francie, et quod in registris Regis Francie non poterit inveniri quod iste episcopus privilegium habeat vel habuerit tempore retroacto. Et hoc intellexi per quandam magnam et bonam personam istarum partium qui bene novit super hoc veritatem (Rymer : Royal and other, etc., t. II, p. 224).
Un autre document, cité par Baluze (Armoire I, t. XVII, p. 92), affirme le contraire : « Item sunt privilegiati in Lemovicensi ab antiquo, et ante tempus dicte pacis, episcopus Lemovicensis et ejus capitulum, et consulatus civitatis ejusdem, et abbatissa de Régula, in eadem civitate, abbas de Solmynhaco prope Lemovicas, et consulatus sancti Geminiani (sic), et consulatus Brivæ. »
(26) Dominus Johannes de Lalinda in Castro Lemovicensi per dies aliquos presens fuit et pro vestris juribus et pro pace inter nos et dictum vicecomitem ... fideliter laboravit; sed tandem non potuit aliud obtinere, nisi quod quædam securitas, de qua non multum confidimus, fuerit inter nos et. dictum vicecomitem usque ad festuna Epiphaniæ (Rymer : Royal and other historical letters, t. 11, p. 184).
(27) Burgenses attulerunt claves villæ, supplicantes quod villam defenderet, claves coram ipso projicientes (Pierre Coral : Hist. de France, t. XXI, p. 783). — Domine, ab antiquo vestri eramus, et adhuc sumus, et esse in perpetuum volumus et vestrorum (Armoires de Baluze, arm. 1, t. XVII, p. 91 et 92.